Les liants minéraux sont des matériaux moulus d’une façon très fine. Malaxés à l’eau,
ils donnent une pâte collante qui durcit graduellement pour devenir une sorte de pierre
artificielle. Dans les travaux de construction, les liants minéraux sont mélangés avec l’eau
et/ou les granulats (sable, gravillon, gravier), pour devenir une pâte de ciment ou mortier ou
encore béton.
Il est connu que certains liants durcissent à l’air seulement et d’autres dans des milieux
humides ou dans l’eau. Cette propriété nous permet de classifier les liants minéraux en :
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Liants aériens qui ne durcissent et ne peuvent conserver leurs propriétés mécaniques
qu’à l’air (ex.: chaux grasse, plâtre),
Liants hydrauliques qui durcissent et conservent leurs propriétés mécaniques non
seulement à l’air mais aussi dans l’eau (ex.: chaux hydraulique, ciment Portland,…)
I.2.1.1. Chaux grasse: a été l’un des premiers liants utilisés (avec le plâtre et le bitume)
depuis des millénaires. Les chinois, les égyptiens, les mayas ont construit des édifices
durables avec des mortiers à base de chaux.
Au moyen âge, la chaux a été des plus employée (mélangée avec des tuiles ou des
briques pilées); ainsi elle fût couramment utilisée jusqu’au milieu du 19e siècle. Il y avait alors
en Algérie des milliers de petits fours à chaux dont il subsiste encore quelques vestiges.
I.2.1.1.1 Extraction
Le calcaire est extrait des
carrières. Traditionnellement,
l’extraction se faisait par des
moyens manuels (pics,
pioches,…).
On a recours actuellement à
l’utilisation d’explosifs (tirs
de mine) pour faciliter
l’extraction de la roche,
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I.2.1.1.2 Concassage, criblage et calibrage
La calcination
CaCO3 → CaO + CO2
Broyage
LES FOURS
a- Le four vertical ou four droit
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Le four vertical ou four droit, sur le modèle des fours primitifs, se présente
généralement sous la forme d’un cylindre en acier (dim. Moy. : diam. 2m et H. 8m), chemisé
intérieurement avec un matériau réfractaire, résistant à l’abrasion et à la corrosion. Il
comporte des ventilateurs de tirage. La partie inférieure est munie d’une grille de
défournement.
L’alimentation en calcaire se fait par le haut du four. Le choix d’un bon calibrage
des pierres permet une bonne circulation des flammes et une répartition homogène de la
température.
b- Le four rotatif
Possède les caractéristiques de ceux utilisés dans l’industrie cimentière. Pour fabriquer
de la chaux, il cuit le matériau entre 1000°c et 1300°c, suivant le type de chaux produite.
Chargement de calcaire
Fumée
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Le calcaire est introduit par l’un des côtés.
Il traverse une zone de préchauffage avant de subir
la calcination. La chaux est refroidie avant d’être
extraite.
Les vapeurs d’eau produites sont évacuées avec les fumées et participent à la bonne
décarbonatation du calcaire, du fait de la grande affinité de la vapeur d’eau avec le gaz
carbonique.
La chaux vive (morceaux, réactive) ainsi produite continue sa descente vers une
troisième zone de refroidissement, avant d’être extraite. L’arrivée d’air frais au bas du
four provoque un courant d’air qui parcourt le four en sens inverse et intervient dans les
différentes étapes de fabrication de la chaux: refroidissement, combustion du
combustible,…
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I.2.1.1.4 Extinction
La chaux vive avant
le broyage
Les particules qui n’ont pas réagi appelés ‘’grappiers’’ (impuretés, surcuits,
incuits,…) sont éliminées par tamisage. La chaux éteinte pulvérulente est
tamisée, conditionnée en sac ou en vrac.
L’extinction est obtenue par adjonction d’eau et peut s’effectuer selon diverses
méthodes :
L’extinction spontanée est obtenue en soumettant la chaux vive à l’action
lente et continue de l’air. L’humidité présente dans l’atmosphère assure le rôle
de l’eau d’extinction ;
La méthode par arrosage manuel consiste à apporter la juste quantité d’eau
nécessaire à l’extinction (10 à 15%). La réaction est exothermique
(dégagement de chaleur) et engendre des projections dans le cas de blocs ;
La méthode traditionnelle par immersion comporte le trempage de blocs
dans l’eau, puis l’égouttage et enfin le stockage pour laisser se poursuivre
l’extinction. Cette opération est exothermique (15500 cal/mol.g; T= 150 °c).
L’incorporation de la chaux doit se faire avec précaution, car la réaction peut
entraîner des projections et des bouillonnements.
Observation
Ces trois premiers procédés fournissent de la chaux en poudre
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L’extinction par fusion, dite extinction ordinaire, consiste à mettre la quantité
d’eau utile, pour obtenir une bouillie épaisse (chaux en pâte). Cette méthode implique
une bonne maîtrise de la quantité d’eau car il faut éviter de brûler (formation de
grumeaux) ou de noyer (mauvaise consistance) la chaux.
CYCLE DE LA CHAUX
Calcaire CaCO3
On emploie généralement le calcaire le plus pur possible
Cuisson
Carbonatation
Extinction Gâchage
carbonat
Chaux éteinte
Calcaire CaCO3
Chaux vive
Décarbonatation
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On distingue trois types de chaux :
Chaux vive : morceaux, réactive
Chaux hydratée ou éteinte : poudre, Ca(OH)2 + H2O
Chaux en pâte : Ca(OH)2 + n H2O (excès d'eau).
Chimiques :
La teneur en chaux libre et magnésie (CaO et MgO) doit être supérieure à 80%. La
teneur en oxyde de carbone (CO) doit rester inférieure à 5%.
Physiques :
Le refus au tamis de 800µ est nul et le refus au tamis de 80µ doit être
inférieure à 10% ;
La finesse globale doit se situer dans l’intervalle de 8.000 à 20.000 cm2/g ;
La masse volumique apparente varie de 500 à 700 kg/m3 et la masse
volumique absolue varie de 2200 à 2500 kg/m3 ;
La chaux vive est très avide d’eau, elle s’éteint en s’hydratant avec un fort
dégagement de chaleur (absorbe pour 1kg de chaux, 3 litres d’eau). Cette
propriété est utilisée pour assécher et traiter les sols très imprégnés d’eau ;
La chaux aérienne présente un indice de clarté proche de 100 (indice qui
varie de 0 à100). Ce qui permet de révéler la coloration de l’agrégat ;
La chaux aérienne résiste bien au feu. Sa résistance réfractaire varie entre
1800 à 2000 °C ;
La chaux aérienne prend lentement. Le temps de début de prise est de 600
minutes (10 heures) ;
La solubilité est faible (1 à 1,5 g/l), ce qui permet de fabriquer des laits de
chaux ;
La chaux grasse est fortement basique, ce qui permet de neutraliser les
acides du sol ou les eaux usées (produit bactéricide) ;
La chaux grasse constitue un bon isolant à la fois phonique et thermique.
L’eau de gâchage pour l’obtention d’une pâte de chaux est de 8 à 15%.
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Enduits :
Ont principalement deux fonctions: protection et esthétique.
o Les mortiers de chaux présentent une grande élasticité, ce qui permet d’éviter
les fissures de retrait et faïençage ;
o Les mortiers de chaux, une fois durcis, ont la propriété d’être imperméable à
l’eau tout en étant perméable à l’air. On dit que le mur respire ;
o Le durcissement des enduits à base de chaux est lent; par conséquent, il est
déconseillé de les utiliser à l’extérieur par période hivernale. Aussi, il faut
protéger l’enduit frais contre le soleil et les vents violents.
o L’association de la chaux aérienne et du ciment constitue un liant privilégié
pour les enduits (mortier bâtard).
o Le mortier à la chaux respecte la couleur du sable. Il permet de retrouver
l’aspect d’origine des constructions anciennes et des monuments historiques.
o La couleur finale de l’enduit réalisé avec de la chaux dépend essentiellement
du sable utilisé. On peut, quand de besoin y ajouter des oxydes métalliques en
poudre pour accentuer la coloration en s’assurant de le doser parfaitement et de
bien le mélanger.
o Le temps de séchage à observer entre chaque couche peut varier entre un à
plusieurs jours selon les conditions climatiques et de mise en œuvre.
o La couche de finition peut être talochée, jetée à la truelle, projetée à la
machine... Mais en général, il est recommandé de la gratter ou de la brosser,
quelques heures à quelques jours après application.
Mortiers de pose et de jointement :
La force de liaison d’un mortier de pose est plus importante que sa résistance à
la compression.
Les mortiers de chaux qui développent cette adhérence grâce à leur plasticité,
sont ainsi bien adaptés à cet emploi. Ils sont de surcroîts peu perméables à
l’eau et peu fissurables. Ils ne provoquent pas d’efflorescences.
Les mortiers de chaux constituent de très bons mortiers de jointement de
maçonneries en pierres tendres, en béton cellulaire ou en briques. Ils sont
également très utilisés dans les travaux de bâtiments anciens.
Badigeons :
Sont obtenus en mettant la chaux éteinte en suspension dans l’eau à raison de
40 litres d’eau par sac de 25 kg. Ils sont réalisés à deux ou trois couches.
Les badigeons sont réalisés sur des supports enduits, lissés, frottés ou
décoratifs, pour donner un aspect uniforme aux couleurs et aux matériaux.
Ils peuvent avoir un effet curatif de bouchage sur des enduits microfissurés ou
faïencés, et rattraper des défauts d’aspect.
Matériaux de construction :
La chaux intervient aussi dans la fabrication de matériaux de construction :
Les briques silicocalcaires, sont fabriquées avec un mélange intime de chaux
et de sable siliceux, compacté et étuvé. Ce matériau est très utilisé en
Allemagne et en Russie. (Chaux + granulats siliceux dans un autoclave saturé
de vapeur d'eau à une pression de 8 à 16 atmosphères et une température
supérieure à 170°C : SiO2 + Ca(OH)2 silicate de calcium hydraté stable)
Les Bétons cellulaires, matériaux légers et isolants. Sont fabriqués à base de
sable siliceux et de chaux dans lequel on provoque la formation de bulles de
gaz, souvent par action de la chaux sur l’aluminium en poudre.