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Module Agronomie 2-
2èmè Année – Partie végétale
Département Agronome
FSNV- Université Ferhat ABBAS étif1

Dans cette partie , vous trouverez un support du cours d’agronomie comportant :

A-. SEMIS et PLANTATION

B- LA FERTILISATION

C- LE TRAVAIL DU SOL

Un autre support en voie d’élaboration vous sera mis dans la plateforme pédagogique
(online)

Recueil élaboré pour l’année 2019/2020


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1.4. Semis et plantations

1.4.1. Le semis

1.4.1.1. Les conditions de réussite

Elles sont liées à la qualité des semences et aux conditions de milieu.

Qualités des semences

Un bon lot de semences doit :

appartenir à l'espèce et variété choisies (sa pureté spécifique et variétale répondent à des taux minimum) ;

être exempt d'impuretés (taux maximum d'impuretés toléré) ;

être de conservation facile (humidité faible en particulier) ;

germer en donnant des plants viables : sa faculté germinative répond à une norme minimale ;

avoir un bon état sanitaire.

Les semences certifiées garantissent ces qualités (certifiées par le Service Officiel de Contrôle et de Certification,
organisme technique du Groupement National Interprofes-sionnel des Semences). Les normes sont variables
selon les espèces.

Remarques :

– Seules les variétés inscrites au Catalogue officiel sont commercialisables.

– La faculté germinative représente le pourcentage de graines qui ont germé sur un lot (de 50 à 100 graines)
placé dans des conditions favorables, après un temps déterminé. L'énergie germinative est mesurée par le nombre
de plantules viables obtenu en un temps moitié du précédent (= "vitesse de germination" qui doit être élevée).

– Les semences peuvent être traitées contre les maladies et ravageurs. Les légumineuses (ex. : luzerne, soja)
peuvent être inoculées avec des bactéries symbiotiques fixatrices d'azote (rhizobium).

Conditions de milieu : voir les conditions de préparation du sol.

Quelques remarques :

Les semences exigent humidité, oxygène, chaleur.

La chaleur : abris, châssis, tunnels, serres, permettent d'avancer la saison des semis.

L'humidité :

– Le trempage des graines à téguments épais (dites dures) durant quelques heures dans de l'eau tiède, facilite la
germination (mais attention à l'asphyxie !)

– La stratification de ces semences a également le même but (ex. : noyaux fruitiers, pépins). On dispose les
graines dans un récipient, par lits alternés avec du sable (ou terre sableuse) ou en mélange avec lui. Le sable est
maintenu humide. Le semis doit être réalisé dès que la radicule pointe.
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2. Réalisation pratique

Le semis peut être en place (pas de repiquage ultérieur) ou en pépinière.

Dates, doses, profondeur de semis sont variables selon les cultures, les conditions de milieu (sol, climat) et
technique de semis employée.

Différents modes :

à la volée : les graines sont réparties sur toute la surface (les opérations culturales suivantes peuvent être
malaisées) ;

en lignes : économise les semences et facilite les interventions ultérieures ;

en pieds séparés ou en poquets : ce sont des semis en lignes où les semences sont très espacées, seules ou en
groupes (= poquets) de 2 ou 3 plantes.

Le sol peut être désinfecté et traité avant le semis (vapeur, pesticides, etc.).

1.4.2. Repiquages – Plantations

Le repiquage permet de donner aux plantes une place en rapport avec leur développement.

Diverses précautions favorisent la reprise des plants :

L'habillage réduit la transpiration en supprimant une partie du feuillage, facilite le repiquage et l'émission de
radicelles par coupure des racines trop longues ou cassées (les plants sont alors à racines nues et non en mottes).

Le pralinage = enrobage des racines avec un mélange terre + hormones.

Le bornage = "tassement" de la terre pour la faire adhérer aux racines.

L'arrosage est souvent nécessaire, le système racinaire se trouvant réduit.

2. LA FERTILISATION

2.1. La nutrition de la plante

Le but de la fertilisation minérale est, bien sûr, de mettre à la disposition de la plante tous les éléments minéraux
dont elle a besoin, quand elle en a besoin.

2.1.1. Les lieux d'absorption d'éléments minéraux

La plante peut absorber des éléments minéraux par toute sa surface :

au niveau des racines : prédominance de l'absorption d'eau et de substances minérales dissoutes (sous forme
d'ions) ;
au niveau de la partie aérienne : absorption surtout de gaz carbonique (CO 2) et d'oxygène (O2).

2.1.2. Les éléments indispensables

De nombreux éléments minéraux peuvent être absorbés, mais 15 seulement sont indispensables à la croissance et
au développement.

3 d'entre eux sont fournis par l'eau et l'air, et ne rentrent pas en ligne de compte pour l'agriculteur, généralement :
l'hydrogène (H), l'oxygène (O) et le carbone (C).

6 sont nécessaires en quantités importantes : l'azote (N), le phosphore (P), le soufre (S), le potassium (K), le
calcium (Ca), le magnésium (Mg). Ce sont les macroéléments indispensables.

6 sont prélevés en quantités faibles : le fer (Fe), le cuivre (Cu), le manganèse (Mn), le zinc (Zn), le bore (B), le
molybdène (Mo).
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2.1.3. Leur rôle dans la plante

2.1.3.1. Les macroéléments

L'azote

L'azote est principalement un facteur de croissance. Celle-ci se traduit par une augmentation de surface foliaire,
donc une photosynthèse plus importante, d'où un rendement supérieur. Il a également un rôle fondamental dans
l'élaboration des protéines, et donc des réserves azotées et de la chlorophylle. L'absorption d'azote se fait surtout
sous forme nitrique (ion NO3–) ou ammoniacale (NH4+). Cette dernière forme concerne principalement les
plantes jeunes ou "préférantes". Les carences en azote se manifestent par un pâlissement généralisé, commençant
par les feuilles jeunes, et une réduction de la croissance. En excès, l'azote provoque des retards de maturité et une
sensibilité supérieure aux maladies et aléas climatiques (verse, échaudage…).

Le phosphore

Comme l'azote, est très important pour la croissance et la formation des protéines. Il permet le stockage de
l'énergie, d'où un rôle fondamental dans la photosynthèse, la respiration… Il favorise la mise à fleur, et son
absorption diminue à partir de la floraison. Les carences se manifestent par une réduction de la croissance, et une
coloration vert foncé à violacé des feuilles qui vieillissent prématurément. Ces symptômes apparaissent d'abord
sur les feuilles âgées.

Le potassium

Contrairement à l'azote et au phosphore, le potassium n'intervient pas dans la constitution des tissus, mais a un
rôle essentiellement catalytique. Il va favoriser le déclenchement et la rapidité de diverses réactions chimiques
qui se produisent dans la plante (photosynthèse, respiration, économie de l'eau, synthèse des protéines, résistance
aux maladies). Les carences se manifestent par des nécroses marginales, le plus souvent, et d'abord sur les
feuilles âgées.

Le magnésium

C'est également un activateur enzymatique (rôle catalytique). Très important dans la constitution de la
chlorophylle, il stimule également l'absorption et le transport du phos-phore dans la plante. Les carences se
manifestent généralement par des décolorations entre les nervures qui restent vertes. Les feuilles âgées sont les
premières touchées.

Le soufre

C'est un activateur des réactions de synthèse (vitamines, enzymes…). Il intervient dans l'élaboration des
protéines (acides aminés soufrés) et de lipides (huiles "essentielles" odorantes). Les carences se manifestent par
des pâlissements des parties jeunes, parfois accompagnés de déformations (gaufrage, épaississement).

Le calcium

Il a à la fois un rôle plastique dans la constitution et la résistance des parois des cellules, et un rôle catalytique,
comme le potassium et le magnésium.

2.1.3.2. Les oligo-éléments

Tous les oligo-éléments ont un rôle essentiellement catalytique, c'est-à-dire d'activateur de réactions chimiques
ou enzymatiques.

Le fer

Le fer est indispensable à la formation d'enzymes permettant la photosynthèse, la respiration… Il permet


l'élaboration de la chlorophylle, mais n'en est pas un élément constitutif. Il joue également un rôle dans les
divisions cellulaires. Les carences se mani-festent par des pâlissements (ou chloroses) entre les nervures,
apparaissant d'abord sur les feuilles jeunes. En excès, il est rapidement toxique, surtout sur les jeunes plantes.

Le manganèse

C'est un activateur d'enzymes de nombreuses réactions : photosynthèse, respiration, oxydoréduction… Les


symptômes de carences apparaissent d'abord sur les feuilles âgées, et sont très variables selon les plantes : taches
grises chez les céréales, jaunâtres chez le maïs, en V pour les arbres fruitiers… La toxicité est fréquemment liée à
un manque de fer.
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LE TRAVAIL DU SOL

1.1. Les objectifs généraux du travail du sol

Le travail du sol a principalement 2 objectifs :

la mise en place et le développement d'une culture, à court terme ;

le maintien ou l'amélioration des caractéristiques du milieu à court terme, mais également à long terme (ex. :
lutte contre les adventices, contre l'érosion, enrichissement du sol en matières organiques pour améliorer la
stabilité structurale, etc.).

1.1.1. Premier objectif : mise en place et développement d'une culture

Les graines sont placées dans un "lit de semences" qui doit réunir toutes les conditions favorables à une bonne
germination et levée (= apparition des plantules à la surface du sol).

Le système racinaire doit ensuite se développer rapidement et intensément pour permettre un bon ancrage et une
bonne alimentation du végétal en eau et éléments minéraux.

Les caractéristiques physiques, chimiques, biologiques du sol doivent concourir à court terme à la réalisation de
ces objectifs (ex. : sol aéré, bien pourvu en éléments minéraux, exempt de parasites…), et permettre, au moment
opportun, la réalisation des techniques culturales nécessaires à une bonne conduite de la production (ex. :
désherbage, fertilisation, protection contre les maladies, récolte…).

1.1.1.1. La phase germination-levée

Besoins de la culture

La graine, organe de conservation, est en général fortement déshydratée et vit "au ralenti", ses échanges avec
l'extérieur étant limités.

La germination constitue un passage à la vie active. Pour cela, la graine doit pouvoir s'imbiber d'eau, trouver
suffisamment d'oxygène pour assurer sa respiration et de la chaleur. Aucun obstacle ne doit gêner la progression,
en profondeur, de la jeune radicule, et, en surface, de la jeune tigelle.

Le lit de semences

Pour satisfaire ces besoins, celui-ci doit assurer un contact suffisant agrégats-graines pour assurer leur imbibition
tout en permettant une bonne aération. Le sol doit être meuble, assurer l'écoulement de l'eau et la remontée de
l'eau vers les graines (lors de son dessèchement). En surface, la création de mottes évitera une reprise en masse,
surtout si le sol est battant.
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En résumé, l'agriculteur doit réaliser un compromis, lors de la préparation du sol, entre un sol meuble et aéré
avec petites mottes en surface et un sol rappuyé assurant l'humectation des graines et leur contact avec la terre
fine. Le choix s'effectuera suivant le climat (humide ou sec) et le type de semences (les petites graines ou les
graines à téguments épais demandent plus de terre fine pour réaliser leur imbibition).

1.1.1.2. Le développement du système racinaire

Besoins de cultures

Le système racinaire, pour se développer correctement, exige également de l'eau, de l'oxygène, de la chaleur, des
éléments minéraux, l'absence d'obstacle dans le profil et une faible résistance mécanique du sol à la pénétration
racinaire.

Qualités du sol exigées

Ces besoins seront satisfaits, pour la plupart, par la création et l'entretien d'une bonne structure : c'est elle qui
joue un rôle important sur les propriétés physiques et mécaniques du sol.

Ces qualités concernent principalement la couche arable (= couche labourée) mais aussi le sous-sol (en-dessous
de la couche arable).

Accidents racinaires dus à de mauvaises propriétés mécaniques du sol

Le sol ne doit être ni trop creux, ni trop résistant (sol compact ou sec) pour que les racines le pénètrent
facilement.

Les accidents d'enracinement qui découlent de ces propriétés du sol prennent plusieurs aspects :

En sol tassé ou sec : les racines ont peu de ramifications, se courbent.

En sol compact mais fissuré : les racines empruntent les fissures et galeries existantes. Elles sont en arêtes de
poisson.

En sol creux, la racine émet beaucoup de poils absorbants, prenant un aspect duveteux (manchon blanc).

Ces enracinements sont évidemment beaucoup moins fonctionnels !

Remarque :

Un mauvais enracinement peut être également dû à de mauvaises conditions physiologiques (ex. : excès d'eau,
asphyxie), à la présence de paquets de matières organiques en décomposition (les racines "fuient" ces zones).

Une observation de profil cultural (voir plus loin) permettra d'apprécier son développement, de déceler l'origine
des accidents pour y remédier ultérieurement.
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.1.1.3. Actions du travail du sol

A court terme, le travail du sol agit donc sur les propriétés physiques, chimiques, biologiques du sol nécessaires
au bon développement de la culture.

Sur les propriétés physiques

Il intervient principalement sur la formation et l'amélioration de la structure :

en exposant les sols argileux à l'action bénéfique du climat (gel et dégel ou humectation et dessiccation qui
fissurent ce matériau) ;

en fissurant, complétant l'action du climat et des êtres vivants.

Il permet également la régulation de l'humidité du sol :

par la direction du travail (parallèle à la pente ou en croisant les drains pour favo-riser l'écoulement de l'eau en
excès ; perpendiculaire à la pente pour la retenir) ;

par roulage (remontée de l'eau) ;

par binage (limitation des pertes d'eau).

Sur les propriétés chimiques

Il mélange les engrais, amendements à la couche arable, les mettant à disposition des racines.

Sur les propriétés biologiques

Grâce à l'amélioration des propriétés précédentes, les micro-organismes trouvent un milieu favorable et
participent à son entretien (voir évolution des constituants organiques en 2.1.2. du ch. 2) et à la bonne croissance
des cultures.

1.1.2. Deuxième objectif : maintien et amélioration des caractéristiques du sol à long terme

Le travail du sol intervient également à moyen et long terme sur :

Les propriétés physiques

Par exemple, en agissant sur la stabilité structurale par l'incorporation d'amendements ; en améliorant la
circulation de l'eau (par drainage-taupe, sous-solage, amélioration de la stabilité…).

Les propriétés chimiques

En mélangeant sur une certaine épaisseur les engrais, les amendements, il maintient une certaine richesse. Un
approfondissement du travail entraîne une dilution des stocks (= appauvrissement).
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Les propriétés biologiques

L'état sanitaire du sol, amélioré

en exposant, lors des labours, des parasites à l'action du climat. L'amélioration des caractéristiques du sol permet
en général, de limiter les populations de "nuisibles".

en luttant contre les "mauvaises herbes" et en limitant le stock de graines existant dans le sol (ex. : technique du
faux semis qui crée un lit de semences sommaire pour faire lever les adventices, suivi de leur destruction).

Enfouissement, griffages, hersages permettent une lutte efficace.

1.2. Les moyens d'atteindre ces objectifs - Les techniques de travail du sol

1.2.1. Pour atteindre ces divers objectifs, il existe trois grandes techniques de travail du sol.

Soit :

à base de travail profond :

– avec retournement : c'est le labour ;

– sans retournement : c'est le pseudo-labour ;

à base de travail superficiel (sur les 10 à 15 premiers centimètres du sol) ;

à base de semis direct.

Ces techniques sont composées d'opérations culturales dont la succession suit un ordre bien précis et adapté à
chaque situation.

1.2.2. Les opérations culturales

On distingue :

1.2.2.1. Le décompactage

Il est destiné à éclater une éventuelle couche tassée située 5 à 10 cm juste sous le labour. Cette opération doit être
raisonnée quelle que soit la technique de travail choisie. Elle est à proscrire dans le cas de sous-sol imperméable :
l'eau ne s'évacuant pas en profondeur, la zone reprise n'est plus portante et les machines s'enlisent.

Profondeur d'action : 20 à 40 cm.


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1.2.2.2. Le déchaumage

Il a pour objectif de mettre en contact les résidus de la culture précédente avec le sol pour accélérer leur
décomposition. Il peut également être utilisé :

pour faire lever les mauvaises herbes annuelles (pour une destruction ultérieure) dans les 5 à 10 premiers cms ;

pour faciliter la destruction des rhizomes (ex. : chiendent, avoine à chapelet…) par le soleil et les herbicides ;

pour préameublir le labour (= obtenir un labour très émietté rapidement). Un déchaumage profond (10 à 15 cm)
est réalisé.

Profondeur d'action : 5 à 15 cm. Cette opération est facultative, quelle que soit la technique utilisée.

1.2.2.3. Le labour

Il peut y avoir différents objectifs :

Exposer le sol à l'action du climat

(à condition qu'il y ait assez d'argile !), tout en protégeant sa structure grâce à la création d'un fort relief en
surface et de grosses mottes pour que l'eau s'écoule (et en limitant la remontée de l'eau lors du gel). Ces labours
sont anguleux, dressés et peu émiettés, constitués d'un empilement de mottes (10-20 cm en sols argileux – 5 à 20
cm en terres franches à 15-25 % d'argile).

Figure 3-1 : Labour dressé à grosses mottes (anguleux).

Ameublir le sol

C'est le cas de tous les labours, mais les labours précédents utilisent l'effet du climat et l'ameublissement n'est pas
immédiat.

Les labours recherchant cet effet immédiatement sont des labours "jetés" et précèdent de peu les semis (cas le
plus fréquent pour les sols battants : afin d'éviter d'exposer le sol aux actions dégradantes des pluies, on le
travaille très peu de temps avant le semis. L'émiettement sera moins poussé qu'en sol argileux !)

Enfouir et mélanger des résidus de récolte

des engrais, amendements, etc. Le labour permet également de diluer des reliquats de pesticides, de lutter contre
les mauvaises herbes par enfouissement, et contre les parasites en exposant leurs larves aux agents climatiques.
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Figure 3-2 : Labour jeté (plat-émietté).

Profondeur de travail : 20 à 30 cm.

1.2.2.4. Le pseudo-labour

Il a surtout pour fonction d'ameublir la couche arable (profondeur de travail : 20 à 30 cm comme pour le labour,
mais sans retournement). Il peut éclater et émietter.

1.2.2.5. La reprise profonde des labours

C'est une opération de rattrapage des labours (ou pseudo-labours) s'il subsiste des grosses mottes susceptibles de
gêner ultérieurement la préparation du lit de semences ou le développement racinaire.

Cette intervention est facultative et doit être raisonnée.

Profondeur de travail : 10-15 cm.

1.2.2.6. Le travail superficiel

Il ameublit les 10 à 15 premiers cm lorsqu'on peut se passer du travail profond. Il permet également le mélange
de diverses substances et facilite le semis.

1.2.2.7. La reprise superficielle

Elle émiette et nivelle la surface du sol pour effectuer des apports d'engrais, d'herbicides…

Profondeur : 5 à 10 cm. Cette opération est facultative selon les situations.


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1.2.2.8. La préparation du lit de semences

Elle rappuie le fond du lit de semences pour favoriser la remontée capillaire et assurer un travail régulier du
semoir.

Elle émiette les 3 à 7 premiers cm pour avoir un bon contact graine-sol (profondeur variable selon les graines).

Enfin, elle nivelle le sol et trie les mottes (placées en surface pour éviter la battance) de la terre fine (placée au
niveau des semences pour assurer un bon contact).

1.2.2.9. Le semis

Les graines doivent être placées le plus régulièrement possible à la profondeur idéale pour leur germination.

Les exigences vis-à-vis du lit de semences sont variables selon chaque culture.

1.2.2.10. Le semis direct

La préparation du sol se limite à un travail sur la ligne de semis uniquement, couplé avec le semis. Il s'effectue
avec des semoirs spéciaux, spécifiques à chaque espèce (profondeur : 0 à 6 cm).

1.2.2.11. Le roulage

Il peut être réalisé après ou avant le semis. Il a pour buts de rappuyer le sol et de compléter l'émiettement
(meilleur contact graine-terre fine).

Les opérations culturales cherchent donc à modifier l'état du sol, d'un état initial vers un état final souhaité. Les
effets recherchés seront différents selon ces états.

1.2.3. Les effets recherchés par les opérations culturales

En résumé, suivant l'opération culturale concernée, l'outil(s) employé(s) aura pour objectif(s) :

d'éclater le sol, c'est-à-dire créer des fissures dans un sol massif et compact (où aucune fissure ni motte n'est
visible) ;

d'ameublir le sol : créer des mottes (même difficilement visibles = passage de l'état massif à l'état fragmentaire) ;

d'émietter : réduire la taille des mottes et créer de la terre fine ;

d'enfouir de la matière organique, engrais, pesticides, etc. ;

de mélanger, de façon homogène, sur une certaine épaisseur, les produits enfouis ;

de créer un relief en surface (ex. : augmenter la surface soumise au climat, ou d'effacer un relief (= nivellement) ;

de trier les mottes et la terre fine : les mottes étant placées en surface (protection contre la battance), la terre fine
(ainsi que les produits phytosanitaires épandus en surface) dans le lit de semences ;

de rappuyer, c'est-à-dire réduire la macroporosité (exemple en sol "creux") mais sans excès pour ne pas entraver
la circulation de l'eau de gravité.

Les effets obtenus résulteront de l'action des pièces travaillantes de l'outil(s) choisi(s). Le mode d'action de ces
pièces dépend de leur forme, disposition et mouvements (et réglages).

1.2.4. Modes d'action des principaux outils

Les principaux modes d'action utilisés sont :


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Le fendillement

Il se manifeste obliquement en avant de l'outil.

Il intervient pour obtenir l'éclatement, l'ameublis-sement ou l'émiettement du sol.

Tous les outils travaillant en sol massif ont ce mode d'action.

Le sectionnement

Il est produit par des pièces tranchantes :

Ce mode d'action est utilisé pour obtenir l'ameublissement et l'émiettement par les cultivateurs rotatifs, machines
à bêcher, charrue, outils à disque.

Le cisaillement

Les pièces sont mobiles les unes par rapport aux autres et ameublissent ou émiettent efficacement les grosses
mottes ou les mottes dures.

Outils concernés : herses rotatives et herses alter-natives.

Le choc des mottes

Le choc des mottes entre elles, contre les pièces travaillantes, contre des parties fixes de l'outil (carter, tablier
rabaissé…), permet leur émiettement.

Outils concernés : tous les outils à dents ou munis de carters ou de grilles.

Le frottement des mottes

Le frottement des mottes entre elles, contre les pièces, entraîne leur émiettement et la formation de terre fine.

Outils concernés : tous.

L'écrasement des mottes

Il est utilisé lors de l'effacement d'un relief pour émietter ou rappuyer le sol.

Outils concernés : rouleaux, pneumatiques.

Le déplacement latéral

Les mottes roulent en surface, se débarrassant de la terre fine.

Cette action permet de créer ou d'effacer un relief, d'enfouir et mélanger et de trier les mottes et la terre fine.

Outils concernés : tous les outils à dents.

Le déplacement vertical
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La terre fine glisse vers le fond du sillon creusé par la dent.

Les effets obtenus sont les mêmes que précédem-ment, avec en plus l'obtention d'un rappuyage du sol.

Outils concernés : herses, cultivateurs, vibroculteurs.

La projection

Les mottes sont envoyées au loin et ont tendance à recouvrir la terre fine.

Les effets obtenus sont identiques au déplacement latéral.

Outils concernés : cultivateurs rotatifs.

Le retournement

Mottes, terre fine, sont retournées avec tous les maté-riaux en surface (matière organique, engrais, etc.).

Cette opération permet d'effacer ou de créer un relief, d'enfouir et de mélanger (voir plus haut).

Outils concernés : charrues.

1.2.5. Facteurs de variation des effets recherchés et obtenus par un outil

Ces facteurs sont liés principalement aux caractéristiques du sol et aux modalités d'utilisation de l'outil choisi.

1.2.5.1. Facteurs liés au sol

Le comportement du sol vis-à-vis des outils varie selon plusieurs facteurs :

Influence de l'humidité

Voir les propriétés mécaniques du sol et ses conséquences (en 2.3. ch. 2).

Si le sol est sec, la cohésion est très forte, l'intervention est alors difficile. La consistance du sol est dure, les
mottes impossibles à briser entre les doigts.

Lorsque l'humidité augmente, l'adhérence augmente alors que la cohésion diminue. Le matériau de consistance
dure devient friable (mottes s'émiettant entre les doigts, en collant légèrement pour les sols argileux), puis semi-
plastique (mottes savonneuses pour sols battants ou sableux ; mottes se déformant et s'émiettant difficilement
entre les doigts pour les sols argileux, mottes s'émiettant en collant pour les sols intermédiaires).

En consistance friable : les interventions sont recommandées, terre fine et mottes peuvent être obtenues.

En consistance semi-plastique : les interventions sont plus risquées, pouvant entraîner lissages, formation de
lards ("langues" de terre compactes remontées en surface) et compactage.

Puis le sol devient plastique (motte liquide ou modelable entre les doigts) et donne de la boue.

Les interventions sont à proscrire ou impossibles à réaliser (sol non portant).

Suivant l'humidité du sol, on obtient donc plus ou moins de terre fine, de mottes. Les interventions à humidité
excessive risquent d'aboutir à des effets néfastes. Le raisonnement du travail du sol doit donc tenir compte de ce
facteur (en surface mais aussi en profondeur !) Autant que possible, le sol à travailler devra être de consistance
friable sur l'épaisseur reprise.
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Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme

Influence de la texture

Le comportement du sol, en fonction de l'humidité, varie selon sa texture. La période d'émiettement facile pour
les sols argileux apparaît pour des humidités plus élevées que pour les sols sableux. Les limons, à l'état sec, sont
beaucoup plus cohérents que les argiles et sables et donc plus difficiles à rompre. On peut retenir que :

Les sols argileux, se ressuyant souvent difficilement, risquent d'être travaillés à une mauvaise humidité,
entraînant lissages, moulages (et éventuellement compactage). On les expose au climat pour aider à la formation
de leur structure.

Les sols limoneux sont fragiles car battants et sensibles au compactage (attention aux passages répétés). Les
outils ne doivent pas trop émietter. Le travail du sol est par contre le seul moyen d'obtenir un milieu favorable
aux cultures, le climat ayant le plus souvent une action dégradante.

Les sables posent moins de problèmes (sauf certains qui reprennent en masse). Ils sont en général usants.

Influence du taux de matières organiques Elles facilitent en général le travail du sol.

Remarque : la matière organique fraîche en surface peut gêner le travail en entraînant des bourrages.

1.2.5.2. Facteurs dus aux modalités d'utilisation de l'outil

La vitesse d'avancement : plus elle est élevée, plus l'ameublissement et l'émiettement sont importants.

On peut combiner vitesse d'avancement et vitesse de rotation de l'outil sur les outils animés, pour moduler leur
action.

Le nombre de pièces travaillantes intervient également.

Les angles selon lesquels les pièces attaquent le sol (et par rapport à l'avancement) vont engendrer une
pénétration de l'outil plus ou moins facile et une action plus ou moins énergique (émiettement en particulier).

Différents réglages permettent ainsi d'adapter le travail de chaque outil à chaque situation, en modifiant les effets
obtenus, la profondeur de travail, etc.

1.3. Les principaux outils et leurs actions

1.3.1. Différents types

On peut classer les outils de travail du sol en 5 catégories :

1.3.1.1. Les outils à versoirs

Ils retournent des bandes de sol après l'avoir découpé. Ce sont les charrues à socs et déchaumeuses à socs.

1.3.1.2. Les outils à dents

Leur action est variable selon le type de dents, la profondeur de travail.

Modes d'action selon le type de dent

Les dents fendillent le sol, surtout en sol sec. Ceci est d'autant plus important que la dent est rigide. Si le sol est
humide, la dent large, plate et incurvée, des mottes de compression se forment devant elle. Des lards ou des
mottes lissées peuvent être remontées.

Par contre, une dent étroite passée en sol humide "découpe" le sol.

L'ameublissement, l'émiettement (par choc des mottes, frottement) sont d'autant plus importants que les dents
sont plates, larges, vibrantes et nombreuses.
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Les déplacements latéraux et horizontaux des mottes (tri des mottes, rappuyage, action sur le relief,
enfouissement et mélange sont d'autant plus importants que les dents sont nombreuses ou plates et incurvées
(mélange).

Profondeur de travail

Elle varie de la sous-soleuse aux herses, d'une profondeur supérieure à la couche arable

un travail très superficiel. Plus les dents sont nombreuses (et faiblement écartées), plus la profondeur de travail
est limitée.

Types d'outils

Sous-soleuses, décompacteurs, Chisels, Cultivateurs, Vibroconducteurs, Herses.

1.3.1.3. Les outils à disques

Ils retournent et fendillent en sol sec, sectionnent et agissent par frottement des mottes. Ils tassent à la base du
travail (lissages possibles) et disloquent les mottes par pression.
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En sol humide, ils sont efficaces mais peuvent former des "copeaux" qui durcissent en séchant.

En sol sec, ils créent trop de terre fine.

Ces outils peuvent être employés sur une plus grande gamme d'humidité mais les risques de formation de
semelle ne sont pas négligeables.

Types d'outils : pulvériseurs dont le travail est plutôt superficiel et charrues à disques pour le travail profond.

1.3.1.4. Les outils animés par la prise de force

Les pièces travaillantes sont animées d'un mouvement propre. Le résultat du travail dépend de la combinaison
vitesse d'avancement-vitesse de rotation des pièces.

Exemple :

– vitesse d'avancement lente – vitesse de rotation élevée → émiettement important (lissage continu du fond de
travail possible).

– vitesse d'avancement rapide – vitesse de rotation lente → l'émiettement est faible (le lissage discon-tinu).

Les types d'outils sont très divers : décompacteurs animés, rotatifs, machines à bêcher, cultivateurs rotatifs,
herses animées.

1.3.1.5. Outils divers

Outils auto-animés (non animés par la prise de force), utilisés pour le déchaumage ou la reprise de labour. Les
pièces travaillantes sont des bêches ou lames montées sur 2 rotors horizontaux entraînés par l'avancement du
tracteur.

Bêches roulantes, utilisées pour le déchaumage. Elles permettent un travail rapide et réalisent un bon mélange
paille-terre. Les pièces travaillantes sont des lames courbées tranchantes, disposées en croix sur des arbres.

Les rouleaux ont pour objectifs : de réduire la porosité en sol creux, aplanir la surface, l'émietter, rappuyer le sol
à une certaine profondeur, améliorer le contact sol-graine ou sol-racine.

D'autres équipements permettent, au contraire, de diminuer les tassements : roues cages, pneumatiques adaptés,
roues jumelées, rouleau tasseur avant ou central, etc.

1.3.2. Les différents matériels selon l'opération culturale

1.3.2.1. Le décompactage (opération à 20-40 cm de profondeur)

Il peut être réalisé par un des décompacteurs à dents droites ou obliques (type paraplow) ou animés (dents
vibrantes).

Selon le type de dent et de soc (étroit, large, à ailettes), le nombre de dents et l'intensité des vibrations,
l'éclatement sera plus ou moins poussé.

(Il existe des décompacteurs rotatifs).

1.3.2.2. Le labour

Objectifs, voir plus haut.


18

La charrue à soc

Diverses pièces

(Extrait de SOLTNER, tome 1, le Sol).

Les charrues comportent un ou plusieurs corps.

Suivant le type de bâti, on distingue :

Les charrues réversibles qui permettent la réalisation de labour à plat : la terre est jetée du même côté à chaque
aller et retour grâce à un pivotage de la charrue.
19

Chapitre 3 : Les moyens d'action de l'homme

Les charrues simples où la terre ne peut être versée que d'un seul côté. Le labour réalisé est un labour en planches
(réalisé en adossant ou en refendant).

Travail effectué : le labour

Le coutre découpe la bande verticalement.

Le soc découpe horizontalement.

Le versoir la retourne.

Un émiettement plus ou moins poussé se produit.

Caractéristiques du labour

On distingue plusieurs types de labours :

D'après leur aspect extérieur :

– Les labours à arêtes vives : les bandes conservent leur aspect rectangulaire. L'eau peut s'écouler sans problème.

– A l'opposé, les labours jetés où l'émiettement est poussé, la surface presque plane.

Entre les deux se situent les labours anguleux (bande partiellement disloquée) et les labours arrondis (bande
disloquée mais encore visible. L'écoulement de l'eau en excès est plus lent).
20

D'après l'inclinaison des bandes :

– Le labour piqué (ouvert) : la bande est presque verticale. L'écoulement de l'eau est idéal mais la végétation
repousse vite, mal enfouie.

– Le labour dressé (angle de la bande avec l'horizontale de 45 à 90°). Il offre de bonnes conditions de circulation
de l'eau,

de destruction des mauvaises herbes, d'enfouissement… – Le labour couché (l'angle est inférieur à 45°).

Facteurs de variation du labour

Le sol suivant sa texture, sa consistance, influence l'aspect du labour obtenu (sol sec → émiettement).

Le réglage de la charrue : profondeur et largeur de labour (si on peut augmenter la largeur, le labour est moins
émietté ; si on augmente la profondeur, le labour est plus dressé).

Profondeur de labour 3
Rapport = le labour est dressé.
Largeur du corps 4

1
Rapport = le labour est couché.
2

2
Rapport = le labour est intermédiaire.
3

La vitesse augmente l'émiettement (= principal facteur de variation).

Le type de versoir : différents types :

– Les versoirs hélicoïdaux : leur action est peu brutale et la bande est peu émiettée (ils accompagnent la bande
dans son retournement).

– Les versoirs cylindriques : sont plus agressifs. La bande est émiettée surtout si le versoir est creux. Un versoir
cylindrique plat donne un labour dressé.

– Les versoirs "universels" : intermédiaires entre les deux précédents font un travail intermédiaire.
Selon la forme du versoir, on distingue plusieurs angles (ex. : angle de montée de la terre) qui déterminent le
type de travail réalisé.

– Les versoirs losange

Versoir classique. Versoir losange =


21

- passage de roue facilité et

épaulement des bandes,

- charrues plus courtes.

Outre leur forme, les versoirs peuvent être plus ou moins longs : les courts émiettent plus, les longs sont plus
adaptés au labour rapide.

De nombreux réglages doivent être effectués au moment du labour pour que la charrue réalise correctement le
labour recherché.

Le choix du type de rasette intervient également dans l'émiettement et le mélange des débris végétaux. Une
rasette large, avancée par rapport au soc, une vitesse élevée, placent les débris en fond de raie (et non sur le flanc
de labour).

Le labour recherché

Il dépend des objectifs (parfois contradictoires : pour installer labour jeté mais
il faut aussi faciliter l'écoulement de l'eau → trouver des compromis. une culture on cherche un labour
plus dressé). Il faut
De manière simplifiée, 3 cas se présentent :

Les labours d'été ou de printemps juste avant un semis : un labour plat, émietté, est recherché (moins en sol
battant). La préparation du lit de semences doit suivre rapidement (éviter que les mottes durcissent ou reprennent
en masse).

Les labours d'été (d'automne) avant semis d'automne : un labour avec des mottes en profondeur est conseillé, les
sols argileux étant labourés le plus tôt possible (dès récolte du précédent). Les sols battants sont labourés avant
semis. Les labours sont de type arrondi, émietté en surface et plus motteux en profondeur.

Les labours de fin d'été - d'automne - d'hiver avant semis de printemps : il faut éviter la terre fine. Plus le sol est
argileux, plus le labour doit être précoce (le sol battant est labouré au printemps !) Le labour est dressé, peu
émietté pour favoriser l'écoulement de l'eau et l'action du climat.

Remarques :

– Le sens du labour : selon la pente en sol humide, et perpendiculairement s'il existe des risques d'érosion.

– La profondeur dépend de la largeur des corps et du type de labour. Un approfondissement entraîne un


appauvrissement du sol.

Le labour peut être réalisé également par :

Les charrues à disques

Socs et versoirs sont remplacés par des calottes sphériques tournant, inclinées. Elles enfouissent mal les débris
végétaux et sont utilisées en sols caillouteux ou usants. Elles émiettent plus. En sol humide, elles forment des
copeaux très tassés (déconseillées en sols battants ou sableux). Le labour est moins régulier.

On peut également utiliser :

des machines à bêcher (surtout en sol argileux à consistance semi-plastique), mais elles ne retournent pas le sol
ni ne forment de bandes de labour ;

des cultivateurs rotatifs lourds.

1.3.2.3. Le pseudo-labour

Il peut être réalisé par des décompacteurs légers ou rotatifs, des appareils à dents, type Chisel – cultivateur lourd.

1.3.2.4. Le travail superficiel


22

On peut employer :

la déchaumeuse à soc (travail comparable à la charrue sur 10 à 15 cm).

les chisels (écartement entre dents de 25 à 40 cm), dont le travail est variable se-lon le type d'étançon et de soc, le
type de fixation sur le bâti (permettant ou non les vibrations, etc.), la vitesse et le nombre de passages, la
consistance du sol.

les pulvériseurs à disques (déchaumeuses, pulvériseurs offset ou covercop, pulvériseurs tandem) dont l'efficacité
augmente avec leur angle d'attaque, la vitesse, le nombre de trains de disques (ou de passages).

les cultivateurs à dents (les lourds travaillant plus profondément). Le travail dépend du nombre de dents et de
leurs caractéristiques (étançons + socs). Ils peuvent également effacer un relief si le nombre de dents est
important et incorporer des engrais en plus de leurs actions d'émiettement-enfouissement-mélange.

les cultivateurs rotatifs, à axe vertical ou horizontal. Assez agressifs, ils sont déconseillés en sols battants ou
sableux.

1.3.2.5. Préparation du lit de semences

Sont utilisés selon les situations :

les cultivateurs rotatifs à axe horizontal (qui peuvent être combinés à un semoir).

les herses animées par la prise de force du tracteur (alternatives ou rotatives) : les dents sont animées d'un
mouvement de va et vient (alternatives) ou de rotation.

les vibroculteurs : les dents vibrent (écartement 8 à 15 cm). Ils émiettent, enfouissent, mélangent, incorporent,
effacent un relief selon le nombre de dents, leurs caractéristiques, etc. (voir autres outils à dents).

les herses classiques : bien adaptées au tri mottes-terre fine et au nivellement (écartement entre dents, 4 à 7 cm).
Elles permettent également d'effacer un relief, d'enfouir et de mélanger et un léger rappuyage.

les herses à dents vibrantes : compromis herse classique-vibroculteur.

1.3.2.6. Le roulage

De très nombreux rouleaux (lisse ou ondulé, cultipackers, croskills, croskillettes, rouleaux squelettes, cambridge,
spirales, à disques, étoiles) tassent plus ou moins en profondeur, émiettent plus ou moins, laissant ou non un
relief en surface. Certains sont intégrés à des outils de travail du sol (herses à cages roulantes, rouleaux packers
ou à barres ou multidisques). Les passages rapides réduisent l'extension de la zone tassée et le degré de tassement
mais accroissent la production de terre fine. (Le tassement est d'autant plus fort que le sol est comprimé sur une
base déjà tassée).

1.3.2.7. Le déchaumage

Déchaumeuses, chisels, pulvériseurs, cultivateurs lourds, cultivateurs rotatifs (hori-zontal), outils auto-animés et
bêches roulantes peuvent être employés.

1.3.2.8. La reprise profonde (de labour ou de pseudo-labour)

Elle est réalisable surtout par des chisels, cultivateurs lourds ou rotatifs (horizontal).

1.3.2.9. La reprise superficielle

On utilise surtout les cultivateurs légers ou rotatifs (horizontal), les vibroculteurs, les différentes herses.

1.3.3. Choix des techniques et outils

Pour décider d'une opération, il faut connaître l'état de la parcelle, le profil souhaité pour la culture, le
comportement du sol sous l'action des outils et du climat. De nombreuses observations sont nécessaires.
23

1.3.3.1. Le profil cultural

C'est un moyen de diagnostic, de prévision et de contrôle des opérations culturales.

Objectifs

Les buts sont toujours bien précis.

Exemples : détection de l'origine d'un excès d'eau, à quelle profondeur se situe un obstacle, quels horizons
travailler et comment ? Quelle est leur humidité ? L'intervention réalisée est-elle suffisante ?

Différentes étapes de réalisation

L'emplacement doit être représentatif de la parcelle dans le cas du travail du sol.

Le creusement de la tranchée se fait sur 2 m de largeur, perpendiculairement aux opérations culturales, et de


profondeur supérieure au labour (ou d'enracinement parfois).

L'auscultation est réalisée en frappant le profil avec le manche d'un couteau (détection des zones compactes,
humides). On effrite le profil au couteau pour dégager les mottes, en évitant de lisser (de haut en bas).

L'examen du profil met en évidence :

des limites entre horizons par la couleur, l'humidité, la porosité, la structure (texture), les lissages, les semelles…
;

dans chacun des horizons ainsi délimités, la structure est très variable (terre fine, gros blocs, zones creuses…).
On observe la répartition des matières organiques, leur décomposition, les indices d'activité biologique (galeries
de vers), les racines, les structures, les accidents (ex. : taches de gley, lissages…)

Avec un peu d'habitude, on relie facilement chaque caractéristique à une origine déterminée (précédents travaux
culturaux en particulier). On bâtit ainsi un diagnostic. Pour les décisions pratiques, il faut tenir compte également
de l'évolution probable du profil sous le climat et des exigences des cultures suivantes.

1.3.3.2. Eléments de choix des différentes techniques

Pour obtenir le profil recherché, le passage de plusieurs outils est souvent nécessaire. Le choix de la technique va
dépendre de l'état initial de la parcelle, du délai et des moyens disponibles (intervention du climat, organisation
et matériel de l'exploitation).

La technique classique

Elle consiste à effectuer (un déchaumage) un labour (une reprise), une préparation du lit de semences et le semis.
Elle est coûteuse en temps, carburant, main d'œuvre et très dépendante du climat (et des interventions en sol
humide entraînent l'obtention de lissages, semelles et profils non adaptés !)

Des techniques réduisant le nombre de façons culturales ou passages sont alors apparues.

Avantages : s'affranchir (plus ou moins) des aléas climatiques, accroître la productivité du travail, d'où une
meilleure organisation du travail dans l'exploitation, une plus grande liberté de choix des successions culturales
ou un meilleur respect des dates optimales de semis. Les situations où cette simplification semble la plus
bénéfique sont celles où la durée récolte-semis culture suivante est courte.

Trois types de techniques introduisent cette réduction de passages : pseudo-labour, travail superficiel, semis
direct.

Cette simplification a été rendue possible par la mise au point d'outils plus efficaces, la possibilité de combiner
plusieurs outils derrière le tracteur, la fabrication de semoirs spé-ciaux pour les semis directs (associés à la mise
au point d'herbicides non rémanents).
24

Conditions d'exécution des techniques simplifiées :

Le travail superficiel est possible si le sol draine correctement, n'est pas compacté et si le volume des résidus
végétaux ne gêne pas le fonctionnement des outils prévus.

Le semis direct exige les mêmes conditions. De plus, le sol doit être sans ornières et peu caillouteux. Cette
technique utilisée en continu peut entraîner une prolifération de mauvaises herbes vivaces, une concentration des
matières organiques et des engrais P-K en surface. Les cultures de printemps sont moins tolérantes vis-à-vis de
cette technique.

1.3.3.3. Le choix de l'outil

Le choix d'un équipement nécessite une bonne connaissance du comportement du sol sous le climat local et de
l'action des outils pour avoir un matériel adapté au contexte agronomique de l'exploitation. Critères
économiques, d'organisation de l'exploitation (ex. : capacité en surface travaillée par jour de l'outil, puissance
nécessaire de traction, etc.) complètent ces considérations.

Au moment de réaliser le travail, la technique étant fixée, le choix de l'outil sera effectué en fonction de
l'opération culturale, des effets recherchés par son passage (observation de profil) en relation avec le type et la
consistance du sol.

Un contrôle du travail réalisé permettra de rectifier ou compléter éventuellement l'itinéraire technique (=


succession des opérations culturales) prévu.

1.4. Semis et plantations

1.4.1. Le semis

1.4.1.1. Les conditions de réussite

Elles sont liées à la qualité des semences et aux conditions de milieu.

Qualités des semences

Un bon lot de semences doit :

appartenir à l'espèce et variété choisies (sa pureté spécifique et variétale répondent à des taux minimum) ;

être exempt d'impuretés (taux maximum d'impuretés toléré) ;

être de conservation facile (humidité faible en particulier) ;

germer en donnant des plants viables : sa faculté germinative répond à une norme minimale ;

avoir un bon état sanitaire.

Les semences certifiées garantissent ces qualités (certifiées par le Service Officiel de Contrôle et de Certification,
organisme technique du Groupement National Interprofes-sionnel des Semences). Les normes sont variables
selon les espèces.

Remarques :

– Seules les variétés inscrites au Catalogue officiel sont commercialisables.

– La faculté germinative représente le pourcentage de graines qui ont germé sur un lot (de 50 à 100 graines)
placé dans des conditions favorables, après un temps déterminé. L'énergie germinative est mesurée par le nombre
de plantules viables obtenu en un temps moitié du précédent (= "vitesse de germination" qui doit être élevée).

– Les semences peuvent être traitées contre les maladies et ravageurs. Les légumineuses (ex. : luzerne, soja)
peuvent être inoculées avec des bactéries symbiotiques fixatrices d'azote (rhizobium).

Conditions de milieu : voir les conditions de préparation du sol.

Quelques remarques :

Les semences exigent humidité, oxygène, chaleur.


25

La chaleur : abris, châssis, tunnels, serres, permettent d'avancer la saison des semis.

L'humidité :

– Le trempage des graines à téguments épais (dites dures) durant quelques heures dans de l'eau tiède, facilite la
germination (mais attention à l'asphyxie !)

– La stratification de ces semences a également le même but (ex. : noyaux fruitiers, pépins). On dispose les
graines dans un récipient, par lits alternés avec du sable (ou terre sableuse) ou en mélange avec lui. Le sable est
maintenu humide. Le semis doit être réalisé dès que la radicule pointe.

1.4.1.2. Réalisation pratique

Le semis peut être en place (pas de repiquage ultérieur) ou en pépinière.

Dates, doses, profondeur de semis sont variables selon les cultures, les conditions de milieu (sol, climat) et
technique de semis employée.

Différents modes :

à la volée : les graines sont réparties sur toute la surface (les opérations culturales suivantes peuvent être
malaisées) ;

en lignes : économise les semences et facilite les interventions ultérieures ;

en pieds séparés ou en poquets : ce sont des semis en lignes où les semences sont très espacées, seules ou en
groupes (= poquets) de 2 ou 3 plantes.

Le sol peut être désinfecté et traité avant le semis (vapeur, pesticides, etc.).

1.4.2. Repiquages – Plantations

Le repiquage permet de donner aux plantes une place en rapport avec leur développement.

Diverses précautions favorisent la reprise des plants :

L'habillage réduit la transpiration en supprimant une partie du feuillage, facilite le repiquage et l'émission de
radicelles par coupure des racines trop longues ou cassées (les plants sont alors à racines nues et non en mottes).

Le pralinage = enrobage des racines avec un mélange terre + hormones.

Le bornage = "tassement" de la terre pour la faire adhérer aux racines.

L'arrosage est souvent nécessaire, le système racinaire se trouvant réduit.

Le zinc

Le zinc a un rôle catalytique, il est très important dans l'élaboration d'acides aminés permettant la formation
d'hormones végétales, et donc dans les processus de croissance. Les carences se manifestent d'abord sur les
organes jeunes : chlorose internervaire jaune pâle virant au blanc le plus souvent, maladie "en rosette" chez les
arbres fruitiers.

Le cuivre

C'est un composant de certaines protéines. Il intervient également dans la synthèse de la chlorophylle. Lors de
carences, on observe une réduction de croissance, ainsi qu'un jaunissement des feuilles jeunes, commençant par
les bords.

Le bore

Le bore a un rôle catalytique, intervient dans la fixation du calcium, le développement des cellules, le transport et
l'utilisation des glucides. En cas de carence, on observe une croissance retardée et anormale des points végétatifs.
Les feuilles jeunes sont tordues, épaisses, bleu vert sombre. La fertilité du pollen est réduite.
26

Le molybdène

Il intervient dans la fixation et l'utilisation de l'azote dans la plante, ainsi que sur l'activation d'enzymes. Les
carences se manifestent d'abord sur les vieilles feuilles, qui jaunissent et dont les bords se nécrosent.

2.1.4. Les mécanismes d'absorption

Les mécanismes d'absorption ne sont pas les mêmes pour tous les ions. L'absorption peut être :

passive : il s'agit alors simplement de diffusion à travers les membranes des cellules ;

active par sélection des ions absorbés en fonction des besoins. Il existe néan-moins des antagonismes entre ions :
certains ions limitent l'absorption d'autres ions (ex. : potassium/magnésium, potassium/calcium,
phosphore/cuivre…)

Il peut aussi y avoir consommation "de luxe", la plante absorbant un ion en quantité nettement supérieure à ses
besoins (cas du potassium).
27

En agriculture, le producteur n'effectuera régulièrement que les apports de macro-éléments, car les sources
d'oligo-éléments sont nombreuses, et suffisent généralement à couvrir les besoins des cultures (apports par les
engrais et amendements qui ne sont pas des produits "purs", par les restitutions de matière organique, par
l'altération des roches, etc.) En horticulture, par contre, le développement des cultures hors sol amène

un suivi beaucoup plus précis de la fertilisation des plantes, et les oligo-éléments sont associés aux
macroéléments lors de la fabrication des solutions nutritives.

2.2. Les principes de la fertilisation

Il existe certains principes simples qui permettent de mieux adapter la fertilisation à la production envisagée. Les
"lois de fertilisation" doivent néanmoins être appliquées avec discernement.

2.2.1. La loi de restitution

Il est indispensable de restituer au sol, pour qu'il ne s'épuise pas, tous les éléments fertilisants que lui enlèvent les
récoltes. »

Cette loi ne tient compte que des exportations. Mais le sol peut subir d'autres pertes (lessivage, blocage,
rétrogradation, consommation de luxe). Il peut également bénéficier d'apports naturels (fourniture d'azote par les
micro-organismes, dégradation des minéraux du sol).

2.2.2. La loi des avances

Des avances d'éléments fertilisants sont nécessaires pour couvrir en temps voulu les besoins de la culture. »

Néanmoins, ces avances devront se faire sous des formes peu lessivables. Elles seront donc tributaires de
l'activité microbienne pour devenir assimilables par la plante, qui, elle, a des besoins variables en fonction de son
stade de développement.

2.2.3. La loi du minimum, également appelée loi des facteurs limitants

L'importance du rendement d'une récolte est déterminée par l'élément qui se trouve en plus faible quantité
relativement aux besoins. »

Cela revient à dire qu'on aura un rendement optimum si tous les éléments sont apportés en quantité optimum. Si
un élément minéral n'atteint pas ce niveau, c'est lui qui sera le facteur limitant du rendement. Néanmoins, il peut
y avoir interaction entre des éléments minéraux qui, lorsqu'ils sont associés, peuvent augmenter (action positive)
ou réduire (action négative) le rendement. D'autre part, la fertilisation n'est pas seule à déterminer le rendement :
le sol, le climat, la faune, la flore, etc. jouent également un rôle fondamental et peuvent aussi être des facteurs
limitants.

2.2.4. Loi des suppléments de rendement moins que proportionnels

Quand on apporte au sol des doses croissantes d'un élément fertilisant, les augmentations de rendement obtenues
sont de plus en plus faibles au fur et à mesure que les quantités apportées s'élèvent. »

Ceci peut se traduire par la courbe suivante :

Rendements
a b

 ‘
28

Quantité d'engrais apportée

3 zones se différencient :

1 L'augmentation du rendement est proportionnelle aux quantités d'engrais apportée.

Les doses d'engrais ont de moins en moins d'effet sur le rendement. Dans cette zone, on déterminera "l'optimum
économique" (a) : en effet, un apport d'engrais supplémentaire doit être couvert, financièrement, par le
supplément de rendement qu'il permet. L'optimum économique correspond donc à un rendement inférieur au
rendement maximum (b), en général.

Malgré l'augmentation des doses d'engrais apportées, le rendement diminue. On a alors apparition de phénomène
de toxicité des éléments minéraux sur la plante.

2.2.5. Autres facteurs à prendre en compte

L'aspect quantitatif des récoltes a été longtemps le seul élément déterminant du revenu agricole. Mais,
actuellement, l'aspect qualitatif ne peut plus être négligé. Selon les plantes, les aspects externes (présentation,
homogénéité, régularité…) ou internes (critères technologiques, nutritifs, gustatifs…) prédominent. D'autre part,
la fertilisation peut modifier la résistance des plantes au parasitisme.

Il faut néanmoins retenir que tous les facteurs ne peuvent être augmentés simultanément indéfiniment. Il existe
pour chaque plante un optimum au-delà duquel existent des antagonismes, en particulier entre quantité et qualité
produites.

2. LA FERTILISATION

2.1. La nutrition de la plante

Le but de la fertilisation minérale est, bien sûr, de mettre à la disposition de la plante tous les éléments minéraux
dont elle a besoin, quand elle en a besoin.

2.1.1. Les lieux d'absorption d'éléments minéraux

La plante peut absorber des éléments minéraux par toute sa surface :

au niveau des racines : prédominance de l'absorption d'eau et de substances minérales dissoutes (sous forme
d'ions) ;
au niveau de la partie aérienne : absorption surtout de gaz carbonique (CO 2) et d'oxygène (O2).

2.1.2. Les éléments indispensables

De nombreux éléments minéraux peuvent être absorbés, mais 15 seulement sont indispensables à la croissance et
au développement.

3 d'entre eux sont fournis par l'eau et l'air, et ne rentrent pas en ligne de compte pour l'agriculteur, généralement :
l'hydrogène (H), l'oxygène (O) et le carbone (C).

6 sont nécessaires en quantités importantes : l'azote (N), le phosphore (P), le soufre (S), le potassium (K), le
calcium (Ca), le magnésium (Mg). Ce sont les macroéléments indispensables.

6 sont prélevés en quantités faibles : le fer (Fe), le cuivre (Cu), le manganèse (Mn), le zinc (Zn), le bore (B), le
molybdène (Mo).

2.1.3. Leur rôle dans la plante

2.1.3.1. Les macroéléments

L'azote

L'azote est principalement un facteur de croissance. Celle-ci se traduit par une augmentation de surface foliaire,
donc une photosynthèse plus importante, d'où un rendement supérieur. Il a également un rôle fondamental dans
29

l'élaboration des protéines, et donc des réserves azotées et de la chlorophylle. L'absorption d'azote se fait surtout
sous forme nitrique (ion NO3–) ou ammoniacale (NH4+). Cette dernière forme concerne principalement les
plantes jeunes ou "préférantes". Les carences en azote se manifestent par un pâlissement généralisé, commençant
par les feuilles jeunes, et une réduction de la croissance. En excès, l'azote provoque des retards de maturité et une
sensibilité supérieure aux maladies et aléas climatiques (verse, échaudage…).
30

Le phosphore

Comme l'azote, est très important pour la croissance et la formation des protéines. Il permet le stockage de
l'énergie, d'où un rôle fondamental dans la photosynthèse, la respiration… Il favorise la mise à fleur, et son
absorption diminue à partir de la floraison. Les carences se manifestent par une réduction de la croissance, et une
coloration vert foncé à violacé des feuilles qui vieillissent prématurément. Ces symptômes apparaissent d'abord
sur les feuilles âgées.

Le potassium

Contrairement à l'azote et au phosphore, le potassium n'intervient pas dans la constitution des tissus, mais a un
rôle essentiellement catalytique. Il va favoriser le déclenchement et la rapidité de diverses réactions chimiques
qui se produisent dans la plante (photosynthèse, respiration, économie de l'eau, synthèse des protéines, résistance
aux maladies). Les carences se manifestent par des nécroses marginales, le plus souvent, et d'abord sur les
feuilles âgées.

Le magnésium

C'est également un activateur enzymatique (rôle catalytique). Très important dans la constitution de la
chlorophylle, il stimule également l'absorption et le transport du phos-phore dans la plante. Les carences se
manifestent généralement par des décolorations entre les nervures qui restent vertes. Les feuilles âgées sont les
premières touchées.

Le soufre

C'est un activateur des réactions de synthèse (vitamines, enzymes…). Il intervient dans l'élaboration des
protéines (acides aminés soufrés) et de lipides (huiles "essentielles" odorantes). Les carences se manifestent par
des pâlissements des parties jeunes, parfois accompagnés de déformations (gaufrage, épaississement).

Le calcium

Il a à la fois un rôle plastique dans la constitution et la résistance des parois des cellules, et un rôle catalytique,
comme le potassium et le magnésium.

2.1.3.2. Les oligo-éléments

Tous les oligo-éléments ont un rôle essentiellement catalytique, c'est-à-dire d'activateur de réactions chimiques
ou enzymatiques.

Le fer

Le fer est indispensable à la formation d'enzymes permettant la photosynthèse, la respiration… Il permet


l'élaboration de la chlorophylle, mais n'en est pas un élément constitutif. Il joue également un rôle dans les
divisions cellulaires. Les carences se mani-festent par des pâlissements (ou chloroses) entre les nervures,
apparaissant d'abord sur les feuilles jeunes. En excès, il est rapidement toxique, surtout sur les jeunes plantes.
31

Le manganèse

C'est un activateur d'enzymes de nombreuses réactions : photosynthèse, respiration, oxydoréduction… Les


symptômes de carences apparaissent d'abord sur les feuilles âgées, et sont très variables selon les plantes : taches
grises chez les céréales, jaunâtres chez le maïs, en V pour les arbres fruitiers… La toxicité est fréquemment liée à
un manque de fer.

Le zinc

Le zinc a un rôle catalytique, il est très important dans l'élaboration d'acides aminés permettant la formation
d'hormones végétales, et donc dans les processus de croissance. Les carences se manifestent d'abord sur les
organes jeunes : chlorose internervaire jaune pâle virant au blanc le plus souvent, maladie "en rosette" chez les
arbres fruitiers.

Le cuivre

C'est un composant de certaines protéines. Il intervient également dans la synthèse de la chlorophylle. Lors de
carences, on observe une réduction de croissance, ainsi qu'un jaunissement des feuilles jeunes, commençant par
les bords.

Le bore

Le bore a un rôle catalytique, intervient dans la fixation du calcium, le développement des cellules, le transport et
l'utilisation des glucides. En cas de carence, on observe une croissance retardée et anormale des points végétatifs.
Les feuilles jeunes sont tordues, épaisses, bleu vert sombre. La fertilité du pollen est réduite.

Le molybdène

Il intervient dans la fixation et l'utilisation de l'azote dans la plante, ainsi que sur l'activation d'enzymes. Les
carences se manifestent d'abord sur les vieilles feuilles, qui jaunissent et dont les bords se nécrosent.

2.1.4. Les mécanismes d'absorption

Les mécanismes d'absorption ne sont pas les mêmes pour tous les ions. L'absorption peut être :

passive : il s'agit alors simplement de diffusion à travers les membranes des cellules ;

active par sélection des ions absorbés en fonction des besoins. Il existe néan-moins des antagonismes entre ions :
certains ions limitent l'absorption d'autres ions (ex. : potassium/magnésium, potassium/calcium,
phosphore/cuivre…)

Il peut aussi y avoir consommation "de luxe", la plante absorbant un ion en quantité nettement supérieure à ses
besoins (cas du potassium)
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En agriculture, le producteur n'effectuera régulièrement que les apports de macro-éléments, car les sources
d'oligo-éléments sont nombreuses, et suffisent généralement à couvrir les besoins des cultures (apports par les
engrais et amendements qui ne sont pas des produits "purs", par les restitutions de matière organique, par
l'altération des roches, etc.) En horticulture, par contre, le développement des cultures hors sol amène

un suivi beaucoup plus précis de la fertilisation des plantes, et les oligo-éléments sont associés aux
macroéléments lors de la fabrication des solutions nutritives.

2.2. Les principes de la fertilisation

Il existe certains principes simples qui permettent de mieux adapter la fertilisation à la production envisagée. Les
"lois de fertilisation" doivent néanmoins être appliquées avec discernement.

2.2.1. La loi de restitution

Il est indispensable de restituer au sol, pour qu'il ne s'épuise pas, tous les éléments fertilisants que lui enlèvent les
récoltes. »

Cette loi ne tient compte que des exportations. Mais le sol peut subir d'autres pertes (lessivage, blocage,
rétrogradation, consommation de luxe). Il peut également bénéficier d'apports naturels (fourniture d'azote par les
micro-organismes, dégradation des minéraux du sol).

2.2.2. La loi des avances

Des avances d'éléments fertilisants sont nécessaires pour couvrir en temps voulu les besoins de la culture. »

Néanmoins, ces avances devront se faire sous des formes peu lessivables. Elles seront donc tributaires de
l'activité microbienne pour devenir assimilables par la plante, qui, elle, a des besoins variables en fonction de son
stade de développement.

2.2.3. La loi du minimum, également appelée loi des facteurs limitants

L'importance du rendement d'une récolte est déterminée par l'élément qui se trouve en plus faible quantité
relativement aux besoins. »

Cela revient à dire qu'on aura un rendement optimum si tous les éléments sont apportés en quantité optimum. Si
un élément minéral n'atteint pas ce niveau, c'est lui qui sera le facteur limitant du rendement. Néanmoins, il peut
y avoir interaction entre des éléments minéraux qui, lorsqu'ils sont associés, peuvent augmenter (action positive)
ou réduire (action négative) le rendement. D'autre part, la fertilisation n'est pas seule à déterminer le rendement :
le sol, le climat, la faune, la flore, etc. jouent également un rôle fondamental et peuvent aussi être des facteurs
limitants.

2.2.4. Loi des suppléments de rendement moins que proportionnels

Quand on apporte au sol des doses croissantes d'un élément fertilisant, les augmentations de rendement obtenues
sont de plus en plus faibles au fur et à mesure que les quantités apportées s'élèvent. »

Ceci peut se traduire par la courbe suivante :

Rendements
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  ‘

Quantité d'engrais apportée

3 zones se différencient :

1 L'augmentation du rendement est proportionnelle aux quantités d'engrais apportée.

Les doses d'engrais ont de moins en moins d'effet sur le rendement. Dans cette zone, on déterminera "l'optimum
économique" (a) : en effet, un apport d'engrais supplémentaire doit être couvert, financièrement, par le
supplément de rendement qu'il permet. L'optimum économique correspond donc à un rendement inférieur au
rendement maximum (b), en général.

Malgré l'augmentation des doses d'engrais apportées, le rendement diminue. On a alors apparition de phénomène
de toxicité des éléments minéraux sur la plante.

2.2.5. Autres facteurs à prendre en compte

L'aspect quantitatif des récoltes a été longtemps le seul élément déterminant du revenu agricole. Mais,
actuellement, l'aspect qualitatif ne peut plus être négligé. Selon les plantes, les aspects externes (présentation,
homogénéité, régularité…) ou internes (critères technologiques, nutritifs, gustatifs…) prédominent. D'autre part,
la fertilisation peut modifier la résistance des plantes au parasitisme.

Il faut néanmoins retenir que tous les facteurs ne peuvent être augmentés simultanément indéfiniment. Il existe
pour chaque plante un optimum au-delà duquel existent des antagonismes, en particulier entre quantité et qualité
produites.

2.3. Le calcul de la fertilisation

Un calcul précis de la nutrition de la plante est actuellement impossible. En culture hors sol, on peut connaître
exactement les doses apportées et celles absorbées à un moment donné, mais on ne connaît pas les besoins précis
de chaque plante à chaque stade, ou même à chaque heure de la journée. En culture traditionnelle, le problème
est encore plus complexe puisque l'action du climat, du sol et de la vie biologique intervient.

La fumure est donc raisonnée à partir d'estimations qui doivent être les plus proches possibles de la réalité.

2.3.1. Le bilan global annuel

Il confronte les apports réalisés avec des produits apportés et les pertes dues aux produits vendus, au lessivage ou
aux blocages.

Si les importations sont supérieures aux exportations, il y a gaspillage, les éléments minéraux apportés n'étant
pas valorisés par un surcroît de production.

Si les importations sont inférieures aux exportations, il y a généralement épuisement progressif des réserves du
sol.

Si les importations et les exportations sont égales, les problèmes seront très restreints à condition de maintenir
une vie biologique intense dans le sol.

2.3.2. Le bilan annuel pour chaque élément : fumure d'entretien

On fait la différence entre les gains et les pertes, et on réajuste si nécessaire à l'aide d'engrais, organiques ou
minéraux.

Les gains :

– décomposition des matières organiques,


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– apports climatiques (par les pluies),

– apports liés à la vie microbienne (symbiotique ou non).

Les pertes :

– exportations des cultures,

– lessivage (beaucoup plus faible en sol couvert qu'en sol nu),

– fixations et blocages.

2.3.3. Les fumures de redressement

Leur rôle est d'améliorer le stock nutritif du sol afin que celui-ci ait un bon niveau de fertilité. Elles sont
calculées à partir d'analyses de sol effectuées dans des laboratoires spécialisés, qui établissent des normes de
richesse ou pauvreté en éléments fertilisants. Les analyses de sol sont généralement faites à la fin d'une rotation,
et les doses à apporter peuvent être réparties sur la rotation suivante. Elles ne concernent pas l'azote.
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2.3.4. La fumure azotée

La fourniture d'azote dans un sol dépend essentiellement de l'activité biologique de celui-ci.

D'où l'importance de l'entretien en matières organiques et de la culture de légumineuses.

Rappelons que :

l'azote organique est une forme de réserve, disponible après minéralisation (qui est fonction des conditions
climatiques) ;
l'azote ammoniacal (NH4+) est fixé sur le complexe argilo-humique, mais qu'il est rapidement transformé en
nitrates ;

les nitrates, s'ils ne sont pas assimilés immédiatement par les plantes sont lessi-vés et sont particulièrement
responsables de la pollution de nappes phréatiques ;

l'azote est rapidement toxique pour les plantes ; il diminue d'autre part leur résistance aux maladies, lorsqu'il est
en excès.

La fourniture d'engrais azotés minéraux doit donc rester essentiellement une fumure complémentaire à l'activité
biologique. Elle est particulièrement liée à l'observation des cultures, et donc, il s'agit essentiellement d'une
fumure d'entretien fractionnée en fonction des stades de développement.

Estimation des apports d'azote :

– pluies : 5 kg/ha/an

– fixations non symbiotiques : 1 à 15 kg/ha/an

– fixations symbiotiques : 100 à 400 kg/ha/an

– l'humus contient environ : 5 % d'azote

Estimation des pertes :

– exportations en fonction des cultures (cf. tableau p. …)

– lessivage : 30 à 150 kg/ha/an (sol nu), 3 à 80 kg/ha/an (sol couvert)

2.3.5. La fumure phospho-potassique

Rappelons que :

en sols de pH extrême, il peut y avoir blocage du phosphore (par le calcium si le pH est élevé, par le fer si le pH
est bas) ;

le phosphore est assez peu mobile dans le sol, donc peu lessivé, et d'autant moins que le sol est riche en humus ;

la potasse peut subir une rétrogradation (ou fixation) entre les feuillets de l'argile, d'autant plus limitée que le sol
est riche en matière organique.

Là encore, les apports liés à la minéralisation de la matière organique sont à prendre en compte : environ 0,5 %
pour le phosphore et 5 % pour la potasse. Dans un sol à bonne activité biologique, les fumures de redressement
ne sont pas utiles, en général.
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2.3.6. Les autres éléments

Rappelons que :

le calcium est considéré comme amendement, du fait de son action sur les propriétés physiques du sol ;

le magnésium est antagoniste du potassium pour son entrée dans la plante ;

une quantité trop importante de magnésium par rapport au calcium peut entraîner une dégradation de la structure
;

les oligo-éléments sont, pour la plupart, bloqués en pH élevé.

Dans un sol à bonne activité biologique, le problème de la fertilisation en calcium, magnésium, soufre et oligo-
éléments ne se pose pas.

Les fertilisations calciques n'existent pas à proprement parler, le calcium nécessaire à la nutrition des plantes
étant apporté lors des amendements calciques. En ce qui concerne les oligo-éléments, des apports spécifiques ne
sont réalisés que lorsque les plantes manifestent des symptômes de carence.

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