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RÉPUBLIQUE FRANÇAISE . .

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAI~xtralt des rrnnutes du Secrétariat-Greffe


COUR D'APPEL DE PARIS de la Cour d'Appel de Paris
Pôle 2 - Chambre Il
L. 552-10 du Code de l'entrée et du séjour
des étrangers et du droit d'asile

ORDONNANCE DU 13 MAI 2011 à 11 H 30

3 pages)

Numéro d'inscription au numéro général: B 11/02110

Décision déférée: ordonnance du Il mai 2011, à 15h25,


Juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Paris,

Nous, Dominique Patte, conseillère à la cour d'appel de Paris, agissant par délégation du premier
président de cette cour, assistée de Christophe Nomdedeu, greffier aux débats et au prononcé de
l'ordonnance,

APPELANT:
LE PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE PRÈs LE TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE
PARIS,

MINISTÈRE PUBLIC, en la personne de Carola Arrighi de Casanova, avocat général,

INTIMÉS:
1°) M. Hamidou D'.z a_.
né le 31 Janvier 1972 à Kounghany de nationalité sénégalaise
demeurant 37 rue de Marseille 93800 Epinay-sur-Seine

RETENU au centre de rétention de Paris Vincennes ,


assisté de Me Sarah Scalbert, conseil choisi, avocat au barreau de Paris

2°) LE PRÉFET DE LA SEINE-SAINT -DENIS,


représenté par Me Maud Arvengas, avocat au barreau de Paris, substituant Me Adam Caumeil,
avocate au barreau de Paris,

ORDONNANCE:
- contradictoire,
- prononcée en audience publique,

- Vu l'arrêté portant obligation de quitter le territoire national pris le 18 mai 2010 par le préfet de la
Seine-Saint-Denis à l'encontre de M. Hamidou T ;, o, notifié le 20 mai 2010 par voie postale;

- Vu l'arrêté de placement en rétention pris le 9 mai 2011 par ledit préfet à l'encontre de l'intéressé,
notifié le jour même à 17h36 ;

- Vu l'ordonnance du 11 mai 20 Il, à 15h25, dujuge des libertés et de la détention du tribunal de grande
instance de Paris constatant l'irrégularité de la procédure, disant n'y avoir lieu à mesure de surveillance
et de contrôle et rappelant à M. Hamidou 0'0;; ) qu'il a l'obligation de quitter le territoire national;

- Vu l'appel de ladite ordonnance interjeté le même jour à 18h18 par le procureur de la République près
le tribunal de grande instance de Paris, avec demande d'effet suspensif, aux motifs que la garde à vue
est une mesure liée aux nécessités de l'enquête, antérieure à toute poursuite, et n'est en aucun cas la
peine privative de liberté telle que visée par la Cour de justice de l'Union européenne dans son arrêt du
28 avril 2011, qu'il ne saurait être déduit de cet arrêt que les articles 15 et 16 de la directive en cause /
relatifs à la rétention à des fins d'éloignement s'opposent aux dispositions de l'article L. 621-1 du code /
de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile sanctionnant le séjour irrégulier notzmmen

COUR D'APPEL DE PARIS


Service des étrangers -Pole 2 chambre II Page -1-
Audience du 13 Mai 2011
RG.,B 11102110 (7
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d'u~e peine d'e~p~i~oJ?1ement d'un an et que l'existence d'un arrêté portant obligation de quitter le
territoire français n etait pas connue lors de l'interpellation;

- Vu J'ordonnance du 12 mai 2011 conférant un caractère suspensif au recours;

Après avoir entendu les observations:

- de l'avocat général qui s'en rapporte;

- du conseil du préfet lequel, s'associant à l'argumentation développée par le ministère public dans sa
déclaration d'appel, nous demande d'infirmer l'ordonnance et de prolonger la rétention pour une durée
de 15 jours;

- du conseil de M. Hamidou P 1 lui demande la confirmation de l'ordonnance, reprenant en outre


le moyen tiré de l'irrégularité du contrôle sur lequel le premier juge n'a pas statué;

SUR QUOI,

A la suite d'un contrôle opéré sur réquisitions du procureur de la République près le tribunal de grande
instance de Paris, les services de police ont constaté par la consultation du fichier des étrangers que
M. Hamidou Diakho, ressortissant sénégalais, avait fait l'objet d'un arrêté de reconduite à la frontière,
la fiche en cause étant annexée au procès-verbal d'interpellation. L'intéressé a été interpellé en flagrant
délit et placé en garde à vue pour infraction à la législation sur les étrangers, sans autre précision. A
l'issue de cette mesure, lui a été notifié un arrêté de placement en rétention pris le 9 mai 20 Il par le
préfet de la Seine-Saint-Denis au visa d'un arrêté portant obligation de quitter le territoire français pris
le 18 mai 2010 par ledit préfet, notifié le 20. Ce dernier a, par requête du 9 mai 2011 enregistrée au
greffe le 10, saisi le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance de Paris d'une
demande de prolongation de la rétention pour quinze jours.

Pour accueillir le moyen de nullité soulevé par M. Hamidou p.... fondé sur l'arrêt rendu par la Cour
de justice de l'Union européenne le 28 avril 20 Il, tiré de ce que son placement e:ngarde à vue à raison
d'un séjour irrégulier est contraire aux articles 15 et 16 de la directive 2008/1 15/CE du Parlement
européen et du Conseil, et dire n'y avoir lieu à mesure de surveillance et de contrôle, le premier juge
retient que les principes du droit européen applicables en la matière imposent une gradation des mesures
à prendre en vue d'une décision de retour en assurant le respect du principe de proportionnalité qui doit
être assuré au cours de chacune des étapes de la procédure; que s'agissant d'une personne à l'encontre
de laquelle est exclusivement imputée une situation irrégulière sur le territoire français, le recours à une
mesure de garde à vue pour ce seul motif, préalablement à une procédure administrative de reconduite
à la frontière et de placement en rétention, est une mesure coercitive non nécessaire qui ne répond dès
lors pas au principe de proportionnalité précité.

Dans l'arrêt susvisé, la Cour, saisie d'une question préjudicielle par la Corte d' appello di Trento(Italie),
a dit pour droit que la directive 20081l15/CE du Parlement européen et gu Conseil, du 16 décembre
2008, relative aux normes et procédures communes applicables dans les Etats membres au retour des
ressortissants de pays tiers en séjour irrégulier, notamment ses articles 15 et 16, doit être interprétée en
ce sens qu'elle s'oppose à une réglementation d'un Etat membre, telle que celle en cause dans l'affaire
au principal, qui prévoit I'infliction d'une peine d'emprisonnement à un ressortissant d'un pays tiers
en séjour irrégulier pour le seul motif que celui-ci demeure, en violation d'un ordre de quitter le
territoire de cet Etat dans un délai déterminé, sur ledit territoire sans motif justifié.

En l'espèce, l'existence d'une "reconduite frontière" à laquelle M. Hamidou ]~ ne s'était pas


soumis était connue dès son interpellation, de sorte que l'infraction à la législation sur le séjour des
étrangers visée sans autre précision dans le procès-verbal de placement en garde à vue était
nécessairement celle prévue à l'article L. 624-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit
d'asile relatif à la méconnaissance des mesures d'éloignement et entrait dans le champ d'application
de la directive 20081115/CE du Parlement européen et du Conseil.
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COUR D'APPEL DE PARIS '.,J Audience du 13 Mai 2011


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Or, la sanction d'une peine d'emprisonnement de trois ans infligée par ce texte en cas de soustraction
d'une mesure de reconduite à la frontière fait obstacle à la mise à exécution de la décision de retour et
est dès lors contraire à l'objectif de cette directive. Par suite, conformément à l'arrêt de la Cour de
Justice de l'Union européenne précité, cette disposition, contraire au droit de l'Union, doit rester
inappliquée.

Les articles 63 et 67 du code de procédure pénale limitant le recours à la garde à vue en cas de délit
flagrant à l 'hypothèse où celui-ci eSèI\uni d'une peine d'emprisonnement, il en résulte que le placement
garde à vue de M. Hamidou D' pour une infraction ne pouvant plus être sanctionnée d'une telle
peine est irrégulier.

Il convient dès lors, sans qu'il y ait lieu d'examiner l'autre moyen soulevé, de confirmer l'ordonnance.

PAR CES MOTIFS

CONFIRMONS l'ordonnance,

ORDONNONS la remise immédiate au procureur général d'une expédition de la présente ordonnance.

Fait à Paris le 13 mai 2011~ /f~ ~ Il

Pour information:

L'ordonnance n'est pas susceptible d'opposition.


Le pourvoi en cassation est ouvert à l'étranger, à l'autorité administrative qui a prononcé le maintien en
zone d'attente ou la rétention et au ministère public.
Le délai de pourvoi en cassation est de deux mois à compter de. la notification. .
Le pourvoi est formé par déclaration écrite remise au secrétariat greffe de la Cour de cassation par
l'avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de cassation constitué par le demandeur.

L'intéressé L'rJat de l'intéressé Le préfet ou son représentant

~/~ll,--_ ~
L'avocat général
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COUR D'APPEL DE PARIS Audience du J3 Mai 20 Il


Service des étrangers -Pole 2 chambre Il Page -3- RG.: B fII02110

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