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fondant sur des preuves, les règles de droit. Et c'est ici qu'intervient le
raisonnement analogique (qiyâs), qui n'est pas admis par toutes les
écoles juridiques islamiques. Pour Ghazâlî, il consiste « à rechercher
la cause (illa) d'une règle de droit donnée et à étendre cette règle à tous
les cas qui participent de la même cause ». A l'interprétation de la Loi
par une personne autorisée et qualifiée, certains opposent le principe
de « l'acceptation d'une doctrine sans preuve (taqlîd)». Ghazâlî le
condamne, sauf dans le cas du musulman ordinaire, obligé de s'en
remettre à un homme savant et honorablement connu.
On voudra bien nous pardonner d'avoir tenu à montrer tous les
aspects de l'oeuvre de Ghazâlî. Elle constitue à elle seule une véritable
encyclopédie islamique. Elle forme un tout, et n'en mentionner qu'un
domaine particulier, comme la spiritualité par exemple, c'était prendre
le risque de la déformer en masquant l'unité qui réside dans sa
diversité même. Le juriste, chez Ghazâlî, n'est pas séparable du
penseur; l'adversaire des philosophes et des ismaéliens est également
un homme de contemplation ; le théologien dogmatique, homme de
dialectique, est le même qui cherchait la certitude intérieure. Ghazâlî
fut ce que l'on pourrait appeler un musulman intégral, qui avait réalisé
la synthèse harmonieuse entre l'amour de la Loi et l'amour de la
Vérité, menant la « Guerre sainte » à la fois contre lui-même et contre
les ennemis de l'Islam, et sacrifiant la paix de l'âme, finalement
atteinte, au sens de la solidarité communautaire. Par sa richesse et sa
noblesse, la personnalité de Ghazâlî est l'une des plus attachantes de
toute l'histoire de l'Islam.