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Janvier 2011
Qu’est-ce qu’un acte d’accusation ?
Dès qu’il est convaincu qu’il existe des éléments de preuve suffisants, qui démontrent
qu’une personne a commis un crime relevant de la compétence du Tribunal spécial pour le
Liban, le Procureur soumet pour confirmation au Juge de la mise en état un acte
d’accusation auquel il joint les pièces justificatives [article 68(B) du Règlement de procédure
et de preuves du Tribunal spécial pour le Liban].
Un acte d’accusation est le document par lequel le Procureur énonce les charges pesant sur
une ou des personnes qui, selon lui, sont les auteurs d’un crime. Ce document contient des
informations telles que le nom ou les noms du ou des accusés ainsi que les renseignements
personnels les concernant, un rappel des faits utiles à connaître, la liste des crimes que
l’accusé aurait commis et une annexe dans laquelle figurent les noms des victimes.
Ce document est déposé avec les éléments de preuve qui l’étayent, dénommés pièces
justificatives dans le Règlement de procédure et de preuve [articles 68(B) et 68(D)].
Il est possible de joindre, dans un acte d’accusation, deux ou plusieurs crimes s’ils ont été
commis par le même suspect, pour autant que le comportement incriminé relève de la
compétence du Tribunal. En outre, il peut advenir que l’acte d’accusation mette en cause
plusieurs personnes qui doivent être inculpées et jugées simultanément, même si les crimes
qui leur sont reprochés sont différents, à condition que les crimes en question relèvent
également de la compétence du Tribunal [article 70].
L’article 1er du Statut du Tribunal (le « Statut ») définit la compétence du Tribunal et lui
confère le pouvoir de juger les personnes responsables de l’attentat du 14 février 2005 qui a
entraîné la mort de 23 personnes, y compris de l’ancien Premier ministre libanais, Rafic
Hariri, et causé des blessures à plus de 240 autres personnes.
L’acte d’accusation établi par le Procureur est la première étape du processus judiciaire. Il
ne s’agit pas d’une déclaration de culpabilité à l’encontre du suspect visé dans l’acte
d’accusation. Le ou les suspects sont présumés innocent jusqu’à ce que leur culpabilité soit
établie [article 69 du Règlement, article 16 du Statut].
Il convient de noter que la procédure pénale devant le Tribunal s’articule autour de deux
modèles procéduraux : le système de droit civil libanais et le modèle adopté dans les
tribunaux pénaux internationaux, fondé principalement sur le système accusatoire de la
common law. On a visé, dans la rédaction du Statut et du Règlement, à concilier ces deux
approches concurrentes. Le Statut prévoit l’institution d’un juge indépendant, devant
intervenir en qualité de Juge de la mise en état. Le Juge de la mise en état examine le travail
du Procureur et statue sur les questions préalables au procès. Il n’a ni la fonction, ni les
pouvoirs d’un juge magistrat instructeur tel que le juge d’instruction prévu par le Code de
procédure pénale libanais.
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Qu’advient-il après la présentation d’un acte d’accusation ?
Le Juge de la mise en état passe en revue et examine chaque chef d’accusation en vue de
déterminer si, de prime abord, il y a lieu d’engager des poursuites contre le ou les suspects
[article 68(L) du Règlement].
Un examen opéré de prime abord retient l’interprétation la plus favorable des éléments de
preuve présentés dans l’acte d’accusation, allant de pair avec le postulat que la Défense ne
soulèvera aucune contestation. Le Juge de la mise en état doit être convaincu que l’acte
d’accusation contient, à première vue, des éléments de preuve suffisants pour justifier le
passage à l’étape du procès au regard d’un ou de plusieurs chefs d’accusation figurant dans
l’acte d’accusation [article 18 du Statut, article 68(F) du Règlement].
Lors de cet examen, le Juge de la mise en état peut soumettre à la Chambre d’appel des
questions portant sur l’interprétation de l’Accord entre l’Organisation des Nations Unies et
la République libanaise, du Statut et du Règlement qui ont trait au droit applicable [article
68(G) du Règlement]. La Chambre d’appel, dans ce cas, statue sur ces questions à l’issue
d’une audience publique. Lors de l’audience, le Procureur et le Chef du Bureau de la
Défense présentent leurs observations sur les questions soumises à la Chambre d’appel
[article 176(B) bis du Règlement].
Si le Juge de la mise en état estime, au vu des présomptions, qu’il y a matière à engager des
poursuites, il doit confirmer un acte d’accusation. À défaut, il le rejette. Le Juge de la mise
en état doit motiver sa décision. S’il confirme un acte d’accusation, l’affaire est mise en état
en vue du procès [article 18 du Statut].
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Une fois présenté, un acte d’accusation est-il rendu public ?
Le Juge de la mise en état examine un acte d’accusation dans le cadre d’un processus
confidentiel. L’une des principales raisons de cette confidentialité tient à la réprobation que
suscite une charge criminelle. Étant donné que le Juge de la mise en état peut ne pas être
du même avis que le Procureur, il est important que l’identité de l’accusé ne soit connue
qu’après la confirmation de l’acte d’accusation [article 73 du Règlement]. C’est pourquoi,
au stade de sa présentation, l’acte d’accusation n’est pas un document public. L’expérience
des autres tribunaux internationaux démontre qu’un mandat d’arrêt a plus de chance d’être
exécuté s’il est maintenu sous scellés.
Combien de temps faut-il au Juge de la mise en état pour statuer sur l’acte
d’accusation ?
Le Règlement n’impose au Juge de la mise en état aucun délai pour examiner un acte
d’accusation et se prononcer à son sujet. Le Juge de la mise en état doit informer le
Procureur de la date de l’examen d’un acte d’accusation [article 68(E) du Règlement]. Le
temps nécessaire à l’examen d’un acte d’accusation dépendra des initiatives qui peuvent
être prises au cours de la période qui s’écoule entre la présentation de l’acte d’accusation et
la confirmation de ce dernier, à savoir :
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La décision du Juge de la mise en état relative à un acte d’accusation est-elle rendue
publique ?
Dans le cas où le Juge de la mise en état rejette un acte d’accusation, celui-ci n’est pas rendu
public.
Par contre, si le Juge de la mise en état confirme un acte d’accusation, celui-ci est rendu
public [articles 73 et 96 du Règlement], à moins que l’article 74 du Règlement ne s’applique.
L’article 74 du Règlement prévoit qu’il appartient au Procureur ou à la Défense, en cas de
circonstances exceptionnelles, de demander la mise sous scellés de l’acte d’accusation
(c’est-à-dire sa non-divulgation au public). Le Juge de la mise en état peut, dans l’intérêt de
la justice, ordonner la mise sous scellés d’un acte d’accusation.
Dans certaines affaires, devant d’autres cours et tribunaux internationaux, l’usage veut
qu’un acte d’accusation soit scellé afin de permettre au tribunal de signifier l’acte à l’accusé
avec un mandat d’arrêt. Cette pratique permet de veiller à ce que l’accusé soit informé
avant le public des charges avancées à son encontre.
Le critère juridique sur lequel le Juge de la mise en état doit se fonder pour confirmer un
acte d’accusation est le fait qu’il existe de prime abord des preuves [article 18 du Statut].
Pour que l’accusé, à l’issue du procès, soit déclaré coupable, le critère juridique qui s’impose
est plus contraignant. Lors du procès, le Procureur doit apporter la preuve de la culpabilité
de l’accusé « au-delà de tout doute raisonnable » [article 16 du Statut]. Dès lors, la
confirmation d’un acte d’accusation ne marque pas nécessairement la fin de l’enquête
menée par le Bureau du Procureur. Par ailleurs, la Défense peut entamer ou poursuivre ses
propres investigations en vue de se préparer au procès.
Le Procureur peut, à tout moment, modifier un acte d’accusation, avant qu’il ne soit
confirmé, sans l’autorisation du Juge de la mise en état. Il peut arriver, par exemple, que
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d’autres suspects soient mis en cause ou que d’autres chefs d’accusation soient introduits
dans un acte d’accusation [article 71 du Règlement].
Lorsque la Chambre de première instance a été saisie d’un acte d’accusation, le Juge de la
mise en état entend tout à la fois le Procureur et la Défense et décide s’il y a lieu d’autoriser
le Procureur à modifier l’acte [article 71 du Règlement].
Plus précisément, le Tribunal a compétence à l’égard de certains crimes définis par le Code
pénal libanais), notamment les crimes et délits contre la vie et l’intégrité physique des
personnes, ainsi que les actes de terrorisme. Parmi les divers cas de responsabilité qui sont
envisagés, figurent entre autres la participation criminelle et le complot, et le fait d’avoir
ordonné à d’autres personnes de commettre le crime [article 2 du Statut].
Le Tribunal se prononcera sur la responsabilité pénale individuelle des auteurs de ces crimes.
Après la confirmation d’un acte d’accusation, le Greffier en prépare des copies certifiées
conformes dans une langue que comprend l’accusé. Le sceau du Tribunal est apposé sur
chaque copie certifiée conforme d’un acte d’accusation. Le suspect mis en cause accède
alors au statut d’accusé et le Juge de la mise en état peut délivrer une citation à comparaître
ou un mandat d’arrêt [articles 68(J) et 68(K) du Règlement].
Une copie certifiée conforme de l’acte d’accusation est remise officiellement aux autorités
de l’État sur le territoire duquel l’accusé réside (ou a eu sa dernière résidence connue), et
les autorités nationales du Liban ou de tout autre État ayant accepté de coopérer avec le
Tribunal doivent s’efforcer de signifier l’acte d’accusation à l’accusé en personne, ainsi que
la citation à comparaître ou le mandat d’arrêt, et les informations portant sur les droits de
l’accusé [articles 76 et 79 du Règlement].
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Sur demande du Procureur, le Juge de la mise en état peut délivrer un mandat d’arrêt afin
d’obtenir la comparution de l’accusé ; de garantir que l’accusé n’entravera ni ne mettra en
péril le cours de l’enquête ou la procédure judiciaire, par exemple en mettant en danger une
victime ou un témoin ou en l’intimidant ; ou d’empêcher de futurs comportements criminels
[article 79(A) du Règlement].
Après que les documents judiciaires ont été signifiés à l’accusé, celui-ci doit alors se
présenter devant le Tribunal pour sa comparution initiale, au cours de laquelle il plaide
coupable ou non coupable. Cette comparution initiale marque également le début de la
phase préliminaire de la procédure. Durant cette phase, le Procureur communique les
éléments de preuve et les pièces à la Défense, afin que l’accusé puisse préparer sa défense.
À la suite de cette annonce publique, le Tribunal peut, au terme de 30 jours civils, engager
une procédure par défaut, c’est-à-dire en l’absence de l’accusé. En pareil cas, un avocat
peut être commis d’office pour assurer la défense des intérêts de l’accusé [article 105bis du
Règlement]. Par ailleurs, si le procès a lieu par défaut et que, par la suite, on retrouve
l’accusé, celui-ci a le droit d’être rejugé [article 109 du Règlement].
Il convient de noter que l’accusé n’est pas considéré comme jugé par défaut dans les cas où
celui-ci n’est pas physiquement présent au procès, mais i) est présent à l’audience de
comparution initiale et, quoique absent par la suite, est représenté par un conseil qui assiste aux
audiences ; ou est présent à l’audience de comparution initiale, par vidéoconférence ou par le
biais de son conseil, et ne renonce pas expressément à son droit d’être présent au procès.
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À quand l’ouverture du procès ?
Le Règlement ne fixe pas de délai pour l’ouverture du procès. Le rôle du Juge de la mise en
état consiste entre autre à veiller à ce que la procédure, dans sa phase préliminaire,
n’accuse aucun retard injustifié [article 89 du Règlement]. Aux termes de l’article 90 du
Règlement, des exceptions préjudicielles peuvent être soulevées après la confirmation de
l’acte d’accusation et avant l’ouverture du procès, et ces exceptions sont susceptibles
d’avoir une incidence sur la date de début du procès. Il s’agit notamment d’exceptions
d’incompétence, d’exceptions fondées sur un vice de forme d’un acte d’accusation, de
requêtes aux fins de la disjonction de chefs d’accusation ou d’instances, ou d’objections
soulevées en raison du rejet d’une demande de commission d’office d’un conseil, présentée
en vertu de l’article 59(A) du Règlement.
Le Juge de la mise en état, en consultation avec les parties, le Greffier, le juge président de
la Chambre de première instance, et le cas échéant, le Président, fixe provisoirement la date
d’ouverture du procès et ce, quatre mois au moins, avant la date choisie [article 91(C) du
Règlement]. Par conséquent, quatre mois au moins doivent s’écouler entre la confirmation
de l’acte d’accusation et l’ouverture du procès.