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Energies au Maroc : Impacts macroéconomiques et énergies renouvelables

Conference Paper · April 2011


DOI: 10.13140/2.1.3508.2883

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1 author:

Amin Bennouna
Cadi Ayyad University
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Energies au Maroc :
Impacts macroéconomiques et énergies renouvelables
Amin BENNOUNA
LPSCM – Faculté des Sciences Semlalia Marrakech – Université Cadi Ayyad
sindibad@ucam.ac.ma
Dans cette conférence1, nous allons rappeler brièvement à quel point, le Maroc, qui
est un pays sans ressources fossiles significatives, a un indice de dépendance
énergétique parmi les plus élevés au monde.
Par la suite, nous mettrons en évidence comment, durant les 2 dernières décades,
l'économie marocaine a réussi la prouesse consistant à doubler quasiment son
efficacité énergétique tout en accélérant l'accès de sa population à l'électricité et au
gaz butane. Toutefois cette nette amélioration s'est trouvée insuffisante pour
compenser la hausse rapide des prix des combustibles fossiles dont le Maroc
dépend à plus de 95%. Ainsi, malgré la baisse de l’intensité énergétique du pays, les
menaces récentes que fait peser l’environnement international sur les coûts des
produits énergétiques impactent défavorablement l’économie marocaine en érodant
très substantiellement l’efficacité énergétique économique : si aujourd’hui le Maroc
produit 20 Dh de valeur ajoutée pour 1 Dh de coût énergétique, il risque d’atteindre
un niveau économiquement insoutenable de près de 7 pour 1 en 2030 !
Les seules ressources prouvées du Maroc sont renouvelables (hydraulique, éolien,
solaire et biomasse) et la dernière partie de la conférence sera consacrée à la
description commentée des réalisations existantes ou prévues en énergies
renouvelables. En effet, au-delà du problème du réchauffement climatique, le Maroc,
se doit de trouver des alternatives pour exploiter au maximum ses propres
ressources pour éviter qu’une partie de la facture énergétique ne soit payée en
devises.
Dans le domaine de l'énergie hydraulique, le "Maroc fort de son hydroélectricité" est
un mythe. Certes l’ensemble des barrages étanchent la soif des marocains et surtout
de notre agriculture (pour combien de temps encore ?) mais bien que les réalisations
hydroélectriques du Maroc soient nombreuses et consistantes (1'738 MW à fin
2010), elles sont devenues d’autant plus insuffisantes qu’elles sont pénalisées par un
facteur de charge faible, à cause de la nécessité de préserver l'eau dans un contexte
de stress hydrique. Dans le même temps, les sites potentiels pour les grands
barrages hydroélectriques sont pratiquement tous saturés.
Dans le domaine de l'éolien, on ne peut que saluer le "réveil tardif mais vigoureux"
du Maroc. En effet, si nombre de sites intéressants avaient été identifiés dès le début
des années 90, le premier parc n’a vu le jour qu’en 2000 et depuis, les installations
vont bon train au point que le Maroc a réussi à doubler sa capacité à chaque
nouveau parc installé depuis 2000 (50, puis 110, et dépassant 280 MW à fin 2010
avec un très prochain passage par 580 MW). Certes, un tel rythme ne pourra durer
indéfiniment mais le Plan Marocain Intégré de l'Energie Eolienne (PMIEE) vise
justement à le soutenir pour cumuler 2000 MW en 2020, notamment à travers le
programme "Energie Pro" destiné à l'autoconsommation des grands industriels grâce
à la non connexité entre les sites de production d'électricité renouvelable et les
centres de consommation. Le potentiel marocain d’éolien "rentable" est estimé entre
6'000 et 10'000 MW.
Pour ce qui concerne le solaire décentralisé :
- le photovoltaïque (PV) a cumulé près de 13,5 MW à fin 2009, générant près de
21 GWh électriques. Certes, cela ne représente qu'un peu moins de 0,09% de
l'électricité consommée dans le pays (25'000 GWh) mais les problèmes spécifiques
hors réseau qu'il a permis de résoudre étaient sans autre solution (alimentation
solaire électrique hors réseau de kits domestiques, de pompes et de systèmes de
télécommunication).
- Les installations solaires thermiques (IST), qui ont cumulé près de 250'000 m² à fin
2009, ont économisé l'équivalent de près de 150 GWh d'électricité, soit près de
0,9% du total électrique national. L’utilisation de l’heure d’été permet d’en faire
presque autant ! Ce chiffre modeste est essentiellement dû à la concurrence
déloyale du chauffage de l'eau sanitaire au gaz butane dont les subventions ont
atteint près de 5 Dh par kilogramme en 2008-2009, sans aucune distinction sociale.
Si les 600'000 logements individuels occupés par des propriétaires "solvables"
s’équipaient, c’est au moins 1'200'000 m² qui devraient être installés. Pour que ceci
puisse se faire, il faut un cadre mixant le dissuasif et l’incitatif et surtout, redéployer
les subventions du gaz butane par un meilleur ciblage social (actuellement les 20%
les plus riches de la population bénéficient de près de 40% des subventions du
butane).
Malgré les tentatives du Centre de Développement des Energies Renouvelables
(CDER) depuis le début des années 90, on peut dire que hélas, presque rien n’a
encore été fait à grande échelle dans le domaine de l’utilisation rationnelle de la
biomasse énergie. Bien que la consommation de bois de feu soit en régression
(grâce, entre autres, à la subvention du gaz butane), ménageant certes la forêt
marocaine, sa consommation dans les hammams est en progression régulière de par
la poussée démographique et l’urbanisation. Par ailleurs, aucun usage énergétique
des déchets urbains n’est encore fait.
Pour ce qui est des centrales électriques solaires (thermodynamiques ou
photovoltaïques), il a fallu attendre que les coûts se rapprochent de la parité avec le
réseau pour que soit lancé le Plan Solaire Marocain (PSM) qui vise à cumuler
2000 MW en 2020 par le biais d’une agence dédiée (MASEN). A ce sujet, il ne faut
pas se leurrer sur le court terme, tant que l’électricité solaire ne sera pas compétitive,
la meilleure solution pour le Maroc restera d’exporter cette électricité verte vers
l’Europe au prix préférentiels qui lui sont réservés dan le cadre du Plan Solaire
Méditerranéen, quitte à importer son équivalent d’électricité "noire" pour combler le
déficit. La loi 13/2009 proscrit l’alimentation PV (3 à 10 kW coûteraient entre 1,8 à
2,2 Dh/kWh aujourd’hui) par le réseau basse tension (BT) alors que c’est justement
sur la BT, que la parité des coûts avec le réseau (entre 1,2 et 1,4 Dh/kWh) sera
atteinte d’abord !
Face à la dégradation de l’efficacité énergétique économique du Maroc, l’une de
meilleures armes restera encore l’énergie que l’on ne consommera pas ("negawatts")
en luttant contre les divers gaspillages et en utilisant des véhicules, bâtiments,
luminaires et équipements les plus économes en énergie.
1
L’essentiel est tiré du livre "Monographie de l’énergie au Maroc", Amin BENNOUNA, Edité par
ISTICHAR sarl (2011), ISBN 978-9954-30-099-2

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