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net/publication/48410709
Article
Source: OAI
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1 author:
Abdelkader Abdelouhab
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All content following this page was uploaded by Abdelkader Abdelouhab on 24 July 2015.
Thèse
Présentée devant
L’institut national des sciences appliquées de Lyon
Pour obtenir
Le grade de docteur
Par
Abdelkader ABDELOUHAB
Jury MM.
Résumé : Les structures en Terre Armée sont renforcées soit par des armatures
métalliques soit par des armatures synthétiques non corrodables. Actuellement, les
mêmes lois sont le plus souvent utilisées pour la modélisation des armatures
synthétiques qui présentent pourtant un comportement plus complexe en raison de
leur extensibilité. Il semble nécessaire d’étudier le comportement de ces armatures
dans le sol afin de déterminer de nouvelles lois d’ancrage plus adaptées. Ce travail
de thèse concerne dans une première partie, la modélisation physique tri-
dimensionnelle du comportement des armatures de renforcement en ancrage. Des
essais d’extraction ont été réalisés dans une chambre d’étalonnage en cond itions
contrôlées et instrumentées en laboratoire puis confirmés et validés par d’autres
essais effectués dans un ouvrage réel. Dans une deuxième partie de cette thèse, trois
méthodes analytiques sont mises en œuvre pour la modélisation des essais
d’extraction. La première méthode, reprend les lois d’ancrages classiques. La
seconde et la troisième méthode présentent des lois d’ancrage issues de l’analyse
des essais expérimentaux. Enfin, dans la dernière partie de la thèse, les paramètres
déduits à partir de l’étude expérimentale ont été implémentés dans le code de calcul
numérique Flac 2D pour l’étude de la stabilité, la sécurité ainsi que l’influence de
plusieurs paramètres sur le comportement des ouvrages en Terre Armée.
Mots-Clés: La Terre Armée, Essais d’extraction, Modélisation analytique, Modélisation
numérique, Interaction sol/renforcement géosynthétique, Flac 2D.
Je tiens à remercier les membres du jury qui ont pris de leur temps pour porter un regard critique
sur mon travail. Je remercie en particulier messieurs Jean-Pierre MAGNAN et Isam
SHAHROUR pour l’attention particulière portée au manuscrit en qualité de rapporteurs.
Je remercie Daniel DIAS d’avoir permis mon accueil au sein du Laboratoire LGCIE de L’INSA
de Lyon, de m’avoir intégré dans son équipe, de m’avoir orienté, suivi et soutenu tout au long de
ces trois années. Ses encouragements et ses conseils m’ont été d’une aide et d’une valeur
inestimables. Qu’il trouve ici l’expression de ma profonde gratitude.
Je tiens à adresser mes remerciements à Nicolas FREITAG de m’avoir intégré dans l’entreprise
Terre Armée, d’avoir participé au suivi et à l’orientation de mon travail de thèse. Je le remercie
aussi pour ses commentaires et ses corrections pertinentes pour tous les rapports et en particulier
celui-ci. Qu’il trouve ici l’expression de ma grande reconnaissance.
Je remercie Richard KASTNER d’avoir permis mon accueil au sein du Laboratoire LGCIE de
L’INSA de Lyon, de m’avoir dirigé et conseillé.
Je remercie tous mes collègues de l’INSA des bons moments passés ensemble, de leur soutien et
de leur solidarité.
Je tiens à remercier tous mes collègues de la division SoilTech de Terre Armée France de leur
accueil chaleureux et de leur disponibilité.
Keywords: The Reinforced Earth, Pullout tests, analytical modeling, numerical modeling,
interaction between soil and geosynthetic reinforcement, Flac 2D.
Table des Matières
Résumé ………………………………………………………………………..……………..3
Abstract ……………………………………………………………………………………..4
Notations et abréviations …………………………………………………………………. 9
Introduction générale ……………………………………………………………………. 12
5
15
Table des Matière
1 Introduction .................................................................................................................................. 48
2 Eléments bibliographiques............................................................................................................ 48
2.1 Paramètres influençant les résultats des essais d’extraction en laboratoire ......................... 49
2.2 Comportement en extraction de différents renforcements extensibles ................................ 53
3 Les essais d’extraction en laboratoire ........................................................................................... 58
3.1 Méthode et matériels ............................................................................................................ 58
3.1.1 Procédure ......................................................................................................................... 58
3.1.2 Les matériaux de sol ....................................................................................................... 62
3.1.3 Les armatures ................................................................................................................... 63
3.1.4 La cuve d'expérimentation ............................................................................................... 64
3.1.5 Les Capteurs .................................................................................................................... 66
3.1.6 Le système de pluviation du sable ................................................................................... 68
3.2 Essais effectués .................................................................................................................... 69
3.3 Résultats des essais effectués sur bandes métalliques et géosynthétiques dans le sable ...... 70
3.3.1 Répartition des contraintes dans la cuve d’essai.............................................................. 70
3.3.2 Influence de la contrainte de confinement ....................................................................... 73
3.3.3 Influence du mode de configuration du renforcement ..................................................... 78
3.4 Résultats des essais effectués sur bandes géosynthétiques dans la grave et comparaison aux
résultats obtenus dans le sable fin ..................................................................................................... 80
3.4.1 Influence de la contrainte de confinement ....................................................................... 80
3.4.2 Influence de la configuration du renforcement ................................................................ 82
3.5 Résultats des essais sur de nouvelles bandes géosynthétiques dans le sable et dans la Grave
82
3.5.1 Nouvelles bandes de renforcement GeoStrap HA pour les murs en Terre Armée .......... 82
3.5.2 Résultats et analyse des essais ......................................................................................... 84
4 Essais d’extraction dans un ouvrage réel ...................................................................................... 85
4.1 Méthode et matériels ............................................................................................................ 85
4.2 Essais effectués .................................................................................................................... 87
4.3 Résultats des essais .............................................................................................................. 88
5 Conclusion .................................................................................................................................... 89
6
Table des Matières
3 Confrontation des résultats des trois modélisations aux résultats expérimentaux ........................106
7
Table des Matières
8
Notations et abréviations
Notations et abréviation
9
Notations et abréviations
10
Notations et abréviations
11
Introduction générale
Introduction générale
Un massif en sol renforcé par des armatures en bandes se comporte comme un bloc cohérent
type de structure dépend d'un certain nombre de facteurs, incluant le sol, le renforcement et
l'interaction sol/renforcement.
Les méthodes de dimensionnement actuelles sont basées sur des mesures faites dans des
ouvrages renforcés par des armatures métalliques et sur des modèles numériques. Ces
méthodes, développées pour les ouvrages renforcés par armatures métalliques et donc
inextensibles, ont été extrapolées à tous les matériaux synthétiques, qui sont généralement
différent, et de définir quelles sont alors les différences importantes. Une meilleure
Au-delà d’une meilleure compréhension des produits existants (bandes en acier ou à base de
fibres de polyester à haute ténacité), les moyens expérimentaux mis en œuvre lors de la thèse
de développement.
Les éléments et le fonctionnement des ouvrages en Terre Armée ainsi que la problématique
traitée dans la présente thèse sont présentés dans le chapitre 1. Les éléments nécessitant des
12
Introduction générale
études plus approfondies sont mis en évidence dans ce même chapitre et nous ont conduit à
l’extensibilité des armatures synthétiques. Ces nouveaux modèles seront validés et leurs
paramètres seront généralisés après application sur tous les essais d’extraction effectués en
renforcés en Terre Armée. Le but de cette étude numérique, présentée dans le chapitre 4, est
renforcé du point de vue stabilité, déformation et mode de rupture par l’analyse de l’influence
13
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée
Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et
extensibles
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Sommaire
1 Introduction .................................................................................................................................. 16
2 Les ouvrages en Terre Armée ....................................................................................................... 17
2.1 Définition et principe ........................................................................................................... 17
2.2 Les éléments de la Terre Armée .......................................................................................... 18
2.3 Procédé de construction ....................................................................................................... 24
2.4 Avantages et domaines d’utilisation .................................................................................... 24
3 Fonctionnement et justification de la Terre Armée ...................................................................... 26
3.1 Analyse externe .................................................................................................................... 27
3.2 Analyse interne .................................................................................................................... 28
3.2.1 Fonctionnement ............................................................................................................... 28
3.2.2 Justification...................................................................................................................... 29
4 Influence de l’extensibilité des renforcements sur différents paramètres ..................................... 35
4.1 Le coefficient de poussée des terres interne à l’ouvrage K .................................................. 35
4.2 Position de la ligne des tractions maximales........................................................................ 38
4.3 Le frottement à l’interface.................................................................................................... 38
5 Interaction sol/renforcement extensibles ...................................................................................... 39
5.1 Caractérisation de l’interface sol/renforcement par des essais expérimentaux .................... 40
5.1.1 Essais de cisaillement direct ............................................................................................ 40
5.1.2 Essais d’extraction ........................................................................................................... 41
5.2 Modélisation analytique de l’interface sol/renforcement ..................................................... 43
5.2.1 Lois d’ancrage classiques ................................................................................................ 43
5.2.2 Lois d’ancrages pour les renforcements extensibles........................................................ 44
6 Conclusion .................................................................................................................................... 45
15
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
1 INTRODUCTION
La stabilisation des massifs de sol se fait généralement, soit par la construction d’un ouvrage
de soutènement, ce procédé rentre dans le domaine de la Structure, soit par l’ajout d’éléments
de renforcement au sol en place. Ce dernier procédé appartient au domaine de la
géotechnique. Toutefois, il existe des méthodes qui utilisent ces deux domaines
simultanément, c’est le cas des massifs en sol renforcé. Ce sont des ouvrages de soutènement
construits par renforcement d’un sol de remblai. La Terre Armée est l’un des premiers types
d’ouvrages inventés dans cette catégorie. Il s’agit d’un massif de remblai granulaire mis en
place par couches successives horizontales entre lesquelles sont disposés des éléments de
renforcement. Les ouvrages réalisés avec la technique Terre Armée sont essentiellement de
deux types : murs de soutènement des terres et ouvrages porteurs comme les culées de ponts.
Les renforcements utilisés généralement dans ces deux types d’ouvrages sont des bandes
métalliques. Cependant, dans les environnements agressifs, ces armatures métalliques sont
remplacées par des bandes géosynthétiques non corrodables qui présentent une extensibilité
plus importante.
L’analyse expérimentale et numérique du comportement en service des massifs renforcés par
des armatures métalliques a permis de comprendre leur fonctionnement et de définir les
méthodes de dimensionnement actuelles, qui sont fondées sur la théorie de la poussée des
terres et d’équilibre local. Ces méthodes ont été extrapolées à des renforcements synthétiques
(légèrement à largement plus extensibles) en appliquant de nouveaux paramètres plus adaptés.
Entre temps, plusieurs travaux de recherches ont été effectués sur différents types de
renforcements synthétiques (Mc Gown, 1978 ; Leshchinsky et Field, 1987 ; Ling et Wu,
1992 ; Schlosser et al., 1993 ; Bergado et Chai, 1994 ; Allen et Bathurst, 2001 ; Elias et al.,
2001) afin de mieux comprendre leur comportement et de vérifier la compatibilité des
méthodes classiques avec ce type de renforcement. L’analyse de ces études met en évidence la
nécessité de conduire d’autres travaux de recherche plus approfondis sur l’extensibilité des
armatures et d’évaluer l’importance de son influence sur le comportement du massif dans le
cas des murs en Terre Armée. Ces travaux de recherche requièrent tout d’abord une analyse
de l’interaction sol/armature afin de déterminer les paramètres d’interface nécessaires à
l’étude et à la modélisation du comportement global de ces ouvrages.
16
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
La Terre Armée est une méthode de construction basée sur l'association d'un remblai
compacté et d'armatures (métalliques ou synthétiques) liées à un parement (Figure 1).
L’alternance de couches de remblai pulvérulent et de bandes d’armatures bien réparties
horizontalement conduit au développement d’efforts d’interaction et donne naissance à un
matériau composite à part entière apte à résister à son propre poids et aux actions qui lui sont
appliquées au long de la durée de service de l’ouvrage. Les applications les plus courantes
sont les murs de soutènement, les rampes d’accès à ouvrages d’art et les culées de pont.
Ce procédé de construction a été développé à partir de 1960 par l’ingénieur et architecte Henri
Vidal qui marque par cette invention une date très importante dans la conception des
soutènements et plus généralement dans celle du renforcement des sols en faisant participer
complètement le sol à la stabilité de l’ouvrage.
17
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Filtre
Connexion sol/armature géotextile
Armature de
renforcement
Corniche Remblai
technique Remblai
général
Ecaille de
parement
Ecaille de
parement
Plots
d’appuis
Longrine
de réglage Sol de
fondation
a. Les renforcements
Ils étaient initialement sous forme de bandes métalliques galvanisées lisses (tôle coupée de 60
à 80 mm de largeur et de 3mm d’épaisseur), leur mode de production a évolué vers le
laminage à chaud à partir de 1975, permettant de développer des armatures nervurées dites de
haute adhérence (Figure 3a). D’autres types d’armatures métalliques, tels que les treillis
soudés (Figure 3b), ont été développés et utilisés dans les structures en Terre Armée.
Cependant, ce sont les armatures métalliques de haute adhérence qui sont aujourd’hui les plus
utilisées en France et dans le monde lorsque les caractéristiques du sol et l’environnement le
permettent.
18
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Avant l’acquisition de la société Terre Armée Internationale (TAI) par le groupe Freyssinet en
1998, ce dernier avait commercialisé un système concurrent, le Freyssisol® (initialement
Websol), utilisant un renforcement sous forme de bandes synthétiques de 90 mm de largeur et
de 2 à 3 mm d’épaisseur (Figure 4a). Ces bandes étaient fabriquées à base de fibres de
polyester à haute ténacité protégées par une gaine en polyéthylène basse densité. Une
nouvelle innovation est commercialisée en 2004 : le système GeoMega® (Figure 4b). Il utilise
le même type de renforcements synthétiques (avec une largeur de 50 mm) et apporte une
amélioration importante en supprimant tout intermédiaire métallique (donc corrodable) entre
les écailles de parement en béton et les bandes de renforcement. En effet, l’utilisation
d’éléments métalliques galvanisés dans les remblais impose, du fait de la corrosion, des
limitations sur ces remblais (caractéristiques électrochimiques) et sur l’environnement.
19
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Le renforcement des sols par des armatures géosynthétiques offre certains avantages par
rapport aux renforcements métalliques en raison de leur légèreté et souplesse, et surtout de
leur résistance à la corrosion. Cependant, le comportement de ce type de renforcement est
plus complexe en raison de son extensibilité et nécessite donc une bonne compréhension des
mécanismes d'interaction sol-armature.
b. Remblai général :
Le remblai général est le sol qui constitue l’arrière du mur. Il n’est pas renforcé par des
armatures et ne fait pas partie du massif.
Critères géotechniques
L’ensemble des recommandations (LCPC, SETRA, NCMA, FHWA, etc...) indiquent des
critères purement granulométriques nécessaires pour assurer un frottement sol-armature
adéquat, un comportement mécanique satisfaisant à court et long terme et des capacités de
drainage suffisantes.
Le critère défini est le suivant : tous les matériaux comportant moins de 15 % d’éléments
inférieurs à 80μm sont acceptés sous réserve qu’ils ne comportent pas d’éléments supérieurs à
250 mm (en particulier, la détermination de la courbe granulométrique des éléments fins par
sédimentation et la mesure de l’angle de frottement du sol ne sont pas nécessaires). Il y aura
lieu de vérifier le coefficient d’uniformité du remblai Cu = D60/D10 (D60 et D10 représentant
respectivement les diamètres des grains pour lesquels les poids des particules de diamètre
inférieur représentent 60% et 10% du poids total). Dans le cas où Cu serait inférieur à 2, il
faudrait dimensionner l’ouvrage en conséquence.
Des exemples d'utilisation de différents types de remblais, suivant les applications, les
renforcements et les parements sont donnés en Annexe A de la norme européenne NF EN
14475-2007 (Annexe 1).
20
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Critères électro-chimiques
La durée de service d'un ouvrage en Terre Armée renforcé avec des armatures métalliques est
conditionnée par la durabilité de ces armatures, qui dépend des critères chimiques et
électrochimiques du sol. La durabilité des armatures enterrées dans le sol est estimée à partir
de la vitesse de corrosion, qui est fonction de divers facteurs : nature du sol, nature des ions de
l'eau interstitielle, résistivité, pH, teneur en sels solubles. C’est pourquoi des critères
électrochimiques ont été établis afin de garantir un vieillissement lent et contrôlé des
structures.
Pour les armatures métalliques et dans le cas des ouvrages courants hors d’eau, les remblais
doivent répondre aux critères suivants :
• résistivité du sol saturé supérieure à 1000 Ω.cm ;
• pH de l’eau extraite compris entre 5 et 10 (5 ≤ pH ≤ 10) ;
• teneur en sels solubles ;
- teneur en ions chlorures inférieure à 200 mg/kg ([Cl-] ≤ 200 ppm) ;
- teneur en ions sulfates inférieure à 1000 mg/kg ([SO4--] ≤ 1000 ppm) ;
21
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Les panneaux les plus utilisés sont les écailles cruciformes en béton (Figure 6). Ce sont des
plaques d'environ 850 kg et de 1,5m de largeur et de hauteur. Lors de leur mise en place, elles
sont imbriquées les unes dans les autres par un système de goujons verticaux destinés à
faciliter le montage et à assurer la continuité de la pose. L'ensemble donne au parement une
flexibilité verticale du même ordre que celle des éléments métalliques en forme de fines
plaques cintrées initialement conçues par H. Vidal. Les possibilités de rotation autour des
goujons permettent de réaliser des murs courbes avec des écailles standard. La forme, la
texture et la couleur de la surface extérieure des écailles peuvent être modifiées pour donner
des aspects architecturaux différents pour chaque mur.
22
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
1,50 m
1,50 m
e. Plots d’appuis
Ils sont fabriqués à base d’élastomères chargés et nervurés. Ils sont insérés entre deux écailles
successives d’une même colonne afin de procurer un espacement suffisant et d’éviter ainsi
d’avoir des points de contact béton contre béton, pouvant créer des épaufrures. Ils assurent
aussi la compressibilité du système de parement, indispensable au bon fonctionnement de la
Terre Armée.
f. Filtre en géotextile
Il est utilisé pour couvrir les joints entre les panneaux. Il est placé à l'arrière des panneaux
côté sol renforcé. Ceci, empêche le sol de s’éroder par les joints et permet l’écoulement de
l'eau qui est en excès.
g. Semelle de réglage
C’est une semelle en béton non armé utilisée pour garantir un niveau de planéité approprié
pour placer la première rangée d’écailles.
h. Connexion panneau/armature
Pour les armatures métalliques, il s’agit généralement d’un système de chape métallique
encastrée dans le béton des écailles lors de leur préfabrication (amorces). Les armatures
munies d’un trou à leur extrémité sont solidarisées aux écailles par un boulon.
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Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Pour les armatures synthétiques, le système GeoMega implique l’encastrement d’une gaine en
polyéthylène à haute densité dont la forme a été étudiée pour assurer un ancrage optimal tout
en assurant que les bandes souples émergent de l’écaille à plat et dans un même plan.
a. Ouvrages ferroviaires
Ils sont utilisés dans de nombreux pays pour le chemin de fer ou le métro : Conflans-Sainte-
Honorine en région parisienne 400m de longueur ; ligne de Granville-Westmead (Sydney
24
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Australie) 1km de long et atteint parfois 7m de hauteur ; mines de Tavistock dans le Transvaal
Afrique du Sud, lignes conduisant au centre de Dublin Irlande. Hormis quelques constructions
spécifiques, l’application de la technique Terre Armée fait appel à la même technologie qu'en
infrastructure routière, même si le souci de sécurité tend parfois à faire augmenter la durée de vie
et les coefficients de sécurité pour les ouvrages ferroviaires.
b. Ouvrages routiers
La plus grande utilisation des procédés Terre Armée concerne la construction de soutènements
supportant des chaussées en terrain dénivelé des routes, autoroutes et les sites urbains (Par
exemple : les murs sous chaussées, simples ou étagés - les culées porteuses - les culées mixtes -
les murs de rampes - les talus raidis - les merlons anti-bruit).
c. Ouvrages hydrauliques
La résistance aux sollicitations très sévères telles que les crues, les fortes marées, la houle, les
tempêtes, les efforts de la glace et les chocs divers (bateaux, épaves, etc.), la rapidité d'exécution,
en particulier pour les travaux effectués en zone de marnage grâce à l'exécution simultanée de
remblai mènent à une utilisation variée en site fluvial ou maritime. Aussi l’utilisation d’armatures
géosynthétiques non corrodables et la possibilité de la construction de murs de quai en Terre
Armée effectuée entièrement sous l'eau, ont permis d’élargir cette technique dans les
environnements salins et maritimes (marinas, ports de pêche).
25
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
26
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
La stabilité externe est traitée comme n’importe quelle stabilité de mur de soutènement
(par exemple : mur poids). La poussée des terres se calcule sur l’écran fictif parallèle au
parement, situé à l’arrière des armatures. La justification se fait par rapport au
poinçonnement et au glissement à la base du mur sur le sol de fondation ainsi qu’au
renversement du bloc.
La stabilité interne est vérifiée au niveau de chaque lit d’armatures ; les efforts de tractions
générés dans les armatures doivent être inférieurs à la résistance au frottement d’interface
sol/armature et à la résistance en traction de l’armature.
La stabilité mixte concerne la vérification de l’équilibre de toute surface de rupture
potentielle recoupant les armatures à l’intérieur du massif renforcé.
27
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Surcharges
Poids du massif
Poussées
latérales
28
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Effort de traction le
long d’une armature
Figure 9: Répartition des tractions dans les armatures d'un mur en Terre Armée
3.2.2 Justification
La stabilité interne est justifiée lit par lit. Elle se fait en vérifiant au niveau de chaque lit
d’armatures que les tractions maximales et les tractions au parement sont inférieures tout
d’abord, à la résistance au frottement d’interface et ensuite à la résistance caractéristique à
long terme de l’armature :
Tm < rf ; Tm < rc et Tp < ra
avec :
Tm : l’effort de traction à l’intersection avec la ligne des tractions maximum ;
rf : le frottement maximal mobilisable au-delà de la ligne des tractions maximum ;
rc : la résistance caractéristique maximale de l’armature en section courante ;
Tp : l’effort de traction maximal dans chaque lit d’armatures au parement ;
ra : la résistance caractéristique maximale de l’armature à l’accrochage au parement.
La détermination de ces paramètres selon les normes NF P 94-220 et NF P 94-270 est donnée
ci-dessous. Les vérifications se font après application des coefficients de sécurité sur chacun
des paramètres en prenant en compte les combinaisons d’action vis-à-vis de tous les modes de
rupture envisageables.
29
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Où Sv est l’espacement vertical entre les lits d’armatures et σh la contrainte horizontale dans le
remblai renforcé sur un lit d’armature à l’intersection de la ligne de traction maximale.
h = Kv
Avec σv la contrainte verticale déterminée par la méthode de Meyerhof et K le coefficient de
poussée des terres interne au massif.
Dans le cas des armatures métalliques, selon la norme française NF P 94-220 :
z z
K ( Z ) K a 1.6 1 pour z z 0
z0 z0
K ( Z ) K a pour z z 0 Avec z0 = 6m et Ka le coefficient de poussée active égale à :
K a tg 2 avec angle de frottement du sol.
4 2
0 i
0
0.6 Hm
Hm
Profondeur
Figure 10. Variation de i en fonction de la profondeur (cas des écailles en béton armé).
30
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
r f 2 N b La f (*z ) v
avec N : nombre d’armatures par mètre de parement ; b : largeur de l’armature ; La : longueur
d’adhérence dans la zone résistante ; σv : valeur moyenne de la contrainte verticale sur le lit de
renforcement ; f* : coefficient de frottement apparent au niveau considéré.
Le paramètre f* est très important dans l’étude et dans le dimensionnement des murs en Terre
Armée. Il caractérise la résistance en frottement le long des armatures en prenant en compte la
dilatance du sol.
Le frottement réel le long des armatures est défini par le coefficient de frottement maximum f
qui est égal à :
max
f
v
Où v est la contrainte verticale moyenne appliquée sur l’armature et max la contrainte de
cisaillement maximum exercée le long du renforcement. max peut être déterminée par l’effort
de traction maximum (Tmax) dans un essai d’extraction. L’effort de traction maximum est
atteint lorsque le frottement est totalement mobilisé le long de l’armature de longueur L :
Tmax
max
2bL
Dans un sol granulaire dense, sous l’effet des contraintes de cisaillement exercées par
l’inclusion, la zone de sol entourant l’inclusion a tendance à augmenter de volume contrariée
par la faible compressibilité du massif avoisinant ; il en résulte un accroissement v de la
contrainte normale initiale v0 s’exerçant à la surface de l’inclusion (Figure 11, Schlosser et
Elias, 1978 ; Schlosser et Guilloux, 1981).
Donc la contrainte verticale v appliquée sur l’inclusion devient v = v0 + v. Ce
phénomène est nommé la dilatance empêchée.
31
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Inclusion Zone de
cisaillement
32
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
f*
f*
Figure 13. Influence des poids des terres sur f* dans un essai d’extraction (Schlosser,
Guilloux, 1981)
0m f*1 f*0
f*
6m
Profondeur (m)
Figure 14. Variation du coefficient f* dans un massif de sol renforcé (NF P 94 270).
33
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
rc = Acd r
ra = Aad r
où :
Acd est la section de calcul du lit de renforcement par mètre longitudinal de parement en partie
courante ;
Aad est la section de calcul du lit de renforcement par mètre longitudinal de parement à
l’accrochage au parement ;
r est la contrainte de rupture du matériau constitutif de l’élément de renforcement.
La vérification de la sécurité vis-à-vis d’une rupture des armatures se fait en tenant compte de
la corrosion possible des armatures. Les sections Acd et Aad sont donc corrigées et ramenées à
une section équivalente plus petite Ad où une épaisseur es est soustraite et réservée aux
phénomènes de corrosion qui peuvent affecter l’armature (voir la norme NF P 94 220).
La nouvelle norme française NF P 94270 (2009) réaffirme et précise les limites d’agressivité
chimiques des matériaux de remblai pour lesquelles la méthode de détermination de la perte
maximale de résistance au cours du temps est valable. Elle s’est substituée aux normes de
calcul NF P 94220-0, -1 et -2, ainsi qu’à la norme NF A 05 252 sur la durabilité des éléments
en acier noir et galvanisé placés dans des matériaux de remblai modérément agressifs
(Annexe 2).
34
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Dans les deux cas (armature métallique et synthétique) un coefficient de sécurité liée aux
incertitudes sur le comportement à long terme du matériau est appliqué dans le calcul de
résistance caractéristique de l’armature (NFP 94 270).
Plusieurs auteurs (Mc Gown, 1978 ; Giroud, 1981 ; Leshchinsky et Field, 1987 ; Schlosser et
al., 1993 ; Ling et Wu, 1992 ; Bergado et Chai, 1994 ; Allen et Bathurst, 2001 ; Elias et al.,
2001) se sont intéressés à l’étude de l’influence de certains paramètres sur le comportement
des massifs en sol renforcé. Les paramètres étudiés principalement sont : la déformabilité, la
forme, l’orientation et la mise en place des armatures ainsi que les caractéristiques
géotechniques et le comportement du sol (cohésion, frottement, dilatance).
L’extensibilité des armatures est le point le plus étudié par différents auteurs. Schlosser et al.
(1993), Elias (2001), Koerner (2001), Allen et al. (2002), Bathurst et al. (2005) Bathurst et al.
(2008b, 2009a) ont analysé la compatibilité des coefficients utilisés dans les méthodes de
dimensionnement actuelles (ligne des tractions maximales, coefficient de poussée des terres
interne au mur, frottement à l’interface, etc…) avec les renforcements géosynthétiques.
35
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
I Géotextile
II Géogrilles
III Armatures métalliques
IV Nappe d’armatures et treillis métalliques
Plusieurs auteurs se sont intéressés à l’étude de ce paramètre et à son influence dans les
méthodes de dimensionnement de murs renforcés par bandes géosynthétiques. Leurs
conclusions, même si elles diffèrent, mettent en évidence la nécessité d’approfondir les études
concernant ce type de renforcement :
- Schlosser et al. (1993) montrent que les bandes géosynthétiques utilisées dans le
renforcement des murs en Terre Armée (Portsmouth wall, Jersey wall, Southampton wall et le
mur de St-Rémy-lès-Chevreuse) conduisent à un comportement différent des autres types de
renforcements extensibles. Ils concluent que ces bandes géosynthétiques utilisées en Terre
Armée donnent un coefficient K proche de celui obtenu dans le cas des bandes métalliques ;
- Koerner (2001) a fait une étude comparative entre trois méthodes de dimensionnement de
murs renforcés par des bandes géosynthétiques. Ces méthodes sont : NCMA, FHWA et la
méthode de Rankine modifiée. Elles sont communément utilisées en Amérique du Nord.
Différents coefficients de poussée des terres sont utilisés dans chacune des méthodes. La
méthode de Rankine modifiée est la plus simple mais aussi la plus restrictive. Elle correspond
à la méthode de Rankine de base mais en prenant en compte un angle d'inclinaison des
poussées latérales. Les méthodes FHWA et NCMA utilisent la théorie du coin de Coulomb et
prennent en compte la poussée latérale inclinée du sol ainsi que les surcharges de remblais en
forme de talus et l’inclinaison du mur. L’auteur conclut par comparaison à des résultats
obtenus sur un exemple de mur réel que la méthode NCMA est la moins conservatrice, la
FHWA est intermédiaire et la méthode de Rankine modifiée est la plus conservatrice. Les
conclusions déduites par cet auteur concernent un seul type d’armature. Cependant une grande
36
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
variété d’armatures extensibles est utilisée dans le renforcement des sols et nécessitent des
études particulières ;
- Allen et al. (2002, 2003) et Bathurst et al. (2005) ont analysé différents murs renforcés par
des bandes géosynthétiques instrumentées. Ils ont observé que la répartition des efforts de
traction le long des renforcements en fonction de la profondeur du mur est généralement de
forme trapézoïdale et non pas linéaire comme supposé dans les méthodes simplifiées. Ces
auteurs ont proposé une nouvelle théorie pour l'estimation des contraintes le long des
renforcements géosynthétiques : « la méthode K-stiffness ».
Dans cette méthode, la raideur locale et globale du renforcement et la résistance au
déplacement latéral causé par la partie bloquée au pied du mur sont prises en compte. Ces
facteurs présentent, selon ces auteurs, une contribution clé pour le calcul de la contrainte
maximale dans le lit d’armature i :
1
i
Tmax K ( H S ) S vi Dt max g local fs fb
2
où K est le coefficient de poussée des terres latérale calculé selon l'équation de Jacky K=1-
sin; le poids volumique du sol; H, la hauteur du mur; S la hauteur équivalente de la
surcharge q (S= q/), SiV la zone d’influence (équivalente à l'espacement vertical des
renforcements) dans le voisinage de chaque couche lorsque les calculs sont effectués par unité
de longueur du mur; Dtmax le facteur de répartition des contraintes, il modifie la contrainte
dans le renforcement en fonction du niveau (hauteur) du lit de renforcement. Les autres
termes, g; local; fs et fb sont les facteurs d'influence qui tiennent compte, respectivement,
des effets de la raideur globale et locale du renforcement, de la raideur au parement et au pied
du mur.
Les paramètres de cette méthode empirique sont calés sur des mesures de déformations
d’armatures géosynthétiques de murs instrumentés. Les valeurs de déformations obtenues sont
converties en contraintes connaissant la valeur de la raideur du renforcement géosynthétique.
Celle-ci est déterminée par les auteurs en prenant en compte plusieurs paramètres : la
contrainte de confinement, le niveau de déformation, d’éventuels chargements, le temps et la
température. Cependant, ces paramètres sont déterminés statistiquement sur des ouvrages très
différents, il semble nécessaire de vérifier leur validité sur plusieurs ouvrages du même type.
D’autre part, ces paramètres sont supposés être constants le long de l’armature. En
conséquence les contraintes déduites le long des armatures sont aussi des contraintes
moyennes.
37
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
Figure 16. Position de la ligne des tractions maximales dans le cas des renforcements
extensibles (FHWA 1990).
38
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
qui distingue les renforcements extensibles des armatures inextensibles. Lorsqu’une armature
est soumise à une traction en tête, le frottement est mobilisé progressivement de la tête vers la
queue, contrairement à une armature inextensible, où le frottement est mobilisé
instantanément sur toute sa longueur. Ce type de mobilisation du frottement dit aussi
saturation progressive a déjà été mis en évidence auparavant par plusieurs auteurs pour des
renforcements plus au moins extensibles. (exemples : Cambefort (1964) dans le frottement
des pieux, Alimi (1977) dans des essais d’extraction d’armatures métalliques et Bourdeau
(1989) dans les essais d’extraction de nappes géotextiles). Ce phénomène est bien sûr plus
important dans le cas des renforcements synthétiques à cause de leur extensibilité et conduit à
un comportement plus complexe de la structure.
Par ailleurs, les renforcements extensibles présentent des ondulations et des irrégularités de la
surface conduisant à une mobilisation du sol (zone cisaillée) et du frottement qui sont
différents de ce qui est observé dans le cas des renforcements inextensibles (Bacot, 1981 ;
Schlosser, 1993).
Cependant, comme dans le cas des renforcements métalliques, la dilatance empêchée du sol
apporte une résistance supplémentaire dans les massifs renforcés par les bandes
géosynthétiques. Le frottement le long de ces bandes est exprimé par le coefficient de
frottement apparent f* afin de prendre compte ce phénomène de la dilatance empêchée dans la
pratique (Alfaro et al., 1995; Lo S-C.R., 1998; Moraci et Gioffre, 2006).
39
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
lisse ; SW est l'angle de frottement entre le sol et la paroi interne et l'angle de frottement du
sol.
(3)- Les conditions aux limites peuvent avoir une grande influence sur les résultats des essais
sur échantillon de sols renforcés, en particulier pour les petites boîtes de cisaillement. Les
essais effectués dans des appareils de grandes dimensions ou des boîtes avec des parois
latérales inclinées peuvent permettre de minimiser les effets de bords et la répartition non-
uniforme des contraintes normales à l’interface sol/géoynthétique.
Des solutions sont souvent apportées aux différentes difficultés rencontrées dans les essais à
la boîte de cisaillement. Cependant, les déformations du sol et de l'inclusion ont une influence
importante sur la distribution des contraintes de cisaillement le long du renforcement. Ainsi,
le frottement à l'interface de renforcement en forme de bandes discrètes ne peut être considéré
comme un phénomène local (Schlosser et Guilloux, 1981). Ce type d’essai n’est donc pas
adapté pour étudier le comportement global ni pour définir les paramètres de l’interface
sol/renforcement extensibles, en particulier pour les bandes.
(2)- Des études expérimentales ont montré que la taille de l'appareil présente une importante
influence sur les conditions aux limites dans les essais d’extraction. Les résultats numériques
et expérimentaux montrent clairement que les essais dans des boîtes de grandes dimensions
devraient être privilégiés (Dyer, 1985; Palmeira et Milligan, 1989a ; Farrag et al., 1993 ;
Lopes et Ladeira, 1996).
(3)- Les simulations numériques indiquent que la rigidité de la partie supérieure de la cuve
influence les résultats des essais, en particulier pour les petites épaisseurs d’échantillon de
sols au dessus du renforcement. Dias (2003) effectue des calculs numériques sur une cuve
avec deux hauteurs différentes : 0,3m et 1 m. Le sol a été modélisé comme un matériau élasto-
plastique et le renforcement comme un matériau élastique linéaire. Des limites supérieures
rigides et flexibles ont été simulées. Les résultats montrent que, plus l’épaisseur de
l’échantillon de sol est importante, moindre est l'influence de la rigidité des limites
supérieures.
Zone
lubrifiée
TT
TT : Traction
en tête
Manche métallique
TT TT
Figure 17. Minimisation des effets de bords et conditions aux limites par différentes méthodes
(Palmeira 2009).
Les solutions apportées aux différentes difficultés rencontrées dans les essais d’extraction
permettent d’obtenir des résultats intéressants et de mieux comprendre le comportement des
42
Chapitre 1 : Ouvrages en Terre Armée : Renforcement par bandes d’armatures inextensibles et extensibles
U* U
Figure 18. Loi de frottement local Figure 19. Loi de traction
proposent donc de prendre en compte, dans la pratique, une longueur d’armature plus courte
que la réalité mais en considérant que l’effort estimé dans les zones ondulées est appliqué sur
toute la longueur considérée de l’armature.
6 CONCLUSION
Les méthodes de dimensionnement des murs en Terre Armée renforcés soit par des bandes
métalliques inextensibles soit par des bandes géosynthétiques extensibles sont fondées sur la
théorie de la poussée des terres et d’équilibre local. Ces méthodes ont été développées à
l’origine à partir de l’observation des murs renforcés par des armatures métalliques puis elles
ont été extrapolées à tous les renforcements géosynthétiques en modifiant certains paramètres.
Schlosser et al. (1993) montrent que le comportement des murs en Terre Armée renforcés par
des bandes géosynthétiques est proche de celui des murs renforcés par des armatures
métalliques et ils concluent que la majorité des paramètres modifiés dans certaines normes
(FHWA, AASHTO) ne sont pas adaptés à tous les renforcements géosynthétiques. Ces
auteurs proposent donc de séparer les renforcements géosynthétiques peu extensibles des
renforcements géosynthétiques extensibles. D’autre part, d’autres auteurs (Koerner, 2001;
Bathurst et al., 2005) supposent que les méthodes classiques utilisées actuellement par la
plupart des normes (FHWA, AASHTO) sont conservatrices et que la modification de certains
paramètres n’est pas suffisante pour prendre en compte l’extensibilité des renforcements dans
le dimensionnement des murs en sol renforcé. Ils suggèrent donc d’utiliser d’autres méthodes
plus adaptées. L’ensemble de ces recherches montrent donc qu’il est nécessaire d’effectuer
d’autres études plus approfondies sur les massifs renforcés par des renforcements
géosynthétiques afin de définir le seuil d’extensibilité de l’armature au-delà duquel le
comportement est différent, d’évaluer l’importance de cette différence de comportement et de
définir, si nécessaire, de nouvelles lois pour les armatures présentant une extensibilité
supérieure à ce seuil.
Une modélisation numérique précise des ouvrages en Terre Armée renforcés par armatures
synthétiques permettra une meilleure compréhension de leur comportement. Cette
modélisation précise de l’ouvrage entier requiert tout d’abord, une modélisation locale
correcte et réaliste du comportement d’une armature ancrée dans le sol. La modélisation
locale de l’armature nécessite la détermination de paramètres d’interaction réels à l’interface
sol/ armature.
45
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de
renforcement de murs en Terre Armée
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
1 Introduction .................................................................................................................................. 48
2 Eléments bibliographiques............................................................................................................ 48
2.1 Paramètres influençant les résultats des essais d’extraction en laboratoire ......................... 49
2.2 Comportement en extraction de différents renforcements extensibles ................................ 53
3 Les essais d’extraction en laboratoire ........................................................................................... 58
3.1 Méthode et matériels ............................................................................................................ 58
3.1.1 Procédure ......................................................................................................................... 58
3.1.2 Les matériaux de sol ....................................................................................................... 62
3.1.3 Les armatures ................................................................................................................... 63
3.1.4 La cuve d'expérimentation ............................................................................................... 64
3.1.5 Les Capteurs .................................................................................................................... 66
3.1.6 Le système de pluviation du sable ................................................................................... 68
3.2 Essais effectués .................................................................................................................... 69
3.3 Résultats des essais effectués sur bandes métalliques et géosynthétiques dans le sable ...... 70
3.3.1 Répartition des contraintes dans la cuve d’essai .............................................................. 70
3.3.2 Influence de la contrainte de confinement ....................................................................... 73
3.3.3 Influence du mode de configuration du renforcement ..................................................... 78
3.4 Résultats des essais effectués sur bandes géosynthétiques dans la grave et comparaison aux
résultats obtenus dans le sable fin ..................................................................................................... 80
3.4.1 Influence de la contrainte de confinement ....................................................................... 80
3.4.2 Influence de la configuration du renforcement ................................................................ 82
3.5 Résultats des essais sur de nouvelles bandes géosynthétiques dans le sable et dans la Grave
82
3.5.1 Nouvelles bandes de renforcement GeoStrap HA pour les murs en Terre Armée .......... 82
3.5.2 Résultats et analyse des essais ......................................................................................... 84
4 Essais d’extraction dans un ouvrage réel ...................................................................................... 85
4.1 Méthode et matériels ............................................................................................................ 85
4.2 Essais effectués .................................................................................................................... 87
4.3 Résultats des essais .............................................................................................................. 88
5 Conclusion .................................................................................................................................... 89
47
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
1 INTRODUCTION
Dans les massifs en remblai renforcé, les armatures de renforcement sont soumises à un effort
de traction. Ces massifs peuvent présenter des comportements différents selon le type de
renforcement et le type de sol utilisés. L’extensibilité, la disposition et la forme des armatures
conduisent à des comportements plus au moins complexes en termes de déformation, de
souplesse et de résistance. Les caractéristiques géotechniques du sol présentent une influence
sur la distribution des contraintes entre les armatures et sur l’adhérence à l’interface
sol/armature.
Afin d'améliorer les connaissances des mécanismes d’interaction entre le sol et certains types
d’armatures utilisées dans le renforcement de murs en Terre Armée et de mettre en évidence
l’influence des différents paramètres (l’extensibilité, la disposition et la forme des armatures
ainsi que les caractéristiques géotechniques du sol), des essais d’extraction ont été réalisés en
laboratoire et dans un ouvrage réel en conditions contrôlées et instrumentées.
Ces essais ont été effectués sur trois types de renforcements différents : des armatures
métalliques, des armatures géosynthétiques standard utilisées dans le renforcement des murs
en Terre Armée et un nouveau type de renforcement géosynthétique développé conjointement
au présent travail de thèse. Ces armatures ont été testées dans deux types de sol dont les
caractéristiques géotechniques sont très distinctes : sable fin et sol grossier. L’influence de la
disposition du renforcement et de la contrainte de confinement a été également étudiée suite à
ces essais d’extraction.
2 ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
Un essai d’extraction consiste en l’arrachement d’une armature ancrée dans le sol au centre
d’une cuve d’essai rigide. Différents niveaux de contraintes peuvent être appliqués à la
surface de la cuve par un système de chargement pour simuler différentes profondeurs de
mise en œuvre. L’arrachement se fait à l’aide d’un dispositif d’extraction horizontal auquel
est accrochée l’armature par l’intermédiaire d’un système de fixation. Selon l'instrumentation
mise en place, différentes informations peuvent être déduites de l’essai, à savoir l’effort
d’arrachement qui permet de déterminer la contrainte de cisaillement et le frottement le long
de l'interface sol/renforcement, le déplacement et la déformation de l’armature ainsi que la
dilatance du sol.
48
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Plusieurs auteurs se sont intéressés à ce type d’essai afin de déterminer les paramètres
d’interaction de différents types de renforcements. Ces auteurs ont mené plusieurs campagnes
d’essais sur différents types de renforcements extensibles et avec différents dispositifs.
L’ensemble de ces études a permis :
d’une part, de mettre en évidence les paramètres influençant les résultats des essais
d’extraction (méthode et type de dispositif d’essai, conditions aux limites, dimensions
des appareils et des échantillons, etc.) et d’améliorer ce type d’essai au fur et à mesure
de l’avancement des travaux de recherche,
d’autre part, de comprendre le comportement de différents renforcements extensibles
et de caractériser l’interface d’interaction pour chaque type de renforcement.
Une grande différence de résultats peut être obtenue dans les essais d’extraction liée à la
différence de plusieurs paramètres : les conditions aux limites, les dimensions des appareils
d’essais, procédures d'essais, etc. Les résultats obtenus par différents chercheurs (Johnston et
Romstad, 1989 ; Palmeira et Milligan, 1989 ; Farrag et al., 1993 ; Raju, 1995 ; Farrag et
Morvant, 2000 ; Chang et al., 2000 ; Sugimoto et al., 2001) ont été confrontés afin d'analyser
l'influence de certains paramètres.
49
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Plaque métallique
Effort de traction kN/0,15m
Coussin d’air
Paroi flexible
Déplacement (mm)
En comparant les résultats des essais d’extraction effectués avec différentes rugosités de la
paroi frontale (Figure 2), Palmeira et Milligan (1989) ont démontré que le coefficient de
frottement apparent à l’interface sol/armature augmente avec l’augmentation de l’angle de
frottement de l’interface entre la paroi frontale de la cuve et le sol. En général, afin de
minimiser les effets de frottement avec la façade de la cuve, des matériaux à faible frottement
sont collés sur les parois.
50
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Afin d'éviter les effets de la paroi frontale (rugosité et raideur), l’armature est placée à une
certaine distance de celle-ci en utilisant des manchons métalliques fixés sur l’avant de la cuve.
Différents chercheurs (Bolt et Duszynska, 2000 ; Farrag et al., 1993 ; Lopes et Ladeira, 1996 ;
Raju et al., 1996) ont étudié l'influence de la longueur de ces manchons sur les résultats des
essais. La comparaison des essais d'arrachement réalisés sans manchons et avec des manchons
de différentes longueurs (Farrag et al. 1993) a montré que l'augmentation de la longueur du
manchon provoque une diminution de la résistance à l'arrachement et de la pression exercée
sur la paroi frontale.
Raju et al. (1996) ont effectué des calculs aux éléments finis pour simuler différentes
conditions aux limites liées à la présence des manchons sur la paroi frontale de la cuve. Ils ont
déduit que la présence des manchons provoque une diminution du coefficient de frottement
apparent (f*) par rapport aux essais sans manchons. Cette réduction n'est pas affectée par le
type de contact (rugueux ou lisse) entre le sol et la paroi frontale. Il a été déterminé que les
procédures utilisées afin de réduire le frottement à la paroi frontale (lubrification ou utilisation
d’une paroi lisse) ne suffisent pas à réduire l'effet de la présence d'une paroi frontale rigide si
les manchons ne sont pas utilisés.
couche de sol au-dessus de l'armature. Compte tenu de l'épaisseur de cette couche de sol, un
frottement se développe le long des parois latérales de la cuve conduisant à une contrainte de
confinement plus faible que celle appliquée. Johnston et Romstad (1989) ont mesuré la
contrainte de confinement à proximité du renforcement avec des cellules de pression ; en
raison du frottement le long des murs latéraux, la contrainte de confinement à l’interface
sol/renforcement est réduite de 35% par rapport à celle appliquée en surface de la cuve (h / w
= 0,27 ; où h est l’épaisseur de la couche de sol au-dessus du renforcement et w est la largeur
de la boîte). Les mêmes résultats ont été obtenus par d'autres chercheurs (Chang et al. 2000 ;
Farrag et al. 1993) par un dispositif d'essai dont le rapport h/w =0,43. Dans ces cas, afin de
minimiser les effets de frottement au niveau des parois latérales, des matériaux de faible
frottement sont collés aux murs (téflon, aluminium lisse, verre, membranes lubrifiées).
L’utilisation d’un dispositif de fixation d’armature interne peut présenter deux avantages
importants, la longueur d'ancrage reste constante pendant toute la durée de l'essai et le
déplacement mesuré au niveau du dispositif de fixation correspond au déplacement de la
première section confinée de l’armature. Cependant, ce système de fixation interne nécessite
de réaliser une série d’essais préliminaires d’étalonnage dans les mêmes conditions aux
limites mais sans renforcement. Ils permettront d'évaluer la résistance à l’extraction
développée par le système de fixation seul qu’il faudrait corriger lors des essais sur les
armatures.
52
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
De nombreux résultats obtenus par des essais d’extraction en laboratoire ont été publiés par
différents auteurs (Palmeira et al. 1989, Bourdeau et al. 1990, Wu 1991, Ling et al. 1992,
Ballegeer 1993, Wilson-Fahmy et Koerner 1993, Alfaro et al. 1995, Abramento et Whittle
1995, Sobhi et al. 1996, Bakeer et al. 1998, Lo S-C.R. 1998, Racana et al. 2003, Moraci et
Gioffre 2006, Palmeira 2009). L’analyse de ces résultats (notamment ceux publiés par Alfaro
et al. 1995, Lo S-C.R. 1998, Moraci et Gioffre 2006) a permis de ressortir les points en
communs du comportement de différents renforcements extensibles (la mobilisation
progressive en extraction, la dilatance empêchée du sol) et de mettre en évidence d’autres
phénomènes plus aux moins importants (influence du type de sol, de la longueur des
renforcements).
Des essais de cisaillement ont été effectués par le même auteur sur le même type de Géogrille.
Dans ce type d’essai, les armatures couvraient toute la surface de la boîte de cisaillement
(1.5m par 0.6m). Les résultats obtenus par cisaillement direct montrent que le frottement
sol/Géogrille est proche du frottement sol/sol (Figure 4). La même conclusion a été faite par
Jewell et al. (1984) pour un sable graveleux et une Géogrille.
53
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Points de mesure
e
Déplacement vertical (mm)
Sol/renforcement
Sol/sol
54
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
- Une seule courbe peut être utilisée pour ajuster les résultats des essais concernant les
armatures de 20 et 30 KN (Figures 5a et 5b). Cela implique que la différence de la
valeur f entre ces deux armatures est faible. Toutefois, l'extensibilité plus élevée de la
bande de 20 KN conduit à une rupture plus progressive (moins instantanée).
55
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
- Plus le niveau de contrainte est important, plus le coefficient de frottement est élevé,
dû en partie à une plus grande dilatance du sol sous de faibles contraintes.
Coefficient de frottement
57
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
58
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
b. Une armature (synthétique ou métallique) est ensuite installée sur la surface plane du
matériau granulaire.
c. L’armature est accrochée en tête à un vérin d’extraction positionné à l’avant de la cuve à
l’aide d’un mors adapté. Trois différents systèmes d’accrochage ont été fabriqués pour
permettre la connexion des armatures au vérin d’extraction. Le premier système est une chape
permettant de fixer l’armature métallique (Figure 8 ; Système A). Le deuxième système est un
mors constitué de trois plaques métalliques permettant l’accrochage d’une seule bande
synthétique (Figure 9; Système B). Le troisième système permet de reproduire le système
d’accrochage GeoMega utilisé dernièrement dans les murs en Terre Armée renforcés par les
bandes géosynthétiques (Figure 10 ; Système C). Dans ce dernier cas, la bande sort
horizontalement de la cuve, fait une boucle autour du dispositif d’accrochage, puis revient
parallèlement dans la cuve.
59
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 11. Mise en place de l’armature et des capteurs dans la cuve d’essai
60
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
e. Après connexion des capteurs, le remplissage de la cuve en matériau granulaire est achevé
(Figure 12).
f. Un coussin d'air, permettant d’appliquer une surcharge, est ensuite placé entre le sol à
l'intérieur de la cuve et les couvercles de fermeture. Ce coussin est mis sous pression et
contrôlé par un manomètre relié à un système d’acquisition. Afin de pouvoir appliquer une
contrainte normale uniforme, des plaques métalliques sont posées sur la surface du sol avant
l’installation du cousin d’air (Figure 12).
Capteurs de
déplacement
Capteur de force
Cuve d’essai
Vérin d’extraction
Système d’acquisition
61
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
62
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
63
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
64
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
65
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 18. Vue en plan d’une armature et position des capteurs de déplacement
5 cm
Figure 19. Vue en plan d’une paire d’armatures et position des capteurs de déplacement
66
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
D’autres capteurs à fil sont placés sur des supports à l’arrière de la cuve, pour mesurer les
déplacements le long de l’armature (Figure 21).
Les fils des capteurs sont rallongés par des câbles en acier de 1 mm de diamètre pour pouvoir
les accrocher aux différents points le long de la bande. Afin d’éviter tout effet de frottement
avec le sable lors de leur déplacement dans la cuve, ces câbles sont gainés par du téflon
(Figure 22). Des essais ont été réalisés sur des armatures non équipées de gaine ni de fils de
capteurs pour vérifier l’influence de cette instrumentation sur l’adhérence des armatures. Les
67
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
résultats obtenus dans ces essais sont proches de ceux obtenus sur des armatures
instrumentées (voir Annexe 6). L’influence des fils et des gaines est négligeable.
Figure 22. Fixation des câbles de capteurs de déplacement le long des armatures
Capteur d’effort
Pour mesurer l’effort de traction, un capteur de force annulaire d’une capacité maximale de
200 kN est placé au bout du vérin d’extraction.
68
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
long d’essais. Le temps nécessaire pour la vidange d’une trémie de 1m3 est d’environ 1 heure.
Ce système permet de contrôler le débit d'écoulement du sable et d'obtenir une densité
d’environ 1,5.
Trémie
Chariot de
Armature Rail pluviation
Sable s
Cuve
69
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Nombre
Type de renforcement et de configuration
d’essais
7 Sable fin - - 2 -
7 Grave - - - -
22 Sable fin - 2 2 -
20 Grave - 2 2 2
40 Sable fin 2 2 3 4
45 Grave 1 2 2 2
60 Sable fin - 2 3 -
80 Sable fin 3 2 3 2
80 Grave 1 2 2 2
Tous les essais ont été effectués à la même vitesse d’extraction. Celle-ci est constante tout au
long de l’essai (1mm/min). Les déplacements et efforts de traction sur les armatures ainsi que
les contraintes verticales sont suivis en temps réel par l’intermédiaire d’une centrale
d’acquisition.
3.3 Résultats des essais effectués sur bandes métalliques et géosynthétiques dans le sable
Afin de simuler des contraintes de confinement équivalentes au poids du sol dans un mur réel,
une pression d’air est appliquée en surface de la cuve. Dans ce cas, il peut y avoir une
incertitude concernant la contrainte verticale appliquée au niveau de l’armature placée au
centre de la cuve. Celle-ci peut être diminuée à cause du frottement sur les parois internes de
la cuve (Palmeira et al., 1989 ; Sobhi et al., 1996), ou bien augmentée à cause d’un effet de
voûte créé en surface des renforcements (Alfaro et al., 1995). En conséquence, le frottement
sol/renforcement peut être mal estimé.
70
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 24. Comparaison entre les contraintes appliquées en surface et celles mesurées à la
base de la cuve
Figure 25. Variation du coefficient de poussée des terres en fonction des contraintes
appliquées en surface.
71
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
BC
HR
Sol
v1
He He
2 Ka tan 2 Ka tan
B
R B R B
C 1 e C H He e C
v 2 Ka tan R 0
R
La définition et les valeurs des paramètres sont reportés dans le tableau 4.
Tableau 4. Paramètres utilisés dans la formule de Terzaghi.
Paramètre Définition Valeur
Ka Coefficient de poussée des terres 0,5
BC (m) Largeur de la cuve d’essai 1,1
HR (m) Hauteur de la colonne de sol 1,1
0 (kPa) Surcharge 0
Russel et Pierpoint (1997), considèrent que pour un tassement homogène : He = HR. Donc, la
contrainte verticale appliquée à la base de la colonne (v1) peut être calculée par la formule ci-
dessous :
72
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
He He
2 Ka tan 2 Ka tan
B R B R B
C 1 e C e C
v1 2 Ka tan 0
R
Tout d’abord, les résultats obtenus à partir du calcul analytique à la base de la cuve sont
validés par les résultats de mesure du capteur de force. Par exemple, pour une contrainte de
confinement de 100 kPa, appliquée en surface de la cuve, le calcul analytique et le résultat de
mesure conduisent à une réduction de 40 % (Figure 27). Ensuite, les contraintes de
confinement au centre de la cuve (au niveau du renforcement) sont calculées par la méthode
analytique. Une réduction linéaire de la contrainte de confinement est obtenue de la surface à
la base de la cuve.
La validation des résultats de la méthode analytique de Terzaghi par les mesures relevées par
le capteur de force a permis de déterminer les contraintes de confinement appliquées au centre
de la cuve (sur le renforcement) sans avoir recours à la modification de la méthode de
réalisation des essai d’extraction et d’optimiser ainsi le temps d’exécution.
Le comportement des bandes synthétiques est plus complexe que celui des bandes
métalliques. La figure 28 montre que le déplacement de la tête de l’inclusion métallique
73
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
augmente de manière non-linéaire avec la traction jusqu’à atteindre un palier qui correspond à
la saturation totale en frottement le long de la bande. Le comportement de ces bandes
métalliques est le même quelle que soit la contrainte de confinement. Dans le cas des
armatures synthétiques (Figure 29), le comportement est fonction de la contrainte de
confinement. Pour une contrainte de confinement de 22kPa, la courbe représentant les
tractions en tête en fonction des déplacements en tête peut être assimilée à une loi bi-linéaire
(une pente et un palier), tandis que, pour une contrainte de confinement de 80kPa, la courbe
est tri-linéaire avec deux pentes et un palier.
Figure 29. Comportement en tête d’une paire de bandes géosynthétiques sous différentes
contraintes de confinement
74
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
L’analyse des déplacements de la queue en fonction des déplacements en tête des deux types
d’armatures montre que la mobilisation de la queue est instantanée dans le cas des bandes
métalliques (Figure 30). En revanche, dans le cas des bandes synthétiques (Figure 31), la mise
en tension ainsi que les déplacements se mobilisent progressivement de l’avant vers l’arrière
de l'armature. L’arrière de la bande ne se mobilise qu’à partir d’un certain seuil de
déplacement en tête. Ce seuil augmente avec l’augmentation de la contrainte de confinement
(Figure 32). Dans le cas de faibles contraintes de confinement (entre 0 et 40 kPa), la valeur du
déplacement atteinte en tête pour déplacer la queue de l’armature est la même pour les deux
cas de figures : extraction d’une seule bande et extraction d’une paire de bandes synthétiques.
Par contre, pour de grandes contraintes de confinement (80 kPa), le seuil de déplacement
nécessaire en tête pour mobiliser la queue de l’armature est plus important dans le cas d’une
paire de bandes. Ceci peut-être expliqué par le fait que l’écart en termes de résistance à
l’arrachement et de déformation devient de plus en plus important entre le cas d’une seule
bande et d’une paire de bandes avec l’augmentation de la contrainte de confinement.
75
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 31. Déplacements en queue en fonction des déplacements en tête d’une paire de bandes
synthétiques sous différentes contraintes de confinement
Figure 32. Déplacement en tête (mm) nécessaire au déplacement de la queue d’une ou deux
bandes synthétiques
76
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 33. Mobilisation progressive des bandes synthétiques en fonction des déplacements en
tête et de la contrainte de confinement.
77
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
L’équation des coefficients standard selon la norme NF P 94 270 pour les armatures
métalliques et les armatures géosynthétiques est :
(120 v )
f * f 0* f 1* v
120 120
coefficient de frottement maximal à une profondeur de 6m (où v = 120 kPa). Les valeurs de
ces paramètres varient en fonction du type de renforcement et des caractéristiques
géotechniques du sol (voir Annexe 8).
78
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Sol granulaire
Effet de voûte
Armatures
Concentration de
contraintes
79
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
3.4 Résultats des essais effectués sur bandes géosynthétiques dans la grave et comparaison
aux résultats obtenus dans le sable fin
Figure 37. Comportement en tête d’une paire de bandes géosynthétiques dans la grave et sous
différentes contraintes de confinement.
La comparaison des courbes obtenues dans le sable et la grave (Figures 38 et 39), permet de
déduire le comportement de l’armature est similaire dans les deux cas si la résistance à la
traction est la même. Toutefois, pour obtenir la même résistance à la traction (Figure 38), la
contrainte de confinement dans le sable doit être deux fois plus élevée. En d’autres termes,
pour déplacer la queue de l’armature, le déplacement en tête dans le cas de la grave doit être
deux fois plus important (Figure 39). Cela montre que l’adhérence des armatures dans le sol
est deux fois plus élevée dans le cas de la grave par rapport au sable.
80
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 38. Comparaison du comportement en tête d’une paire de bandes géosynthétiques dans
la grave et dans le sable et sous différentes contraintes de confinement.
81
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Les coefficients standard sont ceux préconisés par la norme NF P 94 270: 2009
3.5 Résultats des essais sur de nouvelles bandes géosynthétiques dans le sable et dans la
Grave
3.5.1 Nouvelles bandes de renforcement GeoStrap HA pour les murs en Terre Armée
La nouvelle armature de renforcement Geostrap HA a été développée conjointement à ce
travail de thèse pour le renforcement des murs en Terre Armée.
Cette nouvelle bande a été développée après l’analyse des essais effectués sur les bandes
standards GeoStrap 37.5. En effet, les résultats de ces essais ont montré que les coefficients de
frottement obtenus dans le cas d’extraction d’une paire de bandes sont meilleurs que dans le
cas d’une seule bande. Cette amélioration du coefficient de frottement dans le cas d’une paire
de bandes est supposée être liée à deux phénomènes :
82
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
l’effet de voûte créé entre les deux bandes conduisant à une répartition de contrainte
plus importantes sur les armatures et donc à une meilleure adhérence ;
la mobilisation des grains de sol entre les deux bandes d’armatures conduisant à une
dilatance du sol et à une augmentation des contraintes et du frottement dans cette zone.
Ce deuxième phénomène a conduit au développement de la nouvelle bande GeoStrap HA. Il a
été supposé que la modification des faces latérales de l’armature synthétique en adoptant une
forme dentelée et non pas une forme lisse conduirait à un meilleur accrochage de l’armature
dans le sol. La butée des dents latérales de la nouvelle bande contre les grains de sol
provoquera d’une part, un accrochage sol/armature et d’autre part, une mobilisation plus
importante des grains de sol et donc une augmentation de la dilatance et des contraintes entre
les deux armatures (Figure 41).
Pour valider cette hypothèse et vérifier l’amélioration de l’adhérence par la bande GeoStrap
HA, plusieurs essais d’extraction ont été effectués sur ce nouveau type de renforcement dans
le sable fin et la grave.
Dents latérales du
GeoStrap HA Butée sol/renforcement
83
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 42. Evolution de l’effort de traction pour les armatures GeoStrap 37.5 et GeoStrap HA
dans la grave.
84
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Figure 43. Comparaison des coefficients de frottement apparent entre la nouvelle armature
GeoStrap HA et l’armature standard GeoStrap 37.5 (résultats dans le sable et la grave).
Les résultats des essais d’extraction des nouvelles bandes dans le sable et la grave ont permis
de valider l’hypothèse concernant l’amélioration de l’adhérence sol/renforcement par
modification des faces latérales des armatures synthétiques. Ces résultats ont montré que le
frottement sur les côtés latéraux des bandes de renforcement joue un rôle d’adhérence
important. La modification de ces côtés latéraux améliore nettement l’adhérence
sol/renforcement.
85
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
conçu spécialement pour ce type d’essai. Une boîte de coffrage en béton est disposée derrière
le panneau afin d’éloigner du parement la zone de remblai testée qui pourrait être perturbée
(Figure 45). L’effort de traction appliqué par le vérin d’extraction ainsi que le déplacement en
tête de la bande sont mesurés pendant l’essai.
86
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Manomètre Panneau
Chèvre
Armature
Vérin
Règle Boite de coffrage
87
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
88
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
Les essais sur ouvrage réel confirment les résultats obtenus au laboratoire et montrent que la
nouvelle bande de renforcement GeoStrap HA présente une meilleure adhérence dans le sol
en comparaison avec les bandes standards.
Tableau 5. Résultats des essais sur la nouvelle armature GeoStrap HA et l’armature standard
GeoStrap 37.5 (essais dans un ouvrage réel).
Figure 48. Comparaison des coefficients de frottement apparent entre la nouvelle armature
GeoStrap HA et l’armature standard GeoStrap 37.5 (essais dans un ouvrage réel).
5 CONCLUSION
Les essais d’extraction réalisés en laboratoire nous ont permis d'analyser les paramètres
influençant le comportement à l'interface sol/renforcement. Les valeurs de ces paramètres ont
été déterminées pour différents types d’armatures (synthétiques et métalliques), dans deux
types de sols (sable et grave) et sous différents niveaux de confinement.
Les résultats des essais montrent que le comportement des renforcements métalliques et
synthétiques est très différent:
89
Chapitre 2 : Essais d’extraction sur les bandes de renforcement de murs en Terre Armée
90
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement
en ancrage des armatures extensibles
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Sommaire
1 INTRODUCTION ........................................................................................................................ 93
2 MODELISATION PAR DIFFERENTS MODELES ................................................................... 94
2.1 Première Modélisation(M1).......................................................................................................... 94
2.2 Deuxième Modélisation(M2)........................................................................................................ 99
2.3 Troisième Modélisation (M3) ..................................................................................................... 102
2.4 Optimisation des paramètres pour les différentes modélisations ................................................ 105
3 CONFRONTATION DES RESULTATS DES TROIS MODELISATIONS AUX RESULTATS
EXPERIMENTAUX ........................................................................................................................... 106
4 GENERALISATION DES PARAMETRES DE LA MODELISATION M3............................ 110
4.1 Déplacement relatif sol/renforcement correspondant à la mobilisation totale de frottement (U *)
110
4.2 Coefficient de frottement apparent à l’interface sol/renforcement (f*) ...................................... 112
4.3 Le seuil de déformation initiale (0) ........................................................................................... 113
5 CONCLUSION .......................................................................................................................... 113
92
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
1 INTRODUCTION
Les méthodes utilisées actuellement pour la modélisation des armatures ancrées dans le sol et
soumises à des contraintes de cisaillement (cas d’une armature dans un massif en sol renforcé)
sont pour la plupart, développées à partir de lois d’ancrage classiques correspondant au
comportement des armatures rigides. Ces lois sont généralement basées sur la loi de
frottement à l’interface sol/renforcement de type Cambefort (1964) ou Frank et Zhao (1982)
et sur une loi de traction élastique linéaire issue de la loi de Hooke pour l’inclusion.
L’exploitation analytique ou la modélisation numérique de ces lois simplifiées conduit à une
mobilisation du frottement et des déplacements sur toute la longueur de l’armature dès
l’application des premières contraintes en tête (Schlosser et Guilloux, 1981 ; Bourdeau et al.,
1990 ; Segrestin et Bastick, 1996). Cependant, les essais d’extraction effectués en laboratoire
montrent que la mobilisation des déplacements et du frottement le long des armatures
synthétiques est progressive en allant de la tête vers la queue.
Différents auteurs ont proposé des modèles d'ancrage plus au moins complexes afin de mieux
modéliser le comportement des armatures extensibles (voir chapitre 1). L’amélioration
apportée à ces modèles concerne soit la loi de traction de l’armature (Bourdeau et al., 1990 ;
Ling et al., 1992 ; Wu, 1991 et Ballegeer 1993), soit la loi d’interaction à l'interface
sol/renforcement (Plumelle, 1979 ; Sobhi et Wu, 1996 ; Dias et al., 1998 ; Gurung et al.,
1999 ; Racana et al., 2003). Le but de la présente étude est de développer un nouveau modèle
qui prend en compte des lois de traction de l’armature et de frottement à l’interface réalistes.
Ces lois seront basées sur les résultats de la modélisation physique des armatures synthétiques
utilisée dans les murs en Terre Armée.
93
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
nouveaux modèles est vérifiée par l’estimation de l’erreur entre le résultat de calcul et le
résultat expérimental. Leur application sur tous les essais d’extraction effectués en laboratoire
permet de les valider et de généraliser leurs paramètres pour différentes contraintes de
confinement et différents types de renforcement.
La modélisation du comportement d’une armature ancrée dans le sol et qui est soumise à un
effort de traction en tête nécessite la connaissance de deux lois :
une loi de frottement local f - U entre le sol et l’armature ; elle permet de relier l’effort
de frottement au déplacement relatif U et ses paramètres sont le frottement limite f* et
le déplacement U*.
Trois modélisations classées par ordre de complexité croissant ont été mises en œuvre :
- la première modélisation considère des comportements simples pour les deux lois
(Schlosser, 1981 ; Segrestin et Bastick, 1996). Elle est utilisée dans cette étude comme
modèle de base ;
- la seconde prend en compte une loi de frottement plus réaliste développée dans cette
étude après l’analyse des résultats d’essais d’extraction ;
- la troisième modélisation utilise, en plus d’une loi de frottement plus réaliste, un
modèle plus précis du comportement en traction des bandes synthétiques.
La méthode adoptée par Schlosser (1981), Segrestin et Bastick (1996) a été mise en oeuvre.
Dans cette méthode, la loi de traction prise en compte correspond à la loi classique de type
94
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Hooke T = J. (Figure 1). Quant à la loi de frottement, elle est de type élasto-plastique
(Cambefort, 1964). Le frottement est représenté par le coefficient de frottement apparent f
(Figure 2).
f*
f(x)
U(x) U*
Le principe de la méthode réside dans l’écriture de l’équilibre des efforts de chaque tronçon
de longueur infinitésimale d’une inclusion orientée positivement de la queue Q vers la tête T.
Cette inclusion subit un effort de cisaillement le long de sa surface lorsqu’elle est soumise à
une traction TT et un déplacement UT en tête (Figure 3).
Le long d’un élément de longueur dx et de largeur b, l’effort élémentaire est donné par (1) :
dT ( x) 2bf * v
U ( x) (2)
dx U*
La déformation locale (x) au point d’abscisse x est tirée de la loi de traction de l’inclusion
(Figure 1) :
95
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
dU ( x) T ( x)
( x) (3)
dx J
d ²T ( x) 1 JU *
T ( x) (4) avec
dx² ² 2bf * v
T ( x) Ash( x / ) (5bis)
En tête d’armature x = l, T = TT :
TT
TT Ash(l / ) d’où A
sh(l / )
sh( x / )
T ( x) TT (5ter)
sh(l / )
dT ( x) A T sh( x / )
La dérivée de (5bis) : ch( x / ) T
dx sh(l / )
96
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
ch( x / )
U ( x) U T (6)
ch(l / )
et
JU T sh( x / )
T ( x) (7)
ch(l / )
2ème phase UT > U*, UQ < U* Le frottement est saturé en tête et en cours de
mobilisation en queue.
Dans cette phase, le renforcement est divisé en deux parties (Figure 4), une partie en
tête (x > x*) où le frottement est complètement mobilisé et une partie en queue (x < x*)
où le frottement est en cours de mobilisation.
TT
*
TQ
x x* 0
Tête
d’armature
l
Zone 1. x >x*
T* et x* évoluent avec l’évolution de l’effort de traction et des déplacements en tête. Ces
deux variables sont déterminées par les équations (10) et (11).
dU ( x) T ( x)
dT ( x) 2bf * v dx et
dx J
T ( x) T * 2bf * v ( x x*) (8)
T* bf * v
U ( x) U * ( x x*) ( x x*)² (9)
J J
JU *
T* th( x * / ) (10)
bf * v U*
(l x*)² (l x*)th( x * / ) (U T U *) 0
J (11)
97
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Zone 2. x < x*
Dans cette zone (Figure 4), on peut appliquer les équations développées dans la 1ère phase, où
la longueur de l’armature serait l = x* et la force de traction en tête TT = T*.
sh( x / ) JU * sh( x / )
T ( x) T * = (12)
sh( x * / ) ch( x * / )
T * ch( x / ) ch( x / )
U ( x) =U* (13)
J sh( x * / ) ch( x * / )
3ème phase UT > U*, UQ < U*: la bande est entièrement mobilisée.
dT ( x) 2bf *vdx
pour x 0, T ( x) 0 C1 0 :
ainsi que :
2bf * vx²
U ( x) C 2 où C2 est une constante
J
pour x 0, U ( x) U Q C 2 U Q
2bf * vx²
U ( x) UQ
J
2bf * vl ²
UT UQ
J
et
2bf * v
U ( x) U T (l ² x ²) (15)
J
La solution des équations obtenues dans les différentes phases permet de calculer les tractions
et les déplacements à chaque point x de l’armature, pour chaque phase (Segrestin et Bastick,
1996).
98
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
L’analyse des résultats obtenus à partir des essais d’extraction montre que les courbes
TT = f(UT) sont divisées en deux parties : une partie non-linéaire approximée par une courbe
racine carrée et une partie linéaire correspondant au palier. La figure 5 présente les résultats
obtenus dans un essai d’extraction sous une contrainte de confinement de 60kPa. En effet,
l’évolution de la traction en fonction des déplacements suit une loi racine carrée jusqu'à
atteindre le palier où la traction devient constante et suit une loi linéaire. En supposant que
cette évolution de la traction en fonction des déplacements obéit à ces lois tout le long de
l’armature, la loi exprimant l’évolution du frottement à l’interface en fonction des
déplacements obéira également aux mêmes lois (Figure 6). Le nouveau modèle de frottement
à l’interface permet donc d’écrire :
Lorsque U<U*
f ( x) f * U / U *
et pour U>U*
f ( x) f *
La loi de traction de M1 est conservée dans cette 2ème modélisation et correspond à la loi
classique de type Hooke T = J. (Figure 1).
Figure 5. Evolution des tractions en fonction des déplacements en tête dans un essai
d’extraction sous une contrainte de confinement de 60 kPa. Approximation par une loi racine
carrée.
99
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
f
U
U*
L’utilisation de la loi racine conduit à des équations différentielles très complexes. Une
linéarisation par partie a été effectuée sur la courbe racine. Cette linéarisation a été réalisée
par une discrétisation en petits intervalles dans la direction x (Figure 6bis). Dans cette étude,
la courbe racine est divisée en 100 intervalles, ce qui conduit à 100 équations différentielles.
Ce nombre d’intervalles a été choisi après optimisation et constitue un bon compromis entre
la précision obtenue et le temps de résolution des équations. Chaque intervalle est représenté
par une loi linéaire caractérisée par f*i et U*i
f
ffinal
f1
U
pas U1* U2 * U..* U*final
Figure 6bis. Loi de frottement local de type racine divisée en plusieurs intervalles
f i* f final
*
U i* / U *final
100
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Les valeurs des paramètres U*final et f*final correspondent au seuil de la mobilisation totale du
frottement à l’interface sol/armature lors d’un essai d’extraction. Dans cette application, la
valeur de f*final introduite dans le calcul correspond à celle déterminée expérimentalement
dans les essais d’extraction et la valeur de U*final est déterminée par une méthode
d’optimisation. Cette méthode est détaillée dans la partie concernant l’optimisation des
paramètres de la modélisation. Les autres paramètres sont déterminés par calcul.
Lorsque U U final
*
d 2T ( x) 2bf i* v
T ( x) (16)
dx 2 JU i*
et
d 2U ( x) 2bfi* v
U ( x) (17)
dx 2 JU i*
U*i et f*i sont les paramètres qui caractérisent chaque intervalle de la courbe racine.
et lorsque U U final
*
dT ( x)
2bf final
*
v (18)
dx
et
d 2U ( x) 2bf final v
*
(19)
dx 2 J
101
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Dans cette troisième modélisation, la loi de traction a également été améliorée afin de mieux
prendre en compte la mobilisation retardée des armatures synthétiques. Cette deuxième
amélioration a été effectuée en prenant en compte la loi de traction réelle correspondant aux
armatures souples (Figure 7). Celle-ci est déduite d’essais de traction directs sur des bandes
synthétiques libres que nous avons effectués chez l’entreprise Terre Armée. Un complément à
cette loi a été mis en œuvre, en modifiant la loi de traction par l’introduction d’un seuil de
déformation initial 0 (Bourdeau et al., 1990). En effet, à cause de la souplesse des bandes et
de la non planéité de la surface sur laquelle elles sont mises en place, une déformation initiale
0 est permise sans reprise d’effort de traction ; ce qui correspond à un défaut de mise en place
initiale. 0 est déterminé par une méthode d’optimisation qui est détaillée dans la partie
concernant l’optimisation des paramètres.
0
= T/J + 0
Figure 7. Loi de traction modifiée d’une bande d’armature synthétique
102
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
La loi de traction déterminée par des essais de traction sur une bande synthétique libre
correspond à une courbe non linéaire approximée par une fonction polynomiale de degré 6
(T=a0+a1+ a22+ a33+ a44+ a55+ a66). Elle permet de reproduire correctement le
comportement de la bande pour des allongements compris entre 0 et 11,5 % (Figure 8). Les
valeurs des coefficients de la fonction polynomiale pour une ou deux bandes synthétiques sont
spécifiées dans le tableau 1 (Les coefficients a0 à a6 sont exprimés en kN et est exprimé en
%).
Figure 8. Lois de traction des bandes synthétiques approximées par des fonctions
polynomiales
d’où
dT ( x) d ( x )
= nan (x)n-1 . (21)
dx dx
103
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
L’introduction de 0 conduit à :
dT ( x) d ( x )
= nan ((x)- 0)n-1 . (23)
dx dx
Les courbes qui expriment les tractions en fonction des déformations : T= f() sont inversées
pour exprimer les déformations en fonction des tractions (=b0+b1T+ b2T 2+b3T3+b4T4+
d ( x ) dT ( x)
= nbn T(x)n-1 (25)
dx dx
L’introduction de 0 conduit à :
Lorsque U U final
*
d 2T ( x) 2bf i* v
d 2x
U i*
b T( x)
n
n
+0 (27)
n -1 2bf i v
*
d 2U ( x)
nb n T(x) U ( x)
d 2x U i*
2bf i* v
d 2U ( x)
d 2x
nb n a n ( ( x) 0 )
n
n -1
U i*
U ( x) (28)
et lorsque U U final
*
104
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
dT ( x)
2bf final
*
v (29)
dx
d 2U ( x)
nb n a n ( ( x) 0 ) n
n -1 *
2bf finalv (30)
d 2x
Les systèmes d’équations pour les déplacements et pour les tractions sont programmés sous
Matlab. Une résolution numérique est alors effectuée après définition des conditions aux
limites en queue d’armature (pour x=0, T(x)=0), des valeurs des paramètres invariants (f*final,
U*final, v, l et b) et les tractions ou les déplacements appliqués en tête d’armature. Les calculs
permettent de reproduire avec une meilleure précision les tractions et les déplacements à
chaque point x de l’armature. Comme dans le cas précédent, la précision de calcul est vérifiée
par l’estimation de l’erreur entre le résultat de la modélisation et le résultat expérimental.
L’analyse à l’aide des trois modélisations précédentes induit une optimisation de paramètres
permettant de simuler les essais expérimentaux avec la plus grande précision. Ces paramètres
sont précisés dans le tableau 2.
Une automatisation de l’optimisation a été implémentée sous Matlab. Le critère utilisé pour
estimer l’erreur entre le résultat de la modélisation et le résultat expérimental est le suivant :
E (u i calculé ui mesuré ) 2
Les paramètres retenus pour les lois d’ancrage sont ceux qui conduisent à la plus faible erreur.
Ils ont été calculés séparément pour chaque méthode de modélisation (M1, M2 et M3) et pour
les différents cas : armatures métalliques et géosynthétiques; mise en place d’une seule bande
et d’une paire de bandes géosynthétiques ; ancrage dans le sable fin et dans la grave,
différentes contraintes de confinement.
105
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
La confrontation des résultats de la modélisation par les trois méthodes (M1, M2 et M3) aux
résultats expérimentaux permet de mettre en évidence les phénomènes qui ne sont pas pris en
compte dans chaque modélisation et de valider la méthode la plus réaliste.
Dans le cas de la bande métallique, seule la première méthode M1 a été utilisée. Elle conduit à
une reproduction correcte du comportement en tête et à la queue de l’armature dans le sable
fin mais ne permet pas de simuler les non-linéarités (Figure 9 et 10).
30
Head tensile force (kN)
25
Traction en tête (kN)
20
15
M1
10 Experimental
5
0
0 10 20 30 40
Head displacement (mm)
Déplacement en tête (mm)
106
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Pour les bandes géosynthétiques, les trois méthodes (M1, M2 et M3) ont été utilisées. Les
résultats obtenus dans le cas d’extraction d’une paire de bandes géosynthétiques dans le sable
sous une contrainte de confinement de 80kPa, montrent que les différentes méthodes de
modélisation permettent de bien reproduire les tractions en tête en fonction des déplacements
en tête (Figures 11 à 13). Les courbes théoriques se superposent assez bien sur les courbes
expérimentales.
107
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
la modélisation M1 considère que l’armature est mobilisée sur toute sa longueur dès le
début des tractions en tête, ce qui conduit à un décalage entre la courbe expérimentale
et la courbe théorique (Figure 14).
108
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
Les résultats obtenus dans les autres cas de figure (mise en place d’une seule bande
géosynthétique, ancrage dans un sol grossier, confinement sous différentes contraintes)
conduisent aux mêmes conclusions. Ils montrent que les différentes méthodes de modélisation
permettent de bien reproduire le comportement en tête de l’armature mais seule la
modélisation M3 prend en compte la mobilisation progressive de l’armature et conduit à une
meilleure simulation du comportement en queue (voir Annexe 10).
Le calcul d’erreur entre les valeurs de déplacement simulées par les trois méthodes de
modélisation et celles mesurées dans les essais d’extraction en queue de l’armature (Tableau 3
et Annexe 11) confirme que la modélisation M1 est adaptée uniquement pour les armatures
109
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
La simulation de tous les essais par les différentes modélisations a permis de valider la
modélisation M3. Les paramètres d’interaction sol-structure ont été déterminés et validés pour
cette méthode et ont été généralisés pour différentes contraintes de confinement selon le type
de sol sable ou grave et selon le type de mise en place de l’armature une paire de bandes ou
une seule bande géosynthétiques (Abdelouhab et al. 2009).
U* v
Les valeurs de et sont précisées dans le tableau 5 pour les différentes courbes; v est la
contrainte de confinement en kPa.
110
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
111
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
(120 v )
f * f 0* f1* v
120 120
coefficient de frottement maximum à une profondeur de 6m (où v est égal environ à 120
kPa).
112
Chapitre 3 : Modélisation analytique du comportement en ancrage des armatures extensibles
dans le sable : 0 varie entre 0,3% et 0,45% dans le cas d’une bande synthétique, entre
0,3% et 0,6% dans le cas de deux bandes synthétiques et égale à zéro dans le cas de la
bande métallique.
dans la grave : 0 varie entre 0,3% et 0,5% dans le cas d’une bande synthétique, entre
0,25% et 0,7% dans le cas de deux bandes synthétiques et égale à zéro dans le cas de
la bande métallique.
5 CONCLUSION
La prise en compte d’une loi de traction réelle de l’armature combinée à une loi de frottement
qui est déduite de l’analyse des essais expérimentaux, a permis de déterminer des méthodes de
modélisation plus réalistes du comportement en extraction, d’une bande synthétique ancrée
dans le sol. En effet, trois approches de modélisation ont été mises en œuvre :
- La troisième modélisation (M3), prend en compte une loi de frottement de type racine et une
loi de traction réelle de l’armature synthétique. Une déformation initiale 0 est intégrée dans la
loi de traction afin de tenir compte du retard de mobilisation du renforcement synthétique.
La modélisation de tous les essais avec la troisième méthode (M3) a permis de simuler avec
précision le comportement des bandes synthétiques dans deux différents types de sols (sable
fin et sol grossier), pour différentes mises en place de l’armature (extraction d’une seule
bande ou d’une paire de bandes synthétiques) et sous différentes contraintes de confinement.
Cette modélisation a permis aussi de valider les nouveaux modèles (la loi de frottement de
type racine à l’interface sol/renforcement et la loi de traction réelle de l’armature prenant en
compte une déformation initiale 0) et de définir les paramètres d'interaction sol/ renforcement
pour ces nouvelles lois.
Ces résultats vont servir à alimenter une base de données utile à l’ingénieur. L’utilisation de
ces données permettra d’aboutir à l’aide de modélisations numériques à une meilleure
simulation et compréhension du comportement des murs en Terre Armée.
114
Chapitre 4 : Modélisation numérique
bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude
paramétrique
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
Sommaire
1. Introduction ................................................................................................................. 118
2. Eléments bibliographiques .......................................................................................... 119
2.1 Modélisation numériques des essais d‟extraction en cuve métalliques ................... 119
2.2 Modélisation de murs en sols renforcés .................................................................. 120
2.2.1 Modélisation tridimensionnelle............................................................................ 120
2.2.2 Modélisation bidimensionnelle ............................................................................ 121
3. Présentation du modèle numérique ............................................................................. 127
4. L‟outil de simulation numérique Flac ......................................................................... 129
5. Modèles constitutifs et paramètres géomécaniques de modélisation .......................... 129
5.1 Le sol ....................................................................................................................... 129
5.2 Les écailles en béton ................................................................................................ 131
5.3 L‟interface sol/écailles en béton .............................................................................. 132
5.4 Les armatures de renforcement................................................................................ 132
5.5 L‟interface sol/armature .......................................................................................... 134
6. Critères d‟analyse ........................................................................................................ 136
7. Résultats de la modélisation d‟un mur de référence.................................................... 137
7.1 Déformation et stabilité (ELS et ELU) .................................................................... 137
7.2 Ligne des tractions maximales ................................................................................ 138
7.3 Mode de rupture....................................................................................................... 138
8. Étude paramétrique ..................................................................................................... 139
8.1 Influence des paramètres de sol ............................................................................... 139
8.2 Influence des modèles de comportement................................................................. 141
8.2.1 Modèle hyperbolique de Duncan & Chang (D&C) ............................................. 141
8.2.2 Modèle CJS2 ........................................................................................................ 142
8.2.3 Comparaison entre les résultats des différents modèles de comportement ......... 143
8.3 Influence des paramètres de l‟armature ................................................................... 145
8.3.1 Type d‟armature ................................................................................................... 145
8.3.2 Le module élastique de l‟armature ....................................................................... 146
8.4 Influence des paramètres d‟interface sol/renforcement ........................................... 146
8.5 Influence de compactage du sol ............................................................................... 147
116
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
117
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
1. INTRODUCTION
Les études expérimentales présentent l'inconvénient du coût, du temps de conception et de
réalisation. Elles sont généralement axées sur la définition de nouveaux paramètres de
modélisation ou de dimensionnement due à l‟utilisation de nouveaux éléments de
renforcements, de nouveaux panneaux de revêtement, …etc. (Park et Tan 2005, Won et Kim
2007, Yoo et Kim 2008, Leshchinsky 2009, Abdelouhab et al. 2009). Les études analytiques
se limitent à définir de nouveaux modèles d'ancrage pour de nouveaux types de renforcement
(Ex. Bourdeau 1990, Wu 1991, Ling et al. 1992, Ballegeer 1993, Sobhi et Wu 1996, Dias et
al. 1998, Gurung et al. 1999, Koerner 2001, Racana et al. 2003, Sieira et al. 2009, Abdelouhab
et al. 2009). Par contre, la modélisation numérique, bidimensionnelle et tridimensionnelle par
différentes techniques (éléments finis, différences finies) permet d‟analyser la stabilité, la
déformation et l'influence de plusieurs paramètres en tout point du modèle dans un temps
raisonnable (Ex. Ho et Rowe 1994, Ling and Leshchinsky 2003; Hatami et Bathurst 2005 et
2006, Skinner et Rowe 2005; Al Hattamleh et Muhunthan 2006; Yoo et Song 2006; Bergado
et Teerawattanasuk 2008).
Afin de compléter les études analytiques et expérimentales (chapitre 2 et 3), une analyse
numérique bidimensionnelle est effectuée avec le code de calcul aux différences finies Flac
2D. Les paramètres déduits de la modélisation physique sont utilisés dans cette étude
numérique.
Dans une première partie de cette analyse, un mur de référence en Terre Armée renforcé par
des armatures synthétiques a été modélisé. Un processus de simulation et des paramètres
réalistes sont pris en compte dans ce modèle de référence. Le mur est construit en plusieurs
étapes en respectant les conditions réelles de réalisation. Les paramètres de référence des
bandes synthétiques et de l‟interface sol/armature sont validés par calage sur les essais
d‟extraction et les paramètres géomécaniques du sol sur des essais triaxiaux.
La deuxième partie de l‟étude numérique, consiste à analyser l'influence de plusieurs
paramètres sur le comportement des murs en Terre Armée. Cette analyse concerne les
paramètres de l‟interface sol/armature, les paramètres du sol renforcé, l‟utilisation de
nouvelles armatures synthétiques, la hauteur du mur et le modèle de comportement du sol.
Les critères utilisés dans cette étude sont la déformation (état limite de service «ELS») et la
stabilité (état limite ultime «ELU»).
118
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
2. ELEMENTS BIBLIOGRAPHIQUES
La modélisation numérique des ouvrages en Terre Armée a débuté dès les années 1970 par
des modèles simplifiés et sur des murs renforcés par des renforcements métalliques
inextensibles. Les premières modélisations ont été consacrées à la reproduction des résultats
expérimentaux. Puis, l‟évolution des méthodes numériques au fil des années a permis
d‟effectuer des analyses plus fines par l‟étude du comportement de ces structures et de
l‟influence de chaque élément et de leurs paramètres sur la stabilité et la sécurité. Cette
évolution permet aujourd‟hui d‟aborder un calcul tridimensionnel sans difficultés théoriques.
Néanmoins, la lourdeur et le coût élevé d‟un tel calcul limitent son utilisation.
Depuis l‟utilisation des armatures synthétiques, plusieurs modélisations numériques ont été
effectuées pour étudier l‟influence de l‟extensibilité des renforcements sur la stabilité et le
comportement des structures en sol renforcé.
Les simulations numériques d‟essais d‟extraction en laboratoire sont de plus en plus utilisées
afin de déterminer les paramètres à prendre en compte pour la modélisation d‟un mur réel
(Wilson-Fahmy et al, 1994; Yogarajah et Yeo, 1994; Perkins, 2001; Dias, 2003). Ces
simulations ont également pour but de vérifier les erreurs induites par l‟utilisation de valeurs
déterminées expérimentalement pour certains paramètres d'entrée.
119
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
des joints horizontaux entre les panneaux du parement. Cependant, plusieurs études
numériques (Ho et Rowe 1994, Hatami et de Bathurst 2006, Skinner et Rowe, 2005; Al
Hattamleh et Muhunthan 2006, Bergado et Teerawattanasuk 2008, Karpurapu and Bathurst
1995; Ho and Rowe 1996; Hatami et al. 2001; Ling and Leshchinsky 2003; Dias 2003.
Hatami and Bathurst 2005, 2006; Yoo and Song 2006) ont montré que de bons résultats
peuvent être obtenus à partir de la modélisation numérique bidimensionnelle et qu‟en dépit de
certaines simplifications effectuées généralement, ce type de modélisation permet d‟étudier et
de mettre en évidence l‟influence de plusieurs paramètres avec un coût et dans un temps qui
sont raisonnables.
important concernant les murs en Terre Armée a été pris en compte dans le modèle
numérique. Il s‟agit de la variation du coefficient de frottement apparent entre le sol et
l‟armature en fonction de la contrainte de confinement. Les résultats ont démontrés
que les murs à armatures courtes ont un comportement très proche des murs en Terre
Armée ordinaire dont la longueur des armatures est supérieure à 0,7 fois la hauteur du
mur. Ils diffèrent uniquement par la position de la ligne des tractions maximales qui
est légèrement plus proche du parement.
Ho et Rowe (1996) ont réalisé des simulations numériques par le code de calcul aux
éléments finis « AFENA ». Les paramètres géométriques étudiés comprenaient la
longueur de renforcement, le nombre de lits de renforcements, la distribution des
renforcements et de la hauteur du mur. Ces auteurs n‟ont pas pris en compte la
variation de la raideur de cisaillement et du frottement à l‟interface sol/armature en
fonction de la profondeur. Contrairement à Bastick (1983, 1987), Ces auteurs
concluent que le rapport entre la hauteur du renforcement et celle du mur est le
paramètre géométrique le plus important. Pour un rapport égal ou supérieur à 0,7 la
variation des contraintes normales dans le sol renforcé et de l‟effort de traction dans
l'armature est négligeable. Cependant, pour un rapport inférieur à 0,7 l'effet de la
poussée latérale derrière le massif renforcé devient important et augmente
considérablement l‟effort dans l'armature. Ils concluent aussi que pour une hauteur de
mur constante, l'utilisation d‟un nombre différent de lits de renforcement impliquera
généralement des contraintes de traction maximales similaires sur les renforcements si
la densité de la raideur de renforcement est la même.
La contradiction de ces résultats peut être liée à la différence des paramètres et des conditions
de modélisation. Par exemple, Ho et Rowe (1996) n‟ont pas pris en compte la variation du
frottement en fonction de la profondeur liée à la dilatance du sol, pourtant plusieurs études
expérimentales (Schlosser et Elias 1981, Alfaro et al. 1995, Lo S-C.R. 1998, Moraci et
Gioffre 2006, Abdelouhab et al 2009, …etc.) ont montré l‟influence de ce paramètre sur
l‟adhérence et la déformation des renforcements ainsi que sur la répartition des contraintes
entres les lits de renforcement.
D‟autres paramètres peuvent avoir une influence non négligeable sur les résultats de la
modélisation numérique. Bergado (2008) a montré que la géométrie et les dimensions du mur
122
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
modélisé peuvent avoir une influence plus ou moins importante sur les résultats de calcul. Cet
auteur a réalisé des simulations numériques bidimensionnelles et tridimensionnelles avec les
codes de calcul aux différences finies FLAC2D et FLAC3D. Deux modèles de sols renforcés
en taille réelle ont été étudiés, il s‟agit d‟un massif renforcé par des géogrilles en acier longues
et un massif renforcé par des treillis métalliques courts. Les résultats ont été comparés aux
données expérimentales. L‟auteur conclut que le comportement du mur réel renforcé par les
géogrilles longues est proche des résultats de la simulation numérique bidimensionnelle. Par
contre, le comportement réel du sol renforcé par les treillis métalliques courts correspond plus
aux résultats des simulations numériques tridimensionnelles.
123
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
sont assez proches des résultats de mesures expérimentales à la fin de la construction et aux
différents niveaux de chargement. La Figure 1 montre par exemple, que les trois modèles
donnent des résultats quasi-similaires pour les contraintes de traction en tête des armatures.
Toutefois, le modèle de Duncan-Chang modifié est un bon compromis entre la précision des
résultats et la disponibilité des paramètres issus d'essais triaxiaux.
Mesures Duncan-Chang
Lade Mohr-Coulomb
(Mur 1) (Mur 2)
Hauteur (m)
Hauteur (m)
Les auteurs concluent que l‟utilisation d‟un modèle de comportement de sol simpliste tel que
Mohr-Coulomb est suffisant pour reproduire le comportement des murs en sol renforcé à
condition de modéliser correctement les différents éléments du mur. Les niveaux de
déformation dans les murs étudiés sont de petite taille et restent dans le domaine élastique. Ce
qui explique la conformité des résultats malgré l‟utilisation de trois modèles de comportement
différents. Pour une modélisation correcte, la déformation maximale des renforcements ne
doit pas dépasser 3% pour éviter un important développement de zones de plastification dans
le sol. Ces auteurs indiquent qu‟un modèle de type élasto-plastique de Mohr-Coulomb est
suffisamment précis pour simuler le comportement en état de service d‟un mur comportant
une façade rigide construit sur une fondation rigide. Le modèle de Lade est très intéressant car
il prend en compte un large champ de déformation de sol. Toutefois, il requiert neuf
paramètres de plasticité dont la plupart n'ont pas de signification physique évidente et ne
125
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
peuvent pas être déterminés expérimentalement. Cette étude a conduit aux mêmes résultats
que ceux présentés par Ling (2003) et Hatami et Bathurst (2005, 2006). Ces différents auteurs
concluent que la nécessité de modèles de comportement complexes n‟est pas justifiée si les
résultats des simulations numériques par de modèles plus simples sont compatibles avec les
résultats physiques.
126
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
Hyperbolique
Plasticité généralisée
Mesures
Hauteur du mur (m)
Hauteur du remblai
La forme cruciforme des panneaux (Figure 4a), conduit à une géométrie complexe de la
façade du mur. Cette géométrie tridimensionnelle est réduite à deux dimensions en utilisant
quelques simplifications. Deux panneaux sont considérés comme largeur de calcul (4 bandes
de renforcement sont mis en place pour chaque panneau). Les panneaux sont modélisés
comme des plaques carrés de 1,5 m sur 1,5 m. Une densité homogène des renforcements est
alors utilisée (Figure 4b).
127
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
4m
4
m
Remblai renforcé
Écaille en béton
6m6
Remblai général
m
Renforcements
Fondation
Sol de fondation
5.1 Le sol
Le modèle est constitué de trois sols différents (Figure 4) dont les caractéristiques figurent
dans le Tableau 1:
129
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
• remblai renforcé : simulé par du sable fin uniforme, connu sous le nom de sable
d‟Hostun RF (Gay, 2000 ; Flavigny et al., 1990) ;
• remblai général ;
• Le sol de fondation ;
Le modèle de comportement utilisé pour simuler le remblai renforcé et le remblai général est
un modèle linéaire élastique parfaitement plastique avec le critère de plasticité de Mohr-
Coulomb (nommé MC dans cette étude).
Ce modèle de comportement est caractérisé par cinq paramètres: les paramètres élastiques (E:
module d'Young, : le coefficient de Poisson) et les paramètres plastiques ( : angle de
frottement, c: la cohésion, et : angle de dilatance). Des essais triaxiaux effectués en
laboratoire sur le sable d‟Hostun ont permis de définir par calage les paramètres de ce modèle
de comportement. Les contraintes de confinement prises en compte sont de : 30 kPa, 60 kPa
et 90 kPa (Figures 5 et 6).
Pour le sol de fondation, un modèle de comportement élastique linéaire est utilisé. Ce modèle
est caractérisé par deux paramètres élastiques (E: module d‟Young et : coefficient de
Poisson).
130
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
131
Chapitre 4 : Modélisation numérique bidimensionnelle de murs en Terre Armée : étude paramétrique
Afin de reproduire la flexibilité d‟un mur réel, les poutres sont reliées verticalement, par des
rotules. De plus, dans la structure réelle, des joints élastomères sont insérés entre les panneaux
afin d‟assurer le bon espacement. Ils empêchent les panneaux d'avoir des points de contact et
évitent l'effritement du béton. Ce joint élastomère est pris en compte dans la modélisation
numérique en réduisant artificiellement la section de la poutre, mais en conservant son moment
d‟inertie réel.