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MAT302 : Séries et intégrales généralisées Université Grenoble Alpes

2016-2017

Examen seconde session

Les documents, calculatrices et téléphones portables sont interdits. Toutes les réponses doivent
être justifiées et la qualité de la rédaction sera prise en compte.
Exercice 1.
Donner la nature des séries suivantes :
X (−1)n X Xn−2 Xp √
√ , ne−2n , , n + 2(−1)n − n
n≥1
n + n n≥0 n≥1
n2 n≥0

Exercice 2. Montrer que les séries suivantes convergent et calculer leurs sommes.
+∞
X n+1
1.
n=0
n!

+∞  n
X 1
2. ·
n=2
2

Exercice 3. Déterminer la nature des intégrales impropres suivantes :


Z +∞ Z 1 Z +∞ √
cos x
2
dx, ln(x)dx, ( t2 + 1 − t)dt .
1 x 0 0

Exercice 4. Soit a > −1 un réel fixé.


1. Montrer que, pour t ∈ [0; π2 [, on a

tan2 t
sin2 t = .
1 + tan2 t

2. Montrer, en faisant le changement de variable x = tan t, qu’on a


Z π
2 dt π
2 = √ .
0 1 + a sin t 2 1+a

3. Montrer qu’on a π
Z π Z
dt 2 dt
= 2 .
0 1 + a sin2 t 0 1 + a sin2 t
4. Soit α ≥ 0 un réel. On pose
Z π
dt
un = .
0 1 + (nπ)α sin2 t

Montrer que la série de terme général un converge si et seulement si α > 2.


5. Soit Z (n+1)π
dt
vn = .
nπ 1 + tα sin2 t
Étudier la convergence de la série de terme général vn .

6. Quelle est la nature de l’intégrale


Z +∞
dt
?
0 1 + tα sin2 t

Exercice 5.
Pour tout entier n ≥ 0 on pose
Z +∞
dx
In := .
0 (1 + x2 )n+1

1. Montrer la convergence de In pour tout n ≥ 0.

2. Calculer I0 .

3. Démontrer l’égalité Z +∞
x
In − In+1 = x· dx .
0 (1 + x2 )n+2
4. Faire une intégration par parties pour montrer
2n + 1
In+1 = In .
2(n + 1)

5. Déduire la valeur explicite de In .


Solution

Exercice 1.
P (−1)n 1√
1. La série n≥1 n+ √ est à signes alternés, et la valeur absolue
n n+ n √
de son argument est

décroissante et tend vers √
zéro. En effet,
√ pour tout
√ n ≥ 0, on a n + 1 + n + 1 ≥ n + n car
n + 1 ≥ n et donc aussi n + 1 ≥ n car x 7→ x est une fonction croissante. Le critère
spécial des séries alternées (ou de Leibniz, ou d’Abel) s’applique et la série converge.

2. Pour tout x√> 1 on a xn ≥ n pour tout


√ n assez grand. Cela√montre queppour tout x > 1√on
a 1 ≤ limn n n ≤ x et donc que limn n n = 1. Comme on a ne−2n = n n(e−2 )n = e−2 n n,
n

on a alors √ √
n
lim ne−2n = e−2 · lim n n = e−2 < 1 .
n n
Par ailleurs, le terme général de la série tend vers zéro. On peut
P donc−2n
appliquer le critère
de la racine n-ème (ou de Cauchy) qui implique que la série n≥0 ne converge.

3. La série n≥1 nn2 = n≥1 n1 diverge car c’est une série de Riemann n n1α d’exposant α ≤
P P P

1. D’autre part, la série −2 n≥1 n12 converge car c’est une série de Riemann d’exposant
P
n−2
P
= 2. Donc, la série n≥1 n2 diverge car elle est somme d’une P série convergente plus
une divergente. Autrement dit, si elle convergeait, alors la série n≥1 n1 = n≥1 n−2
P
n2
+
1
P
2 n≥1 n2 serait également convergente, ce qui est absurde.

4. Posons f (x) = 1 + x = (1 + x)1/2 . On a alors f 0 (x) = 21 (1 + x)−1/2 et f 00 (x) = −1 (1 +
√ 4
x)−3/2 . Le développement limité de 1 + x en 0 à l’ordre 2 est alors 1 + 12 x − 81 x2 .
Maintenant, pour exploiter le développement en zéro qu’on vient de calculer, on souhaite
obtenir une expression en 1 + f (n) avec f (n) tendant vers zéro pour n tendant vers
Pde la convergence on peut négligerPle terme correspondant à n = 0
l’infini. Pour l’étude
car si k 0 6= k alors n≥k an converge si et seulement si n≥k0 an converge. Écrivons alors
pour tout n ≥ 1
p √ √  pn + 2 · (−1)n 
n + 2(−1)n − n = n· √ −1
n
r
√  2 · (−1)n 
= n· 1+ −1
n
√  1 2 · (−1)n 1 2 · (−1)n 2  
= n· 1+ − ( ) −1
2 n 8 n
√  (−1)n 1 
= n· − 2
n 2n
(−1)n 1
= √ − 3/2
n 2n

n
Or, la série n≥1 (−1) est à signes alternés, et la valeur absolue n1 de son argument est
P
n
n
décroissante et tend vers zéro. Donc la série n≥1 (−1)
P

n
converge par le critère spécial des
séries alternées.
Par ailleurs, la série n≥1 2n13/2 = 12 · n≥1 n3/2
1
P P
est une série de Riemann d’exposant 3/2.
Elle est donc convergente car 3/2 > 1. p
P
Donc
√ la somme de ces deux séries convergentes est convergente, et donc n≥0 n + 2(−1)n −
n est convergente.
Exercice 2.
1. Par définition on a 0! = 1. Cela dit, pour n ≥ 1, on a n+1
n!
n
= n! + n!1 = (n−1)!
1
+ 1 . Les séries
P 1 P 1 P n+1 n!
(n−1)!
et n!
étant convergentes, on en déduit la convergence de n!
. On peut donc
écrire
Xn+1 X n X 1 X n X 1
= + = 1+ +e = 1+ + e = 1 + 2e .
n≥0
n! n≥0
n! n≥0 n! n≥1
n! n≥1
(n − 1)!

n+1
2. On a l’identité remarquable 1−x 2 n n
P
1−x
= 1 + x + x + · · · + x . Donc n≥0 x coïncide par
n+1
définition avec limn 1 + x + x2 + · · · + xn = limn 1−x1−x
. Cette limite existe si et seulement
1
si on a x < 1, et dans ce cas elle vaut 1−x . Or x = 1/2 est strictement inférieur à 1
P+∞ 1 n 1
P+∞ 1 n
et donc n=0 2 converge et sa valeur est 1−(1/2) = 2. On en déduit n=2 2 =
P+∞ 1 n 1 3 1
n=0 2 − (1 + 2 ) = 2 − 2 = 2 .

Exercice 3.
≤ 12 . L’intégrale +∞ | cos2x |dx est donc dominée par l’intégrale de +∞ 12
x
1. On a cos
R R
x2 x 1 x R +∞1 1 x
qui est convergente. En effet une primitive de x12 est −1 x
et par définition on a 1 x2
=
−1 −1
lim
R ∞x→+∞ x
− limx→1+ x = 0 +R 1 = 1. Par le théorème de convergence dominée l’intégrale
cos x ∞
1
| x2
|dx converge, et alors 1 cos
x2
x
dx converge absolument.

2. On interprète ln(x) comme produit des deux fonctions 1 et ln(x). Une intégration par
parties montre alors qu’uneR primitive de ln(x) est donnée par x ln(x) − ln(x). En effet,
1 · ln(x)dx = x ln(x)dx − x x1 dx. Cela étant, par définition d’intégrale impropre, on a
R

Z 1    
ln xdx = lim− x ln(x) − x − lim+ x ln(x) − x = −1 − 0 = −1 .
0 x→1 x→0
R1
En particulier l’intégrale 0 ln(x)dx converge.

3. La fonction t2 + 1 − t est bornéeR +∞ √dans un voisinage de t = 0, donc le problème de
la convergence de l’intégrale 0 ( t2 + 1 − t)dt concerne uniquement l’infini. Or, on

cherche
√ à utiliser le développement limité de 1 + x en x = 0 qui peut s’énoncer comme
1 + x = 1 + 2 x + σ(x) où σ(x) est une fonction sur [0, +∞[ telle que limx→0+ σ(x)
1
x
= 0.
Écrivons donc
√ r t 2 + 1  r 1 
2
t +1−t = t· − 1 = t · 1 + − 1 .
t2 t2

Donc t2 + 1 − t est équivalente à 1/2t, car
q   
t· 1 + t12 − 1 t · 1 + 2t12 + σ(1/t2 ) − 1
lim 1 = lim 1
t→+∞ t→+∞
2t 2t
1 2
+ tσ(1/t )
= lim 2t
1 = lim 1 + 2t2 σ(1/t2 ) = 1 ,
t→+∞ t→+∞
2t

où la dernière égalité suit de ce que limx→0+ σ(x)/x = 0. Les deux fonctions 1/2t et

t2 + 1 − t étant strictement R ∞positives
√ au voisinage de +∞, on peut appliquer le critère
d’équivalence, et l’intégrale ( t2 + 1 − t)dt converge à l’infini si, et seulement si, l’inté-
R∞ 0
grale 0 2t1 dt converge à l’infini. Or, on sait que cette dernière intégrale diverge (une primi-
R∞ √
tive de 2t1 étant 12 ln(t) qui tend vers l’infini), donc l’intégrale originaire 0 ( t2 + 1 − t)dt
est divergente.
Exercice 4.
π π
1. Par définition, pour x ∈
/ 2
+ πZ, on a tan(x) = sin(x)/ cos(x). Donc, si x ∈
/ 2
+ πZ, on a
sin(x)2
tan(x)2 cos(x)2 sin(x)2
= cos(x)2 +sin(x)2
= = sin(x)2 .
1 + tan(x)2 cos(x)2 + sin(x)2
cos(x)2

2. Soit a > −1. Pour tout t on a 1 + a sin(t)2 ≥ min(1, 1 + a) > 0. La fonction f (t) =
1
1+a sin(t)2
est alors bornée et continue, donc intégrable sur tout intervalle fini. La fonction
tan : [−π/2, π/2[→ [−∞, +∞[ est bijective et admet comme inverse arctan(x). Posons
x = tan t. On a alors t = arctan(x) et dt = arctan(x)0 dx = 1+x 1
2 dx, et donc

Z π Z +∞ Z +∞
2 dt 1 1 1
2 = 2 · 2
dx = dx
0 1 + a sin t 0
x
1 + a 1+x2 1 + x 0 1 + (1 + a)x2
√ y 1
Maintenant posons y = x 1 + a, de sorte que x = √1+a et dx = √1+a dy. On a alors
Z +∞ Z +∞
1 1 1 [arctan(y)]+∞0 π
2
dx = √ · 2
dy = √ = √ .
0 1 + (1 + a)x 1+a 0 1+y 1+a 2 1+a
1
3. Pour t ∈]0, π[, on a sin(t) = sin(π − t). Donc la fonction f (t) = 1+a sin(t)2 vérifie également

f (t) = f (π−t). Avec le changement de variable y = π−t, dy = −dt, on a alors π/2 f (t)dt =
R0 R π/2
π/2
f (y)(−dy) = 0
f (y)dy. Finalement, on obtient comme souhaité
Z π Z π/2 Z π Z π/2
f (t)dt = f (t)dt + f (t)dt = 2 f (t)dt .
0 0 π/2 0
Rπ dt
4. Soit un = 0 1+(nπ)α sin2 t
où α est un réel strictement positif. D’après les points précédents
on a Z π/2
dt π
un = 2 2 = p ,
0 1 + (nπ)α sin (t) 1 + (nπ)α
d’où
√ π s
un 1+(nπ)α (πn)α/2 (πn)α
lim π = lim π = lim p = lim = 1 .1
n
(πn)α/2
n
(πn)α/2
n 1 + (nπ)α n 1 + (nπ)α

π 1−α/2
Donc, la suite un est strictement positive et est équivalente
P P à 1 nα/2 . On en déduit que
n un converge
P si, et seulement si, la série de Riemann n nα/2 converge. Finalement,
1
on sait que n nα/2 converge si et seulement si l’exposant α/2 vérifie α/2 > 1. Ce qui
équivaut à α > 2.
R (n+1)π dt
5. Soit vn = nπ 1+tα sin2 t
. Par le changement de variable t = nπ + x, dx = dt, on a
Z π Z π/2
dx dx
vn = 2 = 2 .
α
0 1 + (nπ + x) sin (x) 0 1 + (nπ + x)α sin2 (x)
Comme observé avant, pour tout x ∈]0, π/2[, on a 1+(nπ+x)1 α sin2 (x) > 0, ce qui permet
d’utiliser la comparaison des intégrales et de comparer un et vn . Pour x ∈]0, π[ on a
nπ ≤ nπ + x ≤ (n + 1)π. Donc, pour tout α ≥ 0 on a
1 (∗) 1 (∗∗) 1
2 ≤ ≤ .
α
1 + ((n + 1)π) sin (x) 1 + (nπ + x)α sin2 (x) 1 + (nπ)α sin2 (x)

1. En effet, la fonction x 7→ x de R≥0 → R≥0 est bijective et bi-continue, et alors une
√ suite positive (an )n
√ √
converge si et seulement si ( an )n converge, ce qui se traduit par la formule limn an = limn an .
P
Par le point précédent, on sait que n un converge si et seulement si α > 2. Traitons donc
d’abord Ple cas α > 2. L’inégalité (**) entraine, par comparaison d’intégrales,
P vn ≤ un .
Comme n un converge, et les deux séries sont à termes positifs, la série n vn converge
aussi.

Maintenant, si 0 ≤ α ≤ 2 la majoration (*) montre que vn ≥ u


en où
Z π
dt
u
en := α 2
.
0 1 + ((n + 1)π) sin(t)

en = √ π
Par le point 1 on a u . Le même raisonnement utilisé pour un montre que
1+((n+1)π)α
2, par ailleurs limn uuenn = 1 et les deux
P
nu
en converge si et seulement si α > P P termes géné-
P asymptotiques de sorte que n un converge si
rales sont Pet seulement si n u en converge.
Donc n u en diverge pour 0 ≤ α ≤ 2. Par conséquence n vn diverge également.
1
R +∞ dt
6. La fonction étant positive pour α ≥ 0, l’intégrale 0
1+tα sin2 (t) 1+tα sin2 t
converge si et
P R (n+1)π dt
P
seulement si la série n≥0 nπ 1+tα sin2 t
= n vn converge.
Donc on a convergence si, et seulement si, α > 2.

Exercice 5.
1. Soit n ≥ 0 un entier. La fonction (1+x12 )n+1 est bornée au voisinage de 0, et donc le problème
de la convergence
R +∞ de In ne concerne que l’infini. Autrement dit In converge si et seulement
si Jn = 1 (1+xdx 2 )n+1 converge.
1 1
Pour x > 1, on a (1 + x2 )n+1 ≥ 1 + x2 ≥ x2 . Comme les fonctions (1+x2 )n+1
et x2
sont
positives on peut comparer les intégrales. On trouve
Z +∞
dx
Jn ≤ 2
= [−1/x]∞1 = 1 .
1 x
Et In est donc convergente.
R ∞ dx +∞
2. On a I0 = 0 1+x 2 = [arctan(x)]0 = π/2.

3. On a
Z +∞
1 1
In − In+1 = 2 n+1
− dx
0 (1 + x ) (1 + x2 )n+2
+∞ Z +∞
1 + x2 − 1 x2
Z
= dx = dx
0 (1 + x2 )n+2 0 (1 + x2 )n+2
2 −(n+1)
4. Une primitive de (1+xx2 )n+2 = 12 2x(1 + x2 )−(n+2) est 21 (1+x )
−(n+1)
−1
= (2n+2)(1+x 2 )n+1 . L’inté-

gration par parties donne alors


 +∞ Z +∞
−x −1
In − In+1 = 2 n+1
− dx
(2n + 2)(1 + x ) 0 0 (2n + 2)(1 + x2 )n+1
1
= [0 − 0] + In
2n + 2
2n+1
Donc on a In+1 = I .
2(n+1) n

5. On en déduit la formule
n−1
(2n − 1)(2n − 3)(2n − 5) · · · 3 · 1 Y (2n − 2k − 1)
In = I0 = π/2 .
(2n)(2n − 2)(2n − 4) · · · 2 k=0
(2n − 2k)

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