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Condamner
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Présentation
Bibliographie
Remerciements
Introduction
Le nom de la chose
Cette chose, qui n’a pas de nature, fait l’objet d’une activité
interprétative. Et cette interprétation produit des effets. Les
choses qui arrivent et qui font mal sont rarement vécues sur le
mode de la tautologie réductionniste : « cette chose n’était que
cette chose ». Nous nous comportons souvent comme les
enfants de Piaget, intentionnalisant toute souffrance produite
comme le fait d’un autre. Le meurtre fraternel d’Abel par Caïn
constitue, pour beaucoup, le mythe fondateur de la violence.
Mais la tradition coranique (telle que restituée par Fethi
Benslama et Jacques Vigneault) présente une version non
manichéenne du conflit entre deux frères. « Au lieu de nous
présenter d’un côté la haine de Caïn et de l’autre l’innocence
d’Abel, elle nous met en présence de deux haines étroitement
enchevêtrées, l’une appelant l’autre et aucune n’étant plus juste
ou plus injuste que l’autre. Caïn, bien sûr, a tué Abel, mais ce
dernier a délibérément appelé sur lui ce meurtre » (Vigneault,
2008, p. 52). On entendrait Borges, dans son poème « Les
justes », lorsqu’il prétend que peut « sauver le monde […] celui
qui justifie ou cherche à justifier le mal qu’on lui a fait ».
Condamner
Nous avons vu, au travers des cinq symptômes décrits, que les
agences et les agents du système pénal agissent en fait sous
forte contrainte de dysharmonie. Pourtant, si une réalité était
totalement homogène, on n’aurait pas besoin d’en parler
comme d’un système ; les mots machine, action, entreprise
devraient suffire si l’on veut faire de l’harmonie la condition
descriptive d’un « système ».
La boîte noire
La cohérence du système : la
surdétermination par l’amont
Le système pénal est fondamentalement décomposable. Bien
sûr, ses éléments hétérogènes ont leur propre autonomie, leurs
propres règles de fonctionnement, mais, malgré cette
décomposition, un principe assure la cohérence transversale du
système pénal. Les pratiques produites en amont du système
surdéterminent le sort en aval des dossiers et des personnes.
Par « amont », on entend concrètement les agences
d’enregistrement et de qualification (polices et ministère
public). Leurs pratiques professionnelles sont elles-mêmes
déterminées par les décisions et attitudes profanes du renvoi ou
du non-renvoi (des victimes ou témoins). Cette précision signifie
que les agences qui interviennent à l’entrée du système sont
déterminantes quant au sort ultérieur de l’information, à son
traitement ou à son non-traitement. Une recherche française
récente (Danet, 2013) démontre, à nouveaux frais, dans un
contexte de diversification extrême des « réponses pénales », le
poids décisif des constructions policières et parquetières des
dossiers sur la marge décisionnelle des juges.
Le développement de mécanismes de
régulation du système pénal
Notes du chapitre
[3] ↑ Les premiers résultats de cette démarche peuvent être consultés dans
Tournier, 1983, et Tournier et Kensey, 1991.
[4] ↑ On lira, à cet égard, le commentaire de l’article 51.5 des règles pénitentiaires
européennes : « Les dispositifs de sécurité physiques et techniques sont des
composantes essentielles de la vie en prison mais en eux-mêmes insuffisants pour
assurer le bon ordre. La sécurité dépend aussi d’un personnel vigilant qui
communique avec les détenus, sait ce qui se passe dans la prison et veille à ce que les
détenus soient actifs. Cette approche, qualifiée de “sécurité dynamique”, est plus
qualitative que celle reposant entièrement sur des mesures de sécurité statique et
tire sa force de sa capacité d’anticipation, qui permet d’identifier de manière précoce
une menace pour la sécurité. »
2. Law inaction. L’ineffectivité de
la loi
Le droit pénal peut enfin être compris – c’est la voie que l’on
soutiendra ici – comme un instrument juridique d’une politique
publique, même si cela met à mal l’autonomie normative du
droit pénal. Le plus souvent, quand on associe droit et politique
publique dans d’autres domaines, c’est pour avancer, comme
on vient de le voir, « l’ineffectivité juridique comme indicateur
de l’écart existant entre les intentions d’une politique et ses
résultats » (Lascoumes, 1990a, p. 44). On notera que cette forme
de critique est généralement absente de la réflexion sur le droit
pénal, dans la mesure même où on ne se le représente pas
comme instrument d’une politique publique, mais comme la
norme (soit la majeure du raisonnement syllogistique des
juristes). Pour avancer sur cette question, il faut renoncer à
l’idée que « le droit étatique ne serait qu’un ensemble de
commandements sanctionnés » (Lascoumes, 1990a, p. 45).
Pierre Lascoumes continue en indiquant que la représentation
de la légalité comme une et indivisible est une fiction, qui éclate
dès lors que l’on se met à examiner les conditions concrètes
d’application d’un texte face à la multiplicité des situations et
aux réponses pragmatiques qui sont apportées à ces situations.
Prétendre cependant qu’il y a un écart entre le droit et son
application est insuffisant à rendre compte du fonctionnement
d’un système chargé pourtant de l’appliquer. Il serait tout aussi
absurde de considérer qu’il y a lieu d’examiner les pratiques
pénales concrètes en tenant le droit à l’écart de l’analyse. Une
approche des pratiques pénales, instrumentées notamment par
le droit, devient nécessaire. Ces pratiques, si on les fédère sous
le nom de « droit en action », ne sont pas observées pour elles-
mêmes. Au contraire, en les observant sans présupposer
qu’elles sont juridiquement définies, on peut mieux rendre
compte du pluralisme des normativités à l’œuvre, souvent
conflictuelles, dans le fonctionnement des polices, des
tribunaux et des organes d’exécution des peines. Ce sont alors
les tensions entre normativités à l’œuvre qui deviennent l’objet
de l’analyse, plutôt que la tension entre pratiques et droit, qui
nous renvoie toujours vers une analyse normative des
pratiques, exprimées en termes d’écarts, de
dysfonctionnements ou autres termes significatifs d’une
indignation juridiquement soutenue. Les normativités
convoquées par la lecture pragmatique sont de même niveau et,
de ce point de vue, l’analyse s’écarte de la lecture foucaldienne
donnant à la gouvernementalité une puissance descriptive qui,
bien qu’inscrite dans les pratiques, surplombe les conflits
normatifs dont elles témoignent.
Notes du chapitre
La loi peut enfin être créée pour n’être jamais appliquée, soit
parce que des dispositifs régulatoires font obstacle à son
application, soit parce que la loi elle-même a été adoptée à des
fins sans aucun rapport avec le souci qu’elle soit appliquée. On
trouvera ce phénomène en particulier lorsque l’on peut
détacher la loi de ses ancrages moraux. Ainsi, la norme pénale
dispose du pouvoir de remplir trois fonctions qui la détachent
de son effectivité et que Philippe Robert (1997, 2005) a
identifiées. La première fonction est l’affichage : la loi belge
contre le racisme (loi du 30 juillet 1981) témoigne d’une
réprobation officielle, mais n’a pendant longtemps reçu aucune
effectivité en termes de poursuites ou de condamnations. La loi
peut aussi jouer un rôle de substitution : l’aggravation des
peines comminées a souvent cet effet de substituer une lutte
pénale contre le phénomène criminalisé au traitement de ses
causes. Elle peut enfin servir une ambition idéologique : à
l’approche d’échéances électorales, on peut promettre le
renforcement des peines ou la création de peines de prison
incompressibles, la dépénalisation ou la repénalisation d’un
phénomène, la simplification de procédures ou l’accroissement
des compétences d’une agence du système pénal, afin de
satisfaire idéologiquement un électorat, quoi qu’il en soit des
réelles intentions ou des possibilités juridiques de procéder aux
réformes promises et des possibilités matérielles de leur donner
consistance ensuite.
L’« application de la loi »
La ruse est le nom que l’on peut donner à l’esprit des pratiques
qui trompent le manque d’esprit au profit d’un exercice
singularisé et moins douloureux de la pénalité. La ruse – le
propre d’une véritable action tirant parti des surprises
qu’offrent les ressources juridiques – est proche de la
transgression et convient à l’identification de pratiques qui,
sous contrainte institutionnelle et/ou organisationnelle,
choisissent de privilégier les exigences de l’art du métier ou des
situations auxquelles le professionnel du système pénal est
confronté contre les normes légales et techniques qu’il est censé
respecter, sans pour autant se mettre en difficulté
déontologique ou disciplinaire. L’exemple suivant,
probablement exceptionnel, relève de la ruse et permettra de
reprendre, sous la forme d’un exercice d’analyse, les
enseignements relatifs à la concurrence des normativités.
Notes du chapitre
[1] ↑ www.victimesdudevoir.fr
Deuxième partie. L’empire
de la justification
Présentation
La justifica(c)tion
V. Dachy
Les auteurs
La combativité technique
Quelle humanité ?
L’humanité est une catégorie souvent utilisée par les juges. Elle
est avant tout la limite que rencontre un idéal de justice. Si la
justice est humaine (respectueuse de l’humanité des gens), elle
l’est aussi au sens où elle est rendue par des humains, soit de
façon singulière et non mécanique, au risque de l’erreur, elle-
même humaine. Elle est ensuite une référence matérielle : la
justice pénale est « humaine » pour les juges, car, au contraire
d’autres juridictions (civiles notamment), ils y rencontrent des
humains. La notion d’humanité renvoie, à cet égard, aux
sentiments vécus par les juges, à l’empathie ou à l’antipathie
ressenties devant des justiciables – auteurs et parties civiles ou
préjudiciées – physiquement présents à l’audience. L’humanité
est le signifiant désignant en quelque sorte la présence en chair
et en os d’autres personnes et « l’impression [vécue par les
juges] d’être plus dans la société ».
Le contexte procédural
Le précédent et la collégialité
Le consensus
On trouvera ici la déclinaison complète de ce que veut dire
« comprendre ». Il s’agit, dans la sphère judiciaire, de la forme
que prend l’impératif aujourd’hui généralisé de vouloir
(d’accepter) ce qui s’impose à nous, adoucissant la brutalité
possible de la décision. « Je crois que le gars qui apprend qu’il
est condamné, il apprend aussi pourquoi, il ne retient pas que
la condamnation comme telle ; on a rétabli une certaine vérité,
qui dans bien des cas l’agrée même. Il n’est pas rare qu’on ait
en face de soi quelqu’un qui conteste les faits, avec assez de
véhémence, et puis, le jour du jugement où on prononce la
peine, souvent il l’accepte ; il sent finalement qu’on a compris
les choses et qu’une bonne décision a été prise plutôt qu’une
condamnation qui serait pure, brutale » (Ovide, 22). À propos de
peines d’emprisonnement ferme, « il n’est pas rare que, malgré
tout, la personne, après, vous dise merci, ait l’air contente de la
sanction ; évidemment elle craignait sans doute le pire, mais je
sens que ce n’est pas toujours un merci parce qu’on pensait être
condamné deux fois plus sévèrement, mais merci parce que la
personne sent qu’on a vu juste, qu’on a vu clair, qu’on n’a pas
été revanchard ; elle estime qu’on a été juste » (Ovide, 128).
La contrainte légale
Une juge évoque le fait que le faux en écriture est un crime. Elle
est tenue légalement devant ce type d’infraction, même
correctionnalisé, de prononcer une peine de prison et une
peine d’amende. Au moment même où elle insiste sur la gravité
d’un crime légalement passible de la cour d’assises (la
correctionnalisation servant d’outil d’optimalisation des
moyens dans la régulation des inputs pénaux), elle témoigne du
fait que, malgré cette gravité, signalée par ailleurs par
l’obligation de prononcer deux peines, la condamnation à la
prison (obligatoire) sera systématiquement assortie d’un sursis.
« Très généralement, la peine d’emprisonnement est assortie
d’un sursis : je ne pense pas que ce soit nécessairement la place
d’un homme d’affaires d’être en prison pour une première
infraction… Je donne des peines d’amende effectives, en
général, et là, assez conséquentes. Mais, en matière fiscale, vous
ne pouvez pas dépasser 12 500 euros pour des faits antérieurs à
2007, sans additionnels, donc c’est vraiment très très peu par
rapport à ce qu’on peut donner en pénal ordinaire. Et alors, on
peut donner également – et j’y recours assez souvent – des
interdictions de gérer des sociétés commerciales, d’avoir des
activités commerciales en nom propre ; ou s’il s’agit de notaires
ou de dépositaires de charges publiques comme cela, vous
pouvez les interdire de profession » (Abigail, 189).
Il faut encore ajouter la confiscation à cette palette de sanctions
« professionnelles ». Outre l’éventail des options pénales décrit
dans cet extrait, on constate que statut économique élevé et
emprisonnement semblent incompatibles, alors même que,
quelques instants plus tôt, la même magistrate évoquait, de
façon générale, l’inefficacité de la prison (pour des motifs sur
lesquels il faudra revenir).
Envoyer un signal
Le feed-back et l’ineffectivité
–…
– Bien, oui… »
(Acadie, 206)
La justesse sociale de la peine
La passerelle
Les pages qui suivent seront consacrées aux réponses que les
magistrats rencontrés ont apportées à cette question non posée.
Le corps du prévenu, présent à l’audience, contient une
information difficilement descriptible par l’entretien. Des
recherches ont tenté d’approcher sa signification en justice : sa
teneur sociale est souvent rabattue sur la moralité. Mais
l’institution et l’organisation « sauvent » aussi le juge du péril.
La présomption d’innocence est un garde-fou institutionnel
significatif du double sauvetage qu’il produit : celui du prévenu,
mais aussi celui du juge. Les dispositifs organisationnels et de
procédure – et singulièrement le droit d’appel – assurent aussi
un appui non négligeable pour la traversée de la
« condamnation ».
Le corps du prévenu
La présomption d’innocence
L’appel
« Je sais que des collègues craignent les appels ou sont vexés de
savoir que le ministère public a interjeté appel de leur décision.
[…] Le fait qu’on aille en appel de mes décisions ne me pose
aucun problème : c’est logique, c’est sain. […] Et même les
réformations ne m’embarrassent que si je me suis trompé dans
l’application du droit. Si j’ai acquitté quelqu’un et qu’à la cour
d’appel, à trois, ils estiment que je me suis trompé, j’accepte, ce
qui ne veut pas dire que je m’étais trompé, parce qu’on peut se
tromper à trois… En sens inverse, je condamne, la cour
acquitte : pourquoi pas ? On l’accepte, on reçoit les décisions
[les arrêts de la cour d’appel, en copie] en retour et, si c’est bien
motivé, on le comprend parfaitement. Par contre, s’il m’arrivait
de commettre une erreur de droit, je n’en serais pas fier.
D’ailleurs, lorsque je prononce mon jugement et que je sens que
la décision peut ne pas plaire, je rappelle qu’on peut faire appel.
Je le dis encore plus vite et plus volontiers, si je vois que la
personne n’est vraiment pas contente. Je lui dis : “Écoutez, vous
avez quinze jours pour faire appel. Moi, en tout cas, je ne peux
plus rien faire pour vous” » (Ovide, 156). Ce long extrait est
porteur de beaucoup d’indications. Il se termine sur la fonction
de confort que représente l’existence même du recours. Celle-ci
ouvre une porte au moment où une autre se ferme. Cette autre
porte est « condamnée », mais un passage reste possible par où
échapper à l’insatisfaction. « Je ne peux plus rien faire pour
vous » ajoute une information significative : le juge aura donc,
jusque-là, fait ou tenté quelque chose pour le prévenu. Que ceci
soit vrai ou non, et même s’il s’agit d’une formule stéréotypée,
se révèle encore ici l’ethos du juge, qui aurait voulu éviter le
pire mais n’y aura pas nécessairement réussi. Comme Acadie
qui « se trouve très très bien en première instance », Ovide
signale l’importance pour le juge que le condamné dispose
d’une seconde instance ; elle donne droit à l’erreur, que celle-ci
soit d’ordre juridique ou qu’elle relève d’une correction du
dosage de la peine.
La stylisation et le péril
La confrontation au corps du prévenu, son innocence présumée
et la division du travail entre première et seconde instances,
constituent trois ressorts permettant aux juges de franchir
l’espace vide de la condamnation. Nicolas Herpin critique les
formules spiritualistes des magistrats qui rationnalisent leurs
pratiques en faisant appel à leur honneur ou à leur conscience.
Il écrit que « la juste peine fait intervenir une discipline dont les
principes sont suffisamment précis pour qu’ils se distinguent de
la loi […]. La pratique de la justice pénale est non pas illégale
mais a-légale » (Herpin, 1977, p. 75). L’auteur insiste sur la
nécessité du rituel, des courbettes et de l’étiquette, et explique
cette nécessité par le fait que la justice produit « un service
négatif » : « sa prestation se fait au détriment de celui à qui elle
s’adresse ». Certes le rituel persiste, mais il a perdu son lustre. Il
est moins affaire de décorum et d’étiquette que de style
d’action, même si cette action peut être dépourvue de style (au
sens esthétique du terme). Le rituel est un certain type de
répétition, qui relève de la stylisation (Boltanski, 2009, p. 127).
« Un trait pertinent de la ritualisation consiste en effet à faire
prévaloir des exigences relatives à la manière de faire (ou de
dire) sur la prise en compte des conséquences fonctionnelles de
ce qui est fait (ou dit) » (ibid., p. 126). À cet égard, « la
ritualisation dévoile […] son intention objective, qui est d’abolir
la distance qui sépare toujours, dans les occasions ordinaires de
la vie, la situation type de la situation occurrence et, par
conséquent, de faire comme si elles pouvaient coïncider dans
un acte synthétique par l’intermédiaire duquel formes
symboliques et états de choses se trouveraient superposés de
façon indissoluble. Cela à condition, toutefois, de fermer les
yeux sur les effets de sélection de certains traits, jugés
pertinents, au détriment d’autres traits, rejetés comme
accessoires, qu’opère nécessairement la stylisation » (ibid.,
p. 127). Il faut reconnaître que le rituel commence avec la loi :
la définition légale des comportements relève de cette sélection
de traits et de la stylisation de cette sélection, dans une
formulation proprement juridique. Le travail du juge, réalisé en
public, « assure la coordination des acteurs et des spectateurs
dans un même cours d’action […] plongés ensemble dans la
certitude que ce qui est, est vraiment, de façon incontestable et
souvent […] de façon définitive » (ibid., p. 127). Si l’activité
pénale distribue un « service négatif », il importe aux
distributeurs que sa négativité soit occultée au profit de son
style, épurant le jugement sur base de quelques traits construits
dans le dossier et confirmés à l’audience.
La justification typographique de la
culpabilité ou la convenance
Notes du chapitre
[1] ↑ Message (par exemple, sur un forum) dont le caractère est susceptible de
provoquer des polémiques.
« Ce qui est intéressant, c’est le fait que Lee Masters juge
le monde comme un lieu où chacun tire de son
expérience sa propre condamnation ou sa propre
justification. »
Que le mot soit adopté, qu’il soit rejeté ou que son sens soit
restreint, et compte tenu de la focalisation de la réponse sur le
sentencing, la prison reste la référence et la limite de son usage.
Comme la peine de prison ferme exécutable représente la
conséquence la plus forte de l’activité du juge correctionnel,
l’imposition de toute autre peine déboute le mot condamner de
son adéquation à représenter l’action. L’identification d’un
ethos du moindre mal, sur laquelle s’est conclu le chapitre
précédent, se fonde sur cette délimitation défensive et relative.
La mission, l’activité et la
justification
Il est essentiel à cet égard que celui qui prononce une telle
parole ne se présente pas comme s’il exprimait un point de vue
sur l’objet de son discours. Ici, le miroir entre l’activité
métapragmatique du juge (en situation professionnelle) et
l’activité métapragmatique de l’enquêté (en situation
d’entretien) continue de servir. Le juge en situation d’entretien
exprime un point de vue ; en situation de juge, l’expression d’un
point de vue ne suffit pas. Il faut, comme l’explique Olivier
Cayla, instaurer « l’artifice d’un tiers » auquel est accordé par
convention le privilège d’avoir le dernier mot, « c’est-à-dire le
monopole de l’interprétation juste » (ibid., p. 116). Pour écouter
le juge comme ce tiers artificiel, il faut « faire abstraction de son
corps » (ibid., p. 117) : la parole du juge, dans le prononcé de la
condamnation, est celle d’un être sans corps. Boltanski qualifie
ainsi l’institution : « un être sans corps à qui est déléguée la
tâche de dire ce qu’il en est de ce qui est » (ibid., p. 117) (ou
encore de raccorder la réalité, dicible, et le monde,
incommensurable). L’être sans corps est celui qui est « enrobé »
et entouré d’objets et de symboles relatifs à la fonction dans
laquelle il doit apparaître comme désincarné (plutôt
qu’incarnant la fonction, contrairement à la formule classique).
Cette division est manifeste aussi dans la vie « réelle » du juge.
Lorsqu’une juge me dit avoir reconnu dans une grande surface
un justiciable qu’elle a condamné, elle ajoute qu’elle croit qu’il
ne l’a pas reconnue. En situation d’enquête, le juge est devant le
chercheur, à son cabinet ou à son domicile, reconnaissable
comme humain, mais, malgré ses doutes ou ses hésitations, un
tiers auquel est accordé le privilège d’avoir le dernier mot,
« c’est-à-dire le monopole de l’interprétation juste », n’en est pas
moins présent. Ce tiers est celui qui est issu de l’analyse ; il
apparaît comme rationalité transversale ou ethos commun aux
« subjectivités » interrogées.
Rien dans la perspective de criminologie critique soutenue ici
n’a vocation à juger ou à condamner les acteurs responsables
des pratiques pénales. Le point de vue adopté fournit au
contraire une représentation valide des acquis et des enjeux
d’une lecture sociologique de leur travail et de son contexte,
une représentation en tout cas plus valide que celle fournie par
l’idéologie juridique et que celle fournie par une sociologie
positiviste, voire administrative, du droit. La perspective choisie
permet de comprendre et justement de résister à la tendance
« condamnatrice » de la sociologie de l’écart. Cette dernière
observe les pratiques pour mesurer leur écart à la norme qui
devrait, selon la rationalité juridique, les déterminer et qui
enseigne alors le responsable de ces pratiques sur son devoir –
comme s’il ne le connaissait pas – et sur les moyens de corriger
cet écart. Une criminologie de la condamnation dont la portée
serait correctionnaliste est inconséquente. Une pratique est par
définition un écart. Un discours tenu sur cette pratique en est
un autre. Mesurer ces écarts pour les corriger est une activité
de juge, pas de chercheur.
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