Sous le thème:
Dr .MOHAMED ZRIOUIL
Professeur à l’Université
ZINE EL ABIDINE Ayoub
CNE: M130439620
FSJES-Meknès : 2020-2021
Après avoir rendu grâce a Dieu le tous puissant et bienveillant, nous
tenons à remercier vivement tous ceux qui ont de prés ou de loin
participé à mener a bien la réalisation de ce travail aussi modeste
qu’il est.
Art : Article
Al: Alinéa
ASS: association
CC : Cour de Cassation
Coll. : Collection
Ed : Edition
N° : Numéro
P. : Page
Univ : université
V : Voir
1
Sommaire
Introduction
CONCLUSION GENERALE
2
INTRODUCTION GENERALE
Le contrat d’adhésion alors est un concept élaboré au fil des années par la jurisprudence
et la doctrine. On cite particulièrement celles du Raymond Saleilles, qui l’avait invoqué
pour la première fois en exclusivité dans son livre ‘’Déclaration de la volonté’’.
Il réfère essentiellement aux relations contractuelles entre les parties dont l’une perd la
faculté de négocier librement les conditions de son engagement, en se voyant imposer
d’avance par l’autre partie et en gardent le choix parfois purement théorique de
contracter ou de ne pas contracter sous le prisme de la règle ‘TAKE IT OR LEAVE
IT’.3
1
A. Fouillée, «La science sociale contemporaine », Paris 1880
2
EL KOUZI Imane, «La notion de contrat d’adhésion à la lumière du droit comparé », RDM, N° 49, 2019
3
18 ص،2018 ، المعارف الجديدة، عقود االذعان بين التأصيل الفقهي و العمل القضائي،محمد العربي مياد
3
De ce fait, il n’est plus possible de négocier les contrats un à un. Avec le
développement de la consommation de masse, le contenu contractuel se voit
prédéterminé par l’un des contractants pour les besoins d’un large public.
L’autre partie n’a alors d’autre choix que de refuser le contrat ou d’y adhérer
sans pouvoir en négocier les termes4.
Sur ce, une protection de grande envergure est présumée avoir lieu au fin de
préserver les droits des contractants des contrats d’adhésion. Ces derniers sont
conçus comme la partie faible au contrat et qui sont très fréquemment des
adhérents consommateurs et sans doute soumis.
Une protection n’est censée être effective et efficace qu’en concours à la fois
d’un contrôle apriori exercer par le législateur, en prévoyance d’une panoplie de
dispositions légales. En addition à un contrôle a postériori, qui se trouve
également d’importance capitale du fait qu’il soit une mission susceptible d’être
confiée au juge comme il peut résulter de la concertation de nombreuses
instances.
4
G. BERLIOZ, Le contrat d'adhésion, LGDJ, 2e édition, 1976, p 76
5
Brigitte LEFEBVRE, Le contrat d’adhésion, LA REVUE DU NOTARIAT, Vol. 105, septembre 2003, p 2
4
Suite à cette enchainement et analyse de propos, des questions s’avèrent
pertinentes. Par ailleurs, le tout autour du recours à la pratique d’adhésion en
matière contractuelle donne lieu à une problématique qui s’impose.
6
Léonia DAVID, le contrat d’adhésion, Master II Droit des Affaires, l’Université de La Réunion, 2017, p 31
5
Première partie : Les déterminants de la responsabilité en matière
d’adhésion
A l’origine, lorsqu’un contrat est valablement formé, il sera doté d’une force
obligatoire qui s’imposerait donc non seulement aux parties, mais également au juge 7.
Tout en générant, le cas échéant, une responsabilité contractuelle du contractant qui
n’exécute pas correctement l’obligation qui a consenti 8. Ça va du soit donc aussi quand
il s’agit d’un contrat d’adhésion.
Faute de sa spécificité, en quoi il risque de générer une responsabilité
contractuelle, il serait nécessaire de bien s’articuler sur le contenu contractuel que
consentent les contractants du contrat d’adhésion.
Compte tenu
Partant donc de l’offre préexistante de l’adhésion (section 1) pour ensuite
examiner l’acceptation (section 2) en la matière.
Il va falloir dire à ce titre qu’une fois le contenu contractuel est précisé et
valablement consenti, il acquiert systématiquement la force obligatoire qui assimile
éventuellement l’engagement à la loi. Ce qui nous mène s’intéresser aux carences qui
touchent à l’exécution dudit engagement contractuel, surtout en jetant l’éclairage sur le
déclin flagrant en matière d’exécution des contrats en temps de crise, bien lors de la
pandémie mondiale de COVID 19.
7
B.FRELETEAU, Devoir et incombance en matière contractuelle, Thése, Université de bordeaux, 2015, p 59
8
Alain BENABENT, Droit civil, les contrats civils et commerciaux, Montchrestien, 1999, p 46
6
Chapitre 1: Délimitation du contenu obligationnel
En principe le contrat est formé par la rencontre d’une offre et d’une acceptation
par lesquelles les parties manifestent leur volonté de s’engager9.
De ce fait, il est bien pertinent de procéder à la délimitation du contenu
obligationnel dans l’optique du contrat d’adhésion en prévoyance d’une offre
d’adhésion (Section 1), subordonnée éventuellement à une acceptation qui
s’accomplie dans la norme des choses par le simple fait de soumission à l’offre
préexistante (Section2).
Il est généralement connu que cette volonté est exprimée dans le but de conclure
un contrat à des conditions précises et fermes. Ensuite, L’offre doit être précise en ce
sens qu’elle doit décrire le contrat envisagé, c’est à-dire en préciser ses éléments
essentiels. La précision de l’offre équivaut à requérir leur indication dans le contrat
projeté11.
Les éléments essentiels sont « les éléments centraux » spécifiques qui définissent
l’opération juridique et économique que les parties veulent entreprendre.
9
F.CHENEDE, Y.LEQUETTE, P.SIMLER, F.TERRE, Droit civil, les obligations, Dalloz, 2019, p 61
10
M.JAMAL, Le contrat d’adhésion : étude comparée des droits français et koweitien, Thèse, Univ Strasbourg,
2017, p 78
11
Ibid
7
Il est évident que l’offre de contrat d’adhésion ne peut se borner à prévoir les
éléments essentiels du contrat. Une telle offre doit effectivement être plus précise en
raison de sa spécificité mais aussi pour assurer la protection de l’adhérent. En effet, la
dangerosité de l’adhésion pourra résider dans le complément de l’offre par celui qui
rédige unilatéralement le contrat, c’est-à-dire, l’offrant au contrat d’adhésion. Le
complément par le jeu de dispositions légales ne peut a priori être dangereux. Par
contre, il faut absolument que les clauses élaborées unilatéralement par l’offrant
figurent dans le contrat lors de sa conclusion12.
C’est la fermeté de l’offre qui permet de différencier les offres véritables et les
simples déclarations d’intérêt ou d’intention, les invitations à entrer en pourparlers et
les propositions conditionnelles qui peuvent remplir le critère de précision mais qui se
distinguent des offres car leur auteur n’a pas l’intention d’être lié en cas d’acceptation.
S’agissant de la fermeté de l’offre, une question revient souvent dans le débat
doctrinal. Il s’agit de la discussion sur les réserves. La réserve peut être définie «
comme une restriction apporté par le proposant à sa volonté de contracter ».
L’hypothèse de la réserve est celle où l’offrant marque sa volonté de ne pas être
engagé en cas d’acceptation, autrement dit, celle où la « proposition se réserve la
possibilité d’agréer son cocontractant »13.
12
C.BRIEND, le contrat d’adhésion entre professionnels, Thèse, Univ Sorbonne Paris cité, 2015, p 114
13
J.BLAISE, R.DESGORCES, Droit des affaires, LGDJ, 2015, p 93
8
La fermeté renvoie donc à la volonté du pollicitant d’entrer dans le lien
contractuel. C’est un critère d’ordre psychologique, d’où la difficulté d’interpréter la
volonté de l’offrant de s’engager par la seule acceptation 14. Cette volonté ou cette
intention sera interprétée par le truchement des caractères précis et complet de l’offre.
Cela est aussi vrai pour le contrat d’adhésion qui suppose l’immédiateté de l’adhésion.
En grosso modo, c’est plus sur la précision que l’offre d’adhésion se distingue de
l’offre classique.
Paragraphe 2: l’extériorisation de l’offre de l’adhésion
L’extériorisation de l’offre d’adhésion doit d’abord être examinée sous l’angle de
la genèse de l’offre.
En tant que déclaration de volonté, l’offre est une proposition de contracter qui
revêt fondamentalement deux caractéristiques. Elle a effectivement pour caractère
d’être initiale. Nécessairement, l’une des manifestations de volonté précède l’autre. On
peut relever une distinction entre l’initiative dans la détermination du contenu
contractuel et celle dans la conclusion du contrat sur la base du concept de contrat
d’adhésion. Il en est ainsi, en particulier, lorsque l’offre naît après des pourparlers.
C’est cela qui la distingue avec l’offre d’adhésion, cette dernière ne laissant aucune
place à la négociation15.
L’offre, une fois exprimée, peut être adressée soit à une ou plusieurs personnes
déterminées, soit au public, c’est-à-dire à un ensemble de personnes indéterminées. Le
principe étant que, lors d’une offre faite au public, l’offrant est tenu à l’égard du
14
F.CHENEDE, Y.LEQUETTE, P.SIMLER, F.TERRE, Op.cit, p 76
15
M.JAMAL, Le contrat d’adhésion : étude comparée des droits français et koweitien, Op.cit, p 133
16
J.JEROME, Droit de la consommation, LGDJ, 2015, p 38
9
premier acceptant dans les mêmes termes que l’offre faite à personne déterminée.
Exception faite des propositions de contrats faites en considération de la personne,
notamment en matière de crédit, le contrat d’adhésion se forme le plus souvent par
l’acceptation d’une offre faite à personne indéterminée.
S’agissant du contrat d’adhésion, il faut relever que l’un des contractants doit
être en état d’offre permanente. Si l’offre est d’application générale, l’invitation à
l’adhésion peut être très restreinte. Par exemple, le règlement intérieur est considéré,
par la théorie classique, comme de nature contractuelle et un contrat d’adhésion
comme étant d’application permanente.
17
، الرباط، جامعة محمد الخامس، الجزئ االول، اطروحة لنيل الدكتوراه في القانون الخاص، اشكالية التراضي في عقود االذعان،العربي مياد
47 ص،2001/2002
18
Ibid, p49
10
Section 2 : l’acceptation par la soumission à l’offre de l’adhésion
L’adhésion est l’action par laquelle une personne exprime sa volonté d’accepter
globalement des règles préétablies. Le contenu de la proposition d’adhésion est
préexistant et formalisé sans contribution de l’adhérent. Mais le caractère préexistant
de l’offre, ou des conditions générales, ne permet pas à lui seul de qualifier le contrat
d’adhésion.
Cela signifie que l’adhésion suppose non seulement la préexistence de son objet,
mais également que celui ci ne soit pas sujet à négociation.
De ce fait, on va mettre en exergue le fait d’adhésion comme une acceptation pure
et simple du contrat d’adhésion (paragraphe 1)pour envisager plus tard l’impossibilité
de libres discussions (paragraphe 2) qui fait grief à ladite acceptation.
Paragraphe 1: l’adhésion soit une acceptation pure et simple de l’offre
d’adhésion.
19
I.EL KOUZI, la notion du contrat d’adhésion à la lumière du droit comparé, Revue de droit marocain, n’49, p 4
20
O.AZZIMA N, Droit civil, les obligations, vol. I, le contrat, Editions le Fennec, 1995, p132
11
contractuel, à moins qu’elle soit peu apparente comme dans les contrats d’adhésion.
Par contre, si elle ne figure pas dans un contrat écrit, la jurisprudence considère
généralement qu’il n’y a pas acceptation sauf si le contraire est démontré.
Ici, les règles, objet de l’adhésion, sont applicables globalement. L’adhérent doit
alors se soumettre à ces règles, même s’il ne les connait pas entièrement. Si l’adhésion
est nécessaire pour entrainer l’application des règles préexistantes, elle est aussi
suffisante. L’adhérant n’a pas forcément besoin de prendre connaissance de chacune
des règles du contrat ; celles-ci lui sont applicables du fait de son adhésion à
l’ensemble. L’adhésion au contenu contractuel se présente essentiellement sous deux
formes.
D’une part, les éléments contractuels prédéterminés peuvent être insérés au sein
de l’instrumentum21. Dans cette hypothèse, la signature suffit à engager l’adhésion du
partenaire contractuel. La présentation formelle du document est cependant d’une
importance capitale. La clause inintelligible ou difficile à cerner au regard du reste du
contrat peut être écartée par le juge. Il a été jugé qu’un acheteur ne pouvait se voir
opposer une clause relative au transfert des risques au motif que, figurant au verso du
bon de commande signé, il ne l’avait « certainement pas remarqué ». 22
D’autre part, les clauses prédéterminées peuvent également figurer sur un support
différent de l’instrumentum signé par les parties. Il en va ainsi lorsque des conditions
générales ou d’autres éléments accessoires ne sont pas mis à la disposition du
contractant. Dans ce cas, l’adhésion se construit par une clause de référence qui prévoit
que les parties souhaitent soumettre le contrat à certaines règles contractuelles qui ne
figurent pas à l’acte instrumentaire. Cette référence textuelle constitue la condition
requise pour permettre l’intégration des documents extérieurs au contrat. Or, la
rédaction d’une clause de référence ne suffit pas toujours remet même l’intégrité de
l’acceptation en question.
Paragraphe 2: le dilemme, acceptation et impossibilité de libres discussions
12
n’emporte pas la qualification du contrat. Inversement, l’absence de négociation ne
permet pas d’écarter la qualification contractuelle.
Or, La plupart du temps, les deux parties acceptent sciemment et librement les
clauses essentielles. Quant aux autres, l’adhérent connaît ou comprend mal leur teneur,
et la portée qu’elles peuvent avoir si on les prend à la lettre, il les considère comme
destinées simplement à préciser ou à compléter les obligations résultant des clauses à
lui présenter comme principales, et non comme devant, d’une manière détournée,
23
C.BRIEND, le contrat d’adhésion entre professionnels, Op.cit, p 123
24
O.LITTY, Inégalité des parties et durée du contrat : Etude de quatre contrat d’adhésion usuels, LGDJ, 1999, p 85
13
dénaturer ou modifier gravement l'essence du contrat25.
25
Ibid., p 90
26
O.AZZIMA N, Droit civil, Op.cit, p151
27
Ibid., p 153
14
Sur ce on constate, on repère, parallèlement, le fondement de la force obligatoire
du contrat, plus précisément au niveau de l’article 1134 du code civil français. Le dit
principe se trouve consacré pour vérifier que le contrat doit être exécuté tel qu’il a été
voulu par les parties28.
D’autre part, dans le même soucis d’atténuer les obligations de l’adhérant qui
peuvent se présenter, parfois, comme de lourdes engagements, le législateur a prévu
une possibilité de résolution du contrat, y inclus d’adhésion, soit d’un accord de
volonté mutuel entre les parties, soit de plein droit.
28
L.MARIGNOL, la prévisibilité en droit des contrats, Thèse, Uni v de Toulouse, 2017, p 170
29
Léonia DAVID, le contrat d’adhésion, Master II Droit des Affaires, l’Université de La Réunion, 2017, p 48
30
I.EL KOUZI, la notion du contrat d’adhésion à la lumière du droit comparé, Op.cit, p 3
15
Paragraphe 2 : Régime dérogatoire de la force obligatoire
On se demande donc si l’interdiction faite aux juges est toujours valable lorsque,
par suite de changements importants des circonstances économiques imprévisibles, des
techniques contractuelles se développent tout en étant nuisible à l’idée de la justice
contractuelle, ce qui rend par conséquence l’équilibre contractuel gravement
compromis31.
Dans cette hypothèse, le juge peut modifier littéralement le contrat pour rétablir
son équilibre. Plusieurs arguments ont été avancés pour justifier d’une réponse
positive. Elle trouve injuste voire immorale de maintenir un adhérant dans les liens
d’un contrat dont l’exécution est devenue onéreuse ou trop ruineuse.
31
L.MARIGNOL, la prévisibilité en droit des contrats, Op.cit , p 192
32
Ibid., p 201
33
M. EL HARTI, « le juge et la force obligatoire du contrat : Etude comparative du droit français et du droit
marocain », Thèse, Univ Paris-EST Val de marne Créteil, 2012, p 104
16
Section 2 : l’inexécution du contrat d’adhésion en temps de
crise.
34
K.SAJIDE, l’éxecution du contrat à l’épreuve du covid-19, village-justice.com, Septembre, 2020
35
Ibid.
17
En effet, la Covid-19 et la crise qui a engendré peuvent créer d’énormes
problèmes quant à l’exécution des engagements et des prestations, les contractants
peuvent invoquer certaines dispositions afin de se soustraire de l’exécution du
contrat en se prévalant du cas de force majeure. Les parties peuvent invoquer le
cas de Covid-19 pour aménager l’exécution des obligations ou carrément la
cessation du contrat sans dommages-intérêts 36.
Ibid.
36
18
Paragraphe 2 : Appréciation des critères d’application de la force majeure
Il n'y a donc pas de force majeure dès lors qu'il reste possible pour l’entreprise
d'exécuter ses obligations en adoptant les mesures de sécurité et de protection édictés
par « le guide pour la santé et la sécurité au travail pour les entreprises ».
Outre ces conditions, le législateur marocain évoque dans l’art. 269 précité le «
fait du prince » comme événement justifiant la force majeure. En l’espèce, le fait du
prince se présente dans la décision gouvernementale déclarant l’état d’urgence
sanitaire et le confinement. En application de cette décision, la plupart des entreprises
ont été contraintes d’arrêter, de suspendre ou de réduire leurs activités, à l’exception
des activités de commercialisation des produits de première nécessité telles que celles
menées par les acteurs du secteur de l’industrie et de la distribution agroalimentaire,
pharmaceutique etc. Quoiqu’il en soit, l’application de la force majeure a été reconnue
par la jurisprudence marocaine dans le contexte du COVID-19. Ainsi, Cour d’appel
administrative de Rabat a considéré la décision de fermeture des frontières marocaines,
prise le 26 mars 2020 dans le cadre de l’application des mesures de l’état d’urgence
sanitaire, comme « un acte de souveraineté dont les conséquences juridiques ne
peuvent être suspendues ou les dispositions négligées que dans les cas décidés par la
décision d’interdiction elle-même ou par des actes ultérieurs pris par la même autorité
compétente »40. Par ailleurs, les entreprises qui se fondent à tort sur la force majeure
alors que les conditions précitées ne sont pas remplies, risquent fort de voir leur
responsabilité engagée pour inexécution contractuelle ou rupture brutale des relations
commerciales.
40
CAA de Rabat, arrêt n°210 du 26 mars 2020, dossier n°422/72/02/2020
41
88 ص،2017 ، وجدة، جامعة محمد االول، الجزئ االول، اطروحة لنيل الدكتوراه في القانون الخاص، مركز االرادة في العقد،سليمان المقداد
20
Deuxième partie : La protection de la partie faible au contrat
d’adhésion.
Le contrat d’adhésion suppose qu’une partie fixe seule le contenu du contrat et a le
pouvoir de l’imposer à l’autre partie qui se retrouve dans une situation de dépendance,
ou de faiblesse. Un risque de déséquilibre joue en faveur du rédacteur du contrat. Aussi,
se pose la question de savoir si la partie qui a signé le contrat avait connaissance de
toutes les clauses et si elle a voulu les signer42.
La solution face au danger du contrat d’adhésion s’inscrit dans l’objectif d’une
souhaitable nouvelle législation Marocaine relative à la lutte contre le déséquilibre
contractuel, laquelle repose sur la protection de la partie faible au contrat, déjà connue
dans les des droits de la consommation et de la concurrence et désormais étendue au
droit commun du contrat43.
Sur ce, on va s’efforcer à l’occasion de cette deuxième partie de mettre l’accent sur
la protection à la fois juridique et judiciaire qu’à consacré le législateur au contractants
des contrats d’adhésion qui sont généralement des consommateurs.
On va procéder donc, a la mise en exergue des manifestations de la protection du
contractant d’adhésion concrétisées au niveau de la loi 31-08 (Chapitre 1), pour venir
en renforcement de la protection des adhérents, une mission que joue bien le pouvoir
judiciaire face aux clauses dites pénales (Chapitre 2).
En vue d’éradiquer les clauses abusives dans les contrats d’adhésion, et plus
pratiquement dans les contrats de consommation, le législateur prévoit un recours
judiciaire au profit aussi bien des consommateurs que des associations de protection de
ceux-ci.
Pour ce servir, il est bien pertinent de passer en revue la détermination des clauses
abusives dans la loi 31-08 ainsi que la protection y afférente (Section 1), sans manquer
42
Léonia DAVID, le contrat d’adhésion, Op.cit, p 72
43
184 ص،2018 ، المعارف الجديدة، عقود االذعان بين التأصيل الفقهي و العمل القضائي،محمد العربي مياد
21
de s’arrêter sur la mission de l’association de protection des consommateurs (Section2)
et le rôle qu’elles jouent dans le même souci de protection.
La loi 31-08 a introduit une série de mesure au profit des consommateurs : tels que,
l’obligation d’information, la loyauté de la publicité, l’instauration d’un délai de
réflexion dans certains contrats, d’adhésion compris, et surtout la détermination de
certains clauses considérées comme abusives (Paragraphe 1) afin de les annuler en
prévoyances d’une panoplie de dispositions juridiques instituant leur interdiction
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1: Détermination des clauses abusives
Les Dans me souci de lutte contre les clauses abusives, le législateur marocain a, à
l’instar de ses homologues étrangers, appréhendé dans l’article 15 de la loi 31-08 et
suivants des critères et des techniques de détermination des clauses abusives 44.
En effet, le législateur a choisi :
-D’abord, d’adopter, dans l’article 18 une liste non exhaustive de dix-sept
stipulations pouvant être déclarées par le juge comme abusives.
L’utilité d’une telle liste ne soulève aucun doute aux motifs qu’elle est susceptible
de faciliter, d’une part, l’interprétation de la règle générale et, d’autre part, la preuve
vers le cocontractant qui est en position de supériorité. En effet ce dernier doit apporter
la preuve du caractère non abusif de la clause objet du différend.
Ainsi, la clause pourra être considérée par le juge comme n’étant pas abusive bien
qu’elle figure sur la liste. Par contre, une clause pourra être considérée comme abusive
alors qu’elle ne figure pas dans la liste au motif qu’elle satisfait aux exigences de
l’article 1545.
Par l’établissement d’une liste non exhaustive de la clause susceptible d’être
déclarée comme abusives, il apparait que le juge n’a pas cherché à évincer le juge de la
détermination des clauses abusives, Au contraire, il semble qu’il lui accorde un rôle
important dans la lutte contre celles-ci.
Indéniablement, avec l’octroie d’un rôle actif au juge d’identification des clauses
abusives, le législateur cherche à réaliser une certaine justice contractuelle.
44
N.AZEDDOU, la lutte contre les clauses abusives dans la loi 31-08, Revue ALMOHKAMA, n’12, 2016
45
Ibid
22
Toutefois, il est légitime de se demander, à l’instar d’une partie de la doctrine, si
une telle solution n’aboutirait pas à une révision du contrat par le juge et ne créerait pas
une diversité de solutions dangereuses pour la sécurité juridique dans la mesure où la
cour de cassation risque de ne pas être fréquemment saisie pour jouer son rôle
d’unificateur et d’exercer un contrôle quant à la définition et la détermination des
clauses abusives46.
En d’autres termes, cette appréciation du juge n’était-elle pas susceptible de
fragiliser le contrat et de porter atteinte aux fonctions essentielles d’une convention à
savoir la prévisibilité et la stabilité ?
-Ensuite, d’exclure, dans l’article 17, deux catégories de clauses essentielles du
contrôle de leur caractère abusif par le juge à condition qu’elles soient transparentes
c'est-à-dire rédigées de façon claire et compréhensible. Il s’agit des clauses portant sur le
prix payé et l’objet principal du contrat.
Cette exigence de transparence pour exclure les clauses essentielles du champ
d’application des clauses abusives peut trouver son explication dans, d’une part, le libre
choix et, d’autre part, l’information fournie à l’adhérant, lui permettant ainsi de
s’engager de façon responsable et réfléchie qui lui garantit protection de ces intérêts.
Paragraphe 2: L’interdiction des clauses abusives
Afin de lutter efficacement contre les clauses abusives et permettre aux adhérents
consommateurs de faire valoir leurs droits, il convient de leur donner les moyens pour
réaliser cet objectif.
Ainsi, selon l’expression explicite de l’art 15 de la loi 31-08 est prévue une
interdiction générale de toute clause qui a pour objet ou pour effet de créer, au détriment
du consommateur, un déséquilibre de significatif entre les droits et les obligations des
parties au contrat47.
Par la suite, le législateur de la même loi a venu en établissement d’une liste non
exhaustive de dix-sept stipulation pouvant entre déclarées par le juge comme abusives.
Enfin, détendre, dans l’alinéa 2 de l’art 15 la liste des contrats concernés par les
clauses abusives à ceux qui ont pu faire l’objet de négociation par le consommateur. En
d’autres termes, le législateur affirme que le champ d’application des clauses abusives
n’est pas circonscrit aux contrats d’adhésion.
Pour ne pas être qualifié d’« infantile et borné », ayant un « rôle illusoire », le
mouvement associatif doit répondre à certaines exigences et surmonter certaines entraves
pour être à la mesure de constituer une véritable force consumériste capable de renforcer
48
N.AZEDDOU, la lutte contre les clauses abusives dans la loi 31-08, Op.cit
49
Ibid.
24
l’équilibre de la relation entre le consommateur et le pôle dur économique c'est-à-dire le
professionnel, de ce fait la loi 31-08 édictant les mesures de protection du consommateur
a consacré son titre VII pour l’encadrement juridique desdites associations50.
Dans la même optique, il convient de rappeler que les associations de protection de
consommateur jouissent d’une dualité de mission.
C’est donc à la fois un rôle préventif (Paragraphe 1) et un rôle défensif
(Paragraphe 2) toujours en guise de protéger et défendre les intérêts des consommateurs
adhérents.
Paragraphe 1 : la mission préventive
Au sens de la loi 31-08, notamment l’article 153 ne peut être considérée comme
association de la protection du consommateur, l’association qui :
- Compte parmi ses membres des personnes morales ayant une activité à but
lucratif.
53
A.OUAFI, la protection des consommateurs face à la pandémie du coronavirus à la lumière de la loi 31-08, village-
justice.com
54
N.AZEDDOU, la lutte contre les clauses abusives dans la loi 31-08, Op.cit
55
Ibid.
27
prévoyance d’une intervention judiciaire, par le biais de l’institution d’interprétation
(Section 1), une protection ayant pour finalité de lutter contre les clauses abusives et
plus particulièrement la clause dite pénale (Section 2).
56
B.HABIB ALLAH, T.AIT YOUSSEF, le rôle du juge dans la révision du contrat, recherche de fin de formation,
ISM, 2015, p 7
28
que dans le sens avec lequel elle n'en aurait aucun »57. De là, on peut conclure que
lorsqu’une clause est susceptible de deux sens, il faut retenir ou faire prévaloir celui qui
confère une certaine efficacité à l’acte ou lui permet de produire un effet, et non celui qui
conduit au résultat contraire18. Ainsi, il faut prévaloir le sens habituel et conventionnel des
termes litigieux. C’est ainsi que l’article 1157 du code civil français formule la même règle
dite de « l’utilité des clauses », règle qui consiste à interpréter la clause dans le sens qui lui
donne un effet.
- Interprétation du doute au profit du débiteur (l’adhérant) :
L’article 473 du DOC qui s’inspire de l’article 1162 du code civil français énonce
que : « dans le doute, l’obligation s’interprète dans le sens le plus favorable à l’obligé ». On
remarque que l’interprétation contre l’un et en faveur de l’autre n’a aucune espèce de
rapport avec une recherche d’intention, et encore moins d’intentions communes. Selon cette
interprétation, la règle de l’article 473 ne s’appliquerait que de manière subsidiaire,
pour le cas où le doute ne pourrait être levé par application de la règle générale de l’article
462 du DOC.
-Application restreinte de la renonciation à un droit :
Aux termes de l’article 467 du DOC, les renonciations à un droit doivent être
entendues strictement et n'ont jamais que la portée qui résulte évidemment des termes
employés par leur auteur, et ne peuvent être étendues au moyen de l'interprétation. Les actes
dont le sens est douteux ne peuvent servir de fondement pour en induire la renonciation 58.
Selon un arrêt rendu de la cour suprême marocaine en 1981 : « la renonciation à un
droit doit être entendue strictement, et elle n’a de portée que dans le sens que montrent
clairement les expressions employées »
Paragraphe 2 : L’interprétation créatrice de nouvelles obligations
En principe, lorsqu’une convention est claire, le juge ne peut modifier, sous prétexte
d’interprétation, les stipulations qu’elle renferme. Mais face au contrat, le juge va parfois
dégager des obligations qui n’ont pas été prévues par les parties dans le contrat, mais qui
sont pourtant logiquement rattachables à l’objet de celui-ci59.
Depuis le début du XX é siècle, la jurisprudence n’a pas hésité à faire produire au
contrat des obligations non stipulées et probablement non voulues par celui qui y est
57
Ibid., p12
58
M.EL HARTI, op.cit, p 110
59
Omar AZZIMAN, op.cit. p 258
29
soumis, au simple motif qu’elles correspondaient à la justice contractuelle. Le forçage du
contrat par le juge a ainsi permis de dégager plusieurs obligations s’imposant aux
contractants même si ceux là ne l’avaient pas prévue . A cet égard, on distingue trois
obligations principales qui correspondent à ce phénomène à savoir : l’obligation de
sécurité, l’obligation d’information et de conseil.
- l’obligation de sécurité : L’obligation de sécurité « est une obligation en vertu de
laquelle le débiteur ne doit pas causer de dommage corporel à son contractant par
l’exécution du contrat»60.
L’un des exemples les plus classiques est la découverte d’une obligation de sécurité
dans tous les contrats de transport, quelle qu’en soit la nature. Pou éviter à la victime d’un
accident de transport de devoir prouver la faute du transporteur pour obtenir réparation44,
les tribunaux ont découvert dans le contrat de transport, l’obligation de conduire le
voyageur sain et sauf à destination, obligation de résultat qui dispense la victime de toute
preuve.
-l’obligation d’information et de conseil : L’obligation de l’information est une
obligation découverte par le juge ou imposée par la loi avant ou pendant l’exécution d’un
contrat par laquelle une partie est tenue d’informer l’autre partie des éléments qui lui
permettent de conclure et d’exécuter le contrat en toute connaissance de cause. La
jurisprudence a créé des obligations d’information et de conseil à la charge de certains
professionnels61. Par ce moyen, la jurisprudence contribue à la protection des non
professionnels qui deviennent ainsi créanciers d’une obligation d’information et de
conseil. Dans ce cadre, le débiteur doit délivrer au créancier tous les renseignements et
recommandations nécessaires à l’exécution du contrat.
La clause pénale est très fréquente en pratique en matière du contrat d’adhésion. Elle
permet d’abord d’éviter les difficultés d’évaluation du dommage et dispense de la preuve
de l’existence et de l’étendue du dommage. Elle joue aussi comme un facteur de
prévision puisque les contractants savent, dés la conclusion du contrat, à quoi ils devront
s’en tenir en cas d’inexécution62.
Dans cette optique et dans le souci de protection de l’adhérant contre les effets
60
M.EL HARTI, op.cit, p 110
61
C.BRIEND, le contrat d’adhésion entre professionnels, Op.cit
62
Ibid., p 290
30
sévères de la clause pénale insérée dans le contrat d’adhésion, il est bien pertinent de
s’arrêter sur la qualification de la clause pénale (Paragraphe 1) pour plus tard s’attarder
sur les prérogatives confiées au juge face à l’éventualité de modification de la dite clause
(Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Qualification de la clause pénale
En droit marocain, l’article 264 du texte formant des obligations et des contrats,
63
N.AZEDDOU, la lutte contre les clauses abusives dans la loi 31-08, Op.cit
31
dans ses deuxième et troisième alinéas prévoit que : « les parties contractantes peuvent
convenir des dommages -intérêts dus au titre du préjudice que subirait le créancier en
raison de l’inexécution totale ou partielle de l’obligation initiale ou en raison du retard
apporté à son exécution.
Le tribunal peut réduire le montant des dommages – intérêts convenus s’il est
excessif ou augmenter sa valeur s’il est minoré comme il peut réduire le montant des
dommages –intérêts convenu, compte tenu du profit que le créancier en aurait retiré du
fait de l’exécution partielle des obligations ».
La clause pénale apparaît comme une institution aux multiples fonctions : elle a
une fonction première de réparer le préjudice en évaluant un dommage –intérêt autrement
dit elle a une fonction contraignante dans la mesure où elle peut être perçue à titre
moratoire sans préjudicier à l’exécution de l’obligation principale.
Néanmoins, en 1991, la cour suprême, actuelle cour de cassation, a franchi un grand
pas dans l’instauration d’une justice contractuelle, en consacrant la possibilité pour le
juge de réduire le montant de l’indemnité en application de la clause pénale, tel que
prévu dans le contrat. La Cour suprême, faisant preuve d’audace, s’était enfin déliée des
chaines de la force obligatoire du contrat afin d’instaurer un équilibre contractuel,
influençant ainsi le législateur64.
En effet, en 1995 en consacrant la jurisprudence de la Cour suprême, le législateur
avait accordé au juge la libre appréciation de l’adéquation de la clause pénale au
préjudice réellement subi en cas d’inexécution totale ou partielle de l’obligation et en cas
de retard d’exécution. Grace à cette réforme, le juge pouvait revoir à la hausse ou à la
baisse le montant exigible en application de la clause pénale65.
Conclusion
En effet, le législateur marocain qui a tous le temps trouver dans son homologue
français, la source d’inspiration, se trouve dans le besoin de faire pareil en prévoyance
d’une consécration légale du contrat d’adhésion au niveau du D.O.C, comme si s’était
le cas en 2016, lorsque le législateur français avait introduit le contrat d’adhésion dans
le code civile par l’expression de l’article 1110.
Cependant, le contra t d’adhésion qui prévoit une partie faible face à une autre plus
positionnée, réponds à une protection de grande envergure, mais malheureusement avec
des carences a comblées.
66
33
Bibliographie
Ouvrages généraux :
Ouvrages spéciaux :
، المعارف الجديدة، عقود االذعان بين التأصيل الفقهي و العمل القضائي،محمد العربي مياد
2018
Thèses et mémoires :
34
B.FRELETEAU, Devoir et incombance en matière contractuelle,
Thèse, Université de bordeaux, 2015
جامعة محمد، الجزئ االول، اطروحة لنيل الدكتوراه في القانون الخاص، مركز االرادة في العقد،سليمان المقداد
2017 ، وجدة،االول
Textes de lois :
Marocain :
35
Ordonnance n°2008 1345 du 18 décembre 2008 portant réforme d u droit
des entreprises en difficultés.
https://www.village-justice.com/articles/procedure-sauvegarde-
Chapter,1544.html
https://www.uscourts.gov/services-forms/bankruptcy/bankruptcy-
basics/chapter-11-bankruptcy-basicsCependant
36
Table des matières
Sommaire...............................................................................................................2
INTRODUCTION GENERALE...........................................................................3
37
Section 2 : la protection judiciaire du débiteur et l’ouverture de nouvelles
perspectives de financement.............................................................................22
Conclusion...........................................................................................................36
Bibliographie.......................................................................................................37
38