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21/10/2008

Fibres optiques
pour télécommunications

par Michel JOINDOT


Ancien élève de l’École polytechnique
Ingénieur en Chef des télécommunications
et Irène JOINDOT
Ingénieur ISMRA (Institut des sciences de la matière et du rayonnement) (ex. ENSEEC)
Docteur de l’Université de Montpellier, habilitée à diriger les recherches

1. La fibre et son utilisation....................................................................... E 7 110 - 2


1.1 Description d’une fibre................................................................................ — 2
1.2 Fibre dans une chaîne de transmission ..................................................... — 3
2. Les modes de propagation d’une fibre monomodale .................... — 4
2.1 Modes LP...................................................................................................... — 4
2.2 Mode LP01 .................................................................................................... — 5
2.3 Étude de l’affaiblissement........................................................................... — 6
2.4 Le deuxième mode ...................................................................................... — 8
3. Propagation d’une impulsion dans une fibre monomodale ......... — 8
3.1 Effets linéaires et non linéaires. Équation de Schrödinger non linéaire. — 8
3.2 Distorsion d’une impulsion induite par les effets linéaires...................... — 8
3.3 Distorsion induite par les effets non linéaires........................................... — 11
4. Effets combinés des distorsions linéaires et non linéaires :
les solitons................................................................................................. — 13
4.1 Phénomène de base .................................................................................... — 13
4.2 Génération de solitons ................................................................................ — 14
5. Dispersion modale de polarisation ..................................................... — 15
6. Conclusion ................................................................................................. — 15
Références bibliographiques ........................................................................ — 15

ne fibre optique est un guide diélectrique permettant de conduire la lumière


U sur une grande distance. On se limitera dans cet article aux fibres à symétrie
de révolution autour de leur axe, constituées de matériaux isotropes (verres).
Notre objectif est de présenter les propriétés fondamentales de ces fibres en vue
de leur application aux télécommunications, c’est-à-dire leurs propriétés concer-
nant l’affaiblissement et la déformation subis par les signaux lors de leur propa-
gation.
C’est en 1966 que sera lancée l’idée de transporter sur de grandes distances
des signaux optiques sur une fibre, mais il faudra des années pour maîtriser les
procédés de fabrication et contrôler la composition des matériaux qui influe de
manière décisive sur les pertes. On parviendra alors à obtenir des atténuations
assez faibles pour que devienne possible la transmission des signaux sur des
distances suffisamment grandes pour présenter un intérêt pratique et rendre la
technique optique compétitive. Partie en 1960 de 1 000 dB/km, l’atténuation est
descendue à 20 dB/km en 1975, puis 0,2 dB/km en 1984.
Comparée aux autres supports de transmission existants, la fibre optique pré-
sente une atténuation faible et quasiment constante sur une énorme plage de

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fréquences et offre ainsi l’avantage de bandes passantes gigantesques, permet-


tant d’envisager la transmission de débits numériques très importants. Mais la
fibre ne se réduit pas à un atténuateur parfait : la variation de l’indice de réfrac-
tion en fonction de la longueur d’onde est la cause principale de la dispersion
chromatique, qui va entraîner une déformation des signaux transmis. Cet effet
linéaire se manifeste d’autant plus que la distance est élevée, et la bande pas-
sante des signaux transmis importante. Aussi, tant que les atténuations des
fibres ont été suffisamment grandes pour que le signal doive être régénéré avant
d’avoir été notablement déformé, la dispersion a-t-elle été négligée. Avec la
diminution des pertes et l’apparition de systèmes à très grande capacité, la dis-
persion chromatique est devenue un effet fondamental.
Les amplificateurs à fibre ont permis d’injecter dans les fibres des puissances
importantes et de compenser les pertes de propagation ; la contrepartie en est
l’apparition d’effets non linéaires, qui sont aussi une source de dégradation du
signal, mais peuvent également être utilisés dans certaines conditions de
manière positive pour compenser l’influence de la dispersion chromatique. Dans
le cas général, effets linéaires et non linéaires interagissent et ne peuvent donc
être isolés et traités séparément.
La fibre optique apparaît donc comme un milieu de propagation complexe,
dont l’effet sur un signal ne peut être prédit qu’au moyen de logiciels de
simulation : de nombreux laboratoires ont développé de tels outils.

1. La fibre et son utilisation


nc

ng I
1.1 Description d’une fibre Plastique

Gaine
a r
Dans une fibre idéale, l’indice de réfraction n ne dépend que de la nc
distance r à l’axe. Le graphe n (r ) s’appelle le profil d’indice de la Cœur ng II
fibre. La figure 1 donne quelques exemples de profils d’indice.
Schématiquement, en partant de l’extérieur, on rencontre succes-
sivement : a r
nc
— une couche de protection mécanique en matière plastique ;
— une gaine optique, zone où n (r ) reste constant ; ng III
— un cœur, au voisinage de l’axe, où n (r ) présente un maximum.
Lorsque n (r ) est constant dans le cœur, on parle de fibre à saut n ( r)
a r
d’indice. Ce profil idéal simplifie les calculs, mais n’a aucune vertu nc
particulière pour les applications pratiques. C’est un cas limite d’une ng IV
famille de profils qui a été abondamment étudiée. L’expression r
générale de l’indice en fonction du rayon est donnée par la relation
suivante : a r

n ( r ) 2 = n 2c [ 1 – 2 ∆ ( r ⁄ a ) g ] pour r < a  a structure schématique b profils d’indice


 (1)
n ( r ) 2 = n 2c [ 1 – 2 ∆ ] = n g2 pour r > a 
Épaisseur de la gaine plastique : 10 à 30 mm,
avec a rayon de cœur, Rayon extérieur de la gaine : 120 mm,
Rayon du cœur : quelques micromètres (fibre monomodale) à 50 mm
∆ diminution relative de l’indice entre l’axe et la gaine, (fibre multimodale).
g paramètre arbitraire positif caractéristique du profil, Le profil d’indice correspondant prolonge la gaine indéfiniment.

nc indice de réfraction (maximal) du cœur, I à saut


II parabolique
ng indice de réfraction de la gaine. II en triangle
Cette famille pseudo-parabolique contient des profils en triangle IV profil plus complexe où les définitions de nc et de a deviennent
plus arbitraires
(g = 1), parabolique (g = 2) et à saut (g = ∞).
En pratique, les variations d’indice entre le cœur et la gaine sont
très faibles (moins de 1 %), l’indice lui-même restant au voisinage Figure 1 – Fibre optique

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de 1,46 pour des verres de base de silice (n dépend de la longueur


d’onde λ). Le diamètre du cœur varie d’une centaine de micromètres
Fibre
(fibres multimodales) à moins de 10 µm (fibres monomodales). Il est
commode de caractériser le profil d’indice par la quantité :
Source +
Photodétecteur
modulation

V = ------- n 2c – n g2 a ≈ kan 2 ∆ (2)
λ
avec k = 2π/λ e (t ) s (t )
que l’on appelle fréquence normalisée, bien que cette définition soit
assez ambiguë en dehors des profils du type 1 (figure 1). Ce para- Figure 2 – Système de transmission sur fibre,
mètre V est de l’ordre de 1 à 3 pour les fibres monomodales et de vu comme un quadripôle optoélectronique
l’ordre de 100 ou plus pour les fibres multimodales.
Dans les conditions normales d’emploi, le champ électromagné-
tique devient très vite négligeable quand on sort du cœur. Le rayon
extérieur de la gaine et les paramètres de la couche de protection –40

Puissance optique (u.a. en dB)


ont donc un rôle mineur dans la propagation du champ, et on modé-
lise généralement celle-ci en supposant que la gaine optique s’étend
jusqu’à l’infini. –50

Bien entendu, une fibre réelle ne se résume pas à la donnée de


son profil d’indice. Il faut tenir compte de plusieurs éléments de –60
perturbations, impuretés chimiques, fluctuations de composition
dans les verres, irrégularités géométriques dues à la fabrication ou
au conditionnement, sur lesquelles nous reviendrons par la suite. –70

–80
1.2 Fibre dans une chaîne de transmission
–90

La fibre optique ne constitue qu’une partie du quadripôle opto-


électronique représentant la chaîne de transmission d’information –100
(figure 2). L’utilisateur s’intéresse avant tout à la relation entre le 1530 1540 1550 1560 1570
signal de sortie s (t ) fourni par le détecteur et le signal d’entrée e (t ) Longueur d’onde (nm)
fourni par la source. On souhaite souvent que cette relation soit
linéaire afin de pouvoir utiliser les techniques classiques de filtrage Figure 3 – Spectre d’émission d’une diode laser
et d’égalisation pour reconstituer le signal entrant. Dans les
systèmes de transmission sur fibre, qui sont dans leur très grande
majorité numériques, cette relation linéaire n’est pas vérifiée, en
raison du caractère quadratique du détecteur. Cette particularité
n’est cependant pas un obstacle au développement de ces
systèmes.

1.2.1 Caractéristique spectrale des sources

Les systèmes pratiques utilisent des sources à semi-conducteur


émettant autour des longueurs d’onde de λ = 0,85 µm, λ = 1,3 µm ou
λ = 1,55 µm : les bandes de fréquences utilisées autour de ces trois
longueurs d’onde sont souvent appelées les trois fenêtres de télé-
communications (telecommunication windows). La première valeur
a été imposée par les matériaux à semi-conducteur disponibles
avant 1980 : les deux autres longueurs d’onde sont apparues avec le
développement des fibres monomodales et on comprendra dans la
suite les raisons qui conduisent au choix de l’une ou de l’autre. Les
sources sont caractérisées par leur spectre (répartition de la puis- –90° 0 90° –90° 0 90°
sance émise en fonction de la longueur d’onde, figure 3) et leur
diagramme de rayonnement (répartition de la puissance émise dans a plan Y b plan X
les différentes directions, figure 4).
Actuellement, le seul type de source utilisé est la diode laser qui
est caractérisée par un spectre de raies très fines (entre 0,2 et 1 MHz Y
lorsque le laser émet 1 mW) réparties sur un intervalle spectral de
quelques nanomètres (figure 3). La différence entre la puissance de
X
la raie principale et celle des autres raies peut être de l’ordre de
30 dB ou plus : on parle alors de laser monomodal. La région émis- c face de sortie du laser
sive est un rectangle dont les côtés sont de l’ordre de 1 à 5 µm
(figure 4). Le champ émis n’est pas à symétrie circulaire : il diverge
davantage dans le plan parallèle au petit côté du rectangle. Figure 4 – Diagramme de rayonnement d’une diode laser

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1.2.2 Modulation lité par l’équation de Schrödinger non linéaire (réf. [1] page 50) qui
se réduit à des formes simplifiées dans différents cas particuliers :
dans la suite de cet article, nous considérerons d’abord la propaga-
On peut moduler ces sources de deux manières différentes. tion purement linéaire puis ensuite les effets non linéaires.
■ Modulation directe : on agit sur le courant de jonction qui provo-
que l’effet laser. En première approximation, la puissance optique
délivrée varie linéairement en fonction du courant.
Ce type de modulation provoque une modification dynamique du 2. Les modes de propagation
spectre due à la conversion amplitude-fréquence (désignée par le
terme anglo-américain de chirp ) et du diagramme de rayonnement,
d’une fibre monomodale
avec des effets nuisibles aux grandes vitesse de modulation (réf. [1]
page 113).

■ Modulation externe : le champ émis par la source n’est pas 2.1 Modes LP
modulé et passe par un circuit optique spécial où l’on peut provo-
quer une modulation de phase ou d’amplitude. Les modulateurs
d’amplitude ne présentent aucune propriété de linéarité mais intro- 2.1.1 Équations
duisent beaucoup moins de conversion amplitude-fréquence. Le
signal modulé envoyé dans la fibre est donc nettement moins La variation très faible (moins de 1 %) de l’indice de réfraction
affecté par ce phénomène mais également moins puissant que dans dans la partie utile des fibres optiques permet de remplacer les
le cas de la modulation directe. équations de Maxwell par une équation de propagation scalaire [2] :
Le principe physique utilisé dans ces modulateurs externes est
soit la variation de l’indice de réfraction soit la variation de l’absorp- ∆ψ + k 2 n (r) 2ψ = 0 (3)
tion (dispositifs à base de semiconducteurs). avec k = 2π/λ. En multipliant toute solution ψ de cette équation par
● Pour les modulateurs électroréfractifs, le matériau utilisé est le
niobate de lithium (LiNbO3) dans une configuration d’interféromètre un vecteur u T orthogonal à Oz, on obtient une solution convenable
de Mach-Zehnder en onde guidée. La phase de l’onde lumineuse est des équations de Maxwell pour les composantes de E T (ou de H T )
modifiée dans un des bras au rythme de la tension appliquée au orthogonales à Oz. Cela signifie que la polarisation transversale
matériau de ce bras. Il en résulte, après recombinaison des deux d’un champ se conserve le long de la fibre. En fait il ne s’agit là que
ondes, des interférences constructives ou destructives suivant la d’une approximation excellente à l’échelle de λ (elle reste valable
tension appliquée. sur plusieurs fois 1 000 λ) mais évidemment pas à l’échelle du mètre
● Pour les modulateurs électroabsorbants, à base de semi- ou du kilomètre. Elle nous suffira néanmoins dans la suite de cet
conducteur, la modulation de la puissance lumineuse résulte direc- article.
tement de la variation de l’absorption du matériau avec le champ
Les composantes Ez et Hz ne sont pas nulles, mais on peut les
électrique.
négliger devant les composantes transversales. Le champ est quasi
TEM (transverse électrique-magnétique), avec une relation d’impé-
dance de mode de type TEM :
1.2.3 Détection
ε
H T = n -----0- u z ∧ E T (4)
µ0
La détection est assurée par des photodiodes semi-conductrices
qui fournissent un courant proportionnel à la puissance lumineuse
pour une onde directe allant dans le sens des z croissants. A un
moyenne interceptée ; cette moyenne (temporelle) étant prise sur
vecteur de polarisation arbitraire près, toutes les composantes nota-
un temps d’intégration caractéristique de la technologie de la diode
bles du champ sont donc proportionnelles à la fonction scalaire ψ.
et du circuit électrique dans lequel elle est montée, les modulations
d’amplitude ne seront donc détectées que si leur période est suffi-
samment grande par rapport au temps d’intégration.
2.1.2 Modes guidés
En détection directe, on a une relation linéaire entre le courant
électrique détecté et la puissance optique captée.
Les modes guidés correspondent aux solutions de l’équation (3)
La détection dite « cohérente », consistant à faire battre, comme variant en exp (– iβz ) et qui s’annulent pour r → ∞ . β est la
en radio, le signal reçu avec un oscillateur local, a suscité un très constante de propagation. Les fibres sont dites monomodales si
important effort de recherche entre 1980 et 1990, en raison des l’équation (3) n’a qu’une solution unique ; il faut pour cela que la
gains en sensibilité de réception qu’elle pouvait apporter. Cette fréquence normalisée soit assez faible :
technique a perdu la plus grande partie de son intérêt avec l’arrivée
des amplificateurs à fibre. 
V < 2, 4 (profil à saut) ;

V < 4, 4 (profil à triangle) ;  (5)

1.2.4 Comment caractériser les propriétés V < 3, 5 (profil parabolique). 
de transmission de la fibre ?
Si V >> 1, le nombre des modes guidés croît comme V 2 ; on
montre qu’il y en a gV 2/(2g + 4) pour les profils du type I (cf. la
La fibre optique est naturellement linéaire par rapport au champ, figure 1).
caractérisée par une fonction de transfert sur laquelle nous revien- On utilise également les dénominations LPmn pour désigner ces
drons en traitant de la dispersion. modes. Il s’agit d’une représentation en coordonnées polaires ; le
L’apparition des amplificateurs optiques qui ont permis mode LPmn correspond à une fonction ψ de la forme fn(r ) cos(mθ )
d’augmenter considérablement les puissances injectées conduit par ou fn(r ) sin(mθ ), où la fonction radiale fn(r ) s’annule n – 1 fois
ailleurs à des effets non linéaires à l’intérieur de la fibre qu’il n’est ailleurs qu’en r = 0 (on montre aisément que tous les modes sont
plus possible de négliger. La propagation est régie en toute généra- nuls en r = 0, sauf les modes m = 0).

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On classe ces modes par constantes de propagation ou par indi- 2.2 Mode LP01
ces effectifs (neff = β /k ) décroissants. On montre que nc > neff > ng.
Toutefois, comme tous les indices sont très voisins les uns des
autres, il est plus commode d’utiliser des constantes de propagation 2.2.1 Approximation gaussienne
normalisées qui varient de 0 à 1 :

β 2 – k 2 n g2 D’après ce qui précède, le mode LP01 est à symétrie de révolution


B = ----------------------------------------- (6) (pour l’onde scalaire ψ ) et n’a pas de zéro. Il a donc l’allure générale
k ( n 2c – n g2 )
2
d’une fonction gaussienne :
Pour les profils usuels, le mode fondamental est le LP01 ; le ψ ≈ Cte ⋅ exp ( – r 2 ⁄ w 2 ) (7)
deuxième mode est le LP11, dont la fréquence de coupure corres-
pond aux formules (5). où w est la largeur du mode.
On peut ajuster la constante et w de manière à avoir la même

2.1.3 Coupure. Modes rayonnants


et modes à fuites
puissance (
∫ψ r r2 d inchangé) et une erreur quadratique minimale

entre le champ exact et celui obtenu à partir de l’équation (7). On


obtient ainsi une meilleure approximation gaussienne du mode. La
La notion de coupure d’un mode dans un guide diélectrique n’a figure 6 montre que cette approximation est très bonne quand V est
rien à voir avec la coupure dans un guide métallique. A la coupure, autour de 2 ; elle se dégrade pour V < 1,6 ou V > 4. Le rapport w/a ne
un mode LP ne devient pas évanescent, mais il cesse d’exister en dépend que de V ; pour une fibre à saut d’indice on peut prendre :
tant que mode guidé, transportant une puissance finie.
w ⁄ a = 0, 650 + 1, 619 V –3 ⁄ 2 + 2, 879 V –6 (8)
Une image commode, mais qui vaut surtout pour les modes de
rang élevé dans les fibres multimodales, est de considérer un mode avec moins de 1 % d’erreur pour 1,2 < V < 4 [2].
comme un ensemble de rayons lumineux qui sont piégés dans le
cœur et qui avancent en zigzag à coups de réflexions totales sur
l’interface gaine cœur. Quand V diminue, ces rayons sont de plus en 2.2.2 Calculs exacts
plus inclinés sur l’axe et si V est assez faible (à la coupure), ces
rayons arrivent sous l’incidence critique à l’interface. Pour V encore
Pour une fibre à saut d’indice, le champ ψ (r ) est donné par [2] :
plus petit, l’angle d’incidence est trop petit et les réflexions ne sont
plus totales ; le mode perd de sa puissance au fur et à mesure qu’il ψ ( r ) = J 0 ( ur ⁄ a ) (cœur) ;
avance, c’est-à-dire que β devient complexe, du type β ’ – iβ ’’ (9)
(β ’’ > 0). Ce mode diverge donc pour z → – ∞ ; cette divergence ψ ( r ) = [ J 0 ( u ) ⁄ K 0 ( v ) ]K 0 ( vr ⁄ a ) (gaine) ;
axiale est accompagnée par une divergence transversale pour
r → ∞ (figure 5). La puissance véhiculée devient donc infinie ; ce où u et v sont solutions du système :
mode n’est donc pas un mode guidé au sens défini plus haut. Il
u J1 ( u ) ⁄ J0 ( u ) = v K1 ( v ) ⁄ K0 ( v )
s’agit d’un mode à fuite. D’une manière très générale, tous les (10)
modes LP guidés se transforment en de tels modes à fuite au-delà u 2+ v 2 = V 2
de leur coupure.
avec Jp fonction de Bessel et Kp fonction de Bessel modifiée.
Ces modes à fuites sont également des solutions de
l’équation (3), mais qui ne sont pas bornées pour r → ∞ . On utilise La constante de propagation normalisée est alors :
encore d’autres solutions modales [en exp(– iβz )], telles que
β > kng et |ψ | soit borné pour r → ∞ , mais avec |ψ |2 non quarrable. B2=v2/V2 (11)
Ces modes ne sont pas guidés (puissance infinie) et on peut les Une approximation empirique à mieux de 0,2 % sur l’intervalle
engendrer au moyen de la diffraction d’une onde plane arbitraire 1,5 < V < 2,5 est :
sur le cœur. Ces modes sont appelés modes rayonnants ou modes
continus. On les utilise dans la théorie des phénomènes de rayonne- B = [1,1428 – (0,9960 / V )]2 (12)
ment à partir des fibres [2]. Nous ne les étudierons pas davantage.

r
1

0,5
V = 1,57
E (r )
V=6
V = 3,14
L’épaisseur du trait visualise l’intensité des rayons associés aux modes. 0
Cette intensité baisse à chaque réflexion partielle. 0 1 2 3 r/a

Figure 5 – Représentation de la propagation Figure 6 – Comparaison entre le mode LP01 et son approximation
d’un mode à fuites dans une fibre gaussienne pour différentes valeurs de la fréquence normalisée V

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Pour un profil quelconque, le plus simple est d’utiliser un


programme numérique. Une technique très précise consiste à
remplacer le vrai profil d’indice n (r ) par une fonction en escalier. 2
Dans chacune des marches, on écrit ψ (r ) au moyen de fonctions de A (dB/km)
Bessel et on se raccorde d’une marche à la suivante de manière à ce 1
que ψ et dψ / dr soient continus.
0,6
0,4

2.3 Étude de l’affaiblissement 0,2

0
Dans le modèle théorique que nous venons de présenter, β est 0,8 0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7
réel pur et le coefficient de transmission en puissance |exp(– iβz )|2 λ (mm)
reste égal à 1. En réalité, pour diverses raisons que nous allons On y voit clairement le pic d’absorption de l’ion OH à 1,39 mm et
étudier, il existe une partie imaginaire non nulle que nous noterons la décroissance en l–4 de l’effet Rayleigh (à gauche)
α /2, qui correspond à une atténuation le long de la fibre. La puis-
sance varie alors comme exp(– αz ). En pratique, la fibre est caracté-
risée par son atténuation A en dB/km. La relation entre α , en km–1, Figure 7 – Atténuation spectrale d’une fibre utilisée
et A est : en télécommunications

10 α
A = -------------
ln 10
2.3.2 Pertes par courbure

En première approximation, le mode LP01 est peu affecté par une


2.3.1 Pertes par absorption et pertes de Rayleigh courbure éventuelle de la fibre ; il suit la fibre et ses plans de phase
restent perpendiculaires à la fibre. Toutefois, cela entraînerait que la
vitesse de l’énergie augmenterait quand on s’éloigne de l’axe de
La figure 7 montre un exemple de relevé expérimental de l’atté- courbure et qu’elle pourrait dépasser la vitesse locale de la lumière.
nuation A en fonction de la longueur d’onde λ. Cela n’est pas possible : la puissance correspondante ne peut pas
suivre le mode et elle est perdue en rayonnement.
Un premier point remarquable est la décroissance d’ensemble en
Une analyse rigoureuse pour un profil à saut d’indice conduit à la
λ–4 pour les λ faibles. Il s’agit de la diffusion Rayleigh : à l’échelle
formule :
microscopique, les verres amorphes qui constituent la fibre présen-
tent de légères fluctuations de densité et d’indice qui provoquent π 1⁄2  4∆
α c = ---  --------------- ------------------------- exp  – ------- VB 3 ⁄ 2 ---- 
1 u 2 R
une diffusion de la lumière dans toutes les directions et donc une - (14)
2 aRv 3   V K1 ( v )   3 a
atténuation de la puissance transmise. Cette atténuation comprend
une part due au matériau de base et une part due aux différents
avec K1 fonction de Bessel modifiée ;
dopants utilisés pour obtenir la distribution n (r ). Par exemple, avec
de la silice et un dopage au germanium pour élever l’indice de ∆n, u et v solutions de l’équation (10).
l’atténuation de Rayleigh vaut sensiblement : R est un rayon de courbure effectif qui s’obtient en multipliant le
rayon géométrique par un facteur de correction photoélastique
α R ≈ ( 0, 75 + 60 ⋅ ∆ n ) λ –4 (dB / km) (13) (1,25 environ pour les fibres en silice) [2].
Le point important est la rapidité extrême des variations de αc
λ étant exprimé en µm. avec R (ou λ). Par exemple, avec V = 2, αc est multiplié ou divisé par
e chaque fois que le rayon de courbure varie de a/∆ (soit environ
On obtient 0,15 dB/km à la longueur d’onde de 1,6 µm avec
∆n = 0,004. 1 mm pour a = 3 µm et ∆ = 4.10–3) ; pour une variation de 1 cm, αc
varie de 1 à 104. Autrement dit, les pertes par courbures sont prati-
Toutefois, cette formule n’est utilisable que pour ∆n < 0,007 ; au-
quement un phénomène à seuil. On passera d’un régime de pertes
delà, α R croît très rapidement, du moins dans les fibres à saut
négligeable à un régime de pertes prohibitives en 1 ou 2 cm de part
d’indice.
et d’autre d’un certain seuil (assez arbitraire, par exemple corres-
L’atténuation globale est toujours supérieure à l’atténuation de pondant à αc = 10 dB/km).
Rayleigh. La plus grosse part de l’excédent est due aux mécanismes
d’absorption, essentiellement métaux de transition (130 dB/km pour Pour d’autres profils que le saut d’indice, la formule (14) conserve
1 p.p.m. de fer pour λ = 0,85 µm) et surtout ion OH (60 dB/km pour le même facteur exponentiel (les autres termes sont modifiés), avec
1 p.p.m. au premier harmonique λ = 1,38 µm). La figure 7 montre le même effet de seuil.
clairement une raie d’absorption due à l’ion OH. On sait maintenant A noter enfin que la formule (14) repose sur un modèle théorique
couramment ramener ce pic OH à 2 dB/km ou moins. où la gaine s’étend jusqu’à l’infini. Elle donne un évaluation appro-
chée par excès des pertes réelles (une gaine finie renvoie le rayon-
Outre l’effet des impuretés, le matériau de base lui-même nement vers le cœur, avec réinjection partielle sur le mode LP01),
contribue à l’absorption via les queues d’absorption de ses réso- sans que l’on sache actuellement cerner l’erreur ainsi commise.
nances électroniques et ioniques. Pour la silice, on obtient ainsi
0,1 dB/km à 0,8 µm, 0,02 dB/km à 1,5 µm et 1 dB/km à 1,8 µm. La
combinaison de la diffusion de Rayleigh et de la remontée des
pertes dans l’infrarouge donne naissance à un minimum absolu de
2.3.3 Pertes par microcourbures
l’atténuation correspondant aux pertes ultimes envisageables pour
une fibre optique. Pour la silice, cela correspond à 0,15 dB/km vers Un effet secondaire d’une courbure est de modifier la distribution
λ = 1,55 µm. ψ (r ) du mode LP01, avec un renforcement du champ à l’extérieur de

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a fibres non identiques

La figure montre l’évolution du champ le long de l’axe x local, ,


juste avant et après les changements de courbure de la fibre

Figure 8 – Déformation du mode LP01 le long d’une fibre courbée b espacement

la courbure. Quand la courbure passe d’une valeur à une autre


d
(figure 8), le mode LP01 change de forme ; on notera ψ1 et ψ2 les
formes anciennes et nouvelles du champ. Seule la projection de ψ1
sur ψ2 est captée par le second tronçon (le reste correspond à des
modes de rayonnement qui sont perdus) avec un coefficient de c excentrement
transmission en puissance inférieur à 1 donné par :

 ∫
 ψ ψ ds 2
1 2 
T = ------------------------------------------ (15) α


ψ 12 ds ψ 22 ds

(intégrations dans la section droite).
d désalignement angulaire
On aura donc une perte de puissance à chaque changement de
courbure.
En pratique, la courbure n’a pas exactement la valeur correspon- Figure 9 – Les quatre grands défauts survenant
dant à la ligne idéale que l’on entend faire suivre à la fibre. Il y a lors du raccordement de deux fibres
d’inévitables irrégularités de conditionnement mal connues qui font
plus ou moins serpenter la fibre autour de cette ligne idéale et la
courbure comprend inévitablement une partie fluctuante à laquelle
Avec w = 4λ (limite imposée par les microcourbures) une perte
on associera une atténuation par microcourbures. Cette atténuation
inférieure à 0,2 dB imposera les mêmes w à 20 % près, < < 30λ,
α MC dépend d’une manière complexe de la fibre et des propriétés d < 0,8λ et α < 0,6°. Les contraintes les plus difficiles à tenir sont les
statistiques des fluctuations de courbure. Il existe toutefois une
deux dernières, mais les techniques utilisées à l’heure actuelle
approximation simple où la fibre n’intervient que par la largeur w du
permettent d’obtenir 0,2 dB en moyenne.
mode LP01 [3] et α MC est proportionnelle à une puissance très
élevée de w, de w10 à w18 selon le type de conditionnement de la
fibre. Les pertes par microcourbures augmentent donc très vite avec
w. On écrit généralement que α MC devient négligeable si w < 4λ à la 2.3.5 Pertes de couplage à la source
longueur d’onde de travail.
La géométrie du champ émis par une diode laser est très éloignée
de la distribution du champ du mode LP01 : une partie seulement de
2.3.4 Pertes d’épissurage la puissance émise sera captée par la fibre à cause de cette désadap-
tation.
Une grande longueur de fibre (10 à 100 km) résulte toujours de la Le champ émis par une diode laser se présente à peu près comme
mise bout à bout de tronçons beaucoup plus courts, de l’ordre de un faisceau gaussien non circulaire, avec une largeur wx perpendi-
1 km de long. A chaque jonction, ou épissure, la géométrie de la culaire au plan de la couche active et wy dans le plan de cette
fibre est rompue et on distingue quatre types de défauts possibles couche. Si l’on place la fibre directement sur le laser, on obtient un
au raccordement, tous combinables entre eux, illustrés par la coefficient de transmission analogue à celui de la formule (16) :
figure 9 : une discontinuité de rayon, une erreur d’espacement, une
erreur d’excentrement, une erreur d’alignement angulaire. L’appro- 2 wx w 2 wy w
T exc = ---------------------
- ---------------------
- (20)
ximation gaussienne permet une évaluation simple des coefficients w 2 + w x2 w 2 + w y2
de transmission correspondants (en puissance) :
On peut ainsi obtenir une perte assez importante.
T = [ 2 w 1 w 2 ⁄ ( w 12 + w 22) ] 2 ( w 1 ≠ w 2 ) ; (16)
Exemple : avec wx = 1 µm, wy = 3 µm (ordre de grandeur courants)
on arrive à une perte de 6 dB soit Texc = 0,25.
T = 1 ⁄ ( 1 + < 2 ⁄ k 2n 2w 4) (espacement) ; (17)
On améliore ce couplage en interposant une optique d’adaptation
T = exp ( – d 2 ⁄ w 2) (excentrement) (18) entre le laser et la fibre. L’effet d’une telle optique est de transformer
un faisceau gaussien en un autre de largeur différente ; on peut ainsi
T = exp ( – k 2n 2w 2 α 2 ⁄ 4 ) (désalignement). (19) rapprocher wx et wy de w et attendre Texc = 1 de la formule (20). En

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réalité, la validité limitée des approximations gaussiennes et les Si β2 est nul, le développement de β (ω ) doit être poussé au-delà
difficultés de réalisation conduisent à des valeurs notablement plus du second ordre et l’équation précédente n’est plus valable. Il faut
basses autour de 1,5 dB. ∂ 3 u ( T, z )
alors faire intervenir un terme en β 3 -------------------------
- . Cette situation se
∂T 3
présente pour analyser la propagation d’un signal à une longueur
2.4 Le deuxième mode d’onde proche de la longueur d’onde de dispersion nulle de la fibre.
L’équation de Schrödinger non linéaire peut être résolue analyti-
quement dans certains cas particuliers, lorsque l’un des phéno-
L’apparition du deuxième mode vient limiter le domaine des mènes est négligé. C’est ce que nous allons voir maintenant, afin de
longueurs d’onde utilisables sur une fibre donnée ; l’excitation mettre en évidence l’influence des divers effets qui affectent le
simultanée de deux modes ne voyageant pas à la même vitesse signal au cours de sa propagation.
diminue considérablement la capacité de la fibre et on cherchera à
l’éviter. On cherchera donc à connaître quel est ce deuxième mode
et quelle est sa fréquence de coupure.
En règle générale, il s’agit du LP11, dont les champs varient en
3.2 Distorsion d’une impulsion induite
cosθ ou sinθ. Nous avons déjà donné sa fréquence de coupure pour par les effets linéaires
quelques profils simples [formule (5)]. Il existe toutefois des profils
plus complexes, à plusieurs minimums, où le deuxième mode est
LP02. Seule l’analyse numérique permet de résoudre ce problème. 3.2.1 Effet de la dispersion chromatique

Comme tout quadripôle, la fibre optique est caractérisée par sa


fonction de transfert. Dans la bande des signaux transmis, l’atténua-
3. Propagation tion peut être considérée comme constante et les distorsions sont
essentiellement représentées par la dispersion chromatique qui
d’une impulsion dans traduit la variation du temps de propagation de groupe en fonction
de la fréquence (ou de manière équivalente de la longueur d’onde).
une fibre monomodale En effet, une impulsion ne peut pas être une onde quasi monochro-
matique. Elle comporte des composantes de fréquences différentes
qui ne vont pas à la même vitesse provoquant la déformation de
l’impulsion.
3.1 Effets linéaires et non linéaires. L’équation qui régit la propagation est l’équation de Schrödinger
Équation de Schrödinger non linéaire non linéaire dans laquelle le terme non linéaire est absent.

∂u β 2 z ∂ 2 u ( T, z ) α
- + --- u ( T, z ) = 0
------- – i --------- ------------------------- (22)
La propagation d’une impulsion de champ électrique u (t,z ) le ∂z 2 ∂T 2 2
long d’une fibre optique est régie en général par l’équation de
Schrödinger non linéaire : Elle montre bien que la fonction de transfert d’une longueur z de
fibre est :
∂ u β 2 z ∂ 2 u ( T, z ) α β2 ω 2
- + --- u ( T, z ) + i γ u ( T, z ) 2 u ( T, z ) = 0
------- – i --------- ----------------------- (21) α
∂z 2 ∂T 2 2 F ( z, ω ) = exp  – --- z – i --------------- z  (23)
2 2
La variable T est le temps mesuré dans le repère de l’impulsion,
L’atténuation est supposée dans cette formule ne pas dépendre
c’est-à-dire le temps réel t moins le temps de propagation de groupe
de la fréquence, ce qui est vrai compte tenu de la largeur de bande
qui est associé à la vitesse moyenne de propagation de l’impulsion
des signaux transmis.
vg (vitesse de groupe). Le signal qui se propage est donc représenté
La phase est une fonction quadratique de la pulsation ω et on la
par u  t – ------- . Comme t et z interviennent avec des signes opposés
z
 vg  caractérise habituellement par le paramètre de dispersion chroma-
tique D, exprimé en ps/(nm.km), défini comme la variation de temps
dans cette formule, il faudra donc inverser l’axe des abscisses selon de propagation de groupe sur une largeur de bande correspondant
que l’on représente le signal en fonction de z à un instant donné, ou à 1 nm pour une longueur de fibre de 1 km.
en fonction du temps à une distance z donnée. En d’autres termes,
les plus grandes (resp. petites) valeurs de t correspondent au front La dispersion totale d’un mode dépend de manière complexe de
arrière (resp. avant) de l’impulsion. la dispersion des matériaux et de la dispersion propre du mode
(dispersion intramodale). Le paramètre D est donné par la relation :
On peut trouver dans la littérature des formes légèrement diffé-
rentes de cette équation (changement de signes de certains β2 ( λs )
termes) : ceci est entre autres lié aux conventions prises pour la D ( λ s ) = – ( 6π × 10 5 ) ----------------
- (24)
λ 2s
représentation des champs électromagnétiques en exp (iωt ) ou
exp (– iωt ), ou au signe choisi pour le paramètre γ. Nous choisis- où β2(λs) et la longueur d’onde du signal λs sont exprimés respecti-
sons dans toute la suite la première représentation. vement en ps2/km et nm. Pour la fibre monomodale standard
Les différents termes de l’équation (21) sont représentatifs de (correspondant à la recommandation G.652 de l’Union Internatio-
différents effets : nale des Télécommunications, UIT) à 1,55 µm, β2(λs) et D (λs) sont
— le second terme caractérise la dispersion chromatique ; β2 est respectivement égaux à 20 ps2/km et – 17 ps/(nm.km) (cf. figure 10).
la dérivée seconde de l’exposant de propagation β (ω) par rapport à Sur ces – 17 ps/(nm.km), 6 sont à mettre sur le compte de la disper-
ω à la fréquence centrale du signal ; sion intramodale.
— le troisième terme caractérise l’affaiblissement ; l’amplitude Un paramètre important est la longueur d’onde de dispersion
du champ décroît au cours de la propagation en exp (– αz / 2) ; la nulle λ0, pour laquelle β2(λ0) devient nul. Dans le cas de la fibre
puissance décroît donc en exp (– αz ) ; G.652, λ0 se situe autour de 1,3 µm et la dispersion est ainsi beau-
— le quatrième terme rend compte des phénomènes non linéai- coup plus faible autour de 1,3 µm, garantissant donc une moindre
res liés à l’effet Kerr. distorsion des signaux transmis, ce qui explique pourquoi la fenêtre

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40
–D [ps/(nm . km)]

20

–20 t

–40

–60
a impulsion initiale
0,9 1 1,1 1,2 1,3 1,4 1,5 1,6 1,7
λ (mm)
λ augmente λ diminue
Noter le zéro pour λ = 1,27 mm

Figure 10 – Dispersion en fonction de la longueur d’onde


dans une fibre de silice pure
t

Sens de propagation

Régime normal (β2 > 0)


0,005

λ diminue λ augmente
1 2 4 5
0
r/ a

t
a = 3,11 mm

a Sens de propagation

Régime anormal (β2 < 0)


–D [ps/(nm.km)]

λ (mm) b après propagation

1,4 1,5 1,6 1,7


Figure 12 – Impact de la dispersion chromatique sur une impulsion
0

rencontré dans tous les systèmes de communication numérique. La


dispersion chromatique va ainsi limiter le débit transmissible pour
une distance donnée, ou de manière équivalente la distance maxi-
–5 male pour un débit donné.
b
Nous supposerons dans la suite que la dispersion n’est pas nulle
à la longueur d’onde utilisée ; lorsque c’est le cas, la propagation fait
intervenir des termes d’ordre supérieur, et les résultats qui vont être
Figure 11 – Exemple de profil d’indice à quatre gaines (a) et donnés ne sont plus strictement valables.
dispersion totale résultante (b) Dans le cas particulier d’une impulsion modulée en amplitude
d’enveloppe gaussienne, la résolution de l’équation aux dérivées
partielles conduit à une expression analytique [5], qui a l’avantage
autour de 1,3 µm a été utilisée. Mais la contrepartie est une atténua- de permettre d’illustrer l’effet de la dispersion. Supposons donc une
tion plus grande qu’à 1,55 µm. Les fibres à dispersion décalée (DSF, impulsion gaussienne u (t,0) de largeur θ0 à 1/e injectée à l’entrée de
Dispersion Shifted Fibers) présentent autour de 1,55 µm une disper- la fibre, de la forme :
sion beaucoup plus faible que celle des fibres standard, typique-
ment moins de 3,5 ps/(nm.km) en valeur absolue. Cette fibre 2
u ( t, 0 ) = U 0 exp  – -----------
t
correspond à la recommandation G.653 de l’UIT. On parvient à (25)
2 θ 02
obtenir cette valeur de dispersion en modifiant le dopage et le profil
d’indice du cœur (par exemple un profil en triangle ou le profil à U0 est une amplitude, qu’il est possible de relier à la puissance. La
quatre gaines de la figure 11). fonction de transfert d’une section de fibre de longueur L (en omet-
Une impulsion se propageant le long de la fibre se trouve ainsi tant le terme lié au temps de propagation de groupe qui correspond
distordue parce que ses diverses composantes spectrales ne subis- au retard de propagation subi par l’impulsion) est :
sent pas le même déphasage. Ceci conduit à un élargissement
(cf. figure 12) qui entraîne un recouvrement des impulsions succes-
α + 4i β 2 π 2 f 2
H ( f ) = exp – ----------------------------------------- L (26)
sives générateur d’interférence entre symboles, un phénomène 2

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Calculons la transformée de Fourier U (f,0) de u (t,0), multiplions- gênante puisque le détecteur n’est sensible qu’à la puissance, son
la par la fonction de transfert et prenons la transformée de Fourier interaction avec d’autres effets, que nous verrons plus loin, peut
inverse pour obtenir l’impulsion u (T, L) à l’extrémité de la fibre. On induire sur le signal transmis des dégradations considérables.
obtient : La figure 12 illustre cet effet, en mettant en évidence à la fois
u ( T, L ) l’élargissement de l’impulsion et la modulation de fréquence qu’elle
subit dans les deux régimes de propagation qui viennent d’être
examinés.
U0 T2 sgn ( β 2 ) xT 2 i αL
- exp  – ---------------------- + i -------------------------------
= --------------------- - – --- arc tan ( x ) – ------- (27) L’hypothèse d’une impulsion purement modulée en amplitude à
4  2θ 2 (x) 2θ 2 (x) 2 2
1 + x2 l’entrée de la fibre est très idéale. En fait, les impulsions émises par
un laser modulé en amplitude en modulation directe ou même par
avec : θ ( x ) = θ 0 1 + x 2 un modulateur d’amplitude sont affectées elles-mêmes d’une
modulation de fréquence parasite (chirp). Cet effet modifie profon-
L dément la propagation et accélère l’élargissement de l’impulsion. Il
où x = ------
LD est étudié dans la référence [9]. Il en résulte que la tolérance à la
dispersion, et donc la distance maximale de transmission, dépen-
θ 02 dent très fortement des caractéristiques du signal émis. Sur une
L D = --------
β2 même fibre, les portées obtenues avec des émetteurs différents
pourront être très différentes, et un émetteur sera spécifié en parti-
L’impulsion recueillie est encore d’enveloppe gaussienne avec culier par la quantité de dispersion chromatique qu’il supporte,
une largeur à 1/e égale à θ (x) puisque l’on a : donc pour un type de fibre fixé, par la distance de transmission qu’il
permet : un émetteur qui tolère par exemple une dispersion
U 02 T2 cumulée de 10 000 ps/nm permet, avec de la fibre standard [disper-
u ( t, L ) 2 = --------------------- exp  – ---------------
- – αL

(28) sion égale à – 17 ps/(nm.km)), une portée de 590 km environ. Ce
1+x2 θ 2 (x)
point est développé dans l’article consacré aux systèmes [9].
La longueur de dispersion LD, définie comme la distance au bout Si la dispersion suffit souvent à décrire la propagation en régime
de laquelle la largeur initiale a été multipliée par 2 , qui dépend de linéaire comme nous venons de le faire, rappelons qu’au voisinage
la largeur initiale, donne une idée de la limitation sur le débit induite de la longueur d’onde de dispersion nulle, il est nécessaire de faire
par la dispersion chromatique. intervenir le terme suivant du développement de β (ω ) en fonction
de ω, β3. De même, dans le cas de la transmission de signaux
Exemple : dans le cas de la fibre standard (D = – 17 ps/(nm.km)) et occupant une très large bande, par exemple des multiplex de
pour θ0 égal à la moitié du temps symbole, LD (en kilomètres) est porteuses optiques, la différence entre la dispersion subie par les
donné par 12 500/B 2 où le débit numérique B est exprimé en Gbit/s. différents signaux devient un paramètre important.
Les valeurs de LD sont ainsi de 2 000 et 125 km pour B égal respecti-
vement à 2,5 et 10 Gbit/s. C’est pourquoi la pente de la dispersion, en d’autres termes la
dérivée de D par rapport à λ, est une caractéristique de la fibre à ne
Cette définition illustre une tendance plus qu’elle ne donne des pas oublier. Dans la fibre standard, elle est égale à 0,008 ps/(nm2.km).
informations quantitatives précises parce que d’abord elle est rela-
tive à une impulsion gaussienne tout à fait théorique et ensuite
parce que le choix de la longueur de dispersion comme longueur
critique pour un système de transmission est assez arbitraire. 3.3 Distorsion induite
Les simulations et l’expérience, montrent que la longueur maxi- par les effets non linéaires
male imposée par la dispersion chromatique est environ de 500 km
à 2,5 Gbit/s et 60 km à 10 Gbit/s. Des distances supérieures peuvent
être atteintes grâce à l’utilisation de dispositifs de compensation de Dans les systèmes radioélectriques, par exemple les systèmes de
dispersion, par exemple de la fibre compensatrice qui présente une télécommunications par satellite, les non-linéarités sont localisées
dispersion de signe opposé à celle de la fibre de ligne, ou encore des dans les amplificateurs de puissance et le milieu de propagation,
réseaux de Bragg photo-inscrits. c’est-à-dire l’atmosphère, peut être considéré comme parfaitement
La formule (27) montre aussi que l’impulsion est également linéaire ; en optique au contraire des phénomènes non linéaires se
affectée au cours de sa propagation par une modulation de produisent dans la fibre elle-même dès lors que la puissance
fréquence parasite (chirp). La phase étant une fonction quadratique injectée ou plus exactement la densité surfacique de puissance est
du temps, l’écart en fréquence instantanée par rapport à la suffisamment élevée. Une puissance de 100 mW (20 dBm) répartie
fréquence porteuse, dérivée de la phase par rapport au temps sur la section efficace de 80 µm2 d’une fibre de type G652, conduit à
divisée par 2π, est donné par : une densité de 2,5 kW/mm2 !
Quatre phénomènes sont des conséquences de l’effet Kerr qui
1 x sgn ( β 2 ) 1 x sgn ( β 2 ) traduit la dépendance de l’indice de réfraction par rapport à l’inten-
∆ ν (T ) = ------- ---------------------------- T = ------- ------------------------------
- T (29) sité du champ électromagnétique. Les diffusions Raman et Brillouin
2π θ 2 ( x ) 2π θ 02 ( 1 + x 2 )
stimulées (Stimulated Brillouin Scattering SBS et Stimulated Raman
Scattering SRS) résultent quant à elles de l’interaction entre
La fréquence varie donc linéairement avec le temps.
photons et phonons. On se reportera à la référence [4] pour plus de
L’existence de cette modulation n’est pas spécifique de l’impul- détails.
sion gaussienne. Supposant plus généralement une forme d’impul-
L’indice de réfraction égal à n0 en l’absence de puissance trans-
sion « typique », croissante pour les valeurs négatives de T,
mise à travers la fibre subit une variation ∆n exprimée par la
atteignant son maximum pour T nul et décroissant ensuite.
relation :
Dans les conditions normales de propagation (β2 > 0), la
fréquence diminue sur le front avant de l’impulsion correspondant à n2
T < 0 (déplacement vers le rouge) et augmente sur le front arrière ∆ n = ---------- P (30)
A eff
correspondant à T > 0 (déplacement vers le bleu).
Dans les conditions anormales (β2 < 0), les conclusions sont avec n2 coefficient de non-linéarité égal à 3,2 × 10–20 m2/ W dans la
inverses. Si cette modulation de fréquence n’est pas en elle-même silice ;

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Aeff aire efficace, représentant la surface sur laquelle est répartie


l’énergie du mode, égale à environ 50 µm2 dans la fibre standard.
La variation ∆β de l’exposant de propagation s’exprime alors par :
ω ∆n 2π n 2
∆ β = -------------- = ------- ---------- P = γP (31)
c λ A eff
t
Ce coefficient γ , égal à 3 m–1.W–1 dans la fibre G 652 autour de
1,55 µm, apparaîtra plus loin dans l’équation de Schrödinger non
linéaire. Sens de propagation
Quand deux impulsions u1 et u2 de pulsations ω1 et ω2 se propa-
gent simultanément dans la fibre, l’équation de Schrödinger non a impulsion initiale
linéaire qui gouverne leur propagation possède un terme de la
forme γ u 1 + u 2 2 ( u 1 + u 2 ) qui se développe sous la forme :
λ augmente λ diminue
γ ( u 1 2 u 1 + u 2 2 u 2 + 2 u 1 2 u 2 + 2 u 2 2 u 1 + u 12 u *2 + u 22 u 1* ) (32)

Les deux premiers termes sont ceux qui apparaîtraient au second


membre de l’équation de Schrödinger non linéaire gouvernant la
propagation de l’impulsion u1 ou u2 seule. Ils correspondent au t
phénomène connu sous le nom d’automodulation de phase.
Les deux termes suivants représentent la modulation de phase Sens de propagation
croisée, c’est-à-dire l’effet sur la propagation d’une des impulsions
des variations d’indice provoquées par la puissance associée à
b après propagation
l’autre.
Enfin les deux derniers sont des termes de battement aux pulsa-
tions 2ω1 – ω2 et 2ω2 – ω1, ils correspondent au phénomène connu Figure 13 – Impact de l’automodulation de phase sur une impulsion
sous le nom de mélange à quatre ondes. Nous allons examiner plus (cas d’une fibre idéale non dispersive)
en détails chacun de ces effets.

1 1
3.3.1 Automodulation de phase avec L NL = -----------------------------2 = ---------
γ u ( 0, 0 ) γ P0
Une impulsion suffisamment puissante se propageant dans une où P0 est la puissance de crête injectée et LNL une longueur caracté-
fibre optique induit localement des variations d’indice de réfraction ristique correspondant à un déphasage de un radian.
qui entraînent à leur tour des variations de la phase de l’impulsion
elle-même : c’est l’origine du phénomène connu sous le nom On pourrait bien sûr penser qu’une simple modulation de phase
d’automodulation de phase (Self phase modulation SPM). Pour est sans incidence puisque le récepteur est un détecteur quadra-
analyser quantitativement le phénomène, nous prendrons le cas tique. Ce serait vrai s’il n’y avait la dispersion qui agit sur le signal,
idéal où la dispersion peut être omise. transforme la modulation de phase en modulation d’amplitude, et
modifie donc l’enveloppe de l’impulsion détectée. Nous y revien-
L’équation de Schrödinger non linéaire se réduit alors à : drons dans l’article consacré aux systèmes [9].
∂u α La comparaison de la longueur géométrique L avec LD et LNL
------- + --- u ( T, z ) + i γ u ( T, z ) 2 u ( T, z ) = 0 (33)
∂z 2 montre si les performances du système sont limitées par la disper-
sion ou par les effets non linéaires.
Essayant une solution de la forme :
Les effets combinés de la dispersion chromatique et de l’auto-
α modulation de phase modifient la forme de l’impulsion et l’effet
u ( T, z ) = exp  – ----- z + i Φ ( T, z ) résultant dépend du signe de β2.
2
On montre que si u (T,0) est l’enveloppe complexe de l’impulsion
à l’entrée d’une fibre optique de longueur L, supposée sans disper- 3.3.2 Modulation de phase croisée
sion chromatique, la phase Φ (T, L) de l’impulsion en sortie s’écrit :
1 – e –αL Lorsque plusieurs porteuses optiques se propagent simultané-
Φ ( T, L ) = γ u ( T, 0 ) 2 --------------------- = γ u ( T, 0 ) 2 L eff (34) ment dans une fibre (cf. figure 14), chacune d’entre elles est
α
affectée d’automodulation de phase, précédemment décrite, mais
avec Leff longueur effective (égale à la longueur géométrique dans aussi d’une autre modulation de phase, appelée modulation de
une fibre sans pertes). phase croisée (Cross Phase Modulation XPM), due à la perturbation
Toujours en supposant une forme d’impulsion typique, croissante de l’indice de réfraction par la puissance totale véhiculée dans la
pour les valeurs négatives de T , atteignant son maximum pour T fibre.
nul et décroissant ensuite, la relation montre que la modulation de La description de ce phénomène est très complexe : les paramè-
fréquence induite par l’effet Kerr cause une augmentation de la tres qui interviennent sont les puissances véhiculées par les diffé-
fréquence sur le front arrière de l’impulsion (décalage vers le bleu) rentes porteuses, l’écart en fréquence entre celles-ci, ainsi que la
et une diminution de la fréquence sur le front avant (décalage vers dispersion de la fibre.
le rouge). La figure 13 illustre le phénomène.
Quand deux impulsions à des pulsations ω1 et ω1 + Ω se propa-
Le déphasage maximal Φmax se produit au centre de l’impulsion gent le long d’une fibre dispersive, leurs vitesses de déplacement
(T = 0) et vaut : sont différentes. La modulation de phase croisée intervient
lorsqu’elles se chevauchent, on parle alors parfois de « collision »,
1 – exp ( – αL ) 1 – exp ( – αL ) L eff
Φ max ( L ) = u ( 0, 0 ) 2 γ ------------------------------------ = γ P 0 ------------------------------------ = --------
- (35) chacune d’elles se trouvant alors dans une zone où l’indice de
α α L NL réfraction est modifié par la présence de l’autre. Plus la dispersion

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Dans le cas de deux porteuses seulement à des pulsations ω1,


Changements de l’indice de réfraction
ω2 = ω1 + ∆ω, des produits d’intermodulation apparaissent aux
pulsations 2ω2 – ω1 = ω1 + ∆ω et 2ω1 – ω2 = ω1 – ∆ω.
Des expressions analytiques donnant la puissance d’intermodula-
Longueur d’onde
de la porteuse tion ont été obtenues dans le cas de porteuses non modulées. Elles
montrent que la puissance du produit d’intermodulation est
λ1 proportionnelle :
— à la longueur efficace déjà définie qui caractérise la distance
sur laquelle l’effet Kerr est non négligeable ;
— au produit des puissances de porteuses en interaction ;
— à un facteur η appelé rendement du mélange donné par la
relation :
λ2
∆ β FWM L
4 exp ( – αL ) sin 2  --------------------------
α2  2 
η = -------------------------------
- 1 + ------------------------------------------------------------------------------- (36)
α 2 + ∆ β FWM 2 [ 1 – exp ( – αL ) ] 2
λ3
où ∆βFWM est le désaccord de phase (phase mismatching) entre
porteuses donné dans le cas de canaux régulièrement espacés par :

2π λ 2 λ2 d D
∆ β FWM = --------------- ( ∆ F ) 2  D + ∆ F ------ --------  (37)
c  c dλ 
λ4
Ces formules montrent que l’effet du mélange à quatre ondes
0 400 800 1 000 1 400 Temps (ps) (FWM Four Waves Mixing) est d’autant plus important que la puis-
sance transportée par les différentes porteuses est élevée, que
l’espacement entre canaux est faible et que la dispersion chroma-
Figure 14 – Représentation schématique de l’effet de la modulation tique est faible. Un autre facteur important est la polarisation rela-
de phase croisée tive des différentes porteuses en interaction : dans le cas de deux
porteuses, l’effet minimal est obtenu lorsque leurs deux états de
polarisation sont orthogonaux. Dans le cas d’un multiplex, il n’y a
pas de règle simple pour dire quelle est la configuration optimale.
est élevée, plus les vitesses sont différentes et plus le temps de la
collision est bref. C’est un argument qui joue en faveur d’une disper- La figure 15 représente un multiplex de porteuses à l’entrée et à
sion forte, mais qu’il faudrait néanmoins pondérer par le nombre de la sortie d’une fibre en présence de mélange à quatre ondes. De
collisions, qui augmente aussi avec la dispersion, dans le cas de la chaque côté du spectre initial apparaissent les raies correspondant
transmission de trains d’impulsions. aux produits d’intermodulation. Les raies tombant à l’intérieur du
spectre initial ne sont pas visibles, car elles retombent sur des
Plus la dispersion est faible, plus les vitesses sont proches et plus canaux existants.
les impulsions voyagent longtemps ensemble, mais la phase
induite est alors très peu dépendante du temps. Dans le cas théo- C’est pourquoi une fibre à faible dispersion, comme la G.653, est
rique d’impulsions parfaitement carrées sur une fibre à dispersion moins favorable en ce qui concerne le mélange à quatre ondes, en
nulle, la modulation de phase croisée imprime sur les impulsions un particulier pour les canaux situés près de la longueur d’onde de
déphasage constant, sans incidence sur la détection. dispersion nulle. C’est un problème particulièrement critique pour
des opérateurs qui ont fait le choix de la fibre G.653, en raison de ses
On peut conclure de cette analyse qu’il devrait exister un meilleures caractéristiques en régime linéaire, à une époque où
compromis, une dispersion ni trop faible, ni trop forte qui minimise n’existaient ni les amplificateurs à fibre, ni le multiplexage en
les effets de la modulation de phase croisée, mais il faut être très longueur d’onde, et veulent aujourd’hui introduire cette dernière
prudent avec cette analyse intuitive. technique dans leurs réseaux.
La figure 14 représente quatre impulsions, schématisées par des Le mélange à quatre ondes comme la modulation de phase
trapèzes, à des longueurs d’onde différentes λ1 à λ4, donc se propa- croisée sont des facteurs de dégradation fondamentaux dans les
geant à des vitesses différentes, et les variations de l’indice de systèmes amplifiés utilisant le multiplexage en longueur d’onde, qui
réfraction qui se produisent chaque fois que la puissance trans- sont traités dans l’article consacré aux systèmes [9].
portée varie, donc sur les fronts de montée et de descente des
impulsions.

3.3.3 Mélange à quatre ondes


Fibre
Ce phénomène qui se manifeste lorsque plusieurs porteuses opti-
ques se propagent simultanément dans une fibre est générateur de
produits d’intermodulation, de manière très semblable à ce qui se
produit dans les systèmes radioélectriques. Par exemple, la non-
linéarité du troisième ordre crée des battements entre trois
porteuses aux pulsations ω1, ω2 = ω1 + ∆ω et ω3 = ω1 + 2∆ω et Longueur d’onde Longueur d’onde
engendre des produits d’intermodulation aux pulsations pω1 + qω2
+ rω3 où p, q, r sont des entiers tels que |p |+|q |+|r | soit égal à 3.
Ainsi, le produit d’intermodulation à la pulsation 2ω2 – ω1 = ω3 va Figure 15 – Illustration de l’effet du mélange à quatre ondes
perturber le signal transmis sur le canal à la pulsation ω3. sur un multiplex de porteuses optiques

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3.3.4 Instabilité de modulation la silice à 1,55 µm. L’effet Raman commence à se manifester dès lors
que la largeur spectrale des signaux dépasse un certain seuil, typi-
Quand une porteuse optique de puissance P0 à la pulsation ωs se quement quelques nanomètres en multiplexage temporel et autour
propage dans une fibre avec un autre signal à la pulsation ωs + Ω, de 30 nm en multiplexage en longueur d’onde.
l’interaction non linéaire peut amplifier ce dernier aux dépens de la
porteuse. Ce phénomène appelé instabilité de modulation existe
seulement dans le régime de propagation anormal (β2 négatif) et si
Ω tombe dans une bande définie par la condition : 4. Effets combinés
4γ P des distorsions linéaires et
Ω 2 < Ω c2 = --------------0- (38)
β2 non linéaires : les solitons
Le gain maximal est atteint pour Ω = ± Ω c ⁄ 2 et vaut 2γ P0 (in m–1).
Dans le cas de la fibre standard, le gain maximal atteint
0,006 P0 km–1 avec P0 exprimé en mW, soit de manière équivalente 4.1 Phénomène de base
0,026 P0 dB/km. Une puissance de 100 mW conduit ainsi à un gain
de 2,6 dB/km aux dépens du signal, donc à un affaiblissement La transmission par solitons s’appuie dans son principe sur l’exis-
supplémentaire équivalent de celui-ci. La bande est quant à elle tence d’un régime stable de propagation d’impulsions isolées, de
égale à 123 P 0 GHz, soit 1 230 GHz (10 nm) dans le cas d’une puis- forme et de puissance particulières choisies de telle sorte que les
sance de 100 mW. effets dus à la dispersion chromatique et à l’automodulation de
Évidemment l’instabilité de modulation ne peut se manifester que phase (effet Kerr) se compensent. Cet équilibre garantit ainsi l’inva-
si deux porteuses existent : en pratique, le bruit autour du signal riance des caractéristiques de l’impulsion le long de la fibre
utile, par exemple le bruit des amplificateurs, peut jouer le rôle de supposée sans pertes, quelle qu’en soit la longueur. L’idée fonda-
signal perturbateur : l’effet est d’autant plus important que la bande mentale est donc d’utiliser les effets non linéaires pour stabiliser la
d’amplification est importante, et donc que la puissance est élevée propagation alors qu’on cherche à les minimiser en transmission
et la dispersion chromatique petite. Lorsque la porteuse est conventionnelle.
modulée en intensité, le phénomène peut faire éclater l’impulsion Si β2 est positif, le temps de propagation de groupe augmente
en plusieurs impulsions plus étroites, causant ainsi la destruction de avec la fréquence et le front avant (resp. arrière) se propage plus
l’information transmise. (resp. moins) vite, si bien que l’impulsion s’élargit continuellement
au cours de la propagation : c’est ce qui se produit sur la fibre stan-
dard. Lorsque β2 est au contraire négatif, les phénomènes linéaires
3.3.5 Effets Raman et Brillouin stimulés et non linéaires induisent des effets opposés et l’impulsion
commence par se rétrécir avant de s’élargir à nouveau. La non-
Ils reposent sur un transfert d’énergie du champ vers le milieu de linéarité, combinée avec la dispersion, peut ainsi jouer un rôle béné-
propagation par excitation de modes de vibration de la silice ; la fique en réduisant la largeur des impulsions transmises.
différence essentielle entre les deux effets étant que des phonons Le soliton est la solution à la recherche d’un équilibre stable dans
acoustiques (resp. optiques) entrent en jeu dans l’effet Brillouin ce régime de propagation. Plus précisément, le soliton est une
(resp. Raman). impulsion de forme générique :
Lorsque sa puissance excède un certain seuil caractéristique du
P c ------  ---- 
phénomène, le signal utile, agissant comme une pompe, transfère 1 t
A(z ,T ) = (39)
de la puissance à un perturbateur, qui s’amplifie à ses dépens. La ch τ
puissance de ce perturbateur croît au cours de la propagation en
dont on peut montrer qu’elle vérifie l’équation de Schrödinger sans
exp (gPz ), P étant la puissance de la pompe, et g un paramètre
pertes (α = 0) à condition que Pc, puissance crête, et τ , largeur carac-
appelé gain (noté gR ou gB selon l’effet considéré), qui s’exprime
téristique de l’impulsion, soient liées par une relation [1] :
en m–1/ W.
■ Dans le cas de l’effet Brillouin (dont le seuil est typiquement de τ 2 Pc = f ( β2 , γ ) (40)
1 à 3 mW dans les fibres usuelles), une onde contrapropagative
dont la fréquence est inférieure de 11 GHz (dans une fibre en silice) Son existence théorique a été mise en évidence dès 1973 et a été
à celle de la pompe, appelée onde de Stokes, est engendrée aux confirmée expérimentalement par la propagation d’impulsions de
dépens de la pompe. Il en résulte une atténuation additionnelle du largeur voisine de la picoseconde sur quelques centaines de mètres
signal transmis et une perturbation par le signal parasite renvoyé en 1980 [6].
par l’émetteur. Le seuil s’entend pour une pompe non modulée D’une part, le soliton n’existe comme il vient d’être dit que sur une
(c’est-à-dire dans notre cas pour un signal non modulé) ; il aug- fibre idéale sans pertes, d’autre part, comme la somme de deux
mente quand le signal de pompe n’est plus monochromatique, mais solutions d’une équation non linéaire n’en est pas une solution,
occupe une certaine largeur spectrale ∆νp dès lors que cette der- celle qui a été trouvée correspond à un soliton isolé. Or, en pratique,
nière dépasse la largeur de bande de l’effet Brillouin, typiquement toutes les fibres présentent des pertes compensées périodiquement
égale à 100 MHz. C’est pourquoi l’élargissement spectral dû à la par des amplificateurs, au prix de l’addition de bruit, et l’on souhaite
modulation est un facteur favorable ; lorsque la puissance envoyée transmettre un train d’impulsions, pas une impulsion unique.
en ligne est très élevée, l’effet Brillouin est combattu en appliquant Il en résulte trois effets qui limitent le domaine de validité de la
à la source une modulation à très basse fréquence qui augmente la transmission par solitons [7].
largeur de raie sans pour autant perturber l’information. La valeur
maximale du gain gB est environ 5 × 10–11 m–1/ W. ■ Les pertes
L’amplification optique localisée chargée de compenser l’atténua-
■ Dans le cas de l’effet Raman, l’écart de fréquence entre la pompe tion de la fibre a deux conséquences. Le soliton subit des variations
et la sonde (qui se propagent ici dans le même sens) est beaucoup de puissance et donc de l’effet non linéaire qui semblent, a priori,
plus grand, environ 13 THz, et le gain maximal beaucoup plus faible incompatibles avec l’équilibre recherché. En fait, comme nous le
que dans le cas de l’effet Brillouin, typiquement 10–13 m–1/ W. Le verrons plus en détail, les distances nécessaires à l’adaptation du
seuil de l’effet Raman est beaucoup plus élevé, 300 à 600 mW dans soliton (comparables conceptuellement à une constante de temps)

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qu’en phase. Rappelons que, pour éviter l’interaction des solitons


lors de la propagation, l’espacement entre impulsions est typique-

Distance (km)
ment égal à cinq fois leur largeur. De plus, pour permettre une
14 réception de bonne qualité, et aussi pour ne pas contribuer à la
gigue du signal transmis, l’espacement entre les impulsions doit
12 être aussi régulier que possible. A ces trois caractéristiques néces-
10 saires s’ajoutent d’autres de nature pratique : puissance optique
suffisante (quelques milliwatts), possibilité de réglage de la
8 longueur d’onde, taux de répétition et largeur des impulsions varia-
6 bles, fiabilité du composant, encombrement, facilité d’utilisation,
etc.
4
La ressemblance, en amplitude et en phase, de l’impulsion
2 optique avec le soliton se propageant dans la fibre du système est
un critère difficile à mettre en œuvre. Si l’on connaît bien le profil
0
temporel du soliton pour le cas idéal d’une fibre sans atténuation et
0 100 200 300 400
sans amplification, cela est moins clair pour un système réel.
Temps (ps)
La largeur temporelle à mi-hauteur ∆t, l’ordre de 10 à 50 ps et la
largeur spectrale à mi-hauteur ∆ν vérifient la relation :
Figure 16 – Propagation sur une distance de 14 000 km
de la forme d’onde soliton associée à la séquence 1011 ∆ t ⋅ ∆ ν = 0, 315 (41)
dans le cas où l’impulsion est dite en limite de Fourier. Pratique-
ment le produit doit être inférieur à 0,5. Lorsque cette condition qui
peuvent être choisies suffisamment grandes pour garantir un équi- est la plus difficile à réaliser n’est pas vérifiée, il y a génération au
libre pour les valeurs moyennes de puissance sur un pas d’amplifi- cours de la propagation d’une onde dispersive au détriment de la
cation (ce moyennage est aussi valable pour d’autres paramètres). création du soliton.
On parle alors de régime de soliton moyen.
■ La gigue de Gordon-Haus
4.2.2 Différentes voies
L’amplification introduit un bruit optique qui, par la non-linéarité
de la fibre, interagit avec les impulsions solitons. Ceci se traduit par
une gigue de position des impulsions connue sous le nom de gigue De nombreuses solutions ont été proposées pour répondre aux
de Gordon-Haus. De variance proportionnelle à la puissance et au besoins d’un système à solitons. Elles se classent principalement en
cube de la longueur de la liaison, cette gigue est le principal phéno- trois catégories : les lasers à fibre, les lasers semi-conducteurs à
mène limitatif de la transmission par solitons puisqu’elle impose commutation de gain, et les modulateurs électroabsorbants.
une valeur maximale pour la puissance en ligne, donc pour le
rapport signal à bruit en réception [7]. ■ Les performances des amplificateurs à fibre rendent possible la
réalisation d’un laser par simple bouclage de la sortie sur l’entrée,
■ L’interaction entre solitons voisins par l’intermédiaire d’un filtre, d’un isolateur et d’un modulateur
L’interaction entre solitons voisins oblige quant à elle à espacer pour réaliser le blocage de mode. Celui-ci consiste à imposer une
les solitons successifs d’un certain nombre de fois leur largeur (typi- relation de phase fixe entre les différents modes émis par un laser
quement 5 pour des liaisons longues). Ceci se traduit par une réduc- afin d’obtenir une addition constructive de leur énergie. Le laser
tion du débit possible à largeur de solitons donnée. délivre un train d’impulsions très proches du soliton car l’impulsion
optique se forme dans le même milieu que celui où elle va se propa-
C’est de ces premières études que vient l’analogie particulière- ger. La continuité du milieu de propagation entre la source et le sys-
ment évocatrice entre le soliton et un groupe de coureurs courant tème évite les problèmes de couplage. De plus, la possibilité de
sur un tapis élastique. Le coureur le plus rapide se trouvant en tête régler la longueur d’onde par l’intermédiaire du filtre permet de
est contraint sans cesse de gravir la dépression mobile provoquée s’adapter au système. Les lasers à fibre sont cependant sujets à des
par le poids du groupe, tandis que le moins rapide bénéficie en instabilités, provenant des variations d’indice de la fibre en fonction
permanence de la descente provoquée par cette dépression. L’inte- de l’environnement. Un asservissement est nécessaire et complique
raction du tapis élastique avec le groupe tend à corriger les diffé- l’emploi de cette source.
rences de vitesse entre les coureurs et maintient le peloton stable.
La figure 16 illustre l’aspect fondamentalement solitaire du ■ Les lasers semi-conducteurs ne présentent pas ces problèmes
soliton : le soliton le plus à gauche, isolé, se propage sur 14 000 km, d’instabilité car la longueur de propagation est plus courte. Des
sans déformation notable, alors que le couple de droite se déforme impulsions de 20 ps peuvent être obtenues par commutation de
par attraction et répulsion. gain d’un laser à un taux de répétition de 10 GHz. Les impulsions
présentent toutefois une modulation parasite de longueur d’onde
simultanée nécessitant une optimisation délicate du composant et
de ses conditions de fonctionnement. Des impulsions plus courtes,
4.2 Génération de solitons à un taux de répétition plus élevé, peuvent être obtenues par la
méthode du blocage de mode. Dans ce cas, le taux de répétition est
fixe et est donné par la longueur de la cavité.
4.2.1 Objectifs et contraintes
■ Les modulateurs électroabsorbants : il s’agit cette fois de modu-
lation externe : le laser sert de source de lumière continue dans
L’émetteur d’un système basé sur les solitons est constitué typi- laquelle le modulateur sculpte des impulsions : il suffit d’appliquer
quement d’une source d’impulsions et d’un modulateur. La source un signal sinusoïdal, compatible avec la plupart des circuits électro-
engendre un train d’impulsions optiques, régulièrement espacées niques disponibles en bande étroite. La génération des impulsions
d’un temps bit. Le modulateur transmet ou atténue fortement est assurée par la non-linéarité de la fonction de transfert liant la
l’impulsion selon l’information binaire à transmettre. transmission à la tension appliquée. Le train d’impulsions est étroi-
Idéalement, la source doit engendrer un train d’impulsions opti- tement lié au signal électrique. Cela permet de faire varier le débit et
ques ressemblant le plus possible au soliton, tant en amplitude la largeur des impulsions, d’assurer une grande stabilité du temps

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bit et de permettre une synchronisation avec le codeur. Autres


avantages : la longueur d’onde ne dépend que du laser, qui peut
être changé ou accordé, et la modulation de phase parasite est fai-
ble.

a fibre parfaite
5. Dispersion modale
de polarisation Axe rapide

Une fibre monomodale au sens où on l’entend habituellement


autorise la propagation d’un seul mode (LP01), mais ce mode est
dégénéré, c’est-à-dire qu’il peut se décomposer en deux modes de Axe lent
base indépendants ayant des polarisations orthogonales. Retard
L’ellipticité (une fibre réelle n’est jamais parfaitement circulaire), b fibre normale
ainsi que les contraintes extérieures entraînent une biréfringence
dont les axes changent de manière aléatoire le long de la fibre. Il en
résulte un couplage entre les deux modes de base, si bien que Figure 17 – Illustration des effets de la dispersion modale
lorsqu’une impulsion est envoyée dans la fibre, deux impulsions de polarisation (PMD)
séparées par un retard aléatoire sont reçues à l’extrémité, donnant
lieu à un phénomène d’écho, générateur d’interférence entre
symboles (cf. figure 17). La théorie de ce phénomène, complexe, ne seul paramètre considéré dans les premiers systèmes, il est devenu
sera pas développée ici et nous nous limiterons à en présenter les nécessaire de tenir compte de phénomènes de propagation plus
principaux résultats. complexes au fur et à mesure qu’augmentaient les débits transmis,
La valeur moyenne de ce retard (aléatoire) caractérise la disper- les distances et les puissances injectées.
sion modale de polarisation (Polarization Mode Dispersion PMD) : Au cours de cette histoire des télécommunications optiques, deux
dans une fibre à fort couplage de modes, elle varie comme la racine types de fibre se sont dégagés pour la transmission à la longueur
carrée de la longueur et s’exprime en conséquence en ps / km. d’onde de 1,55 µm, la fibre dite standard à forte dispersion G.652 et
Dans une fibre à maintien de polarisation au contraire, le retard est la fibre à dispersion décalée G.653. Le développement des systèmes
une fonction linéaire de la distance. amplifiés et corrélativement l’importance croissante des effets non
Des évaluations de la sensibilité des systèmes à la dispersion linéaires ont conduit à revoir les conclusions sur la fibre à dispersion
modale de polarisation ont été effectuées : une valeur maximale de décalée considérée jusqu’alors comme meilleure parce que permet-
un dixième du temps symbole en codage NRZ a été avancée comme tant en régime linéaire une distance de transmission plus impor-
la limite à ne pas dépasser, mais, s’agissant d’un phénomène aléa- tante.
toire, il faut être extrêmement prudent. En pratique, la dispersion
modale de polarisation des fibres les plus anciennes actuellement Les concepteurs de systèmes et surtout de réseaux se sont alors
installées dans les réseaux ne garantit pas un débit de plus de reposé la question du choix de la fibre et se sont demandé s’il
2,5 Gbit/s par porteuse optique. Il faut mentionner que les progrès n’existerait pas une fibre intermédiaire entre les familles G.652 et
récents dans les procédés de fabrication des fibres conduisent 653, caractérisée par une dispersion plus faible que la G.652, donc
des valeurs de dispersion modale de polarisation inférieures à meilleure en régime linéaire, et cependant plus forte que la G.653,
0,2 ps / km. donc supérieure à cette dernière vis-à-vis de certains phénomènes
linéaires.
Les fabricants de fibres ont travaillé sur le problème et proposé de
nouveaux types de fibres, qui sont classées dans la famille géné-
6. Conclusion rique des fibres de type NZDSF (Non Zero Dispersion Shifted Fibers)
regroupées sous le nom G.655. Différentes caractéristiques ont été
proposées, selon le signe de la dispersion. La question de savoir si
Nous venons de décrire les principaux facteurs qui permettent de ces nouvelles fibres apportent aujourd’hui un gain dans les réseaux
caractériser la propagation d’un signal sur une fibre monomodale. de télécommunications est ouverte. Cette question est abordée
Nous avons montré comment, alors que l’affaiblissement était le dans l’article consacré aux systèmes [9].

Références bibliographiques

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lection Technique et Scientifique des Télé- [5] AGRAWAL (G.P.). – Non Linear Fiber Optics. cal fiber transmission. Optics Letters
communications. Dunod 1996. Academic Press New York 1989. volume 11, p. 665-667, 1986.
[2] VASSALLO (C.). – Théorie des guides [6] MOLLENAUER (L.F.), EVANGELIDES (S.G.) et
d’ondes électromagnétiques. (2 tomes) HAUS (H.A.) IEEE Journal of Lightwave Tech-
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