Cinquième séance Professeur: Mohamed LAABOUBI Chapitre III Les grandes fonctions des entreprises Au sein d’une entreprise, on peut dénombrer différentes activités de base : acheter, produire, vendre, transporter, financer, etc. Dans une petite entreprise, en effet, le patron effectue généralement lui-même toute une série de tâches très diverses (il recrute, il vend, il fait ses comptes…) mais la complexité et la diversité croissante des problèmes techniques, commerciaux, financiers… exigent d’une entreprise d’une certaine taille une organisation efficace. Les nombreuses tâches réalisées par l’entreprise doivent faire l’objet d’un regroupement selon leur objectif. Cela permet notamment d’identifier les grandes fonctions de l’entreprise. Les fonctions et les activités essentielles de l’entreprise Les multiples tâches effectuées par l’entreprise peuvent être regroupées en ensembles homogènes du point de vue de leur finalité. Ces regroupements de tâches interdépendantes ayant le même objectif s’appellent fonctions. C’est H. Fayol qui s’est intéressé le premier vers 1910 à un regroupement des activités essentielles en fonctions. Il distinguait les six fonctions suivantes : On ne retrouve pas forcément toutes ces fonctions dans chaque entreprise. Par ailleurs, cette typologie s’inscrit dans le contexte industriel du début 20ème du siècle et les entreprises actuelles présentent des découpages faisant apparaître de nouvelles fonctions telles que : la fonction recherche et développement qui s’occupe des études et de la recherche…, la fonction qualité s’assure que les produits livrés sont conformes à des règles de fabrication…, la fonction ressources humaines qui s’occupe des rémunérations, du recrutement, de la formation…. L’entreprise conçoit ses fonctions au regard de ses objectifs, de ses priorités d’action mais également de ses moyens, de son marché et de son environnement.
Il n’existe pas de modèle général de fonctions à
appliquer systématiquement, quelle que soit l’entreprise .
La décision de création d’une fonction varie selon le
contexte, les spécificités de l’entreprise et les représentations de ses gestionnaires… I – La fonction production 1. définition La fonction première de l'entreprise est de produire un bien ou un service destiné à être cédé sur le marché à un prix couvrant au moins ses coûts de production.
La fonction de production peut être définie comme
l’ensemble des activités qui transforment les matières premières et les composants en produits vendus aux clients. La fonction production assure la production de biens ou de services en respectant les contraintes de production. Ces contraintes sont essentiellement : La qualité du produit : les biens économiques produits doivent être de bonne qualité, c’est-à-dire doivent permettre de satisfaire les besoins de la clientèle. Le coût de production : le système productif adopté par l’entreprise doit proposer les plus faibles coûts de production possibles de manière { garantir la compétitivité de l’entreprise. Le délai de fabrication : il s’agit de produire dans des délais conformes au niveau de la demande. La flexibilité : c’est-à-dire que le système productif doit être capable de s’adapter aux variations de la demande, ou bien encore aux évolutions de l’environnement productif de l’entreprise . 2. L’organisation de la fonction production L’organisation de la fonction production repose sur la présence de services fonctionnels. On dénombre quatre principaux services fonctionnels qui prennent en charge la préparation du travail (c'est-à-dire l’organisation du mode de production) et le contrôle du bon fonctionnement de la chaîne de production :
Le bureau des études : il conçoit les prototypes des
produits de l’entreprise et en donne une définition complète. Le bureau des méthodes : définit les méthodes de production qui vont être utilisées pour réaliser le produit proposé par le bureau des études . Le bureau d’ordonnancement : assure le lancement proprement dit de la phase de production en cherchant à minimiser le délai global de production et ce, pour un coût global qu’il ne faut pas dépasser
Enfin, le service de contrôle de la production :
se charge de vérifier que les services opérationnels remplissent bien leur mission dans les conditions définies par le bureau des méthodes que ce soit en terme de délai, de qualité, de rendement ou de coût de production. 3. L’organisation de la production Il existe des formes traditionnelles d’organisation de la production et d’autres plus contemporaines. Les formes traditionnelles Parmi, les formes classiques, il y a l’OST (Organisation Scientifique du Travail) ou taylorisme L'O.S.T. se fonde sur des principes simples : La séparation du travail de conception et du travail de réalisation (la division verticale) L’analyse du travail et sa décomposition en opérations élémentaires (c’est la division horizontale)
Le fordisme, Henri Ford s’inspire du taylorisme pour mettre
en place une nouvelle forme d’organisation de la production. On parlera de fordisme. Le fordisme repose sur deux concepts-clés :
la standardisation du produit : la définition d’un mode
opératoire formalisé et favorisant les économies d’échelles repose sur une standardisation du produit fini qui n’est alors produit qu’en une seule version de manière { simplifier au maximum le processus de production et à bénéficier d’économies d’échelles importante (la Ford T n’était produite qu’en une seule couleur par exemple, le noir) le travail à la chaîne : l’organisation du mode de production repose sur un mode de production en continu, dans lequel les différentes tâches élémentaires se succèdent les unes après les autres et ou le produit fini circule d’un atelier { l’autre. Ce type d’organisation sera matérialisé dans l’espace par la mise en place d’une chaîne de fabrication. Les avantages de l’O.S.T La généralisation des principes de Taylor et de l’organisation fordiste du travail s’est traduite par la réalisation de gains de productivité très importants qui ont eu pour conséquence un formidable développement économique caractérisé par l’émergence d’une production et d’une consommation de masse.
Ceci explique en partie la croissance économique
des années d’après-guerre appelée en économie les « trente glorieuses ». Les inconvénients de l’O.S.T Le taylorisme crée des conditions de travail qui sont de moins en moins acceptées. La parcellisation, la répétition des tâches engendre monotonie, démotivation, "tristesse" même d'où une augmentation de l'absentéisme, du nombre d'accidents, et une forte rotation des salariés ("turn-over"), une qualité insuffisante des produits, et des conflits sociaux. Les formes modernes
L’automatisation de la production
L’automatisation apparaît { travers la notion de
productique. Cette dernière intègre toutes les techniques en A.O (Assisté par ordinateur) : la CAO (conception assistée par ordinateur), la CFAO (Conception et Fabrication Assistées par ordinateur), MAO (Maintenance assistée par ordinateur). Les nouvelles organisations du travail Elles se caractérisent par deux éléments essentiels : (i) la modification du commandement : le nombre de niveaux hiérarchiques diminue de plus en plus. Les chefs sont de moins en moins des dirigistes. Ils tendent à devenir des animateurs, des conseillers, des incitateurs. (ii) La recherche d’une plus grande autonomie : les groupes « semi-autonomes » . Cette organisation existe à partir du moment où un ensemble de travailleurs organise le travail qui lui est destiné, le répartit librement entre ses membres et le contrôle. Le Toyotisme Le Toyotisme : c’est la firme automobile Toyota qui a donné son nom à une nouvelle forme d’organisation de la production. Le toyotisme est apparu dans les années 50 et 60 du 20ème siècle . Le toyotisme repose sur l’application du principe des 5 zéros. 1) zéro défaut, augmenter la qualité . 2) zéro panne, assurer la fiabilité du processus . 3) zéro délai, réduire les délais en produisant juste à temps . 4) zéro stock , réduire les stocks par la production à flux tendus 5) zéro papier, simplifier les procédures . 4. Les modes de production L’organisation de la production est associée à deux modes de fonctionnement : la production à flux poussés et la production à flux tendus.
Production à flux poussés
La production à flux poussés anticipe la demande de composants en s’appuyant sur des prévisions de livraisons de produits finis (les composants sont « poussés », de proche en proche, du poste amont au poste aval, jusqu’{ l’expédition). Lorsqu'une étape de la production d'un produit est terminée, le produit est « poussé » vers l'étape suivante. Le flux poussé consiste à produire un bien avant qu’un besoin particulier n’est été formulé par un client. Cela signifie donc que l’entreprise va engager de l’argent (achat de matières premières, paiement des salariés, utilisation des moyens de production…) sans être réellement sure à 100% qu’elle pourra vendre le fruit de sa production . Il faut noter également qu’une fois le processus de production terminé, le produit sera stocké en attendant qu’un client l’achète. Il en résultera donc des frais de stockage sur des produits finis . Production à flux tendus Comme son nom l’indique un système en flux tiré fonctionne à l’inverse de son homologue le flux poussé. Dans cette organisation, c’est la demande d’un client(client externe: consommateur / client interne: un autre service de l’entreprise) qui sera l’élément déclencheur d’une mise en fabrication d’un produit. La production à flux tendus est déclenchée par la demande effective, et non plus prévisionnelle, de ce composant ou de ce produit. Elle constitue la base du Juste à Temps qui vise à satisfaire la demande adressée { l’entreprise (commandes fermes) en respectant les délais convenus, avec la quantité et la qualité exigées.
Le délai entre l’ordre d’approvisionnement et la
livraison est réduit au minimum La méthode du juste-à-temps, ou JAT, est une méthode utilisée dans le cadre de la gestion des approvisionnements, qui consiste à attendre la commande du client pour s'approvisionner.
Le juste à temps consiste à ne commander les matières
premières ou les éléments à assembler qu'au moment de leur utilisation. L'un des objectifs de cette méthode est d’éviter au maximum les stocks intermédiaires. II – La fonction Marketing et vente
La fonction Marketing et vente regroupe l’ensemble
des activités et processus permettant à une entreprise : de comprendre les attentes des consommateurs et la situation du marché sur lequel elle évolue ;
d’essayer d’influencer le comportement des
consommateurs dans le sens de ses objectifs. Le marketing est une notion récente qui résulte d’une évolution historique. En effet, jusqu’{ la seconde guerre mondiale, l’environnement se caractérisait par une demande importante, et une offre limitée. C’est dans ce sens qu’Henri Ford disait : « Je donnerai à chaque américain la voiture qu’il désire, à condition qu’il achète une “Ford T noire” ». Dans ce contexte, l’objectif de l’organisation était de produire le plus possible. Mais à partir de la 2ème moitié du 20ème siècle, les choses ont changé, le rapport de force s’est inversé entre l’offre et la demande, et depuis cette époque, l’offre est plus importante que la demande. La fonction Marketing et vente est divisée en deux grandes sortes de tâches, qui sont en amont et en aval de la conception du produit. En amont de la conception du produit : le marketing stratégique
Avant de concevoir un produit, l’entreprise doit se
demander ce que veulent les consommateurs. de comprendre les attentes des consommateurs et la situation du marché sur lequel elle évolue d’essayer d’influencer le comportement des consommateurs dans le sens de ses objectifs. Son objectif est donc dans un premier temps de mieux connaître le marché sur lequel elle compte vendre son produit. L’entreprise est alors { la recherche de deux types d’informations : ce qu’attendent les consommateurs : quels sont leurs besoins ? qu’aiment-ils dans les produits ? comment consomment-ils ? ce que font les concurrents : qui sont les concurrents ? quels produits vendent-ils ? à quel prix ? à quels clients ? En aval de la conception du produit : le marketing opérationnel et la vente
Une fois le produit (ou le service) est conçu, on entre
dans la phase du marketing opérationnel.
On distingue quatre grandes variables sur
lesquelles on peut agir. Les 4 P Les anglais appellent ces variables les 4 P: Product - Price - Place - Promotion : Le produit Pour répondre au mieux aux attentes de la clientèle, le produit est caractérisé par divers éléments (marque, conditionnement, stylique...) permettant ainsi de l’identifier et de le différencier sur le marché des produits concurrents.
Le conditionnement (ou packaging) désigne l'emballage
d'un produit. Le conditionnement doit être capable de garantir les caractéristiques et l'état du produit depuis sa sortie de fabrication jusqu'à sa bonne utilisation par le consommateur ciblé. Le design ou la stylique en français est constitué de l’ensemble des éléments contribuant à l’apparence visuelle et physique d’un produit.
Le design doit répondre principalement à deux
objectifs marketing. Un objectif de séduction par l’apparence et l’image visuelle véhiculée par le produit et un objectif fonctionnel qui se traduit par le fait que les formes du produit doivent faciliter son usage (stockage, prise en main, utilisation, …). Le design peut être un élément fort de différenciation pour le produit. Le prix La fixation du prix de vente d’un produit est une décision importante en raison de l’influence que ce prix exerce à la fois sur le volume des ventes et sur la rentabilité du produit.
La politique de prix consiste à déterminer le prix qui
permettra de vendre de grandes quantités du produit sans pour autant dégrader son image en termes de qualité. 2.3. La communication La communication commerciale vise à atteindre trois objectifs essentiels: faire connaître le produit (c.à.d : informer sur les caractéristiques du produit, l’utilisation du produit) chercher { développer une attitude favorable { l’égard de l’entreprise, de ses marques, de ses produits ; c’est ce qu’on appelle la phase affective dans laquelle l’entreprise cherche { construire ou { développer une image positive d’un produit ou service ou de l’entreprise elle-même persuader la cible visée d’acheter le produit : c’est la phase comportementale qui a pour but d’inciter la cible { acheter le produit 2.4. La distribution La politique de distribution choisie par l'entreprise devra lui permettre de mettre en place les meilleurs moyens d'acheminer ses produits et/ou services à la clientèle.
Le canal de distribution peut être : direct (aucun
intermédiaire, le produit est vendu directement du producteur au consommateur), court (un seul intermédiaire : producteur, détaillant, consommateur) ou long (plusieurs intermédiaires : producteur, grossiste, détaillant, consommateur). III – La fonction financière La mise en œuvre d’une politique financière équilibrée est l’objectif principal du responsable financier de l’entreprise. En effet, une entreprise qui utilise plus de ressources financières qu'elle n’en crée est amenée, à terme, à disparaître. Le responsable financier de l’entreprise est appelé à résoudre les difficultés associées aux schémas de financement des investissements de l’entreprise, à la préservation de son équilibre financier et à la sécurisation, à terme, des ressources financières de l’organisation. Comment évaluer et prévoir les besoins en financement ? Où trouver les ressources nécessaires à la couverture de ces besoins ? A quel coût ?
Toutes ces questions sont posées et analysées par la
fonction financière de l’entreprise, les gestionnaires financiers étant chargés de trouver les réponses appropriées.
D’autre part, de plus en plus d’entreprises intègrent les
activités de la comptabilité générale et analytique dans les prérogatives du responsable financier. Ainsi, la fonction financière a pour mission de veiller à la disponibilité des ressources financières nécessaires au fonctionnement de l’entreprise, à les développer et à les contrôler dans un souci d’efficience. Il existe plusieurs moyens auxquels peut recourir une entreprise pour financer ses investissements : Utiliser l’argent dont elle dispose pour financer ses investissements : l’entreprise peut financer son développement en utilisant l’argent dont elle dispose dans ses réserves. On parle alors d’autofinancement. Emprunter auprès d’une banque : l’entreprise présente son projet de développement à la banque, ainsi que ses besoins de financement. Afin de lui prouver qu’elle pourra rembourser son emprunt, l’entreprise doit lui fournir une série de documents sur sa santé financière et sur les recettes qu’elle compte tirer de son projet. Chercher des fonds sur les marchés financiers En émettant des obligations : le principe est le même que pour un emprunt. L’entreprise emprunte auprès de particuliers ou d’institutions et rembourse le montant ainsi que les intérêts.
En émettant des actions : pour obtenir des capitaux,
l’entreprise va créer des actions. Ceux qui accepteront de prêter de l’argent deviendront en contre-partie des propriétaires de l’entreprise, et donneront leur avis sur le fonctionnement de l’entreprise.