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TD N° 18

Le droit de résister à l’oppression

[…] Ensuite, la question de la fonction du droit de résistance peut-être abordée à partir


des travaux de Geneviève Koubi sur le sujet, et la figure d’un droit «hors-la-loi» qu’elle
développe. Elle construit en parallèle à la désobéissance civile une figure de la résistance
à l’oppression dont les visées seraient plus larges et plus radicales. «La résistance à
l’oppression est un droit qui s’exerce non seulement contre la loi qui, au lieu de garantir
les droits et protéger les libertés, leur porte une atteinte caractérisée, mais aussi contre le
système qui permet que de telles lois puissent être émises. Le paradoxe est
apocalyptique : la résistance à l’oppression est un droit “hors-la-loi”.» Mais il faut à cela
immédiatement rétorquer que s’il s’agit d’une autorisation à soi-même de se placer hors-
la-loi, il ne peut s’agir de se placer hors du droit. Au contraire, la résistance à l’oppression
vise à permettre de rétablir le respect des droits fondamentaux qui se trouvent au sommet
des impératifs. De là se dégage le régime de cette résistance citoyenne. Puisque le
rétablissement des droits fondamentaux aux - quels l’oppression porte une atteinte
caractérisée est l’objectif de cette résistance, celle-ci ne peut s’affranchir du régime
juridique de ces droits, notamment la condition de nécessité et de proportionnalité. D’une
part ce but ne doit pouvoir être atteint par aucun autre moyen – ce qui explique que sa
mise en œuvre devrait rester exceptionnelle voire théorique dans un État de liberté même
imparfait. D’autre part la résistance ne peut prendre une forme que strictement
proportionnelle à cette atteinte. […]

Source : RÉSISTER, DE QUEL DROIT ? Antonin Sopena Association Vacarme | « Vacarme »


2010/1 N° 50 | pages 82 à 85

[…]L’utilisation du droit de résistance dans le cadre d’un litige doit être appréhendée de
manière différente en fonction de la nature démocratique ou non du régime. Dans les deux
types de situation – quoique pour des raisons différentes–, le juge rencontrera bien des
difficultés pour appliquer ce droit.

Dans la première hypothèse, on admet que le droit de résistance à l’oppression puisse


s’exercer dans le cadre d’une démocratie, face à un pouvoir qui aurait été – pendant un
temps limité – oppressif. Si le régime en question ne reconnaît pas de normes supérieures
aux lois, l’individu ne peut pas se prévaloir du droit de résistance, puisque ce droit porte
en lui l’idée de conflit de règles juridiques et de hiérarchie des normes : celui qui se
prévaut du droit de résistance estime que la règle juridique posée par les organes de l’État
est injuste et illégitime au regard de valeurs qui lui sont supérieures. Cette règle doit donc
être écartée et l’individu a le droit d’y désobéir – d’y résister. Si le système juridique ne
connaît pas de contrôle de constitutionnalité ou de conventionnalité des lois, l’individu ne
peut se prévaloir de normes « supérieures » aux lois qui justifieraient sa résistance. Si le
régime en question prévoit un contrôle constitutionnalité ou de conventionnalité des lois,
c’est au juge d’écarter la loi qui viole un principe fondamental consacré par le droit positif
et rien ne justifie juridiquement que l’individu réinterprète par-delà la décision du juge, la
constitutionnalité de la loi, déclare cette dernière oppressive et désobéisse à cette « loi
adoptée par les représentants du peuple et dont la conformité à la Constitution a été
reconnue». En effet, accepter un droit de résistance par de-là l’interprétation du juge,
c’est autoriser chacun à interpréter les conflits de normes et à écarter de manière
purement subjective la loi jugée oppressive. C’est accepter que la force d’une loi dépende
de l’interprétation qu’en fait chaque individu, c’est donc remettre en cause les
fondements mêmes du droit et de l’État. Le contrôle de constitutionnalité ou de
conventionnalité enlève donc tout fondement au droit de résistance. Si le juge suprême
déclare la loi compatible aux normes qui lui sont supérieures, l’individu ne peut plus
justifier l’usage de son droit de résistance (autrement dit, la loi ne peut pas être
considérée comme oppressive ou son caractère oppressif est, selon le juge, justifié au
regard de normes supérieures). Si, au contraire, le juge écarte ou annule la norme en
raison d’une incompatibilité avec une norme supérieure, c’est cette dernière qui sera la
source de l’absence de condamnation ou de la demande de réparation de l’individu qui a
résisté (et donc désobéi) à la loi (écartée par le juge) et le recours au droit de résistance
ne lui sera d’aucune utilité. Ainsi, « le positivisme, en ne reconnaissant d’interprète du
droit qu’authentique – sous la figure du juge – a rendu soit illégitime, soit impraticable
toute traduction juridique de la résistance : dans un système où seule l’autorité – et non la
vérité – fait le droit, la reconnaissance juridique de la résistance est impensable».

La deuxième hypothèse est celle de l’exercice du droit de résistance en régime non


démocratique. Face à des juges appliquant des lois oppressives, le recours au droit de
résistance est plus qu’impensable, il est alors en effet « dérisoire de menacer un État
devenu oppressif d’une sanction insurrectionnelle». Le juge qui écarterait l’ordre juridique
nouveau (et oppressif) pour faire prévaloir le droit de résistance ferait lui-même acte de
résistance et ne pourrait avoir recours qu’à la doctrine du droit naturel, la nature
oppressive de l’État s’opposant directement avec la reconnaissance positive du droit de
résistance. La dernière hypothèse est celle du rétablissement d’une démocratie
temporairement suspendue. L’exercice du droit de résistance peut alors servir de fait
justificatif à une action illégale commise sous le régime oppressif déchu ou à l’appui d’une
demande de réparation. Reconnaître dans ces circonstances le droit de résistance, c’est
accepter son caractère rétroactif, puisque, comme indiqué précédemment, ce droit ne
pouvait être consacré à l’époque des faits. L’effectivité du droit de résistance dépend
alors d’une fiction juridique : tout se passe et s’interprète comme si les actes de
résistance s’étaient produits dans le cadre du nouvel ordre juridique (qui reconnaît le droit
de résistance) et l’existence juridique de l’ancien ordre oppressif est donc niée. Quelle
que soit la nature du régime étatique, le juge ne peut pas garantir juridictionnellement le
droit de résistance, sans se référer même implicitement au droit naturel. Pourtant, le droit
français a consacré un tel droit. Ce n’est donc pas dans la mise en œuvre juridictionnelle
du droit de résistance qu’il faut chercher son effectivité, mais peut-être dans la protection
juridique d’autres droits fondamentaux, qui lui font indirectement écho. […]

Source : À la recherche de l'effectivité des droits de l'homme - La justiciabilité ... https://


books.openedition.org/pupo/1172?lang=fr Presses universitaires de Paris Nanterre, 2008

[…] « Les « lanceurs d’alerte » risquent souvent leur carrière et leurs moyens de
subsistance et, dans certains cas, de graves répercussions se font longtemps sentir sur
leurs finances, leur santé, leur réputation et leur vie personnelle. Afin de prévenir les
actes répréhensibles et de défendre l’intérêt public, il est essentiel de veiller à ce que
ceux qui osent parler soient correctement protégés ». C’est ce qu’affirme la Commission
européenne dans sa communication du 23 avril 2018.
1) Le statut juridique du lanceur d’alerte et son cadre de protections créés par la loi
Sapin II.
La loi 2016-1691 du 9 décembre 2016 dite « loi Sapin »a créé un statut pour les lanceurs
d’alerte et leur a ainsi offert un régime protecteur.
Selon le rapport annuel du défenseur des droits, la loi Sapin « a permis l’émergence d’une
prise de conscience du rôle que chacun peut jouer dans le développement des
signalements et dans la moralisation de la vie publique ».
1.1) La définition du lanceur d’alerte selon la loi Sapin II.
L’article 6 de la loi Sapin II définit le lanceur d’alerte de la manière suivante : 

« Un lanceur d’alerte est une personne physique qui révèle ou signale, de manière
désintéressée et de bonne foi, un crime ou un délit, une violation grave et manifeste d’un
engagement international régulièrement ratifié ou approuvé par la France, d’un acte
unilatéral d’une organisation internationale pris sur le fondement d’un tel engagement,
de la loi ou du règlement, ou une menace ou un préjudice graves pour l’intérêt général,
dont elle a eu personnellement connaissance. »
1.2) Le dispositif général de protection des lanceurs d’alerte.
1.2.1) Certains secrets sont exclus du régime de l’alerte.
Il est important de noter que la loi exclut du domaine du dispositif : « Les faits,
informations ou documents, quel que soit leur forme ou leur support, couverts par le
secret de la défense nationale, le secret médical ou le secret des relations entre un
avocat et son client sont exclus du régime de l’alerte défini par le présent
chapitre . » (article 6).
1.2.2) La procédure de signalement à respecter.
La procédure de signalement à respecter est décrite dans l’article 8 de la loi Sapin 2.
La procédure doit être portée :
 A la connaissance du supérieur hiérarchique, direct ou indirect, de l’employeur ou d’un
référent désigné par celui-ci ;
 Dans certains cas, par des collaborateurs extérieurs et occasionnels.
1.2.3) Quelle protection ?
Les lanceurs d’alerte sont protégés contre les représailles professionnelles et bénéficient
ainsi d’un allégement de la charge de la preuve.
Ils bénéficient également du régime d’irresponsabilité pénale dans le cas où le signalement
a entraîné la violation d’un secret protégé.
Par ailleurs, leur identité est tenue strictement confidentielle : le non-respect de
l’obligation de confidentialité de leur identité est sanctionné pénalement, tout comme le
fait de faire obstacle au signalement, de quelque manière que ce soit.
De plus, en cas de procédure abusive en diffamation, l’amende civile est doublée. […]

Par Frédéric Chhum, Avocat et Julie Rougé-Guiomar, Juriste. Source : www.village-


justice.com

Questions :

1) Quelles sont les ambiguïtés énoncées dans ces documents pour évoquer le droit à la
résistance ?

Dans son article « Résister, de quel droit? » Anthonin Sopena introduit et aborde la notion
de droit a l’oppression ainsi ce dernier a qualifié ce droit comme étant un droit hors la
loi . En effet ce même droit n’est en vérité qu’une autorisation à soi-même de se placer
hors-la-loi, il ne peut s’agir de se placer hors du droit . Ainsi comme on nous inique ici , il
s’agit d’une ambiguïté entre deux notions droit et loi , on comprend par ce cel que le droit
à la résistance n’est valable que s’il existe une violations de nos droits ; L’objectif de cette
résistance est donc de rétablir nos droits fondamentaux et est l’unique moyen de les
acquérir . Ajoutant a cela , le droit de la résistance comme nous indique l’auteur que sa
mise en œuvre devrait rester exceptionnelle voire théorique dans un État de liberté même
imparfait, et que cette résistance doit être proportionnelle a cette atteinte c’est è dire
proportionnelle a l’oppression .

Dans le deuxième document , articles de la presse universitaire de Nanterre : « l’utilisation


du droit de résistance dans le cadre d’un litige doit être appréhendée de manière
différente en fonction de la nature démocratique ou non du régime. » On entend par cela
que cette résistance inclut une grande part de subjectivité dépendant de plusieurs
facteurs. De plus dans les articles cité on retrouve encore le droit à la résistance
l’oppression énonce comme un droit qui n’est pas universel contrairement à l’injustice .
Ainsi ces mêmes articles indiquent qu’ « accepter un droit de résistance par de-là
l’interprétation du juge, c’est autoriser chacun à interpréter les conflits de normes et à
écarter de manière purement subjective la loi jugée oppressive. » Ce droit est donc basé
sur un ensemble de de juridictions , conflits , hiérarchisation de normes mais aussi les
interprétations des juges .

Enfin , « Face à des juges appliquant des lois oppressives, le recours au droit de résistance
est plus qu’impensable, il est alors en effet « dérisoire de menacer un État devenu
oppressif d’une sanction insurrectionnelle» on comprend alors que dans un état qui n’est
pas démocratique il est difficile d’appliquer ce même droit a la résistance puisque la loi
est bien plus supérieure aux normes définies par les citoyens oppressés et l’existence de
cette oppression est dès lors nié .

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