GEORGES MÉAUTIS
T p I
L'ARISTOCRATIE
ATHÉNIENNE
139413
COLLECTION D'ÉTUDES ANCIENNES
publiée sous le patronage de VASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ
L'ARISTOCRATIE
ATHÉNIENNE
PAR
PARIS
SOCIÉTÉ D'ÉDITION « LES BELLES LETTRES »
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1. T h u c y d i d e , II kl.
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de l'armée, après des souffrances que Thucydide raconte avec
son sobre pathétique.
Alors, et c'est pour moi le m o m e n t le plus tragique de
l'histoire d ' A t h è n e s , ce f u t le réveil. T o u t ce rêve, tissé par
Périclès et ses successeurs, se déchirait brusquement, laissant
Athènes impuissante en face de Sparte, qui, elle, avait su
garder ses traditions terriennes. T h u c y d i d e nous décrit ce
réveil en paroles fort nettes ( V I I I i ) : « Lorsque les nou-
velles du désastre parvinrent à Athènes, on refusa de croire
pendant longtemps à une catastrophe aussi complète, malgré
les renseignements précis des soldats qui avaient échappé au
milieu m ê m e de la bataille. Lorsqu'on fut sûr de la chose,
on s'indigna contre les orateurs q u i avaient encouragé l'ex-
pédition, c o m m e si le peuple ne l'avait pas votée lui-même.
On s'irrita d'autre part contre les diseurs d'oracles et les
devins et tous ceux qui par leurs prédictions avaient éveillé
l'espoir de prendre la Sicile. » Puis, après avoir montré tous
les motifs de craindre qu'avaient les Athéniens, Thucydide
indique les mesures que l'on prit pour parer à la situation,
dont la principale était « de choisir u n conseil de vieillards,
qui donneraient leur préavis sur les mesures à prendre, sui-
vant les circonstances ».
Q u e veulent dire ces mots, sinon qu'Athènes chercha à
renouer les fils brisés de la tradition d'autrefois, à retrouver
dans l'expérience des vieillards l'appui qu'elle avait trouvé
chez les Miltiade, les C i m o n , ceux qui avaient fait la grandeur
de la ville, en u n temps q u ' E u p o l i s regrettait en ces termes,
dans ses Dèmes, une des pièces les plus pathétiques du théâ-
tre ancien, une de celles dont la lecture des fragments nous
fait le plus regretter la disparition ( F r g t . 117 K o c k ) : « Nous,
autrefois, les vieillards, nous n'administrions pas ainsi.
Mais, tout d'abord, les stratèges d e l à ville appartenaient aux
plus nobles demeures ; ils étaient les premiers par la fortune
et par la race, nous les priions comme des dieux. Et ils en
étaient en effet. De sorte que nous étions en toute sécurité.
Maintenant, q u a n d nous avons de la chance, nous faisons
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— 26 —
campagne après avoir choisi c o m m e stratèges de véritables
lavements. »
Mais Athènes se raccrochait à u n e branche pourrie, qui
devait casser et la laisser tomber aux abîmes. L'aristocratie,
elle aussi, avait subi son évolution, et le déracinement avait
eu pour elle des conséquences encore plus néfastes que p o u r
le peuple. Ce n'était plus des « ralliés » que la démocratie
avait en face d'elle. Ceux-là avaient disparu o u , découragés
par la marche des choses, avaient grossi le troupeau des
άπράγμονες, qui vivaient délibérément en marge de la vie
p o l i t i q u e 1 . A leur place, la démocratie ne rencontrait plus
que les intrigues sournoises des hétaïries, les intrigues
d'hommes qui ne reculaient devant rien p o u r abattre le
démos. Le type de ces h o m m e s est A n t i p h o n de R h a m n o n t e ,
dont Thucydide a tracé le portrait suivant :
« Il était loin d'être le moins capable des Athéniens de
son temps ; d'une pensée très forte et sachant exprimer ce
qu'il savait, il ne se présentait de plein gré ni devant le
peuple, ni dans a u c u n procès; car le peuple se méfiait de lui
à cause de sa réputation d'habileté. L u i seul cependant était
le plus capable d'aider par ses conseils ceux qui avaient à se
défendre et devant le peuple et au t r i b u n a l . Lui-même,
après que les Quatre-Cents furent tombés, f u t en butte à
l'hostilité du peuple et, accusé pour la part qu'il avait prise
au complot, il se délendit, dans un procès où il risquait sa
tête, par la plus belle plaidoirie de ce genre q u i ait été pro-
noncée j u s q u ' à m o n époque. »
Ce n'est que rarement que T h u c y d i d e trace le portrait d ' u n
h o m m e et, lorsqu'il le fait, on peut être sûr qu'il s'agit
d'une puissante personnalité. Nous sommes malheureusement
bien mal renseignés sur la vie et l'activité d ' A n t i p h o n . Ce
q u i nous reste de son œuvre est fort banal : des exercices
d'école montrant c o m m e n t les différents points de vue peu-
t . L'orateur Lycurgue ( 1 8 8 9 ) .
2. Die attische Beredesamkeit, I V , p. 8 1 .
c o m m e le firent les ancêtres. Cet effort, certes, malgré sa
vanité profonde, n'est pas d é p o u r v u de grandeur. Il n'est
parfois pas sans utilité, mais il ne change guère le cours des
événements, car les conditions sont essentiellement diffé-
rentes, et les efforts m ê m e héroïques ne parviennent pas à
changer ce qui ne saurait être changé.
Or L y c u r g u e fut précisément u n de ces hommes ; il cher-
cha à faire revivre, dans u n e A t h è n e s profondément trans-
formée, l'ancien idéal de l'aristocratie du v e siècle. Si on le
considère sous cet aspect, il n'est dès lors pas de traits de
son caractère, pas d'actes de sa vie publique qui ne devien-
nent parfaitement clairs.
Il appartenait a u γένος des Étéoboutades, qui, comme nous
l'avons v u , était u n des plus nobles et des plus anciens
d'Athènes, il semblait prédestiné à j o u e r le rôle de l'aristo-
crate d'autrefois ; mais — et c'est là que nous saisissons toute
la différence entre c e u x qui se contentent d'être, et qu'on
pourrait appeler les classiques, et ceux qui se regardent
vivre, que nous n o m m e r o n s romantiques — le malheur de
l'activité de L y c u r g u e f u t précisément que c'était un rôle.
O n comprend dès lors ce qu'il y a chez lui d'excessif et de
tendu. Il vit p a u v r e m e n t , est habillé, été comme hiver, du
m ê m e vêtement : il couche sur la dure ; toute son activité a
q u e l q u e chose de sombre et^de forcené. Ce qu'il veut ce sont
des condamnations à m o r t . L y c o p h r o n , un Athénien, est
accusé d'adultère ; c'est u n des grands personnages d'Athènes ;
il a été hipparque, p h y l a r q u e ; ses cavaliers lui ont décerné
des couronnes; les faits en cause remontent à plusieurs
années en arrière, et l'accusé a cinquante ans : Lycurgue
n'en utilise pas moins la procédure de Veisangèlie, que l'on
réservait généralement p o u r les crimes les plus graves. U n
Aréopagite, Autolycos, a mis sa famille à l'abri après la
bataille de Chéronée ; c'était là u n e précaution 'bien natu-
relle, u n procédé c o u r a n t m ê m e , c o m m e nous le montre le
discours de Lysias pour Mantithéos : Lycurgue n'en accuse
pas moins Autolycos de lâcheté.
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Plus significative encore est l'attitude de L y c u r g u e dans le
discours contre Léocrate, le seul que nous ayons conservé de
lui. C'était u n pauvre diable que ce Léocrate : après la
défaite de Chéronée, au m i l i e u de la p a n i q u e générale, per-
suadé que tout était p e r d u , il était monté avec sa famille sur
un bateau et s'était enfui à Rhodes, où il annonça — peut-
être le croyait-il vraiment — q u ' A t h è n e s était prise et le
Pirée assiégé par les ennemis et que seul il avait p u échapper.
P u i s il s'établit à Mégare, y fait d u c o m m e r c e , enfin, au
bout de huit ans, persuadé q u e tout était oublié et que son
retour passerait inaperçu, il rentre à Athènes. Mais L y c u r g u e
veillait, et il l u i intente u n procès de h a u t e trahison. Sans
doute Léocrate n'avait rien d ' u n héros ; sa fuite, cependant,
s'expliquait au milieu d u désarroi de toute la ville. Mais ce
qu'on s'explique moins, ce sont les a r g u m e n t s que L y c u r g u e
utilise contre l u i . T o u t e l'histoire d'Athènes y passe. A pro-
pos de Léocrate, L y c u r g u e rappelle les traîtres les plus célè-
bres : Phrynichos, dont les ossements furent déterrés et jetés
hors de l ' A t t i q u e ; I l i p p a r q u e , fils de C h a r m é s ; ceux q u i
s'enfuirent de D é c é l i e ; puis il cite cinquante vers d'Euri-
pide, au sujet d'Erechtée qui i m m o l a sa propre fille au salut
de l'État, une poésie de T y r t é e , l ' é p i g r a m m e de Simonide
aux morts des T h e r m o p y l e s ; puis r e m o n t a n t jusqu'à l ' h i s -
toire m y t h i q u e de l ' A t t i q u e , il raconte tout au long l'histoire
de Codrus, qui donna sa vie pour son pays ; tout cela parce
q u e , dans un m o m e n t d ' a f f o l e m e n t bien compréhensible, u n
commerçant avait quitté A t h è n e s au m o m e n t d u péril. Mais
l'argumentation de L y c u r g u e se comprend si l'on conçoit que
Léocrate n'était p o u r lui q u e le prétexte d'affirmer certaines
idées qui lui étaient chères, a m o u r d u pays, sacrifice de
l'individu à la nation, exaltation du sentiment national a t h é -
nien. C o m m e la base légale de l'accusation était plutôt f a i -
ble, il ne craint pas de dire : « L e crime c o m m i s est si pro-
digieux, a des proportions telles que l'accusation ne saurait
pas le qualifier et q u ' o n ne trouverait pas dans les lois
mêmes un c h â t i m e n t suffisant. Si l'on a négligé de déter-
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miner une p u n i t i o n pour de tels forfaits, ce n'est point,
juges, par une négligence imputable aux législateurs du
passé, c'est q u ' o n n'avait j a m a i s eu encore un tel exemple et
q u e , pour l'avenir, il paraissait invraisemblable. Voilà préci-
sément p o u r q u o i , A t h é n i e n s , en ce qui concerne le crime
actuel, il vous faut être n o n seulement des juges, mais
encore des législateurs » (§§ 8 - 9 ) . Il faut que l'influence de
L y c u r g u e ait été bien grande, puisque, malgré la base vrai-
m e n t fragile de l'accusation, Léocrate n'échappa à une con-
damnation à m o r t que par une seule voix. L y c u r g u e devait
cette influence, n o n à son éloquence, bien inférieure à celle de
Démosthène, mais à l'ascendant de sa personnalité, à sa pro-
bité, qui était telle q u e les particuliers lui confiaient de l'ar-
g e n t pour q u ' i l s'en servît p o u r l'État. Son administration
financière ramena la confiance et fit cesser l'ère des déficits.
Dans d'autres domaines encore son influence fut excellente :
il développa la flotte, réorganisa plusieurs des cultes publics,
fit construire certains édifices, tels q u ' u n gymnase, un
odéon, acheva le théâtre de Dionysos, fit composer un exem-
plaire d'État des grands tragiques, afin que leur texte ne se
corrompît pas. T o u t cela explique q u e , dans une cause aussi
difficile à défendre que celle de Léocrate, il soit arrivé à
amener presque la moitié des j u g e s à son opinion. Il ne pou-
vait le faire q u ' e n exagérant la gravité du crime, par ce
procédé de la δείνωσις bien c o n n u des orateurs de l'antiquité,
procédé qu'il d u t employer en plus d'une occasion, si nous
en croyons les plaintes d ' H y p é r i d e . « A u j o u r d ' h u i , ce qui se
passe est risible, v r a i m e n t : Diognide et Antidore le métèque
sont dénoncés c o m m e criminels d ' É t a t , parce qu'ils donnent
aux joueuses de flûte plus que ne le veut la loi ; Agasiclès, du
Pirée, pour s'être fait inscrire dans le dème d'Halimouse ;
E u x é n i p p e , pour u n songe q u ' i l a rapporté. Assurément rien
de tout cela n'a le m o i n d r e rapport avec la loi sur les procès
de haute t r a h i s o n 1 . » Nous voyons donc que Lycurgue avait
6
— Aa —
Platon, dans le Phèdre, décrivant les deux chevaux qui
entraînent l'âme h u m a i n e a su d o n n e r — en véritable aris-
tocrate qu'il était — une description des qualités du bon
cheval et du mauvais q u ' u n spécialiste n'aurait pas dédaigné.
Pour Aristote (Politique, i 3 a i ab), il existe u n rapport étroit
entre le système oligarchique et l'élevage des chevaux, et,
dans les territoires qui permettent cet élevage, l'oligarchie a
pu prendre racine, car « l'hippotrophie est la marque des
grandes richesses ».
U n autre document de l ' a m o u r de l'aristocratie athénienne
pour les chevaux se trouve dans les Nuées d'Aristophane
(v. 61-67). C o m m e nous l'avons v u , Strepsiade, le vieillard
élevé suivant les anciens usages, h e u r e u x de vivre à la c a m -
pagne, a commis» l'erreur d'épouser une aristocrate de la
villr ils eurent un enfant et cela donna naissance à une
dispute, car la mère tenait absolument à ce q u ' i l y ait du
« cheval » dans le n o m de son fils et voulait le nommer
Xanthippe, ou Chairippe, ou Callipide, tandis que le père
aurait préféré choisir tout simplement le n o m du grand-
père, Pheidônidès.
La discussion entre Strepsiade et sa femme était très natu-
relle, car les noms des enfants étaient loin d'clre choisis au
hasard. Le plus souvent on prenait le nom du grand-père;
mais il arrivait aussi q u e tel o u tel nom était particulier à
telle famille. La lecture de la Prosopographin Attica de
Kirchner est intéressante à cet égard. On pourra y noter
d'une part le nombre de n o m s dérivé de « cheval », dans les
familles nobles, — ce qui donne tout son sens à la plaisan-
terie d'Aristophane; — d'autre part, des noms tels que ceux
de Hipparétè et Kypsélos, particuliers à la race des Méga-
clidcs. Rien de plus naturel, puisque Kypsélos était le t y r a n
de Sicyone qui, en donnant sa fille Ilipparétè à un Méga-
clide, avait a u g m e n t é la puissance de cette race. L'enrichis-
sement de cette famille avait eu aussi une autre source qui
nous est indiquée par Hérodote ( V I 125) avec un certain
h u m o u r . Crésus, d'après lui, avait autorisé A l c i n é o n , le père
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de Megaklès à prendre dans son trésor tout ce qu'il pourrait
porter sur son corps. Celui-ci se revêtit de vêtements et de
chaussures fort amples, pénétra dans le trésor, se remplit
de l'or accumulé et alla j u s q u ' e n mettra dans ses cheveux
et dans sa bouche, de sorte qu'il sortit « traînant avec
peine ses cothurnes et ressemblant à tout plutôt qu'à u n
h o m m e ».
Inutile de dire que nous avons là affaire à une de ces
légendes c o m m e il en a c o u r u de tout temps sur les causes
de l'enrichissement des grandes familles. Elle est intéressante
cependant, car elle nous montre que l'attitude d'Hérodote
vis-à-vis des A l c m é o n i d e s était loin d'être servile. Légende
analogue au sujet de R a l l i a s , 1' « h o m m e le plus riche
d'Athènes » à l'époque de C i m o n : on disait qu'il s'était
enrichi en découvrant u n e fosse où les Perses, débarqués à
Marathon, avaient enfoui leurs trésors. Ne disait-on pas aussi
que les Mégaclides avaient trahi, au moment même de la
bataille de Marathon et fait des signaux aux ennemis?
Les chevaux ne servaient pas u n i q u e m e n t aux courses de
chars. On les employait aussi à la guerre et les frises d u
Parthénon nous ont laissé un vivant souvenir de cette cavalerie
athénienne, recrutée parmi les aristocrates, et dont les
Cavaliers d'Aristophane nous montrent si bien la mentalité.
La parabase surtout est intéressante ; elle fut prononcée,
ne l'oublions pas, non pas par des acteurs quelconques,
mais bien par des cavaliers e u x - m ê m e s , qui saisirent avec
joie cette occasion d'attaquer leur vieil ennemi Cléon.
Depuis l'invocation à Poséidon (v. 5 5 1 ) , la parabase est u n
véritable manifeste des Cavaliers, célébrant leur courage et
surtout celui de leurs chevaux, qui n'hésitèrent pas à faire
u n e expédition maritime à Corinthe au grand effroi des
ennemis.
U n document d'une valeur presque égale est constitué par
le discours de Lysias, contre Mantithéos (Disc. XVI). Ce
j e u n e aristocrate était accusé d'avoir servi dans la cavalerie
sous les T r e n t e . Il répond avec u n mélange de franchise et
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COLLECTION BYZANTINE
F s e l l o s , Chronographie, tome I, par N i c é p h o r e G r é g o r a s , Correspo
M. E. Renaud. dance, par M. R . Guitland.
COLLECTION DE COMMENTAIRES
T h é o p h r a s t e , Caractères, Commen- L u c r è c e , Commentaires, tomes I-II,
taire exégétique et critique, par M. par MM. A. Ernout et L. Robin.
0 . Navarre.
COLLECTION NEO-HELLENIQUE
H i s t o i r e de l a l i t t é r a t u r e g r e c - Pages choisies des Évangiles,
q u e m o d e r n e , par M. D.-C. par M. H. Pernot.
Hesseling V o y a g e en T u r q u i e et en G r è c e ,
Chrestomathie néo-hellénique, du R. P. Robert de Dreux, publié
par MM. D. G. Hesseling et H. par M. H. Pernot.
Pernot. Études sur la langue des Évan
Excursion dans la Thessalie g i l e s , par H. Pernot.
t u r q u e (i858), par M. L. Heu-
zey.
COLLECTIONS DU MONDE HELLÉNIQUE ET DU MONDE ROMAIN
D é l o s , par M. P. Roussel. Promenades archéologiques
D e l p h e s , par M. E. Bourguet. a u x e n v i r o n s d ' A l g e r (Cher-
Le dessin chez les Grecs d'après chel, Tipasa, Le Tombeau
l e s v a s e s p e i n t s , par M. E. d e l a C h r é t i e n n e ) , par St.
Pottier. Gsell.