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RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI

*******************
UNITÉ-EGALITÉ-PAIX

DIAGNOSTIC ET EXPERTISE DES DÉCHETS DANGEREUX DANS


LES BÂTIMENTS ET LES ÉQUIPEMENTS DE L’HÔPITAL
BOUFFARD

Caractérisation de l’Amiante et Evaluation de la Contamination 
dans les bâtiments de l’Hôpital Bouffard
-RAPPORT PROVISOIRE-

Février‐ 2021

Société Africaine d’Ingénierie 
Tél. : +216‐ 71. 906. 309 ; Fax : +216‐ 71 906. 675 ;
E‐mail :  dg@safi‐ingenierie.com/ contact@safi‐
ingenierie.com  
site Web : www.safi‐ingenierie.com
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

REMERCIEMENTS

L'expert de cette évaluation de la contamination par l’amiante, tient à remercier


les nombreuses personnes rencontrées, les responsables du Laboratoire du
Bâtiment et de l’Equipement, les fonctionnaires du gouvernement de Djibouti et
les parties prenantes dans le projet, notamment les responsables des services
de l’Hôpital Bouffard, les ingénieurs et techniciens du laboratoire indiqué et du
Bureau d’Etudes SAFI, pour leur soutien accompagnement sur les lieux, et les
informations fournies lors de la mission d'évaluation. Les remerciements
s’étendent également à toutes les personnes pour leur temps, commentaires et
contributions qui ont été essentiels pour ce rapport. Enfin mais pas des
moindres, l’évaluateur tient à exprimer une profonde gratitude pour le soutien
précieux fourni pour Madame la Directrice Générale du Laboratoire Central du
Bâtiment et de l’Equipement et ses recommandations pour la réussite de la
présente mission.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

À PROPOS DE L’ÉVALUATION

Type d’évaluation : Caractérisation de l’Amiante et Evaluation de la


Contamination.

Description succincte : Ce rapport de mission et de visite sur les lieux, repose


sur l’identification des produits d’amiante dans chaque bâtiment de l’hôpital
Bouffard, que celui-ci soit actuellement en service, ou non-occupé, mais aussi
sur le site local de démolition récente de quelques locaux vétustes. Il offre
l’occasion d’échantillonner méthodiquement les produits visés, leur
emplacement et leurs fonctions dans la conception des bâtiments en termes de
génie civil. L’objectif majeur et de caractériser la nature de l’amiante par les
moyens analytiques nécessaires (microscopie photonique, électronique, rayons
X, analyses chimiques) dont les résultats seront restitués en détail dans un
rapport technique supplémentaire comportant les propositions et les
recommandations recherchées pour remédier à la contamination et réhabiliter
les lieux pour un usage sécuritaire et durable. Les capacités locales et les
orientations futures des différentes activités à conduire dans le cadre d’un projet
de décontamination de cet hôpital public seront aussi abordées, avec une
mention particulière à la gestion du risque sanitaire, voyant le caractère nocif
de l’amiante qui est classée par l’OMS en tête des dix premiers produits les plus
dangereux à l’échelle mondiale. A l’avenir, le renforcement des capacités
djiboutiennes à l’échelle locale et nationale devra être examiné, visant ainsi à
améliorer les dispositions institutionnelles et réglementaires et l’amélioration
des capacités en termes de gestion de l’amiante et de ses déchets dangereux,
la sensibilisation du public, et l’éducation.

Deux objectifs principaux sont recherchés dans le présent rapport: (i) fournir les
preuves de l’existence de l’amiante dans les bâtiments visités, leur état de
conservation, leur quantitatif et leurs fonctions dans la conception des locaux ;
(ii) échantillonner autant que nécessaire l’amiante sur place et dans les déchets
de démolition de bâtiments vétustes en vue d’analyses détaillées ; et (3)
remettre cet héritage de l’usage de l’amiante dans son contexte historique
national et international voyant les dispositions réglementaires prises pour
bannir l’usage de l’amiante, et faire part des perspectives futures dans ce
domaine pour prévenir les risques sanitaires potentiels.

Mots clés : Hôpital Bouffard, amiante, identification, usage, caractérisation,


évaluation, risque sanitaire, Djibouti.

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DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

IDENTIFICATION DU PROJET, RESPONSABILITES ET


INTERVENANTS

LCBE ID : Laboratoire central du bâtiment et de l’équipement


LCBE-SPA-ID Consultation n° 49/2021
LCBE cycle Génie Civil-Bâtiments-Equipements
LCBE Aire focale Amiante dans les Bâtiments ; Hôpital Bouffard
LCBE Département
Diagnostic et expertise des déchets dangereux dans les
Titre du Projet
bâtiments et les équipements de l’Hôpital Bouffard Djibouti
LCBE Manager du
Madame Rahima AHMED MOUSSA
Projet
Pays Djibouti
Bureau d’Etudes SAFI
Résidence Centre Bebel 2éme Etage, Appt N°3 Bloc F,
Adresse et Montplaisir
Tel : (216) 71 906 309 – Fax : (216) 71 906 675
coordonnées E-mail : safi.ingenierie@planet.tn

Consultant SAFI Saïd Tlig


Email Saidtlig967@gmail.com

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DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Table de Matières
1.  INTRODUCTION ..................................................................................................... 1 
2.  OBJECTIFS ET PORTEE DE L'EVALUATION DE SITUATION......................................... 3 
2.1  DEFINITION MINERALOGIQUE ET GISEMENT .................................................................... 4 
2.2  VUE D’ENSEMBLE DU PROJET .......................................................................................... 6 
2.2.1  Production mondiale ................................................................................................................ 6 
2.2.2  Produits de substitution de l’amiante ......................................................................................... 7 
2.2.3  Epidémiologie et conséquences de l’exposition à l’amiante ......................................................... 9 
2.2.4  Eradication de l’amiante ........................................................................................................ 11 
2.2.5  Systèmes d’indemnisation des patients en Europe et aux Etats Unis ............................................ 12 
3.  AMIANTE EN DJIBOUTI ........................................................................................ 14 
4.  ETUDE DES EXPERIENCES ETRANGERES EN MATIERE DE RESOLUTION DE LA
PROBLEMATIQUE DE L’AMIANTE ................................................................................ 15 
4.1  EVALUATION DES RISQUES ET MESURES D’EXPOSITION A L’AMIANTE ........................... 15 
4.1.1  Diagnostic des pathologies liées à l’amiante ............................................................................ 15 
4.1.2  Mesure des expositions à l’amiante ........................................................................................ 16 
4.1.3  Risques courants, habituellement identifiés à l’étranger ............................................................. 17 
4.2  MESURES REGLEMENTAIRES PRISES DANS LES PAYS ETRANGERS ................................... 19 
4.2.1  Exposition des travailleurs à l’amiante .................................................................................... 19 
4.2.2  Réglementations et dérogations pour l’utilisation de l’amiante ................................................... 20 
4.2.3  Mesures réglementaires concernant les déchets d’amiante en France.......................................... 21 
4.3  ETUDE DU RISQUE SANITAIRE : SUIVI-EVALUATION ....................................................... 21 
5.  IDENTIFICATION, CARACTERISATION ET ETENDUE DE L’AMIANTE A L’HOPITAL
BOUFFARD A DJIBOUTI .............................................................................................. 23 
5.1  PRESENTATION DE L’HOPITAL BOUFFARD ..................................................................... 23 
5.2  VISITE DES LIEUX, RECHERCHE, IDENTIFICATION ET ECHANTILLONNAGE DES PRODUITS
AMIANTES ............................................................................................................................... 26 
5.2.1  Résidus des bâtiments démolis ................................................................................................ 26 
5.2.2  Service d’urgence ................................................................................................................. 28 
5.2.3  Service ORL-Ophtalmologie-Dentisterie et locaux voisins .......................................................... 28 
5.2.4  Bloc opératoire vacant .......................................................................................................... 29 
5.2.5  Bloc de Restauration.............................................................................................................. 31 
5.2.6  Locaux médicotechniques de la partie Sud de l’hôpital ............................................................. 33 
5.2.7  Bâtiment du service de maintenance ....................................................................................... 34 
6.  SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS ..................................................................... 36 
 
   

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Liste des tableaux


Tableau 1:  Production Mondiale et Consommation d’amiante souple (chrysotile) pour l’année 1999 .................. 5 
Tableau 2:  Production totale d’amiante de 1900 à 2003, pourcentages et principaux pays producteurs ......... 7 
Tableau 3:  Produits de substitution de l’amiante selon ses usages, utilisés dans le domaine industriels ................ 8 
Tableau 4:  Morts estimées en 1999, dues au cancer de poumon et mésothéliomes, en prenant la Finlande et le
Royaume Uni comme références. ........................................................................................................................... 11 
Tableau 5:  Quantité de fibres par millilitre autorisée sur huit heures de travail ................................................ 21 

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ABREVIATIONS
AEP : Eau d’Assainissement et Eau Potable
BE : Bureau d’études
Institut Fédéral Allemand d’Evaluation du Risque (Bundesinstitut
BfR:
für Risikobewertung)
BTP : Bâtiment-travaux Publics
CEE : Communauté Economique Européenne
CIAMIT : Société Ciment Amiante Tunisie
EIE : Etude d’Impact sur l’Environnement
El Mawassir : Société El Mawassir pour la Transformation de l’Amiante
FAD : Forces Armées Djiboutiennes
FFDj : Forces Françaises stationnées à Djibouti
ICPE : Industries Classées pour l’Environnement
LCBE : Laboratoire Central du Bâtiment et de l’Equipement
LIT : Convention Internationale sur les Travailleurs de l’Amiante
MET : Microscope Electronique à Transmission
Ministère de l’Habitat, de l'Urbanisme, de l'Environnement et de
MHUEAT :
l’Aménagement du Territoire
MOCP : Microscope Ordinaire à Contraste de Phase
MOLP : Microscope Ordinaire à Lumière Polarisée
Mt : Million de Tonnes
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PGES : Programme de Gestion Environnemental et Social
PVC : Chlorure de Polyvinyle
SAFI : Société Africaine d’Ingéniérie
SICOAC : Société Industrielle des Conduites et Accessoires, Tunisie
USA: United States of America

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF
Les amiantes, leurs déchets et leurs propriétés

L’amiante (asbeste) est un nom commercial qui désigne une variété de


minéraux silicatés argileux (amiante chrysotile, amiante serpentine), ou de
pyroxènes habituels des roches ultrabasiques et acides syénites et granites
alcalins (groupe des amphiboles : crocidolite ou amiante bleu, amosite ou
amiante brune, amiante anthophyllite, amiante trémolite, et amiante actinolite).
La chrysotile et la serpentine sont qualifiées d’amiantes souples, par rapport
aux cinq dernières variétés qui sont plutôt des amiantes dures et donc très
dangereuses.

Ce sont tous des minéraux calorifuges, très résistants à la tractation, qui se


vitrifient à très haute température sans bruler (propriétés ignifuges), pouvant
former des fibres et se prêter à la filature (chrysotile notamment). La variété
d'amiante la chrysotile (amiante blanche) qui est en fait une serpentine (même
formule chimique) et qui représente pratiquement la moitié de l'amiante utilisé
depuis la fin des années 1800.

L’amiante est utilisé dans le bâtiment, dans les utilitaires d’air conditionné et
chauffage, pour la protection contre l’incendie, dans les appareillages ménagers
(fours, machines frigorifiques, etc.), dans les accessoires de voitures (patins de
frein, disque d’embrayage), dans les bateaux, dans certains procédé chimique
(industrie du chlore, de la soude et de l’hydrogène), etc. C’est donc un produit
qui a cohabité avec l’homme depuis plus d’un siècle.

Historique des maladies liées à l’amiante et leur reconnaissance comme


maladies professionnelles

Durant la seconde grande guerre, la consommation mondiale en asbeste n’était


que de 50.000 tonnes par an environ. Cette consommation a cependant
augmenté d’une manière fulgurante pour attendre un pic de 4 793 451 tonnes
en 1977, lorsque des symptômes de maladies sérieuses liées à ces produits
ont commencé à envahir le Monde.

En réalité, les maladies provoquées par l’amiante ont été identifiées très tôt
(1920) au cours du 20ème siècle, chez les ouvriers travaillant l’amiante ; mais ce
n‘est qu’au début des années 1960s, grâce à des études de cas sur des ouvriers
en Afrique du Sud, que le lien direct entre amiante et mésothéliomes, a
clairement été prouvé. Ce n’est pourtant que deux décennies plus tard que ce

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DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

lien entre amiante et maladies mortelles a été reconnu en France, en


Allemagne, en Angleterre, aux Pays-Bas, etc. A cette époque, les pays grands
producteurs d’amiante avaient affiché une nette opposition avant de reconnaitre
leur responsabilité quant aux méfaits de l’amiante et les maladies y associées.

Toutes les amiantes produisent des microparticules fines (≈ 5µm) très toxiques
qui dans l’air, ont un comportement anti-Stockes et de ce fait, elles persistent
en agitation dans l’ambiance ce qui rend facile leur inhalation. Ces microfibrilles
d’amiante s’incrustent dans les alvéoles des poumons et peuvent pénétrer
jusqu’à la plèvre pour provoquer d’abord une pneumonie et ensuite un
mésothéliome. La maladie peut apparaitre rapidement chez les personnes
contaminées, mais peuvent aussi perdurer sur une longue période (une à deux
décennies).

Décision mondiale de l’éradication de l’amiante

Ce n’est qu’à partir des années 1990 que la plupart des états avancés se sont
rendus compte de la nécessité de reconnaitre l’amiante comme un indicateur
d’intérêt sanitaire, et que les maladies liées à l’amiante doivent être reconnues
en tant que maladies professionnelles. A partir de 1997, la plupart des pays ont
décidé d’éradiquer l’amiante, sauf pour certaines dérogations d’usages
spécifiques (ex : utilisation de l’amiante dans les procédés Chlor-Alkali de
synthèse du chlore, de la soude et l’hydrogène à partir du sel de table). Déjà en
1996, la consommation mondiale a chuté de plus de moitié (2100.000 tonnes),
et les premières études ont été lancées pour la recherche de produits de
substitution de l’amiante. Les anciens producteurs d’amiante se sont
rapidement convertis dans le développement, la production et la
commercialisation de produits nouveaux de substitution.

Le mal est mondial

L’amiante aujourd’hui classé par l’OMS en tête des dix premiers produits les
plus dangereux (dont le mercure, le plomb, le cadmium, les hydrocarbures
aliphatiques et polycycliques, etc.). Il n’a épargné aucun pays, et à ce titre la
République de Djibouti ne fait nullement exception. De plus, devant ce mal,
chaque pays s’arrange pour se donner les moyens pour éradiquer le mal
constant de l’amiante.

Par exemple de la Tunisie, un pays voisin de la République de Djibouti, avait


possédé depuis les années 1970, trois usines de transformation de l’amiante :
(i) CIAMIT à Bizerte, définitivement fermée en 2002 ; (ii) SICOAC au Jebel

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DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Jeloud près de Tunis convertie à la transformation du PVC en 1998, et (iii) El


Mawassir à Bir Mcherga à 40 km au Sud de Tunis, convertie au PVC en 2013.

La République de Djibouti dispose de son Code de l’Environnement (Loi


n°51/AN/09/6ème L portant Code de l’Environnement) et a interdit l’importation,
la transformation, la commercialisation et l’usage de l’amiante (Loi n°95/AN/2ème
L portant interdiction d’importer sur le territoire national des déchets ou résidus
industriels toxiques, radioactifs ou polluants ; Décret n°99-0202/PR/MTPUL
portant interdiction de l'amiante en République de Djibouti ; Décret n°2003-
0212/PR/MHUEAT portant réglementation du transport des produits
dangereux). Ceci constitue un début très précieux pour l’éradication du mal lié
à l’amiante.

L’amiante au Centre Médicochirurgical de Bouffard, une situation héritée

La création et la mise en service de cet hôpital à la fin des années 1970,


coïncide avec le pic de consommation mondiale de l’amiante. Il faut donc
s’attendre à ce que ce produit soit utilisé dans la conception des bâtiments et
dans moult produits de consommation, d’aménagement du territoire
(canalisations d’assainissement ou de distribution d’eau), d’armement de
bateaux, etc. Ceci est d’autant possible que les conditions climatiques sont
sévères (sècheresse, canicules, période chaude bien marquée durant une
longue période de l’année). De plus, c’est la démolition de deux bâtiments
vétustes de l’établissement hospitalier indiqué qui n’a été rétrocédé à la
République de Djibouti qu’en 2016, qui a récemment déclenché l’alerte contre
les dangers de l’amiante, et de ce fait la décision très sage des autorités, a été
immédiate pour clarifier le problème et ordonner la remédiation nécessaire.
C’est l’objectif de la présente mission.

Notre exploration sur site, à l’emplacement des deux bâtiments vétustes


démolis et dans tous les bâtiments de cet hôpital, at été concluante. Un amiante
dur, fibreux et non stabilisé a été utilisé quasi-systématiquement comme isolant
calorifuge des toitures sur plaques de faux-plafonds, mais aussi comme écran
ignifuge voyant la quantité des câblages d’électricité notamment, disposée
librement au-dessus de l’écran de toit amianté. Dans l’un des locaux
médicotechniques, le même type d’amiante a été utilisé pour le revêtement
mural isolant.

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DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Dans l’emprise des deux bâtiments démolis, les sols sont aujourd’hui
contaminés, et les déchets en partie laissés sur place et ceux éliminés en
décharge, sont certainement très contaminés par l’amiante.

Recommandations

Sans vouloir être alertant, le risque de contamination de tous les bâtiments


d’accueil de l’hôpital et ses structures médicotechniques libres ou occupés, est
fort à très fort, et le consultant recommande l’intervention urgente, la plus rapide
et la plus économique pour remédier à la situation. Tout doit faire appel aux
meilleures techniques disponibles pour neutraliser l’amiante sur place, et pour
récupérer tous les bâtiments pour un usage sain, en écartant toute tentative de
démolition, car dans ce cas la déperdition du produit dangereux peut être fatale
pour l’hôpital, mais aussi pour les habitations et administrations alentours.

Il ne s’agit ici que d’un rapport préliminaire de mission qui demande une analyse
approfondie des échantillons d’amiante prélevés dans tous les bâtiments.
Comptant sur sa propre expérience, le consultant penche à une variété unique
d’amiante fibreux qui a été utilisé dans ces lieux (crocidolite). Le constat, les
conclusions, les recommandations et les orientations futures des activités de
remédiation à pourvoir pour assainir le centre médicochirurgical de Bouffard
suivront sur la base d’analyses approfondies (microscopie photonique,
électronique à balayage et à transmission, analyses chimiques, et diffraction
des rayons X notamment). Un rapport complet et complémentaire sera donc
produit proposant le programme le plus adéquat et le plus rationnel pour
assainir définitivement ces lieux d’accueil du public pour des soins de santé.

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DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

1. INTRODUCTION
Le projet «Caractérisation de l’Amiante et Evaluation de la Contamination
dans les Bâtiments de l’Hôpital Bouffard à Djibouti », est mis en œuvre
conjointement par le Laboratoire Central du Bâtiment et de l’Equipement, le
Ministère de l’Equipement et des Transports, et le Ministère de la Santé. Il a été
conçu pour traiter les défis potentiels, induits par l’usage de l’amiante dans
différents bâtiments de l’Hôpital public Bouffard, et pour pallier les risques de
contamination par ce produit dangereux. En effet, suite à la démolition de
quelques bâtiments vétustes de cet hôpital, un bruit courut quant à la présence
de ce type de produit et donc de ses méfaits potentiels. L’alerte au danger de
l’amiante a été déclenchée au plus haut niveau de l’autorité. Dès lors, le
laboratoire indiqué a été chargé de caractériser l’amiante, son usage potentiel
dans la conception des structures des bâtiments existants, d’évaluer la situation
en termes de contamination et d’orienter les efforts et projets futurs de
désamiantage des lieux. Cette action est nécessaire, et s’impose notamment
pour se conformer aux dispositions des textes réglementaires nationaux ayant
déjà banni l’échange, l’importation et l’usage de toutes les catégories et formes
d’amiantes depuis l’année 1999.

C’est dans ce cadre que le Bureau d’Etudes SAFI a été sollicité de dépêcher
d’urgence un expert international spécialisé, géochimiste-minéralogiste-
environnementaliste de métier, venant de Tunisie, qui a été chargé des quatre
aspects (identification, caractérisation, évaluation du risque sanitaire et
technologie de la dépollution) dans le domaine. Arrivant sur place le dimanche
07 février 2021, l’expert a immédiatement entamé sa mission de contact avec
les parties prenantes du projet et le diagnostic de situation sur les lieux. Les
travaux sur site se sont étendus du 08 au 14 février 2021 sous la responsabilité
conjointe du Laboratoire Central du Bâtiment et de l’Equipement, de ce Bureau
d‘Etudes, et de l’Administration de l’Hôpital public Bouffard, notamment son
Service de Maintenance.

Les responsables du projet ont immédiatement mis à disposition de l’expert le


personnel technique d’accompagnement nécessaire notamment les ingénieurs
du BE SAFI, les personnels les mieux qualifiés du LCBE et du service de
Maintenance de l’Hôpital, pour qu’il puisse conduire dans les règles de l’art, les
tâches qui lui sont demandées, et dans les conditions les plus sécuritaires. La

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

situation durant cette pandémie du Covid-19, parfaitement maîtrisée par l’armée


blanche de l’hôpital, ne fût qu’un nuage passager, et n’a nullement entravé la
conduite de la mission de reconnaissance, d’échantillonnage et de
caractérisation préliminaire de l’amiante et de son étendue.

Les paragraphes suivants détaillent dans un premier temps, le contexte relatif


à la nature des amiantes, l’historique de leur usage à l’échelle mondiale,
l’expérience des pays développés pour combattre, prévenir les dangers
potentiels de ces produits, et agir pour les neutraliser et définitivement les
éradiquer, que ce soit par les meilleures techniques disponibles de
décontamination ou par la prise de décision en termes institutionnels,
réglementaires et techniques pour la stabilisation, la dépose de l’amiante et
produits amiantés, mais aussi la gestion de ce type de produits et déchets
reconnus extrêmement dangereux.

Dans un second temps, un diagnostic de l’état des lieux sera établi et illustré
sur la base de l’observation, de l’identification visuelle, de l’échantillonnage, de
la fonctionnalité des produits d’amiante dans la conception de tous les
bâtiments de l’hôpital visité, depuis les premiers construits jusqu’à ceux les plus
récents, mais aussi en observant les résidus de déchets laissés sur place suite
à la démolition de bâtiments vétustes d’extension spatiale quelque peu réduite.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

2. OBJECTIFS ET PORTEE DE
L'EVALUATION DE SITUATION
Les principaux objectifs fixés pour cette mission peuvent être résumés comme
suit :

 Analyser le contexte national et international de la lutte contre l’amiante,


notamment par référence à l’expérience de pays développés ;

 Fournir les preuves matérielles de l’existence de l’amiante dans les


bâtiments de l’hôpital et un premier quantitatif des produits dangereux
utilisés ;

 Etat de conservation des bâtiments qui peuvent être non-occupés, de


gestion des déchets de démolition et résidus laissés sur place ;

 Echantillonnage systématique des produits d’amiante en vue d’analyses à


l’aide techniques modernes (microscopie électronique, rayons X, analyses
chimiques de reconnaissance de la nature minéralogique des espèces
d’amiantes : amiantes dures, amiantes souples) ;

 Evaluation première dans un rapport séparé, du risque sanitaire lié à


l’amiante dans cet hôpital et les perspectives futures des opérations de
désamiantage et de réhabilitation des bâtiments ;

 Renforcement des capacités nationales en matière de reconnaissance des


amiantes, de lutte contre leur danger, et des opérations d’intervention pour
la décontamination des lieux dans les conditions les plus sécuritaires ;

 Donner les recommandations de base pour les activités d’éducation et de


sensibilisation du public contre les dangers de l’amiante.

Le présent rapport esquisse l’essentiel de ces objectifs sur la base de


l’observation et de la reconnaissance de l’amiante sur les lieux. Les résultats
d’analyse approfondie des échantillons d’amiante prélevés et les leçons à en
tirer feront l’objet d’un rapport ultérieur, complément de la présente mission.

Quatre thématiques principales sont abordées dans le présent rapport :

 Revue bibliographique et documentaire de l’amiante, sa nature


minéralogique et ses propriétés, l’historique de son usage depuis les
années 1960, et les dangers y afférents ;

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

 Expérience des pays développés en matière de lutte contre les dangers de


l’amiante, et recommandations pour bannir l’utilisation de ces produits ;

 Identification et caractérisation de l’étendue de la contamination par


l’amiante des locaux de l’hôpital Bouffard ;

 Recommandations des techniques de remédiation faisables, les plus


convenables permettant la mise en sécurité des lieux et leur assainissement
définitif et durable.

La sensibilisation du public contre les dangers liés à l’amiante, doivent s’en


suivre.

2.1 DEFINITION MINERALOGIQUE ET GISEMENT

Le terme ‘’amiante’’ n’est pas une définition minéralogique ; c’est un nom


générique donné à une variété fibreuse de six minéraux naturels qui ont été
utilisés dans une multitude de produits commerciaux. Il s’agit une dénomination
commerciale pour ces produits qui possèdent une résistance élevée à la
traction, un fort pouvoir calorifuge, une forte flexibilité, une résistance
particulière à la dégradation chimique et thermique, une résistance électrique
élevée, et pour certains, une capacité potentielle à être tissés.

Ces minéraux appartiennent à deux groupes de silicates naturels provenant de


l’altération de roches magmatiques ultrabasiques dont les serpentinites :
minéraux des serpentines (phyllosilicates) et des amphiboles (inosilicates). La
variété d'amiante serpentine dominante est la chrysotile (amiante blanche) qui
représente la plupart de l'amiante utilisé depuis la fin des années 1800. Il s’agit
d’un phyllosilicate (de phullos en grec =feuille ; formule demi-maille :
Si2Mg3O5(OH)4). La serpentine voisine du kaolin et inoffensive, est aussi utilisée
à cette fin.

Les variétés commerciales d'amiante amphibole sont les suivantes : crocidolite


(amiante riebeckite ; ou amiante bleu), amosite (amiante cummingtonite-
grunerite ; amiante brune), l'amiante anthophyllite, l'amiante trémolite, et
l'amiante actinolite. Ces derniers types de produits sont très toxiques, et ont été
extraits au cours de la longue histoire de plus d’un siècle, de production et
d’utilisation de l'amiante. Le tableau suivant donne un quantitatif de la
production mondiale et sur la consommation de la chrysotile (amiante souple)
pour l’année 1999.

SAFI Page 4
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Tableau 1: Production Mondiale et Consommation d’amiante souple


(chrysotile) pour l’année 1999

Production Mondiale (tonne) en % Consommation Mondiale en tonne en %

Russie 683 000 36,80 Pays de l'Est et Océanie 770 000 41,60
  
Canada 345 000 18,60 Russie et Kazakhstan 470 000 25,40
  
Chine 250 000 13,50 Moyen Orient, Inde 212 000 11,50
  
Brésil 200 000 10,80    Amérique Latine 205 000 11,10
Zimbabwe 137 000 7,40    Afrique 72 000 3,90
Kazakhstan 105 000 5,70    Europe 60 000 3,20

Grèce 50 000 2,70 Amérique du Nord 60 000 3,20


  
Inde 25 000 1,30    Total 1 849 000 99,9
Swaziland 20 000 1,10   
Afrique du Sud 18 000 1,00   
Colombie 8 000 0,40   
Etats Unis 7 000 0,40   
Autres Pays 10 000 0,50   
Total 1 858 000 100   
(Source : The Asbestos Institute).

La riebeckite fait partie du groupe des amphiboles clinopyroxènes (de pyros en


grec = feu) de caractère sodique et de système cristallin monoclinique.
L’ensemble de ce groupe des inosilicates (inos en grec = chaine, ruban, ou
tresse), c'est-à-dire que les tétraèdres silice-oxygène qui forment leur structure
sont disposés en rubans, doubles dans le cas présent. La formule chimique
globale peut s'écrire : [Si4O11(OH)2]Na+2 (Fe32+,Fe23+). Cependant, toutes les
compositions chimiques intermédiaires possibles existent, notamment le
glaucophane, dans lequel le fer est remplacé par le magnésium. La formule
précédente ne représente donc que le pôle extrême, riche en fer et en sodium.
Les cristaux microscopiques sont opaques, de couleur bleu-noir à noir et d'éclat
vitreux, et de forme prismatique commune aux amphiboles.

La crocidolite est une variété d’amiante fibreuse de couleur de biréfringence


bleu lavande. La curiosité est aussi que ‘’l'œil de tigre’’ qui est une pierre semi-
précieuse, brun-jaune chatoyant, est formée de crocidolite altérée, enrobée
dans du quartz.

La riebeckite (crocidolite : amiante dure, très utilisée) est l'amphibole classique


des granites alcalins et des syénites, qui s’associe parfois avec l'ægyrine

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(NaFe3+Si2O6), pyroxène alcalin sodique. La crocidolite se trouve aussi dans les


schistes cristallins, mais assez rarement dans des roches volcaniques altérées.

2.2 VUE D’ENSEMBLE DU PROJET

2.2.1 PRODUCTION MONDIALE

5000000
4500000
Production mondialte en tonnes

4000000
3500000
3000000
2500000
2000000
1500000
1000000
500000
0
1900
1904
1908
1912
1916
1920
1924
1928
1932
1936
1940
1944
1948
1952
1956
1960
1964
1968
1972
1976
1980
1984
1988
1992
1996
2000
Figure 1 : Production mondiale de l’amiante de 1900 à 2003

La production et la consommation mondiale de l’amiante a commencé au tout


début du 20ème siècle avec l’industrialisation. Les quantités produites et
pratiquement toutes consommées à une échelle mondiale, ont nettement
augmenté et de manière exponentielle à partir des années 1930, pour atteindre
un maximum (4 793 551 tonnes) en 1977. Depuis, les quantités produites et
destinées à l’usage industriel et dans d’autres secteurs, ont commencé à chuter
rapidement jusqu’en 1994 (2 250 000 tonnes), pour se stabiliser aux alentours
de près de deux (2) millions de tonnes entre 1994 et 2000.

A la même période, une prise de conscience mondiale s’est généralisée en ce


qui concerne le drame déjà constaté et connu depuis 1920, des maladies
provoquées par l’amiante. Aussi, les prises de décisions pour bannir l’usage de
l’amiante et la recherche de produits substituts de ce matériau, ont évolué très
rapidement notamment durant la première décennie du 21ème siècle, avec une
volonté absolue de l’éradication pratiquement totale de l’amiante de tout usage
et de commercialisation sur le marché mondial.

La production mondiale d’amiante est dominée par deux grands pôles : la


Russie et le Kazakhstan (38,9%) à l’Est, et le Canada (33,81%) à l’Ouest.

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D’autres pays comme l’Afrique du Sud (5,49%), le Zimbabwe (5,06%), le Brésil


(2,87%), la Chine (4,79%), l’Italie (2,13%) etc., en ont produit des quantités
considérables.

Tableau 2: Production totale d’amiante de 1900 à 2003, pourcentages


et principaux pays producteurs
Pays producteurs Production 1900-2003 Pourcentage
Australie 750 582 0,41
Brésil 5 186 162 2,87
Canada 61 165 286 33,81
Chine 8 659 684 4,79
Grèce 880 516 0,49
Italie 3 861 573 2,13
Russie et Kazakhstan 70 373 401 38,9
Afrique du Sud 9 939 807 5,49
Swaziland 1 797 914 0,99
USA 3 288 343 1,82
Zimbabwe 9 152 235 5,06
Autres Pays 5 866 983 3,24
TOTAL 180 922 466 100

Zimbabwe Autres Pays Australie


5% USA 3% 0% Brésil
2% 3%
Swaziland
1%

Canada
Afrique du Sud 34%
5%

Kazakhstan et  Chine
Russie 5%
39%
Italie Grèce
2% 1%

Figure 2 : Principaux pays producteurs d’amiante et pourcentages relatifs de


production

2.2.2 PRODUITS DE SUBSTITUTION DE L’AMIANTE

Des recherches et adaptations ont déjà été faites sur la substitution de


l’amiante, danger véritable, par des produits pratiquement inoffensifs pour
l’environnement et pour la santé. Ces produits ne se limitent pas à des

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matériaux qui remplacent l’amiante (exemple : PVC et cellulose utilisés pour


fabriquer des ciments fibreux pour toitures ou pour tuyauteries diverses). Il
existe aussi un ensemble d’autres produits qui peuvent remplacer l’amiante
pour ses différents usages classiques. Les mêmes pays auparavant
producteurs et exportateurs d’amiante redeviennent aujourd’hui exportateurs
de ces matériaux de substitution de l’amiante et de leurs produits.

Tableau 3: Produits de substitution de l’amiante selon ses usages,


utilisés dans le domaine industriels
Produit à base d’amiante Produit de substitution
Ciment fibreux utilisé pour toitures à base fibres
synthétiques (alcool polyvinyle, polypropylène) et fibres
végétales/cellulose (pâte kraft de résineux, bambou, coco,
tiges de tabac, etc.), avec en option des fumées de silice,
des cendres volantes,…
Tuiles en micro-ciment ;
Tôles galvanisées ;
Briques en argile ;
Amiante-ciment pour tôles ondulées Fibres végétales dans l'asphalte ;
Tuiles métalliques revêtues ;
Tuiles en aluminium ;
Feuilles de toiture en PVC extrudé ;
Polyéthylène recyclé polypropylène haute densité et
pierres concassées ;
Aluminium recouvert de plastique ;
Acier galvanisé et plastifié.
Ciment fibreux à base de fibres de cellulose à partir de
légumes / fibres de cellulose (voir ci-dessus), de papier, de
fibres synthétiques
Panneaux de plafond en gypse
Plafonds, corniches et cloisons en polystyrène, Murs de
façade à structure en polystyrène avec enduit de plâtre
Plaques en amiante-ciment (plafonds,
Revêtement en aluminium
façades, cloisons)
Brique
Revêtement par des planches
Charpente galvanisée avec plaque de plâtre ou de silicate
de calcium
Charpente en bois tendre à revêtement de plaques de
plâtre ou en silicate de calcium.
Haute pression :
Fonte et tuyaux en fonte ductile
Tuyaux en polyéthylène haute densité
Tuyaux en chlorure de polyvinyle
tuyaux en béton renforcé par l’acier (grandes tailles)
Tuyau en polyester renforcé de verre
Conduites en amiante-ciment Basse pression :
Conduite en-ciment de cellulose
Tuyaux ciment à fibres de cellulose ou PVC
Conduites en argiles
Tuyau en polyester renforcé par des fibres de verre
Tuyaux en béton renforcés par de l’acier (grand diamètre,
drainage)
Ciment à fibres de cellulose

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Produit à base d’amiante Produit de substitution


Polyéthylène
Fibres de verre
Réservoirs de stockage d’eau amiante-
Métal
ciment
Fer galvanisé
Ciment à fibres de cellulose et PVC
2.2.3 EPIDEMIOLOGIE ET CONSEQUENCES DE L’EXPOSITION A L’AMIANTE

L'utilisation de l'amiante est l'une des questions les plus controversées


entourant l'industrie de ces minéraux. Son caractère cancérigène prouvé, un
manque général de connaissance des niveaux d'exposition minimale de
sécurité, son utilisation généralisée depuis plus de 100 ans, et la longue période
de latence pour le développement du cancer du poumon et de mésothéliome,
sont les principaux facteurs contribuant à ces controverses. Un autre facteur est
que, malgré des décennies de recherches, les mécanismes responsables de
ses propriétés cancérogènes sont encore largement mal connus.

Les États-Unis ont produit environ 3,29 millions de tonnes (Mt) d’amiante et
utilisé environ 31,5 Mt entre 1900 et 2003. En 2002, la dernière mine d'amiante
aux Etats-Unis a fermé, marquant la fin de plus de 110 ans de production
d'amiante aux Etats Unis. La production mondiale cumulée de 1900 à 2003 était
d'environ 181 Mt. Si l'on suppose que la consommation mondiale est à peu près
égale à la quantité produite, environ la moitié de la production mondiale
consommée avait eu lieu entre la fin de 1976 et la fin de 2003. Ceci correspond
à peu près au pic du risque manifeste, et à la période d’une prise de conscience
générale pour bannir l’usage de ce produit.

L’amiante est un produit naturel abondant, fibreux, constitué de minéraux


flexibles, réfractaires et résistant à la corrosion. Le produit a été fortement
exploité et commercialisé pour des applications diverses (industries, BTP,
calorifugeages, isolation,…). Comme avancé, il s’agit d’un groupe de minéraux
relevant des silicates naturels dont les représentants les plus communs et les
plus abondants sont la crocidolite (amiante bleue), l’amosite (amiante brune) et
la chrysotile (amiante blanche). Pour son aspect fibreux très développé et
l’aisance de sa filature, ce dernier représente au moins 90% des quantités
d’amiante utilisée de par le Monde.

Il semble que les dangers de l’amiante ont été reconnus tôt, suite à des morts
suspectes d’ouvriers travaillant dans le domaine de l’exploitation et de l’usage
du produit. Au 20ème siècle, les morts provoquées ont été reconnues dès les
années 1920s, mais ce n’est cependant qu’au début des années 1960s, grâce

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à des études de cas sur des ouvriers en Afrique du Sud, que le lien direct entre
amiante et mésothéliomes, a clairement été prouvé. Aux années 1980s en
France (Université Pierre et Marie Curie à Jussieu), en Allemagne, aux Pays
Bas, etc., ce type de maladie mortelle est définitivement reconnu comme
signature de l’exposition à l’amiante.

Malgré les réticences de pays producteurs d’amiante (Amériques, Afrique du


Sud, Russie, …) défendant l’inoffensivité de ce produit et donc son usage et
échanges, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark, la Finlande, le Norvège et la
Suède sont les premiers à forcer le pas pour bannir totalement l’exploitation
minière de l’amiante, sa production, sa commercialisation, son usage, et son
import/export. Les études et les législations de par le Monde ont rapidement
évolué au cours des années 1980-2000. Ainsi, l’Union Européenne dans sa
totalité a définitivement banni la commercialisation et l’usage de tous produits à
base d’amiante au 1er Janvier 2005. Après des décennies d’usages divers non
contrôlés, les enquêtes et statistiques ont permis de reconnaître jusqu’à 250
000 morts dues à l’exposition à l’amiante dans la période de 1960 à 2000. Une
étude sur les cas de mésothéliomes males, a permis de recenser les morts dans
plusieurs pays d’Europe durant cette période.

Les estimations au Royaume Uni sur les morts dues aux mésothéliomes
provoqués par l’amiante sont venues renforcer cette tendance et les décisions
y afférentes. Les Services de Sécurité et d’Hygiène ont estimé un pic dominant
de mésothéliomes pour l’année 2010, beaucoup plus tôt que le pic qui avait été
estimé auparavant pour l’année 2020.

Aux Etats Unis, on estime l’apparition d’environ 2000 cas de mésothéliomes


males par an et 2000 à 3000 d’autres cas types de tumeurs associées à
l’amiante qui ont été rapportés dans les journaux traitant d’épidémiologie.
Néanmoins, l’utilisation de l’amiante demeure toujours légale aux USA, malgré
un contrôle renforcé et relativement strict.

L’utilisation de l’amiante demeure aussi courante dans plusieurs pays sous-


développés, en cours de développement ou même émergents, pour des raisons
surtout d’usage dans le domaine industriel. La tendance a été même à
l’évolution de ces pays comme un dépotoir de l’amiante et de ses déchets,
surtout dans les pays ou ce type d’usage n’est pas contrôlé ou interdit. Aussi
malheureusement, il n’existe dans ces pays que peu d’études épidémiologiques
sur les maladies provoquées par l’amiante.

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Tableau 4: Morts estimées en 1999, dues au cancer de poumon et


mésothéliomes, en prenant la Finlande et le Royaume Uni comme références.

Pays Cancer de Poumons Mésothéliomes


Royaume Uni 2 700 1 700
USA 13 100 8 100
Russie 6 400 4 000
Belgique 420 260
Allemagne 3 600 2 250
Suisse 380 240
Norvège 225 140
Pologne 1 600 1 000
Estonie 60 40
Ratio Cancer de Poumon/Mésothéliome
Finlande 4 à 5 / 1 (estimé)

Royaume Uni (Journal of Cancer, 1999)……………………... 1,6 /.1 (évalué)

2.2.4 ERADICATION DE L’AMIANTE

D’après les informations recueillies sur le site de l’Organisation Mondiale du


Travail (www.ilo.org/safework) les mesures prises contre l’amiante, en 2003,
sont les suivantes.

 27 ratifications de la Convention de la Ligue Internationale de travail sur


l’amiante par les pays suivants : Belgique Bolivie, Bosnie Herzégovine,
Brésil, Cameroun, Canada, Chili, Colombie, Croatie, Chypre, Equateur,
Finlande, Allemagne, Guatemala, Pays Bas, Norvège, Portugal, Russie,
Serbie et Monténégro, Slovénie, Espagne, Suède, Suisse, Macédoine,
Uganda, Uruguay, Zimbabwe (donc seulement 8 Pays de la CEE ont ratifié
la Convention de la Ligue sur l’Amiante.

 25 Pays ont banni l’usage de l’amiante : 15 pays d’Europe, Argentine,


Australie, Chili, Croatie, Hongrie, Norvège, Pologne, Arabie Saoudite,
Slovénie, Suisse.

 Pays n’ayant pas ratifié la Convention LIT, mais qui sont couvert par la
décision de la CEE de bannir l’usage de l’amiante : Danemark, France,
Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Grande Bretagne.

 Les Pays qui n’ont pas encore ni ratifié la Convention, ni banni l’usage de
l’amiante, mais qui sont attendus à prendre décision, sont : Estonie,
Lettonie, Lituanie, République Tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie,
Turquie, Islande.

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2.2.5 SYSTEMES D’INDEMNISATION DES PATIENTS EN EUROPE ET AUX ETATS UNIS

Les systèmes de compensation pour les atteintes à la santé liées à l'amiante


en Europe sont en cours d’évolution. Des cas récents en France et au Royaume
Uni ont porté les dangers de l’amiante à l'attention du public mais aussi le
secteur des assurances. Alors que les coûts sont restés à être compensés par
les différents systèmes de sécurité sociale, il y avait peu d'implication des
assurances. Cependant, le nombre de litiges liés aux atteintes par l'amiante et
les réclamations d'assurances sont nettement à la hausse. Cela conduit à
s'interroger sur la possibilité d'une explosion de la responsabilité du délit
d’atteinte par l’amiante en Europe de manière similaire à ce qui s’est déjà
produit en Amérique. En dépit de cette évolution de la situation européenne
vers une plus grande reconnaissance de ce type de délit avec la participation
des assurances, des différences significatives entre les situations européenne
et américaine demeurent, dont les principales sont :

 Maladies indemnisables : Aux États-Unis, un nombre croissant de


personnes non encore atteintes de maladies manifestes liées à l’amiante,
portent plaintes et peuvent recevoir une compensation. Ainsi, au cours des
dernières années parmi l’ensemble des plaignants, seulement 10% ont
manifesté réellement des tumeurs malignes. A la même période, il n'y a pas
encore de pays européens qui reconnaissent le tort de la simple exposition
à l’amiante ou des cicatrices pleurales en provenant, comme délit sujet à
indemnisation. Par exemple, en mai 2003, en Finlande, une plainte
d'exposition professionnelle à l’amiante n’a pas été déclarée indemnisable.
Cette exposition a eu lieu en 1971 en cours de construction de la propriété
des parents des victimes. Les victimes ont été exposées pendant le
nettoyage de la poussière d'amiante provenant du traitement de l'amiante-
ciment. Si ce genre de plaintes se multiplie, les assureurs peuvent être
confrontés à une augmentation significative des déclarations de sinistres.

 Implication des Unions de Travailleurs : Les actions des syndicats


américains ont largement soutenu les plaignants dans des procès sur
l'amiante. Jusqu'à présent, les syndicats européens ont été moins impliqués
dans des actions similaires, mais ils commencent à jouer un rôle de en plus
actif, en participant à des conférences, en échangeant des informations et
parfois en fournissant un appui juridique aux plaignants. Les groupes de
victimes atteintes par l’amiante demandent aussi des modifications de lois
en s’appuyant sur le soutien des institutions syndicales.

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 Consolidation des plaintes : Il est de pratique aux États-Unis de


consolider plusieurs cas de plaintes ensemble, qui peuvent regrouper des
personnes manifestant des tumeurs malignes et d’autres des tumeurs non
malignes. La présence de personnes à tumeurs malignes dans le groupe
incite les jurés à régler toutes les réclamations afin d'éviter tous verdicts
potentiellement non équitables pour les cas les plus graves. Dans la mesure
où les lois européennes (au cas par cas) ne permettent pas ce processus
de consolidation, les litiges traités au cas par cas devraient être plus
contrôlés.

 Forum juridique : Les différences entre les systèmes judiciaires des États-
Unis dans chaque Etat ont encouragé les avocats à rechercher les
juridictions connues pour être favorables aux plaignants en raison des
tendances du jury ou des perspectives judiciaires. En Europe, Le système
juridique plus cohérent et spécifique au sein de chaque pays européen
empêche ce genre de démarche suivie aux USA.

 Engagement des cabinets d’avocats : les cabinets d'avocats américains


ont investi dans des procès de l'amiante, en cas d’atteinte, sur une base
d'honoraires conditionnels, c'est-à-dire sur la possibilité de gain de cause
par le plaignant. En général, les différents systèmes juridiques européens
ne permettent pas d'honoraires conditionnels. Certaines formes limitées
d'honoraires conditionnels sont utilisés au Royaume-Uni, mais en général,
ne sont pas autorisées dans les autres pays.

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3. AMIANTE EN DJIBOUTI

La République de Djibouti dispose de son Code de l’Environnement (Loi


n°51/AN/09/6ème L portant Code de l’Environnement) et a interdit l’importation,
la transformation, la commercialisation et l’usage de l’amiante (Loi n°95/AN/2ème
L portant interdiction d’importer sur le territoire national des déchets ou résidus
industriels toxiques, radioactifs ou polluants ; Décret n°99-0202/PR/MTPUL
portant interdiction de l'amiante en République de Djibouti ; Décret n°2003-
0212/PR/MHUEAT portant réglementation du transport des produits
dangereux). Ceci constitue un début très précieux pour l’éradication du mal lié
à l’amiante.

Une recherche bibliographique exhaustive indique que cette République


indépendante depuis le 27 juin 1977, et à l’instar de beaucoup de pays
émergents, est surement victime de l’amiante (produits calorifuges et ignifuges),
de ses produits manufacturés (produits de consommations ménagers), conduits
d’assainissement et de desserte d’eau (eau AEP, canalisations d’irrigation en
agriculture), épaves de grands bateaux, etc.

Au plan des responsabilités et du partenariat, tous les ministères du pays sont


concernés, voyant l’usage fréquent du produit amiante dans la conception du
génie civil des bâtiments, mais surtout la haute fréquentation des lieux
administratifs et publics. Ceci appelle à se doter à l’avenir de la meilleure
stratégie nationale de lutte contre l’amiante, de son éradication,
d’assainissement, et de l’usage des meilleures technologies disponibles
d’élimination des produits d’amiante et de ses déchets.

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4. ETUDE DES EXPERIENCES ETRANGERES


EN MATIERE DE RESOLUTION DE LA
PROBLEMATIQUE DE L’AMIANTE
L’évaluation du risque, repose sur la caractérisation danger et la potentialité de
sa survenue et donc sa gravité pour le groupe de consommateurs concernés
(évaluation de l’exposition). Ces sujets sont discutés en public. Le BfR (Institut
fédéral Allemand d’Evaluation des Risques ; Ministère de l’Agriculture) étudie
et évalue également sur demande des autorités, par exemple lorsqu’il n’existe
encore aucune loi traitant un risque donné.

4.1 EVALUATION DES RISQUES ET MESURES D’EXPOSITION A L’AMIANTE

Afin de prendre les dispositions réglementaires adéquates en ce qui concerne


l’utilisation de l’amiante et la gestion des déchets d’amiante, il est nécessaire
de procéder à une évaluation chiffrée du risque comprenant :

 Un volet sanitaire réservé au diagnostic des pathologies liées à l’amiante ;

 Un volet « mesure des expositions » : campagnes et plans de contrôles et


mesures, agents de contrôle et techniciens, laboratoires d’analyses,
reconnaissance des niveaux d’exposition pour limiter les risques
pathologiques.

4.1.1 DIAGNOSTIC DES PATHOLOGIES LIEES A L’AMIANTE

Le volet sanitaire a pour objectifs :

 De recenser les maladies professionnelles provoquées par l’amiante :


- lorsqu’un patient se rend chez son médecin, il faut pouvoir effectuer le bon
diagnostic (fibrose pulmonaire, cancer broncho pulmonaire,
mésothéliome) ;
- En cas de décès, il faut pouvoir identifier les causes de la mort, en
pratiquant le cas échéant les prélèvements nécessaires post-mortem ;
- De rechercher au travers d’une enquête si l’exposition à l’amiante a pu être
une cause à la survenue de pathologies qui ne sont pas spécifiques (cancer
broncho pulmonaire).
 De dénombrer les maladies professionnelles associées à l’amiante pour
établir l’incidence dans toute la population, de pouvoir faire des
recoupements géographiques, par secteur professionnel, âge, etc.

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Pour ce faire, les pouvoirs publics, au travers du Ministère de la Santé, doivent


désigner un Observatoire des Pathologies liées à l’Amiante qui sera chargé du
« volet santé » et qui aura la responsabilité d’organiser la collecte des
informations, leur archivage dans une base de données, leur traitement, leur
synthèse et la diffusion des résultats :

- Mise en place d’une procédure de collecte des informations (forme et


hiérarchisation de l’information, sensibilité, priorité, …) ;
- Formation des médecins généralistes et spécialistes pour la détection des
pathologies, la réalisation d’enquêtes auprès des malades ;
- Renforcement des équipes de médecins de travail ;
- Sensibilisation des médecins du travail pour la réalisation d’enquête en
milieu professionnel et pour la recherche des signes et symptômes d’une
exposition (allergies, asthmes, pneumonies, plaques pleurales, etc.) avant
même la survenue d’une pathologie déclarée.
4.1.2 MESURE DES EXPOSITIONS A L’AMIANTE

Compte tenu des difficultés techniques de mesures précises des concentrations


en fibres d’amiante dans l’air, ainsi que de moyens rapides et efficace de
détecter l’amiante dans les matériaux, il est prioritaire de procéder comme suit :

 Mise en œuvre par des laboratoires publics de capacités d’analyse


adéquates de matériaux basées sur l’identification minéralogique des
variétés d’amiantes dans les produits par Microscope photonique en
lumière polarisée (MOLP), par microscopie électronique à balayage, par
Microcopie Electronique à Transmission MET), par diffraction de rayons X,
et par des mesures de concentration en fibres d’amiante dans l’air par
MOCP (Microscope optique à contraste de phase), etc.

 Formation des techniciens et agents de contrôle et de prélèvement


d’amiante sur les sites d’utilisation (habitat, administrations, lieux publics,
etc.) et dans les produits à base d’amiante, et les techniciens d’analyse de
produits de l’amiante au laboratoire.

 Réalisation de campagnes de mesure des concentrations en fibres dans


l’ambiance de bâtiments, d’usines ou d’ateliers, afin d’estimer les niveaux
d’exposition des individus et des travailleurs dans chaque secteur d’activité.

Les normes étrangères correspondant à ces méthodes d’analyse existent,


sont pratiquées de manière courante à l’étranger et peuvent facilement
être utilisées par certains laboratoires à Djibouti, surtout ceux qui
disposent des techniques d’analyse indiquées.

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4.1.3 RISQUES COURANTS, HABITUELLEMENT IDENTIFIES A L’ETRANGER

Les situations d’exposition peuvent être résumées comme suit :

 Santé publique : les personnes sont exposées sans rapport avec leur
activité professionnelle (enseignant dans une école ou dans une université
aux bâtiments munis de matériaux amiantés, habitants d’immeubles à
produits d’isolation amianté, etc.) ;

 Santé des travailleurs : les personnes sont exposées du fait de leur activité
professionnelle (poseur de canalisations en amiante ciment par exemple).

Le danger est dû à l’inhalation de fibres d’amiante lors de l’utilisation de produits


manufacturés ou de la fréquentation de locaux contenant de l’amiante
(matériaux de construction et équipements).

4.1.3.1 Produits manufacturés


Ces produits sont notamment :

 des produits de friction : garnitures de freins ou d’embrayage, de véhicules


(automobiles ou camion), …

 courroies de transmission en filature d’amiante (chrysotile) pour des


moulins, pompes,… ;

 des produits isolants dans des appareils de consommation courante (grille-


pain, convecteurs électriques, fers à repasser, table à repasser, machines
frigorifiques, revêtements isolants de four …) ;

 des produits d’étanchéité : joint de culasse, joints de chaudière, de four, de


canalisation, … ;

 des produits de protection thermique : plaques de protection pour le


soudage, de cheminée, gants et combinaisons de protection, … ;

 Conduites en amiante ciment ;

 Tôles (plaques) ondulées pour toitures, très utilisées dans certains pays
comme brise-vent et comme muraille anti-ensablement surtout au cours des
années 1970 ;

 Faux plafonds, revêtements muraux d’insonorisation, plaques planes


d’isolation au plancher, etc.

Ces produits ne représentent généralement pas la principale source


d’exposition. Des mesures d’interdiction totale ou au moins partielle d’utilisation

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de l’amiante dans ces produits est généralement facile à mettre en œuvre et


peu coûteuse. Un régime d’interdiction générale peut-être instauré en
permettant l’attribution de dérogations aux matériaux amiantés non friables, ne
libérant pas facilement de fibrilles lors de leur manufacture, transport,
manutention et application, et ceux pour lesquels des produits de substitution
n’existent pas à un coût comparable.

4.1.3.2 Matériaux et produits de construction


Ces produits sont notamment :

 Les produits de construction à base d’amiante ciment : plaques ondulées


ou planes, tuyaux d’adduction d’eau potable ou d’assainissement, éléments
de couverture, plaques de parement ou de bardage, etc. ;

 Les matériaux et produits de protection contre l’incendie : flocage,


projection pâteuse, peintures intumescentes, portes et clapets coupe-feu,
panneaux de recoupement, etc. ;

 Les matériaux et produits de protection thermique : calorifugeages de


canalisations, gaines, conduits de ventilation et d’installations (fours,
étuves, chaudières, incinérateur, etc.) ;

 Les produits décoratifs, de revêtement de sol (amiante vinyle), de faux


plafonds, …

4.1.3.3 Santé des travailleurs


Les risques les plus élevés semblent être ceux auxquels sont soumis les
travailleurs dont l’activité concerne la transformation de l’amiante (fabrication
de l’amiante ciment par exemple), ou ceux de techniciens du bâtiment ou de
l’industrie lors de la mise en œuvre de produits ou de matériaux en contenant
(pose de canalisation en amiante ciment).

L’exposition de techniciens et agents de maîtrise aux produits amiantés, peut


par la même occasion entraîner l’exposition involontaire des familles, par le
transport des fibres et poussières au domicile.

Seule une fraction des travailleurs est amenée à être exposée à l’amiante, pour
cette fraction l’exposition peut être très importante. Pour ces travailleurs, les
niveaux et durée d’exposition sont généralement très importants et conduisent
à la survenue de maladies professionnelles.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Il faut noter que des niveaux et durée d’exposition à l’amiante élevés peuvent
entraîner des atteintes, à plus ou moins long terme et de manières directe ou
indirecte à la santé publique.

C’est de loin l’impact sur l’air qui est le plus susceptible d’avoir des
répercussions sur la santé de l’homme par le biais de vecteurs de transport
aéraulique, de sédimentation, puis de ventilation ou de remise en suspension.

Aucune pathologie liée à la consommation d’eau contaminée par l’amiante n’a


été relevée. L’impact d’amiante dans l’eau de consommation ne semble pas
être prioritaire.

Les eaux de ruissellement sont capables de transporter des fibres d’amiante


hors des lieux de stockage, puis de les déposer plus loin dans les caniveaux,
talwegs et crevasses. Au séchage, les plaques desséchées à fibres d’amiante
décantées auparavant, sont à nouveau susceptibles d’être remises en
suspension dans l’air ;

Il n’existe pas d’information quant à l’impact sur le biote. Il n’est pas exclu que
la faune soit affectée par une inhalation de fibrilles d’amiante, comparativement
à l’homme.

4.2 MESURES REGLEMENTAIRES PRISES DANS LES PAYS ETRANGERS

4.2.1 EXPOSITION DES TRAVAILLEURS A L’AMIANTE

L’exposition des travailleurs à ce produit est contrôlée et harmonisée à un


niveau européen. Ce volet a d’abord fait l’objet des deux directives 83/477 et
91/382 de la CEE. Les valeurs limites fixées pour la concentration dans l’air
sont :

 pour la chrysotile : 0.60 fibres/cm3, taux calculé ou mesuré pour une période
de référence de 8 heures ;

 pour toute autre forme d’amiante : 0.30 fibres/ cm3, taux calculé ou mesuré
pour une période de référence de 8 heures ;

Afin de garantir le respect des valeurs limites, la teneur de l’air en amiante est
mesurée régulièrement. Les lieux où se déroulent des activités présentant des
risques d’exposition sont clairement délimités et signalés. Ils sont interdits aux
personnes autres que ceux qui, en raison de leur travail ou de leur fonction sont
amenés à y pénétrer. Les travailleurs disposent de vêtements de travail ou de
protection appropriés.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Ces mesures ont été revues en 2003, suite aux nouvelles données
épidémiologiques et sanitaires ; une nouvelle directive a été
établie (2003/18/CEE) :

 elle réduit la valeur limite pour l’exposition professionnelle des travailleurs à


l’amiante;

 elle révoque les deux valeurs limites établies par la directive 83/477/CEE
en fixant une seule valeur limite maximum de concentration d’amiante en
suspension dans l’air de 0.1 fibre/cm3 mesurée par rapport à une moyenne
pondérée dans le temps sur 8 heures ;

 elle interdit les activités qui exposent les travailleurs aux fibres d’amiante, à
l’exception du traitement et de la mise en décharge des produits résultant
de la démolition et du désamiantage ;

 elle met à jour les recommandations pratiques pour la surveillance clinique


des travailleurs exposés, à la lumière des connaissances médicales les plus
récentes, en vue d’un dépistage précoce des pathologies liées à l’amiante.

4.2.2 REGLEMENTATIONS ET DEROGATIONS POUR L’UTILISATION DE L’AMIANTE

En décidant d’interdire l’amiante, les pays européens ont tous accordé des
délais pour l'application de cette mesure. De larges dérogations existent encore
dans certains pays, et que même dans les pays les plus restrictifs (Allemagne,
Autriche, Suède), des dérogations continuent à être accordées au cas par cas
par les services compétents quand il s'agit d'amiante chrysotile et que l'on peut
prouver que des produits de remplacement moins ou non nocifs ne sont pas
disponibles. Ainsi, sept pays européens, dont la Grande-Bretagne et l'Espagne,
permettent un usage contrôlé de l'amiante comme le stipule la réglementation
européenne.

Les valeurs limites d’exposition à l’amiante pour la plupart des pays européens
sont actuellement de 0.1 à 0.6 fibres par millilitre, les valeurs françaises étant
les plus faibles.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Tableau 5: Quantité de fibres par millilitre autorisée sur huit heures de travail

Pays Chrysotile Autres fibres d’amiantes

Allemagne 0,15 0,15


Belgique 0,5 0,15
Danemark 0,3 0,3
Espagne 0,6 0,3
France 0,1 0,1
Italie 0,6 0,2
Royaume-Uni 0,5 0,2
Suisse 0,25 0,25

En Europe un étiquetage spécial est aussi imposé pour tout produit ou déchet
contenant de l’amiante.

4.2.3 MESURES REGLEMENTAIRES CONCERNANT LES DECHETS D’AMIANTE EN


FRANCE

Sont pris en considération des déchets d'amiante occasionnés par les travaux
d'enlèvement et de traitement de l'amiante, qui sont les déchets de flocage et
de calorifugeage des bâtiments devant faire l'objet de travaux au titre de
l'inventaire prévu par le décret du 7 février 1996, mais aussi, tous les déchets
de sites industriels ou résultant d'une utilisation de l'amiante autre que
domestique (textiles, garnitures de friction...).

Tous les déchets d’amiante font partie de la liste des déchets dangereux établie
par le Conseil de l'Union européenne dans sa décision du 22 décembre 1994,
prise en application de la directive n°91/689 du 12 décembre 1991.

Tous ces déchets font l’objet d’un cadre réglementaire concernant leur origine,
leur nature, les obligations du détenteur de ces déchets, celles du collecteur et
du transporteur, la protection des travailleur, mais aussi les techniques de
traitement et de valorisation.

4.3 ETUDE DU RISQUE SANITAIRE : SUIVI-EVALUATION

Les informations précédentes, tirées de l’expérience étrangère, montrent que


l’étude du risque sanitaire lié aux indicateurs d’intérêt sanitaire dont l’amiante,
a débuté aux USA au courant des années 1990. Dans l’esprit de l’Académie
des Sciences Nord-américaine, ce type d’étude de risque sanitaire répond à
trois conditions :

SAFI Page 21
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

 La séparation de responsabilité entre évaluation du risque sanitaire d’un


côté, et la gestion du risque, de l’autre ;

 Le recours à la contribution solide des structures et institutions


académiques de recherche et de technologie ;

Il n’est pas fait mention en Amérique, du lien entre étude d’impact sur
l’environnement et étude de risque sanitaire.

En Europe (France), le volet risque sanitaire est intégré dans l’Etude d’Impact
sur l’Environnement. Ce volet doit être traité à part par un BE spécialisé. Les
résultats de l’étude de risque doivent être considérés dans l’EIE, dans le PGES,
et dans le plan de suivi des produits à risque sanitaire au long terme. Il existe
parfois une confusion entre ‘’danger’’ (accident de travail, réglementé par le
Code du Travail et nécessitant une étude de danger à part pour les
établissements ICPE).

En Allemagne, l’évaluation du risque sanitaire et la prise de décision relève du


l’Instit fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) (Ministère chargé de
l’Agriculture) qui collabore avec différents autres ministère. La gestion du risque
qui est discutée en public, relève de la responsabilité des différents ministères
à l’échelle nationale et celle des Landers.

En Tunisie, le décret 2005-1991 du 11 juillet 2005 relatif à l’EIE est assez


ancien. Il n’exige pas un volet du risque sanitaire dans l’étude d’impact. Aucune
disposition supplémentaire n’a encore été prise à ce sujet. Cependant, pour de
grands projets, des dispositions strictes au plan santé sont exigées par les
bailleurs de fonds, dans un volet séparé de celui de l’impact sur
l’environnement.

Au regard de la vision de l’Académie des Sciences Nord-Américaine, les


structures de recherche et instituts de technologie continuent le premiers
maillon de l’étude du risque sanitaire par l’acquisition et la dispense du savoir ;
or le consultant trouve que ce type d’engagement commun : instituts de
recherche-technopôles-écoles d’ingénieurs d’un côté et agences d’évaluation
du risque, sa gestion et sa communication, demeure très en-deçà du souhaité.
Cet engagement est la pierre angulaire de l’édifice qui permet d’estomper
définitivement cette disjonction constatée entre Agences administratives et
structures de recherche.

SAFI Page 22
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

5. IDENTIFICATION, CARACTERISATION ET
ETENDUE DE L’AMIANTE A L’HOPITAL
BOUFFARD A DJIBOUTI

5.1 PRESENTATION DE L’HOPITAL BOUFFARD

L’Hôpital Bouffard ouvre sur la route de la Siesta qui longe la côte, à l’Est de la
ville de la capitale. Cette rejoint plus au Nord, le Boulevard de la république,
puis l’avenue Général Galleni qui mène au Port.

L’Hôpital Médico-Chirurgical Bouffard est un établissement des Forces


Françaises stationnées à Djibouti (FFDj) composé de personnel médical du
service de santé des armées françaises. Cet hôpital a pour mission le soutien
santé des membres des FFDj et de leurs familles. Il comptait 100 lits et est bien
équipé. La couverture concerne environ 20.000 personnes dont 3000 militaires,
le restant (plus ou moins 17 000 personnes) étant constitué par les familles des
militaires djiboutiens. L’infirmerie de l’hôpital accueille également les autorités
et la classe aisée djiboutienne.

Avant 1981, l’hôpital Bouffard assurait également une mission complémentaire


de soutien du personnel des Forces Armées Djiboutiennes (FAD) et de la
gendarmerie locale. La population djiboutienne est également soignée dans le
cadre de l’aide médicale aux populations. Cependant, à partir de cette date, la
France a demandé la signature d’une convention afin de fixer le taux de
remboursement des dépenses hospitalières au prix de journée des hôpitaux de
France.

Pour l’année 2014, ce sont plus de 7 500 journées d’hospitalisation en


médecine, chirurgie et réanimation qui ont été réalisées sur plus de 2 000
patients. Le service des urgences a accueilli environ 4 400 patients. Les
domaines spécialisés (soins dentaire, chirurgie, ORL, psychiatrie, anesthésie)
totalisent près de 10 000 consultations. La majorité des interventions sont faites
au profit des militaires et civils djiboutiens (88% des journées d’hospitalisation
et 61% des consultations).

Le Centre Médico-Chirurgical Bouffard contribue également à la formation des


futurs médecins djiboutiens en les accueillant pour des périodes de stage au
sein de ses différents services (trente (30) externes djiboutiens ont été formés
en 2013). En 2016, ce centre a été rétrocédé à l’Etat djiboutien, selon le traité
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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

de coopération en matière de défense en vigueur entre la France et Djibouti. Le


soutien médical des FAD est alors pris en compte par le nouvel hôpital militaire
djiboutien. Celui-ci comporte : des services de médecine interne, des urgences,
de cardiologie, d’anasthésiologie, de chirurgie générale, de réanimation, mis
aussi un bloc opératoire, un centre maternel, un laboratoire, une pharmacie et
les services médicotechniques

Figure 3 : Localisation de l’Hôpital Bouffard dans la capitale Djibouti

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Figure 4 : Plan de masse de l’Hôpital Bouffard

Locaux : 001. Service des Urgences ; 02. Local d’Oxygène ; 03. Laboratoire de Biologie ; 04. Morgue ; 05-032-013-014. Locaux de service ; 007. Service de Maintenance et
Administration ; 040 : Résidence du personnel ; 018-017. ORL-Dentisterie ; 008. Blocs opératoires ; 009-010. Blocs vétustes démolis ; 006. Bloc Covid ; 011-021.
Administration ; 019. Maternité ; 012-016. Covid ; 015. Restauration et ateliers médico-techniques ; 027. Service Matériels ; 026. Vide.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

5.2 VISITE DES LIEUX, RECHERCHE, IDENTIFICATION ET ECHANTILLONNAGE DES


PRODUITS AMIANTES

5.2.1 RESIDUS DES BATIMENTS DEMOLIS

Les blocs n°009 et 010 ont été totalement démolis et la plupart des déchets
enlevés et mis en décharge. Dans l’emprise de ces bâtiments, les sols ont été
recouverts de graviers basaltiques qui laissent entrevoir de nombreux flocons
de laine d’amiante. Une partie des déchets de matériaux de démolition
‘ferrailles, tubages en PVC, pièces métalliques, bois, etc.) laissés sur place en
bordure Sud du terrain de démolition montrent également et à l’évidence,
beaucoup de déchets de laine d’amiante.

L’entreprise ayant eu à charge cette démolition, n’a surement pas été


alertée quant à la présence d’amiante dans les bâtiments et ses dangers,
et de ce fait les personnels techniques et ouvriers n’étant pas familiers
avec ce produit et ses déchets, ne pouvaient pas identifier la source de
mal et donc prendre les précautions nécessaires pour se prémunir contre
la contamination. Les sols toujours recouverts de graviers doivent être
couverts d’amiante et déchets d’amiante engendrés par l’opération de
démolition, ce qui permet de conclure à une contamination résiduelle très
sérieuse dans l’emprise des bâtiments démolis. Ces lieux doivent en
principe être gardés et interdits d’accès.

Les illustrations suivantes rapportent les observations faites de résidus


d’amiante à l’air libre. Ils montrent les résidus de laine d’amiante laissés sur le
sol, ou mélangée à des déchets de démolition divers abandonnés en bordure
Sud du terrain de démolition.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Flocons de laine d’amiante apparaissant au travers des graviers

Laine d’amiante mélangée aux déchets de démolition (Marqueur : 15 cm long)

Espace de démolition des bâtiments 009 et 010 : a) vers le Sud ; b) vers le Nord.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

5.2.2 SERVICE D’URGENCE

Les locaux de ce service sont construits en dur et possèdent une charpente


métallique suspendue au-dessus d’un faux-plafond en plaques en contre-
plaqué (60cmx60cm). Les coordonnées levées sont : 11° 32,274’ E ; 43°
09,156’ N. L’une des plaques déplacée avec la précaution nécessaire, permet
de visiter le toit du bâtiment et montre une couche d’amiante fibreuse de 7 à
8cm recouvrant toute l’étendue du toit du couloir, des chambres, des bureaux,
et autres facilités de service. Cette couche d’amiante non-stabilisée, ni
recouverte, de consistance fibreuse, supporte les câblages de service du
bâtiment. Dans la conception des locaux, cette couche sert d’isolation du toit en
raison de la forte capacité calorifuge de l’amante. L’amiante fibreuse n’est pas
souple, et correspond apparemment à de l’amiante bleu (crocidolite).

Chambre : carreau avarié et amiante


Couloir : faux-plafond supportant l’amiante.
exposé.
Figure 5 : Locaux du service des urgences conçus en dur et à toiture constituée
d’un faux plafond (plaques en aluminium ou contre-plaqué) supportant une
couche d’amiante libre, puis d’un recouvrement suspendu en tôle métallique
observable de l’extérieur.

5.2.3 SERVICE ORL-OPHTALMOLOGIE-DENTISTERIE ET LOCAUX VOISINS

Les coordonnées géographiques sont : 11° 35,290’ E ; 43° 09,158’ N. Il s’agit


des locaux de ce service, du laboratoire de biologie, de la morgue (non visitée
par respect de ses occupants), du local de stockage de l’oxygène et autres
petits locaux techniques. Les locaux du personnel de service que nous n’avons
pas pu visiter sont de même architecture et doivent donc être conçus avec les
mêmes matériaux et de la même manière. La conception de tous ces locaux
est identique à celle du bâtiment de service d’urgence, comportant une couche
de toit formée d’amiante, d’une épaisseur de 7 à 8cm qui repose directement
sur des carreaux de faux-plafond (60cmx60cm) en contre-plaqué ou en
aluminium. Le recouvrement final est en charpente métallique et tôle ondulée
métallique observable de l’extérieur.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Toiture du local de stockage d’oxygène à faux-plafond en contre-plaqué et couche


d’amiante (7 à 8cm d’épaisseur), libre, non stabilisée ni recouverte.

Toiture du bloc-Dentisterie à faux-plafond en carreaux et couche d’amiante.

Figure 6 : Conception de la toiture du service ORL-Dentisterie et des bâtiments


et services voisins (urgences, laboratoire de biologie, morgue, constructions de
services techniques, et éventuellement le bloc de résidence de personnel) en
simple faux-plafond supportant une couche d’amiante fibreuse (crocidolite)
libre, recouverte par une charpente suspendue supportant la tôle ondulée
extérieure.

5.2.4 BLOC OPERATOIRE VACANT

Les coordonnées sont : 11° 36,274’ E, 43°9,177’ N: Ce bloc pratiquement en


deux niveaux, délaissé neuf, très spatiaux et bien conservé, a été construit en
2003. Il peut absolument être récupéré pour une nouvelle occupation durable.
L’amiante y existant, limité au système de climatisation peut facilement être
neutralisé.

SAFI Page 29
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Le bâtiment abrite du côté Nord, les locaux de machineries d’alimentation


électrique notamment et autres services, et dans sa partie Sud, le bloc
opératoire et les bureaux. Dans cette partie, sur la façade Est du côté intérieur
(1er étage), une gaine délabrée montre clairement une canalisation de
climatisation de près de 20cm de section, dont les coudes ont été recouverts
de laine d’amiante enveloppée dans du papier aluminium. La toiture des étages
est en dalle pleine indemne d’amiante. Ce bâtiment a été visité à deux reprises
(9 et 10.02.2021), dont la dernière en compagnie du responsable de
maintenance Mr Hassan Idriss.

Le toit de l’immeuble a été visité le 10.02.21, supporte des accessoires de


chauffage d’eau et de climatisation. Les machineries et canalisations de
chauffage d’eau sont indemnes d’amiante et les canalisations sont recouvertes
de polyéthylène. Par contre, le local séparé de compresseur contient des
tuyauteries (20 à 25 cm de section) de climatisation générale recouvertes
d’amiante enveloppé dans du plastique et du papier aluminium. Ces
canalisations sont reliées à la gaine de distribution observée au premier étage
et décrite précédemment.

Gaine de climatisation avariée avec amiante fibreuse recouvrant les coudes de


canalisations de climatisation.

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Salle des compresseurs de climatisation avec conduites enveloppées d’amiante fibreuse


recouverte de papier aluminium et de plastique.

Local des machineries de chauffage d’eau


Plaque d’inauguration du bloc en 2003.
sur le toit, indemne d’amiante.
Figure 7 : Canalisations d’air recouvertes d’amiante fibreuse non stabilisé,
enveloppé dans de l’aluminium et protégé par du plastique notamment dans la
salle des compresseurs au toit.

5.2.5 BLOC DE RESTAURATION

C’est la partie Est du bloc 015 marqué dur le plan de l’hôpital (11+ 35,288’E ;
43° 09,158’ N). Au rez-de-chaussée la salle de restauration présente une toiture
formée de plaques de faux -plafond (60cmx60cm) couverte d’amiante qui
ressort localement d’entre les plaques.

Une plaque déplacée en toute précaution, permet d’observer la partie


supérieure sous la charpente et toiture en tôle métallique ondulée. Une couche
d’amiante qui couvre toute la surface du plafond, mais aussi de l’amiante qui
recouvre les tuyaux de conditionnement d’air.

La salle de stockage comporte un faux-plafond assez bien conservé en


carreaux de contreplaqué recouverts d’une couche d’amiante de 4 à 5cm
d’épaisseur ?

La salle du chef cuisinier possède une toiture de même conception, mais


apparemment sans couche d’amiante, ou que l’amiante a été déplacée de
manière à ce qu’elle ne soit pas observable.
SAFI Page 31
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

La visite à l’étage supérieur a rencontré de l’amiante sur les marches et en


rebord de l’escalier. En apparence, le toit de cet étage semble construit en
dalle ; pourtant, au-dessus de l’escalier, un panneau effondré (40cmx80cm)
montre clairement une couche d’amiante fibreux pendante. Dès lors, une
question se pose : existe-il un faux plafond généralisé en plâtre qui supporte
une couche régulière d’isolation en amiante dur fibreux qui recouvre tout l’étage
supérieur ? Le risque de contamination en cours de visite ne permet pas de se
hasarder à casser en plusieurs points ce faux-plafond pour s’assurer de
l’existence d’une couche d’amiante généralisée.

Amiante ressortant des plaques Apparence de la toiture de la salle de


restauration.

Accès pour l’observation de la couche


Salle du Chef Cuisinier
d’amiante sur faux-plafond.

Salle de stockage à couche d’isolation en Plaque de faux plafond arrachée au toit du


amiante sur faux-plafond. 2ème étage.

SAFI Page 32
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Chute d’amiante en rebord d’escalier Couche d’amiante pendante dans la partie


arrachée au toit du 2ème étage.

Figure 8 : Identification de l’amiante dans les locaux du bloc de restauration (n°


015 partie Est)

Remarque : la quantité de poussières au plancher de tous les locaux qui doit


être amiantée, et le caractère très contaminé des lieux ont obligé les visiteurs à
quitter le bloc dès que l’essentiel des observations a été réalisé, et le plus
rapidement possible.

5.2.6 LOCAUX MEDICOTECHNIQUES DE LA PARTIE SUD DE L’HOPITAL

Ce sont les parties Sud et Ouest du bloc noté n°15 du plan de masse de
l’hôpital. Dans la partie Sud existe le local de stockage des matériels qui est
fermé et des locaux vides qui ont été visités. Ces locaux doivent être munis d’un
faux-plafond supportant une couche d’amiante.

La partie Ouest comporte sept (07) locaux. Le premier, au Sud doit


correspondre à un atelier abandonné recouvert d’un faux-plafond en plaques
d’aluminium, recouvert d’une couche d’amiante enveloppée dans une feuille
d’aluminium qui se déchire facilement. Les coordonnées sont : 11° 35,217’ E ;
43° 09,202’ N.

Dans ce local et pour la première fois, il a été relevé que l’amiante non stabilisé
a été utilisé pour le revêtement mural d’isolation. Le produit appliqué en une
couche de 5cm environ sur tout le mur comportant la porte de sortie, mais aussi
en revêtement intérieur de l’enceinte sur une hauteur de 1,50m, sur le pourtour
des murs. L’amiante est recouvert par un contreplaqué localement avarié sur le
côté intérieur de la façade, laissant apparaitre la couche du produit dangereux
et de nombreuses bavures qui se détachent et tombent sur le plancher.

SAFI Page 33
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

Amiante isolant la façade du bâtiment Amiante en recouvrement des murs

Amiante d’isolation du toit Couche d’amiante fibreux de toit

Couche d’amiante sur faux-plafond Couche d’amiante à base de plastique 


Figure 9 : Diverses utilisations de l’amiante pour l’isolation des locaux de la
partie Ouest du bloc n° 015 dans la partie Sud de l’hôpital Bouffard.

5.2.7 BATIMENT DU SERVICE DE MAINTENANCE

Il s’agit d’un bâtiment à deux étages (coordonnées : 11° 35,265’E ; 43° 09,183
N ; et 11° 35, 259’ E ; 43° 09,190 N), dont le rez-de-chaussée est recouvert
d’une dalle pleine, munie d’un faux plafond qui est apparemment indemne
d’’amiante. Ce rez-de-chaussée abrite les services de maintenance. Cependant
la toiture de l’étage supérieur servant pour l’administration est conçue de
manière identique à celle des locaux médicotechniques cités plus haut, soit une
charpente métallique suspendue et une couche épaisse d’amiante qui repose
sur des plaques de faux-plafond en aluminium. Cette couche d’amiante

SAFI Page 34
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

supporte toujours les câblages de services accessoires et alimentation en


électricité.

Amiante d’isolation de toit de local. Bavures d’amiante dans des toilettes


abandonnées
Figure 10 : Recherche et identification de l’amiante dans les locaux de
maintenance et administratifs de l’hôpital Bouffard.

SAFI Page 35
EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

6. SYNTHESE ET RECOMMANDATIONS
L’amiante (asbeste) est un nom commercial qui désigne une variété de
minéraux silicatés argileux (chrysotile, serpentine), ou à structure en ruban
double chaine, du groupe des pyroxènes habituels de certaines roches
magmatiques ultrabasiques et acides : syénites, granites alcalins (groupe des
amphiboles : crocidolite (amiante riebeckite ; ou amiante bleu), amosite
(amiante cummingtonite-grunérite ; amiante brune), amiante anthophyllite,
amiante trémolite, et amiante actinolite).

Ce sont tous des minéraux calorifuges, très résistants à la tractation, qui se


vitrifient à très haute température sans bruler (propriétés ignifuges), pouvant
former des fibres et se prêter à la filature (chrysotile notamment). La variété
d'amiante serpentine dominante est la chrysotile (amiante blanche) qui
représente la plupart de l'amiante utilisé depuis la fin des années 1800.

La consommation mondiale en asbeste a augmenté de 50.000 tonnes environ,


pour attendre un pic de 4 793 451 tonnes en 1977, lorsque des symptômes de
maladies sérieuses liées à ces produits ont commencé à envahir le Monde.

Les maladies liées à l’amiante ont été identifiés depuis 1920, chez les ouvriers
travaillant l’amiante ; mais ce n‘est qu’au début des années 1960s, grâce à des
études de cas sur des ouvriers en Afrique du Sud, que le lien direct entre
amiante et mésothéliomes, a clairement été prouvé. Le lien entre amiante et
maladies mortelles a été reconnu deux décennies plus tard en Europe (France,
en Allemagne, en Angleterre, aux Pays-Bas, etc.). A cette époque, les pays
grands producteurs d’amiante avaient affiché une certaine opposition à ces
déductions et aux décisions d’éradication de l’amiante.

Toutes les amiantes produisent des fines (≈ 5µm) très toxiques qui persistent
dans l’air et peuvent facilement être inhalées. Ces microfibrilles s’incrustent
dans les alvéoles des poumons, engendrent des centres d’irritation continue, et
peuvent pénétrer jusqu’à la plèvre pour provoquer d’abord une pneumonie et
ensuite un mésothéliome. Ces maladies peuvent apparaitre rapidement chez
les personnes contaminées, mais peuvent aussi perdurer sur une longue
période (une à deux décennies).

A partir des années 1990, la plupart des états avancés se sont rendus compte
de la nécessité de reconnaitre l’amiante comme un indicateur d’intérêt sanitaire,
et que les maladies liées à l’amiante soient reconnues professionnelles. A partir

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

de 1997, la plupart des pays ont décidé d’éradiquer l’amiante, sauf pour
certaines dérogations d’usages limités et spécifiques. 1996, La consommation
mondiale d’amiante a chuté de plus de moitié (2100.000 tonnes) en 1996, et les
premières études ont été lancées pour la recherche de produits de substitution
de l’amiante.

L’amiante est aujourd’hui classé par l’OMS en tête des dix premiers produits les
plus dangereux. Ce danger manifeste n’a épargné aucun pays, et à ce titre la
République de Djibouti ne fait pas exception. Cette République dispose déjà de
son Code de l’Environnement et a interdit l’importation, la transformation, la
commercialisation et l’usage de l’amiante, ce qui constitue un début très
adéquat pour l’éradication du mal lié à l’amiante.

Pour le site objet de mission, la création et la mise en service du Centre


Médicochirurgical de Bouffard à la fin des années 1970, coïncide avec le pic de
consommation mondiale en amiante, il faut donc s’attendre à ce que ce produit
soit utilisé dans la conception des bâtiments, d’autant plus que les conditions
climatiques (sècheresse, canicules, période chaude bien marquée durant un
longue période). Cet hôpital a été rétrocédé aux autorités Djiboutiennes en
2016 ; mais c’est la démolition de deux bâtiments vétustes de cet établissement
qui a été cause du déclenchement de l’alerte contre l’amiante.

Notre visite et exploration sur site à l’emplacement des bâtiments démolis, et


dans les bâtiments de cet hôpital, a permis d’identifier clairement de l’amiante
fibreux (amiante dure) qui a été utilisé en couche isolante (calorifuge et
ignifuge), non stabilisée (dans du ciment par exemple), dans pratiquement tous
les bâtiments. Les couches d’amiante des toits mais aussi localement en
revêtement de murs, ont été systématiquement échantillonnés pour des
procédures d’analyse et reconnaissance approfondie. Les résultats feront
l’objet d’un rapport complémentaire du présent rapport de mission.

L’identification de l’amiante dans l’emprise des bâtiments démolis, et dans la


quasi-totalité des bâtiments de l’hôpital n’a rien de surprenant, voyant
l’utilisation à outrance de l’amiante dans la conception des bâtiments aux
années 1970-1980, et les lieux doivent être sérieusement contaminés. Elle
nécessite par ailleurs l’intervention de spécialistes dans le domaine.

Comme pour tous les pays, la conception d’une stratégie de lutte contre
l’amiante dans tous les secteurs socioéconomiques est nécessaire, et c’est
dans ce cadre que devrait se placer un programme d’assainissement de

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EVALUATION DE LA CONTAMINATION DANS LES BATIMENTS
DE L’HOPITAL BOUFFARD A DJIBOUTI

l’hôpital visité. Notons qu’il s’agit de lieux hautement fréquentés par du public
sensible ou recherchant des services de soins de santé. L’urgence est donc de
mise pour intervenir en vue de décontamination, en faisant appel aux meilleures
techniques disponibles dans le domaine. A ce titre, la formation de cadres
djiboutiens aptes à faire face à ce danger doit obligatoirement faire partie du
(des) programme (s) de désamiantage.

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