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r
M. le D S A G O T ,
Quoique l'Arbre à pain n'ait pas encore pris une place considé-
rable daus les cultures de la Guyane, il est impossible, quand
on a observé la force de croissance et l'abondante production de
ce bel arbre, de n e pas croire que sa culture se répandra de plus
en plus dans la colonie, et qu'un jour il y constituera une plante
alimentaire de grande importance.
Je traiterai donc de sa culture avec quelque détail.
Noms : Artocarpus incisa L. (famille des Artocarpées) ; deux va-
riétés principales : Art. inc. seminifera et Art. inc. apyrena. Cette
seconde est celle qui a un grand intérêt en agriculture et qui mé-
rite réellement le nom d'Arbre à pain.
On désigne dans la colonie l'Art, incisa à fruit contenant des
graines sous le nom d'Arbre à pain-châtaigne, et l'Arbre à pain
à fruit dépourvu de graines sous celui d'Arbre à pain-Igname,
parce que son fruit, cueilli avant sa maturité parfaite et cuit au
feu, a plutôt le goût d'une racine farineuse ou d'une pâte à farine
sans levain q u e d'un fruit proprement dit. N o m s à Taiti, d'où a été
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apportée en Amérique la variété dépourvue de graines : Maioré ou
Uru. Il paraîtrait, d'après M. Cuzent, qui a donné de très-intéres-
sants détails sur cette plante, que ce serait mal à propos qu'on lui
aurait attribué en Océanie le nom de Rima.
Origine. — L'Arbre à pain parait avoir été cultivé de toute anti-
quité en Océanie et dans les îles orientales de l'Archipel indien.
En Océanie on cultivait la variété sans graines, et dans les Mo-
luques et les îles voisines la variété à graines.
On ne connaît pas la souche sauvage de l'Arbre à pain. On a
observé à la Nouvelle-Calédonie et dans l'archipel de Cook, un
Artocarpus incisa à feuilles larges, moins découpées, à fruits plus
petits, de qualité inférieure, contenant quelques graines bien for-
mées (Vieillard). Cette plante serait-elle la souche sauvage, ou
tout au moins une race de culture moins éloignée que l'Arbre à
pain proprement dit de la souche sauvage? Il semblerait que le
fruit y montre déjà une tendance marquée à l'atrophie des graines
et à l'hypertrophie de la pulpe, puisqu'on le décrit comme ren-
fermant quelques graines. (Dans l'Art. inc. seminifera, le fruit est
tout rempli de grosses graines, ayant le volume d'une châtaigne
et très-nombreuses.)
L'Arbre à pain fut introduit en Amérique en 1793. Ce fut Bligh
qui le porta de Taïti à St.-Vincent. L'Art, incisa à fruit rempli de
graines avait été introduit à la Jamaïque en 1782.
Pour éviter tout embarras d'élocution, je ne parlerai dans la
suite de cet article que de l'Art. incisa à fruit dépourvu de graines,
qui est proprement l'Arbre à pain, la pulpe de son fruit, après la
cuisson, pouvant se manger comme du pain avec d'autres aliments.
Culture à la Guyane. — L'Arbre à Pain se multiplie des rejets
qui s'élèvent des racines, aune distance qui va souvent à plusieurs
mètres du tronc. Un pied adulte donne ainsi 5 ou 6 plants dans
l'année, il est bon d'attendre pour arracher le plant qu'il ait pris
u n peu de force, parce qu'on trouve alors à son pied un chevelu
serré de jeunes racines. 11 est évident que ces rejets sont des
bourgeons adventifs sortis des racines adultes, qui courent à peu
de profondeur sous le sol et qui s'étendent fort loin. Le rejet vit
d'abord aux dépens de la racine traçante qui l'a formé, mais bien-
tôt il jette lui-même de jeunes racines propres. Ce ne sont que les
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P a r i s . — I m p r i m e r i e de E . D O N N A U D , RUE C a s s e t t e , 9.