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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

MODULE : DROIT ECONOMIQUE


PROFESSEUR : Mme MOUHTARAM GHIZLANE
Année universitaire : 2021 / 2022

MASTER DROIT DES AFFAIRES

SOUS LE THÉME

La protection de l’ordre public


économique en droit de la
concurrence

REALISE PAR :

AMINE RAFIK
SOUKAINA CHAMEKH
FATIMA ZAHRA MIRI
TARIK CHARKAOUI
KHADIJA MAMDOUH
BOULOUARD CHAIMA

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Introduction

Le droit de la concurrence, cœur du droit économique , est une discipline qui, par essence
même, se situe au confluent des notions d’ordre public économique et de pouvoirs privés
économiques.
L’ordre public économique, entendu dans sa définition la plus restrictive, vise a priori à garantir
le fonctionnement concurrentiel des marchés même s’il convient de rappeler que la sauvegarde
de l’ordre public économique va au-delà du maintien de la concurrence pour englober d’autres
composantes de l’ordre public général,
Si le droit économique est le droit du pouvoir économique, le droit de la concurrence est le droit
du contrôle de l’exercice de ce pouvoir économique, le pouvoir de marché acquis par les
opérateurs économiques au premier rang desquels l’on retrouve les pouvoirs privés
économiques. Il suffit ici de penser au contrôle des concentrations, contrôle a priori du pouvoir
économique afin d’éviter une trop forte concentration susceptible de nuire par la suite à la
concurrence ou encore au contrôle des pratiques anticoncurrentielles, en principe un contrôle a
posteriori, qu’elles soient unilatérales comme l’abus de position dominante ou collectives
comme les ententes ou cartels.
Le contrôle de l’exercice du pouvoir économique au titre de l’ordre public économique en droit
de la concurrence se traduit certes par un droit visant à limiter les atteintes à la libre concurrence,
incarné par le contrôle des concentrations et le droit des pratiques anticoncurrentielles ou encore
par le contrôle des aides publiques, mais aussi par un droit qui vise à contrôler les excès de
concurrence incarné par tout un ensemble de pratiques excessives de concurrence que l’on peut
qualifier de déloyales, d’agressives ou encore de restrictives de concurrence.

Donc l’ordre public économique entretient une relation complexe avec la concurrence et vise
en droit de la concurrence en tant que gardien des marches et de prévenir toutes ententes
anticoncurrentielle
Ce qui nous permet de poser les questions suivante quelle est la relation entre la concurrence
et l’ordre public économique ? Et comment on peut lutter contre les excès de la
concurrence au nom de la sauvegarde de l’ordre public économique ?

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Le plan

Partie 1 _la concurrence dans l’ordre public économique


 Section 1 : le lien entre ordre public économique et
contrôle de concentration
 Section 2 : les opérations de la concentration

Partie 2 : excès de la concurrence et ordre public


économique
 Section 1 : désorganisations du marché concurrence
déloyale et ordre public économique
 Section 2 : les pratiques restrictives de concurrence et
ordre public économique
 Section 3 : les préservations de l'ordre public
économique en droit de la concurrence

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Partie 1 _la concurrence dans l’ordre public


économique

L'ordre public économique est lié à la défense d’une concurrence suffisante sur le marché
comme en atteste la jurisprudence constitutionnelle, administrative et judiciaire en matière de
concentrations économiques et de pratiques anticoncurrentielles. Mais l'ordre public
économique va au-delà de la concurrence. D'autres impératifs que doivent prendre en
considération les régulateurs enrichissent son contenu et sa fonction. La préservation et le
rétablissement de l'ordre public économique constituent l'objet même de la régulation
économique. De même que l'ordre public est indissociable de la police, l'ordre public
économique fait le lien entre la notion de police appliquée à l'économie et la notion juridique
de régulation.

 Section 1 : le lien entre ordre public économique et contrôle de


concentration

A- en France
Plusieurs décisions du conseil constitutionnel et du conseil d’Etat lient ces deux notions,
notamment les décisions n°2012-280 QPC du 12 octobre 2012 ; le conseil constitutionnel
rapproche les objectifs de préservation de l’ordre public économique et le contrôle des
opérations de concentration qui a pour objet de d’assurer un fonctionnement concurrentiel du
marché dans un secteur déterminée. Ladite décision inaugure un courant jurisprudentiel qui n’a
cessé d’enrichir et dans lequel les juges se sont rapidement inscrits.
En trouve également la décision du 1er octobre 2013 concernant la loi du pays relative à la
concurrence en Nouvelle Calédonie qui entend à soumettre un contrôle des concentrations qui
permet un fonctionnement concurrentiel du marché par une limitation de liberté d’entreprendre
; autrement dit assurer le fonctionnent concurrentiel du marché en soumettant à un contrôle les
opérations de concentrations concourt à la préservation de l’ordre public économique
Dans un autre arrêt jugé par le conseil d’état le 23 décembre 2013 qui éclaire le sens du
fonctionnement concurrentiel du marché, en mettent l’accent sur une contradiction très
importante qui veut dire que le maintien du dit fonctionnement dépend d’une concurrence
suffisante et non pas parfaite; Par conséquence, l’autorité de la concurrence ne sera pas tenu
lorsqu’il identifie un effet anticoncurrentiel, d’adopter des mesures correctives de natures a le
supprimer intégralement, “pourvu que ces mesures permettent d’assurer le maintien d’une
concurrence suffisante”. 1

1
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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Dans une dernière décision, le conseil d’Etat réitère clairement le lien direct qui unit le contrôle
des opérations de concentration et l’ordre public économique dans un arrêt du 16 juillet 2014 ;
une atteinte aux pouvoirs de contrôles des opérations de concentrations correspond à une
atteinte à la mission de la préservation de l’ordre public économique, cela ne signifie pas pour
autant que le champ de l’ordre public économique se restreindra à se seul aspect de défense de
concurrence.2
B- au Maroc
Le nouveau régime marocain de contrôle des concentrations loi n 104-12 et décret
d’application est pleinement entré en vigueur suite a la nomination des membres et du président
du conseil marocain de la concurrence respectivement en novembre et décembre 2018.
Le principe de la liberté des prix est consacré par l’art2 de ladite loi, le principe a pour finalité
d’observer les disfonctionnements qui entachent la concurrence sur le marché interne ; ladite
loi a mis également l’accent sur les pratiques anticoncurrentielles qui peuvent être définie
comme étant des pratiques ayant pour objet d’empêcher de restreindre ou de fausser le jeu de
la concurrence sur le marché notamment des pratiques qui visent à :
 Limiter l’accès aux marchés ou le libre exercice de la concurrence par d’autres
entreprises.
 Faire obstacles à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant
artificiellement leurs hausses ou leurs baisses.
 Limiter ou contrôler la production les débouchés, les investissements, ou le progrès
technique
 Repartir les marchés 3

 Section 2 : les opérations de la concentration

La concentration est une tendance à la production et la vente d’une plus grande part d’un produit
par un nombre plus restreint d’entreprises. Que la croissance soit interne ou externe, qu’elle se
fasse par regroupement ou par absorption, qu’elle soit verticale, horizontale ou congloméral,
elle peut aboutira la diminution du nombre d’entreprises exerçant sur un marché. Le phénomène
de concentration est donc le plus souvent le résultat d’une certaine forme de croissance.
Selon le dictionnaire juridique la concentration économique est l'opération juridique résultant
généralement d'une entente conclue entre deux ou plusieurs entreprises ou entre des groupes
d'entreprises qui, soit par voie de fusion, soit par le jeu du contrôle qu'exercent certains de leurs
dirigeants, soit encore par des prises de participations dans leur capital respectif ou par la
création d'une entreprise ou d'un groupement commun ou de toute autre manière, parviennent
à contrôler tout ou partie de l'ensemble de ces entreprises et donc les activités économiques
qu'elles exercent.

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https://www.challenge.ma
3
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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

En droit marocain la concentration des entreprises est définit dans l’article 11 de la loi 104-12
de liberté des prix et de la concurrence stipule que : « Une opération de concentration est réalisée
:
1-Lorsque deux ou plusieurs entreprises antérieurement indépendantes fusionnent.
2- lorsqu’une ou plusieurs personnes, détenant déjà le contrôle d’une entreprise au moins,
acquièrent, directement ou indirectement, que ce soit par prise de participation au capital ou
achat d’éléments d’actifs, contrat ou tout autre moyen, le contrôle de l’ensemble ou d’une partie
d’une autre entreprise ou de l’ensemble ou de parties de plusieurs autres entreprises
3- lorsqu’une ou plusieurs entreprises acquièrent, directement ou indirectement, que ce soit par
prise de participation au capital ou achat d’éléments d’actifs, contrat ou tout autre moyen, le
contrôle de l’ensemble ou d’une partie d’une autre entreprise ou de l’ensemble ou de parties de
plusieurs autres entreprises
La création d’une entreprise commune accomplissant de manière durable toutes les fonctions
d’une entité économique autonome constitue une concentration au sens du présent article.
Aux fins de l'application du présent titre, le contrôle découle des droits, contrats ou autres
moyens qui confèrent, seuls ou conjointement et compte tenu des circonstances de fait ou de
droit, la possibilité d’exercer une influence déterminante sur l’activité d’une entreprise, et
notamment :
- Des droits de propriété ou de jouissance sur tout ou partie des biens d'une entreprise,
- Des droits ou des contrats qui confèrent une influence déterminante sur la composition, les
délibérations ou les décisions des organes d’une entreprise.
L’article cite trois notions : l’entreprise, la fusion et le control.
On entend par entreprise « une entité exerçant une activité économique indépendamment de
statut juridique de cette entité et de son mode de financement »,l’activité économique étant
entendue comme « consistant a offrir des biens et des services sur le marcher ».Une
concentration peut porter sur l’ensemble d’une ou plusieurs entreprises , comme des marques
ou des brevets, dès l’instant ou ces éléments d’actifs constituent une activité se traduisant par
une présence sur un marché à laquelle un chiffre d’affaires peut être rattaché sans ambiguïté.
Pour La fusion est définie comme étant « un phénomène contractuel par lequel, a une pluralité
de société, se substitue une seule, en deux variantes possibles par incorporation d’une nouvelle
société dans laquelle confluent deux ou plusieurs sociétés préexistantes ». La fusion entraine la
dissolution sans liquidation des entreprises qui disparaissant, et le changement de la qualité
d’associe des sociétés bénéficiaires.
Fusion absorption, c’est une ou plusieurs sociétés préexistantes disparaissent pour venir
s'annexer à une autre société préexistante. C'est le cas où une société en absorbe d'autre tout en
gardant son identité propre. Elle consiste dans l'apport par une ou plusieurs sociétés de
l'intégralité de leurs actifs à une société existante qui les absorbe. Il faut noter que la fusion
absorption est la méthode la plus retenu e et ceux pour des raisons fiscales concernant le droit
d'enregistrement et juridiques relatives à la constitution des sociétés .Pour le deuxième type de
fusion c’est la fusion par création d'une société nouvelle, deux ou plusieurs sociétés préexistante
disparaissant pour créer une société .La fusion par constitution d'une société nouvelle consiste

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

dans la réunion de deux ou plusieurs sociétés qui disparaissent toutes pour donner naissance a
un être moral nouveau. Les mêmes principes généraux de celui de la fusion absorption restent
applicables, le seul élément original consistant dans la disparition simultanée des deux sociétés.
Donc deux sociétés au moins sont dissoutes pour faire un apport global de leur situation active
et passive a une société nouvelle crée pour recevoir ces apports.
Les types des opérations de fusion et acquisitions sont souvent classifiées dans trois principaux
types, selon le point auquel l'activité économique de la compagnie est liée a ceux de l'acquéreur
: horizontal, vertical et conglomère.
Pour La notion de contrôle doit être réservée aux opérations qui conduisent à des changements
durables dans la structure de l'entreprise. Par conséquent, les moyens qui n'impliquent pas de
modifications structurelles ne doivent pas aboutir à une « acquisition » au sens juridique, même
s'ils sont autorisés à influencer dans une certaine mesure la politique commerciale d'une
entreprise. Les conditions habituelles d'un contrat de franchise n'obligent pas le franchiseur à
reprendre la franchise. Les transactions qui n'affectent pas la structure de l'entreprise mais qui
affectent toujours le comportement concurrentiel de l'entreprise doivent être analysées dans des
circonstances appropriées, telles que les ententes.
Le traitement des opérations de fusion économique suit un formalisme strict garantissant dans
un cadre transparent les droits de toutes les parties intéressées. Puis depuis réception de la
notification de l'opération, le Conseil publie sur son site Internet et dans un journal des mentions
légales, un communiqué de presse contenant des informations sur une telle transaction
notamment le nom des sociétés, la nature de l'opération, le secteur économique concerné et le
délai dans lequel les tiers intéressés peuvent présenter leurs observations.
Le conseil doit statuer sur l'opération dans un délai n'excédant pas soixante jours à compter de
la notification. Mais en général, la durée de l'examen dépend de la nature de l'opération et de sa
complexité. Sa décision peut prendre plusieurs formes : soit il déclare que l'opération n'est pas
sous son contrôle, soit l'autorise sans condition, soit l'autorise par l'exécution d'engagements
subordonnés aux parties concernées, notamment en remédiant aux effets anticoncurrentiels de
l’opération de la concentration.
Lorsque le Conseil estime qu’il y a un risque sérieux d’atteinte à la libre concurrence, il engage
un examen approfondi pour vérifier si l’opération est de nature à porter préjudice à la
concurrence, notamment « par la création ou le renforcement d’une position dominante ou par
la création ou le renforcement d’une puissance d’achat qui place les fournisseurs en situation
de dépendance économique ». Le Conseil apprécie en même temps si les apports de l’opération
sont de nature à compenser les atteintes à la libre concurrence. Durant cette phase, le conseil
peut entendre les tiers pour recueillir leurs avis sur l’opération de concentration. De même, les
parties ont la possibilité de proposer des engagements de nature à remédier aux effets
anticoncurrentiels de l’opération.
Depuis 1976 aux États-Unis, 1990 dans l’Union Européenne, les entreprises désirant s’engager
dans des opérations de concentration (fusions-acquisitions) de grande dimension doivent en
informer au préalable les autorités de la concurrence qui, après examen, décident ou non de les
autoriser. Contrairement aux deux volets précédents de la politique de la concurrence, la
démarche est ici préventive : il s’agit d’identifier en amont et d’empêcher les opérations

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

susceptibles de diminuer l’intensité de la concurrence et donc de nuire aux intérêts des


consommateurs.
Dans leur examen du dossier, les autorités doivent d’abord, comme dans le cas de l’abus de
position dominante, délimiter le marché pertinent, en tenant compte à la fois des caractéristiques
du produit et en même temps d’un critère géographique. Elles doivent ensuite mesurer l’impact
de l’opération sur le degré de concurrence sur ce marché : risque-t-elle de permettre l’exercice
d’un pouvoir de marché générateur d’une hausse durable et injustifiée des prix ?
La répartition des parts de marché constitue de fait un indicateur crucial : si l’opération aboutit
à un degré élevé de concentration, elle sera considérée avec une plus grande méfiance. Mais
l’exercice d’un pouvoir de marché peut être contre-contrecarré par la faiblesse du nombre
d’acheteurs ou la menace d’entrée de nouveaux concurrents

partie 2 : excès de la concurrence et ordre public


économique

Les excès de concurrence ont tendance à être exclus de la sauvegarde de l’ordre public
économique dans la mesure où il ne s’agirait plus de protéger directement la concurrence mais
plutôt de protéger des droits subjectifs, ceux des concurrents et des partenaires commerciaux.
cependant, la protection des concurrents ou des partenaires commerciaux n’est pas si éloignée
qu’il n’y paraît de la protection de la concurrence dans certaines circonstances comme, par
exemple, l’acte de la concurrence déloyale se traduisant par la désorganisation du marché,
concurrence déloyale et ordre public économique (section 1), de même les pratiques restrictives
de concurrence (section 2) et les préservations de l'ordre public économique en droit de la
concurrence (section 3).

 section 1 : désorganisation du marché, concurrence déloyale et ordre


public économique

La législation encadrant la concurrence, dans son sens moderne, traite les agissements des
entreprises qui peuvent troubler la structure du marché, en prenant l’ordre public économique
comme intérêt collectif à protéger.4
Cependant, bien avant la naissance du concept de droit économique ou l’émergence de l’idée
d’ordre public économique, existaient des règles protectrices destinées aux commerçants ou

8
La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

agents économiques afin de les protéger contre les agissements déloyaux de concurrents
indélicats5 .
La concurrence déloyale est une pratique commerciale abusive d’une entreprise à l’encontre
d’entreprises tierces. La concurrence déloyale est prouvée par la cumulation d’une faute, d’un
préjudice et d’un lien de cause à effet. Les méthodes de concurrence abusive sont nombreuses
même si on retrouve souvent les mêmes : parasitisme, dénigrement, imitation, désorganisation.
Les sanctions de la justice sont de nature civile et constituent principalement des dommages-
intérêts et la cessation des actes déloyaux.6

1- Les mécanismes qui portent atteinte à la concurrence


. les ententes illicites
L'entente anticoncurrentielle est un accord ou une action concertée qui a pour objet ou peut
avoir pour effet d'empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché
de produits ou de services déterminés. Cette entente peut prendre diverses formes (écrite ou
orale, expresse ou tacite, horizontale entre concurrents sur un même marché ou verticale,
comme par exemple entre un producteur et un distributeur)7
l’article 6 de la loi 104-12 prévoit que : ont prohibées, lorsqu’elles ont pour objet ou peuvent
avoir pour effet d’empêcher, de restreindre ou de fausser le jeu de la concurrence sur un marché,
les actions concertées, conventions, ententes ou coalitions expresses ou tacites, sous quelque
forme et pour quelque cause que ce soit, notamment lorsqu’elles tendent à:
1. limiter l'accès au marché ou le libre exercice de la concurrence par d’autres entreprises ;
2. faire obstacle à la formation des prix par le libre jeu du marché en favorisant artificiellement
leur hausse ou leur baisse ;
3. limiter ou contrôler la production, les débouchés, les investissements ou le progrès technique
;
4. répartir les marchés, les sources d'approvisionnement ou les marchés publics.
. les abus de position domination
L’abus de position dominante se définit comme des pratiques exercées par une entreprise en
position dominante sur un marché lui permettant de réaliser des bénéfices colossaux aux dépens
des consommateurs et/ou d’exclure des concurrents potentiels8
. les prix abusivement bas

5
Cet euphémisme est utilisé par le pr Drissi Alami Machichi.

6
https://www.l-expert-comptable.com/a/534054-concurrence-deloyale-definition-preuve-et-risques-
encourrus.html
7
file:///C:/Users/PC/Downloads/infraction%20de%20concurrence-3.pdf
8
Lutter contre les pratiques anticoncurrentielles, guide à l’intention des exportateurs des économies en
développement, Centre de Commerce International, 2012

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Le prix abusivement bas selon l’article 8 de la loi 104-12 constitue une pratique
anticoncurrentielle lorsqu’elle a pour objet d'évincer ou d’empêcher l’accès à un marché des
opérateurs, au demeurant compétitifs, ou l’un de leurs produits ou services.
« Les offres de prix ou pratiques de prix de vente aux consommateurs abusivement bas par
rapport aux coûts de production, de transformation et de commercialisation, dès lors que ces
offres ou pratiques ont pour objet ou peuvent avoir pour effet d’éliminer à terme d’un marché,
ou d’empêcher d’accéder à un marché, une entreprise ou l’un de ses produits»9

2- l’action en concurrence déloyale


Toute personne ou établissement qui prétend subir un des agissements déloyaux peut saisir le
juge afin d’obtenir réparation du préjudice qu’il a subit.
Il est à préciser que cette action est uniquement de nature civile et suppose l’existence
des éléments constitutifs de la responsabilité civile à savoir une faute, un préjudice
et un lien de causalité.

-Effets de l’action en concurrence déloyale


Comme l’édicte l’article 185 de la loi 17-97 : « Les faits de concurrence déloyale ne peuvent
donner lieu qu'à une action civile en cessation des actes qui la constituent et en dommages
intérêts. »
L’acte de concurrence déloyale est sanctionné par l’attribution de dommages et intérêts au
demandeur qui peut être accompagnée de mesures complémentaires.
A cet effet, le juge va apprécier au cas par cas la situation et déterminer le montant du
dédommagement en fonction de la durée et de la fréquence des agissements déloyaux.
Outre le versement de ces dommages et intérêts, l’action en concurrence déloyale peut
permettre au demandeur d’obtenir la cessation des agissements déloyaux qui se traduit par, le
retrait d’une publicité, la destruction de produits ou encore par l’interdiction de vente des
produits.
A titre d’exemple : en matière d’imitation de produits, le tribunal peut interdire de vendre les
produits litigieux. De même, en matière d’homonymie, le tribunal peut ordonner que soient
ajoutées au nom de l’homonyme les précisions nécessaires pour mettre fin à la confusion.
Par ailleurs, une décision du juge ordonnant la cessation des actes de concurrence déloyale est
fréquemment assortie d’une astreinte qui consiste en un versement d’argent (montant fixé par
le juge) par jour de retard dans l’exécution d’une décision.10

De manière générale, l’opérateur économique, qui ne respecte pas une contrainte réglementaire
propre à son activité économique, crée une rupture d’égalité dans les conditions d’exercice de
la concurrence portant ainsi indirectement atteinte au fonctionnement concurrentiel du marché.
Dès lors, la protection directe par le juge des intérêts subjectifs des concurrents conduit
indirectement à protéger la concurrence en matière d’actes de concurrence déloyale

9
ART 8 DAHIR N° 1-14-116 DU 2 RAMADAN 1435 (30 JUIN 2014) PORTANT PROMULGATION DE LA LOI N° 104-
12 RELATIVE A LA LIBERTE DES PRIX ET DE LA CONCURRENCE
10
https://avocat-jawhari.com/2020/10/19/la-concurrence-deloyale/

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

désorganisant le marché, cet état de fait se constate aussi pour certaines pratiques restrictives
de concurrence.11

 Section 2 : les pratiques restrictives de concurrence et ordre public


économique

Lorsque l’on étudie tous les aspects du droit des pratiques restrictives de concurrence, il se
révèle être un droit d’ordre public économique de direction. La nature macroéconomique du
droit des pratiques restrictives de concurrence est liée à son champ d’application au domaine
économique (A) et à sa défense d’intérêts macroéconomiques (B).

I) Un champ d’application au domaine économique

Selon, l’article premier de la loi sur la liberté des prix et de la concurrence, qui stipule que
cette loi s’applique : « (…) à toutes les activités de production, de distribution et de services… ».
Et puisque les activités de production, de distribution et de services relèvent de la science
économique et que les personnes effectuant ces activités sont des acteurs économiques, on
constate que le droit des pratiques restrictives de concurrence a pour objet les activités
économiques et les acteurs économiques.

L’ordre public économique « correspond au droit économique qui repose sur un pouvoir
étatique»12. Or, le droit des pratiques restrictives de concurrence est bien mis en place par les
pouvoirs publics pour régir les activités économiques. Il « s’intègre dans cet ensemble large,
aux contours variables, que l’on désigne aujourd’hui par l’expression droit du marché ou droit
économique»13. Ce lien consubstantiel à l’économie souligne sa particularité et permet de
comprendre, à tout le moins dans une certaine mesure, la place qu’y occupent les réalités
économiques et pourquoi ses finalités sont essentiellement économiques.

Le titre VI de la loi nommé « des pratiques restrictives de la concurrence » montre la finalité


économique du droit restrictive de concurrence. En effet, il annonce des règles qui vise à assurer
la transparence dans les relations commerciales entre professionnels, par exemple l’article 77
ordonne que "Tout producteur, prestataire de services, importateur ou grossiste est tenu de

11
https://www.cairn.info/revue-internationale-de-droit-economique-2019-1-page-11.htm
12
Farjat (G.), Droit économique : PUF 1971, p. 26
13
Frison-Roche (M.-A.) et Payet (M.-S.), Droit de la concurrence : op. cit., p. 24

11
La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

communiquer à tout acheteur de produit ou demandeur de prestation de service pour une activité
professionnelle qui en fait la demande, son barème de prix et ses conditions de vente."

Le droit des pratiques restrictives de concurrence protège des intérêts macroéconomiques

II) La protection d’intérêts macroéconomiques

Le droit des pratiques restrictives de concurrence est bâti autour de la défense du pouvoir
d’achat au profit des consommateurs, il a pour objectif de contrôler la grande distribution et de
lutter pour le pouvoir d’achat. D’où le droit des pratiques restrictives de concurrence a pour but
de contrôler les prix, plus exactement de les rendre les plus faibles possibles. il n’y a pas la
volonté de protéger un contractant faible à l’égard de son partenaire plus fort mais plutôt d’agir
sur les prix. C’est la satisfaction du consommateur, par l’offre de produits à prix attractifs,

Le prix est une réalité profondément économique en ce qu’il est le régulateur du marché14
notamment entre l’offre et la demande. A ce titre, il est une donnée macroéconomique et, le fait
de le contrôler s’inscrit, par conséquent, dans une dimension macroéconomique. Les règles
doivent permettre de stimuler une concurrence par les prix pour qu’ils soient les plus bas
possibles. De ce fait, elles intéressent l’ensemble du marché et même de la société. En effet, le
niveau des prix a une incidence sur le pouvoir d’achat des consommateurs, sur les stratégies
concurrentielles des acteurs économiques qu’ils soient vendeurs ou revendeurs, sur la
croissance de l’économie française, car elle repose principalement sur la consommation, et
partant sur le progrès économique.

Finalement, nous devons signalez aussi que la nature d’ordre public économique du droit
des pratiques restrictives de la concurrence se manifeste aussi si en fait recours à aux personnes
titulaires du droit d’agir. La défense de l’ordre public économique de direction est assurée par
des autorités publiques en tant que représentantes de l’Etat. Elles peuvent saisir les tribunaux
pour obtenir réparation du préjudice subi par l’économie. C’est une compétence exclusive qui
vise à une défense directe de l’intérêt général. Mais, la loi donne également pouvoir au Ministre
de l’Economie et au Ministère public d’agir en justice pour obtenir réparation du préjudice subi
par la victime d’une pratique interdite. Cette action est en concours avec celle des agents
économiques eux-mêmes et cela donne lieu à une compétence partagée en matière de protection
des victimes

14
Naudet (J.-Y.), Economie politique : PUAM, 2009, 6ème éd., p. 193.

12
La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

En guisse de conclusion, le droit des pratiques restrictives de concurrence a une approche


macroéconomique répondant à des finalités macroéconomiques. Il encadre les processus
économiques et non l’équilibre des relations commerciales. La réalité économique est
davantage prise en compte que la réalité contractuelle. C’est ce qui explique que les pratiques
sont le plus souvent interdites en raison de leur impact supposé négatif sur l’économie, ou du
risque qu’elles représentent pour les échanges, et non pas eu égard à leur effet sur la relation
commerciale dans sa singularité. En souhaitant favoriser des prix peu élevés et contrôler la
puissance d’achat des grands revendeurs, le droit mis en place ne peut avoir, dans le même
temps, pour objectif d’équilibrer les échanges entre les parties, leur situation réelle n’étant pas
prise en compte. L’objectif macroéconomique a même parfois pour conséquence de contribuer,
au contraire, à accentuer un déséquilibre existant ou, dans une moindre mesure, à n’avoir
aucune incidence sur celui-ci.

 Section 3 : les préservations de l'ordre public économique en droit de


la concurrence

La préservation et le rétablissement de l’ordre public économique constituent l’objet même


de la régulation économique. L’ordre public économique est lié principalement à la défense
d’une concurrence suffisante sur les marchés par le biais du contrôle des concentrations
économiques et la lutte contre les pratiques anticoncurrentielles. 15
La lutte contre les ententes anticoncurrentielles et les cartels constitue l’une des modalités
principales de préservation de l’ordre public économique et concurrentiel. Les autorités de
régulation sont à cet égard les garde-fous de cet ordre. Les autorités de concurrence
remplissent à cet effet une double mission: répression des comportements
anticoncurrentiels et régulation du marché. En effet, il faut s’assurer que les entreprises sont
dissuadées d’adopter un comportement anticoncurrentiel (or la dissuasion passe par la
répression) et vérifier que le marché affecté par les pratiques anticoncurrentielles est réparé.
De même, le juge assure la mission de réparation du préjudice subi par les victimes.
Or maintenir et rétablir l’ordre public économique et concurrentiel appelle une intervention
de la police des marchés via le prononcé des sanctions. La variété et la nature de ces sanctions
dans la lutte contre les ententes mérite de plus amples développements.
La sanction des ententes anticoncurrentielles est à la fois l’œuvre du juge comme des
régulateurs. L’efficacité de la régulation commande à ce que le juge agisse en complément
des régulateurs et inversement. La nature des sanctions prononcées par ces acteurs de la

15
CNUCED, L’utilité de la politique de la concurrence pour les consommateurs, avril 2014.

13
La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

régulation tantôt contrastent tantôt s’apparentent en fonction de la finalité qu’elles


poursuivent. Ainsi poursuivant l’objectif de protection des intérêts particuliers, les sanctions
contractuelles et civiles des ententes peuvent comprendre la disparition du contrat et sa
nullité, le cas échéant sa résolution, la réparation du préjudice, l’allocation de dommages-
intérêts ou enfin la responsabilité civile délictuelle.
A l’opposé, les sanctions concurrentielles peuvent être réparties entre sanctions répressives
revêtant une dimension à la fois administrative à travers le prononcé des amendes par
l’autorité régulatrice, mais aussi pénale par le biais du prononcé en outre d’une amende
pénale et/ou d’une peine d’emprisonnement par le juge pénal. Rappelons que la finalité de
ces dernières sanctions réside dans la protection de l’intérêt de la collectivité et du marché,
ainsi que le rétablissement des conditions d’une concurrence effective.
La pluralité des sanctions des ententes en droit de la concurrence qui peut comprendre à la
fois des sanctions civiles, concurrentielles et même pénales, et la possibilité de leur cumul
démontre l’imbrication entre plusieurs disciplines telles le droit de la concurrence, le droit des
contrats et le droit pénal.
Les sanctions prévues par le droit de la concurrence remplissent une double fonction résidant
dans la répression des comportements anticoncurrentielle et la régulation du marché. Les
sanctions de nature civile quant à elles permettent de remplir l’objectif de réparation intégral
du préjudice subi par la victime qu’elle soit contractant ou seulement concurrent. Les
sanctions pénales s’adjoignent aux sanctions purement concurrentielles et remplissent le
même objectif de dissuasion. Il nous semble que le cumul de ces dernières est inefficace
notamment l’amende pénale, puisqu’elle poursuit la même finalité que l’amende
administrative prononcée par le Conseil de la concurrence. A l’opposé, l’emprisonnement des
personnes physiques ayant participé à des pratiques recensées par l’article 6 de la loi 104-
12, peut constituer un moyen sûr de dissuasion, qu’il faudrait privilégier vue la dangerosité
des infractions au droit de la concurrence.
Que l’application du droit de la concurrence emporte des effets de nature civile est loin de
révéler une confusion ou une incohérence de la discipline ; elle en assure au contraire
l’efficacité.
Les interférences de ces disciplines démontrent la présence d’effets contractuels en droit de
la concurrence qui prévoit des sanctions de nature contractuelle et qui illustre la dépendance
de ce droit à l’égard du droit commun des obligations.
En définitive, le législateur marocain opte pour un faisceau de sanctions pour la lutte contre
les ententes, qui remplissent des objectifs distincts et qui concourent cumulativement à
renforcer l’effet de dissuasion. Si les sanctions administratives et pénales visent la protection
de l’ordre concurrentiel et l’intérêt général, les sanctions civiles ont pour finalité la protection
des intérêts particuliers, en permettant aux victimes un droit à réparation en vertu de la
responsabilité civile et contractuelle.16

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Ententes anticoncurrentielles : Entre cadre légal inachevé et préservation de l’ordre public économique par
Youssef OUBEJJA : Docteur en Droit de la concurrence.

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Conclusion

L’ordre public économique n’est pas prohibitif. Son but


n’est pas d’interdire et de préserver mais d’orienter, de
canaliser et d’imposer.

C’est donc un ordre public qui impose et qui dispose, un


ordre public positif, un ordre public de commandement qui «
ne dit pas seulement ce qu’il ne faut pas faire » mais qui dit «
ce qu’il faut faire »

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Bibliographie

 Ententes anticoncurrentielles : Entre cadre légal


inachevé et préservation de l’ordre public
économique par Youssef OUBEJJA : Docteur en
Droit de la concurrence.

 CNUCED, L’utilité de la politique de la concurrence


pour les consommateurs, avril 2014.

 Farjat (G.), Droit économique : PUF 1971, p. 26


 Frison-Roche (M.-A.) et Payet (M.-S.), Droit de la
concurrence : op. cit., p. 24
 Naudet (J.-Y.), Economie politique : PUAM, 2009,
6ème éd., p. 193.

 htpps://www.gide.com
 https://www.challenge.ma
 https://nouvelles Du Maroc.com
 Https://www.cairn.info
 la loi n° 104-12 sur la liberte des prix

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La protection de l’ordre public économique en droit de la concurrence

Table des matières


Introduction ..............................................................................................................................................2
Partie 1 _la concurrence dans l’ordre public économique ....................................................................4
Section 1 : le lien entre ordre public économique et contrôle de concentration ..........................4
Section 2 : les opérations de la concentration..................................................................... ........5
Partie 2 : excès de la concurrence et ordre public économique ................................................................8
Section 1 : désorganisations du marché concurrence déloyale et ordre public économique .......8
Section 2 : les pratiques restrictives de concurrence et ordre public économique.......................9
 Section 3 : les préservations de l'ordre public économique en droit de la
concurrence...............................................................................................................................11

Conclusion .............................................................................................................................................13
Bibliographie ......................................................................................................................... ...............14

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