LE COMPAS MAGNETIQUE

Structure du compas
Le compas se compose de trois parties :
- La rose.
- La cuvette.
- L’habitacle.
La rose des vents a longtemps été divisée en 360°graduations

La rose :
La rose est posée avec sa chape sur un pivot fixé à la cuvette. Dans les compas liquides, le poids apparent de la
rose est réglable à l’aide d’un flotteur. Ce poids est d’environ 7gr. De façon à réduire au minimum l’usure sur le
pivot.
Sous le disque sont fixées une ou plusieurs aiguilles aimantées disposées symétriquement de telle sorte qu’elles
équivalent à un aimant central dont l’axe N-S passe par le centre de la rose.

Pour augmenter la stabilité de la rose, on la plonge dans un liquide composé de 30% d’alcool et 70% d’eau
distillée (point de congélation très bas). Sur les bateaux à moteur ce liquide est différent, plus huileux pour
compenser les vibrations,

La cuvette :
C’est le boîtier cylindrique qui contient la rose montée sur un pivot. Elle est montée à la cardan dans la partie
haute de l’habitacle, pour maintenir le pivot vertical malgré les mouvements du navire.
Tous les composants, excepté l’aimant, doivent être parfaitement amagnétiques.
Elle est pourvue d’une ligne de foi. Le centre de la rose et la ligne de foi doivent indiquer une direction
parallèle à l’axe longitudinale du navire.

L’habitacle :
C’est un "fût" en bois ou en matériau amagnétique qui supporte la cuvette et qui sert à recevoir les aimants
correcteurs.

Principe de l’aiguille aimantée :

Un aimant est un morceau de matériau qui à la propriété soit naturelle, soit acquise artificiellement, d’attirer ou
de repousser d’autres aimants ou de s’orienter en leur présence. L’aimant exerce une force à distance semblable
à la force gravitationnelle. On appelle champ magnétique la propriété d’une région de l’espace ou un aimant
prend une position d’équilibre bien déterminée. L’attraction ou la répulsion magnétique apparaissent localisées
près de chaque extrémité d’un aimant de forme allongée, que l’on nomme pôle, mais dont les limites sont assez
définies. Sur la terre, on doit plutôt parler de régions polaires magnétique.

Le magnétisme terrestre
Les observations et les expériences montrent que le champ magnétique terrestre a une configuration a peu près
similaire à celui d’une sphère uniformément aimantée. On peut donc considéré la terre comme une gigantesque
sphère ayant un dipôle magnétique en son centre. Malheureusement l’axe des pôles ne coïncide pas avec l’axe
de rotation de la terre de telle sorte que les pôles magnétiques et géographiques ne sont pas situés au même
endroit.
On suppose donc, que les lignes de forces entourent la terre à sa surface. Les lignes de force entrent par le pôle
magnétique nord et sortent par le pôle magnétique sud.
A mi-distance entre les pôles nord et sud magnétique les lignes de forces sont horizontales à la surface de la
terre. A tous les autres endroits à la surface de la terre les lignes de force font un angle avec le plan horizontale
du lieu, cet angle est appelé l’inclinaison magnétique.
L’intensité de la force magnétique terrestre n’est pas la même partout. Cette intensité est en général plus forte
prés des pôles (mais pas aux pôles). Il y’a deux endroits dans l’hémisphère nord et un seul dans l’hémisphère
sud ou la force magnétique est maximum. Ces endroits sont appelés les foyers magnétique dont les positions
estimatives sont : Lat : 67° 30’S, Long : 140°E / Lat : 62°N , Long :108°E / Lat : 59°N Long : 94°W

Une aiguille magnétique ayant 2 degrés de liberté (azimut et inclinaison) tendra à trouver sa position d’équilibre
parallèlement à la ligne de champ magnétique de cet endroit. Le plan vertical passant par le cette ligne de force
est le plan du méridien magnétique à cet endroit. L’équateur magnétique est défini comme étant la ligne ou
l’inclinaison magnétique est nulle, on l’appelle aussi la ligne aclinique. Vu les pôles magnétiques ne sont pas
diamétralement opposés, l’équateur magnétique n’est pas un grand cercle. L’équateur magnétique se situe
néanmoins près de l’équateur géographique. Il coupe ce dernier du sud au nord à la longitude 31°W, atteint un
max de 10°N en Afrique centrale , coupe l’équateur du nord au sud a la longitude 167°W pour atteindre un max
de 13°S en Amérique latine.
La force magnétique totale terrestre T peut être décomposée en une force magnétique horizontale H et une force
magnétique verticale Z. la direction de H est la direction du méridien magnétique. L’angle entre le méridien
magnétique et géographique en un endroit est appelé Déclinaison magnétique, elle est Est si la pointe de
l’aiguille aimantée se dirige à l’est du méridien vrai, et ouest quand elle se dirige vers l’ouest.
On peut dire qu’on a besoin d’un minimum de trois paramètres pour décrire complètement le champ
magnétique terrestre ; ce sont : la Déclinaison, l’inclinaison et l’intensité du champ.

A bord d’un navire les aiguilles aimantées fixées à la rose d’un compas magnétique sont soumises à l’action du
champ magnétique terrestre et à l’action du champ perturbateur crée par les masses ferromagnétiques du bord.
Classiquement des derniers sont divisés en deux groupes :
Les fers durs : sont chimiquement impurs, ce sont les fers dont l’aimantation est permanente.
Les fers doux: ce sont des fers qui ne peuvent pas conserver leur magnétisme lorsqu’ils ne sont plus dans le
champ inducteur. Il s’ensuit que l’orientation et l’intensité de leur champ est fonction de l’orientation et de
l’intensité du champ inducteur. Ces fers subissent l’action du champ magnétique terrestre et le champ crée par
l’action des fers durs
En général, un navire est construit en majeure partie d’acier doux. En fait, Ce matériau ne peut être considéré
comme magnétiquement dur ou doux. Cependant, certains domaines d’atomes de l’acier agissent comme des
fers durs tandis que d’autres agissent comme des fers doux. Pour corriger la déviation du compas, on traite les
fers durs avec des aimants permanents et les fers doux avec d’autres fers doux.
L’aiguille aimantée du compas sont soumis à l’action du Champ magnétique terrestre, l’action du champ
magnétique des aimants permanent (fers durs) et celui des aimants variables (fers doux) qui sont fonction du
cap et la variation du champ magnétique. Ainsi l’aiguille prend une certaine direction et pourra être inclinée
vers le haut ou vers le bas. Le vecteur est décomposé en un vecteur vertical qui n’a pas d’influence par rapport a
l’azimut et en un vecteur horizontal qui nous intéresse pour situer la direction du nord, ce dernier peut lui-même
être décomposé en un vecteur longitudinal et un vecteur transversal par rapport au navire.

Actions des différents champs magnétiques :

Le champ magnétique terrestre : il agit sur l’aiguille aimanté et sur les fers doux du navire pour les rendre en
aimants.
Aimant permanents (fers durs)
Le vecteur horizontal des aimants permanents se décompose en vecteur longitudinal P et en vecteur transversal
Q,

Aimant permanent du navire :

Le vecteur inducteur magnétique β généré au centre de la rose par cet aimant permanent peut se décomposer
en un vecteur vertical βV d’actions nulles et deux vecteurs horizontaux, l’un transversal Q, l’autre longitudinal
P dont la résultante est βH.

L’action de P
Lorsque le cap du navire est le nord magnétique, la composante P n’induit aucune déviation, son action est
parallèle a celle du champ magnétique terrestre. Elle peut simplement le renfoncer ou la diminuer, il en est de
même lorsque le navire fait cap au sud magnétique
Lorsque le cap du navire est à l’est ou l’ouest magnétique, la composante P est perpendiculaire au champ
magnétique terrestre. La déviation induite est maximale.
On peut résumer ceci sur une courbe donnant la déviation induite par la composante P pour tous les caps
magnétiques. Cette courbe est de type semi-circulaire sous la forme

dP = k1 sin Cm
d
Nm
d=o

Nm Em Sm Wm
d=max d=max Cm

Wm Em

Action de la composante P
d=o
SW
Action de Q :
De même pour la composante Q, la déviation induite est nulle lorsque le navire est cap a l’est ou a l’ouest
magnétique, parce qu’elle est alors parallèle au champ magnétique terrestre et maximale lorsque le navire est
cap au nord ou au sud magnétique. La courbe de déviation due à la composante Q est aussi de type semi-
circulaire sous la forme.
dQ = k2 Cos Cm
Nm
d

d=max Cm
Nm Em Sm Wm
d=o

Wm Em

d=o

d=max

Action de la composante Q

Sw

Aimants temporaires :

Ils naissent au sein des fers doux sous l’action du champ magnétique terrestre. Avec la décomposition
précédente de ce champ magnétique en une composante verticale et deux composantes horizontales, on peut
admettre que trois aimants créeront leur propre champ magnétique caractérisé au centre de la rose par un
vecteur d’induction magnétique décomposable en une composante verticale et deux composantes horizontales.

Aimant temporaire vertical :

Si l’aimant fictif est situé dans l’axe longitudinal de la rose, le vecteur d’induction magnétique au centre de la
rose se décompose en une composante verticale et une composante horizontale. La composante verticale n’aura
aucune action sur la rose. La déviation induite par la composante longitudinale sera nulle lorsque le navire sera
au cap au nord ou au sud magnétique et maximale lorsque le navire sera au cap à l’est ou a l’ouest magnétique.
La courbe de déviation est ici aussi est de type semi-circulaire et :

d3 = k3 Sin Cm
Lorsque l’aimant n’est pas situé dans l’axe longitudinal de la rose, il se crée en plus une composante
transversale. Cette composante entraine une déviation qui sera nulle lorsque le navire sera cap à l’est ou a
l’ouest magnétique et maximale lorsque le navire sera cap au nord ou au sud magnétique. La courbe de
déviation est de type semi-circulaire.
d4 = k4 cos Cm

Aimant temporaire longitudinal

Si l’aimant fictif passe par l’axe longitudinal de la rose, le vecteur d’induction peut se décomposer en deux
composante : une horizontale longitudinale, l’autre verticale ; cette dernière n’ayant plus d’action que les autres
composantes verticales.
Pour comprendre l’action de cet aimant il ne faut pas oublier qu’il est créé par le champ magnétique terrestre.
On démontre que le magnétisme induit dans un barreau de fer doux soumis a un champ magnétique permanent
est au maximum lorsque le barreau est parallèle aux lignes de champ et nul lorsqu’il est perpendiculaire aux
lignes de champ.
Aimantation maximale Aimantation nulle

Aimantation d’un barreau de fer doux

Cette constations appliquée au barreau de fer doux longitudinal entraine la conséquence suivante : cap a l’est ou
a l’ouest magnétique, l’aimantation du barreau longitudinal est nulle, la déviation induite est nulle. En faisant
un tour d’horizon on constate que : cap au nord ou au sud magnétique, la déviation est nulle parce que le
vecteur a même direction que le champ magnétique terrestre, que cap a l’est ou a l’ouest magnétique la
déviation est nulle parce que l’aimantation du barreau est nulle, que pour un cap intercardinal la déviation est
maximale. La courbe de déviation est de forme quadrantale.

d5 = k5 Sin 2 Cm
d

090 225 270

0 045
135 180 315
Cm Action des fers doux longitudinaux

Aimant temporaire transversal

En s’appuyant sur les mêmes données que pour l’aimant longitudinal, les conclusions suivantes peuvent être
écrites : déviation nulle cap au nord ou au sud magnétique parce que l’aimantation du barreau transversal est
nulle, déviation nulle cap a l’est ou a l’ouest magnétique parce que le vecteur d’induction est parallèle aux
lignes de champ terrestre, déviation maximales aux caps intercardinaux. On obtient à nouveau une courbe de
déviation quadrantale :
d6 = k6 Sin 2Cm
Remarque :
On montre d’autre part que lorsque les aimants temporaires horizontaux sont excentrés par rapport aux axes
longitudinaux et transversaux de la rose une déviation supplémentaire apparait :

d7 = A + E Cos 2Cm
A et E sont des coefficients toujours très faibles

Récapitulatif
On constate que les déviations partielles sont soit constantes, soit semi-circulaire sinusoïdales, soit semi-
circulaires cosinusoidales, soit quadrantales sinusoidales, soit quadrantales cosinusoidales. En admettent que la
déviation totale est la somme de déviation partielles, elle peut être écrite sous la forme :

d= A+ B sinCm + C cosCm + D sin2Cm + E cos2Cm

- A est créé par les fers doux horizontaux (toujours tres faible)
- B = (K1 + K3) est créé par les fers durs longitudinaux et les fers doux verticaux.
- C = (K2 + K4) est créé par les fers durs transversaux et les fers doux verticaux (K4 est en général très
faible)
- D = (K5 + K6) est créé par les fers doux horizontaux
- E = est créé par les fers doux horizontaux (toujours très faible)

A signaler que dans ce qui précède est présenté avec une gite nulle du navire.

La compensation
· Objectif : Diminuer la valeur de la déviation d due aux fers du navire.
· Condition de réalisation : à réaliser si la déviation devient supérieure à 5°.
· Principe
En plaçant des aimants (longitudinaux et transversaux) et des pièces de fer doux (sphère de compensation,
barreau de Flinders) à proximité des aiguilles aimantées du compas, on tente de créer un champ égal et opposé
au champ magnétique propre au navire : on compense le champ magnétique du navire.
Connaissant le Cv du navire on tente de faire rapprocher le Cv du Cc.

Le Cap vrai de l’objet peut être déterminé en utilisant :

- le compas gyroscopique,
- des alignements,
- les relèvements d’amers éloignés,
- les relèvements d’un astre de faible hauteur (soleil le matin ou le soir, planètes, …),
- les relèvements réciproques.

La compensation n’étant jamais parfaite, il reste toujours une déviation résiduelle ; on détermine alors la
déviation en fonction du cap en faisant l’opération de régulation.

La valeur du champ magnétique terrestre (et donc de D) étant variable dans le temps et l’espace, la
compensation n’est valable que pour une région donnée et pour un laps de temps défini : un compas n’est
jamais compensé pour tout lieu et pour toujours !

Procédure

Préliminaires :
· Vérifier que les personnes amenées à se tenir près du compas ont vidé leurs poches de tout objet susceptible
de créer un champ perturbateur (téléphone portable, montre, trousseau de clefs, couteau) ;
· Vérifier que l’ensemble des équipements habituels est à poste ;
· Démarrer tous les équipements électriques ;
· Disposer les sphères à mi-course.

1. Venir cap au Nm et annuler la déviation à l’aide des aimants transversaux ou les barreaux de Flinders ;
2. Venir cap à l’Em et annuler déviation à l’aide des aimants longitudinaux ;
3. Venir cap au Sm et réduire d de moitié à l’aide des aimants transversaux ;
4. Venir cap à l’Wm et réduire d de moitié à l’aide des aimants longitudinaux ;
5. Venir cap au NWm et annuler la déviation à l’aide des sphères transversales ;
6. Venir cap au Nm et annuler la déviation à l’aide des aimants transversaux ;
7. Venir cap au NEm et réduire d à l’aide des sphères transversales ;
8. Venir cap au Em et annuler déviation à l’aide des aimants longitudinaux.

On peut effectuer la régulation en route ou en station fixe (sur coffre, évitage).

La régulation

Objectif : Déterminer la courbe de déviations c’est à dire définir la déviation en fonction du cap compas ou cap
Magnétique.

Condition de réalisation : à réaliser à chaque changement de région de navigation si d< 5° (sinon réaliser
d’abord l’opération de compensation

Principe :
Le navire suit un cap au compas Cc, on note à un instant donné la valeur Zc du relèvement au compas d’un
objet. Connaissant la déclinaison magnétique le relèvement vrai de cet amer on en déduit d= Zv-Zc-D.
On réalise cette opération en faisant évoluer le Cc de 20 en 20° environ

La valeur du champ magnétique terrestre (et donc de D) étant variable dans le temps et l’espace, la régulation
n’est valable que pour une région donnée et pour un laps de temps fini.
On peut effectuer la régulation en route ou en station fixe (sur coffre, amer à une distance supérieure à plus de
120 fois le cercle d’évitage afin que l’écart entre relèvements soit toujours inférieur à ½°)

Procédure
1. Venir à un cap compas quelconque
2. Relever l’amer (astre, alignement…) noter son relèvement vrai et noter l’indication compas Zc
3. Calculer la déviation d= Zv-Zc-D
4. Venir au cap suivant + 20° et répéter les opérations précédentes.
5. Réaliser la courbe de déviation.

Pour éviter les problèmes de traînage magnétiques, il faut :

- Soit conserver le cap pendant 10 à 15min

- Soit effectuer deux tours d’horizon de sens contraire et définir la déviation comme la moyenne des
déviations mesurées dans les deux sens
- En outre il ne faut pas procéder à la régulation après un long séjour à quai (aimantation induite).
Les différents types de régulation

- Régulation par relèvements d’amer éloigné

On connaît avec précision sa position (GPS, arc capable, point par deux alignements…).
Amer à 5 ou 6 M minimum.
On détermine le Zv à partir de la carte.

- Régulation par relèvements d’un astre

On relève l’azimut Zc d’un astre peu élevé sur l’horizon et l’on note l’heure.
A partir de l’heure et d’une éphéméride, on détermine les coordonnées horaires de l’astre et l’on en déduit son
azimut vrai.
La régulation par relèvement d’un astre a l’avantage de ne nécessiter ni de connaître précisément sa position ni
d’être en vue des côtes.

- Régulation par franchissement d’un alignement

Au moment ou l’on franchit un alignement, c’est à dire ou deux amers sont confondus en direction, l’on note le
relèvement Zc.
A partir de la carte on détermine Zv.

- Régulation par compas gyroscopique

On relève le cap compas Cc et le cap gyro Cg au même moment.

On a Cv = Cg + Wg.
Connaissant la variation gyroscopique Wg, et la déclinaison, on en déduit d= Cv-Cc-D= Cg+Wg-D.
L’erreur de route ou variation du compas gyroscopique est donnée par la relation :
V : vitesse du navire
Cv : cap vrai du navire
φ: latitude du navire
A remarquer qu’un changement rapide de route et de vitesse du navire entraîne une erreur momentanée du
gyrocompas qui peut atteindre 2 à 3°.