ÉTAT DE SANTÉ, OFFRE ET RECOURS AUX SOINS BUCCO-DENTAIRES

CHEZ LES ENFANTS SÉNÉGALAIS : SYNTHÈSE DES DONNÉES

DISPONIBLES

Serigne Ndame Dieng, Daouda Cisse, Pierre Lombrail et Sylvie Azogui-Levy

S.F.S.P. | « Santé Publique »

2016/2 Vol. 28 | pages 257 à 265

ISSN 0995-3914
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.info/revue-sante-publique-2016-2-page-257.htm
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 Afrique, santé publique & développement Synthèse des connaissances

État de santé, offre et recours aux soins bucco-dentaires

chez les enfants sénégalais : synthèse des données disponibles
Oral health status, supply of oral and dental care among Senegalese
children: a review of available data
1 1,2 3 1
Serigne Ndame Dieng , Sylvie Azogui-Levy , Daouda Cissé , Pierre Lombrail

ûûRésumé
Introduction : Les affections bucco-dentaires représentent un
problème majeur de santé publique du fait de leur forte
pré­valence et de leur impact sur la santé générale.
Objectif : Cet article a pour objectif de documenter l’état de
santé, l’offre et le recours aux soins bucco-dentaires chez les
enfants au Sénégal.
Méthode : Une revue générale de la littérature disponible a été
réalisée. Outre les bases de données Medline et Embase, les sites
internet du Ministère de la Santé de l’Action Sociale du Sénégal
et de l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie
ont été consultés. Au total, sept articles, trois thèses d’exercice et
huit rapports ont été retenus pour l’analyse. Cette revue a été
complétée par des entretiens.
Résultats : Globalement, les enfants ont un mauvais état de
santé bucco-dentaire. L’offre de soins est insuffisante (1 dentiste
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ûûSummary
Introduction: Oral and dental diseases are a major public health
problem due to their high prevalence and their impact on general
health.
Objective: This article reviews the oral health status and oral
health care supply and uptake in children.
Method: The available literature were reviewed. The Medline and
Embase databases, and the Senegal Ministry of Health and Social
Action and National Agency of Statistics and Demography (ANSD)
websites were consulted. A total of 7 articles, 3 PhD theses and
8 reports were selected for analysis. The review was supplemented
by interviews.
Results: Overall, children have poor oral health status. Health
care supply is insufficient (1 dentist/38,000 residents) and poorly
distributed (mostly in the capital) with unequal oral health care
uptake.

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pour 38 000 habitants) et mal répartie (majoritairement à la Conclusion: This systematic review of the literature revealed a
capitale) et les recours aux soins sont inégalitaires. lack of reliable data on the oral health of children. It also concluded
Conclusion : Cette revue systématique de la littérature a montré on a generally poor oral health status.
une insuffisance de données fiables sur la santé orale des
enfants. Elle a également permis de conclure à une situation
générale de santé orale défavorable.

Mots-clés : Santé bucco-dentaire ; Offre de soins ; Enfant ; Keywords: Oral health status; Health care; Child; Senegal.
Sénégal.

1 
Laboratoire Éducations et Pratiques de Santé (LEPS) EA 3412 – Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité – Bobigny – France.
2 
UFR d’odontologie – Université Paris 7. Laboratoire Éducations et Pratiques de Santé-LEPS.
3 
Département d’Odontologie – Université Cheikh Anta – Dakar – Sénégal.
Correspondance : S. N. Dieng Réception : 15/07/2015 – Acceptation : 29/02/2016
serigneddas@gmail.com

Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016 257

 S. N. Dieng, S. Azogui-Levy, D. Cissé, et al.
Introduction
Les affections bucco-dentaires représentent un problème
majeur de santé publique du fait de leur forte prévalence
et de leur impact sur la santé générale. Elles constituent
notamment des facteurs de risque pour les maladies chro-
niques (diabète, cardiopathie) [1, 2]. Les plus fréquentes
sont la carie dentaire et les maladies parodontales.
Concernant les enfants, 60 à 90 % des enfants scolarisés
dans le monde souffrent de caries dentaires [3]. En Afrique,
les atteintes parodontales sont très diversement appréciées
par les rares études disponibles : 27,2 % d’écoliers ghanéens
souffraient d’une maladie gingivale et 63 % présentaient du
tartre [4] et 71,1 % d’enfants de la ville d’Ile-Ife dans le sud-
ouest du Nigéria avaient une gingivite [5]. L’atteinte dentaire
est inégalement répartie dans la population avec une
proportion plus élevée dans les groupes défavorisés [6].
Soigner les enfants suppose une organisation des soins
adaptée et spécifique qui n’est pas encore à la portée de
nombreux pays en développement. Ces pays n’ont pas
encore pu organiser une politique de santé bucco-dentaire
fondée sur la prévention primaire et un recours aux soins
précoces des enfants permettant de réduire les inégalités
sociales de santé et de recours aux soins bucco-dentaires.
Au Sénégal, les données épidémiologiques sur l’état de la
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santé bucco-dentaire de la population sont rares ; seules
des études partielles sur des territoires circonscrits ou
des groupes particuliers existent.
Les études qui concernent les enfants montrent un
mauvais état de santé dentaire et un accès inégalitaire aux
soins [7-9]. Il existe un besoin de soins bucco-dentaires
important qui ne peut aboutir du fait d’une offre de soins
largement insuffisante et inégalement répartie. Le Sénégal
présente environ un chirurgien-dentiste pour 38 000 habi-
tants, un ratio éloigné des recommandations de l’OMS (un
dentiste pour 10 000 habitants) [10]. De même, l’absence
de stratégie nationale de prévention des maladies bucco-
dentaires chez l’enfant limite les possibilités d’amélioration
de l’état de santé bucco-dentaire. Mener une démarche de
prévention primaire et secondaire suppose une connais-
sance fine de l’atteinte et des besoins de soins bucco-
dentaires, ainsi qu’une offre de soins disponible. Dans ce
contexte, nous avons souhaité mener un projet de recherche
palliant l’absence de données sur les déterminants d’état
de santé et d’accès aux soins bucco-dentaires des enfants
au Sénégal. Au préalable, le recensement des données
disponibles nous semble indispensable pour une analyse
de la situation au Sénégal. Cela permet d’orienter les projets
258 Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016
de recherches ultérieurs vers la production de données de
qualité et pertinentes.
L’objectif de cet article est de documenter l’état de santé,
l’offre de soins bucco-dentaires et le recours aux soins
bucco-dentaires chez les enfants sénégalais.
Matériel et méthode
Cadre physique et opérationnel
Le système de santé sénégalais repose sur une organisa-
tion pyramidale à trois niveaux. Le niveau périphérique
correspond au district sanitaire, c’est le niveau de proxi-
mité ; il est formé de centres de santé, postes de santé, de
cases de santé et des maternités rurales. Le niveau inter-
médiaire correspond aux régions médicales qui coor-
donnent la politique de santé et supervisent les hôpitaux
régionaux. Le niveau central assure la gouvernance d’en-
semble du système de santé [11]. Le Sénégal alloue 10,4 %
du budget de fonctionnement de l’État à la santé, ce qui est
légèrement supérieur aux 9 % préconisés par l’OMS [12].
Au niveau de la santé bucco-dentaire, la politique de
santé est déclinée dans le plan quinquennal de lutte contre
les affections bucco-dentaires 2014-2018. Ce dernier ambi-
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tionne de renforcer les effectifs, de développer la recherche
et la surveillance épidémiologique, d’améliorer l’accès aux
soins pour tous et la qualité des soins et de développer la
promotion de la santé bucco-dentaire [10].
Type d’étude, variables d’intérêt et leurs mesures
Nous avons réalisé une revue systématique de la littéra-
ture complétée par des entretiens.
Il a été retenu de décrire succinctement l’état de santé
bucco-dentaire à partir des indicateurs de la carie, de la
maladie parodontale et des anomalies orthodontiques ainsi
que l’offre et le recours aux soins dentaires. L’accès aux
soins relève à la fois de la possibilité d’utiliser une offre de
soins en cas de besoin (« accès potentiel ») et de son utili-
sation effective (« accès réalisé ») [13]. Dans ce travail,
l’accès potentiel est estimé par l’offre de soins disponible
aussi bien dans le secteur public que dans le secteur privé
et l’accès réalisé par le recours aux soins. Plusieurs sources
de soins sont possibles et relèvent des soins dentaires
« traditionnels » ou de la dentisterie moderne. Les soins
dentaires « traditionnels » recouvrent l’ensemble des
connaissances et pratiques utilisées pour diagnostiquer,
 État de santé, offre et recours aux soins bucco-dentaires chez les enfants sénégalais
prévenir ou éliminer un problème en rapport avec la bouche
et les dents, en utilisant les forces occultes, métaphysiques,
ou des produits de la nature [14].
Les variables d’état de santé dentaire concernaient les
pathologies les plus rencontrées. La carie dentaire (atteinte
des tissus dentaires) a été estimée et analysée par sa préva-
lence et l’indice CAO qui comptabilise le nombre de dents
cariées (élément C), de dents absentes (élément A) et de
dents obturées (élément O) chez un individu. Le cao (en
lettres minuscules) est utilisé pour les dents temporaires
[15]. Le CAO mixte concerne l’ensemble des dents tempo-
raires et permanentes. Il est utilisé pour les enfants âgés de
6 à 12 ans. Les résultats sont présentés sous forme de
prévalence (pourcentage d’enfants atteints par la carie) ou
de moyenne d’atteinte (CAO mixte moyen ou CAO moyen).
Les maladies parodontales ou maladies qui affectent les
tissus de soutien de la dent sont peu fréquentes chez l’en-
fant. L’inflammation gingivale qui est le stade initial est
évaluée par l’indice gingival de Silness et Loë [16].
Les anomalies orthodontiques concernaient les maloc-
clusions c’est-à-dire les perturbations de la disposition
intra-arcade et des relations inter-arcades par rapport à la
normale [17]. Selon les études, la demande de soins ortho-
dontiques peut être déclarée ou évaluée. Quand elle est
exprimée par l’enfant ou le parent, elle est subjective et ce
très souvent pour des raisons esthétiques. Elle peut aussi
être objectivée par un diagnostic orthodontique [9]. Dans
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la revue de la littérature, une étude a utilisé l’IOTN (index
of orthodontic treatment need) qui est un indice d’évalua-
tion des besoins de traitements orthodontiques pour des
raisons esthétiques ou fonctionnelles.
Sources et collecte de données
La méthode de recueil des données a combiné la recherche
systématique de documents écrits ainsi que des entretiens
avec des personnes ressources.
•• Données obtenues par une documentation écrite
Les articles retenus sont référencés dans Medline, les
thèses d’exercice en odontologie consultables en biblio-
thèque, des rapports institutionnels disponibles auprès des
ministères concernés. Les articles et thèses d’exercice
éligibles pour cette analyse sont ceux qui étudient l’état de
santé, le recours ou l’offre de soins bucco-dentaires, concer-
nant une population sénégalaise âgée de moins de 15 ans
et publiés ces dix dernières années (depuis 2005).
La base de données Medline a été consultée en inter­
rogeant pubmed avec l’équation suivante : (“Oral
Health”[Mesh]) OR « Oral health »[TIAB] OR “Dental
caries”[Mesh] OR « dental caries »[TIAB] OR « dental
carie »[TIAB] OR “Periodontal Diseases”[Mesh]
OR « Periodontal diseases »[TIAB] OR “Oral Care”[Mesh]
OR « oral care »[TIAB] OR “Orthodontic Treatment
Need”[Mesh] OR « orthodontic treatment need »[TIAB])
AND (“Child”[Mesh] OR child*[TIAB]) AND (“Senegal”[Mesh]
OR « senegal »[TIAB]). Trente-neuf (39) articles ont été
obtenus. Après évaluation de l’éligibilité des articles,
six articles ont été retenus et 33 articles ont été exclus. Ces
derniers ne satisfaisaient pas aux critères d’éligibilité :
24 articles étaient publiés avant 2005, deux articles avaient
un cadre d’étude non circonscrit au Sénégal et sept articles
concernaient essentiellement des pathologies générales. La
consultation d’Embase n’a pas donné de résultats différents
de ceux obtenus dans Medline. La recherche a été élargie en
interrogeant Internet (dont Google Scholar) avec les mots-
clés suivants : santé bucco-dentaire, santé orale, carie
dentaire, gingivite, santé parodontale, anomalie ortho-
dontique, offre de soins, recours aux soins, utilisation des
services de soins, inégalité sociale, Sénégal. Cette recherche
a permis d’obtenir un article supplémentaire.
La bibliothèque du département d’odontologie de l’Uni-
versité Cheikh Anta Diop de Dakar a été consultée : trois
thèses d’exercice ont été retenues.
La documentation « grise » a aussi été consultée. Les sites
internet des structures publiques de santé (ministère de la
santé et de l’action sociale et ses services affiliés), de
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l’Agence nationale de la statistique et de la démographie
(ANSD) et de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont
été interrogés et six rapports ont été recueillis.
La division de la santé bucco-dentaire et la division des
statistiques et de la recherche du Ministère de la Santé et de
l’Action Sociale ont pu fournir deux documents pertinents
mais non publiés sur le site internet de ce ministère.
•• Données obtenues par entretiens
Des entretiens structurés ont été conduits avec des ensei-
gnants des services de santé publique dentaire (N = 3) et
d’odontologie pédiatrique (N = 1), des responsables de la
division de la santé bucco-dentaire du Ministère de la Santé
et de l’Action Sociale (N = 2), des dirigeants de l’Ordre
National (N = 2) et ceux de l’Association Nationale des
Chirurgiens-Dentistes (N = 3) du Sénégal. Ils nous ont permis
de compléter les données sur les effectifs des établissements
de soins bucco-dentaires, sur l’effectif des dentistes et sur le
nombre de structures spécialisées pour les soins bucco-
dentaires pour enfants. Cette démarche était justifiée par
l’absence d’écrits documentant ces aspects.
Le tableau I présente une brève description des articles
et de la documentation grise retenus.
Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016 259
 S. N. Dieng, S. Azogui-Levy, D. Cissé, et al.
Tableau I : Description des études retenues
Études Auteurs et année de publication
Aidara et Bourgeois ;
2014
Leye-Benoist F, Bane K, Aidara A, Cet article a estimé la prévalence de la carie dentaire chez des écoliers de 12 ans de la région de
Ndiaye D, Chouker Y, Kane AW ;
2014
Cissé D, Diouf M, Faye D Lo CM,
Sembene N ; 2009
Faye M, Cissokho B,
Articles
Gueye Diagne MC, Tamba Fall A, enfants de 3 à 15 ans venus en consultation dans le service d’odontologie de l’hôpital Albert
Diop F, Yam AA ; 2009
Diouf M, Cisse D, Faye A, Niang P, Cette étude a estimé la prévalence (37 %) de la gingivite ulcéro-nécrotique chez les enfants des
Seck I, Faye D, Lo CM., 2012
Ngom PI, Diagne F, Dieye F,
Diop-Ba K, Thiam F., 2007
Faye D, Kanouté A, Lô CM,
Sembene N.,2009
Division de la santé bucco-
dentaire, 2005
Division de la santé bucco-
dentaire, 2014
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Ministère de la santé
et de l’action sociale, 2009
Ministère de la santé
et de l’action sociale, 2008
Rapports
Ministère de la santé
et de l’action sociale, 2013
Organisation mondiale
de la santé (OMS), 2005
Organisation mondiale
de la santé (OMS), 2013
Agence Nationale de la Statistique
et de la Démographie (ANSD),
Sénégal, 2013.
Abdelkrim Y. Université Cheikh
Anta Diop ; 2014
Niang AM. Université
Cheikh Anta Diop ; 2014.
Thèses
d’exercice
Chouker Y. Université
Cheikh Anta Diop ; 2011
260 Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016
Description
Cette étude a évalué la carie dentaire chez des écoliers de 12 et 15 ans en utilisant à la fois le
CAO et l’ICDAS. Il compare la distribution de la carie selon les zones urbaines ou rurales du
Sénégal. L’estimation par le CAO donne une prévalence 51 %, qui était de 13,54 % en zone
rurale, 30,56 % en zone suburbaine et 55,09 % en zone urbaine.
Dakar, qui était de 42 %. Il a aussi étudie la relation entre la sévérité de la carie et la prévention
buccodentaire des enfants.
C’est une étude qui s’est intéressée à la carie dentaire des enfants de 3 à 6 ans, fréquentant les
cases des tout-petits (école maternelle) de la région de Dakar. Elle a aussi étudié la différence
de prévalence associée à différentes zones d’implantation des écoles qui était de 55 % en zone
résidentielle, 78 % en zone populaire et 68 % en banlieue. La prévalence était de 68 %.
Cet article a déterminé les taux d’atteinte de la carie dentaire (94 %) et de gingivite (33 %) des
Royer de Fann. Il a aussi étudié le taux d’atteinte en fonction du statut professionnel de leurs
parents et des classes d’âge des enfants.
écoles coraniques de la ville de Touba, au centre du Sénégal. Elle a montré que la sévérité de
cette pathologie était associée à certains facteurs sociaux dont la durée du temps passé dans
l’école.
C’est un article qui rapporte les besoins de soins normatifs chez les enfants de 12-13 ans. Ces
besoins sont de 42,6 % pour des soins fonctionnels et 8,7 % pour des soins esthétiques.
C’est une étude qui a estimé le recours aux soins en milieu rural. Il met en évidence un recours
faible à l’odontologie moderne (13,6 %) et un recours plus important à l’odontologie traditionnel
(24 %) ainsi qu’a l’automédication (41,6 %).
Plan stratégique quinquennal de lutte contre les affections bucco-dentaires au Sénégal, 2005-
2009. Ce document a défini la politique de santé bucco-dentaire pour la période 2005-2009.
Plan stratégique quinquennal de lutte contre les affections bucco-dentaires au Sénégal, 2014-
2018. Il a décliné la politique de santé bucco-dentaire et les axes prioritaires pour la période
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2014-2018.
Annuaire statistique de la santé du Sénégal, 2009. C’est un document des statistiques de la
santé (offre et profil épidémiologique) de 2008.
­Les comptes nationaux de santé 2005-2008. Il décrit les différentes dépenses de santé du
Sénégal.
Rapport introductif du conseil interministériel sur la couverture maladie universelle, 2013.
Rapport de la santé bucco-dentaire dans le monde, 2004. Document publié par l’OMS en 2004
et décrit l’état de la santé bucco-dentaire dans le monde.
Oral health survey : basic methods. 2013. Il est publié par l’OMS et présente la méthodologie de
surveillance de la santé bucco-dentaire.
Rapport provisoire du recensement général de la population et de l’habitat, de l’agriculture et
de l’élevage (RGPHAE-2013). Il présente l’estimation de la population du Sénégal et de sa
répartition par région et par département.
Sujet : Profil du consommateur de soins bucco-dentaires au Sénégal.
Il décrit le recours aux soins bucco-dentaires en fonction de la profession, du niveau d’instruction
des personnes ainsi que du facteur géographique.
Sujet : Santé bucco-dentaire des enfants des cases des tout-petits du Sénégal : étude transversale
dans trois régions.
Il estime l’état de la santé bucco-dentaire (carie et gingivite) des enfants de 0 à 6 ans qui
fréquentent les cases des tout-petits et compare la prévalence entre les régions de Dakar, de
Kaolack et de Saint Louis.
Sujet : Statut de la carie dentaire, l’hygiène bucco-dentaire et habitudes alimentaires : étude
chez les élèves de 12 ans de la région de Dakar.
Il estime la carie dentaire et décrit sa relation avec les comportements de santé orale des enfants
(habitude alimentaire et la fréquence de brossage).
 État de santé, offre et recours aux soins bucco-dentaires chez les enfants sénégalais
Résultats
État de santé bucco-dentaire
Toutes les informations rapportées sont issues d’exa-
mens de santé.
La morbidité carieuse chez les enfants sénégalais appa-
raît relativement élevée. Chez les enfants de 12 à 15 ans,
une prévalence moyenne de 51 % de la carie dentaire a été
rapportée en 2014 par une étude-pilote portant sur un
échantillon d’écoliers sélectionnés dans plusieurs régions
du Sénégal [18]. La distribution des élèves qui présentaient
au moins une carie en bouche était de 55,9 % en zone
urbaine, 30,56 % en zone suburbaine et 13,54 % en zone
rurale. La prévalence rapportée était de 48,41 % pour les
enfants de 15 ans et de 51,59 % pour les enfants de 12 ans
[18]. Dans la région de Dakar en 2014, la prévalence
observée chez les écoliers du même âge (12 ans) était de
41,8 %, avec un indice CAO moyen de 1,39 [19]. Dans une
étude à base de patientèle explorant la relation entre la
santé bucco-dentaire des parents et celle de leurs enfants
venus en consultation dans le service d’odontologie pédia-
trique de l’hôpital d’enfants Albert Royer de Fann en 2009,
un taux de carie dentaire de 94 % a été rapporté chez les
enfants (âgés de 3 à 15 ans) avec un CAO moyen mixte de
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5,85. Pour la tranche d’âge 3-5 ans (denture temporaire),
le cao était de 7,17 ; pour la tranche d’âge 6-12 ans, le CAO
était de 5,39 et pour la tranche d’âge 13-15 ans, il était de
3,69 [8]. Les enfants des cadres supérieurs (CAO moyen de
2,82) avaient un CAO plus faible que celui des enfants de
femmes au foyer (CAO moyen de 7,83) [8]. Une autre étude
menée dans les « cases des tout-petits » situées dans la
région de Dakar [7] rapportait chez les enfants de 6 ans et
moins, une prévalence de la carie dentaire de 68 %. La
prévalence était de 55 % dans les écoles maternelles situées
dans un quartier résidentiel, de 68 % dans la banlieue et de
78 % dans un quartier populaire [7]. Une étude, en 2014,
sur les enfants de ce même groupe d’âge (6 ans et moins)
et fréquentant aussi les cases des tout-petits de trois
régions du Sénégal rapportait une prévalence carieuse
globale de 42 %. Cette prévalence dans les régions de Dakar,
Saint-Louis et de Kaolack était respectivement de 42,8 %,
57,3 % et 27 % [20].
L’inflammation gingivale a été rapportée pour 33 % des
enfants âgés de 3 à 15 ans, venus en consultation dans le
service d’odontologie pédiatrique de l’hôpital Albert Royer
de Fann [8]. L’étude sur les enfants de 6 ans et moins
fréquentant les cases des tout-petits avait rapporté une
inflammation gingivale chez 14 % des enfants. Selon les
régions étudiées, la prévalence de l’inflammation gingivale
était de 11,0 % à Dakar, 16,2 % à Saint-Louis et 15,0 % à
Kaolack [20]. Une étude sur la gingivite ulcéro-nécrotique
chez des élèves (talibés) des écoles coraniques (Daraas) de
la ville sainte de Touba, dans la région centre du Sénégal
avait rapporté une prévalence de 37 %. La sévérité de
­l’atteinte était associée à la durée du temps passé dans ces
Daraas [21].
Concernant les anomalies orthodontiques, il a été
rapporté, en 2007, 49,4 % de troubles occlusaux caracté-
risés par le déplacement des points de contact et 23 %
d’occlusions dentaires croisées chez des écoliers sénéga-
lais. Le besoin de traitement normatif (correction des
dysmorphoses dento-maxillaires) lié à des raisons fonc-
tionnelles était de 42,6 % et il était de 8,7 % si le besoin
était lié à l’esthétique [9].
Recours aux soins bucco-dentaires
Le recours aux soins bucco-dentaires n’est pas évalué
spécifiquement chez les enfants. Des études portant sur des
familles avaient rapporté, en 2009, pour une population
rurale, 13,6 % de recours aux soins chez le dentiste, 41,6 %
de recours à l’automédication, 24 % d’utilisation de l’odon-
tologie traditionnelle et 20,8 % de renoncement aux soins
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bucco-dentaires [22]. Selon une autre étude, la distance
était un élément déterminant : 56 % de la population habi-
tant à moins de 10 km utilisaient les établissements de
soins bucco-dentaires publics ; par contre, 32 % de la popu-
lation habitant à plus de 20 km d’un établissement public
de soins bucco-dentaires avaient recours à l’odontologie
traditionnelle. Si l’on s’intéresse au statut socioprofes-
sionnel, 32 % des paysans utilisaient l’odontologie tradi-
tionnelle alors que les fonctionnaires avaient recours
majoritairement aux structures dentaires privées (54 %) et
jamais à l’odontologie traditionnelle [23].
Offre de soins bucco-dentaires
Le Sénégal comptait en 2014, 493 chirurgiens-dentistes
dont 222 travaillant dans le secteur privé, 177 dans le
secteur public et 93 dans le secteur parapublic. Soixante-
quatorze pour cent (74 %) de cet effectif se trouvaient dans
la région de Dakar qui abrite 23,22 % de la population du
pays. À ce nombre, s’ajoutent 67 techniciens supérieurs en
odontologie (TSO) dont le travail est d’assister le dentiste
et réaliser des soins simples (détartrage, extractions
Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016 261
 S. N. Dieng, S. Azogui-Levy, D. Cissé, et al.
dentaires simples…), 22 assistants dentaires et 23 techni-
ciens de laboratoire de prothèses dentaires [10].
Les dentistes spécialisés en soins bucco-dentaires pour
enfants étaient au nombre de sept en odontologie pédia-
trique et huit en orthodontie. Ils étaient tous universitaires
et officiaient presque tous à Dakar. Le Sénégal comptait
76 établissements publics et 153 établissements privés de
soins bucco-dentaires. La majorité se trouvait dans la
région de Dakar. Les structures de santé qui disposaient
d’un service d’odontologie pédiatrique étaient au nombre
de trois dans tout le pays et se situaient dans la région de
Dakar : l’hôpital d’enfants Albert Royer de Fann, l’hôpital
d’enfants de Diamniadio et la clinique d’odontologie pédia-
trique du département d’odontologie de l’Université Cheikh
Anta Diop de Dakar (UCAD). Le reste du pays ne disposait
­d’aucune structure spécialisée en odontologie pédiatrique.
Il n’existe aucune donnée fiable sur ce qui relève des soins
dentaires « traditionnels ».
Discussion
Cette revue de la littérature disponible sur l’état de santé,
l’offre de soins et le recours aux soins bucco-dentaires des
enfants sénégalais est la première sur cette question. Elle
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s’appuie sur les données les plus récentes afin de décrire
une situation actualisée de la santé bucco-dentaire des
enfants.
Limites de l’étude
Cette étude présente des limites liées aux insuffisances
des systèmes d’information, au manque d’études d’enver-
gure nationale et à la difficulté de comparer des résultats
du fait de méthodes d’études différentes ou de faibles effec-
tifs. La faiblesse des données disponibles a conduit à utiliser
les résultats de thèses de doctorat d’exercice malgré leur
fragilité méthodologique.
Carie dentaire
Les données épidémiologiques rapportées sur la morbi-
dité dentaire et le recours aux soins étaient disparates. En
retenant l’âge de 12 ans, qui est un âge de référence dans
les enquêtes internationales, les études disponibles rappor-
taient des évaluations contrastées à imputer en partie à
262 Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016
des différences méthodologiques et à des populations
hétérogènes.
Chez les enfants de 12 ans, l’atteinte carieuse demeurait
relativement importante, à l’instar d’autres pays africains
pour lesquels des données sont disponibles. En effet,
des études sur des enfants (écoliers) du même âge à
Ouagadougou au Burkina Faso en 2011 (48,2 %) [24] et
à Brazzaville au Congo en 2013 (53 %) [25], avaient montré
des prévalences presque identiques. Par ailleurs, la carie
dentaire affectait davantage les écoliers de Libreville au
Gabon en 2009 (81,4 %) [26] et moins les écoliers d’Ibadan,
dans le sud-ouest du Nigéria en 2005 (11,2 %) [27]. Les
données issues du Nigéria étaient sans doute sous-estimées
du fait d’un examen clinique moins rigoureux (effectué à la
lumière du jour). Globalement, les données montraient une
prévalence relativement élevée de carie dentaire chez les
enfants en Afrique. En outre, la carie dentaire était plus
sévère en zone urbaine qu’en zone rurale. L’hypothèse
explicative retenue serait liée au processus de transition
nutritionnelle qui n’est pas encore achevé en zone rurale,
l’alimentation étant encore peu industrialisée et par consé-
quent moins cariogène. En outre, plus les conditions de vie
matérielles des parents étaient bonnes, plus les enfants
développaient des caries. Ceci pourrait être lié à une acces-
sibilité plus aisée à l’alimentation industrialisée (sucreries,
viennoiseries…) des enfants dont les parents ont une
certaine aisance financière [26]. Toutefois cette hypothèse
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ne semble plus être vérifiée aujourd’hui. Les données rele-
vées chez les enfants des cases des tout-petits de la région
de Dakar ont montré que les enfants des quartiers résiden-
tiels ont une prévalence plus faible de la carie dentaire que
celle des enfants des quartiers populaires et de la banlieue.
Cette différence pouvait être expliquée par les conditions
sociales des ménages où vivent les enfants. Les enfants des
quartiers résidentiels vivaient généralement dans des
conditions plus favorables car leurs parents avaient globa-
lement une meilleure situation financière et un bon niveau
d’éducation favorisant l’accès à l’information de santé et
aux produits d’hygiène orale. Ce qui n’était ­en principe pas
le cas pour les enfants vivant dans les quartiers populaires
et dans les banlieues.
Gingivites
Sur la population d’enfants âgés de 3 à 6 ans, il était
rapporté une différence d’atteinte gingivale entre des
régions du pays (Saint-Louis, Kaolack et Dakar).
L’environnement familial de l’enfant pouvait expliquer en
partie cette différence. La région de Dakar était moins
 État de santé, offre et recours aux soins bucco-dentaires chez les enfants sénégalais
pauvre et les parents avaient davantage accès aux informa-
tions sur la santé bucco-dentaire et aux produits d’hygiène
orale que ceux de Saint-Louis et de Kaolack. En effet, bien
que les messages d’hygiène bucco-dentaire fussent délivrés
dans toutes les cases des tout-petits du pays, leur réceptivité
et leur application pratique pouvaient être différentes selon
les environnements familiaux des enfants. Les enfants vivant
dans des familles illettrées et dans des conditions sociales
difficiles, bénéficient probablement moins d’un suivi régu-
lier et de l’accompagnement à la pratique de l’hygiène orale.
À cet âge, l’apprentissage des habitudes favorables à la santé
orale pouvait être facilité par les parents. Cela supposait des
parents informés et capables d’intégrer dans le quo­tidien
des attitudes favorables à la santé bucco-dentaire.
Chez les enfants fréquentant les écoles coraniques, la
prévalence de la gingivite ulcéro-nécrotique (GUN) était
élevée. Il faut rappeler que cette gingivite est associée à la
malnutrition. Les hypothèses explicatives tiennent aux
conditions sociales d’étude difficiles. Elles postulent que les
élèves de certaines écoles coraniques qui étudient en
internat ont une alimentation insuffisante et déséquilibrée
car très souvent constituée des restes de repas récupérés des
ménages. Par conséquent, les élèves sont souvent malnutris.
Ces enfants vivaient loin de leurs parents et privés de biens
matériels ; de telles conditions sociales étaient défavorables
à une bonne santé orale. C’est pro­bablement pourquoi la
sévérité de la GUN était significativement associée à la durée
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du temps passé dans ces écoles [21].
Problèmes orthodontiques
Les besoins de soins normatifs sont relativement impor-
tants au Sénégal. Ils pourraient être sous-estimés d’autant
plus que la pratique de l’orthodontie est à ses débuts, avec
une seule école dentaire, et l’absence de programmes
d’études supérieures ; tous les spécialistes officient à Dakar
[9]. Les données recueillies au Sénégal sont presque iden-
tiques à celles rapportées par Onyeaso et Arowojolu
(42,5 %) chez des enfants nigérians âgés de 12 à 18 ans et
qui résident dans la ville d’Ibadan au Nigéria en 2003 [28].
Offre de soins
L’offre de soins bucco-dentaires (personnels et struc-
tures) était faible et inégalement répartie dans le pays. La
plupart des dentistes exercent dans le secteur privé et près
des trois-quarts sont installés dans la région de Dakar. Cette
région abrite tous les services de l’État en dehors des
services déconcentrés et l’essentiel des unités de produc-
tion des biens et services y sont installées. Ainsi, l’activité
économique y est plus intense offrant plus de possibilités
à ses résidents d’avoir des moyens financiers leur permet-
tant d’accéder aux soins. Cette situation expliquerait la
concentration de l’offre de santé bucco-dentaire, notam-
ment du secteur privé, dans cette région.
Les dentistes spécialisés en odontologie pédiatrique, sont
pour la presque totalité des universitaires, installés dans la
capitale, Dakar. Ceci est dû au fait que la seule université
qui compte un département d’odontologie se trouve dans
cette ville. Dès lors, les enfants des régions ou ceux des
banlieues lointaines bénéficient plus difficilement de soins
spécifiques. Néanmoins, il faut préciser que les soins bucco-
dentaires des enfants, comme dans la plupart des pays, sont
délivrés dans les cabinets dentaires du pays. La prise en
charge habituelle des enfants entre dans les compétences
générales des dentistes. Il n’en reste pas moins que les cabi-
nets dentaires du secteur public ou du secteur privé sont
installés dans les chefs-lieux de district sanitaire et dans les
hôpitaux régionaux alors que 59,3 % de la population totale
vit en zone rurale [29], loin de ces structures.
Recours aux soins
La faiblesse du recours aux dentistes et la relative impor-
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tance du recours à l’automédication et à l’odontologie tradi-
tionnelle en zone rurale peuvent s’expliquer en partie par
l’absence d’offre de soins bucco-dentaires modernes dans
les zones rurales et par l’éloignement des cabinets dentaires
les plus proches, surtout pour des populations qui ont de
grandes difficultés de déplacement. Dans certaines zones
reculées du pays, il y a une absence totale de transport
public. On constate que plus les populations sont éloignées
des structures de soins bucco-dentaires modernes, plus la
prévalence du recours aux soins dentaires « traditionnels »
augmente. En outre, les populations qui vivent dans les
zones rurales conservent plus fréquemment la croyance en
des valeurs attribuant la maladie à des phénomènes socio-
culturels [30] et aux troubles des rapports de l’homme avec
la nature. Ceci peut expliquer un recours plus fréquent au
guérisseur traditionnel.
Au Burkina Faso, en 2006, 27,7 % des patients qui ont eu
des problèmes bucco-dentaires, ont utilisé les services de
soins dentaires et 47 ,7 % l’automédication [31]. Il a été
rapporté par une étude en 2012, en Côte d’Ivoire, un niveau
de recours aux services de soins bucco-dentaires de 33 %
en moyenne, alors que 33 % utilisaient les soins dentaires
« traditionnels » [32]. Ces résultats montrent, comme au
Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016 263
 S. N. Dieng, S. Azogui-Levy, D. Cissé, et al.
Sénégal, que l’automédication demeure importante. Il faut
préciser que l’absence ou non de structures ou de person-
nels de soins bucco-dentaires n’est pas le seul déterminant
du recours aux soins. Selon Andersen [33], au-delà des
caractéristiques individuelles (facteurs favorisants ou
prédisposants), le besoin de soins constitue un élément
important. Les résultats au Sénégal, au Burkina Faso et en
Côte d’Ivoire montrent un recours exclusivement curatif en
réponse à des besoins ressentis ou diagnostiqués. Le besoin
ressenti constitue le motif essentiel de recours aux soins
dans les pays d’Afrique subsaharienne avec comme cause
de consultation essentiellement la douleur [34]. Notons
que le recours aux soins bucco-dentaires ne peut être réduit
à sa dimension curative. Le recours aux soins préventifs à
travers, entre autres, l’éducation pour la santé orale et le
dépistage, constitue une composante essentielle de l’utili-
sation des services de soins bucco-dentaires et devient un
impératif au regard du type d’intervention axée sur la
prévention que nous souhaitons mettre en place.
Conclusion
Ce travail de synthèse sur la santé bucco-dentaire des
enfants sénégalais à partir des données disponibles rend
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compte de façon partielle de la situation de la santé bucco-
dentaire. Néanmoins, ces résultats montrent que la morbi-
dité bucco-dentaire est relativement élevée, l’offre de soins
hétérogène et le développement de la prévention quasi
inexistant. La prévalence relativement élevée de la carie
dentaire avec un impact non négligeable sur la qualité de
vie des enfants justifie des interventions qui relèvent à la
fois de la prévention primaire et de la prévention secon-
daire. Pour cela, une analyse précise de l’état de santé
bucco-dentaire et la connaissance de ses déterminants sont
nécessaires. Dans cette perspective, nous souhaiterions
conduire un projet de recherche dans le département de
Pikine, dans la région de Dakar.
Cette étude aurait pour but de fournir des données fiables
sur l’état de la santé et le recours aux soins bucco-dentaires
des enfants, ainsi que sur les déterminants individuels et
contextuels de leur état de santé et de leur recours aux soins.
Elle viserait aussi à estimer la compétence en santé orale
des parents et à étudier son impact sur les inégalités sociales
de santé bucco-dentaire des enfants. Les connaissances
produites contribueront à l’élaboration d’un programme de
prévention adapté.
Aucun conflit d’intérêt déclaré
264 Santé publique  volume 28 / N° 2 - mars-avril 2016
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