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Introduction à la science des matériaux 

:
Propriétés mécaniques des matériaux I -
Généralités et traction simple

Introduction à la science des matériaux/Propriétés mécaniques des

matériaux I - Généralités et traction simple

Sommaire
Résumé
Introduction
Fonctions concernées
Stratégie de choix
Modes de déformation et de rupture
Essais normalisés
Essai de traction simple, uniaxiale
Machine de traction
Éprouvette de traction
Enregistrement et analyse de l'essai
Courbe de traction et loi de déformation d'un matériau ductile
Domaine élastique
Limite d'élasticité
Déformation plastique
Résistance mécanique à la traction
Rupture
Courbe de traction et loi de déformation d'un matériau fragile
Énergie de rupture
Faciès de rupture
Facteurs d'influence
Cisaillement
Graphique de choix
Notes
Voir aussi

Résumé
Nous allons voir de manière concrète comment l’on caractérise un matériau d'un point de vue mécanique.

Durée recommandée : 2 h 30 (incluant les exercices).

Introduction
Nous avons vu précédemment les autres propriétés principales des matériaux. Nous nous consacrons ici à
leurs propriétés mécaniques.

Il faut en fait considérer plusieurs propriétés mécaniques, et en particulier distinguer les notions de
résistance et de dureté : un matériau dur est souvent fragile, c’est par exemple le cas du verre. Il faut donc
déterminer plusieurs caractéristiques, plusieurs valeurs. Ces valeurs sont obtenues par des essais normalisés.

Fonctions concernées
Fonctions techniques

Formabilité : mise en forme du matériau sans enlèvement de matière ;

martelage, pliage, cintrage, estampage (déformation par une presse pour donner la forme d'un moule),
forgeage à chaud, laminage à froid ou à chaud (écrasement entre des rouleaux pour former une tôle, une
plaque, une barre), tréfilage à froid ou à chaud (étirement à travers un trou appelé « filière » pour donner
un fil) ;
usinabilité : mise en forme par enlèvement de matière ;

fraisage (enlèvement par un outil tournant appelé « fraise »), tournage (on fait tourner la pièce et un outil
de coupe enlève la matière), tronçonnage.

Fonctions de service

Résistance : une pièce a été conçue avec


des dimensions données appelées
« cotes » (longueur, largeur, hauteur,
diamètre, …) ; ces dimensions sont
assorties de tolérances, c'est-à-dire d'un
écart acceptable par rapport à ces cotes ;
plus une tolérance est « serrée » (plus sa
valeur est faible), plus la fabrication coûte
cher (il faut prendre plus de soin, l'opération Notion d'état limite de service, cas d'un arbre dans un alésage : le
est plus longue), la tolérance doit donc jeu fonctionnel permet à l'arbre de tourner (schéma en haut à
correspondre à une fonction de la pièce droite), si la flexion de l'arbre est trop importante (schéma en bas à
(notion de « cotation fonctionnelle », le coût droite), il frotte sur l'alésage (points rouges)
doit correspondre à une utilité) ; si la pièce
se déforme en service, cette déformation
doit rester dans la limite des tolérances ; on distingue

l'état limite ultime (ELU)[1] : il s'agit de la limite avant une déformation irréversible, voire un
endommagement,
l'état limite en service (ELS)[2] : il s'agit ici de déformation non définitive, sans endommagement, mais
pouvant empêcher le produit de fonctionner ;
propriétés vis-à-vis du frottement :
résistance à l'usure,
adhérence forte (maintien en position d'une pièce) ou faible (guider un mouvement sans le gêner),
frottement fort (frein, embrayage, limiteur de couple) ou faible (guider un mouvement sans le gêner).

Caractéristiques

À ces fonctions correspondent des caractéristiques du matériau :

ductilité[3] : capacité à être mis en forme, à être travaillé → formabilité ;


dureté : capacité à ne pas être rayé → résistance à l'usure, mauvaise usinabilité ;
souplesse : capacité à subir de grandes déformations sans déformation irréversible → ressorts ;
fragilité : se dit d'un matériau qui n'empêche pas la propagation d'une fissure → mauvaise résistance au
choc ;
tenacité : se dit d'un matériau résiste à la propagation d'une fissure → bonne résistance au choc

On a les couples d'antonymes : ductile/dur, souple/rigide, tenace/fragile.

Notons que si un matériau peut être mis en forme (ductile), alors :

il n’est pas dur, puisqu'une rayure est une sorte de mise en forme ;
il résiste à la propagation d'un fissure, puisque sa capacité à se déformer lui permet de s'adapter, donc il
n’est pas fragile.

On a donc souvent les associations ductile = tenace et dur = fragile, bien que cela ne soit pas systématique.

Les sections suivantes précisent ces termes et les traduisent en valeurs.

Stratégie de choix

La pièce doit résister à son environnement et à ses sollicitations mécaniques (fonctions techniques). Il faut
d’abord définir le mode de dégradation le plus probable — corrosion, rupture mécanique, association des
deux (corrosion sous contrainte) —, puis définir lesdites sollicitations. Nous considérons ici qu’il s'agit d'une
mode de rupture mécanique.

On classe en général les sollicitations mécanique de la manière suivante :

sollicitations statiques :
traction, compression
flexion,
torsion,
flexion+traction/compression,
flexion+torsion ;
sollicitations dynamiques ;
fatigue en traction/compression,
fatigue en flexion,
fatigue en flexion rotative (rbre fléchit tournant),
fatigue en torsion,
fatigue en cisaillement.

Notons qu’il s'agit du mode de déformaiton de la matière. Par exemple, dans le cas d'un ressort de traction ou
d'un ressort de compression, hélicoïdaux, le fil se déforme en torsion.

Puis, on effectue un premier calcul de résistance des matériaux avec un modèle simplifié, typiquement un
calcul de poutre, permettant d'estimer la contrainte maximale — il peut s'agir d'un calcul complet, mais le
choix du matériau se fait en général alors que la pièce n’est pas totalement définie. On oriente ainsi son choix
selon la résistance attendue de la matière, par exemple pour une contrainte équivalent de traction σ calculée :

σ ≤ 400 MPa : tous alliages métalliques : alliages d'aluminium, de cuivre (bronze, laiton), fonte, acier
doux ou inox ;
400 MPa < σ ≤ 700 MPa : acier trempé, alliage d'aluminium durcissant au traitement thermique ;
σ > 700 MPa : acier trempé et traitement de surface (nitruration).

Intervient ensuite le mode de fabrication (fonderie, forgeage, formage, usinage, …).

En fatigue, on s'oriente plutôt vers de l'acier, qui présente une limite d'endurance (voir Essai de fatigue).
Modes de déformation et de rupture
Une pièce se déforme lorsqu'elle est soumise à des efforts opposés. La
matière a typiquement trois modes de déformation :

élastique : lorsque l’on supprime les efforts, la matière reprend sa


forme initiale, la déformation est réversible ;
plastique : lorsque l’on supprime les efforts, la matière garde une
déformation résiduelle, la déformation est irréversible ; c’est ce qui
est utilisé pour la formabilité ;
striction : la déformation se concentre en un endroit (du latin strictio,
stringere, serrer) ; cela annonce une rupture prochaine.

Les trois modes de déformation :


élastique (haut), plastique (milieu) et
striction (bas) ; ici, la déformation se
concentre à l'encastrement

La rupture peut se faire de deux manières :

rupture ductile : avant la rupture, la pièce passe par une phase élastique, puis plastique, puis de
striction ; elle rompt dans la phase de striction ;
rupture fragile : la pièce casse dans la phase élastique, les morceaux rompus n'ont pas de déformation
résiduelle.
Les deux modes de rupture : ductile
(gauche) et fragile (droite)

Essais normalisés
Le but des essais normalisés est de comparer les matériaux et de définir des lois de comportement, c'est-à-
dire des lois mathématiques permettant de décrire le comportement mécanique des matériaux (déformation,
résistance à la rupture). Il faut donc travailler avec des pièces toujours identiques quel que soit le matériau ;
on parle d'éprouvettes. L'idéal est même d'extraire des valeurs indépendantes de la forme de l'éprouvette.

Un essai mécanique consiste à reproduire en laboratoire une sollicitation. Pour que l'essai soit reproductible,
il faut que les conditions soient bien maîtrisées. Certains essais considèrent des sollicitations idéales
(simples), comme par exemple l'essai de traction simple (ou traction uniaxiale), d’autre sont plus proches de
la réalité, comme par exemple l'essai d'accident de voiture (crash test).

Nous nous intéressons ici à quelques essais représentant des sollicitations idéales  : l'essai de traction
uniaxiale, puis dans le chapitre suivant les essais de dureté, de flexion choc et de fluage.

Essai de traction simple, uniaxiale


L'essai de traction simple consiste à tirer sur une éprouvette et à enregistrer la force et l'allongement de
l'éprouvette.

Machine de traction

La machine se compose d'un bâti, fixe, et d'une traverse mobile mue par
un système hydraulique (pistons) ou par des vis sans fin. L'éprouvette est
attachée au bâti d'un côté et à la traverse mobile de l'autre.

Machine de traction

Éprouvette de traction

Les éprouvettes de traction peuvent être plates ou cylindriques. Elles sont élargies aux extrémités afin d’être
sûr que la rupture aura lieu dans la partie centrale, loin des points d'attache avec la machine.
Les extrémités des éprouvettes cylindriques sont filetées ; elles sont donc
vissées au bâti et à la traverse mobile. Les éprouvettes plates sont
attachées par serrage.

Éprouvettes de traction

Les caractéristiques importantes de l'éprouvette sont :

sa longueur normalisée initiale l0 ;


l'aire de sa section droite initiale S0.

Caractéristiques d'une éprouvette


de traction

Enregistrement et analyse de l'essai

La traverse mobile impose un déplacement Δl, et l’on mesure la force résultant F. La table traçante ou
l'ordinateur enregistrent

F = ƒ(Δl ).
Éprouvete de traction : force F pour
une élongation Δl

On cherche à avoir une loi indépendante de la géométrie de l'éprouvette. Pour


cela, on définit la contrainte σ (sigma) comme étant la force divisée par l'aire
de la section.

Analogie des ressorts en


parallèle

Contrainte

(MPa)
La contrainte est homogène à une pression et devrait donc s'exprimer en pascals (1 Pa = 1 N/m2). Les valeurs
étant très élevées, on utilise les mégapascals :

1 MPa = 106 Pa = 1 N/mm2.

Faisons un parallèle avec des ressorts : pour une élongation donnée, si l’on met deux ressorts identiques en
parallèle, on aura une force deux fois plus importante que si l’on n'a qu'un seul ressort. De même, si l’on a
une éprouvette ayant une section double, la force obtenue sera deux fois plus importante.

C'est donc la force divisée par l'aire de la section qui est caractéristique de l'essai.

On définit également la déformation ε (épsilon) comme étant l'allongement relatif.

Déformation

Analogie des
ressorts en série

C'est une grandeur sans dimension. On l'exprime souvent en pour cents :

Faisons un parallèle avec des ressorts : pour une force donnée, si l’on met deux ressorts en série, on aura une
élongation double par rapport à un ressort seul. En effet, chaque ressort est soumis à la même force donc
s'allonge de la même quantité.

Courbe de traction et loi de déformation d'un matériau ductile

On trace donc la courbe de traction

σ = ƒ(ε).

Dans le cas d'un matériau ductile, on a une courbe de traction semblable à la figure ci-contre. On identifie
quatre étapes :
1. déformation élastique (réversible) : la loi est linéaire ;
2. domaine plastique (irréversible) ;
3. striction (endommagement) ;
4. rupture (fin de la courbe).

Domaine élastique

Dans le domaine élastique, on a donc une loi linéaire, la loi de Hooke.

Courbe de traction idéale d'un


matériau ductile

Loi de Hooke et module de Young

E : module de Young ou module d'élasticité longitudinale (GPa).

Le module de Young caractérise la raideur du matériau :

E élevé : matériau rigide ;


E faible : matériau souple.

Il est homogène à la contrainte. On l'exprime donc en mégapascals, ou, comme ses valeurs sont très élevées,
en gigapascals :

1 GPa = 1 000 MPa = 109 Pa.

Pour les aciers, on a E ≃ 210 GPa.

Modules de Young de quelques


matériaux
Matériau E (GPa)
Diamant 1 000
Céramiques, carbures 550
Métaux 70 – 420
Béton 20
Élastomères 0,003 (3 MPa)
E détermine l’état limite en service (ELS) : déformation sans endommagement compatible avec le cahier des
charges (tolérances géométriques).

Limite d'élasticité

La contrainte limite entre le domaine élastique et le domaine plastique est appelé «  limite d'élasticité  »
(improprement limite élastique) ou « contrainte d'écoulement » et est noté Re. C'est la dureté ou la mollesse
du matériau :

Re élevé : dur
Re faible : mou.

Re dépend du matériau, de sa pureté, de son écrouissage (déformation plastique préalable), de la température


et de la structure de la matière.

Limites d'élasticité de
quelques matériaux

Matériau Re (MPa)

Bois 10 – 60
Aluminium 20 – 500
Acier 180 – 1 000

Re détermine l’état limite ultime (ELU) : déformation irréversible, prémices de l'endommagement. On définit
un coefficient de sécurité s pour prendre en compte les éventuelles erreurs et évènements inattendus.

Condition de résistance

Une solution technique est validée si

avec

σ : contrainte maximale calculée pour l’application ;

Rpe : résistance pratique à l'extension, .

Jusque dans les années 1990 en France, on exprimait encore fréquemment la limite d'élasticité en
kilogramme-force par millimètre carré (kgf/mm2) :

1 kgf/mm2 ≃ 1 daN/mm2 = 10 MPa


1 MPa = 0,1 daN/mm2 ≃ 0,1 kgf/mm2

Cette unité est encore utilisée relativement fréquemment. Ainsi, lorsque quelqu’un parle d'un « acier à 140
kilos », il désigne un acier ayant une limite d'élasticité de 1 400 MPa.

Exercice
On dispose d'un rond (barre de section circulaire) ∅20 et de longueur 200 faite en acier S235 (E24) de
limite d'élasticité garantie 235 MPa (dans l’industrie mécanique, l'unité implicite est le millimètre, il faut
donc comprendre « un diamètre de 20 mm » et « une longueur de 200 mm »). On lui suspend une
masse de une tonne.
1. La barre résiste-t-elle ?
2. Si c’est le cas, jusqu'à quel coefficient de sécurité est-elle validée ?
3. Si elle résiste, quel est son allongement élastique ?
4. On désire utiliser un rond d'aluminium de limite d'élasticité 100 MPa avec un coefficient de sécurité
de 4. Quelle doit être le diamètre du rond ?

Solution [ Dérouler ]
 

Déformation plastique

La déformation plastique est une déformation irréversible : si l’on interrompt l'essai, l'éprouvette se rétracte
(relâchement élastique) mais garde une déformation résiduelle.

Écrouissage

Résistance mécanique à la traction

Résistance mécanique à la traction (ou résistance à la


rupture)

La résistance mécanique à la traction Rm (MPa) est la contrainte la plus


importante enregistrée sur la courbe (sommet de la courbe).

Résistance mécanique à
la traction de quelques
matériaux

Matériau Rm (MPa)

Polymères 10 – 90
Bois 20 – 100
Aluminium 60 – 550
Acier 290 – 1 800

Rupture

La ductilité est la capacité à être déformé. On la caractérise en général par l'allongement à la rupture A, ou
A% lorsqu’il est exprimé en pour cent.

Allongement à la rupture

L'allongement à la rupture A est l'allongement relatif après rupture


(après le retrait élastique des deux morceaux d'éprouvette).
La formabilité est la zone comprise entre Re et Rm. Plus l'allongement à la rupture A est important, plus on
pourra déformer la pièce. Le paramètre pertinent ici serait l'allongement sous charge maximale (allongement
relatif au sommet de la courbe), mais il est peu utilisé dans la pratique.

A élevé : ductile
A faible : fragile, formabilité faible.

Allongements à la
rupture de quelques
métaux
Métal A%
fonte 0,3 – 18
Laiton 4 – 28
Acier 3 – 40
Bronze 3 – 50
Aluminium 20 – 40

Courbe de traction et loi de déformation d'un matériau fragile

Dans le cas d'un matériau fragile, la rupture se fait en mode élastique. La


courbe de traction ne présente donc pas de partie plastique.

On définit de la même manière le module de Young et la limite à la


rupture Rm. Il n'y a pas à proprement parler de limite d'élasticité  : la
partie courbe correspond au début de l'endommagement. L'allongement
à la rupture est nul (A = 0).

Comme on n'a pas de limite élastique, l'ELU est déterminée par la limite
à la rupture Rm : Courbe de traction typique pour un
matériau fragile

Le coefficient de sécurité est alors bien évidemment plus important que dans le cas ductile, puisque l’on ne
dispose pas de la « marge de réserve » que constitue la déformation plastique.

Énergie de rupture

L'énergie nécessaire pour un déplacement de A à B est le travail de la force extérieure , qui se calcule par :

L'énergie de déformation volumique, ou ténacité KC, s'obtient en divisant par le volume V :

.
L'énergie de rupture s'obtient donc en intégrant la courbe de traction,
c'est-à-dire en prenant la surface sous la courbe. Qualitativement :

KC élevé : matériau tenace ;


KC faible : matériau fragile.

Notons qu’il faudrait utiliser les contraintes et déformations vraies, donc


une courbe différente de la courbe conventionnelle, mais
qualitativement, la courbe conventionnelle nous suffit pour comparer.

On obtient que pour un matériau fragile, l'énergie de rupture KC est très


faible comparée à un matériau ductile, même si la résistance à la traction
Rm est souvent très élevée.

Une énergie de rupture permet d'encaisser un évènement pour lequel la


contrainte est très élevée, comme par exemple un choc ou la propagation
d'une fissure (le fond de fissure est très mince, on a une forte
concentration de contraintes).

Les pièces de sécurité, comme par exemple les mousquetons d'escalade Énergie de rupture KC dans le cas
ou les casques, encaissent les efforts en se déformant plastiquement ou d'un matériau ductile (haut) et fragile
en se rompant (mousse d'un casque), raison pour laquelle ils sont à usage (bas)
unique (il faut les changer en cas de chute). De même, pour les voitures,
on définit des zones de déformation (bloc moteur et coffre arrière) qui
permettent d'absorber l'énergie d'un choc en préservant les occupants de l'habitacle.

Faciès de rupture

Dans le cas d'un matériau ductile et isotrope, l'éprouvette présente :

un resserrement, la zone de striction ;


une zone centrale présentant des cupules, marquant un arrachement
de matière ;
une zone périphérique présentant une pente à 45° par rapport à l'axe
de traction, correspondant à du cisaillement.

Éprouvette rompue d'un métal


ductile (en l’occurrence aluminium)
Déroulement de la rupture ductile :
germination puis coalescence des
fissures, puis cisaillement de la
section restante

Isotropie

Un matériau est isotrope s'il a les mêmes propriétés quelle que soit la
direction considérée. Ici, cela signifie que quelle que soit la manière
dont on prélève l'éprouvette dans l'objet, on a toujours la même courbe
de traction (même limite d'élasticité, même allongement à la rupture,
…).

Les matériaux anisotropes (non-isotropes) typiques sont les matériaux


composites et les produits métalliques plats ou longs (tôles, barres,
tubes) non recuits (qui n'ont pas été chauffés après leur mise en forme).

Dans le cas d'un matériau fragile :

l'éprouvette ne présente pas de resserrement ;


la surface de rupture est perpendiculaire à l'axe de traction ;
le faciès de rupture présente des zones lisses et, dans le cas de
matériaux cristallins, des facettes.

Faciès de rupture d'une fonte à


graphite sphéroïdal fragile : la
surface de rupture est
perpendiculaire à l'axe de traction et
le faciès présente des facettes
Faciès de rupture du verre ; le verre
étant amorphe, le faciès est lisse
mais courbe, il ne présente pas de
facettes

Facteurs d'influence

Outre le matériau, le résultat de l'essai — courbe et faciès de rupture — dépend essentiellement :

de la température T ;
de la vitesse de déformation .

De manière générale, concernant la température :

pour la plupart des matériaux, le module de Young diminue lorsque la température augmente, à
l'exception des polymères ;
tous les matériaux sont fragiles en dessous d'une certaine température, dite « température de transition
fragile-ductile » ;
lorsqu'elle existe, la limite élastique a tendance à diminuer avec la température (le matériau s'amollit).

Certains matériaux changent de comportement avec la vitesse de déformation. En général :

pour les vitesse de déformation très faibles, la plupart des matériaux s'écoulent ; c’est le cas par exemple
des roches du manteau terrestre, qui sont solides pour les vitesses de déformation élevées, mais sont
pâteuses pour les vitesses très lentes (de l’ordre de 10−9 m.s-1), ce qui pourrait expliquer la dérive des
continents (convection de quelques centimètres par an sur une épaisseur de plusieurs centaines de
kilomètres, mais cette explication est débattue) ;
pour les vitesses très élevées, la plupart des matériaux sont fragiles, mais certains métaux peuvent
modifier leur structure à vitesse élevée (recristallisation dynamique) et donc devenir plus ductiles.

Cisaillement
Le cisaillement est l'effet produit par deux forces égales et opposées, mais
parallèles à la section considérée, contrairement à la traction qui est
perpendiculaire à la section. On parle d'effort « tranchant ». C'est l'effet
produit par une paire de ciseaux lorsque l’on coupe une feuille de papier.

Cisaillement : effort tranchant


La section à laquelle on s'intéresse n’est pas nécessairement la section
droite, c'est-à-dire la section perpendiculaire à l'axe de l'éprouvette. En
effet, une pièce réelle n'a pas forcément de direction privilégiée. Dans le
cas de la traction simple, si l’on prend une section en diagonale, la force
de traction se projette sur le plan de la section en une force  ; l'aire
de cette section est S1. La contrainte de cisaillement τ, appelée également
cission, est toujours le rapport de la force sur l'aire de la section :

τ = T1/S1.

On peut calculer que la cission est maximale pour une section faisant un Calcul du cisaillement dans une
angle de 45° avec l'axe de l'éprouvette. Or, nous verrons plus loin que la section inclinée dans le cas de la
déformation plastique se fait précisément par cisaillement (voir Défauts traction simple
dans les cristaux > Défauts linéaires). Donc, si le matériau est isotrope,
c’est sur un plan à 45° que va s'effectuer le glissement. Cela explique le
faciès de rupture ductile : dans la zone de striction, la section centrale est affaiblie par des arrachements de
matière et la rupture se termine par du cisaillement selon une direction de cission maximale.

Voir les exercices sur : Détermination du plan de cission maximal pour la traction simple.

Le calcul montre également que la contrainte dans une section à 45° vaut la moitié de la contrainte normale σ
dans la section droite :

τmax = σ/2.

À la limite élastique, on a pour un matériau isotrope :

σ = Re ⇒ τmax = Re/2.

La limite d'élasticité au cisaillement est appelée « résistance élastique au glissement » Reg, et l’on a donc on a
pour un matériau isotrope :

Résistance élastique au glissement d'un matériau isotrope

Reg = Re/2.

Donc, dans le cas d'un matériau isotrope, l'essai de traction permet de déterminer la résistance au
cisaillement du matériau.

De manière générale, le glissement survient lorsque τ ≥ Reg. Dans le cas d'un matériau non isotrope, cela peut
survenir pour une section faisant un angle différent de 45° avec l'axe de traction, et Reg n’est pas
nécessairement la moitié de Re.

Graphique de choix
Si l’on considère l'éprouvette de traction, pour un matériau donné, la résistance de la pièce, prise comme
étant la force provoquant une déformation plastique limite élastique, ne dépend que de l'aire S de la section
(Flimite = Re × S). Pour une longueur L0 imposée, cette force est ainsi proportionnelle au volume ; la masse
est elle aussi proportionnelle au volume. Il est donc légitime d’utiliser un graphique de choix sur le modèle de
celui présenté précédemment.

On voit que les aciers permettent de fabriquer des pièces peu onéreuses (excellent rapport
performance/prix), de même que les bétons, grès et calcaires (matériaux peu performants mais très bon
marché). Certains polymères ont une résistance spécifique similaire aux aciers, mais pour un coût plus élevé.
Pour avoir des pièces réellement plus légères, il faut avoir recours aux matériaux composites ou à certains
alliages non ferreux (alliages de titane, de nickel, d'aluminium), mais pour un coût plus élevé.

Notes
1. en anglais : ultimate limit state (ULS)
2. en anglais : serviceability limit state (SLS)
3. on distingue en général la malléabilité, qui est la capacité à être martelé sous forme de feuille ou lames,
et la ductilité, qui est la capacité à être étiré sous forme de fil ; d'un point de vue théorique, le phénomène
mis en œuvre (la déformation plastique) est le même, on utilise par défaut le terme « ductilité »

Voir aussi
Annexe : Essai de traction normalisé

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title=Introduction_à_la_science_des_matériaux/Propriétés_mécaniques_des_matériaux_I_-
_Généralités_et_traction_simple&oldid=800041 »

La dernière modification de cette page a été faite le 23 mars 2020 à 07:42.


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