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5-006-C-90

Encyclopédie Médico-Chirurgicale 5-006-C-90

Analgésie et anesthésie fœtales


R Lenclen
MV Senat
C Fischer
Résumé. – Les techniques diagnostiques et les procédures invasives sont de pratique courante en médecine
Y Ville
néonatale. Les arguments expérimentaux et cliniques plaident indiscutablement pour une reconnaissance
d’une sensorialité nociceptive chez le fœtus dès 24-26 semaines. Les données expérimentales confirment
l’existence de réactions hormonales et hémodynamiques comparables à celles observées chez l’enfant et
l’adulte lors de procédures douloureuses. Ces réactions de stress peuvent avoir des conséquences
neurodéveloppementales ultérieures. La réalisation de gestes techniques invasifs, même s’ils sont effectués
chez des fœtus en grande détresse vitale, impose, comme cela a été fait chez le nouveau-né et le prématuré,
de prendre en compte la réaction neurosensorielle et de réfléchir au bénéfice d’une thérapeutique
anesthésique adaptée. Dans le cadre des fœticides pour pathologie fœtale incurable, considérés comme de
véritables arrêts de vie in utero, la dimension éthique et humaine de cette procédure conduit à proposer une
analgésie préalable.
© 2001 Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : nociception, réaction de stress, gestes invasifs fœtaux, fœticides.

Introduction thalamocorticales se constitue dès la 20e semaine. Les connexions


spinothalamiques sont établies à partir de cette date et leur
Le développement des techniques d’exploration et des traitements myélinisation n’est complète que vers 29 semaines [6]. Les premières
invasifs in utero (ponction, injection, drainage, biopsie ou connexions thalamocorticales sensorielles n’apparaissent au niveau
intervention chirurgicale) a imposé de recourir à une immobilisation, des régions frontales qu’entre 22 et 26 semaines [32]. Avant cette
voire à une véritable anesthésie du fœtus, pour limiter les période, il n’a pas d’influx sensoriel transmis au cortex, même si
contraintes ou les complications de ces techniques. Secondairement, d’autres connexions neuronales thalamocorticales et corticocorticales
la question de la perception douloureuse du fœtus à l’occasion de sont en place de façon transitoire entre 20 et 26 semaines. La
gestes invasifs s’est imposée, d’une part par ses aspects éthiques maturation du thalamus est plus précoce que celle des zones
indiscutables, et d’autre part par la meilleure connaissance du corticales ; 40 % des connexions synaptiques concernent les voies
retentissement vital ou neurodéveloppemental lié aux réactions sensorielles, les 60 % restants sont en rapport avec les voies
douloureuses ou de stress. descendantes du cortex.
En résumé, avant 22 semaines, les voies neuroanatomiques
ascendantes ne sont pas complètement développées, entre 22 et
Développement des voies 26 semaines les connexions augmentent et, à partir de 26 semaines,
de conduction de la douleur les voies de perception sont fonctionnelles. L’intégrité de l’ensemble
du système, de la périphérie jusqu’au cortex, est considérée comme
chez le fœtus nécessaire à la perception de la douleur [15].
Le développement très précoce, dès la septième semaine, des Le développement des systèmes régulateurs, notamment le système
connexions périphériques (récepteurs nociceptifs et voies nerveuses inhibiteur sérotoninergique, suit une maturation plus tardive, après
efférentes) suggère un rôle essentiel du signal nociceptif dans le 40 semaines. Cette immaturité se traduit par une amplification des
schéma du développement neuroanatomique. Les récepteurs signaux nociceptifs [16]. Enfin, une différence notable par rapport aux
cutanés apparaissent en premier lieu à la face, aux mains et à la voies sensitives matures concerne l’absence de spécialisation des
plante des pieds (15 semaines), puis sur le tronc et les bras, pour fibres de conduction. Les récepteurs cutanés sont connectés aux
couvrir l’ensemble de la surface cutanée vers 20 semaines [5]. Les voies de conduction spinales de la douleur mécanique. De plus, la
voies afférentes se mettent en place entre la sixième et la dixième surface cutanée nécessaire au déclenchement des stimulations est
semaine. Le processus de myélinisation est plus tardif [43] . Le plus importante : moindre densité des récepteurs et surface afférente
développement des structures neuroanatomiques supérieures d’une fibre neuronale transmettrice plus grande.
Ces derniers points permettent de comprendre que les réactions
réflexes de retrait restent aspécifiques et qu’elles peuvent être
Richard Lenclen : Praticien hospitalier, service de pédiatrie-médecine néonatale. provoquées par des stimulations nociceptives, mais également par
Marie-Victoire Senat : Praticien hospitalier, service de gynécologie-obstétrique et biologie de la reproduction. toutes sortes d’autres stimulations (kinétiques, thermiques).
Catherine Fischer : Praticien hospitalier, service d’anesthésie-réanimation.
Yves Ville : Professeur des Universités, praticien hospitalier, service de gynécologie-obstétrique et biologie de L’activité électroencéphalographique, qui par certains aspects traduit
la reproduction.
Centre hospitalier intercommunal de Poissy/Saint-Germain-en-Laye, hôpital de Poissy, 10, rue du Champ-
l’existence de connexions thalamocorticales, est décelable dès
Gaillard, 78303 Poissy cedex, France. 20 semaines, mais ne commence à être synchrone que vers

Toute référence à cet article doit porter la mention : Lenclen R, Senat MV, Fischer C et Ville Y. Analgésie et anesthésie fœtales. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, tous droits réservés),
Obstétrique, 5-006-C-90, 2001, 6 p.
5-006-C-90 Analgésie et anesthésie fœtales Obstétrique

26 semaines [31]. De même, l’étude des potentiels évoqués visuels ou absentes en cas de ponction du cordon ombilical [56]. Cependant, les
somesthésiques confirme que l’identification de signaux sensoriels modifications de vélocité au niveau des vaisseaux cérébraux sont
n’est détectée au niveau du cortex que vers 24 semaines et qu’ils ne contradictoires, notamment en ce qui concerne des différences selon
deviennent matures que vers 27 semaines [30]. le site de ponction. Le relargage de substances vasoactives a été
suggéré, la faible réponse des fœtus hypoxémiques ou acidotiques
pouvant être expliquée par une réponse vasodilatatrice inadaptée [64].
Réactions fœtales aux stimulations Les données les plus récentes confirment une réponse
hémodynamique cérébrale consécutive aux actes invasifs de
ponction pariétale du fœtus, indépendante de l’âge gestationnel,
RÉACTIONS NEUROMOTRICES FŒTALES observée dès 16 semaines, d’apparition rapide (70 secondes) et
En période néonatale, l’évaluation de la douleur est fondée sur prolongée pendant toute la durée de la ponction [57]. Les mécanismes
l’analyse de critères comportementaux (réactions faciales ou de impliqués dans ces processus d’adaptation hémodynamique restent
gesticulation, cris) ou de critères physiologiques (rythme cardiaque, mal connus.
oxygénation), ces critères ayant été validés pour des nouveau-nés
très prématurés. RÉACTIONS FŒTALES ET NOCICEPTION
Toutefois, la réponse du fœtus aux stimulations douloureuses est
S’il semble bien établi que les stimulations cutanées douloureuses
difficile à apprécier, car le développement des réflexes moteurs
vont donner lieu à des réponses physiologiques, comportementales
concerne à cet âge des voies essentiellement sous-corticales,
et métaboliques, dont certaines sont quantifiables, il n’est cependant
spinothalamiques, dont la myélinisation est incomplète [ 2 9 ] .
pas possible de leur accorder la moindre spécificité [9].
L’immaturité des voies de conduction et des systèmes modulateurs
a pour conséquence un seuil réflexe plus bas qu’un système mature. Les données disponibles suggèrent que l’élaboration de la sensation
La réflectivité est d’abord observée au niveau de la bouche, puis douloureuse est fonctionnelle vers 26 semaines et fait appel à des
s’ajoute la participation des mains et des pieds vers 14-15 semaines, mécanismes transitoirement différents entre 22 et 26 semaines.
avec des mouvements réflexes de large amplitude et de longue Cependant, l’intégration corticale de la douleur ne représente pas
durée [11]. Si l’expression faciale est un critère bien documenté et l’aspect exclusif du problème, mais aussi le retentissement de ces
pertinent pour l’évaluation de la douleur en période néonatale, il ne différentes réactions fœtales, notamment physiologiques et
peut être retenu pour l’évaluation de la douleur fœtale. Les autres métaboliques, à une phase du développement cérébral
réactions comportementales sont en grande partie de nature réflexe particulièrement vulnérable [61].
et sont non spécifiques de la stimulation douloureuse ; elles peuvent
d’ailleurs être observées alors que les connexions cérébrales
corticales sont absentes (décortication). Ces différences rendent Conséquences des réactions de stress
l’analyse de la concordance entre réactions motrices observées et ou de perception douloureuse
intensité de la stimulation douloureuse très incertaine [14].
Le développement normal du cerveau est un long processus
caractérisé par l’expression transitoire d’un programme de
RÉACTIONS NEUROENDOCRINIENNES croissance : mise en place du tube neural, prolifération des neurones
Les données scientifiques concernant les réactions hormonales au et des cellules gliales, taille et type de neurones, mort cellulaire
stress, d’abord déclinées d’études réalisées chez le prématuré [15], programmée, interactions neurones/glie, synaptogenèse,
concernent actuellement les procédures invasives fœtales. stabilisation des synapses et myélinisation. La modulation de ce
L’activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien peut être programme est dépendante de facteurs de croissance d’origine
évaluée par le dosage de certaines hormones de stress comme la placentomaternelle ou fœtale, d’hormones et de certains
noradrénaline, le cortisol et la b-endorphine. Des dosages effectués neurotransmetteurs et/ou récepteurs qui jouent le rôle de
à l’occasion de prélèvements de sang fœtal confirment une élévation morphogènes. Les facteurs régulant l’apoptose jouent un rôle
de ces marqueurs hormonaux de stress uniquement en cas de déterminant dans le développement des voies somesthésiques. Ce
ponction directe du fœtus (abord vasculaire portal transhépatique), processus débute vers 13 semaines et se poursuit jusqu’au terme [7].
alors que la ponction du cordon à distance du fœtus n’induit aucune L’activation du système excitotoxique et des récepteurs N-méthyl-D-
modification des taux hormonaux [18, 19] . L’élévation des taux aspartate (NMDA), dont la densité est maximale aux phases du
hormonaux est observée dès la 18e semaine. La comparaison des développement cérébral sensibles, est impliquée dans la genèse des
dosages fœtaux et maternels montre que la réponse fœtale est phénomènes de sensibilisation centrale lors des stimulations
indépendante de la réponse maternelle. Par ailleurs, l’élévation du nociceptives intenses et prolongées [7] . Les études animales
taux d’endorphine est constatée dès 18 semaines, de façon confirment la vulnérabilité du développement du système
indépendante de l’âge gestationnel, alors que l’élévation du cortisol nerveux [ 4 ] . La stimulation douloureuse répétée induit des
est constatée à partir de 20 semaines et reste dépendante de l’âge modifications comportementales contemporaines de remaniements
gestationnel du fait des processus maturatifs de l’axe structuraux au niveau de la corne dorsale de la moelle [48]. Ces
hypothalamosurrénalien [20]. données expérimentales ont conduit à élaborer une hypothèse
Cependant, l’activation des systèmes hormonaux ou des physiopathologique faisant intervenir, au niveau de certaines zones
neurotransmetteurs est non spécifique de la douleur. Ces réactions cérébrales, l’activation des processus excitotoxiques responsables de
sont observées chez des patients inconscients ou sous anesthésie, phénomènes apoptotiques à l’origine de remaniements structuraux
voire plus simplement au cours de l’exercice physique. et fonctionnels du cerveau immature [ 2 ] . Ce concept
d’hyperstimulation répétée ou aiguë permet d’établir un lien entre
les altérations induites à une phase précoce du développement
RÉACTIONS PHYSIOLOGIQUES OU VÉGÉTATIVES cérébral et le retentissement à long terme [52]. Le suivi à long terme
L’étude des réactions physiologiques par échographie doppler met des nouveau-nés exposés à un stress néonatal confirme la relation
en évidence une remarquable capacité d’adaptation entre l’exposition à des douleurs répétées précoces et des altérations
hémodynamique du fœtus, avec notamment redistribution du débit neuropyschologiques complexes [60]. Les réactions comportementales
sanguin vers le cerveau et le cœur, en cas de stress par retard de à la douleur et le seuil de perception sont différents [10]. Par ailleurs,
croissance ou hypoxémie [21] . Cette adaptation circulatoire a il apparaît indiscutable que le stress et la douleur, en période
également été confirmée à l’occasion de procédures invasives in néonatale, ont également d’autres conséquences neuro-
utero avec abord direct du fœtus (ponction transhépatique, ponction comportemenales à long terme : troubles cognitifs, difficultés
évacuatrice épanchement thoracique, drainage), alors qu’elles sont d’attention, troubles du comportement [63].

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Obstétrique Analgésie et anesthésie fœtales 5-006-C-90

Les conséquences des réactions de stress commencent à être bien La sédation peut être réalisée par administration maternelle de
étudiées chez le nouveau-né. La réponse physiologique associant benzodiazépines ou de barbituriques, mais les résultats sont
fluctuation de la fréquence cardiaque, de la pression artérielle, du décevants [8]. Les barbituriques, très liposolubles, présentent un
débit sanguin cérébral, est considérée comme un des facteurs de excellent passage transplacentaire (molécule non ionisée), mais la
risque de morbidité ou de mortalité néonatale, en particulier par concentration dans la circulation fœtale baisse très rapidement en
son implication dans les mécanismes lésionnels cérébraux raison d’une redistribution vers le compartiment maternel.
hémorragiques ou ischémiques [60]. L’augmentation des doses fait courir un risque de dépression
L’ensemble de ces arguments suggère que l’expérience douloureuse respiratoire ou d’hypotension artérielle pour la mère [54].
répétée ou intense, ou les phénomènes de stress concomitants, ont Par ailleurs, les données disponibles sur les mécanismes du transfert
un retentissement à long terme. Les études menées en période placentaire concernent plutôt la fin du troisième trimestre, à une
néonatale confirment que ces complications peuvent être diminuées période où les mécanismes de diffusion passive par gradient sont
ou prévenues par une prise en charge thérapeutique antalgique maximaux. Plus précocement dans la grossesse, la plupart des
adaptée [1, 44, 45]. mécanismes mis en jeu ont pour conséquence un taux de transfert
Si la justification d’une prise en charge thérapeutique lors de gestes réduit.
invasifs chez le fœtus à partir de 24-26 semaines est soutenue par
une argumentation neuroanatomique et neurophysiologique
INJECTION INTRA-AMNIOTIQUE
indiscutable, avant cette date, les avis sont controversés [51, 52, 62].
Les données expérimentales ne sont pas concluantes. L’absorption
cutanée est insuffisante pour permettre un taux thérapeutique
Moyens disponibles correct [55].

Plusieurs techniques peuvent être proposées : l’anesthésie peut être


obtenue via la mère par diffusion transplacentaire, ou par ANESTHÉSIE LOCALE
administration fœtale. L’anesthésie locale est théoriquement praticable pour la plupart des
La plupart des agents pharmacologiques disponibles ne sont pas ou effractions cutanées et pariétales (ponctions, drains). L’infiltration de
très rarement employés en période anténatale. Les données lidocaïne (Xylocaïnet), à la dose de 3 à 5 mg/kg, s’accompagne
pharmacodynamiques ne peuvent pas être complètement d’une absorption très rapide. Les effets hémodynamiques délétères
extrapolées du prématuré au fœtus en raison de caractéristiques ne s’observent que pour de fortes doses. Si l’anesthésie locale
métaboliques et hémodynamiques très différentes. Par ailleurs, les maternelle est toujours proposée en l’absence d’anesthésie générale,
études de pharmacodynamique fœtale sont difficiles et celles en revanche, aucune description d’anesthésie locale fœtale n’est
réalisées au cours des échanges transfusionnels sont en partie décrite dans la littérature. L’injection sous-cutanée ou
biaisées, car une quantité variable du produit est soustraite au cours intramusculaire semble en effet peu pratique car elle implique un
des échanges. La dose administrée n’est pas toujours bien corrélée geste supplémentaire, éventuellement douloureux, avec un risque
au poids fœtal dont l’estimation peut être difficile. Ainsi, les fœtus lésionnel non négligeable.
les plus jeunes ont-ils un risque d’être surdosés. Inversement, les
plus âgés peuvent être sous-dosés. La prédiction du poids fœtal tient
compte habituellement d’une équation incluant le diamètre IMMOBILISATION FŒTALE
bipariétal, le périmètre abdominal et la longueur fémorale (formule Il s’agit, pour ce type d’agents, d’une administration directe au
de Haddock). En cas d’anasarque, ces paramètres peuvent être fœtus. Les faibles doses utilisées, compte tenu du poids fœtal, ne
modifiés, et dans ce cas la valeur de poids estimé correspond au 50e sont pas dangereuses pour la mère en cas d’injection accidentelle.
percentile pour l’âge gestationnel. Le faible passage transplacentaire n’expose pas non plus à un risque
de redistribution vers le compartiment maternel après injection
AGENTS ANESTHÉSIQUES INHALÉS
fœtale [33]. L’utilisation des curares chez le fœtus est particulière, car
AU COURS D’UNE ANESTHÉSIE MATERNELLE la maturation des voies de transmission neuromusculaire est
incomplète : la vitesse de conduction nerveuse est ralentie, la
Les agents anesthésiques inhalés (halothane, isoflurane) présentent
jonction neuromusculaire est peu ramifiée et la quantité
un excellent passage transplacentaire car ce sont des substances non
d’acétylcholine disponible au niveau de la synapse est limitée. Les
ionisées, très liposolubles. Les effets anesthésiques sur le fœtus
principaux produits utilisés sont des curares non dépolarisants. Ils
s’expliquent par une bonne captation fœtale, un rapport veine
agissent en compétition avec l’acétylcholine au niveau des
ombilicale/artère ombilicale égal à 2,9 et une élévation rapide de la
récepteurs de la membrane postsynaptique. L’agent le plus utilisé
concentration au niveau cérébral. Les concentrations fœtales sont
est le vécuronium bromure (Norcuront). Cette molécule est peu liée
donc directement liées aux concentrations maternelles et à la durée
aux protéines plasmatiques (25 %), son métabolisme est
de l’anesthésie maternelle [23]. Cependant, l’accumulation dans le
principalement hépatique et son élimination est biliaire. Le délai
compartiment fœtal est progressive et peut être perturbée par
d’action est très bref (1 à 3 minutes) et la durée d’action est de
certaines conditions métaboliques ou hémodynamiques. Au cours
30 minutes en moyenne. Le métabolisme et le mode d’élimination
de la chirurgie fœtale, l’anesthésie maternelle n’est pas toujours
doivent être pris en considération si la fonction hépatique est
suffisante pour anesthésier le fœtus de façon adéquate, ce qui a
perturbée (curarisation pour transfusion en raison d’une anémie
conduit à des techniques complémentaires d’analgésie avec injection
fœtale allo-immune). La tolérance cardiaque du vécuronium
directe de morphinique et de curare au cordon [26].
bromure semble satisfaisante, aucun changement significatif du
rythme cardiaque fœtal n’est observé [33].
ADMINISTRATION DE MORPHINIQUE
OU DE SÉDATIF À LA MÈRE
Le passage transplacentaire des opiacés est faible, 30 % pour le ADMINISTRATION FŒTALE DE MORPHINIQUES
fentanyl 10 minutes après l’injection d’une dose de 1 µg/kg [35]. Les données de pharmacocinétique concernant les morphiniques
L’obtention d’effets chez le fœtus n’est possible qu’en augmentant commencent à être mieux connues chez le nouveau-né et le
les doses administrées à la mère et en risquant de l’exposer à un prématuré [50]. Les effets secondaires, en particulier la dépression
risque dépresseur respiratoire. Toutefois, l’administration prolongée, respiratoire, n’ont aucune incidence lors d’une administration
telle qu’elle peut être constatée en clinique lors de la prise régulière anténatale. L’injection directe en bolus à doses thérapeutiques n’a
de benzodiazépines, permet un taux d’équilibre stable entre les pas de retentissement hémodynamique [49]. La réduction de la
compartiments fœtaux et maternels. réponse métabolique et endocrinienne au stress est certainement

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d’un grand intérêt pour les gestes les plus invasifs [25]. Les deux L’adjonction d’un morphinique en cas d’abord vasculaire
produits de référence sont le fentanyl et le sufentanil. transhépatique peut être réalisée dans le même temps, sans geste
Le fentanyl est un produit liposoluble. Sa pharmacocinétique est supplémentaire.
dépendante de la fonction hépatique, ce qui explique une demi-vie
prolongée chez le prématuré (6 à 32 heures). La posologie préconisée PONCTION. DRAINAGE. BIOPSIE
est de 2 à 5 µg/kg.
Dans ces indications, en dehors de l’anesthésie locale maternelle, le
Le sufentanil est le morphinique de synthèse le plus puissant. Il est plus souvent aucun agent anesthésique n’est utilisé. Il semble
également très lipophile et se distribue rapidement dans tous les légitime de proposer l’adjonction d’un traitement analgésique dans
tissus. Sa pharmacocinétique est identique à celle du fentanyl. La les indications suivantes : ponctions pariétales avec une aiguille de
posologie recommandée est de 0,1 à 0,3 µg/kg. gros calibre et effractions profondes.

Implications pratiques ANESTHÉSIE MATERNOFŒTALE À LA NAISSANCE


Une autre approche thérapeutique a été proposée en cas
Plusieurs champs d’application de l’anesthésie ou de l’analgésie d’épanchement pleural fœtal abondant [42] : la thoracocentèse,
fœtale peuvent être envisagés. Certains sont relativement explorés réalisée sous anesthésie générale maternelle (passage
et mis en œuvre en pratique, même si les indications restent rares, transplacentaire des drogues anesthésiques), juste avant l’extraction
comme la chirurgie fœtale. D’autres ont été nécessaires pour par césarienne pour éviter les difficultés de la réanimation néonatale.
améliorer les conditions techniques d’examens réalisés en Une autre série confirme l’intérêt de cette technique lorsqu’une prise
anténatal, comme l’immobilisation par sédation ou curarisation du en charge immédiatement à la naissance doit être envisagée :
fœtus. Le chapitre encore débattu concerne l’utilisation d’une réduction des troubles hémodynamiques et de l’aérophagie chez des
analgésie lors des procédures invasives fœtales et en cas fœtus porteurs d’anomalies dépistées in utero (hernie
d’interruption de la grossesse avec fœticide. Les recommandations diaphragmatique, omphalocèle, malformation adénomatoïde
du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists suggèrent que pulmonaire...) [41].
la question d’un traitement analgésique doit être prise en compte à
partir de 24 semaines [47]. Les données cliniques sont encore très CHIRURGIE FŒTALE À UTÉRUS OUVERT
limitées. L’analgésie est proposée systématiquement par certains [36].
D’autres équipes soulignent les difficultés de l’évaluation de ce type Les données expérimentales animales de chirurgie in utero
de thérapeutique et la nécessité de poursuivre des études dans ce confirment l’existence d’altérations hémodynamiques profondes
domaine [53]. La faisabilité technique ne semble pas le problème secondaires à la décharge de catécholamines d’origine endo- ou
principal, mais bien l’évaluation de l’efficacité, de la voie exogène. Ces réactions peuvent être diminuées par une anesthésie
d’administration optimale, de la posologie et, en dehors de spinale fœtale ou par l’usage de morphiniques [27].
l’indication pour arrêt de vie fœtale, de l’absence de retentissement La prise en charge anesthésique, lors d’une chirurgie fœtale in utero,
ultérieur sur le développement des structures cérébrales. répond à plusieurs objectifs [17] :
– assurer la sécurité maternelle ;
TECHNIQUES D’IMAGERIE IN UTERO – permettre la chirurgie fœtale ;
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) intra-utérine est – éviter l’hypoxie fœtale peropératoire ;
perturbée par les mouvements fœtaux. L’utilisation d’un curare, – assurer le confort et la sécurité postopératoires maternels.
administré par voie funiculaire, permet d’améliorer la qualité de
L’anesthésie maternelle comporte une induction par fentanyl (2 à
l’examen [10]. Néanmoins, les complications de la cordocentèse font
3 µg/kg), thiopental (6 mg/kg) et Célocurinet (1,5 mg/kg). La
discuter la justification d’une curarisation fœtale pour IRM, d’autant
ventilation en oxygène pur permet d’optimiser l’oxygénation fœtale.
que de bons résultats sont rapportés après sédation maternelle [46].
L’entretien de l’anesthésie peropératoire est réalisé avec un gaz
halogéné (isoflurane). L’anesthésie fœtale est en grande partie liée
TRANSFUSION OU EXSANGUINOTRANSFUSION au bon passage transplacentaire des agents halogénés maternels. Les
IN UTERO autres agents anesthésiques ne sont pas suffisants et les curares non
Le premier objectif des opérateurs a été d’obtenir une immobilité dépolarisants ne permettent pas d’assurer une paralysie fœtale
fœtale afin de réduire le risque lésionnel, de déplacement de correcte. Certaines équipes se contentent de l’anesthésie fœtale
l’aiguille ou de ponctions répétées. Dans cette indication, ce sont assurée par le passage des agents halogénés [28], d’autres complètent
exclusivement les curares qui sont utilisés. Les posologies proposées cette anesthésie par une véritable anesthésie fœtale : injection
sont faibles et ne présentent aucun danger pour la mère, même en funiculaire de curare (vécuronium bromure 100 µg/kg) et de
cas d’injection accidentelle. Le vécuronium bromure a également été fentanyl (10 µg/kg) [13].
utilisé avec succès dans cette indication (exsanguinotransfusion), à
la dose de 75 à 150 µg/kg [33]. Le délai d’action est bref (77 secondes ANALGÉSIE ET INTERRUPTION MÉDICALE
en moyenne) et la durée d’action excède rarement 45 minutes DE GROSSESSE
(23 ± 7 minutes), ce qui est suffisant pour l’exsanguinotransfusion. Une interruption médicale de grossesse peut être décidée pour des
Cette courte durée d’action a plusieurs avantages : raisons maternelles ou fœtales. Dans un premier temps, les objectifs
– elle permet une récupération rapide de la perception des prioritaires ont été d’élaborer une thérapeutique efficace, avec un
mouvements actifs par la mère, alors que cet élément clinique est délai d’expulsion rapide et qui permette une grossesse ultérieure le
perturbé de façon prolongée avec les autres agents myorelaxants ; plus proche possible de la « normale ». L’utilisation de
prostaglandines a permis de faire disparaître les hystérotomies du
– le risque de malpositions fœtales (lésions squelettiques, flexion deuxième trimestre, sources de césariennes itératives. Dans un
marquée du rachis ou des extrémités), secondaires à une paralysie second temps, les psychiatres nous ont aidés à prendre conscience
prolongée, est théoriquement évité, bien qu’il semble peu probable de la nécessité pour le couple de bénéficier d’un encadrement
après une curarisation unique ; psychologique adapté, avec le développement de la notion de deuil
– en cas d’accouchement prématuré compliquant la ponction fœtale, anténatal et de ses conséquences.
la paralysie respiratoire est levée à la naissance ou de courte durée, Le déclenchement du travail au troisième trimestre aboutit à la
voire accessible à des traitements antagonistes. naissance d’un enfant vivant, pour lequel l’euthanasie active est à la

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Obstétrique Analgésie et anesthésie fœtales 5-006-C-90

fois illégale et insupportable. Certaines situations exceptionnelles résolution. À partir de 24 semaines, après abord vasculaire au
amènent parfois à discuter, en concertation avec les parents, un niveau du cordon, l’analgésie et l’injection fœticides peuvent être
accompagnement néonatal vers le décès de l’enfant [39]. Le plus réalisées lors de la même procédure : l’injection d’un morphinique
souvent, il est donc indispensable d’éviter cette situation par un puissant (fentanyl ou sufentanil) peut être proposée en préalable à
geste prénatal d’arrêt de vie in utero [37]. Les interruptions médicales l’injection de chlorure de potassium [34, 37]. Aucune complication
de grossesse tardives ont particulièrement sensibilisé les équipes maternelle, notamment compte tenu du risque théorique de gradient
médicales qui souhaitent éviter toute agression fœtale inutile. Une de diffusion passif du potassium, n’a été relevée au cours de telles
enquête récente, sous l’égide du Club francophone de médecine procédures, pratiquées par des équipes entraînées (communication
fœtale, permet de décrire les aspects pratiques de la prise en charge personnelle Y Ville, MV Senat).
des interruptions médicales de grossesse [40]. Les résultats confirment L’indication d’un traitement anesthésique fœtal semble également
qu’un geste fœticide est réalisé in utero par la majorité des équipes, justifiée dans les situations, certes exceptionnelles, où une
le plus souvent réalisé après 24 semaines, parfois associé à une malformation fœtale non viable (hydrocéphalie majeure, anasarque
analgésie préalable funiculaire ou intracardiaque. Une analgésie sévère...) risque de poser un problème dystocique et impose de
maternelle obstétricale par voie péridurale est le plus souvent réaliser, avant l’expulsion, un morcellement fœtal.
effectuée.
La pratique habituelle de l’arrêt de vie consiste en l’injection de
chlorure de potassium dans le cordon ou en intracardiaque [40, 47]. Conclusion
L’injection de chlorure de potassium hypertonique peut induire des
phénomènes douloureux. Les ponctions intracardiaques sont Les données expérimentales confirment l’existence de réactions
vraisemblablement douloureuses, car parfois difficiles et itératives. hormonales comparables à celles observées chez l’enfant et l’adulte lors
Les pratiques anesthésiques concernant la mère sont actuellement de procédures douloureuses. La réalisation de gestes techniques invasifs,
assez bien codifiées : une analgésie péridurale, associée à une même s’ils sont effectués chez des fœtus en grande détresse vitale,
sédation légère, assure un confort maternel lors de ce geste, tout en impose, comme cela a été fait chez le nouveau-né et le prématuré, de
évitant les risques d’une anesthésie générale. L’alternative en cas de prendre en compte la réaction neurosensorielle et de réfléchir au bénéfice
contre-indication à l’analgésie péridurale consiste à administrer des d’une thérapeutique anesthésique adaptée [58].
morphiniques en intraveineux par une pompe d’analgésie Des recherches doivent être entreprises pour mieux connaître le passage
autocontrôlée. Des sédatifs doivent être éventuellement être transplacentaire des analgésiques au cours du deuxième trimestre et les
ajoutés [59]. Cependant, la qualité de l’analgésie fœtale procurée par effets à long terme des gestes thérapeutiques in utero. Les autres sujets
la sédation maternelle reste incertaine et probablement insuffisante. d’étude, dont certains peuvent bénéficier des données cliniques de la
L’abord vasculaire fœtal est une technique de pratique courante en période néonatale, concernent l’évaluation des traitement antalgiques et
médecine fœtale. La confirmation et l’identification du vaisseau la meilleure connaissance des effets à long terme sur le développement
ponctionné sont possibles grâce aux techniques de doppler haute cérébral [22].

Références ➤

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5-006-C-90 Analgésie et anesthésie fœtales Obstétrique

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