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FISCALE
Module :
CONTENTIEUX DOUANIER
Année : 2019
LE CONTROLE DOUANIER :
L’ensemble des mesures prises en vue d’assurer l’observation des lois et règlements en
vigueur que l’administration des douanes est chargée d’appliquer (Article 5 du code des
douanes)
INTRODUCTION :
Pris dans un sens large, le contentieux douanier englobe l’ensemble des litiges et
contestations qui ont trait à l’application ou à l’interprétation de la législation et de la
réglementation douanière et qui sont susceptibles d’être réglées par judiciaire ou par voie
transactionnelle selon les modalités particulières du code des douanes.
Les litiges et contestations engendrés par le fonctionnement des services des douanes sont
extrêmement variés et conduisent l’administration des douanes à plaider devant plusieurs
types de juridictions.
le contentieux du recouvrement
le contentieux de la responsabilité,
Il comprend tous les litiges qui ont exclusivement trait à la perception de l’impôt.
Les litiges qui tendent d’obtenir de l’administration des douanes la réparation du préjudice
causé par ses agents, donnent lieu à des actions en dommages et intérêts.
sur une saisie infondée (article 313 du CDA – article 373 du CDT)
sur une visite domiciliaire infructueuse (article 314 du CDA –article 374 du CDT)
la constatation,
la poursuite,
la répression des infractions douanières
Le contentieux douanier répressif s’appuie d’une part sur le droit pénal et d’autre part sur
la procédure répressive.
Le droit pénal définit les infractions, détermine les peines et précise les personnes
punissables.
Le code des douanes est une loi spéciale qui s’appuie sur le droit pénal et la
procédure pénale.
Le contentieux douanier répressif renferme plusieurs particularités, telles que par exemple le
caractère mixte des pénalités. Nous n’aborderons cependant que les particularités suivantes :
En droit commun, le juge peut modérer les pénalités en accordant aux contrevenants le
bénéfice des circonstances atténuantes, par contre la loi douanière Algérienne interdit aux
juges d’accorder le bénéfice des circonstances atténuantes.
En droit Tunisien, le bénéfice des circonstances atténuantes peut être accordé aux
contrevenants, même pour la réduction de l’amende (cf. Article 344 du CDT)
La loi douanière algérienne interdit également aux juges d’excuser sur l’intention. (Art 281 du
CDA)
moyen de preuve :
Les procès verbaux de douanes réguliers en la forme ont valeur de preuve légale qui s’impose
aux juges (cf. article 254 du CDA- articles 312 et 313 du CDT), par contre, en droit commun
les procès verbaux ne valent qu’à titre de renseignements.
Pour assurer la défense des intérêts du trésor, non seulement les créances douanières sont
assorties de droit de préférence (privilèges) mais, également leur recouvrement est facilité par
certaines mesures de sûretés .
Ces sûretés sont soit personnelles (solidarité, caution) soit réelles (droit de rétention, saisies
conservatoires, hypothèques…..)
Article 316 du CDA et Art 376 & suivants du CDT : principe de la solidarité,
Article 290 du CDA et Article du 301 du CDT : droit de rétention des marchandises et
moyens de transports non passibles de confiscation (en cas de flagrant délit)
Article 292 du CDA et Article 351 du CDT : privilèges et préférence de l’administration des
douanes sur tous créanciers, sur les meubles et effets mobiliers des redevables et également
hypothèque sur les immeubles des propriétaires redevables de droits et taxes ou condamnés .
En droit commun lorsqu’une infraction est constatée, elle est automatiquement déférée en
justice. Par contre, en droit douanier l’exercice du droit de transaction reste possible sous
certaines conditions. (Art 265 du CDA et 322 du CDT)
Section 1 : Définition :
L’article 5 du C D A définit l’infraction douanière comme suit « Toute violation des lois
et règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer et réprimée par le
présent code »
Cette définition nous semble dépassée depuis que la contrebande a été prise en charge par
une loi douanière distincte du code des douanes.
Ainsi, on peut valablement avancer qu’il s’agit de tout acte ou toute abstention qui viole les
lois et règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer et réprimée par la
législation douanière .
Un élément légal,
Un élément matériel,
Un élément moral.
Les deux premiers éléments sont primordiaux, alors que le troisième (moral) est sans
importance à cause de l’interdiction qui est faite aux juges d’excuser sur l’intention.
A/L’élément légal :
Un acte ou une omission ne peut constituer une infraction que si les 3 conditions
suivantes sont réunies :
Existence d’un texte légal ou réglementaire édictant une interdiction ou une obligation
qui ont été violées.
Existence d’une disposition douanière qualifiant expressément cette violation
d’infraction.
Existence d’une disposition douanière réprimant cette infraction en tant que telle.
B / L’élément matériel :
En matière douanière, comme en droit commun, l’infraction n’existe que si elle est manifestée
par un acte extérieur qui peut être soit positif (ex : importation de marchandises en
contrebande) soit négatif (ex : inexécution des engagements souscrits, défaut de dépôt du
manifeste par le capitaine de navire).
L’élément matériel de l’infraction est déterminé par des facteurs principaux dont l’intérêt est
de déterminer le bien fondé de l’infraction et des facteurs secondaires qui servent à déterminer
le palier de répression c’est à dire la classe de l’infraction..
La classe exacte de l’infraction est ainsi fixée par un facteur secondaire qui a trait :
soit aux moyens employés pour accomplir l’acte incriminé (ex : utilisation d’un faux
document, utilisation d’un moyen de transport)
soit à la nature de la marchandise (marchandise prohibée ou fortement taxée)
soit au but ou au résultat de l’acte ou de l’abstention (ex : infraction ayant pour effet
de compromettre ou d’éluder des droits et taxes.)
Lorsque les actes constitutifs de l’infraction se sont complètement déroulés, l’infraction est
matériellement consommée.
C / L’élément moral
A /Définition :
Avant d’aborder l’application des peines, il convient d’expliquer les notions de concours réel
et de concours idéal d’infractions
-Lorsque le concours est« réel », chaque infraction devra être sanctionnée séparément.
Les pénalités pécuniaires sont cumulées, en revanche, pour les peines d’emprisonnement, on
retiendra la peine la plus élevée.
Toutefois, il convient de préciser que les peines d’emprisonnement ne sont pas cumulables, on
retiendra la peine la plus élevée.
Droits et taxes compromis : C’est le montant des perceptions des droits et taxes dont le trésor
public a été frustré par une infraction relevée généralement lors d’un contrôle à postériori.
Droits et taxes éludés : C’est le montant des perceptions dont le trésor a failli être frustré par
une infraction relevée lors d’un contrôle à priori, c'est-à-dire avant enlèvement de la
marchandise.
En Tunisie, cette notion est prise en charge par les articles 390 et suivants du CDT.
2°/ La Classification des infractions douanières peut s’opérer au regard des critères
énumérés ci après :
Selon leur degré de gravité, les infractions douanières sont classées en délits et en
contraventions, sans préjudice des crimes qui peuvent être prévus par des textes spéciaux.
Dans ce cadre, le législateur Algérien a consacré un texte spécifique pour la contrebande.
L’ordonnance 05-06 du 23 Août 2005 relative à la lutte contre la contrebande a en effet,
extirpé du code des douanes la répression des faits de contrebande qui sont désormais
soumis aux mêmes règles de procédure applicables en matière de crimes organisés. (cf. article
34 de ladite ordonnance).
A l’heure actuelle le code des douanes Algérien a prévu donc en matière d’infractions de
bureaux, deux classes de délits (articles 325 et 325 bis) et trois classes de contraventions
(articles 319 à 321).
Par contre, en Tunisie, le Code des douanes continue à prendre en charge la répression des
faits de contrebande. Il est prévu trois classes de délits (Articles 386 à 389) et cinq classes de
contraventions (Articles 381 à 385).
Les délits douaniers : Les délits douaniers sont des infractions qui sont sanctionnées par une
peine d’emprisonnement, et ce, indépendamment des pénalités pécuniaires (amendes et
confiscations).
Les contraventions douanières : Les contraventions douanières sont des infractions qui sont
sanctionnées uniquement par des pénalités pécuniaires, contrairement au droit commun, les
contraventions douanières ne comportent pas de peines d’emprisonnement. Néanmoins, en
droit Tunisien, une exception au principe peut être observée pour la contravention de 5éme
classe qui prévoit une peine d’emprisonnement de 01 à 15 jours. (Article 385 du CDT)
Section 5 : Les principales infractions douanières susceptibles d’être relevées lors des
opérations de vérification et de contrôle :
On entend par fausse déclaration, toute déclaration inexacte dans l’une ou plusieurs de ses
énonciations, quoique demeurant applicable aux marchandises.
La déclaration en détail ne s’applique pas aux marchandises présentées (Ex : excèdent de colis,
découverte de marchandises d’une autre nature…..)Il y a en principe importation ou
exportation sans déclaration de marchandises.
Comme il a été déjà indiqué plus haut la connaissance des facteurs secondaires sont
indispensables pour procéder à la classification des infractions douanière, (ex si l’infraction a
été commise à l’aide d’un faux document, les sanctions seront plus sévères).
On appelle « peine »la sanction prévue par la loi contre ceux qui se rendent coupables d’une
infraction.
L’emprisonnement,
L’amende,
La confiscation.
L’astreinte douanière,
Les peines privatives de droit,
La confiscation.
A/ L’emprisonnement :
C’est une peine privative de liberté .Comme en droit commun, le juge peut accorder les
circonstances atténuantes et le sursis.
B/ L’amende douanière :
Définition :
L’amende est une peine qui consiste à obliger l’auteur d’une infraction ou toute autre
personne mise en cause à verser au trésor public une somme d’argent dont le montant ou le
taux est fixé par la loi.
Les amendes douanières ont un caractère mixte, de peine dans la mesure où elles châtient le
prévenu, mais aussi de réparation du préjudice causé au trésor public.
L’amende chiffrée,
L’amende calculée sur la base du retard ;
L’amende calculée sur la base des droits et taxes compromis ou éludés,
L’amende calculée sur la base de la valeur.
L’amende chiffrée : Il s’agit d’une amende dont le montant est fixé d’avance par le code des
douanes. (ex : amende de 25.000 DA)
L’amende calculée sur la base du retard : (ex : retard dans le dépôt de la déclaration en
détail , amende de 50.000 DA par mois de retard)
La contravention de deuxième classe a prévu une amende égale au double des droits et taxes
compromis ou éludés.
L’amende calculée sur la base de la valeur : Conformément aux dispositions de l’article 337
du CDA la valeur à prendre en considération pour le calcul des pénalités est celle définie à
l’article 16 du code des douanes augmentée des droits et taxes.
(V M I = V D + D T )
C/ La confiscation :
La confiscation ne peut être prononcée que par voie judiciaire. Cependant, en cas de
règlement transactionnel, l’administration des douanes exigera du prévenu au lieu et place de
la confiscation, l’abandon au profit du trésor public des marchandises confiscables.
Modalités de confiscation :
Etendue de la confiscation :
Pour être plus efficace, la confiscation doit s’étendre à tous les objets qui ont permis de
commettre l’infraction. (Moyens de transports, marchandises ayant servi à masquer la fraude).
Ces peines viennent s’ajouter aux peines principales chaque fois que la loi le prévoit
expressément.
En Algérie l’astreinte douanière est fixée à 5000 DA par jour de retard, elle est prévue par
l’art 330 du CDA. En Tunisie, elle est prévue par l’article 401 du CDT.
B/ Les peines privatives de droit : Les peines privatives de droit consistent à rendre
incapables d’accomplir certains actes ou de jouir de certains droits, toute personne physique
ou morale qui s’est rendue coupable de certaines infractions particulièrement graves. Les
peines privatives de droit ont soit un caractère judiciaire (lorsqu’elles sont prononcées par
voie judiciaire), soit un caractère administratif (lorsqu’elles sont décidées par voie
administrative).
C/ La confiscation : Généralement prononcée au titre des peines principales, elle peut l’être
également, au titre des peines complémentaires. Cette peine est expressément prévue par
l’article 329 du code des douanes Algérien pour les marchandises qui ont servi à substituer
(remplacer) des marchandises soustraites sous douane. L’article 400 du code des douanes
Les parties en cause dans un procès sont appelées parties demanderesses et parties
défenderesses.
Il s’agit des personnes qui ont participé à la fraude soit directement (les auteurs), soit
indirectement (les complices et les intéressés à la fraude).
Ces personnes engagent tout d’abord leur personne puisqu’elles subissent individuellement
les peines corporelles et privatives de droit, mais également leur patrimoine puisqu’elles
seront condamnées conjointement et solidairement aux pénalités pécuniaires (amendes et
confiscations).
Les auteurs :
L’auteur d’une infraction est soit, celui qui commet ou est réputé avoir commis l’acte
matériel puni par la loi, soit, celui qui s’abstient d’exécuter ses obligations légales.
Le code des douanes a édicté des modalités spéciales de responsabilité pénale en ce qui
concerne les détenteurs (Articles 303 du CDA et 364 du CDT ), les capitaines de navires et
commandants d’aéronefs, (Articles 304 du CDA et 365 du CDT) les déclarants (Articles 306
du CDA et 367 du CDT) et les commissionnaires en douane (Articles 307 du CDA et368 du
CDT) et enfin les soumissionnaires (Articles 308 du CDA et 369 du CDT).
Les complices :
Le code des douanes Algérien nous renvoie dispositions du code pénal (Articles 42 et43).
L’article 370 du CDT dispose que « les dispositions de l’article 32 du Code Pénal sont
applicables aux complices des délits douaniers »
L’intérêt à la fraude est une modalité spéciale de complicité propre à la législation douanière
Cette notion porte sur les faits de contrebande ainsi que les délits douaniers et couvrent les
actes antérieurs, concomitants et même postérieurs à l’infraction (Articles 310 du CDA et 26
de l’ordonnance 05-06 du 28/08/2005 relative à la lutte contre la contrebande). En droit
douanier Tunisien, cette notion est consacrée par l’article 371 du CDT.
Ce sont les personnes qui sans avoir participé à une infraction, sont tenues de réparer le
préjudice causé parce que l’infraction a été commise par un individu dont elles ont à répondre
ou qui leur ait attaché par un lien de subordination.
Ces personnes engagent leur patrimoine, puisqu’elles répondent sur leurs biens en ce qui
concerne le recouvrement des condamnations pécuniaires prononcées mais, elles n’engagent
jamais leur personne puisqu’elles ne sont pas susceptibles d’emprisonnement
La responsabilité du fait d’autrui dont les règles sont tirées du droit commun sont de tous
points applicables au droit pénal douanier.
Le code des douanes Algérien ne contient de dispositions spéciales sur la responsabilité civile
des particuliers qu’en ce qui concerne les propriétaires des marchandises et les cautions
(article 315 du CDA).
Définition :
On dit que des débiteurs sont solidaires, lorsque chaque débiteur est tenu de la totalité de la
dette et que le créancier peut poursuivre à son choix l’un d’eux jusqu à ce qu’il obtienne le
paiement intégral de sa créance .Ce paiement libère tous les débiteurs.
Base légale :
Objectif de la solidarité :
Principe :
En matiére douanière, les condamnations contre plusieurs personnes pour un même fait de
fraude sont solidaires
Exceptions
Remise de solidarité :
L’article 316 du code des douanes Algérien a été amendé pour permettre à l’administration
des douanes d’accorder des remises de solidarité aux codébiteurs dans les conditions qui sont
fixées par décision du directeur général des douanes (Décision n°20 du 20 février 1995
modifiée et complétée par décision du 10 juillet 1999).En droit Tunisien (Cf. art 344/ e du
CDT), la remise de solidarité est du ressort du tribunal .
Notions générales :
Les agents de l’administration sont appelés fréquemment à dresser des procès verbaux des
faits qu’ils constatent dans l’exercice de leurs fonctions. Le procès verbal consiste en la
relation par un représentant de l’autorité publique de ce qu’il a fait, de ce qu’il a vu ou de ce
qu’il entendu.
D’une part, il est doté d’une force probante de plus grande puissance, puisqu’il fait foi
jusqu’à preuve contraire et même parfois jusqu’à inscription en faux.
D’autre part, il ne peut relater que les faits constater personnellement par l’agent
verbalisateur lui-même, ou rapportés directement à celui-ci (auquel cas, ce n’est pas le
fait lui-même qui est constaté, mais le récit qui en est donné)
Conformément aux dispositions de l’article 241 du CDA, les infractions douanières peuvent
être constatées par les agents des douanes, les officiers et les agents de police judiciaire
En Tunisie, la liste des agents et fonctionnaires habilités à constater les infractions douanières
est prévue par l’article 301 du CDT
On retiendra donc que les services des douanes ne sont pas les seuls à procéder à la
recherche de la fraude douanière.
Cette procédure est applicable lorsque la saisie des objets de fraude est possible ainsi que
dans les cas de flagrant délit.
La constatation par voie de saisie donne lieu à la rédaction d’un procès verbal de saisie
La procédure de constatation des infractions douanières par voie de saisie est rendue possible
grâce à un certain nombre de prérogatives prévues par le code des douanes.
-Droit de saisie
Lors de la découverte de l’infraction, les agents habilités à la constater peuvent exercer les
droits d’appréhension repris ci-dessus, dans ce cas, ils ont obligation :
La rédaction des procès verbaux de saisie obéit à un formalisme très strict qu’il convient de
respecter à peine de nullité.
A titre d’exemple, on peut citer la rédaction immédiate des P V de saisie, le respect des
prescriptions et énonciations des PV, Déclaration de saisie faite au contrevenant, description
des marchandises saisies, formalités de clôture etc….)
Notions générales :
La constatation par voie d’enquête s’opère soit par la consultation de documents, soit par des
auditions
La constatation par voie d’enquête donne lieu à la rédaction d’un procès verbal de
constat.
A l’instar du procès verbal de saisie, le procès verbal de constat obéit à peine de nullité
au respect des prescriptions de forme édictées par le code des douanes
Force probante signifie : valeur de preuve légale qui s’impose aux juges
Pour que ces procès verbaux gardent leur valeur de preuve légale, il faudrait qu’ils soient
établis conformément aux dispositions du code des douanes,
Section 3 : Degré d’autorité des procès verbaux de douanes :( Article 254 du CDA et 312
& 313 du CDT)
Le degré d’autorité du procès verbal dépend du nombre de ses rédacteurs. Les procès
verbaux rédigés par un agent assermenté font foi jusqu’à preuve contraire .Les procès
verbaux rédigés par deux ou plusieurs agents assermentés font foi jusqu’à inscription en faux
Le degré d’autorité des procès verbaux de douanes est relatif, toutes les énonciations du
même procès verbal n’ont pas nécessairement une force probante égale
Aux termes de l’article 255 du code des douanes Algérien« Les formalités prévues aux
articles 241, 242, 244 à 250 et 252 du code des douanes doivent être observées à peine de
nullité, les tribunaux ne peuvent admettre contre les procès verbaux d’autres nullités que
celles résultant de l’omission de ces formalités »
Même principe pour le Code des douanes Tunisien (Article 314 CDT) .
Introduction :
Il est universellement connu que les infractions douanières sont susceptibles d’être
réglées à l’amiable, c’est à dire par voie transactionnelle.
L’article 265 du CDA dispose : « Les personnes poursuivies pour infractions douanières sont
déférées devant les juridictions compétentes pour être sanctionnées conformément aux
dispositions du code des douanes .Toutefois, l’administration des douanes est autorisée à
transiger avec les personnes poursuivies pour infractions douanières qui en font la demande »
Avant d’analyser ces deux modes de règlement, il convient au préalable d’apporter un rapide
éclairage sur les actions qui naissent des infractions douanières.
Une action pénale (pour les délits) exercée par le ministère public dont le but est de faire
condamner la contrevenant à la peine d’emprisonnement prévue par la législation douanière
Une action fiscale exercée par l’administration des douanes dont le but est de faire condamner
le contrevenant au paiement de l’amende et à la confiscation tel que prévu par la législation
douanière. En Algérie cette action peut être exercée à titre accessoire par le ministère public.
En sus de ces deux actions, les infractions douanières sont susceptibles comme les infractions
de droit commun de léser des personnes physiques ou morales et ouvrent par conséquent, en
faveur de ces derniers, une action civile tendant à la réparation du préjudice subi.
Certains événements parfois externes à la procédure contentieuse peuvent avoir des effets sur
les actions en poursuite de l’infraction douanière.
La prescription qui est une déchéance qui frappe toute personne qui n’a pas exercé ses droits
en temps opportun éteint l’action publique et l’action fiscale.
L’amnistie qui est un acte législatif (à ne pas confondre avec la grâce présidentielle) n’éteint
que l’action publique.
L’article 265 du code des douanes relative à la transaction douanière se définit pas la
transaction douanière, ce qui nous contraint à nous référer à la définition donnée par le code
civil .L’article 459 du code civil définit la transaction comme suit : « La transaction est un
contrat par lequel les parties terminent une contestation née ou préviennent une
contestation à naître, et ce, au moyen de concessions réciproques. »
Cette définition juridique peut être transposée en droit douanier dans les termes suivants : « Il
s’agit d’un contrat par lequel l’administration des douanes d’une part et une personne
poursuivie pour infraction douanière d’autre part, terminent le litige engendré par cette
infraction dans des conditions convenues entre elles, moyennant des concessions
réciproques dans le respect des lois et règlements ».
En Tunisie, la transaction douanière est régie par les dispositions de l’article 322 du
CDT
Les exclusions :
La transaction n’est pas accordée systématiquement pour toutes les infractions douanières, en
effet la loi douanière peut prévoir des exclusions.
En Algérie par exemple, le droit de transaction ne peut être exercé dans les cas suivants :
Lorsque le corps du délit porte sur des marchandises de la catégorie de celles qui sont
prohibées à l’importation ou à l’exportation.
Intérêts de la transaction :
Avant jugement définitif, la transaction douanière éteint l’action publique et l’action fiscale.
Comme il a été déjà signalé plus haut, certaines infractions douanières peuvent donner
naissance à une troisième action (action civile), celle ci ne peut être éteinte que si la victime
renonce à ses droits ou en cas de prescription.
Plus l’infraction n’est grave, plus l’autorité habilitée à statuer est éloignée du service local
En Algérie, l’arrêté du 2 Avril 2016 du Ministre des finances a fixé la liste des responsables
des douanes habilités à transiger comme suit :
Les directeurs régionaux des douanes avec ou sans avis de la commission locale de
transaction
Les deux critères suivants déterminent les seuils de compétence des responsables
habilités à transiger :
- La qualité des contrevenants (En Algérie, quelque soit le montant des droits et taxes
compromis ou éludés ou la valeur des marchandises, l’avis des commissions de transactions
n’est pas requis lorsqu’il s’agit d’une infraction commise par un capitaine de navire ou un
commandant d’aéronef).
Le règlement transactionnel des infractions est constaté par un écrit qui, suivant la forme est
dénommé « transaction ou soumission contentieuse ».
Lorsque le contrat d’arrangement pourra être conclu immédiatement, les parties au litige vont
conclure une transaction définitive.
Par contre, lorsque le contrat ne pourra pas être conclu immédiatement, tel le cas par exemple
d’une transaction relevant du directeur général, le service local pourra conclure avec le
prévenu :
A / La transaction définitive :
La transaction définitive se présente comme un contrat synallagmatique (contrat par lequel les
contractants s’obligent réciproquement les uns envers les autres), passé entre le prévenu et le
représentant de l’administration des douanes.
Cet acte relate les offres concrètes du prévenu et leur acceptation définitive par l’autorité
compétente.
B/ La transaction provisoire :
C/ La soumission contentieuse :
C’est un écrit qui contient, d’une part, la constatation par les agents des douanes, et d’autre
part, l’acquiescement immédiat du contrevenant et sa caution d’accepter la décision
administrative à intervenir quelle qu’elle soit et de payer à la première réquisition la somme
que l’administration des douanes jugera devoir réclamer jusqu’à concurrence du montant des
pénalités encourues.
Lorsque le règlement par voie transactionnelle n’a pas eu lieu, il ne reste plus que la voie
judiciaire. Dés lors, il faudrait déterminer le tribunal compètent en matière d’infraction
douanière. A ce titre, il convient de distinguer en la compétence d’attribution et la compétence
territoriale.
compétence d’attribution
Les juridictions statuant en matière pénale sont compétentes dans les affaires liées au
contentieux douanier répressif
Ce principe connait toutefois certaines exceptions En effet, les juridictions civiles peuvent
être amenées à connaître de certains cas liés au contentieux douanier répressif (Tel que par
exemple : contrainte douanière, action sur la succession, requêtes de confiscation avant
jugement définitif…)
Compétence territoriale
Le tribunal compétent est celui du ressort du bureau des douanes le plus proche du lieu de
constatation de l’infraction, lorsque les instances résultent d’infractions constatées par procès
verbal de saisie.
Lorsqu’il s’agit d’instances résultant d’infractions constatées par procès verbal de constat, le
tribunal compétent est celui du ressort du bureau le plus proche du lieu de constatation.
Voies d’exécution :
Les jugements et contraintes peuvent etre exécutées par toutes les voies de droit sur les biens
des redevables, mais seuls les jugements sont susceptibles d’être exécutés par corps.
Elles consistent dans l’affectation de certains biens à la garantie de la créance du trésor public
(droit de rétention, consignation, saisie conservatoire, saisie-arrêt, privilèges sur les biens
meubles et immeubles, hypothèques…..).
L’exécution ordinaire,
L’exécution forcée.
A/ L’exécution ordinaire :
L’exécution d’une décision administrative ou judiciaire ne peut avoir lieu sans une formalité
substantielle qui est la notification avec commandement de payer.
En plus de la notification qui permet de localiser les redevables, le service des douanes doit
connaître les ressources du débiteur et la consistance de ses biens mobiliers et immobiliers,
d’où la nécessité d’entreprendre des enquêtes de solvabilité.Pour les affaires importantes, il
est recommandé d’effectuer les enquêtes de solvabilité des constations de l’infraction, pour
que le contrevenant ne prépare pas son insolvabilité.
Dans le cas où le débiteur n’a toujours pas payé sa dette et que l’enquête de solvabilité s’avère
positive, le service des douanes pourra procéder à l’exécution sur les biens du redevable.
Lorsque la poursuite sur les biens n’a pas permis le recouvrement sur la créance du trésor, le
débiteur pourra être contraint par corps cf. aux dispositions de l’article 599 et suivants du
code de procédure pénale Algérien.
Dans la pratique, et à chaque fois que cela est possible, le service des douanes évite, la
mise à exécution de la contrainte par corps si au moment de son arrestation, le débiteur
fait des offres de paiement raisonnable. En effet, le trésor public a tout à gagner si, au
lieu et place de l’incarcération du contrevenant, le service donne la priorité à la
transaction même après jugement définitif (Cas Tunisien), le paiement de l’amende par
tempérament ou la remise de solidarité.