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Master Droit des Affaires

Module : Contrats du Commerce


Électronique

Exposé sous le thème :

La Justice et les Documents


électroniques

Encadré par :

Pr. ADIL Hind

Réalisé par :
AJLIL Hiba
BOUMED Manal
QRAOU Imane

Année universitaire : 2021-2022


SOMMAIRE
Introduction...........................................................................................................1

Partie1 : Les règles internes régissant le document électronique au

Maroc....................................................................................................................3

Chapitre1 : La validité du document électronique ...............................................4

Section1 : Les conditions exigées de l’écrit électronique selon la loi 53-05........4

Section2 : La protection des données à caractère personnel par la loi 09-08.......6

Chapitre2 : Défi de la preuve électronique.........................................................10

Section1 : Opportunité de l’intervention législative...........................................11

Section2 : Réforme du droit de la preuve...........................................................13

Partie2 : Validité du support électronique en commerce électronique

international........................................................................................................16

Chapitre 1 : La reconnaissance juridique de la force probatoire de l’écrit

électronique.........................................................................................................17

Chapitre2 : La recevabilité de la preuve électronique.........................................19

Section1 : Les critères généraux d’admissibilité de la preuve électronique........20

Section2 : Le pouvoir d’appréciation du juge du fond........................................22

Conclusion……………………………………………………………………...22
INTRODUCTION :

La création de l’internet comme moyen d’échange des informations a accéléré


l’avènement de la société de l’information, ce mode de communication
indispensable au travail dans la société moderne, permet de formuler les offres de
biens et de services et de mettre en contact, des personnes à des distances fort
éloignées.
Il constitue de ce fait, un formidable moyen de transactions commerciales,
puisque c'est précisément ce nouveau mode de communication sans barrières, qui
a permis l'émergence d'un nouveau genre de commerce, à savoir le e-commerce
ou le commerce électronique.
Ramené à sa dimension économique, cet outil de communication se singularise,
par l'aspect marchand que représentent les échanges internet et il s'est
naturellement imposé comme une nécessaire réponse sociale, au phénomène de
l'informatique et à l'émergence des nouvelles technologies de l'information.
Appréhender au sein de la législation marocaine, cette nouvelle réalité virtuelle et
la dématérialisation qui en est la conséquence, a donc imposé l'adoption de
nouvelles règles, adaptées aux nouvelles évolutions technologiques et donc aux
possibilités d'échanges par voie électronique.
Telle fut l'ambition du Maroc qui dès 2007, a mis en place, la loi 53.05 relative à
l’échange électronique de données juridiques, destinée à encadrer le trafic
commercial électronique, et à promouvoir la stratégie de développement du
numérique dans le royaume.
Le Maroc a ainsi transposé les lois types, proposées par la commission des nations
unis pour le droit commercial international relatives au commerce électronique et
aux signatures électroniques, lesquelles de par leur caractère indicatif, laissent aux
pays une grande marge de manœuvre.
Les documents traditionnels « papier » utilisés pour échanger des données entre
les acteurs du système d’information de l'entreprise ont été remplacés par une
représentation numérique partielle ou totale : les « documents électroniques ».
Le passage de l'analogique au numérique annonce l'avènement d'un nouvel âge
dont les conséquences juridiques sont multiples.
C'est sur cette chaine immémoriale de la justice qu'un troisième terme - le
numérique - vient se greffer sur le litige et en transformer profondément la
structure comme le montrent les textes de notre dossier. La numérisation de la
procédure est une première étape : l'échange des arguments et la communication
des pièces du dossier se fait désormais dans la plupart des cas par voie

1
électronique. On imagine que la chaine du procès pourrait être suivie en ligne et
en libre accès comme on le voit dans certains systèmes judiciaires.
C’est dans cette perspective que nous analyserons dans une première partie les
règles internes régissant le document électronique au Maroc, pour traiter dans une
deuxième partie de la validité du support électronique en matière de commerce
électronique international.

2
Partie1 : Les règles internes régissant le document
électronique au Maroc :

Depuis le 13 août 1911, date de la mise en œuvre de notre premier code civil1,
notre système de droit privé vit essentiellement sous le monopole de l’écrit papier
et sa signature manuscrite. Dès lors, il n’y avait pas besoin de loi modifiant les
règles de preuve car, en dehors du papier, il n'y avait pas d'alternative. La situation
était la même en droit français d'où est issu l’essentiel du code civil marocain. A
cet égard, Michel VIVANT avance que rien ne permettait d'avoir autant de
garantie et de sécurité depuis que " le serment a expiré sous la plume" 2
En effet, la prééminence de l'écrit papier ne faisait pas débat. Tout le monde
s'accordait à penser que notre système probatoire des actes juridiques se fondait
sur le papier, ainsi que sur la signature manuscrite. Pourtant, s'il est vrai que l'écrit
papier était en situation de rnonopole, il est également bon de rappeler que cette
prédominance n'était que de fait et non de droit ; vu que rien dans les codes civils
français ou marocain n'imposait que tous les écrits soient établis sous la forme
d'un document papier, signé à la main. L'écrit était souvent confondu avec le
support papier sur lequel apposé. 3
La jurisprudence la plus ancienne comme celle récente le démontre de façon
éclatante. Dans un arrêt relatif au procédé de rédaction des actes sous seing privé,
la Cour d'appel d'Aix en Provence montre que les juges ont également adopté une
définition large de la notion d'écrit Ainsi, dans son arrêt du 27 Janvier 1846, rendu
à 1846, rendu à propos d'un testament rédigé par un berger qui ne disposait que
d’un crayon, la cour a jugé que « dans son acceptation légale, le mot écrire signifie
tracer des lettres, des caractères ;que la loi n’a spécifié ni l’instrument ni la
manière avec lesquels les caractères seraient tracés.4
Cependant en matière d'écrits électronique, la jurisprudence demeure rare.
Pourtant un arrêt audacieux avait traduit une volonté de tendre à une assimilation
d'un document électronique offrant certaines garanties à un écrit La Chambre
commerciale de la Cour de cassation française avait conclu qu'un écrit peut être

1
Avant le protectorat le Maroc appliquait la chariâa islamique en se basant sur le rite Malikite et les coutumes
locales. Mais depuis 1913, lorsque la France imposa le protectorat sur le Maroc, il y a eu la création du Code
des Obligations et Contrats par Dahir du 12 aout 1913. Ce code a été pris de la revue tunisienne des obligations
et contrats, qui a été créée à son tour par le protectorat français en 1906 avec quelques différences sur certains
articles, ou l'absence de leurs similaires dans la revue tunisienne. Les sources de ces deux codes étaient : la
doctrine islamique, le code napoléon de 1804, les codes germaniques et latins et les coutumes locales en
vigueur à l'époque
2
3 Michel VIVANT, « Un projet de loi sur la preuve pour la société de l'information », Lamy Droit de
l'informatique, Bulletin a-117, 1999, p.1
3
C’est ainsi qu’on conclut les rédacteurs du rapport n°99-203 (Sénat)sur le projet de loi portant adaptation du
droit de la preuve aux technologies de l'information et relatif à la signature électronique.
4
Arrêt cité dans l'intervention de Madame Elisabeth GUIGOU Garde des sceaux, Ministre de la justice, a
l'occasion de la présentation du projet de loi portant adaptation du droit de la preuve aux technologies de
l'information et _relatif à la signature électronique au Sénat le 8 février 2000. Voir. intp://discours_vie-
publiqaffrinotices/0030004-99.hrmi consulté le 6 janvier 2014 à 17

3
établi et conservé sur tout support, y compris par télécopie (cas de l'espèce), dès
lors que son intégrité et son imputabilité à l'auteur désigné ont été vérifiées, ou ne
sont pas contestées 5. La Cour avait considéré qu'il revient aux juges de fond
d'analyser les circonstances dans lesquelles a été émis l'écrit pour établir s'il peut
être retenu comme établissant la preuve d'un acte.
C'est ainsi que la notion d'écrit a été mis en cause. Cet état de chose a conduit,
nécessairement, le législateur à un aménagement des articles du code civil relatifs
à la preuve des obligations. Le droit se doit d'accompagner le progrès
technologique. Au Maroc, comme ailleurs, la réforme était de mise. La, loi 53-056
comporte une innovation fondamentale et de bon sens, c'est notamment
l'ouverture du code des obligations et des contrats aux nouvelles formes et
supports électroniques. Le législateur a décidé d'intégrer les données sans les si
subordonner à la primauté de l'écrit dans son sens traditionnel. L'écrit s'envisage,
désormais, dans deux modalités. Le support écrit traditionnel et la forme
électronique. Cela nous pousse à s’interroger sur la validité du document
électronique qui sera l’objet du chapitre1 ainsi le défi de la preuve électronique
chapitre2.

Chapitre1 : La validité du document électronique

Section1 : Les conditions exigées de l’écrit électronique selon la


loi 53-05.

L'admissibilité d'un écrit sous forme électronique en tant que preuve au même
titre que l'écrit papier est consacrée à la double condition que puisse être identifié
celui dont il émane et que les conditions dans lesquels il est établi et conservé en
garantissent l'intégrité.
Ce sont deux exigences capitales pour que les deux sortes de l'écrit 7 en soient des
versions également admissibles par le droit probatoire.

A- Il faut que l’auteur de l’écrit puisse être dûment identifié :

5
Arrêt rendu par la chambre commerciale, le 2 décembre 1997, société Descamps contre Banque Dupont
L'énoncé de l'arrêt se lit comme suit : « L'écrit constituant, aux termes de l'article 6 de la loi du 2 janvier 1981,
l'acte d'acceptation de la cession ou de nantissement d'une créance professionnelle, peut être établi et
conservé sur tout support, y compris par télécopies ; dès lors que son intégrité et l'imputabilité de son contenu
à l'auteur désigné ont été vérifiées, ou ne sont pas contestées ; en analysant les circonstances dans lesquelles
a été émise la télécopie litigieuse, dont le caractère mensonger n 'avait pas été allégué, une cour d'appel a pu
en déduire que la preuve écrite de l'acceptation de la cession de créance était établie ».
6
Dahir n°1-07-129 du 19 kaada 1428(30 novembre 2007) portant promulgation de la loi n°53-05 relative à
l’échange électronique de données juridiques. Bulletin Officiel n°5584 du jeudi 6 décembre 2007.a
7
Ne faut pas penser non plus qu'on ne vise que le support électronique et papier, car la définition de l'écrit a
un caractère abstrait en précisant qu'il s'agit d'une suite de signe quels que soient leurs supports et leurs
modalités de transmission.

4
Tout comme l'écrit papier, l'écrit électronique est susceptible de faire l'objet de
plusieurs qualifications, il peut n’être qu’un commencement de preuve par écrit
s’il n’est pas signé. C’est le cas notamment du courrier électronique dont on
ignore la source.
Comme on a vu, l'identification de l'origine de l'écrit peut se faire par plusieurs
moyens, les plus connus entre eux sont l'enregistrement du nom du domaine puis
la signature électronique, précisant que celle-ci reste le moyen le plus fiable
jusqu'à maintenant.
L'auteur de l'acte doit être clairement identifiable, cela permet non seulement de
connaitre la source du document, mais surtout d'établir, le cas échéant, la
responsabilité de la bonne personne. Sachant qu'en matière de commerce
électronique, Ia question de l'identification de l'auteur de l'acte occupe une place
majeure, car il faut persuader de [habilité des parties de se contracter. 11 faudra
donc établir un véritable code d'identification pouvant être qualifié de signature
et qu'il soit l'équivalent de la signature sur papier. Si toute connexion sur internez
laisse toujours une trace véritable sur des factures par exemple, elle ne permet pas
pour autant d'identifier les véritables intervenants à une transaction précise. Force
est de constater qu'il est toujours facile qu'un tiers intervienne en l'absence et à
l'insu des parties.
En somme, s'il est simple de déterminer l'origine de l'écrit traditionnel, la chose
demeure plus délicate pour l'écrit électronique, qui ne peut revêtir de la
qualification d'une preuve littérale que s'il satisfait tout d'abord à cette
caractéristique d'identification de la personne dont il émane et ensuite il faut
vérifier les conditions de sa conservation.

B- L’écrit doit être établi et conservé dans des conditions garantissant son
intégrité :

La loi a exigé de l’écrit électronique qu’il soit établi et conservé selon un procédé
assurant son intégrité. Elle impose à la preuve littérale sous forme électronique
que l'intégrité de l'acte, dans tout son cycle de vie, c'est à dire de son établissement
â sa conservation, soit garantie.
C'est la seconde condition permettant son admissibilité en tant que preuve légale.
Or, deux questions viennent de se poser, qu'est ce qu'on entend par l'intégrité ? Et
quels sont les moyens pour l'atteindre ?
L’intégrité peut être définie comme l'état d'une chose qui a toute ses parties et qui
n'a pas subie d'altérations 8. Autrement dit, il faut conserver le document en
question d'une manière qui permet de garder l'information identique en tout point
à celle de son origine. Les documents électroniques peuvent subir deux types
d’altérations 9 :

8
Le petit Robert de Paul Robert, édition 1993 p 1335.
9
PIETTE-COUDOL(T), La signature électronique, Ed LITEC, 2001, p83.

5
-Altérations intentionnelles

Ex : modification volontaire d'une donnée dans une base de données, modification


d'un message électronique transféré pour cacher certaines informations,
modification de la date ou de l'auteur d'un document...

-Altérations non intentionnelles

Ex erreur sur la date d’un document bureautique par l'utilisation de la fonction «


Date du jour », erreur sur la date d'un message si l'heure du serveur de messagerie
est fausse, conversion automatique d'un document d'une version ancienne d'un
format de fichier dans une version plus récente...
Pour prévenir ces risques et garantir l'intégrité des documents il s'agit de mettre
en place des techniques qui s'appuient sur la mise en place d'une traçabilité à
travers la constitution et l'archivage sécurisé des transactions relatives aux
documents. Cette opération visant à conserver des informations ayant une valeur
probatoire ou des effets juridiques concerne toutes les personnes juridiques sans
exception. Ainsi la conservation répond à deux objectifs principaux
- Elle porte sur des documents servant de pièces justificatives dans le cadre de
contrôles administratifs.
Elle permet la production d'actes juridiques valant preuve en cas de litige. C'est
ce dernier cas qui nous concerne le plus, donc il faut un moyen fiable permettant
la garde des documents électroniques pour s'en servir en cas de différend. En
particulier, seul un archivage électronique sécurisé permettra au juge d'apprécier
la valeur juridique du document présenté, la conservation réalisée devant répondre
alors aux exigences légales et jurisprudentielles.
Par ailleurs, la conservation ne doit pas s'arrête r à la durée de vie des matériels
techniques d'archivage mais plutôt à la durée de conservation des documents fixée
par la loi. L'objectif d'une conservation fiable est d'aboutir à un véritable écrit
électronique susceptible d'être administré à titre de preuve.

Section2 : La protection des données à caractère personnel par la loi


09-08

Tout d’abord avant de parler de la protection des données à caractère personnel


qu’elle est la preuve qui permet de protéger ses données « principe de la
confidentialité » en matière de documents électroniques

A -La force probante de l’écrit électronique :

Avant la modification de la notion de l'écrit par notre législateur, les traces


informatiques étaient soumises à l'appréciation du juge pour toutes les matières

6
où la preuve est libre 10. Alors qu'elles étaient refusées ou faiblement qualifiées,
dès que la nature de la convention exige un écrit papier. Toutefois après une
évolution de de l’informatique, cette nouvelle forme de documents a poussé les
législateurs de réviser leurs diapositifs juridiques afin de la reconnaitre et d'éviter
par la suite toute entrave à l'évolution de leurs propres économies.
Cependant dans les relations d'affaires, les parties ont besoin d'un mode de preuve
sûr et fiable qui permet d'éviter les contestations. La question de la valeur probante
de l'écrit électronique tourne aux tours d'une controverse concernant la
recevabilité des commencements de preuves ou de preuves à part entière ?
La réponse a été récemment trouvée grâce à la loi n53-05 qui précise dans son
quatrième article : « l'écrit sous forme électronique est admis en preuve au même
titre que l'écrit sur support papier, sous réserve que puisse dûment identifiée la
personne dont il émane et qu'il soit établi et conservé dans des conditions de nature
à en garantir intégrité ».
La force probante de t'écrit électronique est, aujourd'hui, reconnue par la
législation de plusieurs autres pays 11. Toutefois le support informatique présente
quelques difficultés quant à sa conservation, vu que les parties se contractent sur
un serveur.
Il parait donc difficile pour un profane de garder une preuve en cas de besoin, c'est
pour cette raison que dans la plupart des cas, un fax ou un écrit papier sont utilisées
afin d'appuyer leur position.
- Cette situation est le résultat d'un doute qui continue dans la tête du
consommateur vis-à-vis de l'informatique, même dans les pays les plus
développés, mais qu'il a tendance à être anéanti bientôt vu qu'aujourd'hui les
nouvelles techniques de communication ne cessent de se développer et pour le e-
commerce, il est de plus en plus possible d'identifier l'origine des traces
informatiques et de les conserver de manière efficace.
- L'article 24 de la nouvelle constitution marocaine de 2011 dispose que « Toute
personne a droit à a protection de sa vie privée. Le domicile est inviolable. Les
perquisitions ne peuvent intervenir que dans les conditions et les formes prévues
par la loi. Les communications privées, sous quelque forme que ce soit ; sont
secrètes. Seule la justice peut autoriser, dans les conditions et selon les fontes
prévues par la loi, l'accès à leur contenu, leur divulgation totale ou partielle ou
leur invocation à la charge de quiconque. Est garantie pour tous, la liberté de

10
Notamment dans les matières suivantes : pénale, administrative, commerciale, mais également en matière
civile pour toutes les transactions qui ne dépassaient pas à l'époque les deux cents cinquante dirhams.
11
L'article 4 de la loi tunisienne du 09 août 2000 relative aux échanges et au commerce électroniques précise :
«la conservation du document électronique fait foi au même titre que la conservation du document écrit >>,
De même l'article 5 de la loi québécoise concernant le cadre juridique des technologies de l'information
adoptée et le 21 juin 2001 énonce que « la valeur juridique d'un document, notamment le rait qu'il puisse
produire des effets juridiques et être admis en preuve, n'est augmentée ni diminuée pour la seule raison qu'un
support ou une technologie spécifique a été choisi. Le document dont intégrité est assurée, a la même valeur
juridique qu'il soit sur support papier ou sur un autre support, dans la mesure où, s'il s'agit d'un document
technologique, il respecte par ailleurs les mêmes règles de droit »

7
circuler et de s'établir sur le territoire national, d'en sortir et d'y retourner,
conformément à la loi ».
Inspirée de la célèbre loi française Informatique et Libertés, la loi n°09-08 relative
à la protection des personnes physiques à l'égard des traitements des données à
caractère personnel a été publiée au Bulletin Officiel n° 5744 du 18 Juin 2009,
après avoir été promulguée par le Décret n° 2-09-165, en date du 21 mai 2009.
Elle introduit, pour la première fois, dans le paysage juridique marocain, un
ensemble de dispositions légales harmonisées avec le droit européen et,
notamment, avec la Directive Communautaire n°95/46.
La loi prévoit, des clauses relatives aux objectifs ; champ d'application et au
référentiel du concept de protection des données personnelles, des dispositions
portant sur les conditions du traitement de cette catégories de données les droits
de la personne concernée et obligations du responsable du traitement, et la
création d'une commission de contrôle de la protection de cette catégorie de
données.
La loi n° 09-08 s’applique au traitement des données à caractère personnel, sous
quelque forme que ce soit relatives à une personne physique identifiée ou
identifiable12. Le nom, prénom, adresse., courriel, photographie d'identité, numéro
d'identification, empreintes digitales constituent par exemple des données à
caractère personnel. Dans cette optique peut-on Considérer une adresse IP comme
une donnée à caractère personnel et par conséquent tombe sous la protection de la
loi n°09-08. Compte tenu du fait que la loi marocaine n'est qu'une reproduction
de la loi française, il apparaît opportun d'apporter les précisions émises par la
jurisprudence française concernant l'adresse IP. Ainsi, la cour d'appel de, Paris a
estimé que, Contrairement à la position de la CNIL, le relevé de l'adresse IP qui
est une série de chiffres qui entre dans le constat de la matérialité de l'infraction
et non dans l'identification de son auteur, ne constitue en rien une donnée
indirectement nominative.
Le traitement qui fait l'objet de la protection des données à caractère personnel
concerne toute opération ou tout ensemble d'opérations portant sur des données à
caractère personnel réalisés ou non par le biais de procédés automatisés. Il s'agit
notamment de la collecte, l'enregistrement, l'organisation, la conservation,
l'adaptation ou la modification, l'extraction, la consultation, l'utilisation, la
communication par transmission, diffusion ou toute autre forme de mise à
disposition, le rapprochement ou l'interconnexion, ainsi que le verrouillage,
l'effacement ou la destruction. Rappelons, par ailleurs, qu'une seule de ces
opérations suffit à constituer un traitement de données à caractère personnel qui
sera soumis aux dispositions de la loi n°09-O8. Le simple fait de collecter les

12
« Est réputée identifiable une personne qui peut être identifiée, directement ou indirectement, notamment
par référence à un numéro d'identification ou Cl un ou plusieurs éléments spécifiques de son identité physique,
physiologique, génétique, psychique, économique, culturelle ou sociale » Article premier de la loi n°09-08.

8
données, sans même les communiquer ou les diffuser, suffit à caractériser un
traitement.13

C- Les sanctions et les mesures préventives :

-Les sanctions prévues par la loi 53-05 :

La loi 53-05 a prévu un ensemble de sanctions relatives à des contraventions, des


délits ou des crimes susceptibles d'être commis par des personnes dans le cadre
de l'échange électronique des données juridiques.
Pour ce qui est des contraventions, l'article 38 de ladite loi réprime par une amende
de 50000 à 500 000 dirhams, toute utilisation, en connaissance de cause, d'une
raison sociale, une publicitaire et, de manière générale, toute expression faisant
croire qu'il est agréé conformément aux dispositions de l'article 21 de la même loi
qui précise les conditions exigées pour l'agrément.
Pour ce qui est des délits, la loi demeure en quelque sorte répressive mais c'est
tout à fait normal vu importance des informations échangées. Pour ce qui concerne
le PSC, la loi réprime tout d'abord le fait d'exercer cette fonction sans agrément
ou bien après le retrait de celui-ci et en cas d'émission de certificats de conformité
en violations des dispositions requises. La loi prévoit dans ce cas une amende de
10.000 à 100.000 dirhams et un emprisonnement de trois mois à un an. 14
Sauf les exceptions prévues par la loi, toute personnes qui divulgue ou ayant incité
ou participé à la divulgation les informations qui lui sont confiées dans le cadre
mission. 15 Cette infraction est punie d'une amende et d'un emprisonnement et ce,
sans préjudices des dispositions pénales plus sévères.
En outre tout prestataire de services de certification électronique qui ne respecte
pas l'obligation d'information16 de l'autorité nationale d'agrément et de
surveillance, est puni d'une amende de 10.000 DH à 100.000 DH et d'un
emprisonnement de trois mois à six mois.
En fin le législateur considère l'utilisation d'un moyen de cryptographie pour
l'accomplissement ou la préparation d'un crime ou d'un délit constitue une
circonstance aggravante du crime ou du délit dans la mesure le maximum de la
peine privative de liberté encourue, est relevé ainsi qu'il suit :
- Il est porté à la réclusion criminelle à perpétuité, lorsque l'infraction est punie de
trente ans de réclusion criminelle ;
- il est porté à trente ans de réclusion criminelle, lorsque l'infraction est punie de
vingt ans de réclusion criminelle ;

13
Myriam Quemener, Joël Ferry ; « Cybercriminalité Défi mondial » Edition Economica 2009, Page 106.
14
Article 29 de la loi 53-05.
15
Article 30 de la loi 53-05.
16
Il s'agit de l'obligation d'information prévue par l'article 23 de la même loi. Et qui est relative à m'obligation
faite au PSCE d'informer cette autorité à l'avance dans un délai maximum de deux mois, de sa volonté de
mettre fin à ses activités. Il informe également l'autorité nationale, sans délai, de l'arrêt de ses activités en cas
de liquidation judiciaire.

9
- Il est porté à vingt ans de réclusion criminelle, lorsque l'infraction est punie de
quinze ans de réclusion criminelle ;
-Il est porté à quinze ans de réclusion criminelle, lorsque l'infraction est punie de
dix ans de réclusion criminelle ;
-Il est porté à dix ans de réclusion criminelle, lorsque l’infraction est punie de cinq
ans de réclusion criminelle.
Il est porté au double, lorsque l'infraction est punie de trois ans d'emprisonnement
au plus.
Toutefois, les dispositions du présent article ne sont pas applicables à l'auteur ou
au Complice de l'infraction qui, à la demande des autorités judiciaires ou
administratives, leur a remis la version en clair des messages chiffrés, ainsi que
les conventions secrètes nécessaires au déchiffrement.
En somme, La loi prévoit des mesures répressives en cas de violation des règles
d'agrément, du secret professionnel, la véracité des informations fournies au
prestataire, le défaut de déclaration ou d'autorisation, l'utilisation des éléments de
création de signature personnelle d'autrui, la violation de l'obligation
d'information de l'autorité nationale, l'utilisation d'un certificat arrivé à échéance
ou révoqué.
Elle impose de rigoureuses sanctions pénales, qui pourraient renforcer l'angoisse
de la migration vers le numérique d'une part et d'autre part engendrer une crainte
quand à l'exercice de cette fonction en d'autre part, rappelant qu'aucune personne
n'a déposé une demande d'agrément auprès de l'ARNT jusqu'à maintenant pour
l'exercice de ce métier130.
-Les mesures préventives
Il y'aura recours à des mesures préventives au cas où l'autorité nationale constate,
sur le rapport de ses agents ou experts, que le prestataire de services de
certification électronique délivrant des certificats sécurisés ne répond plus à l'une
des conditions prévues dans le cadre de l'article 21 de ladite loi ou que ses activités
ne sont pas conformes aux dispositions de la loi ou des règlements pris pour son
application, elle l'invite à se conformer auxdites conditions dans un délai qu'elle
détermine.
Passé ce délai, si le prestataire ne s'y est pas conformé, l'autorité nationale retire
l'agrément délivré, procède à la radiation du prestataire du registre des prestataires
agrées et à la publication au « bulletin officiel » d'un extrait de la décision de
rentait de l'agrément.

Chapitre 2 : Défi de la preuve électronique

La preuve est le moyen d’invoquer la réalité d’une prétention pour en obtenir, le


cas échéant la protection et la reconnaissance en justice afin de s’en prévaloir et
de la faire valoir. La loi énumère et réglemente les moyens de preuve admissibles
et leur force probante : écrits, titres, témoignages, aveux, serments, présomption
de fait...

10
La première distinction se fait entre la preuve du fait et celle de l’acte juridique.
La preuve des faits juridiques est libre. Peu importe le caractère numérique ou
informatisé de la preuve, l’essentiel étant de distinguer le fait de l’acte. Quant à la
preuve de l’acte juridique, notamment du contrat, elle est encadrée par les
dispositions normatives.
Ainsi, l’article 443 du D.O.C 17dispose « les conventions et autres faits juridiques
ayant pour but de créer, de transférer, de modifier ou d’éteindre des obligations
ou des droits et excédent la somme ou la valeur de dix mille dirhams ne peuvent
être prouvés par témoins. Il doit en être passé acte authentique ou sous seing privé,
éventuellement établi sous forme électronique ou transmis par voie
électronique ».
En revanche, la preuve est libre dans le cadre de relations entre commerçant.
L’écrit permet donc de se préconstituer des preuves, notamment relatives à la
relation contractuelle. Portant, une fois encore une large place est laissée au
principe d’autonomie de la volonté puisque les parties peuvent organiser
conventionnellement les modalités probatoires qui régiront leur relation
contractuelle.

Paragraphe1 : Opportunité de l’intervention législative

Le législateur marocain a dû intervenir pour adapter le système probatoire aux


nouveaux moyens de preuve apparu avec l’émergence des nouvelles technologies
et ceci pour deux raisons : l’enjeu considérable du commerce électronique au
Maroc ; on peut plus se contenter de manœuvres de contournement. De plus la
jurisprudence qui manifeste une réticence aux moyens de preuve modernes.
On évoquera ici la règle prévue par le DOC (A) et l’attitude de la jurisprudence à
l’encontre des nouveaux moyens de preuve (B).

A- La règle du DOC
Le législateur marocain a innové en ce qui concerne la preuve électronique en
adoptant la loi 53-05 relative à l’échange électronique des données juridiques,
cette loi reconnaît à l’écrit informatique la même valeur que l’écrit papier, ce qui
a renforcé la confiance des différents intervenants dans le secteur du commerce
électronique. Et de ce fait la preuve informatique a sa place parmi les moyens de
preuve.18
La nouvelle règle instaurée par cette loi modifiant l’article 443 du DOC est
que : « Les conventions et autres faits juridiques ayant pour but de créer, de
transférer, de modifie ou d’éteindre des obligations ou des droits et excédant la

17
Modifié, par l’article 5 de la loi n°53-05 promulguée par le dahir n°1-07-129 du 30 novembre 2007-19 kaada
1428 ; B.O n° 5584 du 6 décembre 2007.
18
A. AKHRIF, contrats de consommation : vent à domicile-contrat à distance-contrat électronique. Imprimeries
Omayma, Ed.2006, p 57.

11
somme ou la valeur de dix mille dirhams ne peuvent être prouvés par témoins. Il
doit en être passé acte authentique ou sous seing privé, éventuellement établi sous
forme électronique transmis par voie électronique ». Mais à cette règle il y a des
exceptions et des aménagements conventionnels.
-Voie des exceptions : La règle que pose l’article 443 du DOC souffre d’une
exception qui est prévue par les articles 447 et 448 du même dahir, en faite le
premier prévoit le cas du commencement de la preuve écrite et le second prévoit
l’admission de la preuve testimoniale dans l’impossibilité de se procurer une
preuve écrite.
Dans le premier cas il doit s’agir d’un écrit, qui émane d’une partie au contrat et
un contenu qui rend vraisemblable le fait allégué.
-Voie conventionnelle : La voie contractuelle est la plus appropriée pour prévenir
les difficultés probatoires. La doctrine marocaine voit également dans
l’aménagement conventionnel de la preuve un moyen efficace pour palier les
carences législatives en ce domaine 19, elles constituent le seul moyen de
contourner la règle de l’exigence de l’écrit posé par le législateur 20
La doctrine marocaine et française admettent la licéité de telle convention,
puisque les règles de la preuve ne sont que d’ordre privé. Mais ce libéralisme n’est
pas sans danger, il est souhaitable entre professionnels, en revanche il doit appeler
au contraire des réserves lorsqu’il joue au détriment des consommateurs 21.

B-Moyens de preuve modernes et la jurisprudence

La jurisprudence marocaine adopte une attitude timide et réservée(a) à l’égard des


nouveaux moyens de preuve, chose qui la laisse instable est souvent
contradictoire(b).

a- Jurisprudence timide et réservée.


La jurisprudence marocaine est timide à l’égard de ces nouveaux moyens de
preuve sinon réservée. Ainsi elle admet parfois, comme dans un arrêt rendu en
date du 24 septembre 2001, la cour d’appel de commerce de Casablanca a admis
que la télécopie, « qui n’était aucunement contestée par la partie à laquelle on
opposait son contenu, constituait un moyen de preuve de l’existence d’une clause
dont se prévalait son adversaire 22 ».
La même solution a été retenu par la cour suprême dans un arrêt relativement
récent du 26 janvier 2005 : elle estime que la télécopier qui contenait la démission

19
O. ANJOUM, la valeur juridique des moyens de communication modernes, thèse, Casablanca, 2004, p 105.
20
G. ACHAB, le paiement en ligne dans le commerce électronique : aspects de l’influence de la technique sur le
droit. Casablanca 2001 p.67
21
A. LUCAS, le droit de l’information, P.U.F 1987, p.381.
22
CAC Casablanca, 24 septembre 2001, Rev Al Ichaa,2006, n°30-31, p 396.

12
de l’employeur bénéficiant d’une valeur probante puisqu’elle n’était pas contestée
par ce dernier23.
Cette illustration qu’on vient de mener nous montre comment les juridictions
marocaines peuvent traiter avec les nouveaux moyens de preuve, la télécopier et
le télex ne sont que des exemples simples, les juges n’admettent pas souvent des
moyens autre que ceux énoncés par le DOC dans son article 404 : « Les moyens
de preuve reconnus par la loi sont : 1°L’aveu de la partie ;2° La preuve littérale
ou écrite ; 3° La preuve testimoniale ; 4° La présomption ; 5° Le serment et le
refus de le prêter. »

b- Jurisprudence instable et contradictoire

L'attitude de la jurisprudence marocaine n'est pas caractérisée par la timidité mais


aussi par la contradiction et l'instabilité, le meilleur exemple qu'on peut citer ici et
celui du relevé bancaire :
Certaines juridictions s'attachent à ce que ce relevé soit conforme à la circulaire
du gouverneur de Bank Almaghreb, en s'assurant qu'il porte toutes les
informations requises par ladite circulaire. Dans le cas où il n'est pas conforme, il
constitue juste un commencement de preuve.
Un autre courant des juridictions s'attache à ce que le relevé soit tiré d’une
comptabilité régulièrement retenue, en se basant sur l'article 19 du code de
commerce : « s'elle est régulièrement retenue, cette comptabilité est admise par le
juge pour faire preuve entre commerçant à raison des faits de commerce ». Les
tribunaux qui représentent ce courant accordent une valeur probante à ce relevé,
et invitent le défendeur qui conteste son contenu à prouver le bienfondé de sa
contestation.24
Cette timidité et cette contradiction, qui a peut-être poussé le législateur à
réformer le droit de la preuve.

Paragraphe2 : réforme du droit de la preuve :

Les dispositions du DOC qui date du 1913, ne peuvent plus régir les situations
complexes que génèrent les nouvelles technologies. Le législateur marocain a dû
intervenir pour compléter sinon modifier ou voir plus inventer de nouvelles
dispositions pour faire face à ces défis. Nous traiterons ici les grands axes de la
réforme instituée par la loi 53-03 (A) et nous ferons une analyse de ses
dispositions (B).

A- Grands axes de la réforme


Du fait que l'écrit s'est évolué la réforme a concerné l'écrit (a) qui n'est plus
seulement papier, et la signature (b) qui s'est électronisée également.
23
C.S Soc, 26 janvier 2005, REMADAE, 2005, n°8, p 149.
24
C.S, 16 mai 2001, Rapport annuel de la cour suprême, 2001, p132.

13
a- L'écrit sous seing privé électronique
L'article 417 s'est contenter de traiter de la preuve littérale dans son ensemble en
disposant que : « la preuve littérale résulte d'un acte authentique ou d'une écriture
sous seing privé ».
Mais la loi 53-03 a pris le soin de modifier le contenu de cet article, alinéa 2 en
disposant que « La preuve littérale ou par écrit résulte d'une suite de lettres, de
caractères, de chiffres ou de tous autres signes ou symboles dotés d'une
signification intelligible, quels que soient leur support et leur modalité de
transmission. »
Cette définition permet d'englober les futurs écrits produits, à partir d'ordinateurs
de nouvelle génération. Elle consacre une approche fonctionnelle de l'écrit. Cette
consécration était annoncée depuis un arrêt de la chambre commerciale de la Cour
de cassation25 du 2 décembre 1997 qui jugeait qu'un écrit « peut être établi et
conservé sur tout support, y compris par télécopies, dès lors que son intégrité et
l'imputabilité de son contenu à l'auteur désigné ont été respectées ou ne sont pas
contestées. »
L'écrit est désormais défini en droit marocain en termes généraux, sans liens avec
le support ou avec les modalités de transmission.
Si l'écrit peut prendre des formes multiples exprimées sur des supports différents,
il doit remplir plusieurs conditions pour être recevable comme preuve. En effet,
le nouvel article du DOC dispose que l'écrit doit : être intelligible ; permettre
l'identification de son auteur ; garantir l'intégrité du contenu du message.
De plus cet article donne la même valeur à l'écrit électronique que celui sur papier
: « L'écrit sur support électronique à la même force probante que l'écrit sur support
papier. L'écrit Sous forme électronique est admis en preuve au même titre que
l'écrit sur support papier, sous réserve que puisse être dûment identifiée la
personne dont il émane et qu'il soit établi et conservé dans des conditions de nature
à en garantir l'intégrité. »
b-Signature de l'écrit sous seing privé électronique
La définition législative de l’écrit englobe l’écrit électronique. Toutefois cette
définition étant fonctionnelle, il importe que l'écrit sous forme électronique puisse
remplir convenablement les fonctions jusqu'alors assurées par l'écrit sur support
papier. Pour remplir cette exigence, le recours à la signature électronique est
essentiel.
Les fonctions assurées par la signature manuscrite doivent être assurées par la
signature numérique sont : Fonction d'identification ; fonction adhésion au
contenu ; fonction de garantie de l'intégrité ; fonction de constitution d'un original
et fonction psychologique. Cette question est réglée par les alinéas de l'article 417
tel qu'il a été modifié par la loi 53-03 qui dispose en fait que : « La signature
nécessaire à la perfection d'un acte juridique identifie celui qui l'appose et exprime
son consentement aux obligations qui découlent de Cet acte. Lorsque la signature
25
Cass.com,2 déc.1997, JCP éd G 1998, II, n°100097, note Grynbaum, JCP éd E 1998, p.178 note Bonneau,
D.1998, jur, p192 note Martin

14
est apposée devant un officier public habilité à certifier, elle confère l'authenticité
à l'acte. Lorsqu'elle est électronique, il convient d'utiliser un procédé fiable
d'identification garantissant son lien avec l'acte auquel elle s'attache. »
Un écrit électronique ne sera recevable à titre de preuve uniquement dans la
mesure où a été créé par un procédé technique fiable. Les conditions relatives à la
fiabilité d'une signature électronique sont fixées par le troisième alinéa dudit
article qui dispose que : « La fiabilité d'un procédé de signature électronique est
présumée, jusqu'à preuve contraire, lorsque ce procédé met en œuvre une
signature électronique sécurisée.
Une signature électronique est considérée comme sécurisée lorsqu'elle est créée,
l'identité du signataire assurée et l'intégrité de l'acte juridique garantie,
conformément à la législation et la réglementation en vigueur en la matière. Tout
acte sur lequel est apposée une signature électronique sécurisée et qui est
horodaté, a la même force probante que l'acte dont la signature est légalisée et de
date certaine.
B- Analyse de la réforme
Les réformes apportées par la loi 53-03 ne s'applique pas à tous les actes
juridiques. Ainsi les contrats où l'écrit est exigé en sont exclus, la loi ne prévoit
pas la possibilité de conférer l'authenticité du contrat électronique (a) de plus il
n’y a pas de solution à la question du conflit de preuves littérales ce qui donne des
controverses (b).

a- Portée limitée de la réforme


Les changements proposés par la réforme sont limités au domaine probatoire, rien
n'est dit sur la validité des actes lorsqu’un écrit est exigé. La loi ne reconnaît
l'équivalence entre le support papier et informatique que si la forme n'est requise
qu'à titre probatoire, autrement dit le document établi sur support électronique ne
pourra être retenu pour un véritable écrit que lorsque la forme est requise pour la
validité même de l'acte. 266. Cette attitude conduit en fait à une situation pour le
moins illogique : comment admettre en effet qu'un acte électronique vaudra
preuve, alors qu'il est nul sur le plan de sa substance matérielle, de
l'instrumentation ?26
De plus cette loi ne fait aucune allusion à la possibilité de conférer l'authenticité
à l'acte électronique, et c'est là l'une des rares différences qui existe entre la loi
marocaine et la loi française qui a prévu cette possibilité.

c- Controverses

L'admission explicite de l'écrit électronique au sein du système probatoire


marocain conduit inévitablement à des conflits de preuves littérales. Si la loi n'a
prévu aucune règle et que les parties ne concluent pas de convention sur la preuve,
26
M.Diyaâ TOUMLILT, le commerce électronique au Maroc, Casablanca imprimerie éditions maghrébines
Ed.2008, p453

15
le règlement de ces conflits relèvera de la compétence du juge qui dispose dans
ce domaine d'un large pouvoir d'appréciation en ce domaine, en raison notamment
du fait qu'il n'est pas lié par aucune preuve, la loi relative à l'échange électronique
des données juridiques ayant instauré une égalité parfaite entre écrit sur support
papier et écrit sur support électronique.
La pratique judiciaire révèle que les juges n'hésitent pas à recourir à la lumière
des experts pour éclaircir les aspects techniques qui leur échappent.

Partie 2. Validité du support électronique en commerce


électronique international :

Conscient du développement exponentiel du commerce électronique, et de son


importance dans le développement économique du pays, le Royaume du Maroc
s’est vu introduire un système légal réglementant l’échange en matière
électronique à travers l’instauration de la loi 53-05 relative à l’échange
électronique de données juridiques traitée ci-dessus, qui s’avère avoir comme
principale source le : Droit du commerce électronique formé par les usages
commerciaux internationaux tel qu’établis par de grandes organisations
internationales intergouvernementales, en particulier la CNUDCI : Commission
des Nations Unies pour le Développement du Commerce International, et
UNIDROIT : Institut Internationale pour l’Unification du Droit Privé ; et non
gouvernementales, la Chambre de Commerce Internationale CCI en particulier. 27

Grâce à ces organismes, des Lois-types ont vu le jour dont : la Loi-type sur le
commerce électronique, Loi-type sur la signature électronique dans le cadre de la
CNUDCI. Sans toutefois oublier les Principes instaurés par UNIDROIT relatif
aux contrats du Commerce International. L'élaboration de ces principes et de ses
lois-type est ce qui a donné en effet naissance à la notion de la Lex electronica28
ou cyberlaw, désignée comme l'ensemble des règles juridiques applicables dans
le cadre du commerce électronique.

27
Maître Moulay El Amine EL HAMMOUMI IDRISSI, Les contraintes et les opportunités juridiques liées au
développement des réseaux de distribution électronique au Maroc, 2009.
28
Lex Electronica : nouvel ordre juridique constitué des normes informelles adaptées à l’environnement
numérique, apparaissant comme un remède face à la difficulté de faire intervenir des normes formelles.

16
Le but ultime poursuivi suite à la mobilisation de ces grandes institutions, à
l’émergence de ces textes opérant une reconnaissance générale de l’échange
électronique des actes juridiques, et au développement de la notion de la Lex
electronica29 susvisée est de permettre en effet l’intégration et la transposition de
ces normes internationales, en totalité ou en partie dans les législations nationales
de plusieurs pays dont le Royaume du Maroc. 30

Sous le bénéfice de ces précisions, il convient de se pencher sur la question de la


reconnaissance juridique de la force probatoire de l’écrit électronique
(Chapitre1), avant d’aborder la question de la recevabilité de la preuve
électronique (Chapitre2).

Chapitre 1. La reconnaissance juridique de la force


probatoire de l’écrit électronique

Aujourd’hui, l’écrit électronique est admis comme preuve au même titre que
l’écrit papier, sous réserve de répondre à certaines exigences qui sont souvent liées
à l’identification de l’auteur de l’acte, et l’établissement et la conservation du
document électronique dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité. La
signature électronique est un moyen efficace pour répondre à ces impératifs dont
l’objectif est d’assurer la sécurité juridique des transactions réalisées sur Internet,
en donnant la possibilité aux différents acteurs de prouver l’existence et la teneur
de leurs échanges en ligne. 31

Dans cette perspective, la Commission des Nations unies pour le droit commercial
international (CNUDCI) a élaboré une loi-type de 1996 sur le commerce
électronique, avec pour objet de faciliter le commerce électronique en proposant
aux États un ensemble de règles internationalement acceptables en offrant une
égalité de traitement à l’information sur support papier et support électronique,
permettant ainsi de faciliter la communication sans support papier et donc de

29
V. GAUTRAIS, « Le contrat électronique international : encadrement juridique », 2ème Ed. revue,
BRUYLANT-ACADEMIA 2002, p. 233 ; V . GAUTRAIS, G. LEFEBVRE, K. BENYEKHELF, « Droit du
commerce électronique et normes applicables : l’émergence de la lex electronica », RDAI 1997, p. 547 et s.

30
Maître Moulay El Amine EL HAMMOUMI IDRISSI, Les contraintes et les opportunités juridiques liées au
développement des réseaux de distribution électronique au Maroc, 2009.
31
Meryem Edderouassi, le contrat électronique internationale, Université Grenoble Alpes, 2017.

17
promouvoir l’efficacité du commerce international. Cette loi-type dispose dans
son Article 5 que « la valeur légale, la validité ou la force exécutoire d’une
information ne sont pas refusées au seul motif qu’elle est présentée dans la forme
d’un message de données ».32 Il s’ensuit que la forme sous laquelle une certaine
information est présentée ou conservée ne peut être invoquée comme unique
raison pour laquelle cette information n’aurait aucune valeur légale, validité ou
force probante.

Conjointement, l’Article 8 de la Convention des Nations unies sur l’utilisation de


communications électroniques dans les contrats internationaux, adoptée par
l’Assemblée générale de la CNUDCI dispose que : « la validité ou la force
exécutoire d’une communication ou d’un contrat ne peuvent être contestées au
seul motif que cette communication ou ce contrat est sous forme de
communication électronique ».33

Par ailleurs, le législateur Français place délibérément à travers l’adoption de la


loi n° 2000-230 du 13 mars 2000 les différents supports au mê me niveau et se
refuse à reconnaitre une prééminence au support papier, sauf dispositions légales
ou conventions contraires. Comme le législateur français, son homologue
Québécois, Allemand, et Italien reconnaissent à leur tour la valeur juridique des
documents électroniques.

De surcroît, les principes amendés en 2016 de l’Institut Internationale pour


l’Unification du Droit Privé (UNIDROIT) consacrent la validité des documents
électroniques lorsqu’il dispose dans son Article 1.1134 : « le terme “écrit”
s’entend de tout mode de communication qui permet de conserver l’information
qui y est contenue et qui est de nature à laisser une trace matérielle ». Ainsi, un
écrit suite à ces dispositions comprend aussi tout autre mode de communications
électroniques, qui permet de conserver l’information qui y est contenue et qui
peut laisser une trace matérielle.
Par ailleurs, la validité de la force probatoire des documents électroniques fut
consacré et reconnu également par le « U.S. Federal Electronic Signatures in
Global and National Commerce (E-SIGN) Act » et par le « Uniform Electronic
Transactions Act » (UETA).

32
Article 5 de la loi-type de 1996 élaborée par la Commission des Nations unies pour le droit commercial
international (CNUDCI).
33
Article 8 de la loi-type de 1996 élaborée par la Commission des Nations unies pour le droit commercial
international (CNUDCI).
34
Article 1.11 des Principes de l’Institut Internationale pour l’unification du Droit Privé (UNIDROIT).

18
En matière de Commerce International de marchandises, la Convention des
Nations Unies sur les Contrats de Vente Internationale de Marchandises (CISG)
va plus loin en établissant comme principe que le contrat de vente internationale
n’a pas à être conclu ni constaté par écrit et n’est soumis à aucune condition de
forme. Un opinion juridique a été exprimé à cet égard par le « CISG Advisory
Council » établissant ainsi que : “[t]he term "writing" in CISG also includes any
electronic communication retrievable in perceivable form”.35
Dans le même esprit, la Chambre Commercial Internationale (CCI) a adopté les
« ICC eTerms 2004 » dans l’optique de la reconnaissance de l’écrit électronique
dans les contrats de commerce international. 36
On retrouve ainsi en matière d’Incoterms et plus particulièrement l’incoterm
EXW où l’obligation incombant au vendeur de fournir les documents
commerciaux de l’opération d’exportation/ de transit/d’importation qui
accompagnent la marchandise pourraient être fournis par voie électronique si les
parties en conviennent, tel est le cas concernant l’Incoterm FCA.37

Chapitre 2. La recevabilité de la preuve électronique :


L’adage selon lequel « les paroles s’envolent, les écrits restent » explique en
partie pourquoi, en droit, une importance considérable est accordée à la preuve
pour des actes et des faits.38

Ce constat est transposable en matière de preuve électronique. La reconnaissance


de la valeur juridique des outils d’une transaction dans l’espace virtuel d’Internet
est d’une importance majeure et constitue un préalable indispensable à la
reconnaissance d’une preuve électronique en cas de contestation.

Avant de faire le point sur le pouvoir d’appréciation du juge du fond (2), nous
exposerons les critères généraux d’admissibilité de la preuve électronique (1).

35
CISG Advisory Council : Convention des Nations Unies sur les Contrats de Vente Internationale de
Marchandises
36
Maître Moulay El Amine EL HAMMOUMI IDRISSI, Les contraintes et les opportunités juridiques liées au
développement des réseaux de distribution électronique au Maroc, 2009.
37
Guide pratique des Incoterms 2020.
38
Meryem Edderouassi, le contrat électronique internationale, Université Grenoble Alpes, 2017.

19
1. Les critères généraux d’admissibilité de la preuve électronique

La dématérialisation se répand de plus en plus dans toutes les activités de notre


société, la recevabilité et la fiabilité de la preuve des documents établis sous forme
électronique sont en effet des sujets portés devant les tribunaux. 39

Cette recevabilité est en effet subordonnée à la condition de l’intégrité et/ou


l’équivalence fonctionnelle du support électronique en vue de constituer une
preuve au même titre qu’un document de même nature établi sur support papier. 40
Pour que l’intégrité d’un document électronique soit prouvée, une simple
constatation ne suffit pas. L’intégrité est en effet assurée lorsque l’information n’a
pas été altérée, qu’elle est maintenue dans son intégralité et que le support sur
lequel l’information se trouve lui apporte une stabilité et une pérennité, comme le
dispose expressément le nouveau Code Civil de Québec dans son Article 2339.41
En cas de non-respect de cette condition, « le document perd son statut d’écrit et
ne peut être reçu qu’à titre de témoignage ou d’élément matériel et de servir de
commencement de preuve ».42

Pour ce faire, il y a lieu de s’assurer de la présence de trois critères importants. Il


s’agit de la lisibilité du document, de la stabilité du contenu et de la traçabilité des
opérations sur le document. En effet, la lisibilité désigne la possibilité d’avoir
accès, au moment de la restitution du document, à l’ensemble des informations
qu’il comporte. Quant à la stabilité du contenu, elle désigne la nécessité de
pouvoir garantir que les informations véhiculées par le document restent les
mê mes depuis l’origine. Pour la traç abilité, il s’agit de la possibilité de présenter
et de vérifier l’ensemble des traitements, opérés sur le document lors du processus
de conservation. 43

Le législateur français admet quant à lui le document électronique comme mode


de preuve écrite mais avec des conditions de précaution se rapportant aux moyens

39
É . A. CAPRIOLI, préf. J. HUET, « Signature électronique et dématérialisation », LexisNexis 2014, p. 380.

40
Irina DINU, Droit de la preuve appliqué au commerce électronique au Canada, droit civil / Common Law,
Lex Electronica, vol. 11 n°1 (Printemps / Spring 2006).

41
Article 2339 du Code Civil du Québec.
42
Article 2839 du Code Civil du Québec.
43
Meryem Edderouassi, le contrat électronique internationale, Université Grenoble Alpes, 2017.

20
techniques utilisés assurant la bonne conservation du message et garantissant
l’identité de celui dont émane l’écrit.

Dans la même optique, la loi-type de la CNUDCI de 1996 précise que la force


probante « s’apprécie eu égard à la fiabilité du mode de création, de conservation
ou de communication du message, la fiabilité du mode de préservation de
l’intégrité de l’information, à la manière dont l’expéditeur a été identifié et à toute
autre considération pertinente ».44

En matière de preuve électronique, il faut s’assurer donc que l’écrit électronique


en cause émane de celui auquel on l’oppose. Cette approche conduit à certaines
exigences : l’origine de l’échange électronique doit être fiable, sécurisé et non
falsifié, ce qui implique l’identification de son auteur.

L’affirmation du principe d’équivalence probatoire a débouché sur l’élaboration


de règles dont l’objet est d’instaurer un certain nombre de conditions permettant
d’assurer la valeur probante de l’écrit électronique.

C’est ainsi que l’ancien Article 1316-1 du Code civil français visait la
reconnaissance explicite de l’admissibilité en mode de preuve de l’écrit
électronique sous deux conditions45. Il faut, d’une part, que cet écrit puisse dûment
identifier la personne dont il émane et, d’autre part, qu’il soit établi et conservé
dans des conditions de nature à en garantir l’intégrité.46 Ainsi, l’identification de
l'auteur de l'écrit électronique doit être toujours possible, outre l'intégrité dudit
écrit électronique qui doit être préservée aux stades de son établissement et de sa
conservation, comme prévu par le dahir des obligations et des contrats tel que
modifié par la loi n° 53-05 susvisée.47

C’est donc pour qu’il soit admis en matière de preuve, l’écrit électronique doit
remplir les conditions requises par le législateur. En cas de conflit, il appartient
au juge de déterminer les conditions de son admissibilité.

44
Art. 9 de la loi type de la CNUDCI de 1996.

45
Article 1316-1 du Code Civil français visant la reconnaissance explicite de l’admissibilité en mode de preuve
de l’écrit électronique.
46
Il s’agit, comme nous l’avons vu, d’une reconnaissance légale qui s’inspire de la jurisprudence française, en
particulier de la chambre commerciale de la Cour de cassation du 2 décembre 1997 qui posait déjà les deux
conditions : authentification des parties et intégrité du message. Cass., com., 2 décembre 1997, n° 95-14.251,
op.cit.
47
Zineb Laraqui, quid de l’écrit électronique en droit marocain, https://www.zineblaraqui.com/quid-de-lecrit-
electronique-en-droit-marocain/

21
2. Le pouvoir d’appréciation du juge du fond :

La force probante d’un moyen de preuve électronique implique la recevabilité de


tel moyen par le juge à l’occasion de la contestation de l’existence d’un droit. Les
preuves obtenues au moyen des procédés électroniques en violation des exigences
légales peuvent être écartées par le juge.

La Cour de cassation française rappelle, dans ce cadre, dans un Arrêt en date du


1er juillet 2010 le pouvoir souverain des juges du fond en matière d’admission des
preuves, en l’espèce écrite. Elle en conclut que la Cour d’appel procède de son
pouvoir souverain d’appréciation de la valeur et de la portée des éléments de
preuve produits.

Il appartient donc au juge d’apprécier souverainement la valeur probante de l’écrit


électronique. Il doit s’appuyer, pour forger sa conviction, sur les preuves obtenues
au moyen des nouvelles technologies, dés lors qu’elles sont collectées
conformément aux prescriptions légales en vigueur et légalement admissibles.

CONCLUSION :

Le développement des nouvelles technologies de l'information et notamment celui


de l’internet a une influence considérable sur le droit. Celui-ci se fonde sur des
principes et des normes qui doivent tenir comptes à la fois des intérêts et des
obligations des différents acteurs de la vie sociale. Pour cette raison, il doit
s'adapter aux faits et événements nouveaux et imposer au même au même temps
des contraintes déterminées.
Nous constatons que la plupart des textes proposés contiennent une clause
d'harmonisation minimale ; ce qui signifie que la transposition de ces dispositions
dans l'ordre juridique interne risque d'être différente d'un Etat à l'autre, ce qui ne
facilite pas les choses.
D'autre part, l'une des orientations majeures qui préside à l'élaboration de ces
normes est la protection de la partie la plus faible en matière des transactions ;
c'est-à-dire le consommateur. On peut bien se demander si cette protection accrue
ne porte - t -elle pas préjudice aux intérêts d'une partie essentielle, et aussi, au
développement du commerce électronique, à travers le prestataire de service ou
le fournisseur des biens. Un autre point délicat concerne le coût de cette

22
protection. En effet, la mise en œuvre de ses mesures de protection s'avère
coûteuse en temps et en argent ; le responsable direct de l'infraction était soit non
identifié soit réside dans une juridiction hors de portée de titulaire de droit lésé.
Dès lors, il apparaît plus facile de s'adresser au Prestataire technique soit plus
roche géographiquement, tel que le fournisseur d'accès national, soit plus
solvable.
- On peut déduire de cette étude que le législateur marocain a reconnu la forme
électronique de l'écrit en précisant son égalité probatoire avec l'écrit-papier, celle-
ci est subordonnée à des exigences légales sans lesquelles l'écrit électronique ne
peut être considéré qu'un commencement de preuve par écrit. -Reconnaitre l'écrit
électronique constitue une initiative importante de notre législateur vers une
réglementation complète en la matière. Sa force probante est mise sous conditions
des fiabilités des systèmes et à l'intégrité des données, une condition qui par nature
constitue un point faible des réseaux ouverts.
- L'admissibilité de l'écrit électronique en tant que preuve à part entière, prescrit
son accompagnement d'une signature électronique valide, assurant son intégrité
et identifiant son émetteur. Cette même signature doit remplir une série
d'exigences lui attribuant une force probante non contestable.
- Pour ce qui est de la preuve électronique, à travers laquelle apparait deux notions
à savoir l'écrit électronique et la signature électronique, on constate que le
législateur a donné, via la loi 53-05, une valeur probante à l'écrit électronique et
par la suite il l'a exclu du domaine d'appréciation du juge sauf que les exigences
qui a prescris restent parfois difficiles à exécuter. En outre pour que l'écrit
électronique et la signature électronique réalisent leur objectif probatoire, il faut
qu'il y ait un vrai système de sécurité de haut niveau permettant entre autres,
l'archivage sécurisé des données permettant de détecter, le cas échéant, toute
modifications ou altération des données en question. Sans oublier le rôle de la
cryptographie notamment l'asymétrique, dans la conservation des écrits
électroniques et la signature électronique, en transformant les informations en des
codes incompréhensibles et illisibles afin de les protéger de toute usurpation
pendant l'acheminement, en outre de la même manière la cryptographie,
symétrique ou asymétrique, permet de garder l'intégrité de l'écrit. Précisant., que
cette technique permet également l'identification du signataire chose qui est
capitale dans ce genre de contrat.
Toutefois, on remarque l'absence de jurisprudence marocaine relative directement
à la preuve électronique ou à la signature électronique, ce qui explique que ces
dispositions ne sont pas encore passées à la pratique et restent sur le plan théorique

23
seulement, Cela précise que la conclusion des contrats électronique au Maroc
reste encore en croissance. En fin, la loi 53-05 a le mérite d'exister, et les acteurs
du commerce électronique pourraient bien y voir un support de développement de
ce secteur. Mais ils attendent toujours un décret d’application.

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BIBLIOGRAPHIE :

Textes de loi :

- Dahir n°1-07-129 du 19 kaada 1428(30 novembre 2007) portant promulgation de la loi


n°53-05 relative à l’échange électronique de données juridiques. Bulletin Officiel
n°5584 du jeudi 6 décembre 2007.
- Dahir n° 1-09-15 du 22 safar 1430 (18 février 2009) portant promulgation de la loi n°
09-08 relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des
données à caractère personnel
- Loi n° 2000-230 du 13 mars 2000 portant adaptation du droit de la preuve aux
technologies de l’information et relative à la signature électronique.
- Loi tunisienne du 09 août 2000 relative aux échanges et au commerce électroniques.
- Loi-type de 1996 élaborée par la Commission des Nations unies pour le droit
commercial international (CNUDCI).
- Code Civil du Québec entré en vigeur le 1er janvier 1994.
- Code Civil français visant la reconnaissance explicite de l’admissibilité en mode de
preuve de l’écrit électronique.

Jurisprudence :

- Arrêt cité dans l'intervention de Madame Elisabeth GUIGOU Garde des sceaux,
Ministre de la justice, a l'occasion de la présentation du projet de loi portant adaptation
du droit de la preuve aux technologies de l'information et _relatif à la signature
électronique au Sénat le 8 février 2000. Voir. intp://discours_vie-
publiqaffrinotices/0030004-99.hrmi consulté le 6 janvier 2014 à 17
- Arrêt rendu par la chambre commerciale, le 2 décembre 1997, société Descamps contre
Banque Dupont
- CAC Casablanca, 24 septembre 2001, Rev Al Ichaa,2006, n°30-31, p 396.
- Cass.com,2 déc.1997, JCP éd G 1998, II, n°100097, note Grynbaum, JCP éd E 1998,
p.178 note Bonneau, D.1998, jur, p192 note Martin
- Arrêt de la Chambre Commerciale de la Cour de cassation du 2 décembre 1997, n° 95-
14.251, op.cit.

25
Doctrine :

- 3 Michel VIVANT, « Un projet de loi sur la preuve pour la société de l'information »,


Lamy Droit de l'informatique, Bulletin a-117, 1999, p.1
- Le petit Robert de Paul Robert, édition 1993 p 1335.
- PIETTE-COUDOL(T), La signature électronique, Ed LITEC, 2001, p83.
- Myriam Quemener, Joël Ferry ; « Cybercriminalité Défi mondial » Edition Economica
2009, Page 106.
- A. AKHRIF, contrats de consommation : vent à domicile-contrat à distance-contrat
électronique. Imprimeries Omayma, Ed.2006, p 57.
- G. ACHAB, le paiement en ligne dans le commerce électronique : aspects de l’influence
de la technique sur le droit. Casablanca 2001 p.67
- A. LUCAS, le droit de l’information, P.U.F 1987, p.381.
- M.Diyaâ TOUMLILT, le commerce électronique au Maroc, Casablanca imprimerie
éditions maghrébines Ed.2008, p453
- Le petit Robert de Paul Robert, édition 1993 p 1335.
- Maître Moulay El Amine EL HAMMOUMI IDRISSI, Les contraintes et les
opportunités juridiques liées au développement des réseaux de distribution électronique
au Maroc, 2009.
- V. GAUTRAIS, « Le contrat électronique international : encadrement juridique »,
2ème Ed. revue, BRUYLANT-ACADEMIA 2002, p. 233 ; V . GAUTRAIS, G.
LEFEBVRE, K. BENYEKHELF, « Droit du commerce électronique et normes
applicables : l’émergence de la lex electronica », RDAI 1997, p. 547 et s.
- Principes de l’Institut Internationale pour l’unification du Droit Privé (UNIDROIT).
- CISG Advisory Council : Convention des Nations Unies sur les Contrats de Vente
Internationale de Marchandises.
- Guide pratique des Incoterms 2020.
- É . A. CAPRIOLI, préf. J. HUET, « Signature électronique et dématérialisation »,
LexisNexis 2014, p. 380.
- Irina DINU, Droit de la preuve appliqué au commerce électronique au Canada, droit
civil / Common Law, Lex Electronica, vol. 11 n°1 (Printemps / Spring 2006).
- COMMERCE ELECTRONIQUE Citation : Eric CAPRIOLI, Le juge et la preuve
électronique, Réflexions sur le projet de loi portant adaptation du droit de la preuve aux
technologies de l'information et relatif à la signature électronique.

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Thèses et mémoires :

- Élie Chakthoura, le droit international privé à l’épreuve du commerce électronique,


Université du Québec à Montréal
- Meryem Edderouassi, le contrat électronique internationale, Université Grenoble
Alpes, 2017.
- O. ANJOUM, la valeur juridique des moyens de communication modernes, thèse,
Casablanca, 2004, p 105.

Webographie :

- Zineb Laraqui, quid de l’écrit électronique en droit marocain,


https://www.zineblaraqui.com/quid-de-lecrit-electronique-en-droit-marocain/

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