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ANALYSE 

Le portfolio représente un changement encore récent dans les services (recul et notions) :

Tout d’abord, il est important de rappeler que les infirmières sont amenées à utiliser le
portfolio depuis seulement quatre ans puisque que le nouvel arrêté n’a été appliqué qu’à partir
de septembre 2009. De plus, il faut noter que la réforme a également modifié le nombre et la
durée des stages. Comme les stages sont deux fois plus longs, les étudiants vont dans deux
fois moins de services différents. Les équipes soignantes reçoivent alors deux fois moins
d’étudiants différents par rapport à avant. Ces différents facteurs expliquent pourquoi
certaines des infirmières que j’ai rencontrées ont peu été amenées à utiliser le portfolio.
Au cours de mes entretiens, j’ai pu constater à plusieurs reprises ce manque de recul et à ce
manque d’utilisation : « On n’a pas souvent des élèves, et c’est vrai que comme je t’ai dit je
n’ai pas encore eu beaucoup l’occasion de l’utiliser. […] Ce n’est pas encore un outil que j’ai
complètement adopté le portfolio, c’est le début. (Rires) » (entretien n°1), « Je n’ai pas
d’exemples à te donner… [d’items compliqués] » (entretien n°2). Une infirmière aurait même
apprécié avoir plus de temps pour réfléchir, elle débute sa réponse par : « C’est vrai qu’on n’a
pas le temps de chercher un petit peu plus loin, on n’a pas trop le temps de réfléchir à ta
question, on doit vraiment te livrer ça tout de suite comme ça ? » (entretien n°3). Au cours de
l’entretien, je lui propose alors de consulter mon portfolio et elle ajoute en le feuilletant : « il
aurait fallu que je me remette plus dans le portfolio, là je te dis des choses très générales, je
pense que pour te donner une réponse il faudrait que j’y réfléchisse plus... » (entretien n°3).
L’infirmier de l’entretien n°6 a également plusieurs fois regardé mon portfolio pendant
l’entretien afin de chercher un peu plus d’exemples à me donner.
Je constate donc que cet outil n’est pas encore bien connu des infirmiers qui n’y sont pas
totalement bien habitués, dû à un manque de recul et d’utilisation. D’ailleurs, parmi les sept
infirmiers que j’ai pu rencontrer, trois infirmières (entretiens n° 1, 2 et 4) n’ont eu l’occasion
d’utiliser le portfolio qu’auprès de deux étudiants seulement. Les quatre autres soignants
(entretiens n° 3, 5, 6 et 7) ont quant à eux été amenés à utiliser le portfolio auprès d’une
dizaine voire d’une trentaine d’étudiants selon les infirmiers. Malgré cela, tous les soignants,
y compris les trois infirmières ne l’ayant utilisé qu’à deux reprises, ont tous été capables de
m’apporter des éléments de réponses intéressants à exploiter dans mon analyse.
De surcroît, tous les infirmiers que j’ai rencontrés se sont présentés en tant que « référent
des étudiants/élèves », de la même façon que d’autres soignants se présenteraient comme
« référent douleur », « référent hygiène », etc. Ils ont tous utilisé la notion de « référent »
remplacée par celle de « tuteur » selon l’arrêté du 31 juillet 2009 amenant également la notion
de « tutorat ». Ces nouvelles notions ont très rarement été employées au cours mes entretiens
et l’ont surtout été par la seule infirmière ayant reçu une formation.
Par ailleurs, les infirmiers utilisent encore beaucoup le mot « élèves ». Or, la réforme permet
une reconnaissance universitaire de la formation en soins infirmiers, donnant ainsi aux
anciens « élèves » le statut d’« étudiants ».

La réforme de juillet 2009 est encore très récente. Je pense que ceci explique pourquoi les
infirmiers emploient encore beaucoup les anciennes notions et pourquoi ils ne connaissent pas
encore totalement bien le portfolio. Ils ont été habitués pendant de nombreuses années à
l’ancien programme et les habitudes sont souvent difficiles à changer rapidement. Cependant
je ne pense pas que l’utilisation des anciennes notions ait un réel impact sur l’encadrement.
Ici, je peux alors faire le lien avec mon cadre législatif dans lequel j’aborde la nouvelle
réforme. De plus, il aurait été intéressant de travailler sur les concepts d’habituation, de
changement et de nouveauté qui ressortent de cette première partie de mon analyse.

EN DEMANDE DE FORMATION :

J’ai pu constater que les infirmiers sont pour certains en demande de formation pour mieux
connaître le nouveau programme reçu par les étudiants en soins infirmiers mais aussi et
surtout pour mieux comprendre le portfolio et la nouvelle forme d’encadrement que
représente le tutorat. Ils ont des difficultés à utiliser le portfolio : « je vais recevoir une
formation comme je t’ai dit à l’automne, c’est moi qui l’ai demandé. Ça ne fait que quelques
mois que je fais ça donc ça m’intéresse. (Silence) Ce n’est pas encore un outil que j’ai
complètement adopté le portfolio, c’est le début. (Rires) » (entretien n°1), « je n’ai pas eu de
formation […] j’aimerais parce que je ne suis pas du tout à jour au niveau du nouveau
diplôme » (entretien n°4), « je n’ai pas reçu de formation, mais j’ai demandé aux formateurs
des IFSI de me donner des documents pour que je sache un peu mieux ce qui a changé dans le
programme» (entretien n°7).
Deux des infirmiers expriment clairement qu’ils ne veulent pas de formation : « je n’ai pas
encore reçu de formation, enfin ce n’est pas moi qui l’ai demandée, mais on m’a demandé
d’en faire une » (entretien n°5). Cette même infirmière trouve le portfolio « complexe surtout
quand on n’est pas formé ce n’est pas évident… et encore même en ayant la formation… Je
sais que quand on a des réunions entre toutes les référentes de l’hôpital, même celles qui ont
reçu une formation sur le portfolio disent que c’est quand même pas simple à comprendre. »
De plus, la seule infirmière de mon enquête qui a reçu une formation dit elle-même : « j’ai
reçu une formation il y a un an sur le tutorat et la réforme, ils nous ont expliqué les items,
mais avant cette formation j’ai passé plusieurs mois au début à avoir des difficultés à
comprendre certains items, mais même encore maintenant j’ai du mal pour certains d’entre
eux. […] Donc c’est vrai que parfois on interprète aussi les items, parfois même encore
maintenant on a du mal à savoir ce que certains items signifient exactement. Comme je te
disais c’est un petit peu chiadé quand même. La formation que j’ai reçue l’an dernier a quand
même bien aidé, bien levé, mais ça reste encore parfois compliqué, j’espère qu’il y a des
choses qui seront un peu changées. » (entretien n°3). En entendant ces deux infirmières
(entretiens n°3 et 5), l’on pourrait alors se demander si ces formations sont bien adaptées et si
elles répondent bien aux besoins des soignants et à toutes les questions qu’ils se posent ?
D’ailleurs l’infirmière de l’entretien n°7 qui a demandé à avoir des documents aux formateurs
d’IFSI pour mieux comprendre le nouveau programme dit : « je n’ai rien reçu parce que
même les formateurs en IFSI me disent reconnaître qu’ils sont eux-mêmes pommés par
rapport à tout ça, car tous les mois ils reçoivent des nouvelles directives du Ministère qui
modifie des choses… » (entretien n°7). Quant à l’infirmier de l’entretien n°6, lorsque je lui ai
demandé si il avait reçu une formation, il m’a catégoriquement répondu : « Aucune et je n’en
veux pas. » (entretien n°6).
L’infirmière de l’entretien n°3 que j’ai citée plus haut reconnaît que la formation ne l’a pas
totalement aidée. Elle ajoute aussi que de par la formation qu’elle a reçu l’an dernier, elle
pense être plus conditionnée que les autres concernant le portfolio, elle reconnaît que pendant
sa formation, on lui a vendu les mérites de cet outil et dit que cela expliquerait pourquoi elle
sait plus apprécier le portfolio et voir les avantages que l’on peut en retirer par rapport à
d’autres infirmières n’ayant pas eu de formation : « je trouve que c’est quand même pas mal
le portfolio, mais bon moi c’est vrai que j’ai été un peu convaincue par la formation au tutorat
et portfolio que j’ai reçue. Moi je sais que la formation m’a permis d’avantage de comprendre
un peu pourquoi, comment est faite cette réforme et l’intérêt du portfolio. [Elle] a mis
énormément le portfolio en avant, donc moi je veux aussi le voir comme ça, même si après il
y a quelques petites choses qui ne vont pas, globalement je le prends comme un avantage. »

INFIRMIERES CONDITIONNEES, PORTFOLIO AVANTAGEUX MAIS PAS UTILISE :

Je pense également important de noter que tous les infirmiers que j’ai rencontrés, qu’ils
aient ou pas reçu une formation et qu’ils en veuillent une ou pas, ont quelques connaissances
liées au portfolio. Ils savent tous pourquoi il a été créé, pour que les soignants puissent voir ce
que l’étudiant a acquis ou non dans ses précédents stages, pour voir ses objectifs, pour que
l’étudiant s’auto évalue etc.
Seule une infirmière m’a dit : « C’est vrai que j’aime bien voir le portfolio au début du
stage… […] je trouve que dans le portfolio c’est intéressant de voir au début du stage ce qui
est acquis, non acquis, pour regarder ce qu’il reste à voir à l’étudiant. » (entretien n°4). C’est
la seule qui m’a dit apprécier cet intérêt du portfolio, mais j’ai aussi remarqué qu’elle m’a cité
de nombreux autres avantages du portfolio sans pourtant les utiliser…
Or, ce que je cherchais à savoir avec ma question inaugurale, c’était d’après eux qu’amène
le portfolio. Mais j’ai pu m’apercevoir que bien souvent, les infirmières me répondaient ce à
quoi servait le portfolio, ses avantages, mais reconnaissaient ne pas l’utiliser en ce sens, car
elles n’ont pas le temps ou qu’elles préfèrent le faire oralement. Finalement j’avais
l’impression que les infirmières plutôt « positives » par rapport au portfolio (entretiens n°1 à
5), me nommaient ses avantages sans pour autant penser que c’est vraiment bien, que ça leur
sert vraiment dans l’encadrement des stagiaires puisque finalement elles utilisent d’autres
outils (entretiens n°1, 2, 3 et 5) pour les aider à remplir le portfolio et elles préfèrent faire
toutes oralement ce que le portfolio apporte selon la réforme.
Peut-être alors conditionnées par ce qu’elles ont entendu du portfolio de la part des IFSI qui
sont venus l’expliquer sur le terrain, par ce qu’elles ont lu sur la nouvelle réforme, (ou par une
formation pour l’infirmière de l’entretien n°3), je constate alors que ces infirmières ventent les
mérites d’un outil censé leur apporter des avantages sans pour autant l’utiliser comme tel.

CONSCIENTES DE L’IMPORTANCE DE LEUR ROLE :

Je constate une réelle conscience, de la part de tous les infirmiers que j’ai rencontrés, de
l’importance de leur rôle d’encadrant vis-à-vis des étudiants qui doivent être formés, et ce
même si le portfolio est compliqué, ils n’en restent pas moins motivés pour tenir ce rôle: « ça
ne fait que quelques mois que je fais ça donc ça m’intéresse » (entretien n°1), « je dirais que
la seule contrainte c’est que c’est long (rires) mais c’est pas grave (silence) parce qu’on est
content de le faire, on sait que c’est important, on sait qu’on ne doit pas faire ça à la légère, et
qu’on sait que ça va être de futurs professionnels, donc on essaye de faire de manière plus
rigoureuse, et la plus sérieuse car on est quand même responsable. » (entretien n°2), « Je
trouve que c’est rassurant pour l’étudiant de savoir qu’il y a quelqu’un qui est là pour lui, pour
lui et avec tout ce que ça veut dire, vraiment parce que ce n’est pas rien. » (entretien n°3).
Les deux infirmiers plutôt « négatifs » par rapport au portfolio (entretiens n°6 et 7), même si
ils ne l’apprécient pas, essayent de le remplir au mieux comme les cinq autres infirmières, car
ils savent que c’est important : « On le fait car on sait en plus que c’est important quand
même qu’on remplisse les items parce qu’il y a un impact sur le diplôme de l’étudiant »
(entretien n°7). Ces deux infirmiers ne sont pas moins attachés à leur rôle d’encadrant des
stagiaires. Au contraire, ils n’apprécient pas le portfolio mais défendent leur propre point de
vue en argumentant ce qu’ils pensent être le mieux selon eux pour que les étudiants soient
bien formés.
Les trois infirmières du centre hospitalier n°1 travaillent sur des outils pour l’encadrement
(grille d’évaluation et cahier de transmissions sur les étudiants) et une des infirmières du
centre hospitalier n°2 nomme également un outil (cahier de transmissions sur les étudiants).
Les trois centres hospitaliers où je suis allée mener des entretiens ont chacun un groupe de
travail composés des référents de l’hôpital, sur une base de volontariat pour assister aux
réunions organisées. Lors de ses réunions, le portfolio est bien entendu abordé.
(renseignements reçus hors entretiens) L’infirmière de l’entretien n°3 rappelle aussi : « Déjà il
faut savoir que le tutorat c’est sur la base du bénévolat déjà, il faut vraiment que le soignant
ressente cette envie. » (entretien n°3), il s’agit donc d’infirmiers volontaires pour tenir ce rôle
de tuteur.
Tout ce qui est mis en place dans les services pour améliorer l’encadrement des stagiaires
montre l’implication des infirmiers, tous conscients que former un étudiant fait partie de leurs
compétences infirmières. Comme je l’ai expliqué dans l’intérêt de mon thème pour la
profession, les infirmiers savent que la formation d’un étudiant à un impact sur les soins
donnés aux patients car il s’agit de la formation d’un futur professionnel amené à prodiguer
des soins et à encadrer par la suite d’autres étudiants futurs professionnels. Lors de la
présentation de mon cadre législatif, j’ai également rappelé que toute personne a le droit à
l’enseignement, de plus l’encadrement des étudiants correspond à l’une des dix compétences
infirmières et a donc une place importante dans la profession. Par ailleurs, l’infirmière de
l’entretien n°3 m’a semblé prendre son rôle de tutrice extrêmement à cœur : « je suis très
pédagogue et puis il faut dire aussi que j’ai cinq enfants. (rires) ». En effet, la pédagogie, qui
est l’un de mes cadres conceptuels, est également essentielle pour former une personne.

DIFFERENCIATION ENTRE PORTFOLIO ET GRILLE D’EVALUATION, OUTIL


D’EVALUATION :

Il me semble important de consacrer un temps d’analyse sur la différence qui existe entre le
portfolio et la grille d’évaluation. En effet, en tant qu’étudiante, mes tuteurs ont souvent
préféré remplir (en ma présence) le portfolio et la grille d’évaluation, parfois certains de mes
tuteurs préféraient remplir le portfolio car les items y sont plus détaillés et me laissaient
remplir la grille d’évaluation. Or la réforme prévoit que c’est au tuteur de remplir la grille
d’évaluation et à l’étudiant de remplir son portfolio, qui lui est personnel, comme le souligne
la consigne « A remplir par l’étudiant » qui se trouve à l’intérieur.
C’est pourquoi au cours de mon enquête, il m’a semblé important de leur demander de
préciser qui remplissait le portfolio. Leurs différentes réponses n’ont pas été une surprise pour
moi car ils procèdent tous de la même manière que mes propres tuteurs (voir ci-dessus).
Je peux noter que les infirmiers ne font pas de réelle distinction entre ces deux outils. En
répondant à ma question inaugurale, ils parlent souvent des items qu’ils doivent évaluer, du
portfolio qu’ils doivent remplir. Les soignants ne sont pas encore clairs avec tout cela, ils
savent que la réforme dit que le portfolio appartient à l’étudiant mais le remplissent eux-
mêmes : « C’est le tuteur [qui remplit le portfolio] » (entretien n°1), « la formation nous a
bien indiqué que le portfolio est un outil personnel de l’étudiant » (entretien n°3), « je
demande à l’étudiant si je peux le regarder puisque c’est un outil personnel et que vous n’êtes
pas forcément obligés de nous le montrer » (entretien n°4), « Même la façon dont ça doit être
rempli n’est pas simple, parce qu’après selon l’étudiant, on n’entend pas la même chose. Il y a
des étudiants qui nous disent que c’est à eux de le remplir, d’autres que c’est à nous, après je
ne vais pas forcer l’étudiant à me laisser le remplir s’il veut le faire lui-même, mais moi je
préfère le remplir moi-même avec l’étudiant, parce que je ne sais pas si l’étudiant après il ne
va pas recopier différemment de ce que j’aurais mis sur la grille d’évaluation » (entretien
n°5). Même si ils savent tous qu’il appartient à l’étudiant ils préfèrent tous remplir eux-
mêmes le portfolio. L’infirmier de l’entretien n°6) me dit du portfolio : « Je ne m’en sers pas.
Je m’en sers juste parce que j’y suis obligé. ». Je peux ici à nouveau constater que les
infirmiers ne sont donc pas vraiment au courant que le portfolio est rempli par l’étudiant et
qu’il n’y a aucune obligation pour le tuteur à remplir ce portfolio, seulement la feuille, mais
comme pour les infirmiers (dont celui-ci) la grille d’évaluation et le portfolio représentent la
même chose, et ici, ce sont les deux outils qui sont donc contraignants pour lui.
Certaines infirmières demandent à l’étudiant de remplir son portfolio au crayon gris car
elles trouvent que le portfolio permet une auto évaluation de l’étudiant ce qui est très bien
selon elles : « C’est un outil qui aide […] pour l’auto évaluation de l’élève » (entretien n°2).
Cette infirmière et celle de l’entretien n°3 qui travaillent dans le même service, laissent
l’étudiant s’auto évaluer mais sur la grille qui a été créée dans leur service. L’infirmière de
l’entretien n°4 sait également que le portfolio permet une auto évaluation, mais coche elle-
même les cases en demandant à l’étudiant ce qu’il pense de chaque item. Je pense que cette
auto évaluation est un peu biaisée par la présence de l’infirmière et du fait qu’elle donne son
opinion en même temps. Les infirmières savent que le portfolio permet une auto évaluation
mais ne s’en servent pas encore comme tel, donc encore une fois elles citent un des avantages
du portfolio mais s’en servent pas.
Cependant, tout cela ne semble pas poser problème aux étudiants et à moi non plus
d’ailleurs, car peu importe qui remplit mon portfolio, je ne pense pas que cela ait un impact
sur la façon dont je suis formée. Par contre, il faudrait juste laisser l’étudiant pouvoir s’auto
évaluer, pour ma part je fais mon auto évaluation moi-même à part et la donne à mes tuteurs si
ils me la demandent.
Certaines infirmières ont défini clairement le portfolio comme un « outil d’évaluation »
(entretiens n°1, 2 et 3). Elles le voient comme une « aide [pour] évaluer l’étudiant » et qui
permet de faire « une évaluation plus objective » (entretien n°1). Sans utiliser la notion
d’« outil d’évaluation », les infirmiers ont tous parlé d’évaluation au cours des entretiens.
Dans mes cadres conceptuels, j’aurais dû définir le concept d’évaluation. J’ai hésité à le faire,
mais dans ce mémoire, je voulais bien distinguer la grille d’évaluation, qui est une feuille à
part à remplir par les tuteurs permettant ainsi l’évaluation de l’étudiant, et le portfolio qui lui
reprend les items de cette grille mais a une fonction différente comme cela est défini dans
l’arrêté du 31 juillet 2009 (outil d’auto évaluation de l’étudiant, outil qui permet aux
infirmiers de voir ce que l’étudiant a acquis au cours de ses précédents stages, etc).
Mais les infirmiers ne font pas cette différenciation, c’est pourquoi j’ai parfois fait
remarquer aux infirmiers qu’ils me parlaient beaucoup des items, donc ce que l’on retrouve
sur la grille. J’ai alors essayé de les recentrer sur le portfolio en leur ai demandant de préciser
si le portfolio en lui-même n’apportait pas autre chose : « Non mais la feuille ça revient au
même que le portfolio, c’est les mêmes choses qui sont remis dedans. ». Il n’y a donc pas de
distinction franche entre ce qu’apporte le portfolio par rapport à la grille car les infirmiers
parlent énormément de l’évaluation. Ils se servent surtout du portfolio au moment de
l’évaluation et non pour ses autres avantages que sont l’auto évaluation, la présentation du
parcours antérieur de formation de l’étudiant etc.

MOMENTS D’UTILISATION :

Il me paraît intéressant d’analyser à quels moments du stage le portfolio est utilisé.


En début de stage, les infirmiers ne se servent pas du portfolio (sauf l’infirmière de
l’entretien n°4) ou vraiment très rarement si l’étudiant le demande. Mais même dans ce cas,
les infirmiers reconnaissent que quand les étudiants leur proposent de consulter leur portfolio,
ils répondent qu’ils le feront plus tard et ne le regardent finalement pas (entretiens n°4, 6 et
7) : Quand l’élève nous demande si on veut voir son portfolio, on lui dit : « Ouais, ouais on
verra plus tard. » Mais on ne le fait pas. » (entretien n°6).
Les raisons peuvent être communes à tous les infirmiers : par manque de temps, car c’est
trop long et trop compliqué à comprendre, parce qu’ils préfèrent leur demander oralement.
Certaines raisons sont propres à certains infirmiers : pour éviter les a priori (entretiens n°3 et
7), parce qu’ils n’en n’ont tout simplement pas envie (entretien n°6). Ces raisons seront
reprises plus loin dans le développement des avantages et inconvénients du portfolio selon les
infirmiers.
Le portfolio est parfois utilisé en bilan mi stage. (entretiens n°4 et 5) Dans certains services,
ils se servent de leur propre grille pour le bilan mi stage (entretiens n°2 et 3).
En fin de stage, il est toujours rempli en même temps que la grille d’évaluation par les
tuteurs en présence de l’étudiant en lui demandant son avis.

AVANTAGES :

Parmi les sept entretiens, cinq infirmières sont « positives » vis-à-vis du portfolio et
expriment les mêmes avantages.

Pour ces infirmières, le portfolio représente « un guide » (entretiens n°1 et 2), « un outil sur
lequel on peut s’appuyer » (entretien n°1) et avec lequel elles ont « un peu moins de marche
de manœuvre. Ce n’est pas négatif ça mais on est très… très… guidé, dirigé » (entretien n°1).
Elles pensent également que c’est un outil qui est précis. C’est : « moins généraliste par
rapport à l’évaluation que j’avais il y a dix ans quand j’étais étudiante [et le portfolio aide] à
évaluer l’étudiant parce qu’on a vraiment des items très précis à remplir » (entretien n°1).
Ces cinq infirmières pensent que le portfolio est bénéfique car il est plus précis, plus détaillé
mais plus tard dans l’entretien elles le trouvent paradoxalement aussi trop détaillé, trop précis
et trop compliqué. C’est : « long [à remplir] et très très très précis. Donc je te disais que c’était
bénéfique puisque c’était une aide, […] mais en même temps des fois c’est un peu trop trop
décortiqué je trouve. » (entretien n°1), « les items sont beaucoup plus précis donc déjà c’est
plus visible au niveau des problèmes éventuels. (silence) Par contre, je trouve qu’il y a
certains items qui sont très mal énoncés, même nous on a des difficultés à comprendre
exactement ce qui est demandé. » (entretien n°4). Une même infirmière peut dire que c’est
bien car cela lui permet d’évaluer plus d’items mais d’un autre côté dit qu’il y a trop d’items
qu’il y en a des non adaptés au service. (entretiens n°2 et 4) c’est pourquoi elles ressentent le
besoin de créer une grille d’items propre à leur service. (entretiens n°1 à 3) Je pense qu’il ne
faut pas le voir comme un défaut car il suffit de cocher la case non pratiqué, le problème des
soins non adaptés à certains services avait été déjà pensé avant l’apparition du portfolio
puisque cette case existe depuis son apparition. L’avantage d’une plus grande précision au
niveau des items semble alors devenir un inconvénient.

Selon elles, l’un des avantages du portfolio est qu’il permet à l’étudiant de s’auto évaluer.
(entretiens n°2, 3 et 4) : « Ça lui permet de s’autoévaluer et d’avoir le portfolio tout le temps
avec lui, d’analyser un peu les soins qu’il a fait avec nous […] je trouve ça intéressant pour
lui. » (entretien n°2). J’ai été surprise que des infirmières me parlent d’auto évaluation.
Cependant, comme dit plus haut, elles expriment ce qu’amène le portfolio sans utiliser cet
atout comme la réforme le prévoit. Elles laissent à l’étudiant la possibilité de s’auto évaluer en
ayant recourt à leur propre grille de service (entretiens n°2 et 3), mais remplissent le portfolio
elles-mêmes. Les infirmiers de mes entretiens qui laissent une place à l’auto évaluation de
l’étudiant, le font très souvent de manière orale. C’est d’ailleurs souvent ainsi que mes
propres bilans de stage ont été réalisés. Les infirmières discutent avec l’étudiant de ce qu’il
pense de lui pour chaque item, même l’infirmière qui leur fait utiliser la grille le fait aussi de
manière orale : « On en discute » (entretien n°3). « L’étudiant et le référent sont partie
prenante » (entretien n°3). Cette auto évaluation permet à l’étudiant d’être acteur de son
évaluation aussi.
L’infirmière de l’entretien n°1 voudrait essayer de l’utiliser « plus au fil du stage, mais je ne
l’ai pas encore expérimenté en ce sens. Et même au début du stage, je pense qu’il faudrait
qu’on s’en serve pour voir un petit peu le parcours de l’étudiant, mais je ne l’ai pas encore
fait ». Ses collègues du service ne l’utilisent pas de cette manière, mais elle aimerait car
« c’est très très long et très très fastidieux à remplir donc quand on arrive le dernier jour, je
t’ai dit je l’avais rempli deux fois, ça a duré deux heures, voilà donc l’élève fatigué, (rires) on
est fatigué, la journée est terminée donc ça ne me semblait pas du tout approprié de passer le
dernier jour deux heures pour remplir le portfolio. » Mais elle reconnaît que « par un manque
de temps on n’a pas le trop le temps de le faire… Mais je pense que ce serait utile quand
même de le consulter au début pour voir un petit peu son parcours » (entretien n°1). Elle
ajoute aussi que « même au début du stage, je pense qu’il faudrait qu’on s’en serve pour voir
un petit peu le parcours de l’étudiant, mais je ne l’ai pas encore fait […] C’est un avantage
quand même, même si il y a la contrainte du temps et que c’est un peu compliqué à
comprendre » (entretien n°1).

L’infirmière me répond instinctivement dès le début de sa réponse « Rien » (à la question


qu’amène le portfolio), plus tard elle dit : « Je ne vois pas d’avantages » (entretiens n°7)

INCONVENIENTS :

Concernant les inconvénients du portfolio, les infirmiers que j’ai pu rencontrer sont tous
d’accord, en utilisant souvent les mêmes termes pour décrire ces inconvénients.
La complexité des items ressort dans les sept entretiens. Le portfolio est considéré comme
trop long à remplir et que les items sont très compliqués à comprendre. Les infirmiers
soulignent que le portfolio est « très très long et très très fastidieux à remplir », « très
contraignant », « on est fatigué, la journée est terminée donc ça ne me semblait pas du tout
approprié de passer le dernier jour deux heures pour remplir le portfolio » (entretien n°1), une
des infirmières va même jusqu’à dire que « le portfolio franchement c’est gonflant »
(entretien n°7). Tous les infirmiers expriment clairement leur difficulté à comprendre le
portfolio : « Franchement il y a des items, on ne sait pas ce que ça veut dire, au niveau des
compétences, pas des actes » (entretien n°1), « je trouve que c’est très mal expliqué »
(entretien n°4), « qu’il y a certains items qui sont très mal énoncés, même nous on a des
difficultés à comprendre exactement ce qui est demandé » (entretien n°5), « Avant la réforme,
la feuille qu’on remplissait était plus simple, maintenant c’est lourd. C’est une contrainte le
portfolio, si on pouvait éviter de le faire, on ne le ferait pas… C’est trop long et trop
compliqué. Il ne nous apporte rien du tout. », « les items sont formulés avec des termes que
l’on ne comprend même pas, on a l’impression d’être des idiots, leurs questions on a
l’impression qu’il faut être sorti de polytechnique pour les comprendre. Il faut se concentrer
pour essayer de comprendre ce que ça veut dire. » (entretien n°7). L’infirmier de l’entretien
n°6 débute sa réponse à ma question inaugurale par : « Une source de questionnements
supplémentaires qui ne sert à rien. […] Parce que ça pose de mauvaises questions, parce que
ça met des items pondus par des technocrates qui ont peut-être été du métier un jour mais il y
a à peu près 150 ans. Ils ne sont pas avec la réalité du terrain », « ils ont pondu avec des mots
où il faut se tordre le cerveau et où on a tous l’impression d’être des abrutis parce qu’on n’a
pas compris la « complétude » du truc… (en référence à l’item : Complétude de la vérification
du matériel) ». Cet infirmier et l’infirmière de l’entretien n°7 mentionnent les personnes qui
ont créé les items du portfolio : « des technocrates qui ont peut-être été du métier un jour mais
il y a à peu près 150 ans. Ils ne sont pas avec la réalité du terrain » (entretien n°6), « on se
retrouve à évaluer les étudiants sur des items créés par des personnes bien payées qui n’ont
que ça à faire et qui ne sont plus dans la réalité du terrain. » (entretien n°7). Ils expliquent
ainsi que la complexité des items vient du fait qu’ils sont créés par des personnes ne se
rendant plus compte de la réalité du terrain.
Bien souvent, les infirmières disent que même les étudiants n’arrivent pas à leur expliquer
les items : « Même quand on demande aux élèves ce que ça veut dire, ils ne savent pas
forcément nous expliquer ce que ça signifie. Donc du coup on se pose des questions tous les
deux pour savoir ce que ça veut dire, on essaye de chercher, on se donne des pistes »
(entretien n°4), « les étudiants non plus ne comprennent pas toujours les items » (entretien
n°5).
Les infirmiers reconnaissent d’ailleurs remplir le portfolio sans parfois comprendre : « des
fois on remplit en pensant que c’est ça mais peut être qu’en fait ça ne l’est pas… » (entretien
n°4), « on trouve ça tellement compliqué, des fois pour des items qu’on ne comprend toujours
pas on met « Oui c’est bon allez c’est acquis », parce qu’on n’a pas envie de se prendre la
tête. » (entretien n°7).
Le portfolio leur semble tellement compliqué qu’ils ont « ressenti le besoin de recréer un
outil […] dans l’équipe pour suivre l’évolution de l’élève en stage » (entretien n°2) et pour les
aider à remplir le portfolio à la fin du stage, « au niveau de tout ce qui est actes techniques,
nous est en train de créer un outil à part voilà pour nous faciliter le bilan de fin de stage »
(entretien n°1). L’infirmière de l’entretien n°3 a aussi parlé de la grille puisqu’elle travaille
dans le même service que celle de l’entretien n°2. Ces grilles ont été créée lors de l’arrivée du
portfolio. Trois infirmières m’ont parlé d’un cahier dans lequel elles notent ce qu’elles
observent sur l’étudiant, afin de faire un lien entre tous les soignants du service pour que lors
de l’évaluation de fin de stage, la tutrice qui n’a pas forcément tout le temps tournée avec
l’étudiant puisse savoir ce que les autres soignants ont pensé de lui, ce qui est acquis selon
eux dans le service etc. (entretiens n° 2, 3 et 5). Ces outils (grille et cahier) ont été mentionnés
dans trois des six services où j’ai été, répartis sur deux centres hospitaliers différents.
Les infirmiers soulignent souvent qu’il manque des actes techniques dans le portfolio : « ils
en ont répertoriés une vingtaine c’est tout, il en manque les trois quarts, genre pose de cathéter
ou gazométrie pour ne citer que ceux-là » (entretien n°6).
Tous les infirmiers que j’ai rencontrés préfèrent demander oralement à l’étudiant car préfère
avoir un échange oral avec l’étudiant pour connaître ses objectifs, les stages dans lesquels
stages il a été, ce qu’il a acquis, ses difficultés, etc. Ils ne se servent pas des avantages
qu’apporte le portfolio. En effet, tous les infirmiers font tous remarquer que c’est long à
remplir en fin de stage mais qu’en plus en début de stage, ils n’ont pas le temps de consulter
le portfolio : « je lui demande oralement, je ne vais pas chercher ces informations dans le
portfolio […] on n’a pas le temps de le regarder, quand en plus on a plusieurs élèves en même
temps, c’est difficile à gérer, ça devient compliqué. » (entretien n°5), « On n’a pas le temps,
on a déjà du mal à voir nos patients et à boucler notre propre travail alors le portfolio…on n’a
pas le temps. » (entretien n°7), « tu n’as pas le temps. Il y a combien de pages ? (Il regarde
dans mon portfolio) Il y a… il y a soixante pages, soixante pages avec plein de petites croix et
compagnie, alors attends je vais vérifier est-ce qu’elle sait bien ça et tout ça mais (pause) ils
ont rêvé ! On n’a déjà pas le temps de voir les patients, alors les élèves… on n’a pas le temps
de vérifier tout ça. » (entretien n°6). Cet infirmier ajoute qu’il faudrait que ce soit plus facile
et plus lisible. Pour certains infirmiers le portfolio représente même une contrainte : « C’est
une contrainte pour moi, énormément, et c’est une double contrainte dans le sens où ça me
fait chier de le faire parce que ça prend du temps pour rien et c’est de savoir que ça prend du
temps pour rien. », « c’est une corvée », « Je ne m’en sers pas. Je m’en sers juste parce que j’y
suis obligé » (entretien n°6). Cependant même si c’est une contrainte, les infirmiers savent
que c’est important : « On le fait car on sait en plus que c’est important quand même qu’on
remplisse les items parce qu’il y a un impact sur le diplôme de l’étudiant » (entretien n°7).
Malgré la contrainte que représentent le temps et la complexité, ils sont conscients de
l’importance qu’il faut donner à l’encadrement de l’étudiant et à ce portfolio
Deux infirmières disent que même si elles avaient le temps, elles ne regarderaient pas le
portfolio en début de stage car elles ne veulent pas avoir d’a priori sur l’étudiant. (entretiens
n° 3 et 7). Par ailleurs, l’infirmière de l’entretien n°7 fait remarquer qu’il y a un risque qu’en
plus si l’étudiant a été injustement mal noté ou même bien noté, elle risque de le voir d’une
façon qui ne lui correspond pas vraiment. D’ailleurs plusieurs infirmiers de mes entretiens ont
dit que tout le monde n’évalue pas un item de la même façon et qu’il sera peut-être acquis
pour une infirmière mais pas pour l’autre : « j’aime bien la voir une fois pour m’assurer moi
qu’elle fasse bien ces soins, parce qu’on est différente, après l’élève pour une infirmière peut
avoir acquis un soin et pour l’autre que ce ne soit pas acquis », « ce qu’il a acquis mais après
ce n’est pas parce que c’est acquis dans un stage que c’est toujours d’actualité, donc on dit
souvent aux élèves qu’une chose acquise, il faut quand même la revoir dans notre stage »
(entretien n°4). L’infirmière de l’entretien n°2 parle d’« évaluation plus objective » tandis que
l’infirmier de l’entretien n°6 trouve que ça l’est moins, que les étudiants sont mieux évalués
quand ils sont sympathiques et volontaires. Ce qui permettait une réelle objectivité pour lui
c’était les MSP. (Mises en situation professionnelle)
Une des infirmières retourne même les avantages du portfolio définis par la réforme comme
un inconvénient. En effet, l’infirmière de l’entretien n°7 pour qui le portfolio « ne sert à rien »
et qui préfère « dialoguer avec l’étudiant », va même plus loin et utilise un mot très fort pour
moi, elle va jusqu’à dire que « le portfolio déshumanise le métier. », elle ajoute : « Je pense
que c’est important dans l’encadrement de parler à l’étudiant plutôt que de passer par un
support écrit pour qu’on sache ce qu’il a fait avant. L’étudiant est capable de se présenter lui-
même dans un échange oral. En tant qu’infirmière, je trouve que notre métier est déjà
tellement déshumanisé par tous ces logiciels informatiques où l’on doit faire nos
transmissions, toute la bureaucratie, etc. Même les étudiants quand ils font une démarche
clinique maintenant, ils vont directement dans le dossier c’est à peine si ils vont parler au
patient pour faire leur démarche… Le métier est déshumanisé, et c’est la même chose avec le
portfolio. Je préfère échanger avec l’étudiant de façon orale, lui poser des questions plutôt que
de lire un support papier. Le portfolio déshumanise l’encadrement et je préfère avoir une
relation humaine avec l’étudiant. » J’ai trouvé ce témoignage très intéressant par rapport au
parallèle qui est fait avec les inconvénients apportés par tout ce qui est administratif dans le
métier d’infirmière. Parmi tous les infirmiers de mes entretiens qui préfèrent tous demander
oralement à l’étudiant les informations le concernant, l’infirmière de l’entretien n°7 est la
seule à avoir donné un tel argument.
COMPARAISON A L’ANCIEN PROGRAMME :

Tous les infirmiers que j’ai rencontrés ont fait allusion avec nostalgie à leur propre
formation en soins infirmiers comparant ainsi le portfolio à leur ancienne grille d’évaluation
et les MSP (mises en situation professionnelle). Les infirmiers regrettent les MSP car elles
permettaient selon eux une meilleure rigueur au niveau des soins de la part des étudiants qui
d’après eux se questionnent désormais moins et sont moins professionnels depuis la
disparition des MSP. De plus, un infirmier trouve que le portfolio ne permet pas une
évaluation objective de l’étudiant car les items sont remplis de manière selon lui de manière
plus subjective et sont facilement validés quand les items ne sont pas compris. Selon lui, ce
qui permettait une évaluation objective de l’étudiant c’était la MSP, rajoutée à cela une
discussion du référent et du formateur de l’IFSI.

Conclusion :
Parmi les sept infirmiers auprès desquels j’ai mené mon enquête, deux types d’opinion
concernant le portfolio ressortent. Cinq infirmières (entretiens n°1 à 5) sont globalement
« positives » par rapport au portfolio : elles énoncent les avantages qu’il apporte sans pour
autant les utiliser, tout en exprimant malgré tout, les difficultés rencontrées dans l’utilisation
du portfolio. Les deux autres infirmiers (entretiens n°6 et 7) sont quant à eux clairement
« négatifs ».

Diversité :
Lors de mon enquête sur le terrain, j’aurais voulu m’entretenir avec des infirmières du
secteur privé en clinique et avec des infirmières du secteur psychiatrique. Malheureusement,
je n’ai pas eu de réponses favorables à ma demande auprès des directeurs de soins et j’ai
manqué de temps pour faire des demandes auprès d’autres établissements. J’aurais ainsi pu
constater si les réponses divergeaient suivant ces facteurs. Du coup, toutes les infirmières que
j’ai rencontrées travaillent en centre hospitalier de soins généraux.

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