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David Gontier
Cours Analyse (Maths fondamentales) de David Gontier est mis à disposition selon les termes de la
licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage dans les Mêmes Conditions 4.0
International.
TABLE DES MATIÈRES
1 Séries Entières 8
1.1 Rayon de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.1 Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
1.1.2 Comparaison de rayons de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
1.1.3 Calcul de rayon de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.2 Opérations sur les séries entières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
1.3 Fonctions développables en séries entières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.1 Définitions et propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
1.3.2 Arbre de décision des séries entières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.3.3 Développement de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
1.4 Quelques exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.1 La fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.2 Les fonctions trigonométriques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
1.4.3 Logarithme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.4 Arctan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.5 Fonction puissance (1 + x)α . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
1.4.6 Fonction arcsin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.5 Comportement sur le cerle de convergence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.5.1 Applications : quelques jolies formules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
2 Séries de Fourier 23
2.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
2.2 Polynômes trigonométriques, fonctions continues périodiques . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.1 Polynômes trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
2.2.2 Un produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2.3 Coefficients de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
2.2.4 Meilleur polynôme trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
2.2.5 Le cas des fonctions continues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
2.2.6 Et pour la norme ∞ ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
2.2.7 Dérivabilité et transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
2.3 Le cas des fonctions continues par morceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.3.1 Fonctions continues par morceaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
2.3.2 Séries de Fourier pour les fonctions continues par morceaux . . . . . . . . . . . 31
2.3.3 Un exemple important . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
2.4 La convergence simple : le noyau de Dirichlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.4.1 Propriétés du noyau de Dirichlet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
TABLE DES MATIÈRES 4
3 Intégrales à Paramètres 41
3.1 Rappels sur les intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.1.1 Primitives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.1.2 Intégrales de Riemann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
3.2 La théorème de convergence dominée (TCD) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
3.3 Intégration d’une série de fonction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43
3.3.1 Exemple type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.4 Intégrales à paramètres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44
3.4.1 Une démonstration alternative, sans le TCD. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
3.4.2 Dérivabilité sous le signe intégrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 46
3.4.3 Exemple type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
4 Transformée de Fourier 48
4.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48
4.2 Transformée de Fourier pour les fonctions intégrables . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.2.1 Premières propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
4.2.2 Régularité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
4.2.3 Produit de convolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
4.3 Transformée de Fourier inverse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
INTRODUCTION
Ces notes de cours ont été écrites dans le cadre du cours Maths Fondamentales, Analyse 1 (L2,
Université PSL).
Le thème général du cours concerne la représentation de fonctions sous forme de séries. Dans
le chapitre 1, on s’intéressera aux séries entières, et dans le chapitre 2, aux séries de Fourier.
Au chapitre 3, nous étudierons les intégrales à paramètres, afin de conclure au chapitre 4 sur la
transformée de Fourier.
Je remercie Nicolas Forien et Yijun Wan pour leur aide dans ce cours (et la rédaction des corrigés
des exercices).
Nous commençons par quelques rappels important (déjà vus).
Définition 0.2 (Convergence uniforme). On dit que (Fn ) converge uniformément vers F sur I si
La convergence n’est pas uniforme (les fonctions Fn sont continues, mais pas la fonction F , voir
Lemme suivant).
1. Page web du cours ici.
TABLE DES MATIÈRES 6
La convergence uniforme a un lien fort avec la continuité, comme le montre le lemme suivant.
Lemme 0.4 (Continuité). Si (Fn ) est une suite de fonctions continues qui converge uniformément
vers F sur I, alors F est continue sur I.
Démonstration. Soit ε > 0. On choisit N assez grand pour que kF − FN k∞ ≤ ε. Pour tout x, y ∈ I,
on a
|F (x) − F (y)| ≤ |F (x) − FN (x)| + |FN (x) − FN (y)| + |FN (y) − FN (y)|
≤ ε + |FN (x) − FN (y)| + ε.
Fixons x ∈ I. Comme FN est continue en x, il existe δ > 0 tel que ∀y ∈ I avec |y − x| < δ, on a
|FN (x) − FN (y)| < ε. On en déduit que pour tout y ∈ I avec |y − x| < δ, on a |F (x) − F (y)| ≤ 3ε.
Ceci étant vrai pour tout ε > 0, F est continue en x. Ceci étant vrai pour tout x ∈ I, F est continue
sur I.
Lemme 0.5 (Intégrabilité). Si (Fn ) est une suite de fonction continue qui converge uniformément
vers F sur I = [a, b] un intervalle fini, alors
Z b Z b Z b Z b
lim Fn = lim Fn , ou encore lim Fn = F.
n→∞ a a n→∞ n→∞ a a
Démonstration. On a
Z b Z b Z b Z b Z b
Fn − F =
(Fn − F ) ≤
|Fn − F | ≤ kFn − F k∞ = (b − a) kFn − F k∞ −−−→ 0.
a a a a a n→∞
Lemme 0.6. Soit (Fn ) une suite de fonction de classe C 1 sur l’intervalle fini I = [a, b] telle que
— (Fn (a)) converge vers α,
— la suite des dérivées (Fn0 ) converge uniformément vers une fonction G.
Alors (Fn ) converge uniformément sur I vers
Z x
F (x) := α + G(s)ds.
a
La constant de droite est indépendante de x ∈ I. En prenant le sup sur tous les x, puis en faisant la
limite n → ∞, on obtient kFn − F k∞ → 0.
Il est important ici d’avoir la convergence uniforme pour les dérivées Fn0 et non pour Fn .
Convergence normale
Pn
Lorsque Fn est de la forme Fn (x) = on parle de série de fonctions.
k=0 fk (x),
∞
X
kfn k∞ < ∞.
n=0
Le terme de droite est indépendant de p, et tend vers 0 lorsque n tend vers l’infini (c’est le reste
d’une série convergente). On en déduit que la suite (Fn ) est de Cauchy (je n’utiliserai cette notion
que dans ce paragraphe). De plus, pour tout I ⊂ R, l’ensemble des fonctions continues de I dans R,
noté C 0 (I, R), est un espace de Banach. Donc la suite (Fn ) converge vers une limite. On en déduit le
lemme suivant :
P
Lemme 0.9. Si (fn ) est une suite de fonctions continues surPI telle que la série fn converge
normalement sur I, alors il existe F ∈ C 0 (I, R) telle que Fn := nk=0 fk converge uniformément vers
F sur I.
On écrit généralement
∞
N
!
X
X
F (x) := fn (x), dans le sens
F (x) − lim fn (x)
−−−→ 0.
N →∞
n→∞
n=0 n=0 ∞
R R
Tous les théorèmes précédents s’appliquent. On a par exemple Fn → F , ou plus exactement :
Z bX XZ b
fn = fn .
a n n a
Pn
De plus, si les dérivées Fn0 = 0
k=0 fk converge uniformément vers un certain G, alors
!0
X X
fn0 = fn .
n n
À retenir
— Convergence normale =⇒ Convergence uniforme =⇒ Convergence simple
(CVN =⇒ CVU =⇒ CVS). Les réciproques sont fausses.
— Si convergence uniforme, alors on peut permuter limite et intégrale.
— Convergence uniforme des dérivées =⇒ Convergence uniforme.
CHAPITRE 1
SÉRIES ENTIÈRES
Les séries entières forment une famille de fonctions qui ont de bonnes propriétés :
— Elles peuvent être représentés facilement (intérêt numérique) ;
— Elles sont stables par addition, soustraction, multiplication et même division ;
— Elles sont C ∞ , et sont stables par dérivation/intégration.
Les séries entière peuvent être vues comme une extension de la famille des polynômes : ce sont en
quelques sortes des polynômes de degré infini...
Pour le moment, tout est formel ! La variable z est une variable muette. C’est à rapprocher des
polynômes P (X) ∈ R[X], où la variable X est formelle.
an z n est
P
Définition 1.3 (Rayon de convergence). Le rayon de convergence de la série entière
le nombre commun R := RI = RJ ∈ [0, ∞].
Le disque (ouvert) de convergence est l’ensemble B(R) ⊂ C.
Preuve du théorème d’Abel. Pour commencer, on remarque que I ⊂ J. En effet, si une série converge,
la suite qui la définit doit converger vers 0, donc est bornée. En particulier RI ≤ RJ .
Montrons l’autre inégalité RJ ≤ RI . Soit r0 ∈ J, de sorte que la suite an r0n est bornée, et soit M
un majorant de an r0n . Pour z ∈ B(r0 ), on pose α := |z|/r0 . On a 0 < α < 1, et
∞ ∞ n ∞
X
n
X |z| X M
|an | · |z| = |an r0n | ≤M αn = < ∞.
r0 1−α
n=0 n=0 n=0
an z n est
P
Pour la dernière égalité, on a reconnu la série géométrique de raison α < 1. Ainsi, la série
(absolument) convergente. En particulier, |z| ∈ I. Ceci étant vrai pour tout z ∈ B(r0 ), on en déduit
que [0, r0 ) ⊂ I, puis que RI ≥ r0 . Ceci étant vrai pour tout r0 ∈ J, on a bien RI ≥ RJ .
En pratique, il est beaucoup plus facile de montrer qu’une suite est bornée (ensemble J), que de
montrer qu’une série converge (ensemble I).
Exercice 1.4
an z n et bn z n ont le
P P
Soit (an ) et (bn ) deux suites telles que an = bn pour tout n ≥ N . Montrer que
même rayon de convergence.
D’après la démonstration du théorème d’Abel, la suite |an | · |z|n peut être majorée par une suite
géométrique de raison strictement plus petite que 1. On obtient le lemme utile suivant.
Lemme 1.6. Pour tout z ∈ B(R), il existe M ≥ 0 et α < 1 tel que |an | · |z|n ≤ M αn .
Démonstration. Puisque |z| < R, on peut trouver r0 tel que |z| < r0 < R. On applique ensuite la
démonstration du Théorème d’Abel.
À retenir
— On associe à une série entière un rayon de convergence R ∈ R+ ∪ {∞}.
— Le cercle complexe {|z| = R} sépare le plan complexe en deux régions : si |z| < R, la série n an z n
P
converge absolument, et si |z| > R, la série diverge grossièrement (la suite an z n diverge).
— Tout peut arriver sur le cercle critique {|z| = R}.
Lemme 1.8. Si |an | = O(|bn |), c’est à dire s’il existe C ≥ 0 tel que |an | ≤ C|bn |, alors Ra ≥ Rb . Si
|an | ∼ |bn |, alors Ra = Rb .
Démonstration. Soit r ∈ Jb . Par définition de Jb , la suite bn rn est bornée : il existe M ≥ 0 telle que
|bn rn | ≤ M . On a alors
|an rn | = |an | · |r|n ≤ C|bn | · |r|n ≤ CM,
et on en déduit que la suite an rn est bornée aussi. Ainsi r ∈ Ja . Ceci étant vrai pour tout r ∈ Jb , on
a Jb ⊂ Ja , et enfin Rb ≤ Ra .
On retiendra que plus (an ) converge vite vers 0, plus le rayon de convergence est grand.
En fait, on a beaucoup beaucoup mieux !
Démonstration. Soit r < Rb . D’après le Lemme 1.6, il existe M ∈ R et 0 < α < 1 tel que |bn rn | ≤ M αn .
On en déduit que
|an rn | ≤ ns |bn rn | ≤ ns M αn .
La suite ns M αn tend vers 0, donc est bornée. Ainsi, la suite (an rn ) est aussi bornée, et donc r ∈ Ia .
Cela montre que [0, Rb ) ⊂ Ia , et on en déduit Rb ≤ Ra .
Pour le deuxième point, on pose bn = nan . On a alors an ≤ bn ≤ nan , et on applique le Lemme deux
fois pour en déduire que Ra ≤ Rb ≤ Ra , puis finalement que Ra = Rb .
Remarque 1.10. On peut faire le même raisonnement pour |an | ≤ |cn | · |bn | où (cn ) est une suite
telle que pour tout 0 < α < 1, cn αn → 0.
Exercice 1.11
P∞
Calculer le rayon de convergence de n=1 an zn dans les cas suivants :
— an est la n-ième décimale de π ; (on pourra remarquer que 0 ≤ an ≤ 9).
— an est le nombre de diviseur de n ; (on pourra remarquer que 1 ≤ an ≤ n).
2
— an = (−1)n arctan(n)n2020 ;
À retenir
— Plus la suite an converge vite vers 0, plus son rayon de convergence est grand.
— Si an = 0 à partir d’un
P certain Prang, alors R = ∞ (c’est un polynôme !).
— Les séries entières an z n et nan z n ont le même rayon de convergence.
1.2. Opérations sur les séries entières 11
D’après le critère classique de d’Alembert, la série |an rn | converge ssi `r < 1. On en déduit R = 1/`.
Pour le critère de Cauchy, on écrit cette fois que
(|an |rn )1/n = |an |1/n r −−−→ `r,
n→∞
Suivant les suites qu’on a, il est parfois plus simple de travailler avec le critère de d’Alembert que
celui de Cauchy. On fera attention cependant aux suites qui peuvent s’annuler : on ne pas utiliser
le critère de d’Alembert si an s’annule ! On peut tenter de traiter ces termes séparément.
|un+1 |
Lemme 1.14 (Rappel : d’Alembert =⇒ Cauchy). Si (un ) est une suite telle que |un | → `, avec
` > 0. alors |un |1/n → ` aussi.
Démonstration. On remarque que
|un | |un | |un−1 | |u1 |
|un | = |un−1 | = · ··· · |u0 |.
|un−1 | |un−1 | |un−2 | |u0 |
En passant au log et en divisant par n, on obtient
1 1 |un | |u1 |
log(|un |) = log + · · · + log + log(|u0 |) .
n n |un−1 | |u0 |
P∞ n
P∞ n
Le produit Soit n=0 an x et n=0 bn x deux séries entières et soit
n
X
cn := ak bn−k .
k=0
Dilatation Soit bn = αn an pour un certain α > 0. Alors Sb a pour rayon de convergence Rb := Ra /α,
et on a Sb (z) = Sa (αz). En effet, on a
∞
X ∞
X ∞
X
Sb (z) = bn z n = α n an z n = an (αz)n .
n=0 n=0 n=0
La dernière somme (donc les autres aussi) est convergente si |αz| < Ra , donc si |z| < Ra /α.
D’après ce qu’on a vu précédemment, S est bien définie sur B(R) ⊂ C. Dans ce cours, on s’intéressera
principalement à ce qui se passe sur R : S est bien définie sur l’intervalle ouvert (−R, R).
Enfin, comme S0
est une série entière de rayon de convergence R, on S 0 est dérivable d’après ce
qu’on vient de démontrer, donc S est 2 fois dérivable. En raisonnant par récurrence, on obtient que S
est C ∞ .
Par récurrence, on voit que la dérivée k-ème de S est une série entière de rayon de convergence R,
et que
∞ ∞ ∞
X X n! X (n + k)! n
∀x ∈ (−R, R), S (k) (x) = an n(n−1) · · · (n−k+1)xn−k = an xn−k = an+k x .
(n − k)! n!
n=k n=k n=0
On se pose maintenant la question inverse : étant donné une fonction f , est-ce que f peut s’écrire
comme une série entière ?
Définition 1.16 (Développement en série entière). Soit I un intervalle ouvert contenant 0, et soit
fP: I → R. On dit que f est développable en série entière au voisinage de 0 s’il existe une série entière
an z n de rayon R > 0, et un nombre 0 < ρ ≤ R tel que (−ρ, ρ) ⊂ I et
∞
X
∀x ∈ (−ρ, ρ), f (x) = an xn
n=0
Si f est développable en série entière, alors d’après le Théorème 1.15, f est une fonction C ∞ sur
(−ρ, ρ), et
∞
(k)
X (n + k)! n
∀x ∈ (−ρ, ρ), f (x) = an+k x .
n!
n=0
En évaluant en x = 0, tous les termes de droite s’annulent sauf celui pour n = 0. On obtient
f (n) (0)
∀k ∈ N, f (k) (0) := ak k! que l’on écrit sous la forme ∀n ∈ N, an = .
n!
Autrement dit, si f est développable en série entière, alors forcément la suite an est unique, et donnée
(n)
par la formule explicite an := f n!(0) . On définit la série entière Sf par
∞
X f (n) (0)
Sf (z) := zn.
n!
n=0
Dire que f est développable en série entière, c’est dire que f (x) = Sf (x) sur un voisinage de x = 0.
|an |Rn peut diverger. C’est pourquoi nous considérons
P
4. On ne peut pas prendre directement r0 = R, car la série
le rayon intermédiaire r0 < R.
1.3. Fonctions développables en séries entières 14
Exercice 1.17
Soit f : R → R définie par ( 1
e− x2 si x > 0,
f (x) = .
0 si x≤0
Montrer que f est C ∞ et que f (n) (0) = 0. En déduire que f n’est pas développable en série entière.
Exercice 1.18
Montrer que les polynômes sont développables en série entière, avec ρ = R = ∞.
Exercice 1.21
Soit K := [−ρ, ρ], et soit f ∈ C ∞ (K, R) telle qu’il existe A > 0 avec
kf (n) k∞ ≤ n!An
Montrer que f est développable en série entière sur (−a, a), avec a = min{ρ, A−1 }.
Lemme 1.23. La fonction ex est de classe C ∞ . Elle est (l’unique) solution de l’équation f 0 = f et
f (0) = 1. Elle vérifie ex+y = ex ey .
Démonstration. On pose f (x) = ex pour cette preuve. Par définition, l’exponentielle est développable
en série entière. On a déjà démontré que R = ∞. D’après le Théorème 1.15, elle est C ∞ sur R. Toujours
d’après le Théorème 1.15, sa dérivée est
∞ ∞
0
X n+1 n X 1 n
f (x) = x = x = f (x).
(n + 1)! n!
n=0 n=0
De plus, on a f 0 (0) = 1. Le fait que cette solution est unique vient du théorème de Cauchy-Lipschitz.
Voici cependant une preuve directe. Soit g une autre fonction telle que g 0 (x) = g(x). On introduit la
fonction λ(x) telle que g(x) = λ(x)f (x). En dérivant, on obtient
g 0 (x) = λ0 (x)f (x) + λ(x)f 0 (x), donc g(x) = λ0 (x)f (x) + λ(x)f (x), et enfin λ0 (x) = 0.
et le rayon de convergence est infini. On remarque que si n est impair, la parenthèse vaut 0. Il ne reste
donc que les termes avec n pair. La somme se simplifie donc en
∞
X (−1)k
cos(x) = x2k , (rayon de convergence R = ∞).
(2k)!
k=0
Pour la fonction sinus, on peut faire le même raisonnement, ou simplement utiliser que sin = − cos0 .
On obtient
∞
X (−1)k 2k+1
sin(x) = x , (rayon de convergence R = ∞).
(2k + 1)!
k=0
On peut aussi faire le développement des fonctions hyperboliques cosh(x) et sinh(x) respectivement
définies par
1 x 1 x
e + e−x e − e−x .
cosh(x) := et sinh(x) :=
2 2
On peut soit raisonner comme avant, soit remarquer que cosh(x) = cos(ix) et sinh(x) = sin(ix) (on
rappelle que les séries entières sont bien définies sur tout le plan complexe). On obtient
∞ ∞
X 1 2k X 1
cosh(x) = x , sinh(x) = x2k+1 , (rayon de convergence R = ∞).
(2k)! (2k + 1)!
k=0 k=0
Fractions rationelles
P (x)
On rappelle qu’une fraction rationnelle est une fonction de la forme f (x) = où P et Q sont
Q(x)
des polynômes. Une telle fonction peut se décomposer en éléments simples. Comme nous travaillons
1
dans le corps C qui est scindé, les éléments simples sont les fonctions de type (x−a) n.
1
Remarque 1.26. De manière surprenante, la fonction est C ∞ sur tout R, mais son dévelop-
1 + x2
pement n’est défini que sur (−1, 1). C’est étonnant, car les points x = ± 1 ne semblent jouer aucun
rôle particulier pour cette fonction... C’est en regardant ce qui se passe dans les nombres complexes
qu’on voit que cette fonction à des pôles en z = ±i, et donc que R = 1.
1.4.3 Logarithme
1
En intégrant la relation pour 1−x , on trouve (Attention aux 2 signes moins)
∞
X xn+1
− log(1 − x) = , (rayon de convergence R = 1).
n+1
n=0
Exercice 1.27
Montrer que
∞
log(1 − x) X 1 1
− = Hn xn , avec Hn := 1 + + ··· + .
1−x n=0
2 n
1.4.4 Arctan
Pour tout x < 1, on a |x2 | < 1, donc, en utilisant le Lemme 1.24, on a
∞
1 X
= (−x2 )n .
1 + x2
n=0
En intégrant, on obtient
∞
X x2n+1
arctan(x) = (−1)n , (rayon de convergence R = 1).
2n + 1
n=0
Remarque 1.28. Comme R = 1, on peut appliquer cette égalité pour tout |x| < 1, mais pas en x = 1.
Supposons qu’on peut (on le montrera dans la suite du cours), alors on aurait, avec arctan(1) = π4 ,
∞
π X (−1)n 1 1 1
= = 1 − + − + ··· (formule de Leibniz).
4 2n + 1 3 5 7
n=0
f (n) (x) = α(α − 1) · · · (α − n + 1)(1 + x)α−n , puis f (n) (0) = α(α − 1) · · · (α − n + 1).
On introduit la fonction
∞ ∞
X α(α − 1) · · · (α − n + 1) n
X α n
Sf (x) := x = x ,
n! n
n=0 n=0
où on a posé
α α(α − 1) · · · (α − n + 1)
:= .
n n!
Si α = N ∈ N, on retrouve le coefficient binomiale N N!
n = n!(N −n)! , avec la convention 0! = 1 et
N
n = 0 is n > N .
1.4. Quelques exemples 18
On reconnaît αSf (x) dans la dernière ligne. Ainsi, Sf est solution de l’équation différentielle
(
(1 + x)Sf0 (x) = αSf (x),
Sf (0) = 1.
Une solution de cette équation est donnée par la fonction x 7→ (1 + x)α . Par unicité de la solution
(Cauchy-Lipschitz), on en déduit que Sf (x) = (1 + x)α = f (x).
Méthode 2. On montre que le reste intégrale de Taylor CVS vers 0 pour x ∈ (−1, 1). On a
Z 1
xN
RN −1 (x) := (1 − t)N −1 f (N ) (tx)dt
(N − 1)! 0
Z 1
xN
= (1 − t)N −1 α(α − 1) · · · (α − N + 1)(1 + tx)α−N dt
(N − 1)! 0
Z 1
α
= Nx N
(1 − t)N −1 (1 + tx)α−N dt
N 0
Pour N > −α, la dernière puissance est négative, et comme |x| < 1, on a (1 + tx)α−N < (1 − t)α−N .
Ainsi Z 1
α N α−1 α N N
|RN −1 (x)| ≤ Nx (1 − t) dt = x .
N 0 N α
En utilisant de nouveau le critère de d’Alembert, la série converge, et en particulier, la suite RN (x)
converge vers 0. On peut donc appliquer le Lemme 1.20, et on a bien f = Sf sur (−1, 1).
Donc f est développable en série entière sur (−1, 1), et
∞
α
X α n
(1 + x) = x , (rayon de convergence R = 1).
n
n=0
Si α ∈ N, la série s’arrête à partir d’un certain rang. Dans ce cas, c’est un polynôme, et R = ∞.
Remarque 1.29. C’est une extension de la formule binomiale de Pascal.
Dans le cas particulier α = 12 , on a
∞ 1 ∞ ∞
√ X
n
X 1 · (−1) · (−3) · · · (1 − 2n + 2) n X 1 · 3 · · · (2n − 3) n
1+x= 2 x = n
x = (−1)n+1 x .
n 2 n! 2n n!
n=0 n=0 n=0
1.5. Comportement sur le cerle de convergence 19
∞
√
X 1 2n 1
1−x=1− xn .
4n n 2n − 1
n=1
En intégrant, on obtient
∞
X 1 2n 1
arcsin(x) = x2n+1 , (rayon de convergence R = 1).
4n n 2n + 1
n=0
Remarque 1.30. De nouveau, on peut appliquer cette égalité pour tout |x| < 1, mais pas en x = 1.
Supposons qu’on peut, alors on aurait, avec arcsin(1) = π2 ,
∞
π X 1 2n 1
= .
2 4n n 2n + 1
n=0
Nous démontrons que ce type de formule est valide dans la section suivante.
Si z sur cercle de convergence |z| = R est tel que Sf (z) converge, alors f (z) = Sf (z).
On met en garde tout de suite que la «réciproque» est fausse : ce n’est pas parce que f (z) existe
que f (z) = Sf (z). Par exemple, on a
∞
1 X
f (x) := = (−x)n .
1+x
n=0
1 P∞ n
Le rayon de convergence est R = 1, f (1) = 2 existe, mais la série n=0 (−1) n’est pas convergente.
1.5. Comportement sur le cerle de convergence 20
En écrivant z = Reiθ et en posant g(z) := f (e−iθ z), on a f (z) = g(R) (les phases s’annulent).
De plus, g est DSE ssi f l’est, et avec le même rayon de convergence. Autrement dit, sans perte de
généralité (quitte à faire une rotation dans C), on peut se contenter de démontrer le théorème d’Abel
en z = R.
On rappelle que si on pose f (x) := ∞ n
P
n=0 an x de rayon de convergence R > 0, alors f est par
définition définie sur (−R, R).
Soit f (x) := ∞ n
P
Théorème 1.31 (Théorème d’Abel).P∞ n=0 an x une série entière de rayon de conver-
n
gence 0 < R < ∞. Si la série n=0 an R converge, alors f admet un prolongement par continuité en
x = R, et
X∞
lim f (x) = an Rn .
x→R−
n=0
On commence par donner une preuve facile dans le cas où les coefficients an sont tous positifs.
Dans ce cas, en posant fn (x) := an xn , on a sur [−R, R] que kfn k∞ = fn (R) = an Rn . Donc
∞
X ∞
X
kfn k∞ = an R n converge.
n=0 n=0
La série est normalement convergente sur tout [−R, R] (comparer avec le Théorème 1.15), donc il
existe une fonction f˜, continue sur [0, R] telle que f˜(x) = n . Par unicité de la limite pour
P
n a n x
x ∈ [0, R), on en déduit que f˜ est le prolongement par continuité de f sur [0, R].
Cette manipulation qui consiste à exprimer les termes d’une suite comme la différence de deux restes
de série s’appelle la transformation d’Abel. Soit 0 < x ≤ R. On a
∞
X ∞
X x n ∞
X x n ∞
X x n X∞ x n
(f − fN ) (x) = an xn = an R n = (Sn − Sn+1 ) = Sn − Sn+1 .
R R R R
n=N n=N n=N n=N n=N
La suite à gauche converge simplement vers 0 P si x < R. On veut montrer que la convergence est en
fait uniforme sur [0, R], où on a posé f (R) := an Rn . Soit ε > 0. On choisit N suffisamment grand
tel que |Sn | < ε pour tout n ≥ N . Le premier terme est borné par ε, et le second par
∞ ∞
X x n+1 x n X x n x n+1 x N +1 x ∞
Sn+1 − ≤ε − =ε − ≤ ε.
R R R R R R
n=N N
Ceci montre que maxx∈[0,R] n≥N an xn ≤ 2ε, donc la série an xn converge uniformément sur [0, R].
P P
La limite correspondante est un prolongement par continuité de f sur (−R, R].
1.5. Comportement sur le cerle de convergence 21
La série est donc sommable, et on peut appliquer le théorème d’Abel. Comme on a arcsin(1) = π2 , on
en déduit la formule (inutile mais jolie)
∞ ∞ 2n
π XX n 1
= n
.
2 4 2n + 1
n=0 n=0
Avec arctan
On commence par étudier la série
∞
X 1
(−1)n .
2n + 1
n=0
C’est une série alternée dont le terme converge vers 0. Donc la série converge. On peut donc utiliser
le théorème d’Abel. Avec le fait que arctan(1) = π4 , on obtient
∞ ∞
π X (−1)n 1 1 X 2
= = 1 − + − ... = .
4 2n + 1 3 5 (4n + 1)(4n + 3)
n=0 n=0
Avec log
La série
∞
X (−1)n
n+1
n=0
est alternée, avec un terme qui terme vers 0, donc converge. En appliquant le lemme d’Abel, on obtient
∞ ∞
X (−1)n 1 1 X 1
log(2) = =1− + − ··· = .
n+1 2 3 (2n + 1)(2n + 2)
n=0 n=0
1.5. Comportement sur le cerle de convergence 22
Figure 1.1 – Mais alors, où est l’erreur ? The Simpsons, Sky Police, March 2015.
CHAPITRE 2
SÉRIES DE FOURIER
2.1 Introduction
Soit ET l’ensemble des fonctions continues et T périodiques : f (x+T ) = f (x). Sur ET , on introduit
un produit scalaire (en fait hermitien : linéaire à droite, antilinéaire à gauche)
Z T
∀f, g ∈ ET , hf, gi := f (x)g(x)dx,
0
RT
et on note kf k2 la norme associée kf k2 := 0 |f |2 (x)dx. Pour n ∈ Z, on pose
1 2π
en (x) := √ ei T nx .
T
Autrement dit, la famille (en )n∈Z est une famille orthonormale pour le produit hermitien h·, ·i.
Malheureusement, cette famille est infinie, et nous n’avons pas le droit de dire que c’est une base de 1
ET (ça le serait si ET = Vect{en }). On pose donc
H := Vect{en }.
1. L’ensemble ET n’est pas bien défini, car l’intégrale n’est pas toujours bien définie (intégrale de Lebesgue versus
intégrale de Riemann)...
2.2. Polynômes trigonométriques, fonctions continues périodiques 24
Soit f ∈ H. Comme (en ) est une base de H, on peut décomposer f dans cette base, et il existe
des coefficients complexes cn (f ) ∈ C tel que
X
f= cn (f )en .
n∈Z
Par ailleurs, en prenant le produit scalaire de f avec lui-même, on obtient par bilinéarité (linéaire à
droite, anti-linéaire à gauche) que
* +
X X X X
2
kf k2 = hf, f i = cn (f )en , cm (f )em = cn (f )cm (f ) hem , en i = |cn (f )|2 .
| {z }
n∈Z m∈Z n,m∈Z n∈Z
=δnm
Les deux encadrés sont les deux grands résultats de ce chapitre, à savoir la transformée de
Fourier (qui peut être vue comme la décomposition d’un vecteur f dans la base (en )), et l’identité
de Parseval (qui peut être vue comme une généralisation du P théorème de Pythagore). Le but de ce
chapitre est de justifier ces formules (par exemple, que veut dire n∈Z , dans quel sens on a convergence,
etc.).
Au lieu de travailler dans ce fameux espace H, on travaillera dans des sous-ensembles de H, où
tout a un sens, et où on aura des résultats plus forts.
À retenir
— Ce chapitre est géométrique.
— Les deux grandes formules à connaître sont faciles à retrouver.
Autrement dit, P ∈ TN est un polynôme trigonométrique de degré au plus N s’il existe des coefficients
complexes c−N , · · · , cN ∈ C tel que
N
X
∀x ∈ R, P (x) = ck ek (x).
k=−N
Nous avons déjà vu que la famille (ek ) était libre (car elle est orthonormale), et comme il y a
2N + 1 indices entre −N et N , TN est un C-espace vectoriel de dimension 2N + 1.
Comme on intègre des fonctions périodiques, on préfère parfois centrer l’intégrale en 0, et écrire
Z T /2
hf, gi = f (x)g(x)dx.
−T /2
Lemme 2.2. La famille (ek )−N ≤k≤N est orthonormale pour le produit scalaire
Démonstration. C’est ce que nous avons montré en (2.1).
En particulier, la famille (ek ) est libre (on le savait déjà), et comme elle engendre les polynômes
trigonométriques, on obtient le lemme géométrique suivant :
Lemme 2.3. La famille (e−N , · · · , eN ) est une base orthonormale de TN , (pour le produit sca-
laire (2.2)).
Cette égalité est au sens des vecteurs de TN : c’est une égalité entre deux polynômes (trigo-
nométriques). En interprétant ces vecteurs comme des fonctions continues, on a
N
1 X 2π
∀P ∈ TN , ∀x ∈ R, P (x) = √ ck (P )ei T kx .
T k=−N
Si on écrit eix = cos(x) + i sin(x), et qu’on utilise le fait que cos est paire et que sin est impaire, on
obtient la décomposition en sinus et cosinus de P , à savoir :
N N
" X #
1 X 2π 2π
P (x) = √ c0 (P ) + ak (P ) cos kx + bk (P ) sin kx
T T T
k=1 k=1
où on a posé
ak (P ) := ck (P ) + c−k (P ), et bk (P ) := ick (P ) − ic−k (P )
De manière explicite, on a ak (P ) = ck (P ) + c−k (P ) = hek , P i + he−k , P i = hek + e−k , P i, et donc
Z T Z T
2 2π 2 2π
ak (P ) = √ cos kx P (x)dx, et bk (P ) = √ sin kx P (x)dx
T 0 T T 0 T
0 .
Cette définition s’étend aux fonctions de CT,m
Lemme 2.8. Le polynôme trigonométrique SN (f ) est le meilleur polynôme qui approxime f pour la
norme k · k2 . C’est à dire :
∀P ∈ TN , kf − P k2 ≥ kf − SN (f )k2 .
Pour tout autre polynôme P ∈ TN et pour tout t > 0 et θ ∈ [0, 2π], on a P ∗ − teiθ P ∈ TN , donc
2
∗
f − P + te iθ
P
≥ kf − P ∗ k2 .
2.2. Polynômes trigonométriques, fonctions continues périodiques 27
En développant, on obtient
t2Re eiθ hf − P ∗ , P i + t2 kP k2 ≥ 0.
P ∗ , P i = 0. On a donc prouvé
∀P ∈ TN , hf − P ∗ , P i = 0.
C’est une propriété bien connue des projections : le reste f − P ∗ est orthogonal au plan TN sur lequel
on a projeté. En prenant P = en , on obtient
hf, en i = hP ∗ , en i = cn (f ),
et on en déduit P ∗ = SN (f ).
Théorème 2.9 (Stone-Weierstrass). Les polynômes trigonométriques sont denses dans CT0 pour la
norme uniforme. Autrement dit, pour tout f ∈ CT0 , il existe une suite de polynômes Pn ∈ Tn tel que
kf − Pn k∞ −−−→ 0.
n→∞
Par ailleurs, on a
0 , on a
Lemme 2.10. Pour toute fonction f ∈ CT,m
kf k2 ≤ T kf k∞ .
En particulier si on a une convergence en norme sup k·k∞ , on a aussi une convergence en norme 2 :
kfn − f k∞ → 0 =⇒ kfn − f k2 → 0.
Lemme 2.12. Pour tout f ∈ CT0 , la suite SN (f ) ∈ TN converge vers f pour la norme 2 :
kf − SN (f )k2 −−−−→ 0.
N →∞
2.2. Polynômes trigonométriques, fonctions continues périodiques 28
Démonstration. Soit PN ∈ TN une suite de polynômes qui converge vers f pour la norme uniforme
(cette suite existe par Stone-Weierstrass). On a alors avec le Lemme 2.8 et le Lemme 2.10,
kf − SN (f )k2 ≤ kf − PN k2 ≤ T kf − PN k∞ −−−−→ 0.
N →∞
Théorème 2.13 (Parseval pour les fonctions continues). Pour tout f ∈ CT0 , on a
X
kf k22 = |cn (f )|2 .
n∈Z
Démonstration. On a, en développant,
kf − SN (f )k22 = kf k22 − 2hf, SN (f )i + kSN k22 = −kf k22 + 2hf, f − SN (f )i + kSN k22 .
où on a utilisé l’inégalité de Cauchy-Schwarz dans la dernière inégalité, et le fait que kf −SN (f )k2 → 0
d’après le lemme 2.12. Ceci montre que
N
X X
kf k22 = lim kSN (f )k2 = lim |cn (f )|2 = |cn (f )|2 .
N →∞ N →∞
n=−N n∈Z
Théorème 2.14 (Riemann-Lebesgue pour les fonctions continues périodiques). Pour tout f ∈ CT0 ,
on a Z T
2π
cn (f ) −−−−−→ 0, ou encore lim f (t)ei T nt dt = 0.
n→±∞ n→∞ 0
En revanche, dans ce cas où les coefficients cn tendent "rapidement" vers 0, c’est vrai. On a même
mieux.
P
Théorème 2.15. Soit (cn )n∈Z une suite quelconque telle que n∈Z |cn | converge. Alors la série
0
P
c e
n∈Z n n (x) converge normalement. Elle admet une limite f ∈ C T pour la convergence uniforme.
De plus, cn = cn (f ) dans ce cas.
2.2. Polynômes trigonométriques, fonctions continues périodiques 29
En particulier,
X X
Si |cn (f )| < ∞, alors, pour tout x ∈ R, f (x) = cn (f )en (x).
n∈Z n∈Z
2π k k
(k)
∀n ∈ Z, cn (f )= i n cn (f ).
T
Démonstration. On a Z T
1 0 2π
cN (f ) = √ f 0 (x)e−i T nx
dx
T 0
En intégrant par partie, on obtient
Z T T
0 1 2π −i 2π nx 2π −i 2π
nx
cN (f ) = − √ f (x) −i n e T dx + f (x) −i n e T .
T 0 T T 0
Par périodicité, le terme de bord s’annule, et le résultat suit. La preuve pour les dérivées plus grande
se fait par une récurrence immédiate.
Théorème 2.17. Si f ∈ CT1 , alors SN (f ) converge uniformément vers f (i.e. pour la norme k · k∞ ,
donc aussi pour la norme k · k2 et pour la convergence simple).
P
Démonstration. Il suffit de montrer que |cn (f )| < ∞. D’après le lemme précédent, et l’inégalité de
Cauchy-Schwarz, on a (on note Z∗ := Z \ {0})
!1/2 !1/2
X T X |cn (f 0 )| T X X 1
|cn (f )| = ≤ |cn (f 0 )|2 .
∗
2π ∗
|n| 2π n2
n∈Z n∈Z n∈Z∗ n∈Z∗
2.3. Le cas des fonctions continues par morceaux 30
D’après le théorème de Parseval pour f 0 , la première parenthèse est aussi kf 0 k22 . Cela montre déjà que
π2
la série n∈Z est sommable. De plus, en utilisant ∞
P P
n=1 = 6 , on obtient
X T π
|cn (f )| ≤ kf 0 k2 √ < ∞.
∗
2π 3
n∈Z
À retenir
Si f est continue périodique :
2
P L : kSN (f2 ) − f k2 → 0.
— On a la convergence de SN (f ) vers f au sens
2
— Le théorème de Parseval est vrai : kf k2 = n∈Z |cn (f )| . En particulier, les coefficients cn sont
de carrés sommables.
— Le théorème de Riemann Lebesgue est vrai : limn→±∞ cn (f ) = 0. P
— Le théorème de Fourier inverse est faux. On n’a pas forcément f (x) = n∈Z cn en (x).
En revanche,
P
— Si n∈Z |cn (f )| < ∞, alors le théorème de Fourier inverse est vrai (et il y a convergence uniforme).
La somme est finie, et les intégrales de droite sont bien définies car f est continue sur les intervalles
(xi , xi+1 ).
2.3. Le cas des fonctions continues par morceaux 31
Exemples 2.21.
— La fonction définie sur [0, 1] par
1 1 1
f (0) = 0, et f (x) = , si x∈ , ,
n n+1 n
n’est pas continue par morceauxp: elle a un nombre infini de discontinuités.
— La fonction définie par f (x) = |x| est continue, mais pas C 1 par morceaux : sa restriction à
R+ est dérivable, avec f 0 (x) = 2√1 x , qui ne se prolonge pas en 0 par continuité.
Dans la suite, on note CT0 (resp. CTp ) l’ensemble des fonctions continues (resp. de classe C p ) qui
sont T -périodiques :
CTp := {f ∈ C p (R, C), ∀x ∈ R, f (x + T ) = f (T )} .
0 p
On note aussi CT,m (resp. CT,m ) l’ensemble des fonctions continues par morceaux (resp. C p par mor-
ceaux), qui sont périodiques, et qui vérifient la condition du milieu
1
f (x+ ) + f (x− ) .
∀x ∈ R, f (x) =
2
On a CTp+1 ⊂ CTp et CT,m
p+1 p
= CT,m et CTp ⊂ CT,m
p 0 .
. Tous ces espaces sont inclus dans CT,m
Lemme 2.22. La forme sesqui-linéaire
Z T
0
∀f, g ∈ CT,m , hf, gi := f (x)g(x)dx
0
0 . En particulier, kf k2 := hf, f i = 0 ssi f = 0 dans C 0 .
est un produit hermitien sur CT,m 2 T,m
Démonstration. Vérifions juste que kf k2 = 0 implique f = 0 (le reste est facile à démontrer). Si
0
f ∈ CT,m a pour points de discontinuité 0 = x0 < x2 < · · · < xn = T , alors
Z T n Z
X xi Z xi
kf k22 = 2
|f | (t)dt = 2
|f | (t)dt, donc ∀1 ≤ i ≤ n, |f |2 (t)dt = 0.
0 i=1 xi−1 xi−1
Comme f est continue sur (xi−1 , xi ), on en déduit que f = 0 sur tous les intervalles ouverts (xi−1 , xi ).
En particulier, on a, avec la condition du milieu
1 1
f (xi ) = f (x− +
i ) + f (xi ) = (0 + 0) = 0,
2 2
donc f s’annule aussi aux points de discontinuité xi . Cela montre que f = 0 partout.
Remarque 2.23. Pour des fonctions non continues par morceaux, l’intégrale (de Riemann) n’est pas
bien définie,... le produit scalaire (et donc la théorie) n’a aucun sens.
Cependant, les preuves précédentes ne marchent pas pour les fonctions continues par morceaux,
car le théorème de Stone-Weierstrass ne marche pas pour les fonctions discontinues : les polynômes ne
0
sont pas "denses" dans CT,m pour la norme uniforme (la limite uniforme de fonctions continues doit
être continue).
L’idée de cette section est de remarquer que la norme uniforme ne joue aucun rôle a priori, et
d’utiliser une version du théorème de Stone-Weierstrass pour la norme L2 (beaucoup plus naturelle
dans ce chapitre).
2.3. Le cas des fonctions continues par morceaux 32
Démonstration. Soit f ∈ CT,m 0 une fonction continue par morceau, et soit 0 ≤ x1 ≤ · · · xn < T ses
points de discontinuité dans [0, T ). L’idée est de construire une suite de fonctions fn continues qui
réparent les discontinuités.
Soit ε > 0. On peut prendre par exemple fε = f loin des discontinuités, et autour de chaque point
xi ,
(x − xi + ε)
∀x ∈ (xi − ε, xi + ε), fε (x) := f (xi − ε) + (f (xi + ε) − f (xi − ε)) .
2ε
(FAIRE UN DESSIN).
On a alors que fε est continue, et
n Z
X ε
kf − fε k22 = |f − fε |2 (xi + t)dt −−−→ 0.
−ε ε→0
i=1
Enfin, puisque TN est dense dans CT0 pour la norme uniforme, donc pour la norme L2 , les polynômes
¯ = Ā).
0 . (on utilise que Ā
trigonométriques sont aussi denses dans CT,m
Dans les preuves précédentes, on n’utilise jamais la norme uniforme. Ainsi, tous les résultats
0 .
précédents sont vrais dans CT,m
2
Tous les coefficients paires sont nuls, c2n = 0, et les coefficients impaires sont c2n+1 (f ) = .
(2n + 1)iπ
Le théorème de Parseval nous donne
Z 1 X X 4 X 4
1= f2 = |cn (f )|2 = = 2 .
0 (2n + 1)2 π 2 (2n + 1)2 π 2
n∈Z n∈Z n∈N
Par ailleurs, en séparant les termes paires et impaires dans la prochaine expression, on a
∞ ∞ ∞ ∞
X 1 X 1 X 1 1X 1 π2 1 π2
S := + + = + = S = .
k2 (2k)2 (2k + 1)2 4 k2 8 4 8
n=1 k=1 k=0 k=1
π2
On a donc 34 S = 8 , et enfin, la fameuse formule
∞
X 1 π2
= .
n2 6
n=1
Le résultat principal de cette section est due à Dirichlet 2 . Calculons explicitement SN (f ). On a par
définition
N N Z T
X 1 X −i 2π ky 2π
SN (f )(x) = ck (f )ek (x) = f (y)e T dy ei T kx dx.
T 0
k=−N k=−N
On reconnaît dans la dernière somme une série géométrique de raison eiθ , avec θ := 2π T (x − y) donc
iθ(N + 12 ) iθ(N + 12 ) −iθ(N + 12 )
N e e − e sin θ(N + 12 )
iθ(2N +1)
−iN θ 1 − e
X
ikθ −iN θ
e =e =e = .
1 − eiθ sin( 12 θ)
1
1 1
k=−N ei 2 θ e−i 2 θ − ei 2 θ
avec
2π 1
sin T (N + 2 )z
DN (z) := , (noyau de Dirichlet).
sin( Tπ z)
Notre but est de montrer que lorsque N → ∞, Dn se comporte comme la «fonction de Dirac» δ0 :
on aimerait écrire
f ? DN −−−−→ f ? δ0 = f. (formule presque vraie).
N →∞
Malheureusement, ça ne marche pas ! Le lemme suivant donne quelques propriétés du noyau de Diri-
chlet.
Lemme 2.25. Pour tout N ∈ N, on a
1 T T
Z Z
1 2
DN (x) = 1, et DN (x) = 2N + 1.
T 0 T 0
Démonstration. Il suffit d’écrire revenir sur la définition de DN . On a
N √ N
X 2π X
DN (x) = eik T x
= T ek (x).
k=−N k=−N
√
Intégrer DN , c’est comme prendre le produit scalaire avec T e0 . Par orthonormalité des ek , on a
N
* +
1 T
Z X
DN (x)dx = e0 , ek (x) = ke0 k2 = 1.
T 0
k=−N
Remarque 2.27. Si on suppose f seulement continue par morceaux, le théorème est faux : il existe
des contre-exemples (difficile).
2.4.3 Exemples
En prenant f la fonction impaire 1-périodique qui vaut 1 sur (0, 1/2), on a
"∞ #
1 4 X sin((2n + 1)2πx)
f (x+ ) + f (x− ) =
.
2 π 2n + 1
n=0
1
En évaluant en x = 4, on obtient
∞ ∞
4 X (−1)n X (−1)n π
1= , donc =
π 2n + 1 2n + 1 4
n=0 n=0
On connaissait déjà cette formule, on l’avait trouvé avec les séries entières appliquées à arctan.
2.4. La convergence simple : le noyau de Dirichlet 36
En particulier, pour tout N , il existe des points où SN (f ) diffère de f d’au moins une constante
indépendante de N .
Démonstration. Nous montrons le théorème que pour f la fonction discontinue impaire, 1 périodique,
qui vaut f (x) = 1 pour x ∈ (0, 1/2) (et f (x) = −1 pour x ∈ (−1/2, 0)). Dans ce cas, on a a = 2. Nous
avons déjà montré que pour cette fonction, on a
0 si n est paire,
cn (f ) = 2
si n est impaire.
niπ
On obtient donc, pour N impaire,
4 sin(6πx) sin 2N πx
SN (f )(x) = sin(2πx) + + ··· +
π 3 N
Théorème 2.29. Si f ∈ CT0 est continue périodique, alors Cn (f ) est un polynôme trigonométrique
de degré n − 1, et la suite Cn (f ) converge uniformément vers f lorsque n → ∞, c’est à dire kf −
Cn (f )k∞ → 0.
Corollaire 2.30 (Stone-Weierstrass). Les polynôme trigonométrique sont denses dans CT0 pour la
norme k · k∞ .
Avant de démontrer le théorème, calculons le noyau de Féjer. De nouveau, on se place dans le cas
où T = 2π pour simplifier.
Lemme 2.31. On a 2
sin( n2 x)
1
Fn (x) = .
n sin x2
On a aussi
n
1 X
Fn (x) = (n − |k|)en (x).
n
k=−n
On divise la somme en deux, suivant si y est petit ou non. Dans la partie où |y| > δ, on a par exemple
Z π Z π
|f (x − y) − f (y)| Fn (y)dy ≤ 2 kf k∞ Fn (y)dy ≤ 2kf k∞ max |Fn (x)| (π − δ).
δ δ x∈[δ,π]
Remarquons que cette inégalité ne fait pas intervenir x dans le terme de droite. Comme Fn converge
uniformément vers 0 sur l’intervalle [δ, π], on peut trouver N assez grand et indépendant de x tel que
pour tout n ≥ N , cette intégrale soit plus petite que ε. Donc, pour n ≥ N , on a
Z π Z −δ
|f (x − y) − f (y)| Fn (y)dy ≤ ε, et de même, |f (x − y) − f (y)| Fn (y)dy ≤ ε.
δ −π
Il ne reste plus qu’à montrer la partie entre (−δ, δ). Dans ce cas, on a x − y proche de x, et on peut
appliquer l’uniforme continuité. On a
Z δ Z δ
|f (x − y) − f (y)|Fn (y)dy ≤ ε Fn (y)dy ≤ ε.
−δ −δ
On a donc montré que pour cet epsilon, il existait N ∈ N tel que pour n ≥ N , on a
À retenir
— Si f est continue par morceaux.
— CV L2 de Sn (f ) vers f ;
— oscillation de Gibbs aux points de discontinuité ;
— Si f est continue, on a en plus...
— CVU de Cn (f ) vers f par le théorème de Fejér ;
— Si f est C 1 par morceaux (attention, CT,m
1
∈/ CT0 )
— CVS (avec condition du milieu) par le théorème de Dirichlet ;
— Si f est de classe C 1 , on a en plus
— CVU de P Sn (f ) vers f ;
— La série |cn (f )| est sommable.
— Si f est de classe C p , on a de plus
— |cn (f )| = o(N −p ).
2.5 La convolution
Nous avons vu plusieurs fois la convolution. Dans ce chapitre, nous approfondissons ces notions.
Comme f ∗ g sont toutes les deux continues par morceaux, l’intégrande f (x − ·)g(·) est aussi continue
par morceaux, et l’intégrale est bien défini. De même, on vérifie que f ∗ g ∈ CT0 .
Le terme de multiplication est justifiée par le lemme suivant.
(associativité).
On a aussi f ∗ (g + h) = f ∗ g + f ∗ h (distributivité).
On a utilisé le fait que l’intégrale d’une fonction périodique sur une période ne dépend pas de où
commence la période. Pour l’associativité, on écrit
Z T Z T Z T
f ∗ (g ∗ h)(x) = f (x − y)(g ∗ h)(y)dy = f (x − y) g(y − z)h(z)dzdy
0 0 0
Z T Z T
= f (x − y)g(y − z)h(z)dzdy.
0 0
De même, on trouve
Z T Z T Z T
(f ∗ g) ∗ h(x) = (f ∗ g)(x − z)h(z)dz = f (x − z − y)g(y)h(z)dydz.
0 0 0
√
∀n ∈ Z, cn (f ∗ g) = T cn (f )cn (g).
Remarque 2.35. Attention,√ les conventions de Fourier étant différentes pour tout le monde, il peut
ne pas y avoir le facteur T avec d’autres conventions. Un moyen de vérifier ce facteur est de prendre
k = 0. En effet, on a (le vérifier)
Z T Z T Z T
f ∗g = f g .
0 0 0
RT √
Dans notre cas, on a c0 (f ) := √1 f , d’où le coefficient T.
T 0
2.5. La convolution 40
1
Z T
−i 2π
Z T 2π √
cn (f ∗ g) = √ g(y)e T
ny
f (z)e−i T nz
dydz = T cn (f )cn (g).
T 0 0
La transformée de Fourier remplace donc des convolutions par des multiplications. On pourrait
montrer de même le résultat suivant
0 , alors f g ∈ C 0 , et
Théorème 2.36 (Pour la culture seulement). Si f, g ∈ CT,m T,m
1 X
cn (f g) = √ cn−k (f )ck (g) (convolution discrète).
T k∈Z
Nous ne démontrons pas ce théorème, car la preuve est similaire : il faut remplacer convolution
par convolution discrète !
(f ∗ g)0 = f 0 ∗ g.
Ceci donne une première définition de l’intégrale (en fait de la primitive), et on vérifie avec cette
définition
R a plusieurs propriétés :
— a f (t)dt = 0 ; R R R
— Linéarité, on a (λf + µg) = λ f + µ g ;
— Relations de Chasles, on a
Z b Z c Z c Z b Z a
f (t)dt + f (t)dt = f (t)dt, et donc f (t) = − f (t).
a b a a b
La relation de Chasles permet d’étendre la définition aux fonctions continues par morceaux :
il suffit d’intégrer f sur chacun de ses morceaux.
Lorsque la primitive F (x) admet une limite lorsque x → ∞, on peut définir
Z ∞ Z x
f (t)dt := lim F (x) = lim f (t)dt,
a x→∞ x→∞ a
et de même lorsque f admet une singularité intégrable : tout est défini en passant à la limite.
Il n’est pas évident a priori que la limite existe (il faut montrer qu’elle est indépendante du choix de la
subdivision), et qu’elle est égale à la primitive précédente. Il se trouve que c’est le cas ! On en déduit
de nouvelles propriétés de l’intégrale (qu’on démontre pour les sommes, et en passant à la limite)
— Positivité. Si f ≥ 0 sur [a, b], alors
Z b
f (t)dt ≥ 0, si a ≤b.
a
— Inégalité. Z Z
f (t)dt ≤ |f (t)|dt.
— Cauchy-Schwarz
Z Z 1/2 Z 1/2
2 2
|f (t)g(t)|dt ≤ f (t)dt g (t)dt .
De nouveau, on peut étendre la définition aux fonctions continues par morceaux (avec la définition de
Riemann, on demande à ce que la subdivision soit compatible avec les morceaux de f ).
Dans la suite, on dit I intervalle de R pour désigner I de la forme I = [a, b] ou I = [a, +∞), ou
I = (−∞, b], ou I = R. R
Dans la suite, on dit f intégrable sur I si f est continue par morceaux sur I, et si I f existe. Cette
dernière condition est toujours satisfaite si I = [a, b] est un intervalle borné.
On rappelle le théorème suivant.
Théorème 3.1 (CVU et intégrabilité). Soit (fn ) une suite de fonctions définies sur I = [a, b] un
intervalle fini. On suppose que
(i) la suite (fn ) converge uniformément vers f sur I,
(ii) fn et f sont continues par morceaux sur I ( = intégrables).
Alors Z b Z b Z b Z b
lim fn = lim fn , ou encore lim fn = f.
n→∞ a a n→∞ n→∞ a a
Ce théorème, déjà démontré, est à comparer avec le suivant, beaucoup plus puissant et beaucoup
plus utile !
Théorème 3.2 (Convergence dominée). Soit (fn ) une suite de fonctions définies sur I un intervalle
quelconque. On suppose que
(i) la suite (fn ) converge simplement vers f sur I,
(ii) fn et f sont continues par morceaux sur I,
(iii) (domination) il existe φ une fonction continue par morceaux sur I, positive sur I, intégrable
sur I, et telle que |fn | ≤ φ.
Alors f est intégrable, et
Z Z Z Z
lim fn = lim fn , ou encore lim fn = f.
n→∞ I I n→∞ n→∞ I I
3.3. Intégration d’une série de fonction 43
Un cas très important (le plus utile ?) est le cas où I = [a, b] est un intervalle finie, et où les |fn |
ont un majorant commun M : |fn | ≤ M . Dans ce cas, on peut prendre φ = M , qui est intégrable sur
[a, b].
L’hypothèse de domination est importante ! Il permet d’éviter deux phénomènes classiques à
connaître où la conclusion est fausse :
— perte
R de masse à l’infini. Soit g une fonction positive, à support compact, et telle que
R g(t)dt = 1. On pose
fn (x) := g(x − n).
R R R
Alors on a fn CVS vers f ≡ 0 sur R, mais fn = g = 1, et f = 0.
— Étalement de la masse. On pose cette fois
1 x
fn (x) := g .
n n
R R R
On a fn qui CVU vers f ≡ 0 sur R, mais fn = g = 1 et f = 0.
Exemples :
— fn (x) = xn sur I = [0, 1].
— fn (x) = sinn (x) sur I = [0, 1].
— fn (x) = e−nt sur I = R+ .
— fn (x) = 1(x ≤ n)(1 − nx )n sur I = R+ .
Théorème 3.3 (Théorème d’intégration termes à termes). Soit (un ) une suite de fonctions définies
sur I un intervalle quelconque. On suppose que
P
(i) la série n un converge simplement vers f sur I,
(ii) les fonctions un et f sont continues par morceaux sur I,
P R
(iii) La série numérique n I |un | converge.
Alors f est intégrable, et
N N
Z ! Z ! Z
X X
lim un = lim un = f.
N →∞ I I N →∞ I
n=0 n=0
PR RP
En pratique, la condition (iii) est simple à vérifier, auquel cas la CVS implique = .
Pn P
Démonstration. On pose fn (x) := k=0 uk (x), et on prend la domination φ(x) = n |un |(x) dans le
TCD. On a bien fn CVS vers f , et fn continue par morceaux, car c’est une somme finie de fonctions
continues par morceaux. De plus, on a toujours
∞
n n
X X X
|fn (x)| = uk (x) ≤ |uk (x)| ≤ |uk (x)| = φ(x),
k=0 k=0 k=0
donc l’hypothèse de domination est satisfaite. Enfin, le fait que φ soit intégrable est, hélas, hors
programme (lemme de Fatou). En fait, on ne sait même pas ici si φ est continue par morceaux... En
pratique heureusement, φ est souvent explicite, et intégrable à vue.
Remarque 3.4. Ce théorème est particulièrement utile dans le contexte des séries entières. Pour les
séries entières, on a CVU pour tout compact du disque de convergence, mais CVS sur tout le disque
de convergence !
3.4. Intégrales à paramètres 44
1
La série numérique n2
est sommable, donc d’après le théorème d’intégration termes à termes, on a
∞ ∞
∞X ∞ Z ∞ ∞
π2
Z Z
t X X 1
A= t
dt = un (t)dt = un (t)dt = = .
0 e −1 0 n2 6
n=1 n=1 0 n=1
P
On pourra remarquer que la série un ne converge pas uniformément vers f sur (0, ∞) : il y a
un problème en t = 0. Il y a en revanche CVU sur tout intervalle de type Iε := (ε, ∞).
La fonction F est donc définie via une intégrale. Le but de ce chapitre est d’étudier les propriétés de
F (continuité, dérivabilité, etc.) en fonction de celles de f .
On étudiera principalement le cas où l’intervalle I ne dépend pas de x (intervalle fixe). Afin que
F (x) soit bien définie, on demande à ce que pour tout x fixé (x est vu comme un paramètre), la
fonction t 7→ f (x, t) soit intégrable sur I (i.e. continue par morceaux, et d’intégrale bien définie).
Le premier résultat type est le suivant.
R
Théorème 3.5 (Continuité sous le signe ). Soit Ix et It deux intervalles, et soit f : Ix × It → R
une fonction telle que
(i) pour tout x ∈ Ix , la fonction t 7→ f (x, t) est intégrable sur It ;
(ii) pour tout t ∈ It , la fonction x 7→ f (x, t) est continue sur Ix ;
(iii) (domination) il existe φ intégrable sur It telle que |f (x, t)| ≤ φ(t)
Alors la fonction Z
F (x) := f (x, t)dt
It
Ce résultat est important, mais pas autant que sa preuve ! La preuve suivante est à connaître
parfaitement.
3.4. Intégrales à paramètres 45
Démonstration. Soit x∗ ∈ Ix . Montrons que F est continue en x∗ . Soit (xn ) une suite quelconque de
Ix qui converge vers x∗ . On pose
Z
fn (t) := f (xn , t), de sorte que F (xn ) = fn (t)dt.
It
Ceci étant vrai pour toute suite (xn ) qui converge vers x∗ , on en déduit que F est continue en x∗ . Ceci
étant vrai pour tout x∗ ∈ Ix , on en déduit que F est continue sur Ix .
Remarque 3.6. La continuité est un caractère local. On pourrait relâcher les hypothèses, et avoir
une fonction de domination φ qui dépend localement du point x∗ où on étudie la continuité. On a par
exemple le résultat suivant.
Corollaire 3.7 (Le cas It intervalle fini). Si f : R × [a, b] → R est une fonction continue, alors
Z b
F (x) := f (x, t)dt
a
Exemples :
Z ∞ Z ∞ Z π
cos(xt) sin(xt) −t p
F1 (x) := dt, F2 (x) := e dt, F3 (x) := x + cos(t)dt.
0 1 + t2 0 t 0
∀ε ≥ 0, ∃δ > 0, ∀(x, t), (x0 , t0 ) ∈ I∗ × [a, b], k(x, t) − (x0 , t0 )k < δ =⇒ f (x, t) − f (x0 , t0 ) ≤ ε
Ici, on utilise une norme k · k sur R2 pour le couple (x, t). Le choix de la norme n’a pas d’importance
(toute les normes sont équivalentes en dimension finie -ici 2). On a alors
Z b Z b
|F (x) − F (x∗ )| = (f (x, t) − f (x∗ , t))dt ≤
|f (x, t) − f (x∗ , t)| dt
a a
3.4. Intégrales à paramètres 46
Soit x∗ fixé, et soit ε > 0. On introduit δ celui de l’uniforme continuité. Pour x tel que |x − x∗ | ≤ δ,
on a |(x, t) − (x∗ , t)| ≤ δ. Donc |f (x, t) − f (x∗ , t)| ≤ ε, puis
Z b
∀x ∈ B(x∗ , δ), |F (x) − F (x∗ )| ≤ ε = ε(a − b).
a
Ceci étant vrai pour tout ε, on en déduit que F (x) converge vers F (x∗ ) lorsque x → x∗ . Donc F est
continue en x∗ .
Z Z Z
0 ∂f ∂ ∂
F (x) = (x, t)dt, ou encore f (x, t)dt = f (x, t)dt
It ∂x ∂x ∂x
∂f
Remarque 3.9. Si la fonction est dominée par φ, alors la fonction f aussi localement dominée
∂x
par φ. En effet, sur un intervalle [a, b] ⊂ I, on a, pour tout x ∈ [a, b], et tout t ∈ It ,
Z x Z x Z b
∂f ∂f
|f (x, t)| =
(y, t)dt ≤
∂x (y, t)dt ≤
φ(t)dt =: M.
a ∂x a a
Démonstration. Soit x∗ ∈ Ix . Montrons que F est dérivable en x∗ . Soit (xn ) une suite quelconque
de Ix \ {x∗ } qui converge vers x∗ . On pose
∂f
On veux appliquer le TCD aux fonctions gn . La suite (gn ) CVS vers g(t) := (x∗ , t) sur It , et les
∂x
1
fonctions gn et g sont continues (car f est de classe C ). De plus, d’après le théorème des accroissement
finis, pour tout n ∈ N, il existe sn ∈ (xn , x∗ ) tel que gn (t) = ∂f
∂x (sn , t), ce qui donne la domination
∂f
∀n ∈ N, |gn (t)| = (sn , t) ≤ φ(t).
∂x
Ceci étant vrai pour toute suite (xn ) qui converge vers x∗ , on en déduit que F est dérivable en x∗ et
que Z
∂f
F 0 (x∗ ) = (x∗ , t)dt.
It ∂x
Ceci étant vrai pour tout x∗ ∈ Ix , laR fonction F est dérivable sur Ix . Enfin, on peut appliquer le
théorème de continuité sous le signe à la fonction F 0 (elle vérifie toute les hypothèses, même la
domination), donc F 0 est continue sur Ix . Ceci conclut la preuve que F est de classe C 1 sur Ix .
De nouveau, on a une version où It est un intervalle fini. La démonstration est similaire à celle du
corollaire précédent, mais il faut cette fois utiliser une domination locale.
Corollaire 3.10 (Le cas It intervalle fini). . Si f : R × [a, b] → R est une fonction de classe C 1 , alors
Rb
F (x) := a f (x, t)dt est de classe C 1 sur R, et
Z b
∂f
F 0 (x) = (x, t)dt.
a ∂x
On remarque que l’intégrale définissant F est compliquée à étudier, alors que celle définissant F 0
est plus simple. Le théorème de dérivation permet de calculer F en passant par sa dérivée !
CHAPITRE 4
TRANSFORMÉE DE FOURIER
La transformée de Fourier peut-être vu comme une généralisation des séries de Fourier à tout
l’espace. La grande différence est qu’elle s’applique à des fonctions de R → R (pas forcément continue).
4.1 Introduction
Soit f ∈ C0∞ une gentille fonction à support compact strictement inclus dans [−L, L]. Comme on
le verra ensuite, la transformée de Fourier de f est la fonction
Z
1
fb(ω) := √ f (x)e−iωx dx.
2π R
Avant de commenter cette formule, faisons quelques remarques. Soit fe la fonction 2L-périodique qui
vaut f sur (−L, L), c’est à dire X
fe(x) = f (x − 2kL).
k∈Z
Il est facile de vérifier que fe est une fonction C ∞ et 2L-périodique. Son n-ème coefficient de Fourier
est (voir aussi dernier exo du TD7)
Z L Z √
1 2π 1 π π b n
cn (fe) = √ fe(x)e−i 2L x dx = √ f (x)e −i L nx
dx = √ f π .
2L −L 2L R L L
Si x ∈ [−L, L], on a de plus f (x) = fe(x). Supposons maintenant que fb soit aussi une gentille fonction
(nous verrons sous quelle condition cela est vrai). Alors comme cette formule est vraie quelque soit L
suffisamment grand, on peut faire tendre L vers l’infini. On reconnait alors une somme de Riemann,
de pas Lπ , et on aimerait écrire (remarquons que f (x) = fe(x) si |x| < L, donc pour tout x si L → ∞)
Z
1
f (x) = √ fb(ω)eiωx dω. (4.1)
2π R
4.2. Transformée de Fourier pour les fonctions intégrables 49
Allons un peu plus loin, et regardons ce que donne la formule de Parseval. Pour commencer, comme
les supports de f (x) et f (x − 2kL) sont disjoints, pour k ∈ Z \ {0}, on a
Z L Z L Z
e 2
2
f (x) dx = |f (x)| dx = |f |2 (x)dx.
−L −L R
π
De nouveau, on reconnaît une somme de Riemann, de pas L, et en faisant tendre L vers l’infini, on
pourrait s’attendre à avoir l’identité de Parseval continue
Z Z
2
|f | (x)dx = |fb|2 (ω)dω. (4.2)
R R
Le but de ce chapitre est de démontrer rigoureusement les formules (4.1) et (4.2) (dans quel cadre
les opérations précédentes sont-elles légitimes ?).
Définition 4.1. Soit f : R → C une fonction à valeursR complexes, telle que |f | est intégrable sur R
(dans le sens f et |f | sont continues par morceaux, et R |f | < ∞). La transformée de Fourier de f
est la fonction notée fb ou F(f ) définie de R → C par
Z
1
∀ω ∈ R, f (ω) = √
b f (x)e−iωx dx.
2π R
Remarque 4.2. Cette définition appelle plusieurs remarques.
— Il s’agit d’une intégrale à paramètre, où l’intégrande est φ(x, ω) := f (x)e−iωx .
— Si |f | est intégrable, alors pour tout ω, on a |f (x)e−iωx | = |f | qui est aussi intégrable en x.
— La normalisation √12π est choisie afin que les identités (4.1) et (4.1) respectent une symétrie
élégante. Suivant les ouvrages et les communautés, les conventions peuvent différer.
— Tout comme les pour séries de Fourier, il y a un signe − dans l’exponentielle dans la définition
de fb. Cela est la convention initiale de Fourier, qui écrivait la formule (4.1) sans signe −. De
nouveau, suivant les ouvrages et les communautés, cette convention peut changer.
— En ω = 0, on obtient l’intégrale de f (à un facteur près), c’est à dire
Z
1
f (0) = √
b f (x)dx.
2π R
De plus, d’après la définition, on voit facilement les identités suivantes (on montrera que les réci-
proques sont vraies dans la suite).
Conjugaison. On a, avec le changement de variable y = −x
Z
1
f (ω) = √
b f (x)eiωx dx = fb(−ω).
2π R
4.2. Transformée de Fourier pour les fonctions intégrables 50
Parité. Si f est paire, alors avec le changement de variable y = −x dans l’intégration sur (−∞, 0),
on a Z ∞ √ Z ∞
1 −iωx iωx
2
f (ω) = √
b f (x) e +e dx = √ f (x) cos(ωx)dx.
2π 0 π 0
En particulier, fb est aussi paire. De plus, si f est réelle et paire, alors fb est aussi réelle et paire. 1
De même, si f est une fonction impaire, on obtient de même
√ Z ∞
2
fb(ω) = −i √ f (x) sin(ωx)dx.
π 0
Translation. Soit x0 ∈ R, et soit g(x) := f (x − x0 ). Alors, avec le changement de variable
y = x − x0 , on a
Z ∞ Z ∞
1 −iωx 1
gb(ω) = √ f (x − x0 )e dx = √ f (y)e−iω(y+x0 ) dx = e−iωx0 fb(ω).
2π 0 2π 0
On dit que les translations deviennent une multiplication par une phase en Fourier.
Dilatation.
Soit λ ∈ R+ , et soit g(x) := f (λx). Alors, avec le changement de variable y = λx, on a
Z ∞ Z ∞
1 1 ω 1 1 ω
gb(ω) = √ f (λx)e−iωx dx = √ f (y)e−i λ y dy = fb .
2π 0 2π 0 λ λ λ
Nous reviendrons plus tard sur le facteur λ1 qui apparaît. On retiendra pour le moment que le sens de
la dilatation est inversée par la transformée de Fourier : un λx devient un ωλ en Fourier.
4.2.2 Régularité
R
Si |f | est intégrable, on peut utiliser directement utiliser le théorème de continuité sous le signe
avec la domination φ = |f |, et on en déduit le résultat suivant.
Lemme 4.3. Si |f | est intégrable, alors la fonction ω 7→ fb(ω) est continue sur R. De plus, on a
Z
1
∀ω ∈ R, |f |(ω) ≤ √
b |f |(x)dx.
2π R
En fait, on a aussi que fb(ω) −−−−−→ 0 (théorème de Riemann-Lebesgue), mais on en n’aura pas
ω→±∞
besoin ici.
R
On pourrait aussi utiliser le théorème de dérivation sous le signe . Pour cela, comme on a
il faudrait que la fonction |xf (x)| soit intégrable. En fait, cette condition est suffisante.
Lemme 4.4. Si |f | et |xf | sont intégrables, alors ω 7→ fb(ω) est de classe C 1 sur R, et on a
Z
1
fb0 (ω) = −i √ xf (x)e−iωx dω = −i(xf
d)(ω).
2π R
Ainsi, dériver la transformée de Fourier, c’est comme multiplier la fonction f par x. On peut
répéter le procédé, et on obtient le théorème suivant.
1. Dans ce cas, on parle parfois de transformée en cosinus.
4.2. Transformée de Fourier pour les fonctions intégrables 51
Théorème 4.5. Si f est une fonction intégrable telle que |x|n |f |(x) soit intégrable pour un certain
n ∈ N, alors fb est de classe au moins C n , et on a, pour 0 ≤ k ≤ n,
On retiendra que plus une fonction f décroit rapidement à l’infini, plus sa transformée de Fourier
est régulière.
Exercice 4.6
Montrer que si f est à support compact, alors fb est de classe C ∞ sur R.
sin(x)
On en déduit par exemple que la fonction x est de classe C ∞ (on le savait déjà avec le cours sur
les séries entières).
Inversement, si f est de classe C 1 sur R, et si |f 0 | est intégrable, alors on peut faire une intégration
par partie , et on a (les termes de bords s’en vont car f → 0 en ±∞)
−1 e−iωx
Z Z
1 −iωx 1
fb(ω) = √ f (x)e dx = √ f 0 (x) dx = fb0 (ω).
2π R 2π R −iω iω
Théorème 4.7. Si f est une fonction de classe C n telle que |f (k) | soit intégrable sur R pour tout
0 ≤ k ≤ n, alors
(k) (ω) = (iω)k fb(ω).
fd
De nouveau, on voit qu’à travers la transformée de Fourier, les dérivations deviennent des multi-
plication par (iω). Plus une fonction est régulière, plus sa transformée de Fourier tend vite vers 0 à
l’infini.
transformée de Fourier
Régularité ←−−−−−−−−−−−−−→ décroissance à l’infini.
Lemme 4.8. Si f et g sont intégrables, alors h = f ∗ g est bien définie, est intégrable, et on a
Z Z Z
h= f g.
R R R
4.3. Transformée de Fourier inverse 52
Théorème 4.9 (Tranformée de Fourier inverse). Si f est une fonction intégrable de classe C 2 , alors
g = f.
Démonstration. En reprenant les calculs de l’introduction, on sait que pour tout L tel que le support
de f est dans [−L, L], et pour tout x ∈ [−L, L], on a
" #
1 π X b n i π nx
f (x) = √ f π eL .
2π L L
n∈Z
On veut donc comparer une intégrale avec une somme de Riemann associée. On sait que h est une
fontion continue (en fait C ∞ ) qui décroit à l’infini. On écrit
n+1
XZ π
L
n
|g − f | (x) ≤ h(ω) − h( π) dω
n
π L
n∈Z L