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Choix d’investissement en avenir incertain

L’évaluation des investissements se fait en t=0, sur la base d’événements situés dans le
futur incertain. Le risque c’est de ne pas réaliser les résultats attendus. On mesure le risque à
travers la variabilité des résultats et la possibilité des pertes. Tout investissement est risqué car
les cash flows qu’on utilise pour l’évaluation des projets sont incertains (recettes incertaines –
dépenses incertaines). Les investisseurs sont en face d’un avenir risqué par ce qu’il est
incertain. Cependant, dans la plupart des cas les investisseurs, plus ou moins informés,
peuvent affecter des probabilités aux évènements futurs susceptibles de se réaliser. Cette
probabilité correspond à la chance qu’a l’événement de se dérouler en dépit des autres. Ce cas
de figure est dit avenir incertain probabiliste.

Pour résoudre le problème, on choisit des critères de choix d’investissement en


situation d’incertitude comme les tests de sensibilité, la simulation, le taux d’actualisation
ajusté, équivalent certain, l’E(VAN) et la Var(VAN), l’espérance d’utilité… généralement les
critères de choix sont divergents.
Les approches non probabilistes
Le critère de Laplace: Selon ce critère, les états de nature sont équiprobables. On choisit la
solution qui maximise la moyenne.
Le critère de Wald: Ce critère privilégie l’attitude la plus prudente. La décision retenue est
celle offrant le résultat minimum le plus élevé.
Le critère de Maxmar: Ce critère privilégie l’attitude la plus risquée ou la plus optimiste. La
décision retenue est celle offrant le résultat maximum le plus élevé.
Le critère d’Hurwicz: Ce critère permet de relativiser la prise de décision. On recommande à
ce niveau de pondérer les résultats probables selon des coefficients reflétant le degré
d’optimisme et de pessimisme du décideur.
Le critère de Savage Ce critère privilégie la prudence. On recommande pour chaque état de
nature de calculer le regret qui correspond à la différence entre le cas favorable et le cas
particulier. On retient la décision présentant le regret maximum le plus faible.
Exemple
Soient les trois capacités de production A, B et C pouvant donner les résultats suivants :
1 2 3 4
A -50 -20 0 100
B -80 -10 50 110
C -110 -30 80 150
1- Quel est la décision retenue ?

1
2- Si dans le cas précédent le degré de pessimisme ou de prudence est de 60%, que choisira
l’investisseur ?
Les critères de mesure de la rentabilité
Les critères de sensibilité
Cette méthode consiste à mesurer l’effet de certaines variables considérées importantes
sur la rentabilité du projet. Très souvent cette approche consiste à faire varier un seul
paramètre, les autres restent constants pour isoler l’effet de la variation du paramètre en
question tout seul. Généralement les projets sont très sensibles à la variation du chiffre
d’affaires. Cette méthode est très utilisée en pratique.
Exemple
Soit une entreprise qui désire améliorer son produit par un projet de modernisation.
I=500 000, n=5ans, les charges fixes d’exploitations annuelles s’élèvent à 114 000D dont
35 000 constituent des dotations aux amortissements. La marge sur coût variables= P-
V=8D/unité vendue.
Les études de marché préalablement réalisées suggèrent que la taille de marché est estimée
égale à 100.000 unités, elle constante dans le temps et que la part de marché de l’entreprise
peut prendre 3 valeurs possibles : 30%, 35% ou 40%. T=35% et k=14%.
Le taux d’actualisation ajusté.
Il consiste à ajuster le taux d’actualisation en situation de certitude par l’adjonction d’une
prime de risque (p). Dans ce cas, il faut tenir compte du risque. On utilise le taux
d’actualisation ajusté k’= (k+p).
Ainsi l’incorporation du facteur risque de la décision d’investissement se fera à travers
un taux d’actualisation plus élevé lorsque les projets présentent des risques différents et
grands par rapport à l’activité antérieure de l’entreprise. Notons que la prime de risque est
différente d’un individu à un autre pour le même projet et pour deux projets différents, les
primes de risque peuvent être différentes pour le même individu.
L’équivalent certain
L’équivalent certain d’un jeu c’est le montant d’un revenu certain auquel on serait
d’accord de céder les droits de participer au jeu. Cette méthode Cette méthode repose sur le
notion de l’indifférence. Elle transforme un cash flow incertain en son équivalent certain en
utilisant des coefficients d’équivalence.
n
VAN   p Cp (1  k) - p  I 0
p 1 p

p, Cp : certain de Cp (incertain)

2
Les p: des coefficients d’équivalence dépendent de l’investisseur. Ils reflètent les attitudes et
les préférences de l’investisseur vis à vis du risque.
Exemple :

Année 0 1 2 3 4 5

CFN espéré -40 000 1 000 1 000 1 000 1 000 1 000

Coefficient d’équivalence p 1 0.7 0.6 0.5 0.4 0.3

Les approches probabilistes (Espérance et variance de la VAN)


Soit un projet ayant les caractéristiques suivantes :
I0 : investissement initial
C1, C2,………….Cn: flux aléatoires.
On a E(C1), E(C2), ………….E(Cn).
Critère de la rentabilité
E(VAN) : rentabilité espérée du projet.

C1 C2 Cn
E (VAN )  E ( )  E( )  .......  E ( )  E(I0 )
(1  k ) (1  k ) 2
(1  k ) n

n Cp
E (VAN )   E ( )I
p 0 (1  k ) p

Dans le cas d’un seul projet, si E(VAN)>0, le projet est rentable.

Dans le cas de plusieurs projets, on choisit le projet ayant E(VAN) la plus élevée.

Critère du risque : variance de la VAN


Concernant les critères qui se basent sur le risque on peut citer la Var(VAN) ou encore
(VAN). Plus la variance est élevée plus le projet est risqué

C1 C2 Cn C
VAR (VAN )  var( I 0 )  var( )  var( )  .......  var( )  2 cov( I 0 , 1 ) 
(1  k ) (1  k ) 2
(1  k ) n
1 k
C2 Cn C2 Cn
2 cov( I 0 , )  2 cov( I , )  2 cov(C , )  .......... .......... ..........  2 cov(C  , )
(1  k ) 2 (1  k ) (1  k ) 2 (1  k ) n
0 n 1 n 1

n
var p n Cp C p'
VAR (VAN )    2  cov( , )
p  0 (1  k ) (1  k ) (1  k ) p '
2p p ' p p
p 0
n n
var p 1 1
VAR (VAN )    2  ( )( cov(C p , C p ' )
p  0 (1  k ) (1  k ) (1  k ) p '
2p p ' p p
p 0

3
Cov (Cp, Cp’) =pp’pp’

n
var p n p  p'
VAR (VAN )    2 ( )(  p p'
p 0 (1  k ) (1  k ) p (1  k ) p '
2p p ' p
p 0

si les flux sont indépendants alors

n
var p
VAR (VAN )   (1  k ) 2p
Si les flux sont positivement et parfaitement corrélés p 0

n
p
 (VAN )  
p 0 (1  k) p

𝜎𝑉𝐴𝑁
Le coefficient de variation : CV=𝐸(𝑉𝐴𝑁) . Plus le CV est élevé plus le projet est risqué.

Prob (VAN<0) : plus la probabilité est élevée plus le projet est risqué.

La règle de décision : si les critères sont divergents, si l’investisseur est averse au risque on
adopte les critères se basant sur la minimisation du risque. Si l’investisseur préfère le risque
on se base sur les critères maximisant la rentabilité.

Exemple: Soit un projet I0=20 00D, durée 2 ans, t=6%.

Année 1 Année 2
CFN Pi CFN Pi
10 000 0.3 12 000 0.25
15 000 0.4 16 000 0.5
20 000 0.3 20 000 0.25
Calculer la Van Espérée ainsi que le risque des projets.

L’arbre de décision
L’arbre de décision est une représentation graphique permettant de visualiser
l’ensemble des opportunités d’une décision. On utilise souvent les arbres de décision dans le
cas de choix d’investissement séquentiel. Le nœud décisionnel est représenté par un carré
alors que le nœud événementiel par un cercle.
Exemple

Probabilité CF1 Probabilité CF2

0.3 6300 0.4 5200

4
0.3 6600

0.3 7400

0.6 6500 0.3 5500

0.3 6600

0.4 7700

0.1 6700 0.2 6600

0.5 7700

0.3 8800
Avec CFi le Cash Flow de l’année i et l’investissement initial est de 7600. Représenter les différents
états de nature par un arbre de décision et calculer les différentes probabilités liées

Calculer la valeur actuelle espérée ainsi que la variance

Rationalité et fonction d'utilité


Von Neumann et Morgenstern (1944) démontrèrent que tout individu obéissant à quelques
axiomes de rationalité cherche à maximiser, non pas l’espérance de sa richesse, mais
l'espérance de l'utilité de celle-ci. La fonction d'utilité U(.) traduit les préférences de chaque
individu, lui est spécifique, et dépend notamment de sa richesse initiale au moment de la
décision et de son aversion au risque. La fonction d'utilité sert à comparer l'utilité retirée de
différentes alternatives risquées et cerner l'attitude face au risque qu'un individu peut manifester.
En effet, l’investisseur est supposé avoir les deux comportements suivants :

- maximiser sa richesse; plus de richesse est préféré à moins de richesse.


- minimiser le risque; pour un même gain espéré, on préfère l’alternative la moins risquée.
Les axiomes de la rationalité des investisseurs
L'axiome de la complétude: Selon cet axiome, l’agent peut toujours comparer entre deux
loteries. Il est toujours capable d'exprimer un ordre de préférence entre deux loteries.

Soit L l'ensemble de toutes les loteries, pour toute l1 et l2 deux loteries appartenant à L on a
:soit l1≈l2 ou bien l1 ≻ l2 ou l1 ≺ l2. On lit respectivement l'agent est indifférent entre l1 ou
bien 11 est préférée à l2 ou l2 est préférée à l1.

L'axiome de la transitivité ou aussi de la cohérence: Si un investisseur affirme qu'il préfère


l1 à l2 et l2 à l3 alors il ne peut que préférer l1 à l3.

Quelle que soient les trois loteries l1, l2 et l3 appartenant à L on a :

si l1≻l2 et l2≻l3 alors l1≻l3

si l1≈ et l2≈l3 alors l1≈l3

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Axiome de l'indépendance forte: Si on combine des loteries entre elles par tirages aléatoires
indépendants alors l'ordre de préférence est préservé.

Quelle que soient l1, l2 et l3 appartenant à L on a :

Si l1≈l2 alors pour toute loterie l3 et tout réel α appartenant à [0,1] on a αl1+(1-α)l3≈ αl2+(1-α)l3

Axiome de la continuité ou de la mesurabilité: Cet axiome est considéré comme technique


ou comme une version de la continuité des combinaisons convexes des loterie c'est à dire si
l1≻l2 et l2≻l3 alors il existe une seule combinaison convexe des deux loteries extrêmes (l1 et
l3) qui rende l'investisseur indifférent entre cette dernière et la loterie intermédiaire (l2).
quelles que soient l1, l2 et l3 appartenant à L on a

si l1≻l2 et l2≻l3 ou si l1≻l2 et l2≽l3 alors il existe un réel unique α tel que l2≈αl1+(1-α)l3.

Axiome du classement: Il permet d'établir une correspondance entre l'ensemble des réels et
l'ensemble des loteries.

Quelle que soient l1, l2 , l3 et l4 appartenant à L

si l1≽l2≽l3 et si l1≽l4≽l3

α1 l'unique réel dans [0,1] tel que l2 ≈ α1l1+(1-α1)l3

α2 l'unique réel dans [0,1] tel que l4 ≈ α2l1+(1-α2)l3

alors α1 > α2 l2≻l4

et que si α1 = α2 l2≈ l4

Hypothèse (H) : Un individu préfère toujours plus à moins de richesse.

2. Le Théorème de la représentation
Soit L l'ensemble des loteries, une relation de préférence ≻ qui satisfait aux axiomes 1 à 5.
L'hypothèse H admet une représentation numérique (fonction) F définie de L dans R tel que
l1≻l2 équivaut F(l1) >F(l2).

La fonction F est l'espérance de l'utilité, elle est unique, à transformation affine strictement
croissante cela signifie que G=a×F+b (a>0) est également une représentation de la relation des
préférences.

Soit une loterie à N résultats possibles où chaque perspective correspond à un niveau de


richesse finale wi (i=1,.....,N); la probabilité d'atteindre l'état i est donnée par pi (∑pi=1). La
fonction d'espérance d'utilité U est définie par U(l)=E(u(l))=∑piu(wi) où la fonction u définie
de R dans R est la fonction d'utilité de la richesse finale de l'investisseur. Il s'agit de
l'espérance de l'utilité de la loterie l.

Dans le cas où l'investisseur dispose d'une variable de choix ou décision, sa fonction objective
consiste à choisir a de façon à maximiser son espérance d'utilité soit Maxa E[u(w)].

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Remarque:

la richesse finale d'un agent est aléatoire, elle s'écrit comme la somme de la richesse initiale
w0 et d'une richesse aléatoire on a ainsi wf=w0+l; cette forme est dite additive.

On peut l'écrire aussi sous forme d'un produit d'une richesse initiale et d'une rentabilité
aléatoire on a ainsi wf=w0×(1+l); c'est la forme multiplicative.

3. Le concept de l'équivalent certain et la prime de risque


L'équivalent certain EC associé à une loterie l est la somme d'argent w* qui procure la même
utilité que (w0+l). On a ainsi u(EC)=E(u(w0+l). EC=u-1[E(u(w0+l))].
L'incidence de la dispersion sur les préférences peut s'exprimer en termes monétaires par la
prime de risque. Il s'agit de déterminer l'équivalent certain de chaque alternative risquée puis
de calculer la différence entre l'espérance des valeurs monétaires EVM et cet équivalent.
Prime de risque = EVM-EC
Cette prime représente la somme monétaire que devrait recevoir l'individu concerné pour
renoncer à une somme égale à EVM perçue de façon certaine et accepter l'alternative risquée.
Plus la dispersion est grande, plus la prime de risque est élevée.
Exemple

soit un individu de fonction u(w)=ln(w+50). La richesse initiale est de 100 Dt. Considérez la
loterie suivante dont les gains possibles sont exprimés en dinars.

wi Pi
20 0.25
10 0.5
-35 0.25
2- Calculez l'équivalent certain EC

3- L'individu serait-il prêt à payer pour ne pas être confronté au risque de cette loterie? Si oui,
combien.

Représentation graphique de la fonction d'utilité


Pour passer des préférences à la représentation de l’utilité il faut que l’agent satisfait les
axiomes des critères de la rationalité (ce qui a été largement contesté).

On commence par choisir deux bornes de façon arbitraire puis on fixe deux sommes
appartenant à l'horizon décisionnel de l'investisseur et on leur affecte des indices d'utilité
arbitraires. Si a et b sont deux somme et a>b il faut que u(a)>u(b).

On considère les deux sommes précédentes auxquelles on affecte deux probabilités p et (1-p),
l'investisseur indique par la suite l'équivalent certain à chacune des loteries constitues.

Cette procédure sera répétée afin de représenter la fonction individuelle de l'investisseur.

Exemple 10: Représentation graphique

Pour un agent rationnel, on : u(-100)=-10 et u(0)=0.

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Supposons que cet agent est indifférent entre ne rien recevoir et les loteries suivantes,

L1[-100, 100; 0.3, 0.7], L2 [-50, 100; 0.5, 0.5], , L3 [-25, 100; 0.6, 0.4], L4 [-25, 25 ; 0.4,
0.6]et enfin L5[-50, 50; 0.35, 0.65]

TAF: Calculer les utilité pour chaque richesse et représenter graphiquement la fonction

Gain -100 -50 -25 0 25 50 100


Utilité -10 -4.286 -2.857 0 1.905 2.308 4.285
Le comportement de l'investisseur face au risque

1. Définitions
Un agent qui aime le risque est un agent qui préfère le jeu plutôt de d’avoir certainement la
moyenne de gain qu’il rapporte, contrairement à un agent averse au risque qui va préférer
avoir la somme d’argent plutôt qu de subir le risque du jeu. Le cas intermédiaire est celui d’un
agent neutre qui serait indifférent entre les deux alternatives.

2. Attitude et fonction d’utilité :


La fonction de l’utilité est une représentation des préférence d’un agent, elle traduit son
attitude vis à vis du risque. Cette fonction n’est définie que si elle est croissante c'est à dire
U'(W) >0.

Le signe de la dérivée seconde de la fonction d'utilité U''(W) nous renseigne davantage sur la
forme de la fonction d'utilité et son implication particulière en ce qui a trait à l'attitude face au
risque. Trois cas sont possibles:

10 U''(W) < 0 la fonction d'utilité est concave;

20 U''(W) = 0 la fonction d'utilité est linéaire;

30 U''(W) > 0 la fonction d'utilité est convexe.

Afin d'illustrer ces trois cas, utilisons une situation risquée où, pour simplifier, la richesse ne
peut prendre que deux valeurs: W1 avec une probabilité de 1 et W2 avec une probabilité de 2 =
1 - 1.

 1er cas : aversion au risque


Illustrons d'abord le cas d'une fonction d'utilité concave (U''(W) < 0).

Une fonction concave passe toujours au-dessus de n'importe quelle corde tracée à partir de deux
points de la fonction. C'est dire qu'une richesse certaine égale à E(W) procure davantage de
satisfaction à l'individu qu'une situation risquée combinant W1 et W2 avec revenu espéré égal à
E(W), dont l'utilité est donnée par E[U(W)] (ceci est vrai quelles que soient les proportions 1
et 2). Une fonction d'utilité concave représente les préférences d'un individu qui a de l'aversion
pour le risque.

Définition: Un individu a de l'aversion pour le risque s'il préfère (il atteint un niveau d'utilité
plus élevé pour) une richesse certaine égale à W0 à une situation risquée de richesse espérée

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E[W] = W0. Sur la figure, on voit bien que si l'individu participe à la loterie et W=W1, sa perte
d'utilité sera de U(W0) - U(W1), alors que si W=W2, il gagne U(W2) - U(W0) en utilité. Or,

U( W 0 ) - U( W 1 ) >U( W 2 ) - U( W 0 )

L'utilité marginale de la richesse est décroissante pour l'individu qui a de l'aversion pour le
risque.

U
Y
U(W2)

U(E[W])

U(W2) – U(W0) E[U(W)]

Z
U(W1)

U(W0) – U(W1)

W1 E[W] W2 W

La richesse espérée est le point sur l'axe horizontal correspondant à 1W1 + 2W2 = E[W] = W0
.

On voit que:

U[E(W)] > E[U(W)]

 2ème cas : Indifférence vis-à-vis du risque


Illustrons le cas d'une fonction d'utilité linéaire (U''(W) = 0)

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Une richesse certaine égale à E(W) procure le même niveau d'utilité à l'individu qu'une situation
risquée construite avec W1 et W2.

On voit que:

U[E(W)] = E[U(W)]

Une fonction d'utilité linéaire représente les préférences d'un individu qui est indifférent ou
encore neutre face au risque.

Définition: Un individu est neutre face au risque s'il est indifférent entre (s'il atteint le même
niveau d'utilité pour) une richesse certaine égale à W0 et prendre part à une situation risquée de
richesse espérée E[W]= W0.

L'utilité marginale de la richesse est constante pour l'individu neutre face au risque.

 3ème cas : Propension au risque


Finalement, illustrons le cas d'une fonction d'utilité convexe (U''(W) > 0).

Une fonction convexe passe toujours au-dessous d'une corde tracée à partir de deux points de la
fonction. C'est dire qu'un revenu certain égal à E(W) procure moins d'utilité à l'individu qu'une

U(W2) – U(W0)

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situation risquée construite à partir de W1 et W2.

On voit que:

U[E(W)] < E[U(W)]

Une fonction d'utilité convexe représente les préférences d'un individu qui recherche le risque.

Définition: Un individu recherche ou aime le risque s'il préfère (s'il atteint un niveau d'utilité
supérieur pour) une situation risquée d'utilité espérée E[U(W)] = W0 à une richesse certaine
égale à W0.

L'utilité marginale de la richesse est croissante pour l'individu qui recherche le risque.

Signe de la dérivée Forme de la fonction Attitude face au risque


seconde d'utilité

U''(W) < 0 Concave Aversion au risque

U''(W) = 0 Linéaire Neutre face au risque

U''(W) > 0 Convexe Aime le risque

Exemple

Soit un agent ayant une fonction d’utilité logarithmique ; u(w)=Ln(w). Il a le choix entre les
deux loteries suivantes: L1[50,300; 0.8] et L2 [100; 1].

1- Etudier cette fonction et l’attitude de cet agent vis à vis du risque.

2- Quel serait le choix de cet investisseur selon le critère de l’espérance de l’utilité ?

3- Calculer la prime de risque et interprétez

3. La mesure de l'aversion de risque


𝑢′′
La mesure de l'aversion du risque est donnée par :ARA=- 𝑢′

elle mesure l'aversion au risque d'un investisseur pour un niveau de richesse donné.
𝑢′′
La mesure de l'aversion au risque relative est donnée par RRA=-w 𝑢′

Une aversion au risque relative constante traduit que le montant de la perte tolérée par
l'individu augmente de façon proportionnellement à l'accroissement de la richesse.

Des exemples de fonction d'utilité

La fonction quadratique: soit u(w)=aw-bw²

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La fonction logarithmique: u(w)=Ln(w) pour w>0

Exercice d’application

Un investisseur doit décider entre les deux projets suivants A et B (taux d’actualisation

= 12.8%). Que retiendra t-il, sachant que sa fonction d’utilité est U(x)= x ?

Projet A Cf P Projet B Cf P

Année 1 2720 0.5 Année 1 2040 0.4

2040 0.5 3400 0.6

Année 2 2380 0.6 Année 2 3230 0.2

2720 0.4 1700 0.8

I0=3400 I0=3100

Exercice 2 (8 points) :
ÉNONCÉ
Deux investisseurs (X et Y) sont intéressés par les deux projets d'investissement A et B
dont les caractéristiques sont résumées dans le tableau suivant :
Projet A Projet B

VAN Probabilité VAN Probabilité

760 0,3 500 0,2

800 0,5 800 0,5

1400 0,2 1300 0,3

1) Quel est le projet le plus rentable? Quel est le projet le plus risqué? (3 points)
2) Les deux investisseurs ont des fonctions d'utilité appartenant à la même famille de
forme générique:
𝟏
𝑾(𝟏−𝜽) , 𝒔𝒊 𝜽 ≠ 𝟏
𝑼(𝑾) = { (𝟏−𝜽)
𝐥𝐧(𝑾) , 𝒔𝒊𝜽 = 𝟏
 Quelle est la signification du paramètre θ ? (1 point)
 Le paramètre θ vaut 0,1 pour X et 0,9 pour Y, quel est l'investisseur le plus
sensible au risque? (2 points)
3) Quel est le projet qui sera retenu par chacun des deux investisseurs en fonction de
son attitude vis à vis du rendement et du risque? Leurs choix sont-ils convergents?
Commentez. (2 points)

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Exercice 3 (10 points) :
ÉNONCÉ
Un investisseur est intéressé par deux projets d'investissement A et B dont les coûts sont
identiques :

Coût d’investissement de A = Coût d’investissement de B = 1000 Dinars.

Ils dégageraient sur leur durée de vie commune de deux ans les cash-flows aléatoires
suivants :

Projet A Projet B

Années Cash-flows (en Probabilité Années Cash-flows (en Probabilité


Dinars) Dinars)

𝟓𝟎𝟎 𝟎, 𝟓 𝟓𝟎𝟎 𝟎, 𝟔
𝟏 𝟏
𝟔𝟎𝟎 𝟎, 𝟓 𝟖𝟎𝟎 𝟎, 𝟒

𝟕𝟓𝟎 𝟎, 𝟓 𝟕𝟐𝟎 𝟎, 𝟔
𝟐 𝟐
𝟖𝟓𝟎 𝟎, 𝟓 𝟖𝟎𝟎 𝟎, 𝟒

Autres informations :

 Les cash-flows sont indépendants,


 Le taux d’actualisation est de 13%.

L’investisseur a une fonction d’Utilité appartenant à la famille de forme générique:

𝟏
𝐔(𝐖) = 𝐖 𝟏−𝛉 , 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝟎 ≤ 𝛉 < 1
𝟏−𝛉
Questions
1) Quelle est la signification du paramètre 𝛉 ?
2) Le paramètre 𝜽 vaut 0,25 pour l’investisseur : Quel est le projet qu’il va choisir ?
3) Si le paramètre 𝜽 vaut 0,8 pour l’investisseur: le choix sera-t-il le même que dans la
question 2 ? Commentez.

Exercice 3 (6 points) :
ÉNONCÉ
La société V envisage d’investir ses excédents de trésorerie estimés à 200 000 u. m (unités
monétaires).

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Les opportunités d’investissement qui lui sont offertes sont caractérisées comme suit
:(valeurs en u. m)

Coût de l’Investissement VAN espérée Écart- type de la VAN

Projet A 100 000 28 000 14 000

Projet B 100 000 25 000 8 000

Projet C 100 000 16 000 6 000

VAN : Valeur Actuelle Nette ; VAN espérée : Espérance Mathématique de la VAN

 Les projets A et B sont indépendants


 Le Coefficient de Corrélation entre la VAN du projet A et la VAN du projet C
est égal à 1
 Les projets B et C sont mutuellement exclusifs

Travail à faire :

La société devrait choisir deux (2) projets : Le choix devrait se faire sur la base du
Coefficient de Variation de la VAN.

Indiquer les deux projets devant être choisis par la Société V

Exercice 2 (6 points) :
ÉNONCÉ
1) Un entrepreneur de travaux publics doit préparer une soumission pour un projet
d’autoroute. Le coût de préparation de la soumission est de 5.000 dinars. Si
l'entrepreneur obtient le contrat, éventualité qui a une probabilité de 20% de se
produire, il réalisera un gain net de 50.000 dinars.

Question : En utilisant le critère de l’espérance mathématique des gains monétaires,


l'entrepreneur a-t-il intérêt à participer à la soumission ?

2) On tient compte maintenant de l'attitude de l'entrepreneur face au risque à travers


sa fonction d’utilité. Les Valeurs d'utilité qu'il accorde aux gains monétaires sont
résumées dans le tableau ci-après

𝑮𝒂𝒊𝒏 𝑴𝒐𝒏é𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆 ∶ 𝑾 𝑼𝒕𝒊𝒍𝒊𝒕é 𝒅𝒆𝒔 𝑮𝒂𝒊𝒏𝒔 𝑴𝒐𝒏é𝒕𝒂𝒊𝒓𝒆𝒔 ∶ 𝑼(𝑾)


−𝟓. 𝟎𝟎𝟎 −𝟕𝟓
𝟎 𝟎
𝟓. 𝟎𝟎𝟎 𝟑𝟎
𝟏𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟓𝟓
𝟐𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟗𝟓
𝟑𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟏𝟐𝟎

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𝟒𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟏𝟓𝟎
𝟓𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟏𝟕𝟓
𝟔𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟏𝟗𝟓
𝟕𝟎. 𝟎𝟎𝟎 𝟐𝟎𝟎
Question : Dans cette situation, le critère de choix est l’espérance de l’utilité des gains
monétaires : Quelle sera alors la décision de l'entrepreneur ?

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