Vous êtes sur la page 1sur 26

Actualités en Médecine Physique

et de Réadaptation ÉDITORIAL

É. Klinger
Restauration du mouvement :
technologies de rééducation,
de compensation et
d’assistance,“regards croisés”
I. Laffont

P. Pudlo

Dr Évelyne Klinger L’Institut fédératif de recherche sur le handicap (IFRH) est une structure
Laboratoire de recherche
­interactions numériques santé de recherche pluridisciplinaire et pluri-institutionnelle qui vise à développer
handicap, ESIEA, Paris-Laval ;
Institut fédératif de recherche la recherche sur le handicap à travers 3 axes :
sur le handicap.
• Axe A - Recherche en santé publique et sciences humaines et sociales ;
Pr Isabelle Laffont
• Axe B - Recherche clinique et sciences de la réadaptation ;
CHU et université de Montpellier ;
Institut fédératif de recherche sur le • Axe C - Technologies appliquées aux grandes déficiences et au handicap.
handicap.

L’IFRH propose 4 programmes transversaux : Handicap et mobilité ; Handicap de


Philippe Pudlo
Laboratoire d’automatique, l’enfant ; Systèmes interactifs pour la participation et l’autonomie ; ­Trajectoires
de mécanique et d’informatique
industrielles et humaines, et accompagnement.
UMR CNRS 8201, université
de Valenciennes et du Hainaut-
Cambrésis ; Institut fédératif Chaque année l’IFRH organise une journée scientifique qui s’est intéressée,
de recherche sur le handicap.
en 2017, à la restauration du mouvement.

La question de la place de la technologie dans le maintien de l’autonomie


des personnes a été abordée sous l’angle des sciences humaines et sociales,
des sciences de la réadaptation et de la technologie. Les discussions multi-
disciplinaires ont permis de questionner la place des outils numériques ou
des robots dans la réadaptation de demain, à travers des présentations faites
par des équipes issues d’horizons très différents. Ce rendez-vous, à partir de
­plusieurs exemples de projets innovants et multidisciplinaires, avait vocation
à témoigner du dynamisme de la recherche translationnelle autour du handicap.
La ­question de la société inclusive était au cœur des débats.

Cette journée a été organisée par l’IFRH le 21 septembre 2017 au sein du


laboratoire EuroMov de l’université de Montpellier, avec le soutien de la
Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Elle a été organisée

4 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0004_MPR 4 28/06/2018 15:53


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

en ­partenariat avec la Société française de médecine physique et de réadaptation


(SOFMER), l’association APPROCHE et le laboratoire SANTESIH de l’université
de Montpellier.

Le professeur Isabelle Laffont (CHU et université de Montpellier) et le profes-


seur Stéphane Perrey (EuroMov, université de Montpellier) en ont assuré la
responsabilité scientifique, accompagnés par le comité d’organisation détaillé
ci-dessous :
• DUPEYRON Arnaud, EuroMov, université de Montpellier, CHU de Nîmes ;
• BARDY Benoît, EuroMov, université de Montpellier ;
• FEREZ Sylvain, SANTESIH, université de Montpellier ;
• MOTTET Denis, EuroMov, université de Montpellier ;
• BAKOUCHE Wade, secrétaire général de l’IFRH ;
• KLINGER Évelyne, ESIEA, IFRH, ISVR ;
• PUDLO Philippe, directeur de l’IFRH ;
• RAVAUD Jean-François, ancien directeur de l’IFRH ;
• SAINT-BAUZEL Ludovic, ISIR, Paris ;
• RANJAHARIOELINA Holi, assistante de l’IFRH.
Cette journée été ouverte par le vice-président recherche de l’université de
Montpellier, par le président de la SOFMER, par le directeur du laboratoire
EuroMov et par le directeur de l’IFRH. Elle fut une opportunité de rencontres,
d’échanges et de réflexions autour de 3 thématiques principales : les techno-
logies de rééducation, de compensation et d’assistance. Les orateurs avaient
été choisis sur la base de la qualité de leurs travaux et de la diversité de leurs
disciplines. Ainsi, cliniciens, chercheurs en sciences humaines et sociales,
chercheurs dans le champ du contrôle moteur, ingénieurs, roboticiens, infor-
maticiens et usagers ont pu confronter leurs expériences et échanger sur ces
thématiques transversales. La journée a été marquée par la présentation de
4 posters en lien avec son thème principal. Elle s’est conclue par une table
ronde animée par Isabelle Laffont, à laquelle participaient deux représentants
des usagers, un industriel et une partie des orateurs des sessions.

• ­IFRH  : http://ifr-handicap.inserm.fr
•E  uroMov : http://euromov.eu
Les auteurs déclarent ne pas
•C  NSA : www.cnsa.fr avoir de liens d’intérêts.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 5

0005_MPR 5 28/06/2018 15:53


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation ÉDITORIAL

É. Klinger
Movement restoration:
different perspectives on
rehabilitation, compensation
and assistive technologies
I. Laffont

P. Pudlo

Évelyne Klinger The Federative Institute for Research on Handicap (IFRH) is a multidisciplinary
Digital Interactions Health
and Disability, ESIEA, Paris-Laval; and multi-institutional structure of research and clinical units, which aims to
IFRH.
develop research on disability through 3 axis:
Isabelle Laffont • Axis A - Research in health, human and social sciences;
University Hospital and University of
Montpellier; • Axis B - Rehabilitation sciences in health clinical research;
IFRH.
• Axis C - Technologies applied to large impairments and disability.
Philippe Pudlo
LAMIH UMR CNRS 8201,
IFRH proposes 4 transversal programs: handicap and mobility; paediatric
University of Valenciennes
and Hainaut-Cambrésis; disability; interactive systems for participation and autonomy; trajectories and
IFRH.
accompaniment.

Each year, IFRH organizes a scientific conference, which focused in 2017 on the
restoration of the movement.

The question of the place of technology in the maintenance of people autonomy


was approached from the angle of human and social sciences, sciences of reha-
bilitation and technology. The multidisciplinary discussions made it possible to
question the place of digital tools or robots in the rehabilitation of tomorrow,
through presentations by teams from very different horizons. This national
conference, based on several examples of innovative and multi­disciplinary pro-
jects, was intended to demonstrate the dynamism of trans­lational research in
the field of disability. The issue of inclusive society was at the heart of the debate.

This event was organized by IFRH on 21st September 2017, within the EuroMov
laboratory of the University of Montpellier, with the support of the National
Solidarity Fund for Autonomy (CNSA). It was organized in partnership with the
French Scientific Society of Physical Medicine and Rehabilitation (SOFMER),

6 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0006_MPR 6 28/06/2018 15:53


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

the APPROCHE association and the SANTESIH laboratory of the University of


Montpellier.

Professor Isabelle Laffont (Hospital and University of Montpellier) and professor


Stéphane Perrey (EuroMov, University of Montpellier) have assumed the scientific
responsibility, accompanied by the organizing committee described below:
• DUPEYRON Arnaud, EuroMov, University of Montpellier, CHU of Nîmes;
• BARDY Benoît, EuroMov, University of Montpellier;
• FEREZ Sylvain, SANTESIH, University of Montpellier;
• MOTTET Denis, EuroMov, University of Montpellier;
• BAKOUCHE Wade, IFRH secretary-general;
• KLINGER Évelyne, ESIEA, IFRH, ISVR;
• PUDLO Philippe, IFRH director;
• RAVAUD Jean-François, IFRH emeritus director;
• SAINT-BAUZEL Ludovic, ISIR, Paris;
• RANJAHARIOELINA Holi, IFRH executive assistant.
This conference was opened by the research vice-president of the University
of Montpellier, by the president of SOFMER, by the director of the EuroMov
laboratory and by the director of the IFRH. It was an opportunity for meetings,
exchanges and reflections around three main themes: rehabilitation techno-
logies, compensation technologies and assistive technologies. The speakers
were chosen on the basis of the quality of their work and for the diversity of
their disciplines. Thus, clinicians, researchers in human and social sciences,
researchers in the field of motor control, engineers, roboticians, computer
scientists and users were given the opportunity to compare their experiences
and discuss these cross-­cutting themes.

The conference was marked by the presentation of four posters from young
researchers related to the main theme of the day. It ended with a round table
moderated by Isabelle Laffont, which was attended by two representatives of
the users, an industrial, and some speakers of the sessions.

• ­IFRH  : http://ifr-handicap.inserm.fr
•E  uroMov : http://euromov.eu The authors declare
that they have no competing
•C  NSA : www.cnsa.fr interests.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 7

0007_MPR 7 28/06/2018 15:53


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Communication AlterEgo : améliorer les interactions sociales


et motrices via les technologies de l’information
AlterEgo: Social and Motor interaction enhancement
through information technologies
B. Bardy*, L. Marin*

▸▸Ce travail a permis de développer une nouvelle ▸▸This work developed a new methodology dedicated
POINT FORT

HIGHLIGHT
méthode de mesure de la similarité et de rééducation to measure similarity as well as a new type of reha-
des pathologies mentales, centrée sur le mouvement bilitation for mental disorders. These methods used
des patients à l’aide ­d ’avatars possédant une similar avatars in terms of morphology and move-
morpho­logie et une motricité comparables à la leur. ment of the patients.

Mots-clés : Pathologie mentale - Similarité motrice - Keywords: Mental disorder - Similarity of movement -
Rééducation - Interaction sociale Rehabilitation - Social interaction

La difficulté à interagir avec autrui caractérise de mon alter ego), ou cinématique (sa façon de bouger).
nombreuses pathologies sociales, par exemple la De multiples disciplines ont contribué à l’émergence
schizo­phrénie. C’est une source de souffrance pour de cette théorie (2). Nous avons développé une nou-
les patients et leur entourage, menant souvent à l’iso- velle méthode identifiant une signature motrice indi-
lement social. La schizophrénie est un trouble mental viduelle générique (IMS) et nous avons construit une
complexe, touchant environ 1 à 2 % de la population architecture cognitive permettant de manipuler en
mondiale adulte selon l’Organisation mondiale de la temps réel ces indices de similarité. Dans nos études,
santé. La symptomatologie inclut des symptômes le patient est placé dans des situations d’interaction
positifs anormaux par leur présence (hallucinations avec un agent virtuel sur écran, dans un premier temps
et délires) et des symptômes négatifs (troubles atten- son propre avatar, rassurant puisque similaire, puis
tionnels, moteurs ou langagiers) anormaux par leur celui d’un robot humanoïde ou celui d’un soignant.
absence. Le déficit de communication non verbale qui Des variations d’apparence et de comportement dans
l’accompagne est bien connu, il se traduit au cours de l’échange sont introduites. À travers ces agents arti-
l’interaction sociale par une réduction de la richesse du ficiels, nous sommes en cours de validation d’une
répertoire sensorimoteur. Particulièrement importante nouvelle méthode de rééducation des carences rela-
pour notre propos est la découverte récente (1) d’un tionnelles de ces personnes en souffrance. Nous
nouveau marqueur sensorimoteur de la pathologie, résumons dans la suite de cet article la méthode
la coordination motrice interpersonnelle. Lorsqu’un d’identification des IMS, l’architecture cognitive et
patient a pour instruction de synchroniser volontai- les situations d’interaction motrice sociale utilisées
rement un pendule avec celui manipulé par un sujet à des fins thérapeutiques.
sain, une grande variabilité dans la synchronisation
est observée, accompagnée d’un retard systématique
du mouvement du patient (un décalage de phase entre Signatures motrices individuelles
les deux pendules).
Dans un premier temps, nous avons extrait, à partir
des mouvements latéraux spontanés du doigt, une
Le projet AlterEgo signature motrice caractérisant chacun/e d’entre nous.
La méthode complète est décrite dans ­l’article de
À partir de ces résultats préliminaires, le projet euro- Slowinski et al. (3) et résumée sur la figure 1. À partir
péen AlterEgo (FP7 ­2013-2016) avait pour objectif de des profils de position mesurés au cours de plusieurs
développer les composants d’une méthode novatrice essais consécutifs, les distributions des profils de
de rééducation des déficits relationnels, utilisant la vitesse sont extraites (figure 1A) et comparées entre
robotique humanoïde et la réalité virtuelle. Le projet elles grâce à la distance du cantonnier (Earth Mover’s
se fondait sur une nouvelle théorie issue des neuro­ distance ou EMD ; figure 1B). L’EMD est une technique
sciences du mouvement : la théorie de la similarité. de mesure de la similarité entre 2 ou plusieurs distri-
Celle-ci suggère qu’il est plus facile ­d’entrer en inter­ butions et résume de manière simple des mouvements
* EuroMov,
université action sociale avec quelqu’un qui nous ressemble, complexes qui sont similaires (EMD proche de 0) ou
de Montpellier. que ce soit sur le plan morphologique (la forme de différents (EMD proche de 1).

8 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0008_MPR 8 28/06/2018 15:55


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

Espace des similarités réduction dimensionnelle appelée analyse de position-


nement multidimensionnel (Multidimensional scaling
Une fois les distances EMD calculées pour chaque ou MDS).
participant, elles sont représentées dans un espace La MDS est une méthode robuste dans le domaine de la
des similarités (figure 2A) grâce à une technique de fouille de données permettant de visualiser les patrons

Figure 1. Méthode d’extraction des signatures motrices individuelles (IMS) à partir des mouvements latéraux
du doigt (A), qui sont ensuite comparées entre elles (B). D’après (3).
A B
1,8
PDFs CDFs
Position (m)

1
0,9
0,4 EMD = 0,714
0 0,8
10 20 30 40 50 Temps (s) 0,3 0,6
2,52
Vitesse (m/s)

0,2 0,4
0
0,1 0,2
– 2,52
10 20 30 40 50 Temps (s)
2,52 0 0
Vitesse (m/s)

Vitesse (m/s)

–3 0 Z 3 –3 0 Z 3
0
– 2,52

EMD(p1 , p2) = Z CDFp1 (z) – CDFp2(z)dz
4 8 12 16 Fréquence
Temps (s)

Figure 2. Espace des similarités, montrant pour trois sujets (A, B, C) similarité et différence dans leur manière de
bouger, dans des situations solos (S), de leader (L), de suiveur (F), ou d’improvisation conjointe (JI). La partie droite
représente des sujets sains effectuant des mouvements solos, isolément (D) ou en face d’un partenaire virtuel (E).

A1 A2 A3 0,05 D
L2
S2 S2 S2
L1
F F J I1
y

0
J I2
S1 S1
y

S1 0

B1 B2 B3
0
F – 0,03
F – 0,06 0 0,12
L1 x
y

S1 S1 J I1 S1
L2 J I2 0,04
S2 S2 S2 E

C1 C2 C3 J I2
L2 J I1 0
y

S2 S2 S2
y

F
L1 F
0
S1 S1 S1
– 0,05
0 0 0 – 0,1 0 0,2
x x x x

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 9

0009_MPR 9 28/06/2018 15:55


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

de proximité (similarités et distances) entre plusieurs


Figure 3. Architecture cognitive AlterEgo capturant les mouvements du objets. Les deux axes représentent les deux premières
patient et animant en temps réel un agent artificiel, robot humanoïde (A) dimensions de la MDS et covarient dans notre cas avec
ou avatar (B) avec des mouvements soit similaires aux mouvements du patient, la vitesse absolue du mouvement (pour x) et avec l’apla-
soit différents. tissement de la distribution des profils normalisés de
vitesse (pour y).
A

Architecture cognitive AlterEgo

Au cours du projet, nous avons développé une archi-


tecture interactive, l’architecture AlterEgo, permettant
d’animer en temps réels un agent artificiel, le robot
humanoïde iCub (figure 3A) ou l’avatar du patient
(figure 3B), avec des mouvements soit similaires
à ceux du patient, soit différents de ceux-ci. Cette
architecture a été testée avec succès au cours de
différentes expériences impliquant sujets sains et
patients (4) et son évaluation, pour la rééducation de
B personnes souffrant de schizophrénie, est en phase
terminale.

Conclusion
Le travail réalisé a permis de développer une nouvelle
méthode de mesure de la similarité et une nouvelle
méthode de rééducation des pathologies mentales,
centrée sur le mouvement des patients. Son utilisa-
tion dans des traitements thérapeutiques concernant
d’autres pathologies mentales (par exemple, phobie
sociale, autisme) est à l’étude.

Références bibliographiques
1. Varlet M, Marin L, Raffard S et al. Impairments of social motor coor- 3. Slowinski P, Zhai C, Alderisio F et al. Dynamic similarity promotes
dination in schizophrenia. PLoS ONE 2012;7(1):e29772. interpersonal coordination in joint action. J R Soc Interface 2016;13:1-11.
2. Bardy B, Salesse RN, Gueugnon M et al. Movement similarities and 4. Zhai C, Alderisio F, Tsaneva-Atanasova K, di Bernardo M. A novel
differences during social interaction: The scientific foundation of the cognitive architecture for a human-like virtual player in the mirror game.
ALTEREGO European project. IEEE International Conference on Systems, IEEE International Conference on Systems, Man, and Cybernetics. San
Man and Cybernetics. San Diego, CA, USA : IEE, 2014:786-91. Diego, CA, USA : IEE, 2014:754-9.

Les auteurs
déclarent ne pas Pour en savoir plus…
avoir de liens
d’intérêts. • http://euromov.eu/home • http://euromov.eu/alterego

10 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0010_MPR 10 28/06/2018 15:55


Actualités en Médecine Physique
DOSSIER et de Réadaptation

BeatPark : stimulation auditive rythmique Communication

pour améliorer la marche


dans la maladie de Parkinson
BeatPark: Rhythmic auditory stimulation for improving gait
in Parkinson’s disease
S. Dalla Bella1,2, V. Cochen De Cock1,3

▸▸Auto-rééducation à domicile de la marche du patient ▸▸Home rehabilitation of gait in Parkinson’s disease


POINTS FORTS

HIGHLIGHTS
atteint de maladie de Parkinson, utilisant une using mobile technology.
­technologie mobile. ▸▸Individualized rhythmic stimulation adapted to
▸▸La stimulation rythmique est individualisée et patients’ motor abilities.
adaptée aux capacités motrices du patient.

Mots-clés : Maladie de Parkinson - Musique - Rythme - Keywords: Parkinson’s disease - Music - Rhythm - Home
Auto-rééducation - Technologies mobiles rehabilitation - Mobile technologies

L’activité physique a démontré son efficacité sur les à synchroniser notre mouvement au rythme est uni-
capacités fonctionnelles et la qualité de vie des patients verselle et retrouvée partout dans le monde et dans
atteints de maladie de Parkinson. Cependant, la pratique toutes les cultures. La plupart des adultes peuvent se
régulière d’une activité physique quotidienne reste synchroniser facilement à une stimulation rythmique
limitée chez eux. La stimulation rythmique auditive (SRA) auditive (4). Cette activité est très motivante, agréable
améliore les paramètres spatio-­temporels de la marche et souvent réalisée en groupe.
au cours de la maladie de Parkinson. La SRA est utilisée
comme un outil non pharmacologique pour améliorer
les troubles de la marche associés à la maladie (1, 2). L’étude BeatPark :
Certains patients rapportent spontanément une amé- auto-rééducation à la marche
lioration de leur marche lorsqu’ils sont soumis à une
SRA exogène (écouter de la musique) ou endogène dans la maladie de Parkinson
(chanter, compter). Le couplage du mouvement aux
stimuli ­rythmiques auditifs dépend d’un réseau ­neuronal Nous présentons les résultats de l’étude pilote ­BeatPark
cortico-­sous-cortical (3). Le principe de l’application de concernant la faisabilité et la sécurité d’un programme
la SRA dans la maladie de Parkinson repose sur l’idée d’auto-­rééducation à la marche par s­ timulation ryth-
que ce large réseau permet la mise en place de méca- mique auditive délivrée par une application mobile
nismes compensatoires aux circuits moteurs dysfonc- ­(dispositif BeatHealth) chez des patients atteints
tionnels au sein des noyaux gris centraux. de maladie de Parkinson. Cette techno­logie mobile
associe une application smartphone et un système
de détection du pas. La musique délivrée est adaptée :
Le projet BeatHealth son rythme est couplé au pas du patient. De plus, le
rythme de la musique s’accélère pour inciter le patient à
BeatHealth est un projet européen qui a été coor- atteindre une cadence de plus 10 % de sa cadence spon-
donné par le laboratoire EuroMov (université de Mont­ tanée. Le programme d’auto-rééducation a consisté à 1 EuroMov, université

pellier) et qui est basé sur le principe, largement marcher en extérieur, durant 5 séances de 30 minutes de Montpellier.
étudié en sciences cognitives et neuro­sciences, selon par semaine pendant 4 semaines consécutives avec 2 International

laboratory for brain,


lequel rythme et mouvement sont étroitement liés. le dispositif BeatHealth. Nous avons demandé aux music and sound
La musique est un bon exemple de cette tendance du patients de trouver un lieu à proximité de chez eux, research (BRAMS),
rythme à provoquer le mouvement de notre corps : où ils pouvaient marcher sans être dérangés, sans université de
Montréal, Canada.
nous tapons du pied ou dansons spontanément ou avoir à ­traverser de routes, au calme, en terrain régu-
3 Département
volontairement en suivant notre musique préférée, lier, comme dans un parc ou un stade. Le patient devait
de neurologie,
quand nous synchronisons nos pas sur le rythme de marcher non accompagné (humain ou animal) et sans clinique Beau-Soleil,
notre MP3 pendant notre jogging. Cette propension aide technique. Montpellier.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 11

0011_MPR 11 28/06/2018 14:55


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Les patients ont complété, pendant les 2 semaines tivement moins de douleurs. Soixante-treize pour cent
précédant le début de la rééducation et pendant les des patients ont considéré que le dispositif BeatHealth
4 semaines de rééducation, un agenda décrivant le était facile à utiliser et 65 % ont jugé qu’ils sauraient
nombre de chutes et les douleurs de façon quoti- l’utiliser sans aide.
dienne. L’objectif principal de l’étude était d’évaluer Quant à l’efficacité sur la marche de cette rééducation,
l’observance de l’utilisation du dispositif BeatHealth même s’il s’agit de résultats préliminaires, les patients
dans le cadre de ce programme d’auto-­rééducation. ont augmenté leur distance parcourue par session de
Les objectifs secondaires évaluaient la sécurité par 2,6 % (la distance parcourue en moyenne par session
la mesure du nombre de chutes, la tolérance par la étant de 2,55 ± 4,6 km à la fin du programme). De même,
mesure de la douleur et de la fatigue et la faisabilité les mesures à la marche, réalisées sans musique avant
technique grâce à des échelles d’évaluation. Enfin, et après la rééducation, montrent une amélioration
nous avons recherché des bénéfices sur les paramètres significative des paramètres spatio-­temporels de la
spatio-temporaux de la marche et la qualité de vie, marche. Enfin, les patients ont noté une amélioration
essentiellement. de leur qualité de vie grâce à l’utilisation du dispositif
L’étude a été proposée à 45 patients atteints de BeatHealth.
maladie de Parkinson ; 29  ont terminé l’étude.
­L’observance, mesurée par le pourcentage de temps
d’utilisation objective par rapport au temps pres- Conclusion
crit, était 78,0 ± 26 %. Le programme a été réalisé
en totalité par 23 % des patients et 60 % ont terminé Ces résultats très encourageants montrent qu’un
16 sessions sur 20. La sécurité liée à l’utilisation de ­dispositif d’auto-rééducation comme BeatHealth peut
l’appareil a été démontrée puisque le nombre de être utilisé assez facilement par les patients, a priori
chutes, au lieu d’augmenter pendant le protocole, a sans les mettre en danger, et pourrait apporter des
été réduit de moitié. Les patients n’étaient pas non bénéfices importants, tant pour la qualité de vie que
plus davantage fatigués et ils se plaignaient significa- dans les performances motrices.

Références bibliographiques
1. Dalla Bella S, Benoit CE, Farrugia N et al. Effects of musically cued 3. Zatorre RJ, Chen JL, Penhune VB. When the brain plays music: Auditory-­
gait training in Parkinson’s disease: beyond a motor benefit. Ann N Y motor interactions in music perception and production. Nat Rev Neurosci
Acad Sci 2015;1337(1):77-85. 2007;8:547-58.
2. Nombela C, Hughes LE, Owen AM, Grahn JA. Into the groove: Can 4. Sowiński J, Dalla Bella S. Poor synchronization to the beat may result
rhythm influence Parkinson’s disease? Neurosci Biobehav Rev 2013; from deficient auditory-motor mapping. Neuropsychologia 2013;
37:2564-70. 51:1952-63.

Les auteurs
déclarent ne pas Pour en savoir plus…
avoir de liens
d’intérêts. •w
 ww.euromov.eu • www.brams.org

12 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0012_MPR 12 28/06/2018 14:55


Actualités en Médecine Physique
DOSSIER et de Réadaptation

Apport de l’analyse cinématique Communication

de la coordination épaule-coude
pour la robo­tique d’assistance et de rééducation
Contribution of kinematic analysis of shoulder-elbow coordination
for assistive and rehabilitation robotics
A. Roby-Brami*, T. Proietti*, M. Merad*, E. de Montalivet*, R. Parry*,
M. Lestoile*, E. Guigon*, G. Morel*, N. Jarrassé*

▸▸L’analyse cinématique en ligne de la coordination ▸▸The online kinematic analysis of shoulder-elbow


POINTS FORTS

épaule-coude contribue au développement de coordination can contribute to the development of

HIGHLIGHTS
modèles de contrôle innovants pour l’interaction innovative control modes for human-robot physical
physique homme/robot dans le domaine de la neuro-­ interaction in the field of neuro-rehabilitation.
rééducation. ▸▸Two clinical examples are presented to correct or
▸▸Deux exemples cliniques sont présentés pour augment the disabled movements: the control of an
­corriger ou compléter les mouvements déficients : exoskeleton for the rehabilitation of hemiparetic
le contrôle d’un exosquelette de rééducation pour patients and of a prothetic elbow for transhumeral
les patient hémiparétiques et d’un coude prothétique amputees.
pour patients amputés transhuméraux.

Mots-clés : Redondance - Co-manipulation - Synergie - Keywords: Redundancy - Comanipulation - Synergy -


Exosquelette - Prothèses - Compensation motrice - Exoskeleton - Prosthesis - Motor compensation -
Hémiparésie - Amputation transhumérale - Interaction Hemiparesis - Transhumeral amputation - Human-robot
physique homme-robot physical interaction

Redondance du système moteur Notre approche se base sur le concept de synergie.


et comanipulation homme-robot En pratique, nous travaillons sur la coordination
­épaule-coude (il existe 4 DDL : 3 dans l’épaule et 1 pour
le coude) pour le pointage 3D, ce qui est une situa-
Le système moteur naturel est redondant car il dispose tion redondante. Le principe est d’utiliser l­’analyse
d’un nombre de degrés de liberté excessif par rapport cinématique en temps réel pour contrôler le robot
à ce qui serait nécessaire. Malgré cela, les mouve- (­exosquelette ou prothèse) afin de corriger ou d­ e com-
ments humains sont d’une fluidité remarquable. pléter le mouvement de l’utilisateur.
Lorsque l’on effectue un mouvement pour saisir un
objet dans l­’espace, les rotations articulaires sont coor-
données et chaque personne utilise une configuration Exosquelette de rééducation pour
du membre supérieur particulière. Ce choix repose- des patients hémiparétiques
rait sur des critères de “contrôle optimal” relatifs soit
à la posture finale du bras soit au mouvement ; ce qui
est discuté. Une autre théorie postule que le contrôle À la suite d’un AVC, les synergies normales sont
moteur repose sur l’assemblage des degrés de liberté ­altérées (la flexion de l’épaule et l’extension du coude
(DDL) en synergie avec deux aspects complémentaires : deviennent séquentielles) et remplacées par des
• la covariation synchrone des rotations, réduisant la synergies pathologiques stéréotypées qui se traduisent
dimensionalité du contrôle ; par une abduction excessive. Les patients développent
• la compensation automatique d’un DDL à l’autre, des stratégies de compensation, en particulier une
ce qui permet de stabiliser les variables importantes flexion importante du tronc. Le but de la rééducation
pour la tâche, tout en laissant varier les DDL non avec un exosquelette par rapport à un robot plan est
concernés (1). de tenter d’améliorer la synergie épaule-coude. * Institut
En robotique biomimétique, le challenge est de Nous ­utilisons l’exosquelette ABLE™ développé par des systèmes
contrôler un système moteur artificiel redondant le ­C EA-LIST (figure 1, p. 14) . Nous avons déve- intelligents et
d’une façon fluide. En robotique d’assistance ou de loppé et testé un mode de contrôle o­ riginal basé sur de robotique, UPMC,
CNRS UMR 7222,
rééducation, il s’agit d’adapter le contrôle du système l’analyse en composantes principales des rotations Inserm U 1150,
artificiel au mouvement humain (­comanipulation [2] ). articulaires (mesurées par les codeurs du robot). Paris.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 13

0013_MPR 13 28/06/2018 15:56


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Figure 1. Sujet valide dans l’exosquelette ABLE™.

Posture 1 Posture 2

Ce mode permet de changer la coordination épaule- tales soulèvent des questions à la fois fondamentales
coude sans altérer le mouvement de la main, en par- sur l’apprentissage moteur et importantes pour la
ticulier de réduire l’abduction excessive de patients clinique. Il s’agirait d’entraîner les patients hémi-
hémiparétiques (en collaboration avec S. Bensmail parétiques qui pourraient effectuer un mouvement
et J. Robertson, de l’hôpital Poincaré) [3]. La ques- coordonné de l’épaule et du coude, mais ne le font
tion qui demeure est de savoir si la répétition des pas spontanément car ils utilisent des stratégies de
mouvements sous l’effet des champs de force appli- compensation. Mais faut-il le faire avec une synergie
qués par le robot peut conduire à l’apprentissage “normale” ou au contraire les inciter à corriger leur
d’une nouvelle synergie. Nous avons testé cela chez mouvement en prenant conscience de perturbations ?
des sujets valides en perturbant leur coordination Cette question sera explorée en collaboration avec
épaule-coude à l’aide de l’exosquelette et observé des le Pr ­Pradat-Diehl, du service de MPR de l’hôpital de
résultats variables : dans certains cas, une adaptation la ­Pitié-Salpêtrière.
(réduction de la perturbation, suivie d’un dépasse-
ment dans l’autre direction à l’arrêt du champ de force
surajouté), et dans d’autres, la persistance à moyen Mode de contrôle intuitif
terme de la perturbation (4). Ces données expérimen- d’une prothèse de coude

Figure 2. Orthèse de coude surnuméraire (sujet valide). Pointeur fixé Les prothèses myoélectriques restent souvent sous-­
à l’avant-bras, cibles présentées par un robot WAM. utilisées principalement en raison de difficultés de
contrôle. Les amputés transhuméraux doivent contrôler
IMU les degrés de liberté prothétiques actifs (poignet, main
et quelquefois coude) avec seulement les contractions
de deux muscles de leur membre résiduel (en général
biceps et triceps). La commande de ces articulations
est donc séquentielle, fatigante (musculairement et
cognitivement) et peu intuitive.
Nous nous sommes basés sur le même concept de
synergie pour développer un mode de contrôle intuitif
d’un coude prothétique piloté par les mouvements de
l’épaule du membre résiduel (5). Ce mode de contrôle a
été d’abord implémenté sur un prototype d­ ’avant-bras
surnuméraire (montable à la face externe du bras de
sujets valides, de telle façon que les coudes anatomique
et prothétique aient approximativement le même axe de
rotation (figure 2). Le modèle de la relation naturelle
entre les rotations de l’épaule et l’extension du coude

14 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0014_MPR 14 28/06/2018 15:56


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

est appris par le contrôleur à partir des mouvements g­ énérique de synergie est mal adapté aux mouvements
de l’utilisateur (méthode de régression en apprentis- des patients appareillés (contraintes imposées par
sage machine). Pendant la phase d’apprentissage, l’emboîture de la prothèse et stratégies de compensa-
on enregistre les mouvements du bras naturel pointant tions apprises). Les pistes d’amélioration concernent la
vers 18 cibles par des centrales inertielles (IMU). Les possibilité de bâtir des modèles individualisés, de tester
données cinématiques obtenues sont ensuite utilisées d’autres méthodes numériques de modélisation des
pour bâtir le modèle de synergie. Pendant la phase synergies, et d’étendre cette approche à d’autres arti-
de test, le sujet pratique la tâche avec ­l’avant-bras culations prothétiques. Des tests sont aussi en cours,
prothétique. Les mesures angulaires issues des IMU en association avec le Dr Ortiz Catalan, de Göteborg,
et le modèle de coordination sont alors utilisés pour sur des patients ostéo-­intégrés. Il importera égale-
prédire en temps réel le mouvement du coude et piloter ment de généraliser le mode à d’autres types de tâches
la prothèse. (­préhension, gestes dirigés vers le visage, etc.).
Des essais sont en cours avec des patients amputés
transhuméraux contrôlant une vraie prothèse. Chez
les patients amputés, on utilise un modèle “générique” Perspectives
construit à partir des données de 10 sujets valides.
Les essais, menés avec N. Martinet et A. Touillet, Au-delà des perspectives propres à chaque application,
de l’Institut régional de médecine physique et de de grands progrès viendront probablement de l’amélio-
réadaptation de Nancy, ont montré qu’ils peuvent ration du traitement des données issues des capteurs
effectivement ­commander leur coude prothétique de embarqués (comme les IMU) permettant d’estimer
cette manière et que cela permet de limiter les mou- en direct la coordination des membres supérieurs et
vements de compensation du corps. Les difficultés les mouvements du corps, avec plus de r­ obustesse
qui subsistent semblent liées au fait que le modèle et de précision.

Références bibliographiques
1. Latash ML. Synergy. New York: Oxford University Press; 2008. 4. Proietti T, Guigon E, Roby-Brami A, Jarrassé N. Modifying upper-limb
2. Jarrassé N, Tagliabue M, Robertson J et al. A methodology to quantify inter-joint coordination in healthy subjects by training with a robotic
alterations in human upper limb movement during co-manipulation with exoskeleton. J ­Neuroeng Rehabil 2017;14:55.
an exoskeleton. IEEE Trans Neural Syst Rehabil Eng. 2010;18(4):389-97.
Les auteurs
3. Crocher V, Sahbani A, Robertson J et al. Constraining upper-limb synergies 5. Merad M, de Montalivet E, Touillet A et al. Can we achieve intuitive déclarent ne pas
of hemiparetic patients using a robotic exoskeleton in the perspective of prosthetic control based on healthy upper limb motor strategies? Front avoir de liens
neurorehabilitation. IEEE Trans Neural Syst Rehabil Eng 2012;20(3):247-57. Neurorobot 2018;12:1. d’intérêts.

e z - v ous
Rendr notre
su
TAIL Tous
POR IQUE… vos contenus
NTIF
SCIE personnalisés
en 1 clic !
www.edimark.fr
N O U S F A I S O N S D E V O S S P É C I A L I T É S N O T R E S P É C I A L I T É

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 15

0015_MPR 15 28/06/2018 17:00


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Communication De l’affaire Pistorius au Cybathlon :


compensation du handicap
ou augmentation de l’humain ?
From Pistorius case to Cybathlon: disability compensation
or human enhancement?
R. Richard1, S. Ferez1, D. Issanchou2

▸▸L’idéal de l’équité sportive est mis en question par ▸▸The ideal of equity in sport is challenged by “techno­
POINTS FORTS

HIGHLIGHTS
les athlètes “technologisés”. logized athletes“.
▸▸La fiction d’un dépassement technologique de ▸▸The fiction of a technological human-surpassing
l’homme hante le monde sportif. obsesses the world of sport.

Mots-clés : Sport - Compensation du handicap - Keywords: Sport - Disability compensation - Human


Augmentation de l’humain - Cyborg - Équité ­enhancement - Cyborg - Equity

En 2008, Oscar Pistorius, athlète appareillé aux deux différence entre eux à l’issue de l’épreuve, le sens du
jambes, est autorisé à s’engager sur le 400 mètres résultat de la compétition s’étiole.
olympique. Il lui faut finalement attendre 4 ans pour C’est pourquoi la Fédération internationale d’athlétisme
réaliser les minimas imposés et, en dépit d’une (International Association of Athletics Federations, IAAF)
controverse médiatique persistante, participer aux met rapidement en place une “épreuve de grandeur” (1)
Jeux olympiques de Londres. En 2016, la première devant permettre d’identifier ce qui produit la perfor-
édition du Cybathlon prétend s’adresser à des “athlètes mance de Pistorius. L’IAAF demande ainsi au professeur
­bioniques”. L’événement se présente volontiers comme Gert-Peter Brüggemann de produire une mesure per-
la “compétition sportive des cyborgs”. ­Marque-t-il un mettant la comparaison de l’efficacité des prothèses et de
tournant, sinon une rupture ? Une chose est sûre, ce celle des jambes des athlètes valides. Le 14 janvier 2008,
n’est désormais plus un cas individuel qui questionne s’appuyant sur ce rapport, l’IAAF interdit au Sud-Africain
l’institution sportive, mais une organisation entière qui de prendre part aux compétitions qu’elle régit. Pistorius
la prend explicitement pour modèle, tout en revendi- saisit alors le Tribunal arbitral du sport (TAS) en appel.
quant l’augmentation technologique de l’humain. Le procès qui s’ensuit est centré sur la ­question de la
validité scientifique du rapport Brüggemann, l’approche
technicienne apparaissant comme la seule valable.
Normalité sportive Le 16 mai 2008, le TAS révoque l’interdiction de l’IAAF
et fiction de l’humain augmenté : au motif qu’elle n’a pas apporté la preuve de l’avantage
de Pistorius. Autrement dit, il reste impossible de dire ce
le cas d’Oscar Pistorius qui produit la performance chez cet athlète : son corps
ou ses prothèses. Dans ces conditions, un doute per-
En 2007, Oscar Pistorius est invité à de prestigieux siste sur ce qui permet de le classer par rapport aux
­m eetings internationaux d’athlétisme aux côtés concurrents non appareillés.
­d ’athlètes “valides”. Cette participation sportive Si cela nuit considérablement au déploiement d’une
est l’objet d’une remise en cause institutionnelle et symbolique sportive, il faut noter l’existence, tout au
médiatique en raison de l’avantage que lui procure- long des controverses et a­ u-delà, de nombreux discours
rait son appareillage. Les discours médiatiques se portant sur le dépassement technologique de l’humain.
structurent autour d’une opposition princeps “trop” En effet, cette pensée symbolique ne peut se déployer
versus “pas assez” performant, qui place symbolique- au niveau ontologique que dans la mesure où il ne fait
ment Pistorius dans une situation intermédiaire où il pas de doute qu’Oscar Pistorius appartient à la caté-
1 SANTESIH,
n’est ni paralympique, ni valide. En effet, le sport de gorie de l’humain. P ­ ar-delà la controverse technico-­
EA 4614, université
de Montpellier.
compétition ne peut produire ses effets symboliques centrée, la symbolique sportive se heurte ainsi à la
2 L-ViS, EA 7428,
que si le résultat de l’épreuve est perçu comme une multiplication des écrits fictionnels et philosophico-­
université Claude- distribution juste des athlètes selon leur valeur spor- médiatiques d’inspiration post-humaniste qui font réfé-
Bernard Lyon 1. tive. Lorsqu’une incertitude plane sur ce qui fait la rence au sportif sud-africain.

16 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0016_MPR 16 28/06/2018 16:51


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

La mise en scène d’un dépassement L’expérience des athlètes engagés atteste d’ailleurs
techno-sportif du handicap : de cet éloignement avec la figure post-humaine
­fantasmée. Interviewés, les participants évoquent avant
le Cybathlon tout leur souci de recouvrer des capacités perdues.
Ils expliquent ainsi que la technologie est pour eux
Le Cybathlon propose une remise en question des avant tout un moyen de se “rapprocher de la norme”.
représentations du sportif venant d’un autre point de L’hybridation technologique est donc davantage vécue
vue. En effet, l’événement voit le jour hors du cadre des comme un travail de réhabilitation que d’augmenta-
institutions sportives traditionnelles. Il est créé par les tion (3). Et même si le cyborg produit une fascination
ingénieurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich, chez certains participants, la “fin du handicap” reste,
qui souhaitent promouvoir les technologies d’assis- de leur propre aveu, de l’ordre de la fiction.
tance avancée. Pourtant, les organisateurs reprennent
les codes habituels des compétitions et maintiennent
ainsi une proximité avec le monde (para)olympique : L’Homme et ses performances :
on y distribue des médailles, on y défend l’idéologie du entre volonté de dépassement
dépassement de soi, etc. Dans les médias, le Cybathlon
est considéré comme une évolution logique du sport ; et nécessité d’équité
la presse parle de “JO d’un nouveau genre”, ou de “Jeux
olympiques bioniques”. Face à Pistorius, et à sa revendication de participation
La filiation technoscientifique de l’événement n’est au monde sportif des “valides”, l’institution fédérale
toutefois jamais directement évoquée par les orga- s’efforce de penser à l’aune de la limite d’une stricte
nisateurs. En outre, ces derniers revendiquent éga- compensation susceptible de ne pas fausser l’idéal de
lement un écart à l’égard de l’olympisme et du comparaison. Le spectre de l’augmentation techno­
paralympisme. La différence principale réside dans logique apparaît alors en négatif, lié à la s­ uspicion
le recours assumé à la figure du cyborg, fruit d’un de tricherie. Si le Cybathlon le mobilise pour sa part
couplage h ­ omme/­machine. Au contraire, la perfor- positivement, jouant sur l’image du dépassement,
mance (trop) assistée est ouvertement bannie des il maintient le modèle de la compétition équitable.
compétitions sportives classiques (ou rendue invisible En fait, ­par-delà les figures et récits produits dans
par la standardisation des matériaux), car considérée l’espace public, les discours sur l’événement réintro-
comme une forme de techno-­doping (2). Le Cybathlon duisent discrètement la structure des débats média-
constitue ainsi la seule compétition pour des athlètes tiques préalablement engendrés par le cas P ­ istorius.
handicapés (appelés “pilotes”) utilisant des prothèses Le décalage entre discours promotionnel des organi-
robotisées. Autre différence essentielle, les épreuves sateurs et vécu des athlètes révèle in fine la dimension
sont pour la plupart très éloignées des activités spor- fictionnelle de la mise en scène du dépassement de la
tives habituelles et s’inspirent généralement de tâches nature humaine par la technologie, tout en éclairant
du quotidien : attacher des pinces à linge, monter des les contradictions qui en résultent dans un monde
escaliers, etc. Bref, des tâches qui semblent bien éloi- sportif par ailleurs organisé autour de la fiction de
gnées de ­l’horizon promis à l’homme augmenté. l’équité.

Références bibliographiques
1. Boltanski L, Thévenot L. De la justification : les économies de la gran- 3. Richard R, André J. Cyborg ou/et “handi-capable” ? L’expérience du
deur. Paris : Gallimard, 1991. corps capacitaire chez les participants au Cybathlon. Recherches &
2. McNamee M, Parry J. Olympic Ethics and Philosophy. London: Rout- Educations 2017, HS, juin 2017. http://rechercheseducations.revues.
ledge; 2014. org/2846
Les auteurs
Pour en savoir plus… déclarent ne pas
avoir de liens
•w
 ww.santesih.com • http://l-vis.univ-lyon1.fr d’intérêts.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 17

0017_MPR 17 28/06/2018 16:23


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Communication Évaluation préliminaire du dispositif VHIPOD


VHIPOD: preliminary assessment
of a sit to stand assistant vehicle
O. Rémy-Néris1, J. Kerdraon2, J.L. Le Guiet2, P. Hamon3, P.A. Leyrat4, A. Dequidt5, P. Pudlo5, L. Vermeiren5

▸▸Un projet collaboratif entre industries et institutions ▸▸An industry-academic collaborative project.
POINTS FORTS

HIGHLIGHTS
académiques.
▸▸Versatile sit to stand assistance.
▸▸Une assistance au passage assis-debout polyvalente.

Mots-clés : Passage assis-debout - Hémiplégie - Handicap - Keywords: Sit to stand - Hemiplegia - Disability - Robotics -
Robotique - Position debout Standing position

Le projet VHIPOD (Véhicule individuel de transport en dans la perspective de l’aide à la marche sur la base
station debout auto-équilibré pour personne handi- d’un déambulateur robotisé. Par exemple, le Walker-­
capée avec aide à la verticalisation), financé en 2012 Helper II (1) ou le Monimad (2) ont été conçus sur le
par le programme technologies en santé de l’Agence concept d’un déambulateur avec une aide au PAD
nationale de la recherche, avait pour objectif de créer robotisée.
un dispositif de transport sur 2 roues, de type gyro-
pode Segway®, permettant une assistance robotisée
du passage assis-debout et debout-assis (PAD/PDA) Développement du VHIPOD
des personnes hémi­plégiques. Ce projet associait le
Labo­ratoire d’automatique, de mécanique et d’infor- Le dispositif VHIPOD a été élaboré dans l’objectif de
matique industrielles et humaines (LAMIH) de l’univer- créer un dispositif qui se substituerait au fauteuil
sité de Valenciennes, et le Laboratoire de traitement roulant manuel auquel sont plus ou moins confinées
de l­’information médicale (LaTIM) de l’université de nombre de personnes hémiplégiques.
­Bretagne occidentale, ainsi que le Centre de ressources La combinaison de réalisation d’un dispositif suffisam-
et d’innovations mobilité handicap (CEREMH), BA sys- ment compact pour être utilisé à domicile, autoéquilibré
tèmes (entreprise de robotique industrielle spécialisée sur 2 roues de type gyropode et assistant mécanique-
dans les véhicules autonomes de transport) et le Centre ment le PAD/PDA est apparue progressivement peu
mutualiste de rééducation et de réadaptation fonction- réalisable au consortium après une première phase
1Laboratoire de
nelles (CMRRF) de Kerpape, à Lorient. d’élaboration. Les partenaires ont alors opté pour une
traitement de base mobile classique sur laquelle serait placé le dispo-
l’information sitif d’aide au PAD/PDA constitué d’une tablette montée
médicale, université
de Bretagne
Assistance au PAD/PDA sur des vérins et suivant une trajectoire spécifique pour
occidentale, Brest. aider le passage assis-debout.
2 Centre mutualiste Depuis le début des années 2000, des systèmes robo- Le dispositif a été réalisé par BA systèmes avec la
de rééducation et de tisés d’aide au passage assis-debout ont été produits. La participation du LAMIH de l’université de Valenciennes
réadaptation plupart des systèmes conçus, parfois commercialisés, pour la définition des caractéristiques techniques des
fonctionnelles de
Kerpape, Ploemeur.
sont destinés à des individus ayant soit des troubles de éléments nécessaires à réaliser le PAD/PDA en fonc-
3 BA systèmes, l’équilibre, comme les personnes âgées, soit un déficit tion d’un calcul de trajectoire optimisé. La trajectoire
Mordelles. moteur des membres inférieurs, comme les personnes de la tablette et le profil de vitesse choisis ont été
4 Centre de paraplégiques. Aucun n’a été pensé comme pouvant déterminés à partir d’un banc d’essai testé au CHRU
ressources et s’appliquer à toute personne handicapée et en particu- de Brest. Ce banc a permis de tester, chez 10 sujets
d’innovations lier les plus nombreuses : les hémiplégiques. hémi­plégiques et 10 sujets témoins, la faisabilité du
mobilité handicap,
Vélizy-Villacoublay. dispositif d’aide au PAD/PDA comportant une tablette
5 Laboratoire soutenant le coude du côté non atteint par une gout-
d’automatique, de Aides à la marche tière (figure 1) et assurant ainsi un appui stable et
mécanique et une poignée, située sur la tablette et permettant de
d’informatique
industrielles et
avec une assistance au PAD stabiliser la main sur la tablette. Le sujet était ensuite
humaines, université hissé par la tablette en position debout et maintenu
de Valenciennes. Ce type d’assistance a principalement été conçu à la fin quelques secondes avant de redescendre, toujours
des années 2000 par des roboticiens se p­ ositionnant en appui sur le coude sain, pour atteindre son siège.

18 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0018_MPR 18 28/06/2018 14:55


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

Figure 1. Banc d’essais.

Plusieurs trajectoires ont été testées et la discrimi-


nation d’une trajectoire circulaire d’une trajectoire Figure 2. VHIPOD.
plus complexe ne semblait pas pouvoir être facilement
perçue par les sujets. En revanche, l’ensemble des
participants tant hémiplégiques que témoins validaient
la vitesse d’ascension. Le VHIPOD a été conçu avec le
soutien du cabinet de design Duguet Conseil (figure 2).

Évaluation préliminaire
Une évaluation est en cours auprès de 30 personnes
hémiplégiques gauches et 15 sujets témoins. Elle
est menée au CMRRF de Kerpape et au CHRU de
Brest. Les questionnaires ont été élaborés par le
Laboratoire armoricain universitaire de recherche
en psychologie sociale (LAUREPS) de l’université
de Rennes 2 pour investiguer certaines dimensions
de l’acceptabilité.
Dans la population testée, les deux patients hémi-
plégiques non marchants et incapables de se mettre
debout quelle que soit l’aide apportée n’ont pu utiliser
le VHIPOD et leurs scores de Berg (BBS) et Fugl Meyer
membres supérieur et inférieur (FMT) étaient les plus
bas de notre population.
Sur la dizaine de sujets testés à ce jour et capables de
se verticaliser avec VHIPOD, il n’y a eu que très peu
d’échecs dans l’apprentissage de l’usage du maniement
du dispositif, une fois debout. La principale difficulté breuses, nécessitant plusieurs répétitions pour obtenir
de maniement du VHIPOD est l’approche d’un siège une maîtrise acceptable. À titre d’exemple, un sujet
ou du lit en marche arrière, pour s’assoir. n’arrivait toujours pas à maîtriser cette manœuvre
Pour l’apprentissage du passage assis-debout, les au bout de 4 essais.
temps d’appropriation (au maximum 10 mn) se sont Plusieurs scénarios ont été réalisés et évalués par les
allongés et les erreurs étaient nettement plus nom- patients, à commencer par le PAD/PDA.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 19

0019_MPR 19 28/06/2018 14:55


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Pour le PAD comme pour le PDA, les patients ­estiment roues n’a pas été développée. Le risque et le coût de
que ces manœuvres sont plutôt moins difficiles réalisation pour le partenaire industriel paraissaient
qu’avec leur équipement habituel et demandent trop importants.
moins d’efforts. De nombreux projets de véhicules autoéquilibrés ayant
Deux scénarii comportant différentes tâches à ­réaliser pour base mobile un gyropode ont vu le jour depuis le
avec le dispositif ont été testés avec le VHIPOD dans début de notre projet. Le véhicule Scalevo développé
la chambre et la cuisine d’un appartement théra- par l’École polytechnique fédérale de Zurich en est un
peutique. Chaque étape était chronométrée par un exemple. Il s’agit d’un gyropode Segway® équipé d’un
ergo­thérapeute qui notait les difficultés et un ques- système à chenilles permettant de gravir les escaliers.
tionnaire était ensuite proposé au patient pour chaque Plus récent, le Gyrolift développé par le Laboratoire
scénario. Toutes les tâches effectuées dans la cuisine d’ingéniérie des systèmes de Versailles est un gyropode
avaient reçu un très bon score d’appréciation. Les permettant de se verticaliser. Mais tous ces projets ont
résultats étaient plus contrastés en ce qui concerne pour base un siège qui est soit équilibré, soit vertica-
les tâches situées dans la chambre. Globalement, lisé, pendant le déplacement du gyropode. Très peu de
le VHIPOD était perçu comme assez encombrant et véhicules ont été imaginés pour supprimer le f­ auteuil
peu rapide. et éviter cette partie si contraignante de la vie d’une
personne handicapée qu’est le passage au fauteuil
roulant, depuis le lit ou tout autre support. Le principal
Discussion avantage du VHIPOD réside donc dans une assistance
Les auteurs robotisée au PAD/PDA qui est réalisée par le devant,
déclarent ne pas
avoir de liens Le projet VHIPOD n’a pas totalement atteint son but permettant ainsi de supprimer totalement la phase de
d’intérêts. initial puisque la plateforme autoéquilibrée sur deux transfert et d’utiliser n­ ’importe quel support d’assise.

Références bibliographiques
1. Song KT, Jiang SY. Force-cooperative guidance design of an omni-­directional walking assistive robot. IEEE International Conference on Mechatronics and Automation 2011;1258-63.
2. Saint-Bauzel L, Pasqui V,Monteil I. A reactive robotized interface for lower limb rehabilitation: clinical results. IEEE Trans Robot 2009;25(3):583-92.

Pour en savoir plus


•Kamnik, R. and T. Bajd Human voluntary activity integration into the control of standing-up rehabilitation robot. Medical Engineering and Physics 2007;29:1019-29.
•Peshkin, M., A. David et al. KineAssist: A robotic overground gait and balance training device. IEEE 9th International Conference on Rehabilitation Robotics ICORR, Chicago 2005, 241-6.

flash.infos Sous l’égide de Avec le soutien institutionnel de

D’après le congrès de l’ISPRM


(International Society of Physical and Rehabilitation Medicine)

Paris, 8-12 juillet 2018

Coordonnateur DÉCOUVREZ
Pr Marie-Eve Isner (Strasbourg)
LE POINT
Rédacteurs
Dr Jonathan Levy (Garches) LES ESSENTIELS
Dr Sophie Tasseel-Ponche (Amiens) LES PAROLES D’EXPERTS

RETROUVEZ TRÈS PROCHAINEMENT L’INTÉGRALITÉ DU FLASH-INFOS SUR

www.edimark.fr/ISPRM/2018/fi
SITE RÉSERVÉ AUX PROFESSIONNELS DE SANTÉ

Sous l’égide de Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - Directeur de la publication : Claudie Damour-Terrasson - Rédacteur en chef : Serge Poiraudeau (Paris)†
Attention, ceci est un compte-rendu de congrès et/ou un recueil de résumés de communications de congrès dont l’objectif est de fournir des informations sur l’état actuel de la recherche ;
ainsi, les données présentées sont susceptibles de ne pas être validées par les autorités de santé françaises et ne doivent donc pas être mises en pratique. Le contenu est sous la seule
responsabilité du coordonnateur, des auteurs et du directeur de la publication qui sont garants de son objectivité.
Ce flash-infos est édité par Edimark SAS, 44, rue de Prony, CS 10107, 75017 Paris - Tél. : 01 46 67 63 00 - Fax : 01 46 67 63 10

0020_MPR 20 28/06/2018 14:55


Actualités en Médecine Physique
DOSSIER et de Réadaptation

Utilisation des mouvements de membre fantôme Communication

pour un contrôle plus intuitif


des prothèses myoélectriques polydigitales
après amputation transhumérale
Voluntary phantom limb movements in transhumeral amputees
could be used to naturally control polydigital prosthesis
A. Touillet1, N. Jarrassé2, C. Nicol3, N. Martinet1, I. Loiret1, M. Maestrutti2,4, J. Paysant1, J. B. De Graaf3

▸▸Après une amputation transhumérale, les mouve- ▸▸In transhumeral amputees population, voluntary
POINTS FORTS

HIGHLIGHTS
ments volontaires de membre fantôme sont fré- phantom limb movements are frequent, they remain
quemment réalisables, persistent à distance de possible long time after amputation and training
l’amputation et sont entraînables. improve mobility capacity.
▸▸L’activité EMG évoquée au niveau des muscles du ▸▸Myoelectric activity of residual limb muscles asso-
membre résiduel lors de ces mouvements est clas- ciated with phantom limb movements can be clas-
sifiable et utilisable pour le contrôle de prothèse. sified and used to control prosthesis.

Mots-clés : Amputation transhumérale - Mouvement de Keywords: Transhumeral amputation - Phantom


membre fantôme - Contrôle prothétique - Classification limb movements - Prosthesis control - EMG signal
signal EMG ­classification

Des avancées technologiques ont permis le dévelop- • la possibilité technique de classifier ces mouvements
pement de mains myoélectriques polydigitales, aug- à partir de leur pattern d’activité EMG ;
mentant ainsi le nombre de degrés de mobilité des • l’entraînabilité de ces mouvements.
prothèses de membre supérieur. Une amélioration du Les limites actuelles à la transposition clinique de cette
contrôle prothétique est nécessaire pour permettre technique seront également abordées.
une utilisation plus fluide et intuitive de ces degrés
supplémentaires.
Après amputation d’un avant-bras, l’utilisation de Population cible
l’activité électromyogramme (EMG) de la muscula-
ture résiduelle, associée aux mouvements volontaires Parmi 34 personnes interrogées après une amputation
de membre fantôme, est une voie d’amélioration du transhumérale, 82 % décrivent la capacité de mobiliser
contrôle actuellement étudiée. Cependant, cette volontairement leur membre fantôme. Le délai post­
solution n’a pas été évaluée après une amputation amputation n’influence pas cette capacité (3).
transhumérale, qui entraîne la perte de tous les effec- Parmi les 10 personnes amputées présentant une
teurs musculaires antérieurement impliqués dans atteinte neurologique périphérique du membre résiduel
les mouvements de la main et du poignet. Des études (de différents degrés de sévérité), 80 % ont la capacité
récentes (1, 2) ont pourtant mis en évidence la pré- de mobiliser le membre fantôme ; y compris des per- 1. IRR Louis
Pierquin, UGECAM
sence d’une activité musculaire spécifique des diffé- sonnes avec une paralysie complète du membre rési- Nord-Est, Nancy.
rents mouvements de main et poignet fantômes au duel et pour lesquelles l’appareillage myoélectrique 2. CNRS UMR 7222,
niveau des muscles résiduels (biceps, triceps, etc.) classique n’est pas utilisable, en raison de l’absence Agathe
après amputation transhumérale. ou de la pauvreté de la contraction musculaire. INSERM U1150,
Cet article va présenter différents arguments en faveur Paris.
de la faisabilité d’utiliser l’activité EMG recueillie au 3. Université
niveau du membre résiduel lors de la réalisation de Caractéristiques des mouvements d’Aix-Marseille,
CNRS, ISM,
mouvements du membre fantôme pour contrôler une Marseille.
prothèse polydigitale après amputation transhumérale. Les mouvements de membre fantôme prédominent 4. Centre d’études
Les différents points abordés concerneront : en distalité : 79 % des personnes interrogées réalisent des techniques,
des connaissances
• la population cible de cette approche de contrôle ; au moins un type de mouvements de la main, 44 % un et des pratiques,
• la description des caractéristiques de ces mouve- type de mouvements du poignet et seulement 26 % Paris I Panthéon
ments ; un type de mouvements du coude. Les mouvements Sorbonne.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 21


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

possibles au niveau de la main sont à la fois des mou- d’avant-bras, alors que les effecteurs antérieurement
vements dissociés des doigts mais également des affectés au contrôle des mouvements de la main ne
mouvements combinés (pinces, fermeture et ouver- sont plus présents (figure 1) [4].
ture globale de la main). Le nombre de mouvements Pour 5 personnes, la classification a été possible
­différents réalisables varie en fonction des sujets. Ces pour un set contenant jusqu’à 14 types de mouve-
mouvements sont décrits comme peu amples et plus ments d­ ifférents, avec un taux de succès de 80 % pour
lents que ceux du membre sain (3). 6 mouve­ments simples (main, poignet, coude) [5].
Seules 15 % des personnes interrogées rapportent Ce mode de contrôle d’une prothèse coude-poignet-
l’existence de douleur lors de la réalisation de ces mou- main a été récemment évalué en mode non-porté pour
vements ; 6 % décrivent au contraire une diminution la réalisation de saisie d’objets. La tâche est possible
des douleurs. avec un temps allongé et les difficultés liées au n­ on
port de la prothèse (figure 2).

Possibilité de les classifier


Mouvements entraînables
Pour 3 personnes, la classification de l’activité EMG
de 4 à 8 mouvements différents de la main a été pos- La difficulté perçue de réalisation de certains mouve-
sible avec un taux de succès de 78 %, résultat proche ments semble être associée à une moindre stabilité du
de celui décrit lors d’évaluations après amputation pattern EMG [4]. L’entraînabilité de ces mouvements et

Figure 1. Enregistrement par électrodes de surface de l’activité électromyogramme au niveau des muscles du membre
résiduel, lors de la réalisation de mouvements de membre fantôme. Analyse par le classifieur. Contrôle de la prothèse
positionnée à côté du sujet.

mV
0,5
0
Ch12 Ch11 Ch10 Ch9 Ch8 Ch7 Ch6 Ch5 Ch4 Ch3 Ch2 Ch1

– 0,5 PFI FAu FP FM OM


Algorithme
de reconnaissance
de patterns EMG

Électrodes EMG
de surface

1
0 Main robotique polydigitale
–1
0 10 20 30 40
Temps (s)
PFI : flexion du pouce ; FAu : flexion auriculaire ; FP : fermeture pince ; FM : fermeture de la main ; OM : ouverture de la main.

Figure 2. Contrôle de prothèse coude-poignet-main (non portée) pour la réalisation d’une tâche fonctionnelle.

1 2 3 4 5 6 7 8 9

22 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

l’impact de l’entraînement sur la qualité du signal EMG


ont été évalués pour valider cette nouvelle approche de Figure 3. Évolution du nombre moyen et de la durée moyenne des cycles des
contrôle. Six personnes ont réalisé pendant un mois différents mouvements fantômes réalisables pour 6 personnes, après 1 mois
un entraînement quotidien de leur membre fantôme, d’entraînement (pour 3 exercices devant miroir, pour 3 autres sans miroir).
avec des exercices devant ou sans miroir. Après cet
Sans miroir Avec miroir
entraînement, une progression de leur capacité de 25
mouvements en termes de cinématique (figure 3) ainsi
20

Nombre de cycles
qu’une amélioration de la stabilité de leur signal EMG
ont été mises en évidence. 15
10

Limites actuelles 5
0
Le nombre d’électrodes nécessaires est actuellement 25
trop élevé pour une utilisation clinique (essais effectués
Durée d’un cycle (s)
20
avec 12 paires). Une analyse de la variance des signaux
mesurés a toutefois montré que 6 paires d’électrodes 15
devraient suffire pour classifier les différents patrons 10
d’activation [5]. De plus, l’utilisation d’électrodes EMG 5
de surface entraîne des limites techniques en rapport
0
avec le bruit du signal, la sensibilité à la sudation et au S18 S23 S21 S9 S8 S6
glissement des électrodes sur la peau. Toutefois, de
nombreuses recherches sont en cours sur des algo-
rithmes de classification plus robustes  [6], notam-
ment pour améliorer le décodage des signaux EMG physiologie du mouvement, ce qui n’est pas le cas du
de surface chez des personnes amputées de l’avant- mode de contrôle myoélectrique actuel, reposant sur
bras, et pourront être directement transférées pour le des contractions musculaires analytiques du membre
décodage de mouvements fantômes après amputation résiduel. Cette approche pourrait donc constituer une
transhumérale. alternative aux techniques invasives de neurotisation
(réinnervation de muscles du membre résiduel à
partir des nerfs moteurs contrôlant antérieurement
Conclusion le membre amputé) actuellement utilisées pour aug-
menter le nombre de degrés de liberté contrôlés de
L’utilisation de l’activité EMG recueillie au niveau du façon intuitive, y compris pour des personnes ayant
membre résiduel lors de la réalisation de mouve- une atteinte neurologique périphérique. Cette appli-
ments de membre fantôme pour contrôler une pro- cation pourrait également permettre de revaloriser le
thèse polydigitale après amputation transhumérale membre fantôme, qui est souvent associé uniquement
semble envisageable. Ce contrôle prothétique basé à son aspect douloureux, à la fois par les personnes
sur les mouvements fantômes serait plus proche de la amputées, et par les cliniciens.

Références bibliographiques
1. Reilly KT, Mercier C, Schieber MH, Sirigu A. Persistent hand motor 4. Jarrasse N, Nicol C, Richer F et al. Voluntary phantom hand and finger
commands in the amputees’ brain. Brain 2006;129:2211-23. movements in transhumeral amputees could be used to naturally control
polydigital prosthese. IEEE Int Conf Rehabil Robot 2017;1239-45.
2. Raffin E, Giraux P, Reilly KT. The moving phantom: motor execution 5. Jarrassé N, Nicol C, Touillet A et al. Classification of phantom finger,
or motor imagery? Cortex 2012;48:746-57. hand, wrist, and elbow voluntary gestures in transhumeral amputees with
EMG. IEEE Transactions on Neural Syst Rehabil Eng 2017;25(1):­68-77.
Les auteurs
3. De Graaf JB, Jarrassé N, Nicol C et al. Phantom hand and wrist move- 6. Castellini C, Artemiadis P, Wininger M et al. Proceedings of the first déclarent ne pas
ments in upper limb amputees are slow but naturally controlled movements. workshop on peripheral machine interfaces: going beyond traditional avoir de liens
Neuroscience 2016;312:­48-57. surface electromyography. Front Neurorobot 2014;8:22. d’intérêts.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 23


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Communication Techniques (in)appropriées


dans le champ du handicap psychique.
État des lieux de l’usage des techniques
dans le soin médical, l’accompagnement
professionnel et l’aide bénévole
(In)appropriate technologies for psychological disability:
use of technologies in medical, social and familial care
A. Chevance1, F. Weber2

▸▸Les domaines du soin psychiatrique et de l’accom- ▸▸Psychiatric care and psychological disability support
POINTS FORTS

pagnement du handicap psychique sont pour l’instant are not dissociated now in France.

HIGHLIGHTS
indissociés en France. ▸▸A lot of technologies (computer/mobile phone) are
▸▸De nombreuses aides techniques, notamment infor- now available without their use or misuse having
matique et mobile, voient le jour sans que soient been previously anticipated.
pour autant pensés en amont leurs usages et ▸▸Without adequate human help to appropriate techno­
­possibles mésusages. logies, they could be deleterious.
▸▸Sans accompagnement humain à l’utilisation de ces
aides, elles peuvent s’avérer délétères.

Mots-clés : Handicap psychique - Psychiatrie - Keywords: Psychological disability - Psychiatry - ­Care-work


Accompagnement - Technologie mobile - Réalité virtuelle - Mobile app - Virtual reality

En modifiant l’article L
­ -114 du Code de l’action sociale En France, la prise en charge du handicap psy-
et des familles pour définir le handicap comme la chique est d’abord médicale et veut pallier la défi-
conséquence de l’altération d’une ou plusieurs “fonc- cience, soit en entraînant les processus altérés, soit
tions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou en r­ enforçant les processus préservés. La prise en
psychiques”, la loi du 11 février 2005 a ouvert la voie charge des troubles est pluridisciplinaire car prag-
à la reconnaissance d’un handicap psychique distinct matique, chaque corps de métier proposant des soins
du handicap mental et du handicap cognitif, sans pour ne relevant souvent pas du même modèle théorique
autant en décrire les limites (1). Pour les professionnels de lecture des troubles.
et les associations qui souhaitent s’appuyer sur ce texte Pour soigner les troubles ou compenser le handicap
afin de défendre la spécificité des troubles et de leur psychique, plusieurs de ces disciplines développent
accompagnement, c’est par défaut la définition psy- des techniques numériques ­(2, 3), dont l’apparition
chiatrique qui prévaut, construite sur le modèle médical récente et exponentielle pose problème : elles naissent
de l’Organisation mondiale de la Santé. À la différence avant que leurs usages n’aient été pensés. Quels sont
du handicap mental qui est défini comme la consé- leurs objectifs, quels sont les destinataires, comment
quence d’une déficience cognitive globale présente dès les articuler à l’accompagnement traditionnel, quels
la naissance, durable et stable, le handicap psychique sont les obstacles à leurs utilisations, quels en seraient
est la conséquence d’un trouble mental et donc de tous les mésusages, comment garantir leur qualité et leur
les symptômes et signes qui lui sont rattachés. Parce utilité, comment réguler leur conception ?
que ni l’étiologie ni la physiopathologie des atteintes De façon générale, l’usage des techniques par les
psychiatriques ne sont connues, le terme “trouble” individus dépend de la socialisation, qui engage des
1 Université Paris-
est préféré au terme de “maladie”. Ces derniers sont ­facteurs cognitifs et psychologiques, développés dans
Descartes, centre de
recherche en conçus comme des déficiences ou des altérations fonc- des contextes sociaux et culturels. Or les troubles
épidémiologie et tionnelles du cerveau : déficits cognitifs ciblés objec- psychiatriques atteignent justement les facultés
statistiques, Paris. tivés par la neuropsychologie, atteinte de l’humeur, cognitives et psychiques, soit directement, soit par
2 Centre Maurice-
hallucinations, délires, troubles du comportement, etc. ricochet, entraînant ainsi une inégalité supplémentaire
Halbwachs, École Ces symptômes fluctuent avec l’histoire naturelle de la entre malades mentaux et individus dotés de “force
normale supérieure,
Paris Sciences et maladie, les traitements (pharmacologiques ou non), mentale”  (4). Il faut également remarquer qu’une
Lettres université. mais aussi le contexte de vie du patient. technique est utile seulement si ceux auxquels elle

24 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0024_MPR 24 28/06/2018 14:57


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation

est destinée peuvent se l’approprier, sinon elle est au thérapeutes mais aussi t­ ravailleurs sociaux. On se
mieux inutile (ce qui représente malgré tout un gâchis trouve donc dans une période de concurrence entre
de ressource), au pire délétère, créant de nouveaux professionnels pour le nouveau marché de l’emploi
troubles ou de nouvelles inégalités. L’ergonomie des qui s’ouvre ainsi, tandis que des initiatives locales
techniques adressées aux personnes en situation de tendent à privilégier le recours aux pairs-aidants ou
handicap psychique devrait donc être particulièrement aux familles des malades, sans toujours mesurer
soucieuse de ces écueils. les coûts psychiques et moraux ainsi reportés sur
Par ailleurs, il est démontré que ces “soins” tech- ces aidants (6).
niques ne sont d’aucune efficacité sur le fonctionne- Au-delà de la réhabilitation fonctionnelle, certains
ment du patient (­c’est-à-dire sa capacité à réaliser posent la question du “rétablissement” (recovery),
les tâches de la vie quotidienne de façon autonome), terme forgé par les “survivants de la psychiatrie”,
s’ils ne sont pas accompagnés d’une démarche de un mouvement des droits civiques américains du
réhabili­tation sociale  (5) . Le handicap psychique milieu des années 1980  (7). Cet objectif de rétablis-
touche à la matrice sociale de l’individu : sa percep- sement a des exigences sociales plus importantes
tion et son interprétation du monde social sont biai- qualitativement que la seule amélioration du fonc-
sées, ce qui affecte ses interactions et son rapport au tionnement. Encore faut-il, une fois de plus, que l’aide
monde social. Il n’existe pas actuellement d’équiva- et l’accompa­gnement proposés soient adaptés aux
lent de “chien d’aveugle” pour troubles mentaux, car besoins des personnes en situation de handicap psy-
ce sont les facultés humaines supérieures qui sont chique et ­n’entraînent pas de coûts disproportionnés
atteintes, facultés qui n’ont pas de substituts dans le pour les aidants bénévoles et les accompagnateurs
monde animal ou dans le panel des techniques. En professionnels.
l’état actuel de la science, l’intelligence artificielle ne En effet, les aides humaines proposées aujourd’hui,
­parvient pas à remplacer les fonctions supérieures tant professionnelles que familiales, sont le fruit de
permettant de faire société, notamment le discer- bricolages institutionnels dépendant de politiques sani-
nement moral. Si certains soins peuvent être rem- taires et sociales variables en fonction des territoires
placés par la technique, l’accompagnement humain et selon les caractéristiques sociales des familles de
reste indispensable, car il permet justement de faire patients, plus ou moins mobilisées et mobilisables. Le
l’interface entre la personne en situation de handicap risque est grand de voir se développer des techniques
psychique et le monde social. Pourtant, la place de de contrôle des patients et des professionnels, voire des
professionnels pour ce type d’accompagnement reste aidants, qui introduiraient un tiers lui-même incontrôlé
floue : ils peuvent être infirmiers, psychologues, ergo- dans des situations souvent délicates.

Références bibliographiques
1. Boucherat-Hue Valérie, Leguay D, Pachoud B et al. Handicap psychique : 4. Schwartz O. La pénétration de la “culture psychologique de masse”
questions vives. Toulouse: Érès; 2016. dans un groupe populaire : paroles de conducteurs de bus. Sociologie
2011;4(2):345-61.
2. Nicholas J, Larsen ME, Proudfoot J, Christensen H. Mobile apps for 5. Eack SM. Promoting long-term functional improvement after cognitive
bipolar disorder: a systematic review of features and content quality. remediation in schizophrenia. Schizophr Res 2018;193:37-8.
J Med Internet Res 2015;17:e198. 6. Blum P, Minoc J, Weber F. Familles en danger ? Psychiatrie, héber-
gement familial et vulnérabilité. Informations sociales 2015;188:68-75.
Les auteurs
3. Nicholas J et al. The reviews are in: a qualitative content analysis of 7. Greacen T, Jouet E. Pour des usagers de la psychiatrie acteurs de leur déclarent ne pas
consumer perspectives on apps for bipolar disorder. J Med Internet Res propre vie. Rétablissement, inclusion sociale, empowerment. Toulouse: avoir de liens
2017;19:e105. Érès; 2012. d’intérêts.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 25

0025_MPR 25 28/06/2018 14:57


Actualités en Médecine Physique
DOSSIER et de Réadaptation

Augmentation retardée de l’activité Poster

du cortex sensorimoteur induite


par le couplage tâche motrice − stimulation
anodale transcrânienne à courant continu
Delayed increase in sensorimotor cortex activity induced by coupling
motor task-anodal/transcranial direct current stimulation
P. Besson1, M. Muthalib1,2, G. Dray3, J. Rothwell4, S. Perrey1

La neuromodulation cérébrale apportée par stimu­


lation transcrânienne à courant continu (tDCS) offre Figure. Moyenne (± SEM) des changements relatifs (par rapport à la
des possibilités thérapeutiques intéressantes en période pré) de la concentration d’oxygénation (Hbdiff) du cortex sensorimoteur
réhabili­tation motrice. Il existe cependant une cer- gauche lors de la tâche motrice pour les 3 protocoles tDCS anodale : couplage
taine variabilité interindividuelle des réponses céré- (online), dissociation (offline) et sham aux 3 périodes de mesure : pré, T1 et T2.
brales à la tDCS anodale (1). De nombreux paramètres
sont à prendre en compte pour optimiser l’effica- 10 Online
cité du proto­cole d’inter­vention par tDCS. Coupler
8 Offline
la tDCS lors de la réalisation d’une tâche motrice Sham
apparaît comme un protocole des plus prometteurs 6 **
pour ­augmenter le niveau de performance ainsi que 4
l’apprentissage moteur, comparativement à un proto- +
2
cole de tDCS suivi de la tâche motrice (2). La neuro­
∆µm.s

plasticité du cortex sensori­moteur (SMC) devrait 0


s’en trouver accentuée. Pour autant, aucune étude –2
n’a isolé les effets de ces deux types de protocole
–4
pour une tâche motrice acquise. L’objectif de cette
étude rando­misée contrôlée était de c­ omparer avec –6
la spectro­scopie dans le proche infrarouge fonction- –8
nelle (fNIRS) l’acti­vation du SMC en fonction du type Pré T1 T2
de protocole de tDCS. L’hypo­thèse formulée était que Temps
le protocole couplage tDCS anodale et tâche motrice
modulerait l’activation du SMC ispilatéral à la tDCS
dans des proportions supérieures au protocole tDCS
suivi d’une tâche motrice. SMC reflétés par un index d’oxygé­nation cérébrale
Neuf participants sains droitiers ont effectué une (Hbdiff) étaient mesurés lors de la tâche via un système
tâche rythmique d’opposition de doigts à 3 moments NIRS avec 4 canaux au pourtour du site de stimulation
1 EuroMov, université
distincts (pré : état basal, T1 : pendant ou immédia- anodale. Les résultats montrent que les participants
de Montpellier.
tement après tDCS et T2 : 30 minutes après tDCS) ont conservé le même rythme moteur (~ 2,4 Hz) pour 2 SilverLine
au cours de 3 ­s essions espacées à une semaine les 3 protocoles. À la période T2, l’activation du SMC Research Services,
­d’intervalle (figure). Chaque sujet a réalisé les 3 pro- était significativement supérieure compa­rativement Brisbane, Australie.
tocoles tDCS anodale (20 min à 2 mA) suivant : tDCS aux 2 autres protocoles. Ces ­résultats suggèrent que 3 LG2IP, École

avec couplage ou suivi de la tâche motrice ou protocole le couplage tâche motrice avec tDCS anodale est plus des mines d’Alès.
sham (i.e., placebo). Les é­ lectrodes tDCS a­ nodales favorable à induire des variations de l’activité cérébrale 4 Institute

(configuration 4 × 1,  [3]) étaient positionnées sur après une courte période post tDCS, témoignant de of Neurology,
University College
­l’hémisphère gauche au niveau du SMC controlatéral mécanismes neuroplastiques qui m ­ odifient l’équilibre London,
au mouvement produit. Les niveaux d’activation du excitabilité/inhibition. Royaume-Uni.

Références bibliographiques
1. Chew T, Ho KA, Loo CK. Inter- and intra-individual variability in ­response to anodal tDCS at varying current densities. Brain Stimul 2015;8:1130-7.
2. Stagg CJ, Jayaram G, Pastor D et al. Polarity and timing-dependent effects of transcranial direct current stimulation in explicit motor learning.
Les auteurs
Neuropsychologica 2011;49:800-4. déclarent ne pas
3. Muthalib M, Besson P, Rothwell J, Perrey S. Focal hemodynamic responses in the stimulated hemisphere during high-definition transcranial avoir de liens
direct current stimulation. Neuromodulation 2017; [in press]. d’intérêts.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 27

0027_MPR 27 28/06/2018 15:00


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Poster Suivi longitudinal de l’activation corticale


par fNIRS en phase précoce de récupération
après un accident vasculaire cérébral
Contribution of near-infrared spectroscopy in the monitoring
of sensorimotor cortex reorganization during the motor recovery
early after stroke: a pilot study
M. Delorme1, G. Vergotte1, S. Perrey1, J. Froger1,2, I. Laffont1,3

La phase précoce de récupération après un accident tâche isométrique intermittente unilatérale de l’avant-
vasculaire cérébral (AVC) est accompagnée de change- bras (1 Hz). L’indice de latéralité (IL) a été calculé pour
ments dans la connectivité fonctionnelle des réseaux évaluer l’asymétrie de l’activité hémodynamique des
corticaux et dans la balance interhémisphérique. 2 hémisphères. L’activité des régions sensorimotrices
Cependant, on sait peu de choses sur le lien entre la liées aux mouvements du membre non parétique n’a
restauration de la balance interhémisphérique des montré aucun changement significatif. Les mouve-
aires corticales motrices et la qualité de la récupéra- ments du membre parétique étaient associés initia-
tion. Cette étude avait pour but d’évaluer l’évolution lement à une activité corticale bilatérale, avant de se
dans le temps des patterns hémodynamiques des aires relatéraliser vers une activation ipsilésionnelle pré-
sensorimotrices corticales à l’aide de la spectroscopie dominante (p < 0,01). La latéralisation progressive a
fonctionnelle dans le proche infrarouge (fNIRS) et de la été observée avec une augmentation de l’IL au cours
récupération motrice fonctionnelle pendant les 3 pre- des 2 mois de suivi (de – 0,24 ± 0,18 à 0,25 ± 0,39 ;
miers mois après un AVC. Huit patients atteints d’AVC p < 0,05 [figure]) et était corrélée au gain du score de
ischémique ou hémorragique droitiers (60 ± 8 ans, dont ­Fugl-Meyer. Ces résultats suggèrent que le monito-
3 femmes) présentant une hémiparésie légère à sévère ring de la réorganisation corticale avec fNIRS pendant
ont été évalués par imagerie fonctionnelle fNIRS, en les premières semaines après un AVC pourrait être
suivi parallèle de la récupération motrice fonction- utilisé pour l’évaluation de la récupération motrice
nelle (score ­Fugl-Meyer) toutes les deux semaines fonctionnelle dans les services de médecine physique
pendant 2 mois (5 sessions). Nous avons étudié les et de réadaptation. Cela afin d’adapter au mieux les
changements hémodynamiques des zones sensori- techniques rééducatives ou électrophysiologiques de
motrices contro- et ipsilésionnelles avec un système modulations de l’activité corticale, et de favoriser ainsi
fNIRS à 2 × 8 canaux (Oxymon MkIII®) au cours d’une une récupération de meilleure qualité.

Figure. Évolution de l’index de latéralité (IL) en fonction du temps pour les 8 patients comparativement à 8 sujets
contrôles pour un mouvement du bras sain (panneau de gauche) et pour un mouvement du bras parétique (panneau
de droite).

Comparaison IL bras sain/contrôles Comparaison IL bras parétique/contrôles


1 1

0,5 0,5

1 EuroMov, université
de Montpellier. 0 0
2 Département de

médecine physique
et de réadaptation,
CHU de Nîmes. – 0,5 – 0,5
3 Département de

médecine physique
et de réadaptation,
CHU de Montpellier. –1 –1
IL 0 IL 15 IL 30 IL 45 IL 60 IL contrôles IL 0 IL 15 IL 30 IL 45 IL 60 IL contrôles
Les auteurs
déclarent ne pas Médiane 25 %-75 % Min-Max
avoir de liens
d’intérêts.

28 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0028_MPR 28 28/06/2018 15:02


Actualités en Médecine Physique
DOSSIER et de Réadaptation

Vers une solution de “treadmill-on-demand ” Poster

adaptée à la marche asymétrique :


détermination automatique des vitesses de bande
Towards a “treadmill-on-demand” solution suitable
for asymetric walking: belt speeds estimation
T. Robert1,2, S. Marcoux2, P. Gourdou3, S. Nadeau3, R. Aissaoui2,3

Les tapis roulants à double bande sont de plus en basée sur la mesure des forces de réactions verti-
plus utilisés pour étudier la marche pathologique. cales, afin de déterminer les instants de pose du pied
Cependant, une des difficultés consiste à déterminer au sol (HS), et sur la position des centres de pres-
la vitesse des bandes du tapis afin d’observer une sions sous chaque pied à ces instants. Ces informa-
démarche naturelle. Cet exercice est délicat et subjectif, tions p­ ermettent d’extraire les caractéristiques des
notamment pour une marche asymétrique. De plus, pas : durées (T), longueurs (L) et différences de position
bien que l’utilisation de tapis roulant soit désormais entre les HS gauche et droit (∆). Le calcul de la lon-
considérée comme une approche valide pour l’étude gueur de pas inclut aussi une correction paramétrique
de la marche, il est aussi reconnu qu’elle tend à en permettant de rendre compte du déroulé du pied au
modifier certaines caractéristiques fondamentales (1). cours de la phase de support. Les vitesses de bandes
Ces différences entre marche naturelle sur tapis sont sont calculées à partir de ces variables :
encore plus prononcées dans le cas de marches patho- Vipsi = (Lcontra + ∆))/Tipsi
logiques asymétriques (2). L’une des hypothèses est que
les personnes doivent s’adapter à la vitesse de bande Cette méthode a été évaluée sur des données expéri-
constante du tapis, ce qui engendre une démarche mentales de marche sur tapis roulant instrumenté de
moins naturelle et moins variable. 17 sujets jeunes, à 3 vitesses de marche et 6 niveaux
Pour pallier ce problème, plusieurs études proposent d’asymétrie imposés. Les caractéristiques des pas ont
des méthodes pour adapter automatiquement la vitesse été correctement évaluées, tout comme les vitesses de
de bande à la démarche du sujet, ­c’est-à-dire que le bandes : l’erreur RMS est de moins de 0,05 m.s–1 sur
tapis s’adapte au sujet et non l’inverse. Ces méthodes, l’ensemble des essais (indépendamment de la vitesse,
dites “­treadmill-on-demand”, reposent pour la plupart du ratio d’asymétrie ou du côté dominant/­non domi-
sur l’ajustement de la position du sujet par rapport nant), à comparer aux incréments de 0,1 m.s–1 clas-
au tapis, mesurée via différentes techniques (sonar, siquement utilisés lors de la procédure d’ajustement 1 LBMC UMR T9406,

caméra, lien mécanique, par exemple [3] ). Le principal manuel des vitesses de bande. UCBL-IFSTTAR,
défaut de ce type d’approche est qu’il ne permet pas Il s’agit là d’une première étape importante en vue Lyon.
de gérer des vitesses de bandes différentes, comme de proposer une solution de “treadmill-on-­demand” 2 LIO, CRCHUM-ETS,

Montréal, Canada.
les marches asymétriques. adaptée à la marche asymétrique. La suite de ce travail,
3 Laboratoire de
De ce fait, cette étude propose une nouvelle approche en cours, consiste à implémenter cette méthode au sein pathokinésiologie,
permettant d’estimer les vitesses des deux bandes, d’une solution en temps réel et à évaluer la marche CRIR-UdeM,
indépendamment l’une de l’autre. Cette méthode est ainsi obtenue vis-à-vis d’une marche naturelle. Montréal, Canada.

Références bibliographiques
1. Dingwell JB, Cusumano JP, Cavanagh PR, 2. Puh U, Baer GD. A comparison of treadmill 3. Minetti AE, Boldrini L, Brusamolin L et al.
Sternad D. Local dynamic stability versus kine- walking and overground walking in inde- A  ­feedback-controlled treadmill (tread- Les auteurs
matic variability of continuous overground and pendently ambulant stroke patients: a pilot mill-on-demand) and the spontaneous speed déclarent ne pas
treadmill walking. J  Biomech Eng 2001; s t u d y. D i s a b i l R e h a b i l 2 0 0 9 ; of walking and running in humans. J Appl avoir de liens
123(1):27‑32. 31(3):202‑10. Physiol 2003;95(2):838‑43. d’intérêts.

Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018 29

0029_MPR 29 28/06/2018 16:25


Actualités en Médecine Physique
et de Réadaptation DOSSIER

Poster Regard contraint pendant la marche :


un outil à double tranchant pour les personnes
atteintes de sclérose en plaques
de forme progressive ?
Gaze constraint during gait: a double-edged tool
for people with progressive MS?
A. Vienne1, A. Moreau1, J. Mantilla1, 2, L. Oudre1-3, S. Edmond4, M. Dandrieux4, P.P. Vidal1, D. Ricard1, 4, 5

L’instabilité à la marche représente un handicap majeur Résultats


pour les personnes atteintes de sclérose en plaques
de forme progressive : 50 % d’entre elles nécessiteront Les trois groupes de personnes ont augmenté leur
une aide pour leur mobilité à 15 ans d’évolution (1). La temps de fixation par rapport à leur temps de s­ accades
stabilisation de la tête – donc des systèmes sensoriels pendant l’­a ller-retour CG par rapport à l’aller-­
céphaliques – pendant la locomotion est un enjeu clé retour UG. Cependant, deux stratégies différentes
pour le maintien dynamique de la stabilité (2). L’objectif ont été employées : les personnes ­A-MS ont adopté
de cette étude est d’évaluer l’intérêt de contraindre le une stratégie de “poursuite saccadée” (augmentation
regard sur une cible pendant la marche pour limiter du nombre de transitions saccades-fixations sans
les troubles locomoteurs chez les personnes atteintes augmenter la durée moyenne de fixations), différente
de sclérose en plaques de forme progressive. de la stratégie de “fixation maintenue” (augmenta-
1 Cognition and tion de la durée moyenne de fixations en diminuant
Action Group, le nombre de saccades) des personnes ­NA-MS et
CNRS UMR 8257,
université
Méthode HS. Lors du passage CG, la qualité de la marche des
Paris‑Descartes, personnes ­A-MS a tendu vers la normalisation tandis
Paris. Onze personnes atteintes de sclérose en plaques de que celle des personnes ­NA-MS a été dégradée par
2 Centre forme progressive (MS) et 11 autres appariées sans rapport au passage UG.
de mathématiques trouble connu pouvant affecter la marche (HS) ont par-
et de leurs
applications,
ticipé à l’étude. Parmi les personnes MS, 4 avaient un
ENS Cachan. score supérieur ou égal à 6 sur l’échelle Expanded
3 Institut Galilée, Disability Status Scale de Kurtzke (EDSS) et nécessi- Discussion
université ­Paris-13, taient donc au moins ponctuellement une assistance à
Villetaneuse. la marche ­(A-MS), et 7 avaient un score EDSS inférieur La consigne de fixation pourrait ainsi concourir à amé-
4 Service
à 6 (­ NA-MS). L’InertiaLocoGraphie (3) et l’oculo­motricité liorer la marche des personnes MS qui présentent
de neurologie
de l’Hôpital était évaluées conjointement sur 2 ­allers-retours de des troubles modérés (ne nécessitant pas d’assis-
d’Instruction 2 × 10 m chacun, à l’aide de 4 capteurs de mesure iner- tance), mais serait au contraire une difficulté sup-
des Armées tiels (placés sur le front, au niveau des vertèbres L3-L4 plémentaire pour les personnes ­A-MS. Si l’utilisation
de Percy, Clamart.
et sur les cous-de-pied) et un oculomètre. Chaque ­d’indices s­ ensoriels prend une part croissante dans la
5 École

du Val‑de‑Grâce,
personne était évaluée sur un aller-retour avec regard rééducation à la marche, il semble ainsi néanmoins
École de Santé contraint sur une cible (CG) et un ­aller-retour avec prudent d’apprécier les ressources que le patient en
des Armées, Paris. regard libre (UG), l’ordre des passages étant aléatoire. rééducation peut mobiliser.

Références bibliographiques
1. Kister I, Bacon TE, Chamot E et al. Natural history of multiple sclerosis symptoms. Int J MS Care 2013;15(3):146-58.
Les auteurs
déclarent ne pas
2. Pozzo T, Berthoz A, Lefort L. Head stabilization during various locomotor tasks in humans. Exp Brain Res 1990;82(1):97-106.
avoir de liens 3. Vienne A, Barrois RP, Buffat S et al. Inertial sensors to assess gait quality in patients with neurological disorders: A systematic review of technical
d’intérêts. and analytical challenges. Front Psychol 2017;8:817.

30 Actualités en Médecine Physique et de Réadaptation - 01-02 - Janvier - juin 2018

0030_MPR 30 28/06/2018 15:04

Vous aimerez peut-être aussi