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ENSEIGNEMENT

Prise en charge de la dépression


de la personne âgée
Depression management in the elderly adult
Michèle MICAS, Christophe ARBUS, Fati NOURHASHEMI, Bruno VELLAS

e traitement de la dépression de la personn concomitante d’autres pathologies, l'importance d’un

L âgée relève des mêmes principes que celui des


adultes jeunes. Toutefois, comme il existe insuf -
fisamment d'études sur l’efficacité des antidépresseurs
traitement peut ne pas être au premier plan. Par ailleurs
le retentissement sur la qualité de vie peut être reconnu
et même solutionné par les services sociaux sans que la
ou des prises en charge non médicamenteuses dans dépression ne soit évoquée et traitée, avec le risque de
cette population d’âgés ou de vieux-vieux, ceci doit inci- passage à un état chronique. Enfin un des problèmes les
ter au respect de règles de prudence, compte tenu des plus difficiles est celui du diagnostic concomitant de
spécificités et dans certains cas de la fragilité des per- démence et dépression, où l’utilisation de critères de
sonnes âgées. D’autre part, la dépression du sujet âgé dépr ession spécifiques à la Maladie d’Alzheimer pour-
peut altérer rapidement la qualité de vie et s’accompa- raient êtr e importante (Olin).
gner de morbidité plus élevée que d’autres pathologies Pour l’ensemble de ces raisons, il est reconnu que seul
chr oniques. Les conséquences sur l’autonomie peuvent un tiers des patients déprimés recevraient une prise en
conduire vers un pr onostic sévère à court terme. Un charge adaptée. Un avis spécialisé est utile, quand le
taux de réponses positives de 50 à 65% serait obtenu à diagnostic et la décision thérapeutique sont incertaines,
la suite d’un traitement par antidépresseur tandis que, si pour les patients ayant une maladie psychiatrique
la prise en charge est globale et adaptée, compr enant concomitante, des idées suicidaires et un risque de pas-
un traitement médicamenteux, un soutien psychothéra- sage à l’acte, un refus de soins et/ ou d’alimentation
pique et une adéquation du milieu de vie, les résultats une dépression sévère ou répondant mal aux antidé-
pourraient être sensiblement améliorés. presseurs.
Un des challenges est d’identifier un état dépressif chez Le traitement se doit, com me souvent en gériatrie d'être
une personne âgée, il est souvent très difficile de ne ni utile, plus qu'efficace. Ceci implique une rapidité de déci-
sous-estimer, ni surestimer l’existence de symptômes sion thérapeutique, une coordination m ultidisciplinaire,
dépressifs justifiant d’un traitement : Si la personne âgée l'élaboration d'un projet d'aide global. Les thérapeutiques
verbalise peu sa souffrance morale, si les plaintes soma- comprennent les traitements chimiques, l'électroconvul-
tiques sont au premier plan ou bien la dépression est sivothérapie, les psychothérapies et la prise en charge

Médecine Interne et Gérontologie Clinique Auteur correspondant : Michèle Micas, Service Inter ne et Gérontologie
S er vice d e Ps ych ia t ri e e t P s yc h o lo gi e M é d ica le , Hô p ita l La G r a ve - Clinique. Hôpital La Grave - Casselardit, 170 avenue de Casselardit, 31059
Casselardit, 170 avenue de Casselardit, 31059 Toulouse Cedex 9, France. Toulouse Cedex 9, France. E-mail: micas.m@chu-toulouse.fr
Article reçu le 14.04.2003 - Accepté le 25.04.2003.

La Revue de Gériatrie, Tome 28, N°6 JUIN 2003 507


Prise en char ge de la dépression de la personne âgée

psychosociale. La difficulté étant la poly médication des Mise en place d’un traitement antidépresseur
patients âgés, le caractère dépressogène de certaines 1- Décider d’une prescription
molécules et le risque augmenté d'interactions entre les Au terme d’une démarche diagnostique cohérente, tous
médicaments. les états dépressifs de la personne âgée devraient béné-
Les objectifs du traitement selon le National Institute on ficier d’un traitement antidépresseur. Avant la prescrip-
Aging(1993), (tableau 1) sont de diminuer les symptô- tion il importe de s’assurer des contre-indications par
mes de la dépression, réduire le risque de rechutes et de l’examen des fonctions rénale et hépatique et un bilan
récidives, améliorer la qualité de vie, améliorer l'état de cardiaque.
santé, diminuer les coûts de santé et la mortalité. Par ailleurs il existe des tableaux diagnostiques com-
plexes qui rendent la décision de prescrire difficile :
- Chez le patient dément, détecter un syndrome
dépressif au moment où le sujet pourrait bénéficier d’un
Tableau 1 : Les objectifs du traitement (NIA). traitement antidépresseur peut ne pas être simple.
Table 1 : The objectives of tr eatment. - Chez le patient vasculaire : devant une dépression de
l’âgé le médecin doit évaluer les facteurs de risque vas-
• Diminuer les synptômes de la dépression
culaires (hypertension, hyperglycémie, hypercholestéro-
• Réduire le risque de rechutes et de récidives
lémie, tabagisme, inactivité physique. Le traitement de
• Améliorer la qualité de vie
• Améliorer l’état de santé la dépression devra prendre en compte un contrôle
optimal de ces facteurs. En effet les lésions microvascu-
laires de la substance blanche frontale et sous-corticale
sont responsables de symptômes dépressifs.
- Chez les aidants de patients Alzheimer : Le risque
Plusieurs points sont à considérer avant l’instauration du de dépression par épuisement chez les aidants nécessi-
traitement et pendant la période de suivi : Quels te d’évaluer régulièrement les capacités à faire face et
patients traiter ? Quels examens préalables réaliser ? les traitements éventuels à mettre en place.
Quelles contre-indications? Comment choisir et condui- - La dépression de fin de vie des patients âgés. La
re le traitement ? Comment en évaluer l’efficacité ? détr esse, le découragement, les idées de mort sont tel-
Sans oublier d’informer le patient de son état et des trai- lement explicables qu’elles ne sont pas toujours rappor-
tements envisagés et des bénéfices escomptés, ce der- tées à un état dépressif et donc traitées. En phase ter-
nier point relève de la dimension éthique de tout soin minale les IRSS peuvent participer du confort de vie,
gériatrique. l’accompagnement psychologique fait partie du proces-
sus de soin.
- La dépression subsyndromique : le problème de trai-
ter ou pas se pose devant l’existence de quelques signes
dépressifs. L’efficacité des antidépresseurs n’a pas été
TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX ______________ suffisamment étudiée dans ce cadre là pour pouvoir éla-
borer des conduites thérapeutiques. Certains travaux
Classes pharmacologiques montrent que ces patients sont à risque de développer
La biologie de la dépression majeure repose sur l’hypo- un authentique épisode dépressif, d’où l’importance de
thèse, depuis longtemps étayée, d’une déplétion en régulièrement les suivre et évaluer leur état thymique,
neurotransmetteurs monoaminergiques. Les axes de les conseils sociaux et environnementaux trouvent là
recherche proposent d’autres mécanismes et en parti- toute leur place. L’indication d’une prise en charge
culier des interactions très importantes avec les autres psychologique peut être proposée.
systèmes neurobiochimiques, ce qui pourrait être une
explication de la grande hétérogénéité clinique des 2- Informer le patient et son entourage
dépressions. Les molécules actuellement disponibles La qualité de la relation médecin- patient est essentielle
sont les imipraminiques et apparentés, les inhibiteurs dans la prise en charge d'un patient âgé déprimé.
sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), les inhi- L’alliance thérapeutique, base relationnelle indispensa-
biteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et de la ble entre le sujet jeune et le médecin, doit être recher-
noradrénaline (ISRSNA). Citons également les inhibi- chée. C'est sur cette notion d'accompagnement psycho-
teurs de la mono-amine oxydase (IMAO) sélectifs ou logique attentif de la prescription médicamenteuse qu'il
non et les autres antidépresseurs non imipraminiques - faut insister ; la voie est étroite pour le patient (et quel-
non-IMAO. quefois pour son médecin) entre une médicalisation

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excessive de la dépression et la banalisation de la prise cas d’échec des autres traitements antidépresseurs ou
de psychotropes. s’il s’agit d’une dépression résistante ou de type mélan-
Cette information sur le traitement englobe les bénéfi- colique. Ils ont également leur indication lors de traite-
ces attendus du traitement, le délai d’action qui peut ment antérieur satisfaisant avec ces molécules et restent
être allongé au delà de quatre semaines compte tenu de les molécules de référence en cas de dépression sévère.
l’âge ainsi que les potentiels effets indésirables; tous les Leur action anticholinergique doit faire r edouter leurs
symptômes peuvent ne pas s'amender simultanément: effets sédatifs et cardio-vasculaires, le risque confusogè-
le patient peut subjectivement ne pas ressentir une amé- ne, majeur surtout en cas de pathologie dégénérative de
lioration alors que dans un premier temps, d’autres type Alzheimer. Leur pr escription nécessite le plus sou-
symptômes tels que le sommeil, l’appétit, la reprise des vent un avis spécialisé. Les inhibiteurs de la monoamine
activités peuvent s’améliorer. Ceci souligne la nécessité oxydase (IMAO) ont fait la preuve de leur efficacité. Le
d’un rapport objectif par l’entourage. risque d’interaction alimentaire et médicamenteuse est
considérablement réduit avec les IMAO-A.
3- Initiation et surveillance d’un traitement antidé - Dans la majorité des cas, il va s’agir d’une monothéra-
presseur pie antidépressive, cependant si la com posante anxieuse
Toutes les classes d'antidépresseurs ayant démontrées est majeure ou si les troubles du sommeil sont invali-
une efficacité équivalente et ce dans 60% des cas, le dants une co-prescription symptomatique est justifiée.
choix d'une molécule se fera selon des critères de tolé- Les effets secondaires sont moindres avec les IRSS et
rance et de risque d'effets délétères minimum. En pre- les IRSS/NA qu’avec les antidépresseurs imiprami-
mière intention que ce soit en ambulatoire, en service niques. Ils peuvent être prévenus ou diminués en utili-
gériatrique ou en milieu spécialisé, la prescription sant la dose minimale et augmentant, si nécessaire la
d'IRSS ou IRSS/NA (tableau 2) est pertinente, en rai- posologie après au moins deux semaines après la mise
son de leur faible cardiotoxicité, et de leur bonne mania- en route. Les IRSS, ayant peu d’affinités pour les récep-
bilité, le choix devant tenir compte de la demi-vie et des teurs cholinergiques, ils ont peu d’effets anticholiner-
métabolites actifs (tableau 2). giques à l’exception de la paroxétine ou le risque est
cependant modéré. Ces effets secondaires ne sont pas
négligeables :
Tableau 2 : Antidépr esseurs IRSS IRSS/NA. 1. Digestifs, à type de nausées, anorexie, diarrhée sont
Table 2 : The antidepressants : SSRI SSRI/NA.
particulièrement à surveiller chez la personne âgée à
risque de dénutrition; si ces effets persistent après 4 à 5
D.C.I spécialité posologie(mg/j) demi-vie
jours le choix thérapeutique est à reconsidérer.
fluvoxamine floxyfral 100 à 300 15h 2. Les sensations d’irritabilité, les tremblements, l'agita-
paroxétine deroxat 20 à 40 24h tion, l'insomnie sont également à surveiller.
Le syndrome sérotoninergique est rare mais doit être
sertraline zoloft 50 à 200 26h bien connu: Il survient en cas de prescription concomi-
citalopram seropram 20 à 60 33h tante de IMAO +TCA, de neuroleptiques, de lithium,
de buspirone, de ECT. Il comprend :
fluoxétine prozac 20 à 60 24 à 96h
1. Des signes et symptômes psychologiques et compor-
mirtapazine norset 30 à 45 30h tementaux à type d’agitation, confusion, incoordina-
venlafaxine effexor 150 à 300 5h tion, hypomanie, crises comitiales possibles, coma.
2. Des modifications du tonus musculaire à type de
milnacipram ixel 50 à 100 8h
myoclonies, tremblement, frisson, rigidité, hyperré-
flexie.
3. Une dysrégulation du système autonome: hyperten-
La posologie d’initiation peut être la même que chez l’a- sion, hypotension, tachycardie, sueurs, diarrhée.
dulte. Dans certains cas chez le sujet âgé fragile notam- Le traitement du syndrome sérotoninergique comporte
ment il est concevable d’initier une dose minimale avec l’arrêt immédiat du produit en cause et deux actions de
une augmentation progressive guidée par la tolérance et prévention : prévenir l’hyperthermie : (perfusion, cou-
l’efficacité ou selon les recommandations du “PRO- vertures froides, myor elaxant majeur) prévenir les crises
SPECT Group” 0 : par exemple avec le citalopram comitiales (sédatifs, anticonvulsivants, assistance respi-
10mg le premier jour puis 20mg les 6 jours suivants et ratoire rarement).
30mg à partir du huitième jour. - Les perturbations électrolytiques: les IRS peuvent
Les antidépresseurs imipraminiques sont employés en entraîner une hyponatrémie, la prudence est recom-

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mandée en cas d’administration concomitante de diuré- traitements durables s’entendent pour un trouble de
tique. l’humeur authentifié et sont en moyenne de 2 à 4 ans.
- Les cytochromes P450 assurant plus de 90% du En cas de décision de traiter un patient présentant une
métabolisme oxydatif des médicam ents, leur action dépression subsyndromique ou dépression légère aucun
inductrice ou inhibitrice augmentent ou réduisent l’effet ar gument ne vient étayer la justification et le bien-fondé
du traitement ; cependant les conséquences en clinique des traitements dans cette indication et a fortiori il
sont très variables et mal connues. L’inhibition enzyma- n’existe aucun consensus permettant de proposer une
tique hépatique entraîne un risque d’interactions avec durée optimale de traitement.
les tricycliques, les anticonvulsivants, les antipsycho-
tiques, les benzodiazépines. La règle étant de réaliser 5- Evaluer les résultats
une fenêtre thérapeutique. L’efficacité d’un traitement antidépresseur s’apprécie
sur les différents symptômes présentés en début de trai-
4- Durée du traitement tement, sur la reprise des activités, la modification du
La durée du traitement est identique quelle que soit la retentissement somatique (sommeil, nutrition). l’appré-
molécule utilisée. ciation objective faite par l’entourage, le discours de la
Classiquement il existe trois phases dans un traitement personne âgée, l’entourage et - l’impression clinique- du
par antidépresseur (tableau 3) : médecin. Si une échelle de dépression a été utilisée
- Une phase de traitement aigu qui correspond au avant la mise en place du traitement, l’efficacité s’ap-
temps de rémission des symptômes. La prescription du précie en comparatif sur une baisse du score de 50% en
traitement antidépresseur, s'il s'agit d'un premier épiso- moyenne par rapport au score initial.
de, doit être maintenue au minimum 4 mois après l'ar- En pratique clinique les dosages plasmatiques sont peu
rêt de la symptomatologie. utiles pour apprécier l’efficacité de la posologie.
- Une phase de consolidation pour éviter un risque de Si une amélioration est constatée la question de la durée
rechutes. La durée théorique se situant entre six et du traitement se posera. Dans le cas contraire ou en
douze mois. S'il s'agit d'un premier épisode la diminu- présence d’une aggravation, un changement de molé-
tion des doses avant l’arrêt définitif, va être progressive cule peut s’envisager, mais la décision d’une hospitali-
sur trois semaines environ. sation doit être réfléchie, surtout en présence d’ idées
- Une phase prophylactique une période de traite- suicidaires et en cas de conséquences somatiques (trou-
ments préventif des récidives chez les patients à risques bles nutritionnels par exemple) (tableau 4).
( épisodes antérieurs,) S'il s'agit d’une forme récurrente
ou d’une dysthymie le traitement doit être poursuivi Tableau 4 : Les indications de l’hospitalisation.
Table 4 : Indications for hospitalisation.
pendant une période plus longue. L’arrêt prématuré du
traitement expose à des taux de réponses positifs moins • Evaluation diagnostique
importants et à des risques de rechute. le but étant de • Prévenir les risques de dénutrition les complications sociales
réduire le risque de rechutes, la durée du traitement • En cas de risque suicidair e
peut être évaluée à la durée équivalente des deux cycles • Traitement par voie veineuse périphérique
antérieurs ; mais ces données sont valables chez l' adul- • Electroconvulsivothérapie
te et peu de travaux sont disponibles chez la personne
âgée. Un traitement au long cours peut s’envisager pour
les patients âgés ayant présenté plus de trois épisodes
dépressifs et ce sans diminuer la dose d’efficacité. Ces

Tablea u 3 : Eta ts dépres s ifs de l’â g é : s chéma thé ra pe u-


tique. ELECTROCONVULSIVOTHÉRAPIE (ECT)
Table 3 : Depressive states in the elderly adult : a therapeutic plan. OU SISMOTHÉRAPIE __________________________
- phase aigue: 4 mois
La sismothérapie peut être indiquée en cas de dépres-
- phase de consolidation: (maintenance)
1er épisode : progressive (6 à 12mois) sion majeure (avec risque suicidaire et/ou composante
épisodes récurr ents : - bipolaire >1an psychotique), ou bien en cas de dépression résistant aux
- dysthymique : pas de concensus traitements pharmacologiques. Plus rarement, la déci-
- phase prophylactique : sion d’ECT peut être prise en première intention s'il
durée équivalente à 2 cycles : pas de concensus existe un risque vital à court terme ou lorsque l'état de
santé d'un patient est incompatible avec l'utilisation tout

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Prise en charge de la dépr ession de la personne âgée

autre thérapeutique. L’efficacité de l’ECT est rapide- Il est important de donner des informations sur le fonc-
ment observée. La tolérance est bonne et son utilisation tionnement dépressif, d’ aider la personne à reconnaître
comporte peu de risques chez la personne âgée, même et accepter le fait douloureux. cette approche peut aider
si le risque de syndrome confusionnel post critique sem- le patient à accepter la diminution de ses capacités liées
ble plus élevé que chez le sujet jeune. Une des indica- à l'âge. L'objectif étant la modification des symptômes
tions potentiellement intéressante est la dépression chez et des conduites
le dément, mais il n'existe que des études sur un petit Il faut souligner l'intérêt des psychothérapies cognitives,
nombre de cas qui ne permettent pas d’établir des basées sur le principe des idées négatives que génèrent
règles de conduite dans ce domaine. Le nombre de la dépression et qu' il est possible de modifier : idées
séances d’ECT nécessaires varie de 6 à 12 séances, négatives vis à vis de soi-même, vis à vis du monde envi-
avec une fréquence moyenne de 3 fois par semaines. ronnant, vis à vis du futur ; le thérapeute identifie avec
l’aide du patient les situations qui entraînent pour lui des
sentiments négatifs et dépressifs et l' aide à y substituer
des pensées positives réalistes tout en reconnaissant
l'authenticité de l'affect dépressif.
Les thérapies comportementales ont pour but un ren-
AUTRES TYPES DE PRISE EN CHARGE _______ forcement positif des comportements qui améliorent l’é-
tat dépressif et un renforcement négatif des comporte-
Les traitements biologiques ne peuvent pas résoudre ments qui l’entretiennent.
toutes les composantes associées à la dépression. Tout
un ensemble de stratégies d’aides psychosociales sont Les approches psychosociales
nécessaires et éventuellement des prises en charge - Un étayage psychosocial, tels que la mise en place
psychothérapiques. Même si le clinicien ne dispose pas d’aides à domicile, l’incitation à une participation sociale
d’études contrôlées démontrant l’efficacité, cet accom - familiale ou de voisinage (clubs du troisième âge, activi-
pagnement relève de la dimension éthique du soin tés physiques etc...). L' efficacité de ce type de sociali-
gériatrique. Toutefois il peut exister une inadéquation sation a été évaluée en termes de santé objective et sub-
entre les attentes du patient âgé dépressif et les possibi- jective, mais insuffisamment en ce qui concerne spécifi-
lités de réponses et par ailleurs, les psychothérapies ne quement la dépr ession, ce sont néanmoins les stratégies
sont pas suffisamment accessibles aux patients âgés que peut mettre en place tout praticien.
déprimés.

Les prises en charge psychothérapiques


Les indications sont les mêmes que chez l'adulte : elles
sont à proposer en cas d’échec du traitement chimio-
thérapique, en cas de contre-indication de ces traite- CONCLUSION __________________________________
ments, ou en cas d’effets secondaires trop importants.
Les indications préférentielles sont les états dépressifs La prise en charge de la dépression chez l’âgé comp-
légers à modérés, cependant des études ont montré rend la participation de la famille et de l’entourage pro-
qu'associées aux traitement chimique elles en amélio- fessionnel soignant. Les états dépressifs de l'âgé sont
raient le résultat, surtout en prévenant les récurrences. des affections fréquentes, caractérisées par leur très
Pour leur mise en place elles nécessitent l'adhésion de la grande hétérogénéité clinique, ce qui explique les pièges
personne et quelquefois de son entourage familial. Les diagnostiques : le contexte dans lequel la dépression
techniques psychothérapiques les plus utilisées sont les peut survenir est complexe où les dimensions sociales,
thérapies de soutien, qui sont basées sur une relation de psychologiques, environnementales et biologiques sont
confiance à partir d 'une vision réaliste des objectifs à intriquées. Jusqu'aux années 90 elle était souvent mal
atteindre et des possibilités mobilisables. reconnue, banalisée, considérée comme un corrélât de
Elles sont surtout centrées sur "l'ici et maintenant" dans l'âge et de ce fait, insuffisamment traitée et sans prise en
un souci pragmatique et pour aider la personne à faire char ge cohérente. L'arrivée de nouvelles molécules plus
face aux difficultés actuelles. Cependant le thérapeute maniables chez la personne âgée explique que le dia-
doit rechercher les é vénements déstabilisa nts , les gnostic soit évoqué plus aisément. Des études chez la
conflits relationnels, la reviviscence de souvenirs trau- population très âgée sont nécessaires et sur bien des
matiques. Cette recherche ne se limite pas à un simple points la médecine factuelle (Evidence Based Medecine)
énoncé mais doit en intégrer le sens dans la vie du sujet. n’a pas encore trouvé ces fondements. ■

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Prise en char ge de la dépression de la personne âgée

RÉFÉRENCES __________________________________
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QCM A QCM B.
CHOIX MULTIPLE ______________________________ CHOIX MULTIPLE ______________________________

A. Quelles sont les propositions exactes ? B. Quelles sont les propositions exactes ?
Dans le traitement d’une dépression de la personne Les objectifs du traitement de la dépression : ils visent à
âgée 1 - diminuer les symptômes de la dépr ession
1 - La sismothérapie est contre-indiquée compte tenu 2 - réduire le risque de rechutes et de récidives
du risque d’insuffisance 3 - réduire l’hostilité relationnelle de la personne âgée
circulatoire cérébrale et lui permettre d’être plus docile face aux contraintes
2 - Les benzodiazépines constituent une alternative des institutions
intéressante aux antidépresseurs, surtout s’il existe une 4 - améliorer la qualité de vie
insomnie 5 - améliorer l'état de santé
3 - La psychothérapie de la dépression des personnes
âgées est nécessaire, à côté des médications
4 - Plusieurs semaines de traitement sont nécessaires
pour juger de l’efficacité ou non d’un traitement antidé- RÉPONSES
presseur
5 - Le syndrome sérotoninergique est rare mais possi-
ble chez la personne âgée

Recommandations de l’ANAES : -Recommandations


pour la pratique clinique : Indications et modalités
de l'électroconvulsivothérapie -Médicaments antidé -
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La Revue de Gériatrie, Tome 28, N°6 JUIN 2003 514

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