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INSTITUT D’ECONOMIE DOUANIERE ET

FISCALE

Module :

CONTENTIEUX DOUANIER

Synthèse de Cours élaboré par Mustapha SADOUN


Consultant formateur

Année : 2019

SADOUN Mustapha 1 cycle de formation 2019


INSTITUT D’ECONOMIE DOUANIERE ET FISCALE
MODULE : CONTENTIEUX DOUANIER

INTERVENANT : SADOUN Mustapha

LE CONTROLE DOUANIER :

L’ensemble des mesures prises en vue d’assurer l’observation des lois et règlements en
vigueur que l’administration des douanes est chargée d’appliquer (Article 5 du code des
douanes)

MISE EN ŒUVRE DU CONTRÔLE DOUANIER

Trois dispositifs principaux :

• Surveillance douanière sur l’ensemble du territoire douanier.


• Procédure de dédouanement au niveau des bureaux de douanes.
• Suivi des acquits à caution relatives aux régimes douaniers économiques.

OBJECTIF DU CONTRÔLE DOUANIER

RECHERCHE, CONSTATATION ET REPRESSION DES INFRACTIONS


DOUANIERES. (NAISSANCE DU CONTENTIEUX DOUANIER REPRESSIF)

INTRODUCTION :

Pris dans un sens large, le contentieux douanier englobe l’ensemble des litiges et
contestations qui ont trait à l’application ou à l’interprétation de la législation et de la
réglementation douanière et qui sont susceptibles d’être réglées par judiciaire ou par voie
transactionnelle selon les modalités particulières du code des douanes.

Les litiges et contestations engendrés par le fonctionnement des services des douanes sont
extrêmement variés et conduisent l’administration des douanes à plaider devant plusieurs
types de juridictions.

Selon la nature du litige ou de la contestation, le contentieux douanier se divise en deux


branches, le contentieux civil et le contentieux répressif

1/Le contentieux civil concerne notamment :

 le contentieux du recouvrement
 le contentieux de la responsabilité,

A/Le contentieux du recouvrement :

Il comprend tous les litiges qui ont exclusivement trait à la perception de l’impôt.

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B / Le contentieux de la responsabilité :

Les litiges qui tendent d’obtenir de l’administration des douanes la réparation du préjudice
causé par ses agents, donnent lieu à des actions en dommages et intérêts.

Les règles de contentieux douanier civil sont applicables en cas de responsabilité de


l’administration des douanes, notamment :

 sur une saisie infondée (article 313 du CDA – article 373 du CDT)
 sur une visite domiciliaire infructueuse (article 314 du CDA –article 374 du CDT)

2°/ Le contentieux répressif a pour objet :

 la constatation,
 la poursuite,
 la répression des infractions douanières

Le présent cours qui se limitera uniquement à l’examen du contentieux douanier répressif se


subdivisera en 5 chapitres :

 Caractéristiques du contentieux douanier répressif (les principales particularités du


contentieux douanier répressif, .les infractions douanières),
 Responsabilité en matière d’infractions douanières,
 Constatation et répression des infractions douanières,
 Règlement des infractions douanières,
 Exécution des décisions de transaction et des décisions de justice.

Avant d’aborder l’examen de ces 5 chapitres, il faudrait d’abord situer le contentieux


douanier répressif ou en d’autres termes mettre en évidence son fondement juridique :

Le contentieux douanier répressif s’appuie d’une part sur le droit pénal et d’autre part sur
la procédure répressive.

 Le droit pénal définit les infractions, détermine les peines et précise les personnes
punissables.

On distingue, le droit pénal ordinaire appelé communément « droit pénal commun » et le


droit pénal spécial faisant l’objet de lois spéciales.

 La procédure pénale ou répressive qui correspond aux règles de formes et de


procédures régissant la recherche de la vérité (enquêtes, instructions), les actes de
constatation, le procès et les recours judiciaires.

On distingue la procédure pénale ordinaire et les procédures répressives spéciales faisant


également l’objet de lois spéciales

Le code des douanes est une loi spéciale qui s’appuie sur le droit pénal et la
procédure pénale.

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Le droit pénal ordinaire et la procédure pénale ordinaire empruntent au contentieux
douanier répressif, toutes les dispositions qui ne sont contraires à celles spécialement
prévues par la loi douanière (le code des douanes)

CHAPITRE I : PARTICULARITES DU CONTENTIEUX DOUANIER REPRESSIF :

Le contentieux douanier répressif renferme plusieurs particularités, telles que par exemple le
caractère mixte des pénalités. Nous n’aborderons cependant que les particularités suivantes :

 Limitations des pouvoirs d’appréciation ordinairement reconnus aux juges,


 Particularisme de la preuve douanière,
 Sûretés et privilèges exorbitants,
 La transaction douanière.

Section 1 : Limitations des pouvoirs d’appréciation ordinairement reconnus aux juges :

 Quand aux pénalités :

En droit commun, le juge peut modérer les pénalités en accordant aux contrevenants le
bénéfice des circonstances atténuantes, par contre la loi douanière Algérienne interdit aux
juges d’accorder le bénéfice des circonstances atténuantes.

Cette interdiction ne s’applique cependant pas pour les peines d’emprisonnement et en


matière de confiscation de moyens de transport (article 281 du CDA)

En droit Tunisien, le bénéfice des circonstances atténuantes peut être accordé aux
contrevenants, même pour la réduction de l’amende (cf. Article 344 du CDT)

 Quand à l’intention de fraude :

La loi douanière algérienne interdit également aux juges d’excuser sur l’intention. (Art 281 du
CDA)

Section 2 : Particularisme de la preuve douanière :

 moyen de preuve :

Les procès verbaux de douanes réguliers en la forme ont valeur de preuve légale qui s’impose
aux juges (cf. article 254 du CDA- articles 312 et 313 du CDT), par contre, en droit commun
les procès verbaux ne valent qu’à titre de renseignements.

Section 3 : Sûretés et privilèges exorbitants :

Pour assurer la défense des intérêts du trésor, non seulement les créances douanières sont
assorties de droit de préférence (privilèges) mais, également leur recouvrement est facilité par
certaines mesures de sûretés .

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On appelle sûretés tous les moyens employés pour garantir le créancier contre les risques
d’insolvabilité du débiteur.

Ces sûretés sont soit personnelles (solidarité, caution) soit réelles (droit de rétention, saisies
conservatoires, hypothèques…..)

Exemple de mesures de sûretés exorbitantes :

Article 316 du CDA et Art 376 & suivants du CDT : principe de la solidarité,

Article 290 du CDA et Article du 301 du CDT : droit de rétention des marchandises et
moyens de transports non passibles de confiscation (en cas de flagrant délit)

Article 292 du CDA et Article 351 du CDT : privilèges et préférence de l’administration des
douanes sur tous créanciers, sur les meubles et effets mobiliers des redevables et également
hypothèque sur les immeubles des propriétaires redevables de droits et taxes ou condamnés .

Section 4 : La transaction douanière :

En droit commun lorsqu’une infraction est constatée, elle est automatiquement déférée en
justice. Par contre, en droit douanier l’exercice du droit de transaction reste possible sous
certaines conditions. (Art 265 du CDA et 322 du CDT)

CHAPITRE II : LES INFRACTIONS DOUANIERES :

Section 1 : Définition :

L’article 5 du C D A définit l’infraction douanière comme suit « Toute violation des lois
et règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer et réprimée par le
présent code »

Cette définition nous semble dépassée depuis que la contrebande a été prise en charge par
une loi douanière distincte du code des douanes.

Ainsi, on peut valablement avancer qu’il s’agit de tout acte ou toute abstention qui viole les
lois et règlements que l’administration des douanes est chargée d’appliquer et réprimée par la
législation douanière .

Section 2 : Structure de l’infraction douanière :

En matière douanière, comme en droit commun, l’infraction douanière comporte :

 Un élément légal,
 Un élément matériel,
 Un élément moral.

Les deux premiers éléments sont primordiaux, alors que le troisième (moral) est sans
importance à cause de l’interdiction qui est faite aux juges d’excuser sur l’intention.

A/L’élément légal :

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Il n’y a pas d’infraction sans loi.

Un acte ou une omission ne peut constituer une infraction que si les 3 conditions
suivantes sont réunies :

 Existence d’un texte légal ou réglementaire édictant une interdiction ou une obligation
qui ont été violées.
 Existence d’une disposition douanière qualifiant expressément cette violation
d’infraction.
 Existence d’une disposition douanière réprimant cette infraction en tant que telle.

B / L’élément matériel :

C’est le fait révélateur de l’infraction douanière.

En matière douanière, comme en droit commun, l’infraction n’existe que si elle est manifestée
par un acte extérieur qui peut être soit positif (ex : importation de marchandises en
contrebande) soit négatif (ex : inexécution des engagements souscrits, défaut de dépôt du
manifeste par le capitaine de navire).

L’élément matériel de l’infraction est déterminé par des facteurs principaux dont l’intérêt est
de déterminer le bien fondé de l’infraction et des facteurs secondaires qui servent à déterminer
le palier de répression c’est à dire la classe de l’infraction..

Les facteurs principaux sont :

 Un acte ou une abstention parfaitement établi (ex circulation)


 Une circonstance viciant cet acte ou cette abstention (ex absence d’autorisation de
circuler)
 Une marchandise sur laquelle porte cet acte ou cette abstention (ex carburant)
 Dans certains cas une condition de lieu (ex rayon des douanes)

La classe exacte de l’infraction est ainsi fixée par un facteur secondaire qui a trait :

 soit aux moyens employés pour accomplir l’acte incriminé (ex : utilisation d’un faux
document, utilisation d’un moyen de transport)
 soit à la nature de la marchandise (marchandise prohibée ou fortement taxée)
 soit au but ou au résultat de l’acte ou de l’abstention (ex : infraction ayant pour effet
de compromettre ou d’éluder des droits et taxes.)

Lorsque les actes constitutifs de l’infraction se sont complètement déroulés, l’infraction est
matériellement consommée.

En revanche, si ces actes n’ont reçu qu’un commencement d’exécution et si la consommation


de l’infraction n’a été suspendue ou n’a manqué son effet que par des circonstances
indépendantes de la volonté de son auteur, il y a seulement tentative d’infraction. (CF Art
318 du C D A et 380 du CDT la tentative de délit douanier est punissable)

C / L’élément moral

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Les infractions douanières sont dites « matérielles », c'est-à-dire qu’il suffit de constater la
réalisation de leur élément matériel et légal, sans avoir à rechercher l’existence de l’élément
intentionnel ou moral pour pouvoir les réprimer. Cependant, en matière de complicité et de
tentative, la recherche de l’élément moral est nécessaire.

Section 3 : Les concours d’infractions :

A /Définition :

Il y a concours d’infractions, lorsqu’une ou plusieurs personnes se voient reprocher plusieurs


infractions.

Le concours d’infractions est différent de la récidive.

B / Application des peines :

Il convient de distinguer entre le concours entre infractions douanières et le concours entre


infractions douanières et infractions de droit commun.

Avant d’aborder l’application des peines, il convient d’expliquer les notions de concours réel
et de concours idéal d’infractions

 concours réel : plusieurs infractions matériellement différentes (Exemple : Fausse


déclaration de valeur et fausse déclaration d’origine commises à l’aide de faux
documents.)
 Concours idéal : un seul acte matériel susceptible d’être qualifié distinctement.
(Exemple : la cession de marchandise en admission temporaire sans autorisation peut
être qualifiée d’inexécution des engagements souscrits mais aussi de détournement de
marchandises de leur destination privilégiée)

1° /Concours entre infractions douanières :

-Lorsque le concours est« réel », chaque infraction devra être sanctionnée séparément.

Les pénalités pécuniaires sont cumulées, en revanche, pour les peines d’emprisonnement, on
retiendra la peine la plus élevée.

- Lorsque le concours est « idéal », on retiendra la qualification la plus sévèrement


réprimée.

2°/ Concours entre infractions douanières et infractions de droit commun :

En raison de leur caractère d’indemnisation, sauf dispositions contraires expressément


prévues par la loi, les sanctions pécuniaires frappant l’infraction douanière seront encourues
en sus des peines de droit commun ; peu importe que le concours soit réel ou idéal

Toutefois, il convient de préciser que les peines d’emprisonnement ne sont pas cumulables, on
retiendra la peine la plus élevée.

Section 4 : Classification des infractions douanières :

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1°/ Définitions liées à la classification des infractions douanières :

Avant d’aborder la partie réservée à la classification des infractions douanières, il convient au


préalable de donner la signification de certains termes liés à la classification des infractions
douanières.

Droits et taxes compromis ou éludées :

Droits et taxes compromis : C’est le montant des perceptions des droits et taxes dont le trésor
public a été frustré par une infraction relevée généralement lors d’un contrôle à postériori.

Droits et taxes éludés : C’est le montant des perceptions dont le trésor a failli être frustré par
une infraction relevée lors d’un contrôle à priori, c'est-à-dire avant enlèvement de la
marchandise.

Prohibition : Interdiction édictée par un texte légal ou réglementaire.

La prohibition est prévue par les articles 21 du CDA et 39 du CDT.

 La prohibition à l’importation ou à l’exportation. C’est à dire que la marchandise ne


peut à aucun titre que ce soit entrer ou sortir du territoire douanier national ;
 La prohibition au dédouanement est appelée également prohibition à caractère
économique. Le dédouanement de la marchandise est subordonné à la production
d’une autorisation non produite, à l’accomplissement d’une formalité particulière non
accomplie etc.……

Marchandise fortement taxée : Marchandise assujettie à un taux cumulé de droits et taxes


supérieur à un taux fixé par la législation ou la réglementation douanière, (En Algérie, les
marchandises dont le taux cumulé est supérieur à 45 % sont considérées comme étant
fortement taxées).

Contrebande : Cette notion est consacrée par l’article 324 du CD :

 Importations ou exportations de marchandises en dehors des bureaux des douanes


 Défaut de conduite en douane (Art 51, 60,62, et 64 du C D A)
 Restriction de tonnage (Art 25 du C D A)
 Détention et circulation irrégulière de marchandises (Art 221, 222, 223, 225,225 bis et
226 du C D A)
 Débarquements et embarquements frauduleux de marchandises
 Soustractions de marchandises placées sous le régime du transit.

En Tunisie, cette notion est prise en charge par les articles 390 et suivants du CDT.

Importation ou exportation sans déclaration : Importation ou exportation par les bureaux


de douanes, sans déclaration en détail ou sous le couvert d’une déclaration en détail non
applicables aux marchandises présentées, la soustraction de marchandises sous douanes,
excédent non justifié relevé sur les marchandises déclarées en détail etc.……..

2°/ La Classification des infractions douanières peut s’opérer au regard des critères
énumérés ci après :

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 Lieu de constatation (infraction de bureau et infraction de brigade ou de campagne)
 Durée de l’acte délictueux (infraction instantanée et infraction continue)
 Moment de constatation (infraction constatée en flagrant délit ou pas)
 Degré de gravité de l’infraction et des peines qui la sanctionne.

Nous allons nous limiter uniquement à la classification au regard du degré de gravité


des infractions et des peines qui les sanctionnent :

Selon leur degré de gravité, les infractions douanières sont classées en délits et en
contraventions, sans préjudice des crimes qui peuvent être prévus par des textes spéciaux.
Dans ce cadre, le législateur Algérien a consacré un texte spécifique pour la contrebande.
L’ordonnance 05-06 du 23 Août 2005 relative à la lutte contre la contrebande a en effet,
extirpé du code des douanes la répression des faits de contrebande qui sont désormais
soumis aux mêmes règles de procédure applicables en matière de crimes organisés. (cf. article
34 de ladite ordonnance).

A l’heure actuelle le code des douanes Algérien a prévu donc en matière d’infractions de
bureaux, deux classes de délits (articles 325 et 325 bis) et trois classes de contraventions
(articles 319 à 321).

Par contre, en Tunisie, le Code des douanes continue à prendre en charge la répression des
faits de contrebande. Il est prévu trois classes de délits (Articles 386 à 389) et cinq classes de
contraventions (Articles 381 à 385).

Les délits douaniers : Les délits douaniers sont des infractions qui sont sanctionnées par une
peine d’emprisonnement, et ce, indépendamment des pénalités pécuniaires (amendes et
confiscations).

Les contraventions douanières : Les contraventions douanières sont des infractions qui sont
sanctionnées uniquement par des pénalités pécuniaires, contrairement au droit commun, les
contraventions douanières ne comportent pas de peines d’emprisonnement. Néanmoins, en
droit Tunisien, une exception au principe peut être observée pour la contravention de 5éme
classe qui prévoit une peine d’emprisonnement de 01 à 15 jours. (Article 385 du CDT)

-Intérêts de la classification : L’intérêt majeur de cette classification réside dans la


détermination de la peine principale et ce, en fonction du degré de gravité de l’infraction

Pour rappel, la classe de l’infraction est déterminée par un ou plusieurs facteurs


secondaires. (Voir – B – élément matériel). En Algérie, par exemple, une fausse déclaration
d’espèce, de valeur ou d’origine portant sur des marchandises de la nature de celles qui sont
prohibées à l’importation ou à l’exportation constitue un délit de deuxième classe.

Section 5 : Les principales infractions douanières susceptibles d’être relevées lors des
opérations de vérification et de contrôle :

Il est pratiquement impossible de procéder dans ce cours à l’étude de l’ensemble de ces


infractions tant elles sont nombreuses, c’est la raison pour laquelle, nous nous limiterons
uniquement aux infractions suivantes :

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 Les fausses déclarations en détail (espèce, valeur, origine ou dans la désignation réelle
du destinataire.etc….)
 Les inexécutions des engagements souscrits.

A / Les fausses déclarations en détail :

On entend par fausse déclaration, toute déclaration inexacte dans l’une ou plusieurs de ses
énonciations, quoique demeurant applicable aux marchandises.

La déclaration en détail ne s’applique pas aux marchandises présentées (Ex : excèdent de colis,
découverte de marchandises d’une autre nature…..)Il y a en principe importation ou
exportation sans déclaration de marchandises.

Comme il a été déjà indiqué plus haut la connaissance des facteurs secondaires sont
indispensables pour procéder à la classification des infractions douanière, (ex si l’infraction a
été commise à l’aide d’un faux document, les sanctions seront plus sévères).

B / Les inexécutions dans les délais des engagements souscrits :

Le redevable s’engage à procéder à l’apurement du régime dans un certain délai .Passé ce


délai il sera en infraction vis-à-vis de l’administration des douanes. L’infraction sera qualifiée
d’inexécution des engagements souscrits. Ainsi, celle-ci sera réprimée en fonction du retard
accusé.

CHAPITRE III : LES PENALITES DOUANIERES.

Section 1 : Définition de la peine.

On appelle « peine »la sanction prévue par la loi contre ceux qui se rendent coupables d’une
infraction.

Section 2 : classification des peines douanières.

Il existe deux catégories de peines appelées peines principales et peines complémentaires ;

A/ Les peines principales :

 L’emprisonnement,
 L’amende,
 La confiscation.

B/ Les peines complémentaires

 L’astreinte douanière,
 Les peines privatives de droit,
 La confiscation.

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Section 3 : Analyse des peines principales :

 A/ L’emprisonnement :

C’est une peine privative de liberté .Comme en droit commun, le juge peut accorder les
circonstances atténuantes et le sursis.

 B/ L’amende douanière :

 Définition :

L’amende est une peine qui consiste à obliger l’auteur d’une infraction ou toute autre
personne mise en cause à verser au trésor public une somme d’argent dont le montant ou le
taux est fixé par la loi.

 Caractère de l’amende douanière :

Les amendes douanières ont un caractère mixte, de peine dans la mesure où elles châtient le
prévenu, mais aussi de réparation du préjudice causé au trésor public.

 Les différentes catégories d’amendes douanières :

Le code des douanes Algérien a prévu quatre sortes d’amendes :

 L’amende chiffrée,
 L’amende calculée sur la base du retard ;
 L’amende calculée sur la base des droits et taxes compromis ou éludés,
 L’amende calculée sur la base de la valeur.

L’amende chiffrée : Il s’agit d’une amende dont le montant est fixé d’avance par le code des
douanes. (ex : amende de 25.000 DA)

L’amende calculée sur la base du retard : (ex : retard dans le dépôt de la déclaration en
détail , amende de 50.000 DA par mois de retard)

L’amende calculée sur la base des droits et taxes compromis ou éludés :

La contravention de deuxième classe a prévu une amende égale au double des droits et taxes
compromis ou éludés.

L’amende calculée sur la base de la valeur : Conformément aux dispositions de l’article 337
du CDA la valeur à prendre en considération pour le calcul des pénalités est celle définie à
l’article 16 du code des douanes augmentée des droits et taxes.

Cette valeur est appelée valeur sur le marché intérieur (V M I)

(V M I = V D + D T )
C/ La confiscation :

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 Définition :

La confiscation consiste dans l’attribution en toute propriété au trésor public de biens


appartenant ou pas aux prévenus, mais utilisés par eux lors de la commission de l’infraction.

La confiscation ne peut être prononcée que par voie judiciaire. Cependant, en cas de
règlement transactionnel, l’administration des douanes exigera du prévenu au lieu et place de
la confiscation, l’abandon au profit du trésor public des marchandises confiscables.

La saisie est une mesure préparatoire de la confiscation

 Modalités de confiscation :

Il existe deux (2) modalités de confiscation :

La confiscation en nature et la confiscation par équivalent ou par compensation.

 Etendue de la confiscation :

En raison des impératifs propres au droit douanier, on ne saurait se contenter de la


confiscation des seules marchandises de fraude.

Pour être plus efficace, la confiscation doit s’étendre à tous les objets qui ont permis de
commettre l’infraction. (Moyens de transports, marchandises ayant servi à masquer la fraude).

Section 4 : Analyse des peines complémentaires :

Ces peines viennent s’ajouter aux peines principales chaque fois que la loi le prévoit
expressément.

A/ L’astreinte douanière : C’est la condamnation au paiement d’une somme d’argent par


jour de retard en vue de contraindre les redevables à représenter des documents dont ils ont
refusé la communication. L’astreinte douanière est liée au droit de communication accordée
par l’article 48 du CDA ou 62 et 107 du CDT.

En Algérie l’astreinte douanière est fixée à 5000 DA par jour de retard, elle est prévue par
l’art 330 du CDA. En Tunisie, elle est prévue par l’article 401 du CDT.

B/ Les peines privatives de droit : Les peines privatives de droit consistent à rendre
incapables d’accomplir certains actes ou de jouir de certains droits, toute personne physique
ou morale qui s’est rendue coupable de certaines infractions particulièrement graves. Les
peines privatives de droit ont soit un caractère judiciaire (lorsqu’elles sont prononcées par
voie judiciaire), soit un caractère administratif (lorsqu’elles sont décidées par voie
administrative).

C/ La confiscation : Généralement prononcée au titre des peines principales, elle peut l’être
également, au titre des peines complémentaires. Cette peine est expressément prévue par
l’article 329 du code des douanes Algérien pour les marchandises qui ont servi à substituer
(remplacer) des marchandises soustraites sous douane. L’article 400 du code des douanes

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Tunisien a étendu cette sanction à d’autres cas dont notamment, la confiscation des moyens
de transport en cas de refus d’obéir aux injonctions des agents des douanes.

CHAPITRE IV : LE REGIME DE LA RESPONSABILITE.

Les parties en cause dans un procès sont appelées parties demanderesses et parties
défenderesses.

En matières douanière les parties demanderesses sont :

 L’administration des douanes et,


 Le ministère public.

Les parties défenderesses sont :

-Les personnes pénalement responsables,

- Les personnes civilement responsables.

Notre cours portera uniquement que sur les parties défenderesses.

Section 1 : Les personnes pénalement responsables :

Il s’agit des personnes qui ont participé à la fraude soit directement (les auteurs), soit
indirectement (les complices et les intéressés à la fraude).

Ces personnes engagent tout d’abord leur personne puisqu’elles subissent individuellement
les peines corporelles et privatives de droit, mais également leur patrimoine puisqu’elles
seront condamnées conjointement et solidairement aux pénalités pécuniaires (amendes et
confiscations).

 Les auteurs :

L’auteur d’une infraction est soit, celui qui commet ou est réputé avoir commis l’acte
matériel puni par la loi, soit, celui qui s’abstient d’exécuter ses obligations légales.

Le code des douanes a édicté des modalités spéciales de responsabilité pénale en ce qui
concerne les détenteurs (Articles 303 du CDA et 364 du CDT ), les capitaines de navires et
commandants d’aéronefs, (Articles 304 du CDA et 365 du CDT) les déclarants (Articles 306
du CDA et 367 du CDT) et les commissionnaires en douane (Articles 307 du CDA et368 du
CDT) et enfin les soumissionnaires (Articles 308 du CDA et 369 du CDT).

 Les complices :

Le code des douanes Algérien nous renvoie dispositions du code pénal (Articles 42 et43).

L’article 370 du CDT dispose que « les dispositions de l’article 32 du Code Pénal sont
applicables aux complices des délits douaniers »

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La notion de complicité nécessite toujours la connaissance coupable (élément intentionnel)
elle couvre les faits antérieurs et concomitants à l’infraction.

 Les intéressés à la fraude :

L’intérêt à la fraude est une modalité spéciale de complicité propre à la législation douanière
Cette notion porte sur les faits de contrebande ainsi que les délits douaniers et couvrent les
actes antérieurs, concomitants et même postérieurs à l’infraction (Articles 310 du CDA et 26
de l’ordonnance 05-06 du 28/08/2005 relative à la lutte contre la contrebande). En droit
douanier Tunisien, cette notion est consacrée par l’article 371 du CDT.

Section 2 : Les personnes civilement responsables :

Ce sont les personnes qui sans avoir participé à une infraction, sont tenues de réparer le
préjudice causé parce que l’infraction a été commise par un individu dont elles ont à répondre
ou qui leur ait attaché par un lien de subordination.

Ces personnes engagent leur patrimoine, puisqu’elles répondent sur leurs biens en ce qui
concerne le recouvrement des condamnations pécuniaires prononcées mais, elles n’engagent
jamais leur personne puisqu’elles ne sont pas susceptibles d’emprisonnement

La responsabilité du fait d’autrui dont les règles sont tirées du droit commun sont de tous
points applicables au droit pénal douanier.

Le code des douanes Algérien ne contient de dispositions spéciales sur la responsabilité civile
des particuliers qu’en ce qui concerne les propriétaires des marchandises et les cautions
(article 315 du CDA).

Le code des douanes Tunisien a évoqué la responsabilité civile des propriétaires de


marchandises, des patrons et des commettants et la responsabilité des cautions (Article 375 du
CDT).

Les personnes civilement responsables sont solidaires des personnes pénalement


responsables

Section 3 : Solidarité et remise de solidarité :

 Définition :

On dit que des débiteurs sont solidaires, lorsque chaque débiteur est tenu de la totalité de la
dette et que le créancier peut poursuivre à son choix l’un d’eux jusqu à ce qu’il obtienne le
paiement intégral de sa créance .Ce paiement libère tous les débiteurs.

 Base légale :

Articles 315 à 317 du CDA et 376 à 378 du CDT. .

 Objectif de la solidarité :

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La solidarité est une mesure de sûreté personnelle qui augmente les chances de recouvrement
d’une créance.

 Principe :

En matiére douanière, les condamnations contre plusieurs personnes pour un même fait de
fraude sont solidaires

 Exceptions

Il existe deux exceptions à ce principe à l’égard des infractions portant atteinte à la


sauvegarde des agents des douanes ou résultant du refus du conducteur de moyen de transport
de se soumettre aux injonctions des agents des douanes (articles 35 et 43 du CDA et 42 § 1 et
50 § 1 du CDT )

 Remise de solidarité :

L’article 316 du code des douanes Algérien a été amendé pour permettre à l’administration
des douanes d’accorder des remises de solidarité aux codébiteurs dans les conditions qui sont
fixées par décision du directeur général des douanes (Décision n°20 du 20 février 1995
modifiée et complétée par décision du 10 juillet 1999).En droit Tunisien (Cf. art 344/ e du
CDT), la remise de solidarité est du ressort du tribunal .

CHAPITRE V : CONSTATATION DES INFRACTIONS DOUANIERES :

Section 1 : Les différents modes de constatation des infractions douanières :

 Notions générales :

Les agents de l’administration sont appelés fréquemment à dresser des procès verbaux des
faits qu’ils constatent dans l’exercice de leurs fonctions. Le procès verbal consiste en la
relation par un représentant de l’autorité publique de ce qu’il a fait, de ce qu’il a vu ou de ce
qu’il entendu.

Le procès verbal se différencie du compte rendu sur deux points :

 D’une part, il est doté d’une force probante de plus grande puissance, puisqu’il fait foi
jusqu’à preuve contraire et même parfois jusqu’à inscription en faux.
 D’autre part, il ne peut relater que les faits constater personnellement par l’agent
verbalisateur lui-même, ou rapportés directement à celui-ci (auquel cas, ce n’est pas le
fait lui-même qui est constaté, mais le récit qui en est donné)

Il existe deux modes normaux de constatation des infractions douanières :

 La constatation par voie de saisie matérialisée dans un procès verbal de saisie


 La constatation par voie d’enquête matérialisée par un procès verbal de constat

Conformément aux dispositions de l’article 241 du CDA, les infractions douanières peuvent
être constatées par les agents des douanes, les officiers et les agents de police judiciaire

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prévues par le code de procédure pénale, les agents des impôts, les agents du service national
de gardes cotes ainsi que les agents chargés des enquêtes économique de la concurrence des
prix, de la qualité et de la répression des fraudes.

En Tunisie, la liste des agents et fonctionnaires habilités à constater les infractions douanières
est prévue par l’article 301 du CDT

On retiendra donc que les services des douanes ne sont pas les seuls à procéder à la
recherche de la fraude douanière.

A/ La constatation par voie de saisie :

Cette procédure est applicable lorsque la saisie des objets de fraude est possible ainsi que
dans les cas de flagrant délit.

La constatation par voie de saisie donne lieu à la rédaction d’un procès verbal de saisie

 Droits de recherche et d’appréhension

La procédure de constatation des infractions douanières par voie de saisie est rendue possible
grâce à un certain nombre de prérogatives prévues par le code des douanes.

-Droit de recherche des marchandises et des moyens de transport

-Droit de saisie

-Droit de retenue des documents

-Droit de retenue préventive en garantie des pénalités

-Droit de capture des prévenus

 Formalisme rigoureux dans l’établissement des procès verbaux de saisie :

Formalités consécutives à la découverte de l’infraction :

Lors de la découverte de l’infraction, les agents habilités à la constater peuvent exercer les
droits d’appréhension repris ci-dessus, dans ce cas, ils ont obligation :

De déclarer la saisie au prévenu

De le sommer d’assister à la description des objets saisis et à la rédaction du proçés verbal,

De conduire les objets saisis au lieu légal de dépôt et de constituer un gardien,

D’offrir sous certaines conditions main levée des moyens de transport.

Formalités relatives à la rédaction du procès verbal de saisie :

SADOUN Mustapha 16 cycle de formation 2019


(Articles 241 à 251 du CDA et Articles 302 et suivants du CDT)

La rédaction des procès verbaux de saisie obéit à un formalisme très strict qu’il convient de
respecter à peine de nullité.

A titre d’exemple, on peut citer la rédaction immédiate des P V de saisie, le respect des
prescriptions et énonciations des PV, Déclaration de saisie faite au contrevenant, description
des marchandises saisies, formalités de clôture etc….)

B/ La constatation par voie d’enquête :

 Notions générales :

La constatation par voie d’enquête s’opère soit par la consultation de documents, soit par des
auditions

La constatation par voie d’enquête donne lieu à la rédaction d’un procès verbal de
constat.

A l’instar du procès verbal de saisie, le procès verbal de constat obéit à peine de nullité
au respect des prescriptions de forme édictées par le code des douanes

Section 2 : force probante des procès verbaux des douanes :

Force probante signifie : valeur de preuve légale qui s’impose aux juges

Les procès verbaux des douanes sont des actes authentiques.

Pour que ces procès verbaux gardent leur valeur de preuve légale, il faudrait qu’ils soient
établis conformément aux dispositions du code des douanes,

Section 3 : Degré d’autorité des procès verbaux de douanes :( Article 254 du CDA et 312
& 313 du CDT)

Les procès verbaux de douanes peuvent être rangés en deux catégories :

Les procès verbaux crus jusqu’à inscription en faux,

Les procès verbaux faisant foi jusqu’à preuve contraire.

Le degré d’autorité du procès verbal dépend du nombre de ses rédacteurs. Les procès
verbaux rédigés par un agent assermenté font foi jusqu’à preuve contraire .Les procès
verbaux rédigés par deux ou plusieurs agents assermentés font foi jusqu’à inscription en faux

Le degré d’autorité des procès verbaux de douanes est relatif, toutes les énonciations du
même procès verbal n’ont pas nécessairement une force probante égale

Section 4 : Nullité des procès verbaux :

SADOUN Mustapha 17 cycle de formation 2019


 Cas de nullité :

Aux termes de l’article 255 du code des douanes Algérien« Les formalités prévues aux
articles 241, 242, 244 à 250 et 252 du code des douanes doivent être observées à peine de
nullité, les tribunaux ne peuvent admettre contre les procès verbaux d’autres nullités que
celles résultant de l’omission de ces formalités »

Même principe pour le Code des douanes Tunisien (Article 314 CDT) .

C/ Les autres modes de preuves :

Indépendamment des PV de douanes, La preuve de l’infraction douanière peut être


administrée par toutes les voies de droit (article 258 du CDA).C’est à dire au moyen de la
preuve littérale, de la preuve testimoniale, de la présomption, de l’aveu et de l’expertise. Le
même principe est consacré par le code des douanes Tunisien (Art 317 CDT).

CHAPITRE VI : LE REGLEMENT DES LITIGES DOUANIERS .

Introduction :

Il est universellement connu que les infractions douanières sont susceptibles d’être
réglées à l’amiable, c’est à dire par voie transactionnelle.

L’article 265 du CDA dispose : « Les personnes poursuivies pour infractions douanières sont
déférées devant les juridictions compétentes pour être sanctionnées conformément aux
dispositions du code des douanes .Toutefois, l’administration des douanes est autorisée à
transiger avec les personnes poursuivies pour infractions douanières qui en font la demande »

Cette disposition érige le règlement judiciaire en principe et le règlement transactionnel en


exception.

Avant d’analyser ces deux modes de règlement, il convient au préalable d’apporter un rapide
éclairage sur les actions qui naissent des infractions douanières.

Section 1 : Les actions qui naissent des infractions douanières :

 Exercice des actions :

Les infractions douanière engendrent pour leur répression :

Une action pénale (pour les délits) exercée par le ministère public dont le but est de faire
condamner la contrevenant à la peine d’emprisonnement prévue par la législation douanière

Une action fiscale exercée par l’administration des douanes dont le but est de faire condamner
le contrevenant au paiement de l’amende et à la confiscation tel que prévu par la législation
douanière. En Algérie cette action peut être exercée à titre accessoire par le ministère public.

En sus de ces deux actions, les infractions douanières sont susceptibles comme les infractions
de droit commun de léser des personnes physiques ou morales et ouvrent par conséquent, en
faveur de ces derniers, une action civile tendant à la réparation du préjudice subi.

SADOUN Mustapha 18 cycle de formation 2019


Cette action civile peut par exemple être exercée par les propriétaires d’objets saisies ou
confisquées.

 Les causes d’extinction des actions publique et fiscale :

Certains événements parfois externes à la procédure contentieuse peuvent avoir des effets sur
les actions en poursuite de l’infraction douanière.

Il s’agit de la prescription, du décès du prévenu, de la transaction et de l’amnistie.

La prescription qui est une déchéance qui frappe toute personne qui n’a pas exercé ses droits
en temps opportun éteint l’action publique et l’action fiscale.

Le décès du prévenu éteint l’action publique et partiellement l’action fiscale

L’amnistie qui est un acte législatif (à ne pas confondre avec la grâce présidentielle) n’éteint
que l’action publique.

La transaction sera examinée au niveau de la section 2

Section 2 : le règlement par voie transactionnelle :

 Définition de la transaction douanière :

L’article 265 du code des douanes relative à la transaction douanière se définit pas la
transaction douanière, ce qui nous contraint à nous référer à la définition donnée par le code
civil .L’article 459 du code civil définit la transaction comme suit : « La transaction est un
contrat par lequel les parties terminent une contestation née ou préviennent une
contestation à naître, et ce, au moyen de concessions réciproques. »

Cette définition juridique peut être transposée en droit douanier dans les termes suivants : « Il
s’agit d’un contrat par lequel l’administration des douanes d’une part et une personne
poursuivie pour infraction douanière d’autre part, terminent le litige engendré par cette
infraction dans des conditions convenues entre elles, moyennant des concessions
réciproques dans le respect des lois et règlements ».

Trois éléments sont clairement mis en évidence dans cette définition :

 L’existence d’un litige,


 L’intention d’y mettre fin,
 Des concessions réciproques consenties dans ce but.

En Tunisie, la transaction douanière est régie par les dispositions de l’article 322 du
CDT

 Objet de la transaction douanière :

SADOUN Mustapha 19 cycle de formation 2019


L’administration des douanes n’est autorisée à transiger qu’en matière de contentieux
douanier répressif

 Les exclusions :

La transaction n’est pas accordée systématiquement pour toutes les infractions douanières, en
effet la loi douanière peut prévoir des exclusions.

En Algérie par exemple, le droit de transaction ne peut être exercé dans les cas suivants :

Lorsque le corps du délit porte sur des marchandises de la catégorie de celles qui sont
prohibées à l’importation ou à l’exportation.

Lorsqu’il s’agit d’un fait de contrebande.

 Intérêts de la transaction :

La transaction présente de nombreux avantages, on citera notamment :

Décharge des tribunaux,

Rapidité dans le règlement des litiges,

Elimination des difficultés de recouvrement, etc……

 Effets de la transaction douanière :

Les effets de la transaction douanière dépendent étroitement du moment où celle-ci est


intervenue la transaction.

Avant jugement définitif, la transaction douanière éteint l’action publique et l’action fiscale.
Comme il a été déjà signalé plus haut, certaines infractions douanières peuvent donner
naissance à une troisième action (action civile), celle ci ne peut être éteinte que si la victime
renonce à ses droits ou en cas de prescription.

La transaction intervenue après jugement définitif ne fait pas obstacle à l’exécution de la


peine d’emprisonnement. En Algérie, depuis la promulgation de la loi du 16 Février 2017, la
transaction après jugement définitif n’est plus permise, ce qui n’est pas le cas en Tunisie.

 Autorités habilitées à exercer le droit de transaction :

Plus l’infraction n’est grave, plus l’autorité habilitée à statuer est éloignée du service local

En Algérie, l’arrêté du 2 Avril 2016 du Ministre des finances a fixé la liste des responsables
des douanes habilités à transiger comme suit :

Le directeur général des douanes après avis de la commission nationale de transaction

Les directeurs régionaux des douanes avec ou sans avis de la commission locale de
transaction

SADOUN Mustapha 20 cycle de formation 2019


Les chefs d’inspections divisionnaires des douanes,

Les deux critères suivants déterminent les seuils de compétence des responsables
habilités à transiger :

- Le montant des droits et taxes compromis ou éludés ou la valeur des marchandises. En


Tunisie, c’est le montant des droits et taxes exigibles ou la nature du délit ou de la
contravention qui sont pris en considération.

- La qualité des contrevenants (En Algérie, quelque soit le montant des droits et taxes
compromis ou éludés ou la valeur des marchandises, l’avis des commissions de transactions
n’est pas requis lorsqu’il s’agit d’une infraction commise par un capitaine de navire ou un
commandant d’aéronef).

 Les actes transactionnels :

Le règlement transactionnel des infractions est constaté par un écrit qui, suivant la forme est
dénommé « transaction ou soumission contentieuse ».

Lorsque le contrat d’arrangement pourra être conclu immédiatement, les parties au litige vont
conclure une transaction définitive.

Par contre, lorsque le contrat ne pourra pas être conclu immédiatement, tel le cas par exemple
d’une transaction relevant du directeur général, le service local pourra conclure avec le
prévenu :

Soit une transaction provisoire,

Soit une soumission contentieuse.

A / La transaction définitive :

La transaction définitive se présente comme un contrat synallagmatique (contrat par lequel les
contractants s’obligent réciproquement les uns envers les autres), passé entre le prévenu et le
représentant de l’administration des douanes.

Cet acte relate les offres concrètes du prévenu et leur acceptation définitive par l’autorité
compétente.

B/ La transaction provisoire :

Elle se présente comme un contrat synallagmatique comportant une condition résolutoire au


profit de l’administration. Cet acte relate les offres concrètes du prévenu et l’acceptation
provisoire du service local. Ils stipulent que si l’offre est approuvée par l’autorité supérieure,
l’affaire sera définitivement terminée, mais dans le cas contraire, l’arrangement provisoire
sera nul et que les parties rentreront respectivement dans leurs droits tels qu’ils existaient au
moment de la signature de la transaction provisoire. Il contient également l’engagement de
laisser en consignation la somme versée jusqu’à solution définitive du litige soit par la voie

SADOUN Mustapha 21 cycle de formation 2019


judiciaire soit par la voie administrative. Les transactions avant jugement définitif porte en
outre reconnaissance de l’infraction par le prévenu.

C/ La soumission contentieuse :

C’est un écrit qui contient, d’une part, la constatation par les agents des douanes, et d’autre
part, l’acquiescement immédiat du contrevenant et sa caution d’accepter la décision
administrative à intervenir quelle qu’elle soit et de payer à la première réquisition la somme
que l’administration des douanes jugera devoir réclamer jusqu’à concurrence du montant des
pénalités encourues.

Section 3 : le règlement par voie judiciaire :

Lorsque le règlement par voie transactionnelle n’a pas eu lieu, il ne reste plus que la voie
judiciaire. Dés lors, il faudrait déterminer le tribunal compètent en matière d’infraction
douanière. A ce titre, il convient de distinguer en la compétence d’attribution et la compétence
territoriale.

La compétence est l’aptitude d’une juridiction de connaitre d’un procès.

 compétence d’attribution

Les juridictions statuant en matière pénale sont compétentes dans les affaires liées au
contentieux douanier répressif

Ce principe connait toutefois certaines exceptions En effet, les juridictions civiles peuvent
être amenées à connaître de certains cas liés au contentieux douanier répressif (Tel que par
exemple : contrainte douanière, action sur la succession, requêtes de confiscation avant
jugement définitif…)

 Compétence territoriale

Le tribunal compétent est celui du ressort du bureau des douanes le plus proche du lieu de
constatation de l’infraction, lorsque les instances résultent d’infractions constatées par procès
verbal de saisie.

Lorsqu’il s’agit d’instances résultant d’infractions constatées par procès verbal de constat, le
tribunal compétent est celui du ressort du bureau le plus proche du lieu de constatation.

CHAPITRE VI : EXECUTION DES DECISIONS DE TRANSACTIONS ET DES


DECISIONS DE JUSTICE :

Section 1 : Mise en œuvre des décisions de transactions.

Lorsque la décision administrative statuant suite à une transaction provisoire ou une


soumission contentieuse n’a pas entraîné l’adhésion du contrevenant, l’administration des
douanes forte de son droit a le choix entre :

La poursuite par voie d’action (juridiction statuant en matière pénale) ou,

SADOUN Mustapha 22 cycle de formation 2019


La poursuite par voie de contrainte administrative (juridiction statuant en matière
civile).

Section 2 : Exécution des décisions de justice :

 Voies d’exécution :

Les jugements et contraintes peuvent etre exécutées par toutes les voies de droit sur les biens
des redevables, mais seuls les jugements sont susceptibles d’être exécutés par corps.

 sûretés garantissant l’exécution :

Il existe deux types de sûretés :

Les sûretés personnelles :

Elles consistent en l’adjonction de nouveaux débiteurs dont le patrimoine garantira


l’exécution (solidarité et caution).

Les sûretés réelles :

Elles consistent dans l’affectation de certains biens à la garantie de la créance du trésor public
(droit de rétention, consignation, saisie conservatoire, saisie-arrêt, privilèges sur les biens
meubles et immeubles, hypothèques…..).

 Les différentes étapes de l’exécution :

L’exécution ordinaire,

L’exécution forcée.

A/ L’exécution ordinaire :

Notification avec commandement de payer :

L’exécution d’une décision administrative ou judiciaire ne peut avoir lieu sans une formalité
substantielle qui est la notification avec commandement de payer.

Recherches et enquêtes préliminaires :

En plus de la notification qui permet de localiser les redevables, le service des douanes doit
connaître les ressources du débiteur et la consistance de ses biens mobiliers et immobiliers,
d’où la nécessité d’entreprendre des enquêtes de solvabilité.Pour les affaires importantes, il
est recommandé d’effectuer les enquêtes de solvabilité des constations de l’infraction, pour
que le contrevenant ne prépare pas son insolvabilité.

Au cas où le redevable ne s’acquitte pas de sa dette, le receveur des douanes entamera la


procédure de l’exécution forcée.

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B/ L’exécution forcée :

L’exécution forcée obéit à deux étapes :

- Exécution sur les biens du débiteur,

- Exécution sur la personne du débiteur (contrainte par corps).

Exécution sur les biens du débiteur :

Dans le cas où le débiteur n’a toujours pas payé sa dette et que l’enquête de solvabilité s’avère
positive, le service des douanes pourra procéder à l’exécution sur les biens du redevable.

Exécution sur la personne du débiteur :

Lorsque la poursuite sur les biens n’a pas permis le recouvrement sur la créance du trésor, le
débiteur pourra être contraint par corps cf. aux dispositions de l’article 599 et suivants du
code de procédure pénale Algérien.

La contrainte par corps est indépendante de la peine d’emprisonnement.

Elle consiste à demander au parquet l’incarcération du condamné pour une durée


proportionnelle au montant de la créance

La contrainte par corps ne libère pas le redevable de sa dette.

Dans la pratique, et à chaque fois que cela est possible, le service des douanes évite, la
mise à exécution de la contrainte par corps si au moment de son arrestation, le débiteur
fait des offres de paiement raisonnable. En effet, le trésor public a tout à gagner si, au
lieu et place de l’incarcération du contrevenant, le service donne la priorité à la
transaction même après jugement définitif (Cas Tunisien), le paiement de l’amende par
tempérament ou la remise de solidarité.

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