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INTRODUCTION

Destinée au sultan, sans doute Sanjar dont Fakhr al-Mulk était le


vizir, plutôt qu'à Muhammad, l'autre fils de Malik Chah (mort
en 1092/485), qui avait pris le titre de « sultan de l'Orient et de
l'Occident », la Naçîha rappelle quels sont les devoirs des princes.
Elle commence par une profession de foi, du type de la Risâla
Qudsiyya — intégrée à l'Ihyâ, I, p. 93-111 — et de l'Iqtiçâd. Mais cette
foi doit se concrétiser par l'obéissance à Dieu et la justice (adl) envers
les sujets. Si les prophètes enseignent comment adorer et servir Dieu,
les rois, eux, sont chargés d'empêcher les hommes de commettre des
injustices. Ghazâlî insiste sur le rôle et l'importance du vizir, qui doit
avoir la plus entière confiance du sultan, ainsi que sur la place tenue
par les secrétaires de chancellerie (kuttâb). A noter également la
recommandation de pacifisme que Ghazâlî adresse au vizir et, indi-
rectement, au sultan.
Le Mustaçfâ, beaucoup plus technique, est un traité des fondements
du droit (uçûl al-fiqh), écrit par un maître et un spécialiste de la
question. L'objet essentiel du Mustaçfâ est ainsi résumé par Henri
Laoust : « Il s'agit de définir la notion de règle de droit ou de statut
légal (hukm), d'en chercher les fondements, d'en préciser les buts, et
de tracer la voie qui permettra au " mujtahid" , au docteur de la Loi
qualifié pour cet effort d'interprétation (ijtihâd), non seulement de
rattacher à la même règle de droit l'infinie diversité des cas concrets
posés par la vie, mais encore de travailler à l'élaboration de la doctrine
dans le cadre et les limites que la Loi lui assigne. »
Les deux premières sources de la Loi sont le Coran et la Sunna, qui
englobe tout le corps des traditions remontant au Prophète. La troi-
sième source est constituée par le consensus communautaire (Ume),
dont Ghazali donne la définition suivante : « C'est l'accord de la
communauté de Muhammad en particulier, sur une question d'ordre
religieux. » Ghazâlî y ajoute la raison, mais « comme simple facteur de
cohérence interne » et « ramenée à la simple présomption de conti-
nuité » (istiçhâb) sur le plan temporel ou logique. Voilà donc, selon
Ghazali, les quatre sources objectives de la Loi. L'interprète qualifié
fera usage de sa réflexion personnelle pour tirer de ces sources, en se

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