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Steven Biver
Paul Fuqua
Manuel
d’éclairage
photo
Traduit et adapté de l’anglais par René Bouillot
2e édition
© Elsevier, Inc., 2012, pour l’édition originale en langue anglaise.
© Groupe Eyrolles, 2012, pour la présente édition, ISBN : 978-2-212-13416-2.
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XIII
Chapitre 1 : Comment maîtriser la lumière
Les grands principes de l’éclairage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Pourquoi sont-ils importants ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Comment sont choisis les exemples de ce livre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
Faire ou ne pas faire les exercices ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Quel type d’appareil utiliser ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Quelques conseils . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Quel matériel d’éclairage faut-il ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
À quels photographes s’adresse ce livre ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
VII
La famille d’angles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Reflet direct polarisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
Reflets polarisés ou reflets directs ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Convertir les reflets directs « ordinaires » en reflets polarisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
De la théorie à la pratique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
VIII
IX
XI
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
XII
Le métal
Beaucoup d’étudiants et de débutants en photo pensent que les objets en métal sont des sujets
difficiles. Mais quand ils ont appris comment bien éclairer ce matériau, ils s’aperçoivent
qu’il n’en est rien.
Le métal est l’une de ces matières aux caractéristiques très particulières qu’il faut savoir
mettre en valeur par la lumière et par l’ombre. Les métaux au poli « miroir » ont en commun
de ne produire que des reflets directs non polarisés ; la « réponse » de ces métaux à la lumière,
totalement prévisible, est ainsi toujours la même et semble obéir à des règles. Cela veut dire
qu’avant même de choisir et d’installer les sources de lumière, un photographe expérimenté
sait déjà quelle stratégie d’éclairage il va adopter pour valoriser son sujet. Lorsqu’il est
impossible de positionner la source au meilleur endroit, le photographe a donc la capacité
d’anticiper le problème : au lieu de perdre son temps à bâtir son éclairage au petit bonheur la
chance pour s’apercevoir qu’il ne convient pas, il adopte d’emblée la bonne solution.
De plus, la réflexion directe du métal n’étant que très peu contaminée par d’autres types de
reflets, il est facile de juger de la pertinence de la méthode d’éclairage adoptée. En d’autres
termes, le fait d’avoir appris à éclairer le métal brillant en maîtrisant ses reflets directs vous
servira à chaque fois que vous aurez affaire à un sujet ou à une scène comportant, parmi
d’autres matériaux, de telles surfaces aux reflets spéculaires – ce qui est bien plus fréquent
qu’on ne l’imagine.
Ce chapitre introduit de nouveaux concepts et de nouvelles techniques. Le point le plus
important que nous ayons à traiter sur ce thème fait appel au sujet le plus simple : une
plaque de métal. Ce sujet est facile à éclairer, même sans connaissance ni compréhension
des principes optiques liés à la nature du matériau. L’étude détaillée des solutions adaptées
à ce cas simple est néanmoins indispensable, car elles s’appliquent (souvent en association
avec d’autres) à des méthodes d’éclairage très complexes que vous devrez acquérir pour
traiter tous les sujets.
91
Dans ce qui va suivre, beaucoup d’exemples sont fondés sur la notion de famille d’angles
(notée « FA » sur les schémas). Nous en avons abondamment discuté à partir du chapitre 3,
mais elle devient primordiale dans celui-ci.
La plaque métallique
Le métal poli a toutes les propriétés du miroir : il réfléchit tout ce qui se trouve en face de lui.
Cette caractéristique spéculaire signifie que photographier du métal poli ne se limite pas à
l’image de ce matériau, car la photo englobe aussi l’image de l’environnement qu’il réfléchit.
La conséquence de cette remarque est qu’il faut préparer un environnement convenable à
l’objet métallique que nous voulons photographier.
Nous avons vu que la réflexion directe ne peut être produite que par une source de lumière
incluse dans une famille d’angles, dont les dimensions sont limitées par la position du sujet
et de l’appareil. À une petite plaque de métal correspond une famille d’angles étroite (d’où
l’on peut produire les reflets directs désirés). Nous aurons donc moins à nous soucier des
reflets de son environnement. Cela fait de la petite plaque de métal l’exemple le plus simple
pour l’illustration des principes d’éclairage applicables à tous les métaux.
La figure 6.1 est le schéma de base de ce type d’éclairage. Il montre la plaque métallique
et la position de l’appareil. Notez que le point de station de l’appareil est fondamental pour
toutes les prises de vue comportant des surfaces métalliques, car la famille d’angles dépend
de la position de l’objectif par rapport au sujet. Il s’ensuit que la relation entre l’objectif et le
sujet est au moins aussi importante que le sujet lui-même. Nous savons par ailleurs que les
reflets directs ne peuvent être engendrés que par une source de lumière située à l’intérieur
des limites de la famille d’angles indiquée sur le schéma.
La position de l’appareil
an
g
détermine la FA
les
92
93
d’
Projecteur
placement de la lampe ; vous pouvez alors
an
g
les
remplaçant l’appareil
(FA
vous contenter de la placer le plus près
)
possible de l’objectif (à condition que la Marquez ici
lampe ne chauffe pas). la limite la plus
éloignée de la FA
4. étudiez la forme et la position de la surface repérée sur l’écran. En pratique, vous n’aurez
presque jamais besoin d’une source ou d’un cache qui s’ajuste exactement aux limites de la
famille d’angles. C’est néanmoins une bonne occasion d’observer la géométrie de l’image
projetée de la pièce métallique : l’exercice vous servira sans doute pour plus tard.
Rappelons que le bord de la pièce métallique le plus proche du point de vue se trouve en
haut de l’image projetée et vice versa : cette image a été inversée par sa réflexion sur la pièce
métallique jouant le rôle de miroir. Vous vous en souviendrez lorsqu’il s’agira de repérer
la source d’un reflet indésirable ou d’un point chaud. Les relations entre le point de vue, la
pièce métallique et la source de lumière mises en évidence dans cet exercice s’appliquent
quelles que soient l’orientation de l’appareil et la position du sujet.
94
Métal brillant
Le photographe professionnel (et/ou son client) préfère généralement mettre l’accent sur le
brillant du métal ; c’est pourquoi nous commençons par là. Si l’on veut que toute la surface
du métal soit brillante sur l’image, il faut disposer d’une source de lumière qui couvre au
minimum la famille d’angles qui engendre des reflets directs. Notez que le métal poli ne
produisant presque pas de réflexion diffuse, la lumière issue d’une direction de l’espace
extérieure à la famille d’angles n’a pratiquement aucun effet sur le métal, quel que soit son
facteur de réflexion ou la valeur de l’exposition.
Il est également important de noter que la source qui couvre tout juste la famille d’angles est
la taille minimale de sa surface éclairante. Nous verrons plus loin pourquoi nous utilisons
systématiquement une source dont la face
éclairante a une plus grande surface que celle
de la pièce métallique à illuminer. Admettons
Limite proche de la FA
pour l’instant que la source de lumière de
taille minimale est adéquate.
La figure 6.4 propose un schéma d’éclairage
possible. Une torche montée à l’extrémité
d’une perche (appelée « girafe ») éclaire une
Limite éloignée
feuille diffusante par l’arrière. La distance
de la FA entre la source et le diffuseur a été réglée de
manière à ce que le faisceau couvre approxi-
mativement la famille d’angles qui a été
repérée précédemment.
6.4 La source principale de lumière est située et réglée
de telle manière qu’elle illumine toute la surface de la
On peut utiliser comme écran, plutôt que la
famille d’angles dont les limites ont été marquées sur surface diffusante, une feuille de carton blanc
l’écran (figure 6 .3) . opaque que l’on éclaire par l’avant grâce à un
95
Le sujet et le fond
Deux valeurs de gris qui doivent obligatoirement différer sont le gris du sujet et le gris du
fond. Si ces deux valeurs sont identiques ou très voisines, il est impossible de discerner le
sujet dans son environnement. Pour la lisibilité de l’image, il est essentiel que les contours
de l’objet soient bien visibles sur le fond. Si cette condition est remplie, le spectateur ne
remarquera même pas que la surface intérieure de l’objet a la même valeur que le fond, alors
que l’absence de contour est un défaut rédhibitoire.
Par convention (et parce qu’on ne peut pas faire autrement), on admet qu’il y a deux valeurs
de gris principales : un gris très clair que l’on appelle « blanc » et un gris un peu plus dense.
Il reste encore à choisir laquelle des deux composantes de l’image sera le blanc : le sujet ou
le fond ? La question a son importance car le climat psychologique de l’image ne sera pas
le même selon que c’est le fond ou le sujet qui est blanc. Pour le démontrer, nous avons pris
pour sujet un buste en plâtre blanc et un fond en papier blanc.
Pour la photo de la figure 9.11, l’éclairage est bâti de telle sorte que le fond soit blanc et
la statue gris clair. Le spectateur interprète cette image comme étant blanc sur blanc. En
revanche, notre esprit réagit différemment face à un fond gris et un sujet blanc, comme sur
la photo de la figure 9.12. L’image est réussie car elle offre une bonne différence de tonalités
entre la statue et le fond, ainsi qu’un superbe modelé du visage. Par bien des aspects, c’est
la meilleure de la série, mais nous ne la gardons pas pour ce qui va suivre, car elle ne répond
pas au thème « blanc sur blanc » de cette section.
Dans les exemples qui vont suivre, nous retiendrons l’idée que le fond doit être plus blanc que le
sujet. Cette condition est remplie quand la luminosité du fond est de 0,5 à 1 IL supérieure à celle
du gris de l’objet, tout au moins sur ses contours. En effet, une différence de luminosité inférieure
193
9.11 Visuellement, le fond semble blanc, tandis que le 9.12 Sur cette autre interprétation, le fond est d’un gris
buste en plâtre de Jean-Sébastien Bach est gris clair. On uniforme plus dense que la statue. Il s’agit toujours d’une
peut dire que cette photographie est interprétée en image high-key, mais plus satisfaisante en ce qui concerne
valeurs claires (high-key). le rendu du modelé et la sensation de relief.
à 0,5 IL ne permet pas une séparation visuelle suffisante entre l’objet et l’arrière-plan. En revanche,
une différence de luminosité supérieure à 1 IL donnerait naissance à un autre problème : le fond
copieusement éclairé réfléchirait trop de lumière sur la statue en abaissant son contraste.
194
2. Interposez un cache entre la source et le sujet. Cette intervention est presque toujours
nécessaire. Il faut positionner ce cache de manière à ce qu’il projette juste assez d’ombre
sur le dessus du sujet pour ramener sa luminosité à celle de la région frontale. La figure 9.15
représente l’image ainsi améliorée. En ce qui concerne la taille apparente de la source, l’emploi
d’une boîte à lumière de taille moyenne facilite l’installation du cache au-dessus du sujet
– mais la plupart des sources de lumière sont utilisables. En effet, la densité de l’ombre
projetée par le cache est généralement plus critique que l’ombre propre du sujet. Si la source
est compacte (faisceau dirigé), il se peut que l’ombre du bord du cache soit trop nette pour se
fondre naturellement avec l’ombre du sujet. Inversement, une source de grande surface risque
de projeter une ombre trop molle. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de l’expérimenter,
vous ne savez peut-être pas quelles dimensions donner au cache, ni à quelle distance du sujet
il doit se trouver. Ces facteurs dépendent du sujet, de sorte que nous ne pouvons pas vous
9.14 Il y a ici une bonne différenciation entre les 9.15 Le cache placé sous la source projette son ombre
contours de la statue et le fond, sauf sur le dessus de la diffuse sur le dessus de la tête, dont les contours sont
tête, qui se perd dans le gris du fond. maintenant bien marqués.
195
3. Le rendu du volume. Le fond blanc sur lequel le sujet est posé diffuse beaucoup de lumière
sur le sujet. Cet excès de lumière a une fâcheuse tendance à gommer le relief du sujet. La
photo de la figure 9.15 est techniquement acceptable parce que le sujet est relativement
lisible, mais le manque de contraste en fait une image grisâtre et morose. Lorsque le sujet
est beaucoup plus sombre que le fond, il faut placer un réflecteur blanc ou argenté d’un côté
du sujet pour accentuer son relief. Ce n’est pas le cas du buste en plâtre pris en exemple,
qui est presque aussi clair que le fond. La solution consiste alors à placer un écran noir
d’un côté du sujet : ainsi, une portion de la lumière diffusée par le fond est-elle absorbée
par l’écran, ce qui crée une zone d’ombre supplémentaire sur le sujet. C’est ce que nous
avons fait pour la photo de la figure 9.16, qui présente effectivement un meilleur relief.
196
Source principale
Réflecteur
Panneau translucide
Rétroéclairage
9.17 Une plaque en plastique translucide éclairée par 9.18 La plaque translucide éclairée par l’arrière
l’arrière constitue une table lumineuse permettant supprime toute ombre projetée sur le fond par la source
d’obtenir un impeccable fond blanc. principale.
197
Limite proche de la FA
Fa
m
ille
Cache
d’
an
noir
g
les
(FA
)
Cache
noir
Limite éloignée de la FA
6.5 Méthode alternative à celle de la figure 6 .4 : l’écran 6.6 Une troisième alternative à la disposition indiquée
translucide illuminé par l’arrière est ici remplacé par un figure 6 .4 : une boîte à lumière sur laquelle des caches en
réflecteur en carton blanc, éclairé par l’avant avec un carton noir réduisent la face éclairante aux dimensions
petit projecteur . de la famille d’angles .
projecteur spot placé près de l’appareil (figure 6.5). Si l’on règle le diamètre du faisceau issu
du spot de manière à couvrir approximativement la famille d’angles, le métal du sujet sera
éclairé comme il l’était par l’écran diffuseur.
On ne peut pas ajuster les dimensions de la face éclairante d’une boîte à lumière. Si vous
en utilisez une plus grande que nécessaire, vous pouvez découper une ouverture de forme
et dimensions convenables dans du carton noir que vous fixez à l’avant de la source
(figure 6.6).
La spatule dont la lame est en métal brillant (figure 6.7) a été photographiée en utilisant la première
des trois méthodes ci-dessus (figure 6.4). Ainsi, comme nous l’avions prévu, la lame de la spatule
est d’un gris clair agréable. Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de tester ce mode d’éclairage,
vous pouvez en revanche être surpris de constater que le fond, blanc à l’origine, est traduit sur la
photo par un gris foncé ! Ceci est une conséquence inéluctable du principe d’éclairage adopté :
les autres éléments de la composition (le manche de la spatule et le fond) ne réfléchissent essen-
tiellement que de la lumière diffuse. L’exposition est donc normale pour cette scène.
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