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Annales Médico-Psychologiques 175 (2017) 290–293

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Communication

Effets de la violence interpersonnelle : trauma complexe, évolution


symptomatologique et implications thérapeutiques
Effects of interpersonal violence: Complex trauma, symptomatic evolution and
therapeutic implications

Manoëlle Hopchet a,*, Samira Kholti a, Arnaud Vanhelleputte b


a
Belgian institute for psychotraumatology, asbl, Lebeke 73, 9450 Haaltert, Belgique
b
Faculté de psychologie et sciences de l’éducation, 7000 Mons, Belgique

I N F O A R T I C L E R É S U M É

Historique de l’article : La violence interpersonnelle peut davantage conduire au développement d’un trauma complexe que
Disponible sur Internet le 16 février 2017 d’un ESPT. Le trauma complexe compromet, voire altère le développement psychobiologique et
socioémotionnel d’une personne, et cela plus lorsqu’il survient à des périodes développementales
Mots clés : critiques. Ces expériences interpersonnelles de violence sont complexes parce qu’elles augmentent le
Comorbidité risque de symptomatologie anxieuse, de développement de relations perturbées et de troubles
Facteur de risques comorbides, même si la relation causale n’est pas clairement établie. Dès lors, l’établissement du
Psychothérapie
diagnostic et le traitement nécessitent des thérapeutes expérimentés aux connaissances approfondies.
Syndrome post-traumatique
Violence
Selon certains auteurs (Van der Hart et al., 2016), les conséquences du trauma complexe ne peuvent être
résolues que si le contenu des mémoires traumatiques a été intégré. En d’autres termes, le sujet ne peut
se dire « résilient » que s’il peut se référer au souvenir traumatique tout en étant pleinement connecté au
présent et le considérer comme un moment délimité et passé dans sa vie (Schnyder, 2005). Pour y
parvenir, le processus thérapeutique implique une évolution par phases qui tiennent compte des
spécificités du trauma complexe et qui correspondent à des étapes essentielles vers la reconstruction
psychique et l’engagement sécurisé et cadré dans les relations interpersonnelles.
C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

A B S T R A C T

Keywords: Interpersonal violence can lead to the development of a complex trauma rather than to PTSD. Complex
Comorbidity trauma compromises or alters the psychobiological and socioemotional development of a person, and
Post traumatic syndrome certainly when it occurs at critical developmental periods. These interpersonal experiences of violence
Psychotherapy
are complex because they increase the risk of anxiety symptomatology, the development of disturbed
Risk factor
relationships and comorbid disorders, even if the causal relationship is not clearly established. Therefore,
Violence
the establishment of diagnosis and treatment requires experienced therapists with in-depth knowledge.
According to some authors (Van der Hart et al., 2016), the consequences of complex trauma can only be
resolved if the contents of the traumatic memories have been integrated. In other words, the subject can
only be said to be resilient if he can refer to the traumatic memory while being fully connected to the
present and to consider it as a delimited and past moment in his life. To achieve this, the therapeutic
process involves a phases oriented approach that takes the specificities of complex trauma into account
and which constitute essential steps towards psychic reconstruction and secure and framed engagement
in interpersonal relationships.
C 2017 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

* Auteur correspondant.
Adresse e-mail : manhopchet@gmail.com (M. Hopchet).

http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2017.01.007
0003-4487/ C 2017 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
M. Hopchet et al. / Annales Médico-Psychologiques 175 (2017) 290–293 291

1. Introduction l’enfance, un manque de soutien social, un statut socioéconomique


défavorisé, une intelligence faible et une histoire familiale de
Selon l’OMS [18], la violence est l’utilisation intentionnelle de la maladie mentale et/ou d’abus de substances [2,7,9,20].
force physique, de menaces à l’encontre des autres ou de soi- Des études cliniques [16] montrent que des stress répétés au
même, contre un groupe ou une communauté, qui entraı̂ne ou début de la vie conduisent à des modifications dans les systèmes
risque fortement d’entraı̂ner un traumatisme, des dommages neurobiologiques centraux, en particulier dans le système de
psychologiques, des problèmes de développement ou un décès. facteur de libération de la corticotrophine, conduisant à une plus
Lorsque des actes de violence bouleversent les capacités de l’être grande réactivité au stress. De toute évidence, l’exposition à des
humain à y faire face, bon nombre de réactions post-traumatiques facteurs de stress au début de la vie conduit à des changements
surviennent : intrusions, évitement, sur-activation, hyper-vigi- neurobiologiques qui augmentent le risque de psychopathologie
lance, cognitions et humeurs négatives. Ces actes, contrairement à chez les enfants et les adultes.
d’autres événements soudains, heurtants et potentiellement L’ESPT dans sa forme complexe ou le trauma de type II selon
traumatisants comme un grave accident de voiture, une catas- Terr [24] – ou, encore, comme proposé par Herman [11] et
trophe naturelle, impliquent des formes interpersonnelles de Pelcovitz et al. [21], le trouble du stress extrême non autrement
traumatisation et d’exposition. En effet, l’acte de violence, au-delà spécifié– comprend une série de symptômes organisés dans des
de la sphère sociale, ébranle aussi la sphère relationnelle et les catégories conceptuellement cohérentes et fréquemment
conséquences traumatiques en sont aggravées. utilisées :

 des difficultés de régulation émotionnelle ;


2. Évolution symptomatologique  des perturbations dans les capacités relationnelles ;
 des altérations dans les processus d’attention et de conscience ;
Les actes de violence n’impactent pas les victimes de la même  un système de croyances affecté ;
manière. En effet, l’évolution clinique varie selon les critères  et une souffrance ou désorganisation somatiques.
suivants : âge, durée d’exposition, gravité, genre, traumatismes
antérieurs, type d’attachement. Selon Cloı̂tre et al. [5], cet ESPT complexe comprend, comme
Selon l’enquête américaine sur la comorbidité menée par son nom l’indique, tous les critères de l’ESPT, ainsi que la présence
Kessler et al. [12] auprès d’un échantillon de 5877 adultes en d’au moins un critère relevant de trois domaines : une difficulté
population générale, 61 % des hommes et 51 % des femmes dans la régulation de l’affect, une altération de l’image de soi, des
souffrent d’un état de stress post-traumatique (ESPT) après avoir perturbations interpersonnelles. Ainsi, l’ESPT complexe, se dis-
été exposés à des événements traumatiques graves (combats lors tinguant de l’ESPT classique, aurait sa place et sera présenté dans la
de guerre, accidents à risque vital, catastrophes naturelles, CIM 11 (classification internationale des maladies) qui paraı̂tra en
agressions physiques, viol, autre violence sexuelle, négligence 2018. Dans le DSM 5, on peut plus ou moins retrouver l’ESPT
d’un enfant, menace avec arme, être prisonnier, etc.). La nature et la complexe dans l’extension des critères de l’ESPT.
gravité des événements traumatisants ont une influence sur la Un très grand nombre d’études publiées depuis 1970 ont
survenue des effets psychologiques prolongés. La même étude montré que la traumatisation de l’enfant, en particulier l’abus
révèle que chez les hommes, les événements traumatisants les plus sexuel, est corrélée avec une grande diversité de problèmes
susceptibles de conduire à un ESPT étaient le viol, l’exposition au psychiatriques, comme la dépression, l’anxiété, la labilité émo-
combat, la négligence ou l’abus physique durant l’enfance. tionnelle, l’altération de l’estime de soi, des difficultés relation-
Toutefois, chez les femmes, ces événements traumatisants étaient nelles, des comportements autodestructeurs, l’abus de substances,
plutôt la violence sexuelle, l’agression physique, la menace avec des troubles alimentaires et des changements physiologiques
arme, ou l’abus physique durant l’enfance [13]. Il importe de divers [1]. Toutefois, la relation causale entre l’abus précoce et ses
relever que si les hommes sont plus souvent exposés à des corrélats n’est pas clairement établie. On pourrait distinguer des
conditions traumatiques, les femmes ont deux fois plus de chances réponses primaires, qui seraient des effets directs de la trauma-
de développer un ESPT. Ces résultats suggèrent une vulnérabilité tisation, et des réponses secondaires qui sont des difficultés se
accrue des femmes à développer un ESPT dans la mesure où, par développant durant la tentative de gérer la dysphorie des effets
rapport aux hommes, elles sont plus susceptibles d’être victimes de primaires.
viol ou d’autres violences sexuelles. Les survivants de traumatismes dans l’enfance en arrivent
L’évolution symptomatologique diffère selon que l’acte de souvent à s’engager dans une diversité de comportements
violence est unique, répété ou chronique. Dans le premier cas, un profondément addictifs. Les données épidémiologiques dans la
viol par exemple [19] d’un patient adulte au service d’urgence population générale montrent de fortes prévalences à vie pour
manifestera cliniquement une des trois caractéristiques persis- l’abus de substances chez les personnes qui souffrent de stress
tantes du « mode de survie » : anxiété (la fuite), colère (le combat) post-traumatique : en ce qui concerne l’abus d’alcool, 52 % des
ou dissociation (le gel). Après cet acte de violence, les réactions hommes et 28 % des femmes, pour l’abus de drogue, 35 % des
post-traumatiques chez un sujet intact tendent à durer moins hommes et 27 % de femmes [12]. Ces données sont corroborées par
longtemps que chez certains qui vont, eux, demeurer dans cet état l’expérience clinique. Il est très fréquent pour les victimes de
de survie biologique et psychologique. Ce type de réponses violence durant l’enfance d’avoir des périodes actuelles ou passées
persistantes et invalidantes d’origine traumatique apparaı̂t géné- où elles ont utilisé et, finalement, abusé d’alcool et/ou de drogue.
ralement chez ceux qui ont été exposés à des traumatismes très Dans certains cas, la toxicomanie masquait si efficacement les
graves, chroniques ou répétés. symptômes de traumatisation que des indices d’un ESPT n’émer-
Dans une étude de Burgess et Holmstrom [3], auprès de geaient qu’une fois la sobriété atteinte. D’autres comportements de
81 victimes de viol, 88 % furent recontactées après six ans : 37 % des type addictif sont observés, comme l’automutilation répétitive en
victimes rapportaient que leur temps de guérison avait pris des tant que moyen d’auto-apaisement, les prises de risque, les
mois, 37 % disaient que cela avait pris des années et 26 % disaient dépenses compulsives et des comportements de troubles alimen-
qu’elles n’avaient jamais complètement guéri de l’agression. Les taires. Une minorité significative de patients souffrant d’un trouble
facteurs de risque pour développer un ESPT sont des troubles obsessionnel-compulsif, où un traumatisme de l’enfance semble
psychiatriques préexistants, des expériences d’adversité durant jouer un rôle majeur dans l’étiologie de leurs difficultés, peuvent
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être distingués. Il y a des patients – principalement adolescents – stabilisation implique également de traiter prioritairement les
dont le TOC découle de l’abus précoce ; et la pensée obsessionnelle troubles comorbides tels que les addictions, notamment par une
et les comportements compulsifs ont une qualité addictive qui démarche pluridisciplinaire. Un second objectif consiste à renfor-
semble les distraire de sentiments et de pensées liés à des cer les capacités du patient. La phase de stabilisation vise à
expériences traumatisantes douloureuses du passé. Il existe peu de améliorer (ou à instaurer quand les possibilités du sujet ont
données de recherche documentant l’incidence ou l’importance fortement été impactées) les compétences à établir et à maintenir
des traumatismes infantiles chez les patients souffrant de TOC, des relations interpersonnelles.
mais des estimations cliniques anecdotiques les évaluent de 10 à Globalement, lors de la phase de stabilisation, le thérapeute
20 %. aide le patient à fonctionner le plus confortablement possible dans
Les patients ayant vécu des violences subies présentent une sa vie quotidienne et à restaurer son sentiment de confiance. Le
variété de troubles somatoformes ou des expressions somatiques travail de stabilisation est un préalable pour aider le patient à
de stress psychologique. Certaines manifestations sont primaires, traiter l’évitement phobique du contenu des mémoires trauma-
résultat direct du traumatisme, comme les troubles de conversion, tiques et donc le préparer au travail de confrontation.
la reviviscence somatique et des symptômes physiques liés au
stress (par exemple des maux de tête migraineux). D’autres 5. Phase de confrontation
symptômes sont secondaires comme le trouble de somatisation et
l’hypocondrie, au travers duquel le patient traumatisé tente de Pour surmonter la phobie liée au contenu traumatique, le
canaliser sa détresse en ressentant le symptôme physique ou en processus thérapeutique implique aussi de ressentir, (ré)éprouver
étant préoccupé par la possibilité d’une maladie physique [4]. Le les affects négatifs en vue de les intégrer [23]. Cette étape, réalisée
trouble de conversion a été reclassé sous les troubles somato- à partir de différents outils thérapeutiques1 à la disposition du
formes dans le DSM III (APA, 1980), mais est compris tradition- thérapeute, permet au patient d’accroı̂tre sa capacité à surmonter
nellement comme étant lié à des troubles dissociatifs, ceci sous la les affects perturbants tout en restant connecté à l’« ici-et-
rubrique de troubles « hystériques ». maintenant » sécurisé [27]. Ainsi, le patient réalise un travail de
réévaluation des souvenirs traumatiques pour leur donner un
autre sens et modifier les cognitions négatives qui y sont liées. La
3. Implications thérapeutiques : les différentes phases de
phase de confrontation ouvre sur une réorganisation des souvenirs
traitement
traumatiques et de l’histoire personnelle. En se témoignant de la
compassion, le patient se réapproprie les différentes parties de son
En 2008, l’ISTSS (International Society for Traumatic Stress
histoire pour en faire un récit plus cohérent qui le remette en lien
Studies) a proposé des lignes directrices [25] pour le traitement des
avec lui-même et avec les autres. Le thérapeute explicite le
personnes traumatisées, à partir des travaux conduits par un
processus de changement en cours pour aider le patient à en
collège d’experts et d’une enquête menée auprès de 50 psycho-
prendre conscience et ainsi renforcer ses capacités de régulation
thérapeutes spécialisés. Quatre-vingt-quatre pour cent des psy-
émotionnelle.
chothérapeutes sondés déclaraient adopter un traitement par
phase pour le trauma complexe. L’objectif de ces lignes directrices
est d’aider les cliniciens à orienter le traitement des patients en 6. Phase d’intégration
respectant des phases dans le suivi. Cela représente autant d’étapes
vers un meilleur équilibre émotionnel : stabilisation, confronta- La phase d’intégration vise la consolidation des bénéfices
tion, intégration. Le traitement par phases [28] a démontré son thérapeutiques en termes émotionnels, relationnels et psycholo-
efficacité auprès de populations variées qui ont vécu des formes de giques afin d’aider le patient à s’engager pleinement dans les
violences répétées, prolongées et multiples. Quant à la durée du différents domaines de sa vie : famille, amis, travail, études, vie
traitement, la littérature scientifique n’est pas suffisamment sociale, activités. . . La guérison des symptômes est importante.
étoffée, mais les observations cliniques tendent à montrer des Toutefois, pour une résilience complète, le patient tente d’accepter
thérapies de longue durée (< 1 an à plusieurs années) à raison d’au le trauma et ses conséquences comme une donnée immuable à
moins une fois par semaine. intégrer dans un schéma de soi-même. De ce travail de deuil, surgit
une nouvelle orientation à la vie.
En fin de thérapie, le thérapeute veillera à aménager des
4. Phase de stabilisation possibilités de suivi pour prévenir certaines difficultés ou pour
consolider la confiance du patient à gérer ses ressources. Cette
Le premier objectif de tout travail thérapeutique avec des possibilité est d’autant plus importante pour les patients qui
patients souffrant de trauma complexe est d’assurer leur sécurité seraient engagés dans une procédure judiciaire. Elle pourrait les
en réduisant au maximum tous les éléments qui contribuent à remettre en contact avec l’événement et/ou l’agresseur bien des
maintenir en alerte un sentiment de danger imminent. Il est années après.
essentiel que le thérapeute ne soit pas perçu comme une personne
menaçante. La psychoéducation peut aider le patient à prendre 7. Transfert, contre-transfert dans la thérapeutique des
conscience de son état d’alerte permanent. Le sentiment de victimes
sécurité se poursuit notamment par la diminution des symptômes
aigus liés à l’hypervigilance et à l’anticipation anxieuse. La Le trauma complexe, tel qu’observé chez les réfugiés survivants
médication peut soutenir cette diminution. Face aux réactions de tortures ou les victimes d’inceste, nécessite des approches
émotionnelles liées aux déclenchements des contenus traumati- globales et multimodales [6] étayées par une expérience et de
ques, le thérapeute aide le patient à en prendre conscience, à en solides concepts théoriques. Face à des personnes gravement
avoir une expression appropriée et à les réguler à l’aide d’outils et traumatisées, le thérapeute alterne et combine diverses approches
d’exercices qui lui permettent de s’apaiser. Il l’aide également à pour soutenir les différentes phases du traitement tout en maniant
s’ancrer dans le présent et à mettre à distance des affects négatifs la relation au patient par des positions thérapeutiques mesurées.
sans recourir à la défense dissociative ou à des compulsions pour
s’apaiser. Les mémoires traumatiques s’ancrant aussi dans le corps, 1
Thérapie d’exposition, EMDR, restructuration cognitive, hypnose, techniques de
les approches corporelles peuvent contribuer au traitement. La désensibilisation, thérapie cognitivo-comportementale, thérapie psychodynamique. . .
M. Hopchet et al. / Annales Médico-Psychologiques 175 (2017) 290–293 293

La relation thérapeutique est cruciale dans le traitement du en raison de la comorbidité complexe importante et des répétitions
trauma complexe car il engendre chez le sujet une méfiance des scénarios de violence à travers le transfert et le contre-
fonctionnelle envers les autres, même envers ceux qui sont censés transfert.
l’aider. Une relation de confiance établie par une attitude
accueillante, empathique et dénuée de jugement compte autant
que le traitement en lui-même [8]. Les personnes ayant subi des Déclaration de liens d’intérêts
traumatisations multiples et répétées ont développé des tendances
d’attachement inapproprié, surtout quand elles surviennent Les auteurs déclarent ne pas avoir de liens d’intérêts.
durant l’enfance. La relation thérapeutique permet au patient
d’expérimenter des formes d’attachements plus appropriés dans
ses relations [10]. Une relation thérapeutique solide et confiante Références
sera particulièrement précieuse lors de la survenue des émotions
[1] Beitchman JH, Zucker KJ, Hood JE, Da Costa GA, Akman D, Cassavia E. A review
perturbantes, des vécus de honte et de peur. Elle permet au patient of the long term effects of child sexual abuse. Child Abuse Negl 1992;16:101–
de franchir des vécus émotionnels perçus comme menaçants 18.
[15]. Il y a, dès lors, moins de risque de le voir interrompre le suivi [2] Brewin CR, Andrews B, Valentine JD. Meta-analysis of risk factors for post-
traumatic stress disorder in trauma-exposed adults. J Consult Clin Psychol
dans une stratégie défensive de type phobique. 2000;68:748–66.
À côté des mouvements contre-transférentiels inhérents à toute [3] Burgess AW, Holmstrom LL. Rape trauma syndrome. Am J Psychiatry
thérapie, les récits d’expériences traumatiques violentes peuvent 1974;131:981–6.
[4] Chu JA. Rebuilding shattered lives: treating complex PTSD and dissociative
provoquer des sentiments tels qu’horreur, indignation ou désir fort disorders, 2nd ed., Wiley; 2011.
de sauver l’autre. Face aux récits de violence, chaque thérapeute [5] Cloitre M, Garvert DW, Brewin CR, Bryant RA, Maercker A. Evidence for
doit être conscient de ses limites personnelles et doit agir en proposed ICD-11 PTSD and complex PTSD: a latent profile analysis. Eur J
Psychotraumatol 2013.
fonction de celles-ci. Bien entendu, comme tout être humain, il doit
[6] Courtois C, Ford J. Treatment of complex trauma. New York: Guilford Press.
s’autoriser à être affecté, mais il doit veiller également à préserver [7] Davidson JRT, Fairbank JA. The epidemiology of posttraumatic stress disorder.
une certaine distance vis-à-vis de la violence du récit pour In: Davidson JRT, Foa EB, editors. Posttraumatic stress disorder: DSM-IV and
beyond. Washington DC: American Pychiatric Press; 1993. p. 147–69.
maintenir sa capacité à penser. La clé de ce travail de
[8] Gilliéron E. Le premier entretien en psychothérapie. Paris: Dunod; 2004.
ressourcement réside dans un travail de réflexion (supervision, [9] Green BL. Psychosocial research in traumatic stress: an update. J Trauma Stress
formation, intervision) et de déconnexion. 1994;7:341–62.
[10] Guedeney N, Guedeney A. L’attachement, approche clinique. Paris: Masson;
2016.
8. Setting thérapeutique pour les victimes de crimes [11] Herman JL. Complex PTSD: a syndrome in survivors of prolonged and repeated
trauma. J Trauma Stress 1992;3:377–91.
Face à des victimes de crimes graves, le thérapeute doit veiller à [12] Kessler RC, Sonnega A, Bromet E, Hughes M, Nelson CB. Posttraumatic stress
disorder in the national comorbidity study. Arch Gen Psychiatry
respecter un setting qui prend en compte le crime dont le patient a 1995;52:1048–60.
été victime et de l’éventuelle procédure judiciaire dans laquelle il [13] Krauss F. Violence du trauma sexuel, souffrance de la victime. Imag Incon-
est engagé. Dans un article [14], Gérard Lopez cite un ensemble de scient 2005;15:171–88. http://dx.doi.org/10.3917/imin.015.0171.
[14] Lopez G. Place des psychothérapies dynamiques dans le traitement des états
lignes directrices, tant dans l’installation du setting que dans les limites post-traumatiques. Imag Inconscient 2005;15:189–99. http://
attitudes du thérapeute pour éviter toute retraumatisation ou dx.doi.org/10.3917/imin 015.0189.
victimisation secondaire qui entraverait l’évolution du traitement. [15] Nasielski S. Gestion de la relation thérapeutique : entre alliance et distance.
Actual Anal Trans 2012;144:12–40. http://dx.doi.org/10.3917/aatc.144.0012.
[16] Nemeroff CB. Neurobiological consequences of childhood trauma. J Clin Psy-
9. Conclusion chiatry 2004;65:18–28.
[17] Ogloff JPRP, Cutajar MC, Mann E, Mullen P. Child sexual abuse and subsequent
offending and victimisation: a 45-year follow-up study. Trends and issues in
L’identification du trauma complexe constitue un véritable
crime and criminal justice; 2012 [440].
enjeu de santé. Les impacts des violences interpersonnelles sont [18] OMS. Rapport mondial sur la violence et la santé; 2002;5.
profonds et durables [22]. Les troubles occasionnés sont multi- [19] Ostermann JE, Chemtob CM. Emergency intervention for acute traumatic
formes. Nous n’avons pas abordé ici le processus de répétition chez stress. Psychiatr Serv 1999;50:739–40.
[20] Ozer EJ, Best SR, Lipsey TL, Weiss DS. Predictors of posttraumatic stress
les auteurs de violence, eux-mêmes victimes d’actes de violences disorder and symptoms in adults: a meta-analysis. Psychol Bull
interpersonnelles à certains stades de leur développement 2003;129:52–71.
[17]. L’accompagnement thérapeutique de certains auteurs de [21] Pelcovitz D, Van der Kolk BA, Roth S, Mandel FS, Kaplan S, Resick PA.
Development of a criteria set and a structured interview for disorders of
violence permettrait sans doute d’influencer ce processus de extreme stress (SIDES). J Trauma Stress 1997;10:3–17.
répétition. Plus globalement, il est essentiel que les cliniciens [22] Prigent Y. Le destin des victimes de cruauté à l’issue des séparations
soient sensibilisés à la question du trauma complexe, à sa « sauvages ». Imag Inconscient 2005;15:209–14. http://dx.doi.org/10.3917/
imin.015.0209.
symptomatologie spécifique et à ses ramifications dans de [23] Schnyder U. Psychothérapies pour les PTSD – une vue d’ensemble. Psycho-
nombreux troubles associés. C’est à cette condition que les therapies 2005;25:39–52. http://dx.doi.org/10.3917/psys.051.0039.
victimes pourront être orientées vers des dispositifs de soins [24] Terr L. Childhood traumas: an outline and overview. Am J Psychiatry
1991;148:10–20.
adaptés et qu’un véritable travail de diagnostic différentiel pourra [25] The ISTSS expert consensus treatment guidelines for complex PTSD in adults in
être posé. Ceci est d’autant plus important que de nombreuses International society for traumatic stress studies. 2016. Consultable à l’URL :
victimes n’établissent pas de lien direct entre leurs troubles et les http://www.istss.org/treating-trauma/istss-complex-ptsd-treatment-guideli-
nes.aspx [consulté le 29 août 2016].
expériences de violences. À l’heure actuelle, l’état d’avancement de
[26] Van der Hart O, Brown P, Van der Kolk A. Le traitement psychologique du stress
la recherche a permis de développer des approches thérapeutiques post-traumatique de Pierre Janet. Ann Med Psychol 1989;147:976–80.
qui répondent aux caractéristiques du trauma complexe [26], mais [27] Van der Hart O, Nijenhuis RS, Steele K. Le soi hanté. Bruxelles: De Boeck; 2010.
surtout aux besoins des personnes qui en souffrent. Il est [28] Van der Hart O, Steele K, De Avantage S, De Brun P. Le traitement des mémoires
traumatiques : synthèse, réalisation et intégration. Consultable à l’URL : http://
cependant nécessaire que les thérapeutes soient solidement www.onnovdhart.nl/articles/treatmentmemoirs.pdf [consulté le
formés tant au niveau diagnostique qu’au niveau thérapeutique, 29 août 2016].

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