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RAPPORT DE CONCEPTION

ET D’ELABORATION DES
MECANISMES MICRO-
TAKAFUL ET D’ACCES DES
FEMMES ENCEINTES
VULNERABLES AUX
SERVICES DE SANTE DANS
LES 11 DISTRICTS DE
SANTE

1
Sommaire

Sigles et abréviations :............................................................................................................................3
Résumé...................................................................................................................................................4
Introduction...........................................................................................................................................6
1. Analyse du Cadre règlementaire:..................................................................................................9
1.1 Cadre règlementaire de la micro-finance :............................................................................9
1.2 Cadre règlementaire de la protection sociale.....................................................................15
1.3 Cadre règlementaire du Micro-Takaful...............................................................................20
1.4 Récapitulatif suite à l’analyse règlementaire :....................................................................23
2. Conception du produit Micro-Takaful :.......................................................................................25
2.1 Lexique Finance Islamique...................................................................................................25
2.2 Micro-Takaful modèle Wakalah :........................................................................................27
2.3 Micro – Takaful modèle Wakalah - Moudharabah :............................................................27
2.4 Micro – Takaful modèle Moudharabah :.............................................................................27
2.5 Micro – Takaful modèle Wakf – Wakalah :..........................................................................28
2.6 Choix du modèle du projet :................................................................................................28
A/Montage financier du produit :.................................................................................................29
Fiche Produit prise en charge médicale :..............................................................................................30
B/ Autres champs d’intervention du produit Micro-Takaful :.......................................................32
B.1 Micro-Takaful Tamouil (assurance du financement) :............................................................32
B.2 Micro-Takaful Epargne :.........................................................................................................33
3. Réformes Etablissements de Micro-Finance...............................................................................34
3.1 Système de Gouvernance....................................................................................................34
3.2 Réformes Comptables..........................................................................................................36
A/ Divulgation Comptable (standards 12 et 13 de l’AAOIFI) :.......................................................37
B/Les obligations comptables liées au guichet islamique (standard 18 -AAOIFI-)........................39
4. Mécanismes d’accès des femmes enceintes vulnérables aux services de santé........................40
4.1 Système des contributions :.................................................................................................40
4.2 Champs de couverture et système de prise en charge :......................................................41
4.3 Critères de choix du public cible :........................................................................................44
Conclusion et perspectives :.................................................................................................................45

2
Sigles et abréviations :

AAOIFI Accounting and Auditing Organization for Islamic


Financial Institutions
CIMA Conférence interafricaine des marchés
d'assurance
CSU Couverture Santé Universelle
EMF Etablissement de Micro-Finance
IFSB Islamic Financial Services Board
OMS Organisation Mondiale de la Santé

3
Résumé
La santé humaine est une préoccupation majeure et un objectif ciblé par les Etats et les
organismes internationaux afin de favoriser un accès équitable aux services médicaux à
travers le monde. Ce souci est d’autant plus justifiée chez les femmes enceintes, les
nouveaux nés et les enfants qui ont besoin d’une attention singulière En effet, ces catégories
sont considérées comme fragiles vu leur états de santé qui nécessitent un suivi particulier.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le Projet d’Appui à la Santé Maternelle, Néonatale et
infantile (PASMNI) qui est financé par la Banque Islamique de Développement dont l’objectif
est de faciliter l’accès des femmes enceintes démunies aux soins de santé maternelle
néonatale et infantile dans trois régions du Cameroun.. Le projet fait intervenir plusieurs
parties prenantes impliquées dans les différentes phases du projet et qui peuvent être
schématisés comme suit :

Tel qu’énoncé, trois (03) régions du Cameroun sont concernées par le projet Micro-Takaful,
ce sont notamment les Régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-nord. Le projet
couvrira ainsi, onze (11) Districts de santé dans les régions précitées. . Ce sont
respectivement les Districts de Tignère, Hina, Meri, Mindif, Kaelé, Pette, Yagoua, Bibemi,
Golombé, Mayo oulo et Ngong.

L’accès aux services de santé par la population cible sera fait à travers le produit Micro-
Takaful qui sera présenté et expliqué dans ce rapport. C’est un modèle qui est basé sur les
4
préceptes de la finance islamique notamment en matière de solidarité sociale. La finance
islamique est, elle aussi, basée sur un principe important à savoir la présence de bien
physique et tangible dans les transactions ; ce qui est conforme à l’offre de services de santé
qui constitue l’objet du montage financier du produit à commercialiser par l’établissement
de micro-finance concerné.

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Introduction
La problématique relative à la protection de la santé de la reproduction, de la mère, du
nouveau-né, de l’enfant et des adolescents (SRMNEA) demeure au centre des
préoccupations au Cameroun. Pour cause ; les progrès enregistrés dans le secteur de la
santé ces dernières années n’ont pas réussi à inverser la courbe ascendante des indicateurs
de santé en la matière.

Le ratio de mortalité maternelle au Cameroun a connu une évolution très préoccupante au


cours des 20 dernières années, passant de 430 décès pour 100 000 naissances vivantes en
1991 à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes en 2011, soit une augmentation
d'environ 82%. Selon l’EDS V (2018), le ratio de mortalité maternelle est de 406 décès
maternels pour 100 000 naissances vivantes. La cible préconisée dans le cadre des Objectifs
pour le Développement Durable (ODD) d'ici 2030 est d’atteindre un ratio inférieur à 140
décès maternels pour 100 000 naissances vivantes, ce qui ne serait possible que si le
Cameroun atteint une vitesse de réduction annuelle d’au moins 9,8%.

Les causes directes de la mortalité maternelle sont les hémorragies (46%), la dystocie (22%),
l’éclampsie/pré-éclampsie (11%) et les infections du postpartum (9%), tandis que les
principales causes indirectes sont le paludisme, l’anémie sévère, les affections liées au
VIH/Sida et les maladies cardio-pulmonaires. Par ailleurs, parmi toutes les causes des décès
de la jeune fille, les décès maternels représentent 28% pour les filles de 15-19ans et 64%
pour celles âgées de 20-24ans (EDS-MICS, 2011).

Le taux de mortalité néonatale est passé de 31‰ à 28‰ naissances vivantes entre 2011 et
2014. Malgré cette faible tendance à la baisse, ce taux représente près de la moitié de la
mortalité infantile (0-12mois), et le quart de la mortalité infanto-juvénile. Les causes directes
les plus fréquentes de la mortalité néonatale sont l’asphyxie, l’infection et la prématurité. Le
taux de mortalité infantile est passé quant à lui de 74‰ à 60‰ entre 2011 et 2014, et celui
de la mortalité infanto-juvénile est passé de 122‰ à 103‰ naissances vivantes au cours de
la même période. Chez les enfants de 2 mois à 5 ans, le paludisme (21%), la diarrhée (17%),
la pneumonie (17%) et le VIH/SIDA (7%) constituent les principales causes de mortalité.

6
Parmi les problèmes majeurs liés à la santé de la reproduction des adolescentes/jeunes: (i)
les rapports sexuels précoces ; (ii) les grossesses précoces non désirées ; (iv) les infections
sexuellement transmissibles ; (v) les mariages précoces ; et (vi) les violences sexuelles
occupent les premières places.

Dans ce contexte de taux de mortalité/morbidité élevé, d’énormes disparités existent entre


les zones géographiques du Cameroun, les régions de l'Adamaoua, du Nord, de l’Extrême-
nord et celle de l’Est payant le plus lourd tribut. La pauvreté caractéristique de ces régions
est l’une des entraves majeures à l’accessibilité aux services de santé. Ce d’autant plus qu’au
Cameroun, plus de 70% des dépenses de santé sont supportées par les ménages au travers
de paiements directs (CNS 2012).

Une récente étude de la Banque Mondiale effectuée dans les trois régions septentrionales
précitées montre que de manière générale, la plupart des malades (64,0%) n’ayant pas
recouru à un centre de santé ou à un personnel médical pour se soigner ont évoqué la
cherté du cout des soins comme raison principale de ce comportement (Enquête PBF 2014) .
De même, dans le sous-groupe des femmes enceintes, la principale raison pour laquelle
23,8% des femmes interrogées n’ont pas recours aux personnels de santé pour les soins
prénataux est liée aux couts des soins (14,6%). Chez les femmes qui ont accouché à la
maison, 13,4% l’ont fait parce qu’elles estiment que les couts de cet acte dans les FOSA sont
très chers.

Dans l’optique de proposer des solutions réelles à cette situation, et améliorer l’accessibilité
aux services de santé en général, le Gouvernement a lancé depuis quelques années un
processus pour la mise en place d’un système de couverture santé universelle, qui intègre
les services de santé maternelle et infantile dans son panier de soins.

En lien étroit avec cette initiative nationale, le Ministère de la Santé Publique en partenariat
avec l’UNFPA, a mis sur pied le Projet d’Appui à la Santé Maternelle, Néonatale et infantile
(PASMNI), financé par la Banque Islamique de Développement (BID) . Ce projet est construit
autour cinq composantes principales à savoir: (i) la mise en valeur des ressources humaines
et le développement des capacités, (ii) les travaux de génie civil, (iii) l’acquisition de
médicaments, matériels et fournitures médicales, (iv) la mobilisation communautaire et
sociale pour la solidarité islamique « Micro Takaful » et (v) l’appui à la gestion de projet. Il

7
couvre cinq des dix régions du Cameroun : le Centre, l’Est, l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême
Nord.

La présente intervention s’inscrit dans la composante (iv) du projet et vise à élaborer des
mécanismes et directives générales sur la façon de permettre aux femmes enceintes les plus
démunies des régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême Nord, y compris celles
affectées par le Covid-19, d’avoir accès à des services de santé pour des consultations
prénatales et des soins obstétricaux à des tarifs abordables, via l’introduction de l’approche
Micro Takaful dans le système des microfinances existants dans 11 districts des susdites
régions.

La mise en œuvre efficace de ce mécanisme de prise en charge a induit, au préalable, la


réalisation d’une étude d’analyse détaillée de l’organisation et du fonctionnement des
institutions de microfinances d’une part, de l’ensemble des mécanismes de prise en charge
en santé existants dans les régions susmentionnées, et des potentiels bénéficiaires du
mécanisme à implémenter d’autre part.

Sur la base des informations collectées et des résultats de cette étude primitive, un
mécanisme sera élaboré à l’effet de rendre l’accès aux soins et services de santé effectif pour
les femmes enceintes vulnérables des 11 districts de santé cibles des régions de l’Adamaoua,
du Nord et de l’Extrême-nord.

La présente étude s’inscrit dans ce cadre et entend, à l’issue de la conception et de


l’élaboration du mécanismede couverture en santé, en encadrer l’opérationnalisation. Elle
sera complétée par un rapport de suivi-évaluation pour une implémentation efficace du
produit Micro-takaful.

Schématiquement, le rapport d’élaboration proposé est successivement construit autour


des parties suivantes :

 Analyse du cadre règlementaire


 Conception des produits
 Réformes Etablissements Micro-Finance
 Mécanismes d’accès de la population cible

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1. Analyse du Cadre règlementaire:

1.1 Cadre règlementaire de la micro-finance :

Le secteur de la micro finance au Cameroun revêt une importance particulière dans


l’économie en général et dans le cadre du processus de développement en particulier, tel
que défini par la Stratégie Nationale de Développement (SND 2020- 2030). En effet le
secteur financier est marqué par :

-Un taux de bancarisation relativement faible (près de13,5% en 2015 1)

-Un accès difficile aux services bancaires

-Une contribution non négligeable des EMF au financement de l’économie nationale (à


hauteur de 10%)2

-Un développement des EMF notamment dans les zones rurales non couvertes par les
banques primaires

Ceci est de nature à constituer un véhicule de développement et de croissance qui


contribuerait à l’atteinte de l’objectif spécifique de la SND30 et relatif au financement de la
croissance à travers la consolidation et l’extension des EMF de base. Cette volonté de l’Etat à
développer les EMF a été réitérée et est réaffirmée à travers la Stratégie National de Finance
Inclusive(SNFI) qui a pour vision de doter le Cameroun d’un « secteur financier inclusif,
cohérent et intégré, animé par une diversité de prestataires de services techniquement
capables (banques, compagnies d’assurance, EMF, opérateurs de téléphonie mobile,
opérateurs de monétique) et offrant durablement l’accès à une gamme variée de services
financiers à toutes les catégories de la population 3 selon leurs besoins, dans un
environnement juridique, réglementaire et fiscal en constante évolution ».

Ceci est évoqué vu que les services bancaires ne sont pas accessibles pour tous les
demandeurs de financement. D’où la nécessité d’avoir une alternative financière qui répond
à ce besoin. Encore plus les objectifs de développement durable (ODD) seront d’autant plus

1
Rapport 2015 sur le Cameroun de l’AfricanEconomic Outlook – AfDB
2
Rapport d’évaluation du secteur de la microfinance – MINFI 2011.
3
Notamment les groupes financièrement exclus, incluant les femmes, les jeunes, les acteurs du secteur rural et
du secteur informel.

9
satisfaits à travers cette catégorie d’institutions qui a fait preuve de résilience et de
contribution au bien-être collectif sociétal dans le monde.

Au Cameroun l’historique de la micro-finance remonte aux années1960 à travers la création


de la première coopérative d’épargne et de crédit « Union Crédit » à Njinikom située dans la
région du Nord-Ouest(1963). Cette expérience modeste a dû attendre les débuts des années
1990 pour avoir des textes de loi qui contribuent mieuxau développement du secteur de la
micro-finance à savoir la loiN°90/053 du 19/12/1990 sur la liberté d’association et la loi
N°92/006 du 14/08/1992 relative aux sociétés coopératives, institutions et groupes
d’initiative commune, qui consacre en son article 2 alinéa 1, la liberté pour tout citoyen
majeur de créer une société coopérative ou un GIE. D’un autre coté la survenance de crise
bancaire durant les années 1980 a impacté le paysage financier et a conduit à des
conséquences dans le contexte bancaire notamment la fermeture d’agences bancaires dans
des zones rurales, diminution du capital humain… Ceci a conduit à la création de
coopératives qualifiées comme des mini-banques. A ce stade, cette catégorie d’institutions
financières commence à avoir plus d’ampleur et de nombreuses institutions ont vu le jour
sous forme de réseau d’EMF dans lequel on trouve des institutions spécialisées dans les
crédits de projets du ministère de l’agriculture ou aussi des EMF indépendantes
généralement créées par des individus dans les zones urbaines pour des crédits liés aux
projets de développement et à l’industrie agricole.

La question qui se pose à ce niveau est de savoir l’autorité règlementaire qui supervise cette
activité. Dans la phase préliminaire c’était le ministère de l’agriculture qui supervise ces
institutions. En deuxième phase ceci est devenu le champ d’intervention de l’autorité
monétaire à savoir le ministère des finances. Par conséquent des textes de loi ont été
publiés afin de favoriser le bon fonctionnement et le contrôle des activités des EMF.

Ces textes de loi ont été adoptés par la Communauté économique et monétaire de l'Afrique
centrale (CEMAC) en 2005 et c’est à partir du 14/04/2005 qu’on un cadre règlementaire qui
classifie les institutions de micro finance en trois catégories principales selon la collecte de
dépôt et l’octroi de crédit par ces institutions financières. Concernant l’emplacement
géographique, les EMF sont plus dans les zones urbaines avec un taux d’emplacement de
52% contre un emplacement de 48% dans les zones rurales. Cette disparité est plus

10
constatée au niveau réseau dont le nombre d’agences est distribué avec des différences
entre les différentes régions. Durant l’année 2000 la commission bancaire COBAC a estimé
que seulement 7% de la demande du marché est satisfaite pour ce qui est des produits de la
micro-finance4. Ceci plaide en faveur d’une demande accrue qui doit être accompagnée par
une offre satisfaisante.

Dans le même contexte un atelier de consultation a été mené entre 28 et 30 Juin 2004 pour
définir une politique nationale règlementaire pour le secteur de la micro-finance. Les
principales recommandations de cet atelier étaient autour des points suivants :

- L’existence d’une remarquable disparité géographique au niveau réseau des EMF


- La collecte de dépôt ou encore le niveau d’épargne est remarquable mais elle est
accompagnée par coefficient de transformation en crédit non proportionnel
- Une concentration des dépôts dans un nombre faible d’EMF
- Manque de ressources
- Insuffisance des moyens pour les financements à court et long terme
- Nécessité d’amélioration et développement de nouvelles procédures pour la mise à
niveau du secteur de la micro-finance
- Obligation d’opter pour de nouvelles stratégies afin d’innover le secteur de la micro-
finance

Comme continuité à ces recommandations qui visent l’amélioration du secteur de la micro-


finance au Cameroun, cette étude est en alignement avec les objectifs de développer ce
secteur et de diversifier l’offre en instaurant les mécanismes de Micro-Takaful dans ce
réseau pour les prestations de santé. Les textes de loi qui régissent ce secteur actuellement
sont ceux principalement issus de la commission bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) et
de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale.

Il faut souligner que ces textes de loi couvrent plusieurs aspects notamment juridiques
(forme juridique, nombre de sociétaire…), financiers (capital social minimum, contrôle
interne…), prudentiels pour ce qui est adéquation en fonds propres principalement,
gouvernance… Les thèmes des principaux textes de loi peuvent être listés comme suit :

4
The micro finance market in Cameroun, Analyzing trends and current developments, Leonard Ajonakoh
Fotabong (2012)

11
- Conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de micro-finance
- Fonds propres
- Formes juridiques des Etablissements de micro-finance
- Nombre de sociétaire
- Gouvernement d’entreprises des Etablissements de micro-finance
- Contrôle interne des Etablissements de micro-finance
- Conditions et modalités d’agrément
- Organisation des comptabilités des Etablissements de micro-finance

Dans cette étude, nous nous focaliserons davantage sur l’analyse de la règlementation
relative au fonctionnement et au contrôle des institutions de micro-finance. En effet, la mise
en place des produits du micro -Takaful va être faite dans des institutions financières
existantes. C’est en cela que les questions relatives au capital minimum ou aux fonds
propres n’appellent pas une analyse ou des développements particuliers.

Le texte de référence est Le règlement numéro 01/17 CEMAC/UMAC/COBAC de la CEMAC


relatif aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de micro-finance dans la zone
CEMAC. L’article 20 de ce règlement indique que les activités des institutions de micro-
finance sont principalement la collecte de l’épargne, l’octroi des crédits et la mise à
disposition des moyens de paiement pourla clientèle. Outre cela le régulateur autorise à
ces institutions des activités accessoires comme les opérations de crédit-bail, change
manuel, achat des biens pour les besoins de la clientèle en rapport avec leurs activités…

 On constate ici un alignement du texte règlementaire avec le fondement des activités


régies par la finance islamique puisque (comme ce sera détaillé dans les prochaines
parties de l’étude) parmi les produits du Micro-Takaful sera proposé un produit à
base d’épargne par les participants. En plus, le fait d’autoriser l’achat de bien pour le
besoin de la clientèle est en conformité avec les opérations commerciales des
institutions financières islamiques à savoir la Mourabaha pour donneur d’ordre qui
consiste en l’achat de bien au profit du client et sa revente avec marge bénéficiaire.

Outre cela dans ce même texte règlementaire le régulateur classifie les EMF en trois
catégories et le point commun entre ces catégories est la possibilité de collecte de dépôt ou
d’épargne ce qui va en conformité avec le champ d’intervention des mécanismes du Micro-

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Takaful. Cependant un élément important doit être signalé à ce stade qui se rapporte à la
modification que l’EMF envisage faire et qui affecte considérablement sa situation juridique.
Il s’agit principalement de l’article 82 et l’article 83 du même règlement et dans lesquels le
régulateur énumère un certain nombre de modifications qu’il les considère comme
significatives et qui doivent avoir l’accord préalable de la commission bancaire. Il s(agit du
premier point de l’article 82 et qui stipule une accord préalable pour tout changement,
extension ou restriction d’activité. On considère à ce niveau que l’introduction de la micro-
assurance islamique fait partie des directives sus-indiquées notamment celle liée à
l’extension d’activité et doit être ainsi accompagnée d’un dossier de l’EMF cible afin
d’éliminer tout handicap juridique lié à la réussite de ces mécanismes. Ce point va être aussi
mentionné dans le cadre des réformes éventuelles liées aux EMF cibles du projet.

L’extension d’activité implique également une investigation de la règlementation relative au


système de gouvernance des EMF. On évoque ici le règlement COBAC EMF R-2017/04 relatif
à la gouvernance d’entreprise dans les établissements de micro-finance. Dans cette
règlementation plusieurs volets ont été abordés notamment ceux liés au conseil
d’administration, des dirigeants, les risques de conflit d’intérêt… La question qui se pose est
de savoir si la démarche d’implémentation du Micro-Takaful présente des conséquences sur
ce système de gouvernance. La réponse à cette question passe par l’article 33 du chapitre 7
du règlement évoqué ci-dessus et qui porte sur la mise en place des comités spécialisés. En
effet les EMF doivent mettre en place des comités spécialisées pour assister les conseils
d’administration sur des questions spécifiques. Ceci est en parfaite adéquation avec la
définition du comité de supervision de la conformité aux principes et directives de la finance
islamique. En d’autres termes les EMF qui vont implémenter les produits du Micro-Takaful
seront dans la possibilité de créer et désigner à travers leurs conseils d’administration ces
comités. Comme point de départ les EMF peuvent avoir recours à des consultants spécialisés
pour assurer le contrôle de conformité tout en étant en phase avec la règlementation en
vigueur à travers l’article précité.

Le dernier point à évoquer dans le cadre règlementaire des EMF est celui de l’organisation et
du plan comptable de ces institutions financières. Il s’agit ici principalement des textes de loi
issus de la commission bancaire de l’Afrique Centrale notamment celle du règlement COBAC
EMF-2010/02 relatif à l’organisation de la comptabilité des EMF.

13
L’article 3 du dit règlement insiste sur des aspects comptables importants tels que la fiabilité,
la compréhension et la comparabilité de l’information financière. En effet, pour refléter une
image fidèle de l’activité toute entité économique et notamment les institutions financières
doivent présenter une information financière qui reflète au mieux la nature de leurs
activités. Dans ce contexte les mécanismes de Micro-Takaful vont induire une activité
nouvelle pour les EMF. D’où la nécessité de refléter ce produit à travers l’information
financière et comptable notamment au niveau de la divulgation de l’information financière
sur laquelle le régulateur insiste dans ce règlement. Le deuxième point de l’article 3 du
règlement précité indique explicitement qu’il doit y avoir une mise en œuvre des
conventions, méthodes et procédures normalisées.

Les produits du Micro-Takaful obéissent aux principes de la finance islamique qui sont régis
par des institutions internationales de normalisation. L’institution la plus reconnue est celle
de l’AAOIFI qui publie des standards de comptabilité, d’audit, d’éthique et de gouvernance.
Selon l’investigation du règlement comptable en question il n’y a pas une contrainte à
appliquer les standards de l’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization for Islamic
Financial Institutions) pour mieux présenter les informations financières de la nouvelle
activité. Cependant il faut développer une procédure interne sur les traitements comptables
de ces mécanismes et la divulguer.. Il faut aussi relever ici que le fait d’appliquer des
standards de la finance islamique est en alignement avec les principes comptables généraux
à savoir le principe de prudence, de continuité d’activité, de comparabilité, de comptabilité
et d’engagement. Les autres aspects se rapportant aux états financiers, à la périodicité de
publication et à la divulgation des informations comptables, à l’évaluation des actifs, et à
l’inventaire ne sont pas en contradiction avec les mécanismes d’instauration.

1.2 Cadre règlementaire de la protection sociale

La protection sociale est au cœur des préoccupations des organismes internationaux et se


situe dans le cadre de suivi et d’accomplissement des objectifs de développement durable.
Elle contribue au bien être individuel et par conséquent au bien-être collectif de la société.
C’est pourquoi de nombreuses conventions internationales se sont intéressées à la
protection sociale. A titre d’exemple, on trouve la Déclaration universelle des droits de

14
l’homme puisqu’elle est considérée comme un droit fondamental humain. Il est connu que
juridiquement les conventions internationales présentent une force d’application suprême
même par rapport aux textes de loi nationaux. A travers cette convention, on trouve des
textes et pactes qui ont repris ses principes. On peut citer le cas du pacte international relatif
aux droits économiques, sociaux et culturels, conventions relatives au droit de l’enfant et
aux droits des femmes, les conventions internationales de l’OIT, en particulier la C102 -
Convention (n° 102) concernant la sécurité sociale,1952 ; et la R202 - Recommandation
(n° 202) sur les socles de protection sociale, 2012. Parmi les piliers de la protection sociale, il
faut mentionner l’accès aux soins de santé essentiels. C’est pourquoi l’objectif de ce projet
qui est l’accès des femmes enceintes aux services de la santé est en étroite liaison avec le
système de protection sociale au Cameroun. Historiquement il y avait l’arrêté numéro
159/PM qui datait du 04 novembre 2008 et dont l’objectif était de moderniser le système de
protection sociale. L’acteur majeur dans ce système de protection sociale est la caisse
nationale de prévoyance sociale (CNPS). Les différentes catégories de prestation couvertes
peuvent être réparties comme suit :

- Les prestations familiales : qui couvrent les allocations familiales, prénatales, frais
médicaux de grossesse
- Les prestations de vieillesse, invalidité et décès 
- Les prestations de d’accident de travail et de maladies professionnelles

La problématique relative à la protection sociale est qu’elle couvre des classes sociales
limitées. C'est-à-dire se sont, à titre d’exemple, les salariés des grandes entreprises qui
peuvent bénéficier le plus de la protection sociale puisqu’il incombe à l’employeur de verser
les contributions de ses salariés. C’est dans ce cadre que s’est lancée la politique nationale
de protection sociale (PNPS) au Cameroun. Plusieurs axes stratégiques ont été développés
dans ce programme et qui ciblent les populations les plus vulnérables pour une prise en
charge de cette catégorie sociale et pour contribuer à la génération de revenus.

Les principaux textes de loi qui régissent le système de protection sociale sont
respectivement :

15
- la loi n°67/LF/07 du 12 juin 1967 instituant un code des Prestations Familiales

- la loi n°67/LF/08 du 12 juin 1967 qui crée la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale

- la loi 69/LF/18 du 10 novembre 1969 instituant un régime d'assurance pensions de


vieillesse, d'invalidité et de décès. Dans ce régime, le financement est assuré à travers les
cotisations sociales recouvrées tant auprès des employeurs que des travailleurs ;

- l'ordonnance n°73/17 du 22 mai 1973 portant organisation de la prévoyance sociale qui


confie à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale dans le cadre de la politique générale du
Gouvernement, le service des diverses prestations prévues par la législation de la protection
sociale ;

- la loi n°77/11 du 13 juillet 1977 portant réparation et prévention des accidents du travail et
des maladies professionnelles, qui confie à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale, la
couverture et la gestion des risques professionnels, abrogeant ainsi une législation
antérieure issue de l'Ordonnance 59/100 du 31 décembre 1959 qui avait confié la gestion de
ces risques aux compagnies privées d'assurance.

L’infrastructure règlementaire de la protection sociale est aussi basée sur les fonds
Régionaux pour la Promotion de la Santé (FRPS). Il s’agit de groupements composés de la
communauté, le Ministère de la santé et les organismes publics ainsi les partenaires
techniques et financiers. Comme leurs noms l’indiquent ces fonds contribuent à la
promotion de la santé et peuvent ainsi jouer un rôle important dans la promotion du Micro-
Takaful comme moyen de prise en charge médical.

Le système de santé et notamment celui de la mère et l’enfant fait intervenir plusieurs


partenaires techniques et financiers. Ceci suit des programmes d’interventions en masse tels
que le Programme Elargie de Vaccination (PEV), celui de la Lutte contre la COVID-19,
Programme National de Lutte contre le VIH/Sida (PNL-S)… Parmi ces programmes on trouve
aussi celui de chèque santé dont la population ciblé est celle des femmes enceintes et des
nouveaux nés. L’intégration de ce mécanisme avec le produit Micro-Takaful sera envisagé
dans la les parties suivantes de ce rapport.

Dans cette même optique, les mécanismes du Micro-Takaful objet de cette consultation
peuvent être répertoriés dans la catégorie des prestations familiales éditées par la
16
règlementation en vigueur. Cependant, la problématique réside dans le système des
contributions puisque ces services sont ouverts pour une population qui dispose déjà de
revenu stable et dont la cotisation incombe à l’employeur. Cette contribution dépend aussi
du secteur du travailleur comme indiqué dans le tableau ci-dessous.

Tableau1 : Cotisation prestations familiales -Protection Sociale-

Il faut mentionner que malgré l’existence de contribution de la part des travailleurs la


couverture santé reste « marginale » et les dépenses de santé incombent à 94% aux
ménages5. Ceci veut dire que l’accès aux soins est une demande globale de la population et
que les mécanismes qui seront élaborées sont d’une utilité pour une large population pour
accéder aux services de santé. Il faut ajouter que le gouvernement camerounais a instauré et
initié un système de couverture santé universelle (CSU) et on peut dire que le produit Micro-
Ttakaful vient renforcer ce système et donner un appui à travers les avantages offerts par la
finance islamique en matière de services de santé.

Le système du Micro-Takaful tel qu’il sera expliqué et présenté en détails dans la partie
relative à la conception des mécanismes est en alignement avec le cadre règlementaire de
protection sociale puisqu’il est basé sur des allocations communes qui vont servir comme
couverture sociale pour les services de santé ciblés. Les fonds qui vont servir comme

5
La Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) au Cameroun, 2017

17
subventions seront déjà mis en utilisation puisque la population cible ne possède pas des
revenus stables comme spécifié dans les textes de loi. Mais ceci doit être une période
primaire dans l’intention de créer des sources de revenus à cette catégorie afin qu’elles
deviennent elles-mêmes des participants et intègreront ainsi le régime de protection sociale
déjà mis en vigueur.

Il faut souligner que le projet Micro-Takaful doit aussi se faire en alignement avec les
politiques nationales de couverture santé. C’est pourquoi il faut examiner la tendance
actuelle dans le système santé à savoir la Couverture Santé Universelle (CSU). Comme son
nom l’indique, ce système est de nature à favoriser l’accès aux services de santé pour tout
membre de la population et notamment ceux appartenant à des classes sociales
défavorisées. Pour arriver à cette finalité, on est en présence de fonctions sur lesquels se
basent ce système et on va focaliser l’analyse sur leurs liens avec la conception du Micro-
Takaful.

 Communication : incitation des parties prenantes à adhérer au CSU et au produit


Micro-Takaful comme partie de ce système. Il s’agit de la mobilisation sociale des
différentes autorités et de la communication des spécificités de ce produit par
rapport aux modes classiques
 Enrôlement et immatriculation : c’est l’identification et l’enregistrement du
bénéficiaire sur le système. Le recours est fait au système informatique pour
l’enregistrement et la validation et éviter ainsi les erreurs et les mauvaises
manipulations. On propose ici d’ajouter une catégorie spécifique aux bénéficiaires du
Micro-Takaful pour prendre en considération leurs caractéristiques et spécificités.
 Collecte des contributions sociales : Parmi les sources de financement énumérées par
le ministère des finances la plus adéquate pour le projet est celle des subventions.
Les ressources seront collectées par les structures non gouvernementales qui sont les
établissements de micro-finance.
Ceci est confirmé par la validation de l’architecture du système de la CSU en 2016 6
qui classe les contribuables selon leurs secteurs. La population cible de cette

6
RAPPORT : ETUDE TECHNIQUE DES ARTICULATIONS POSSIBLES ENTRE L’ORGANE NATIONAL EN CHARGE DE LA
GESTION DE LA COUVERTURE SANTE UNIVERSELLE (CSU) ET LES ORGANISMES DELEGUES POTENTIELS-2021

18
consultation appartient à la catégorie validée du secteur informel et agricole et dont
les contributions peuvent être gérés par les EMF.
 Contractualisation avec les prestataires de soins et service de santé (achat des
prestations) : cette fonction est aussi en alignement avec le projet Micro-Takaful
puisque le principe de base de la finance islamique réside dans l’achat de bien
physique et tangible qui correspond aux services de santé.
 Remboursements ou payement des prestataires de soins et services de santé : l’achat
des prestations de santé doit être accompagné de paiement avec la possibilité, en cas
de convention, de réduction du prix offert au public

Les différents intervenants dans la protection sociale et le système de santé sont regroupés
dans des groupements d’intérêt public appelés Fonds Régionaux de Promotion de la Santé
(FRPS). Ces fonds étaient au départ spécialisés dans l’achat des prestations de santé pour
contribuer ensuite à toute action de promotion de la santé en général. Il est régis par la Loi
N°2010/023 du 21 décembre 2010.

Outre cela on est en présence d’une stratégie de développement de la CSU au Cameroun qui
a été présentée dans le cadre d’un atelier tenue le 23 Juin 2020. Parmi les objectifs majeurs
la prise en considération de nouveaux survenus tel que le COVID-19 pour gérer la situation
pandémique au pays. On trouve aussi que parmi les axes stratégiques l’accessibbilité aux
services de santé pour toute la population sans contraintes financières. Les intervenants
insistaient aussi, dans cette stratégie, sur la qualité des services de santé et garantir le droit
humain d’accès aux services de santé en toute équité. Ces objectifs et axes stratégiques sont
en parfait alignement avec les objectifs du Micro-Takaful qui va contribuer à la promotion de
la santé pour une population cible bien définie qui sont les femmes enceintes vulnérables.
Dans ce même cadre, on peut évoquer le rapport OASIS qui contient une étude d’évaluation
du système de santé au Cameroun et la proposition de changements pour une amélioration
du système de santé. Ce rapport a été délivré avec l’appui technique et financier de l’OMS et
présente des recommandations dont principalement la mutualisation du risque et la garantie
d’un paquet essentiel de services de santé au plus grand nombre, et notamment les plus
vulnérables.7

7
L’OMS au Cameroun : Rapport annuel 2016

19
En plus, le rapport insistait sur la mise en commun de ressources financières avec délégation
de services de proximité (achat de prestation, contrôle…) à des institutions spécialisées.

Cette démarche est aussi en alignement avec le Micro-Takaful puisque les institutions
spécialisées seront les EMF et que ces dernières vont fournir ces services de proximité à
travers leurs réseaux tout en optant pour le modèle de la finance islamique d’achat des
prestations médicales au profit des catégories sociales défavorisées qui sont les femmes
enceintes vulnérables.

Cette investigation doit être complétée par un examen de la règlementation de la finance


islamique et du Takaful en particulier pour évaluer la conformité avec les règlementations
existantes.

1.3 Cadre règlementaire du Micro-Takaful

Le texte de référence dans cette étude est celui de la conférence interafricaine des marchés
d’assurances (CIMA) à savoir le règlement numéro 003/CIMA/PCMA/PCE/2019 portant
réglementation des opérations d’assurance Takaful dans les Etats membres de la CIMA. Ce
texte régit la règlementation des opérations d’assurance Takaful dans les états membres de
la CIMA. Il faut mentionner que le fait d’avoir un texte règlementaire relatif au Takaful ne
contredit pas l’application du Micro-Takaful puisque la différence réside seulement dans le
capital assuré, tout comme l’assurance classique ou conventionnelle. Sinon les principes
d’application et leurs mécanismes restent identiques. On trouve dans cette règlementation
des principes fondamentaux du Takaful qui sont rattachés à la spécificité de toute activité
faisant partie intégrante de l’industrie de la finance islamique en général. Il s’agit à titre
d’exemple de la séparation des fonds, de la conformité aux principes de la finance islamique,
de la nature des contrats, des obligations des parties contractantes… Ce qui est intéressant,
c’est que même en cas d’absence de texte ou disposition spécifique dans ce règlement,
l’institution financière peut appliquer des dispositions règlementaires communes tant
qu’elles ne sont pas contradictoires avec les principes de la finance islamique. Cette
« souplesse » règlementaire est de nature à rendre l’activité du Takaful plus flexible et
trouve ces sources même en dehors de ce texte règlementaire spécifique. L’article 903 du
règlement précité différencie deux méthodes d’exercice des activités Takaful :

20
 Avoir une institution financière d’assurance totalement islamique
 Commercialiser le produit Takaful via un guichet d’institution financière d’assurance
conventionnelle : Takaful Window

Le régulateur n’a pas précisé à se stade la possibilité des institutions de micro-finance à


fournir des services d’assurance et notamment celui du Takaful. Cependant, les articles 910
et 911 du même texte mentionnent l’obligation d’agrément pour l’exercice de l’activité
Takaful. Cet agrément ne se rapporte pas uniquement à l’activité en sa globalité mais il doit
se rapporter aussi à une ou plusieurs branches de l’assurance mentionnées dans l’article
913. En effet, l’obtention de l’agrément par les entreprises d’assurances Takaful et par les
entreprises d’assurance conventionnelle se fait branche par branche, les opérations
d’assurances étant classées soient dans la Branche Takaful Général, soit dans la branche
Takaful Famille

Les mécanismes de ce projet s’inscrivent principalement dans les catégories suivantes :

- Maladie
- Crédit : microcrédits pour créer des activités génératrices de revenus
- Nuptialité- natalité

Outre l’exigence d’agrément, il existe des conditions spécifiques imposées par le régulateur
qui devront être appliquées par les EMF au moment de la commercialisation du Produit
Micro-Takaful, pour une meilleure diversification de l’activité. . Ces obligations couvrent des
aspects liés au :

 Système de gouvernance : supervision charaïque et désignation de comité de


surveillance et d’auditeur interne
 Système comptable
 Mention à intervenir dans les contrats

Ces exigences seront encore plus présentées dans la partie réservée aux réformes des EMF
qui vont implémenter ces mécanismes et qui serviront comme guide pratique pour ces
institutions financières dans le cadre de ce projet.

21
D’un autre coté les institutions de normalisation internationales en finance islamique se sont
prononcées sur l’activité de Takaful au niveau supervision et contrôle. C’est le cas de l’IFSB
(Islamic Financial Services Board) qui a publié un texte de recommandation sur cette activité.

Ces précisions sont faites afin de confronter la règlementation applicable au Cameroun avec
les tendances règlementaires internationales dans ce domaine. En effet, les points qui sont
évoqués dans la règlementation internationale du Micro-Takaful sont en alignement avec ce
quia été évoqué dans le règlement Takaful applicable au Cameroun. C’est le cas notamment
de :

-Système de gouvernance : qui prend en considération la spécificité de l’institution


financière qui va fournir ce service de Micro-Takaful

- De la règlementation financière et prudentielle : il s’agit principalement :

 Des exigences en matière de conformité avec la Shariah et les principes de la finance


islamique,
 De l’Exigence relative à la séparation des fonds des participants et des gestionnaires
du fonds Takaful,
 Du partage de l’excédent Takaful,
 De la gestion des risques inhérents aux produits Micro-Takaful.

-De la transparence et de la divulgation sur le marché des informations financières,

Il faut noter qu’au niveau des licences et agréments la pratique règlementaire internationale
ne mentionne pas actuellement une obligation de licence spécifique pour exercer l’activité
du Micro-Takaful. Ce produit peut être commercialisé par les institutions financières sans
spécificité de ce produit. L’exigence réside dans le capital minimum, le business plan de
l’activité et les fonds nécessaires pour absorber les risques générés par l’activité Micro-
Takaful.

Ces obligations ont été également mentionnées dans le règlement des pays CIMA ; ce qui
plaide en faveur d’un alignement avec les recommandations et exigences internationales en
la matière. Outre cela l’approche adoptée qui consiste à utiliser le réseau des EMF pour la

22
délivrance de ces produits est aussi une démarche qui a été appliquée à l’échelle
internationale. C’est le cas du marché financier à Sri Lanka. Dans ce pays, en prenant en
considération les couts d’implémentation d’institutions spécifiques de Micro-Takaful, les
caractéristiques de la population cible et l’environnement d’exercice des produits, les
autorités règlementaires ont décidé de livrer ce produits dans les institutions de micro-
finance existantes. Dans ce cadre le comité d’assurance au Sri Lanka qui représente l’autorité
règlementaire du secteur de l’assurance a publié une circulaire pour autoriser légalement les
institutions de micro-finance à commercialiser les produits Micro-Takaful.

Rien ne s’oppose, au regard du cadre réglementaire camerounais en la matière, a ce que le


les autorités compétentes au Cameroun emprunte la même voie que le Sri Lanka, en
élaborant et publiant une lettre circulaire qui autoriserait les institutions de micro finance à
offrir les produits Takaful, par assimilation aux entreprises d’assurance conventionnelles
évoqués dans le Règlement Cima précité.

Recommandation Règlementaire 1 :

Publier une circulaire qui autorise les établissements de micro-finance à


commercialiser les produits Takaful. Ceci pourra inclure les EMF islamiques et les EMF
conventionnels e sous forme de guichet islamique.

1.4 Récapitulatif suite à l’analyse règlementaire :

Le récapitulatif général de cette investigation règlementaire détaillée est encourageant sur


les trois plans de recherche qualifiés de « 3C » à savoir :

 Cadre règlementaire de la micro-finance


 Cadre règlementaire de la protection sociale
 Cadre règlementaire de l’industrie Takaful

Le recoupement entre ces différentes règlementations et leurs interactions avec les


mécanismes du Micro-Takaful sont résumés dans le diagramme suivant :

23
-Figure 1 : Cadre règlementaire du Micro-Takaful-

 On remarque que l’exercice du Takaful doit être fait par des établissements de
Takaful ou des assurances conventionnelles sous forme de guichet islamique.
Cependant, dans notre cas, et puisque les activités de micro-finance (notamment de
l’épargne et de l’achat de biens et services) sont compatibles avec les besoins du
projet, on propose de s’abstenir à la question d’agrément et de gérer ce produit via
les modalités déjà autorisées par les EMF. Ceci permettra d’économiser le temps
d’attente d’obtention d’agrément spécifique et d’obtenir les résultats escomptés à
travers les mécanismes existants autorisés par le régulateur et qui ne sont pas en
contradiction avec les principes de la finance islamique.

24
Recommandation Règlementaire 2 :

Implémenter le produit Micro-Takaful à travers les mécanismes règlementaires existants qui


sont satisfaisants et conformes au Règlement CiMA, pour mener les opérations de prise en
charge médicale en conformité avec les principes de la finance islamique.

2. Conception du produit Micro-Takaful :

Cette partie de l’étude représente un pilier fondamental dans cette mission de consulting. En
effet, elle va englober des aspects pratiques liés à la finance islamique et au produit désiré
en particulier.

2.1 Lexique Finance Islamique

Ceci représente un extrait des principales notions utilisées en finance islamique. Il servira
comme mini dictionnaire pour les institutions financières islamiques ou aussi
conventionnelles qui vont ouvrir un guichet islamique pour ce produit.

Terme/Notion Significations
Ce terme est le synonyme d’augmentation en langue arabe. Dans le
contexte financier il qualifie toute augmentation non justifiée au début du
Riba crédit (argent objet du contrat) ou aussi les pénalités de retard en cas de
retard de remboursement.
Incertitude. Opération financière dont le sort est méconnu et qui rend le
Gharar contrat invalide
Hasard qui règne la transaction financière et qui rend le contrat invalide
Mayssir
Mourabaha Opération de vente précédée par une opération d’achat du même bien
pour donneur dont le cout de revient est connu, la marge bénéficiaire et la période de
d’ordre remboursement sont fixés
Moudharabah Opération commune entre des parties dont l’une apporte l’argent et
l’autre le savoir-faire. Les pertes sont supportées par les apporteurs de
fonds sauf en cas de négligence. Les bénéfices sont partagés suivant des

25
clés de répartition prédéterminés.
Moucharakah Opération commune où toutes les parties apportent les fonds et le
savoir- faire. Les pertes sont supportées selon les apports de fonds et les
gains suivant des clés de répartition prédéterminées.
Wakalah Contrat de mandat dans le quel le mandataire reçoit une commission en
contrepartie de gestion de fonds
Wakf Moyen de solidarité en finance islamique dans lequel le propriétaire cède le bien
pour l’usage collectif sou forme de transfert de propriété et d’usufruit pour une
finalité précisée (éducation, santé, orphelins…)

Il faut mentionner que ce mini dictionnaire pourra être alimenté par d’autres éléments
suivant les termes qui seront utilisés dans les clauses du contrat et qui va contribuer à la
mobilisation communautaire et sociale du Micro-Takaful. En plus, le fait de présenter les
notions devront être complétées par des actions de renforcement du capital humain
notamment via les formations qui présentent les aspects théoriques et pratiques de
l’industrie et contribuent ainsi à la vulgarisation auprès d’une large population intervenante
dans les différentes phases d’implémentation.

Dans ce qui suit on va présenter les différents modèles et montages financiers des produits
Micro-Takaful que les EMF peuvent suivre pour instaurer les produits de couverture santé
via le Micro-Takaful. Dans tous les modèles et montages présentés la séparation entre le
fonds des participants et le fonds des associés représente le point commun important qui
doit être respecté pour garantir la transparence et la conformité charaïque du contrat. De
plus, les modèles présentés seront basés sur la subvention qui sera versée comme fond
initial des participants et à la fin on trouvera un modèle générateur de revenu pour ne pas se
contenter du fonds initial déposé.

26
2.2 Micro-Takaful modèle Wakalah :

Selon ce modèle le fournisseur du service Micro-Takaful et les participants constituent une


relation de mandant-mandataire ou aussi agent-principal. L’EMF va gérer les investissements
et les risques des participants moyennant une commission indépendante des profits
éventuels générés par les fonds des participants. Cette commission est généralement
divulguée sous forme de pourcentage des contributions. Elle doit être mentionnée au début
de l’affaire et stipulée dans le contrat. Cette commission est aussi calculée suivant les frais
de gestion engagée et le profit marginal de l’EMF. En plus de cette somme, l’EMF peut avoir
une somme supplémentaire liée à la performance réalisée dans la gestion de fonds. C'est-à-
dire, en ayant un rendement supérieur à celui estimé, l’institution financière reçoit une
prime de performance supplémentaire par rapport à la commission agréée. Dans notre cas
et puisque la population cible est une catégorie sociale défavorisée, on propose une seule
commission sans prime de performance et cette même commission doit être déterminée en
essayant de couvrir les frais de gestion et avoir le cas échéant un profit marginal minimal
puisque l’objectif derrière l’implémentation est social plus que lucratif.

2.3 Micro – Takaful modèle Wakalah - Moudharabah :

Dans ce modèle l’EMF va agir en tant que mandataire et Mudharib en même temps. C'est-à-
dire que l’institution financière va gérer le fonds des participants et les investissements
afférents moyennant une commission de gestion prédéterminée et une part des bénéfices
éventuels générés suivant une clé de répartition prédéterminée. Le restant, soustraction
faite de ces éléments, constitue l’excédent ou surplus Takaful qui revient aux participants.

2.4 Micro – Takaful modèle Moudharabah :

Dans ce modèle l’EMF va gérer le fonds des participants sans commission effective de
gestion. Le profit de l’opération sera une part des bénéfices générés des investissements
suivant des clés de répartition prédéterminés.

2.5 Micro – Takaful modèle Wakf – Wakalah :

Selon ce modèle, les fonds reçus pour initier l’implémentation du produit sont logés dans un
compte nommé fonds « Wakf ». Ce fond est dédié à une finalité déterminée qui est la
contribution à la protection sociale de cette population considérée vulnérable. Tout
27
investissement de ce fonds et les profits éventuels générés vont servir à la même finalité.
L’EMF concerné va jouer le rôle de mandataire pour investir, superviser et gérer les risques
éventuels. En contrepartie, l’institution financière va recevoir une commission de gestion.

2.6 Choix du modèle du projet :

 On peut remarquer que les différents modèles sont très proches et que les
différences résident dans le contrat qui sera utilisé. En effet, chaque mode de
financement doit avoir des clauses qui lui sont propres et on ne peut pas avoir deux
produits financiers différents dans le même contrat suivant les principes de la finance
islamique.
 Compte tenu de la spécificité de la population qui va bénéficier du produit Micro-
Takaful et du caractère social du produit, le modèle proposé est celui basé sur la
Wakalah puisque l’EMF agira en tant que mandataire et se contentera d’une
commission de gestion qui couvre les dépenses administratives et une part de profit
forfaitaire comme encouragement à l’implication dans ce projet social.
 Pour ce qui est l’acquisition des prestations de santé, on propose un modèle
intéressant basé sur la Mousawamah. Il consiste à acheter le service de santé avec le
prix public affiché moins une remise octroyée (à travers les fonds propres de l’EMF)
et le revendre au bénéficiaire définitif pour le prix affiché et le remboursement sera
fait par le fonds des participants. Ceci permet d’avoir une incitation supplémentaire à
travers le profit supplémentaire pour l’EMF (remise obtenue) et aussi favoriser plus
de communication à travers les conventions de partenariat et leurs médiatisations.

A/Montage financier du produit :


Le fonds des participants dans le montage financier du produit est d’habitude alimenté par
les cotisations des participants. Dans le contexte actuel du projet, il sera alimenté par les
fonds ou subventions reçues ; et une fois cette population a réussi à avoir des activités
génératrices de revenus (et ceci est parmi les objectifs du projet) elles vont avoir la
possibilité de verser elles-mêmes leurs contributions même en faible pourcentage comme
début.

28
-Figure 2 : Montage du Produit-

La commission Wakalah est exprimée en pourcentage des contributions des participants.


Dans notre cas, elle doit être, comme première étape, fixée en suivant un accord entre l’EMF
et les parties prenantes du projet. Ceci fera l’objet d’indication dans les étapes
d’implémentation dans le plan détaillé de mise en œuvre des mécanismes. Dans ce qui suit
on va présenter la fiche produit qui va servir au grand public pour comprendre et
commercialiser les produits du Micro-Takaful.

Autofinancement : La délivrance du produit Micro-Takaful est conditionnée par une avance


ou autofinancement de l’ordre de 10% du montant de la prestation.

A titre d’exemple :

Le chèque santé coute 6.000 FCFA

Autofinancement : 6.000*10%= 600 FCFA comme contribution préalable

29
Fiche Produit prise en charge médicale :

Présentation du produit
Dénomination Micro-Takaful Santé

Objet Permettre aux femmes enceintes d’accéder aux


services de santé via une prise en charge des
honoraires et des dépenses de santé

Cible  Femmes enceintes vulnérables

Lieu 11 districts de santé des régions de :


L’ADAMAOUA, DU NORD ET DE L’EXTREME-NORD

Nature du produit Micro-Takaful à travers le modèle Wakalah et


acquisition des prestations via Mousawamah

Tarification Commission à prélever fixée d’un commun accord

Préalables -Conventions avec le cheque santé et des


prestataires de santé dans les District de santé
indiqués
- adhérer à une association reconnue
Justificatif de la situation familiale de la bénéficiaire
- Ne bénéficie pas d’autres régimes de protection
sociale
-Autofinancement de 10% du montant de la
prestation

Argumentaires -Tarifs réduits à travers les conventions établis avec


le chèque santé les prestataires de santé
-Charge financière unique à travers la commission
prélevée
-Surplus Takaful qui revient au fonds des
participants

30
Architecture de prise en charge :

La prise en charge via le Micro-Takaful se fera à travers des associations reconnues.

Ce sont des femmes qui se regroupent au sein des organisations soit par filiation ou tout
simplement par intérêt. Ces dames peuvent êtres des femmes enceintes ou non. Leur
adhésion se fait de manière groupée lorsqu’elle présente un pôle d’intérêt commun
(vendeuse agricultrice, etc…).

Il serait important qu’elles soient localisées au sein des districts de santés cibles pour
être éligibles, cependant une extension peut être envisagé en fonction des réalités du
terrain.

L’existence d’une caisse santé au sein de l’association doit être une condition préalable du
choix de l’association pour une probable contractualisation avec l’institution de microfinance
compétente.

Leur rôle principal est de :

- Faciliter les adhésions des membres par une sensibilisation de proximité des femmes
de leurs territoire de compétence ;

- Enregistrer les femmes adhérentes dans leurs bases de données (registre)

- Collecter les contributions de leurs membre afin de les reverser ;

- Créer des caisses santé au sein de leurs associations ;

- De contractualiser avec la microfinance ;

Ces associations, doivent avoir une existence légale pour être éligible au projet ceci, permet
de limiter les risques liés à la gestion des fonds collecté par ces dernières et d’être en règle
avec l’administration et les lois et règlements en vigueur dans le pays.

31
Avantages :

- Adhésion groupée ;

- Maitrise de la population de couverte ;

- Contractualisation avec des structures légales ;

- Mobilisation sociale des communautés ;

- Couverture des quotas des cotisations des membres (loi sur les associations).

B/ Autres champs d’intervention du produit Micro-Takaful :


L’objectif principal de cette consultation est la prise en charge des prestations médicales via
le produit Micro-Takaful. Néanmoins ce produit peut être utilisé pour cette même
population cible pour des services connexes qui peuvent améliorer leurs situations
financières et les aider à intégrer le système de protection sociale avec des activités
génératrices de revenus surtout dans ce contexte de crise pandémique du COVID-19. Dans
ce qui suit on va présenter ces alternatives financières.

B.1 Micro-Takaful Tamouil (assurance du financement) :


Le produit Micro-Takaful tel que conçu et présenté peut aussi servir à couvrir les risques de
remboursement de micro-financements par les femmes enceintes vulnérables. Ces
financements peuvent être accordés après études de dossiers et présence éventuelle de
garants notamment à travers le fond des participants. Ce fonds peut être aussi alimenté par
les donneurs de Zakat en numéraire. En effet, suivant les principes de la finance islamique, le
collecteur de Zakat (individu ou institution) peut avoir une commission fixée en contrepartie
de la gestion des fonds reçus et leurs distributions. Ce produit représente une solidarité en
cas de non remboursement pour force majeur de la dette envers l’EMF. Les micros –
financements seront principalement dans le domaine de l’agriculture puisque c’est l’activité
principale des femmes dans les 11 districts de santé objet de l’étude. Les modes de
financement utilisés seront principalement suivant trois modèles selon le choix de l’EMF :

- Produit Salam : Il consiste à acheter des produits agricoles par un prix comptant payé par
l’EMF et la livraison du produit sera retardé au moment de la récolte. L’EMF va ensuite
vendre ce produit avec un prix supérieur et les femmes clientes vont utiliser la somme

32
initiale comme fonds de roulement pour conduire au mieux la saison agricole et les
différentes dépenses.

- Produit Mourabahah : ceci consiste à une opération d’achat de fournitures ou matériel


nécessaires dont le prix de revient est connu et la revente avec une marge bénéficiaire fixe
au profit des femmes enceintes vulnérables. Le remboursement est décalé via une période
de grâce afin de leur permettre de récolter leurs produits et les vendre. L’EMF les aidera à
travers des agents d’affaire qui vont faciliter l’accès aux circuits de distribution.

- Produit Mousawamah : ce produit est semblable celui de la Mourabahah avec la


différence que le coût de revient n’est pas nécessairement connu par le client final. En
d’autres termes, l’EMF va faire des conventions avec des fournisseurs qui vont accorder à
leurs tours des remises à ces institutions financières. Lors de l’établissement du contrat
l’EMF achète le produit ou service avec le prix affiché moins la remise et va vendre au client
final avec un prix de vente égal au prix affiché. Le résultat obtenu est que la population cible
défavorisée a eu accès à des produits et/ou services avec un tarif affiché qu’elle va payer sur
des mensualités sans majoration et avec la période de grâce tout comme dans le contrat
Mourabahah.

B.2 Micro-Takaful Epargne :

Dans le même cadre du produit Micro-Takaful qui va servir pour la prise en charge médicale,
on propose un schéma financier qui va favoriser l’accès des femmes enceintes aux services
de santé. Il s’agit de l’épargne santé qui va être utilisé une fois la femme a atteint l’âge de
procréation. Ceci peut être fait par le père qui a eu une fille même avec des versements
périodiques qui ne sont pas importants pour lui garantir un capital ou une pension une fois
elle a atteint un âge où elle a besoin d’accéder aux services de santé de la reproduction.
Outre le père ces versements peuvent être faits par n’importe quel allié de la femme qui a
un revenu stable et qui veut être solidaire et présenter son soutien financier à la personne
défavorisée. C’est une démarche qui ne représente pas une prise en charge directe mais qui
fait partie de la planification pour le bien être futur d’intégration dans le système de
protection sociale. L’avantage de tel produis est que les sommes déposées sont fructifiées à
travers les investissements des EMF et les clés de répartition des bénéfices éventuels sont

33
plus importantes du côté de la femme (ou la personne qui la représente) et au moment de
l’utilisation des fonds on va avoir un montant qui a augmenté et l’accès aux services de santé
va être plus favorisé.

3. Réformes Etablissements de Micro-Finance

L’introduction des mécanismes du Micro-Takaful implique des changements éventuels pour


les EMF qui vont commercialiser ces produits. En prenant en considération que la finance
islamique présente des différences et spécificités par rapport à la finance conventionnelle, il
est important de présenter les impacts sur les institutions financières potentielles.

3.1 Système de Gouvernance

L’impact majeur d’introduction de produit financier islamique dans une institution financière
conventionnelle est la constitution de comité spécialisé appelé comité Chari’ah suivant le
règlement Takaful. C’est un comité indépendant constitué d’experts en finance islamique
pour étudier et superviser la conformité des opérations financières avec les principes de la
finance islamique. La constitution de ce comité est un préalable puisque la
commercialisation du produit nécessite un certificat d’approbation ou de conformité qui
ajoute de la crédibilité au processus et au nouveau produit vis-à-vis des utilisateurs et
différentes parties prenantes. Ce comité est généralement composé de trois membres mais
comme point de départ, il peut être constitué d’un superviseur, avec l’intention d’alimenter
ce comité par d’autres membres progressivement. Il faut mentionner que cet organe de
supervision est indépendant et doit être rattaché dans l’organigramme directement au
conseil d’administration. Ses décisions sont obligatoires et doivent être appliquées par tous
les organes de gestion de l’EMF. Les interventions peuvent être regroupées en trois niveaux :

 Avant la l’offre du produit : pour s’assurer de la conformité avec les principes de la


finance islamique
 Pendant la commercialisation : pour s’assurer de la bonne application même à
travers l’ordre chronologique des opérations qui impacte la conformité.
 Après la commercialisation : c’est un rôle de contrôle et d’amélioration éventuelle
des procédures liées au produit.

34
Outre le comité de surveillance, l’EMF peut nommer un auditeur interne charaïque. Son rôle
est lié aux investigations courantes (tout comme l’auditeur financier interne) et de reporter
au comité de surveillance. Pour assurer ce rôle l’employé doit être formé dans le domaine de
la finance islamique, les normes charaïques et l’audit pour effectuer les tâches qui lui sont
confiées avec efficience.

La rémunération des superviseurs de la finance islamique diffère selon que l’expert


intervient en tant que consultant rattaché au conseil d’administration ou auditeur charaïque
interne.

 Expert en finance islamique rattaché au conseil d’administration : il ne perçoit pas un


salaire mais plutôt rémunéré par mission d’intervention : Conseil, Examen de
contrats, développement de produits, formations… Il est payé par les propres
ressources de l’EMF ou aussi à travers le fonds des participants puisque sa
rémunération représente une dépense réelle engagée par l’EMF pour la gestion du
fonds Micro-Takaful.
 Auditeur Charaïque : Il est considéré comme un salarié permanant de l’EMF (tout
comme l’auditeur financier) et il sera payé par les ressources propres de l’EMF
comme tous les salariés de l’institution.

Recommandation :

Faire recours à un expert suivant la première formule de consultant pour éviter une
charge financière régulière que l’EMF va supporter et vu que les interventions seront
juste pour le fonds Micro-Takaful et non pas toutes les activités de l’institution
financière.

En plus, l’EMF, considéré comme mandant des participants doit assurer une transparence au
niveau des investissements des fonds des participants. Ces derniers sont considérés comme
des investisseurs et leurs fonds doivent être gérés sans négligence même s’ils proviennent
de subventions.

Le rapport annuel et toute divulgation de l’information financière doit comporter un rapport


spécial de ce comité de surveillance indiquant les remarques, résultats d’investigations,

35
propositions d’amélioration des procédures et montages utilisées pour le produit Micro-
Takaful.

Ceci nous conduit vers les impacts en matière de normes et standards de comptabilité que
les EMF doivent appliquer pour représenter une image fidèle du produit Micro-Takaful.

Il faut signaler que tous ces changements en matière de gouvernance d’entreprise doivent
être mentionnés dans le manuel des procédures de l’EMF et dans ses codes de conduite afin
d’informer les parties prenantes (même internes) des impacts de l’offre du Micro-Takaful sur
leurs statuts, leurs procédures et même leurs organisations en matière d’organigramme et
attributions de fonctions.

3.2 Réformes Comptables

La spécificité du montage technique et financier du Micro-Takaful implique une adaptation


des normes comptables applicables pour prendre en considération cette distinction. Ceci est
de nature à rendre tout le mécanisme plus transparent et plus conforme à l’objectif auquel il
a été adopté et implémenté. Les standards de comptabilité dans l’industrie de la finance
islamique sont principalement ceux issus de l’AAOIFI (Accounting and Auditing Organization
for Islamic Financial Institutions). Les normes comptables existantes de l’EMF ne seront pas
évidemment abrogées mais elles seront plutôt enrichies par des normes internationales liées
au domaine du Takaful qui sont aussi applicables au Micro-Takaful objet de ce rapport.

Les réformes comptables peuvent être classées principalement en deux catégories :

 Les obligations de divulgation comptable


 Les obligations comptables liées au guichet islamique

A/ Divulgation Comptable (standards 12 et 13 de l’AAOIFI) :

36
La divulgation comptable consiste à présenter et développer les politiques comptables
utilisées par l’EMF pour refléter l’image fidèle et la transparence dans les différentes
transactions liées au nouveau produit du Micro-Takaful. Ces procédures comptables sont
nombreuses puisque les standards issus de l’AAOIFI essayent de couvrir tous les aspects avec
les différentes structures juridiques et les emplacements géographiques des institutions en
question. Notre apport consiste à délimiter les politiques comptables pour couvrir
seulement les changements nécessaires aux EMF en prenant en considération les spécificités
liées au projet et aux zones d’implémentation. Ces procédures vont être ajoutées au manuel
de procédure existant de l’EMF et apparaitre aussi dans les rapports annuels futurs après
achèvement de l’implémentation du produit.

 Comptabilisation des fonds des participants et leurs sources respectives


 Comptabilisation des couts engendrés pour l’acquisition des prestations de santé au
profit des participants
 Comptabilisation des commissions liées au contrat Wakalah entre l’EMF et les
participants
 Comptabilisation éventuelle de politique différente avec les principes de la
comptabilité islamique et dont l’application est obligatoire
 Comptabilisation des produits et revenus générés par l’investissement des fonds des
participants
 Séparation comptable des opérations liées au Micro-Takaful des autres opérations
financières conventionnelles effectuées par l’EMF
 Divulgation des secteurs dans lesquels les fonds ont été investis avec précision de la
stratégie de concentration éventuelle : dans notre cas le secteur d’investissement est
celui de l’agriculture et l’élevage qui sont les secteurs les plus répandus dans les
districts objet de l’étude.
 Comptabilisation des provisions éventuelles en cas de risque lié au fonds des
participants
 Divulgation de la date à laquelle le produit a été officiellement implémenté pour un
souci de respect du principe comptable de la comparabilité et la périodicité
 Tout changement de politique comptable doit être accompagné de divulgation
immédiate pour évaluer son impact éventuel

37
Ces nouvelles politiques comptables auront un impact sur la présentation des états
financiers des EMF qui sont :

 Au niveau du bilan : En plus des rubriques habituelles qui sont les actifs, passifs et
capitaux propres, on doit avoir les fonds des participants qui proviennent
généralement de subventions et de bailleurs sous forme de charités comme forme
de solidarité. Ces fonds figurent au niveau du bilan mais leurs explications (origines,
champs d’investissements, domaines d’utilisations) doivent être mentionnées au
niveau des notes explicatives des états financiers. Les droits des participants et les
profits des bénéfices des investissements qui reviennent aussi aux participants
doivent être mentionnés dans une rubrique indépendante entre les passifs et les
fonds propres des actionnaires.
 Au niveau de l’état des revenus et dépenses des participants : ceci est un état
financier additionnel qui doit être préparé et publié et qui se rapporte exclusivement
au produit Micro-Takaful. Il doit contenir :
- Le montant global des fonds des participants
- Sources d’alimentation du fonds
- Commissions de gestion du fonds
- Montant total des prises en charge pour la période en question
- Profits des investissements
- Provisions
- Surplus/Excédent ou déficit du fonds pour la période
 Au niveau de l’état de résultat : on va juste ajouter une rubrique concernant la
commission de gestion de fonds et les profits générés par les opérations de micro-
financement pour l’achat des prestations médicales sous forme de remises
obtenues.
 Au niveau de l’état de flux de trésorerie : ajout des flux liés aux paiements des achats
de services de santé et des flux entrants des bénéfices des investissements.

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 Au niveau de l’état des excédents/déficits des fonds des participants : ceci est aussi
un état financier additionnel qui va comporter :
- Solde excédent/déficit au début de la période comptable
- Solde excédent/déficit de la période
- Total excédent/déficit
- Distributions éventuelles
- Solde de fin de période

B/Les obligations comptables liées au guichet islamique (standard 18 -AAOIFI-)

Dans le cadre de ce projet, l’offre du produit par l’EMF fait partie d’une exploitation de
réseau conventionnel. C'est-à-dire il n’y a pas une filiale indépendante dédiée exclusivement
à ce produit. Ceci permet de faire des économies d’échelle et de profiter du savoir-faire
existant pour transmettre l’information aux bénéficiaires des districts cibles. L’appartenance
à cette catégorie de guichet islamique implique les changements comptables suivants :

 Publication d’un rapport détaillé indépendant dans les notes explicatives aux états
financiers sur les fonds reçus dans le cadre du Micro-Takaful et les actifs financés ou
utilisés par ces fonds
 Publication d’un rapport détaillé indépendant dans les notes explicatives aux états
financiers sur les produits et les charges afférentes incluant éventuellement les
provisions
 Divulgation des politiques comptables suivies pour mesurer et comparer les actifs et
passifs de l’EMF
 Rapport charaïque associé au rapport annuel et dans le cas où l’EMF ne désigne pas
tout un comité (se contenter d’un consultant charaïque puisque c’est un projet à
vocation social) ceci doit être expliqué et présenter dans le rapport annuel de
l’institution
 Divulgation comptable sur la mixtion ou non des fonds et la mesure du pourcentage
des opérations islamiques par rapport à l’activité conventionnelle.

39
4. Mécanismes d’accès des femmes enceintes vulnérables aux services de
santé

L’objectif majeur de ce projet est de favoriser l’accès des femmes enceintes vulnérables aux
services de santé pour le bénéfice des soins de santé maternelle, néonatale et infantile.
Cette population cible est considérée comme défavorisée puisqu’elle ne peut pas supporter
les coûts financiers liés à la procréation tels que les visites médicales, les analyses, les
interventions chirurgicales, les médicaments… Ces prestations médicales ne concernent pas
seulement les futures mamans mais aussi les nouveaux nés et les enfants. Cette situation se
complique davantage avec les conséquences de la crise pandémique du COVID-19. Dans
cette partie on va présenter les mécanismes qui seront mis à disposition de cette catégorie
de la population pour leur permettred’accéder aux services de santé via le micro –Takaful.

4.1 Système des contributions :

Les contributions dans ce cadre représentent le fonds des participants gérés par l’EMF. Ce
système passe par deux phases. La première est relative aux femmes enceintes vulnérables
sans revenus stables et la deuxième correspond à cette même population mais avec des
revenus à travers des activités financées par l’EMF.

 Population cible sans revenus : les contributions correspondent au fonds


initial collecté auquel est ajouté les subventions de toutes les catégories
(bailleurs, charités…). Le plafond de prise en charge médicale est identique à
toutes les femmes appartenant à cette catégorie
 Population cible avec revenus : on entend par revenu même une
rémunération journalière acquise suite au financement d’activité génératrice
de revenus. Dans ce cas le plafond de prise en charge médicale va différer
selon la contribution supplémentaire. Si cette rémunération ne permet pas

40
d’ajouter une contribution individuelle, le plafond restera le même que celui
de la première catégorie commune.

Il faut mentionner que les contributions sont collectées suivant deux phases :

- Première phase : fonds initial reçu dans le cadre du projet


- Deuxième phase : versement volontaire de charités, aides sociales par toute partie
(individuelle ou institutionnelle) à travers des actions de communication sociale

Les actions de communications sociales sont de mature à favoriser les conventions entre
l’EMF et les prestataires de santé afin de minimiser les coûts d’acquisition tel qu’expliqué
dans les parties précédentes.

Mise en commun et contrôle des contributions :

Comme indiqué dans les parties précédentes le fond des participants représente un panier
commun de solidarité entre les différentes bénéficiaires pour permettre de prendre en
charge les prestations médicales nécessaires. Le contrôle des contributions et des prises en
charges se fait à travers les procédures comptables évoquées et des rapports périodiques
(de préférence mensuels) sur la liste nominative des bénéficiaires, les prestations médicales,
les montants de prises en charge équivalentes, les stades de grossesse et/ou de l’enfant à
soigner pour éviter la double comptabilisation et le double emploi des ressources
disponibles. Ce contrôle périodique est effectué par l’auditeur interne financier et le
consultant charaïque pour s’assurer des finalités du produit.

4.2 Champs de couverture et système de prise en charge :

Le champ de couverture du produit Micro-Takaful couvre les prestations médicales liées à la


santé de la reproduction et de l’enfant. Ceci couvre les prestations médicales suivantes :

 Consultations avec les spécialistes médecins gynécologues


 Analyses biologiques de la reproduction
 Achat des médicaments prescrits sur ordonnances médicales
 Procréation médicalement assistée (à condition de na pas avoir d’enfants au moment
des prestations)

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 Suivi santé des nouveaux nés et des enfants dont le chef de famille ne possède pas
une assurance maladie et une source de revenu

Ceci peut être présenté comme étant les services du paquet de soin de la mère et de l’enfant
résumés comme suit :

 Avant la conception et pendant la grossesse


 A l’accouchement : En plus il faut la présence d’un personnel formé en soins du
nouveau-né ou d’un pédiatre pendant l’accouchement.
 Après l’accouchement (période estimé à huit semaines selon les normes
internationales de santé pour le bien-être de la mère et le nouveau né)8 :

- Soins immédiats du couple mère-nouveau-né

- Surveillance intensive et immédiate pendant les 6 premières heures de vie de la mère et du


nouveau-né,

- Suivi post -natal de la mère et du nouveau-né

- Identification et prise en charge précoce des signes de danger et affections mineures,

- Vaccinations du nouveau-né

- Administration de la vitamine A à la mère

- Poursuite la PTME (Prévention de la Transmission de la Mère à l’Enfant )

- Conseils sur la Planification Familiale, l’alimentation de la mère allaitante

- L’utilisation continue de fer et d’acide folique, utilisation de Moustiquaires Imprégnées

- Sensibilisation de l’accouchée/famille/communauté sur les soins à domicile du couple


mère-enfant, et l’identification précoce des signes de danger (mère/nouveau –né) et retour
immédiat à la formation sanitaire.

- Planification des rendez –vous réguliers des consultations post-natales intégrés du couple
mère et nouveau- né.
8
Soins liés à la grossesse, à l’accouchement et à la période néonatale: Guide de pratiques essentielles -
Organisation mondiale de la Santé Genève 2003-

42
Le système de prise en charge consiste à avoir l’équivalent des coûts des prestations de
santé. Il diffère selon les districts de santé et l’infrastructure de santé dont elles disposent.

 Districts avec chèque santé : Dans ce cas l’EMF procèdera à l’achat de chèque santé
et la revente au bénéficiaire suivant les montages financiers présentés. Le chèque
santé coûte 6000 FCFA et ouvre droit à quatre catégories de prestations. Si la
patiente aura besoin de prestations complémentaires exceptionnelles une étude au
cas par cas pour accorder d’autre chèque santé pour couvrir ces services nécessaires
additionnels.
 Districts sans chèques santé : Les autres districts présentent des structures sanitaires
mais sans le mécanisme chèque santé. Dans ce cas le financement des prestations de
santé se fait par des acquisitions directes auprès des structures sanitaires. Il s’agit
entre autres des kits obstétricaux.
En d’autres termes les femmes enceintes vont apporter un « devis » global qui inclut
l’offre de prix des différentes prestations nécessaires. Le contrôle du devis est
effectué par un médecin de contrôle avec lequel l’EMF a effectué une convention
pour telle prestation. Ceci est semblable au mécanisme de contre visite effectué par
les compagnies d’assurance pour s’assurer de l’exactitude des montants des
prestations. L’EMF va constituer une ligne de financement pour les bénéficiaires et va
délivrer une lettre d’engagement qui va servir comme promesse de paiement et
débloquer les sommes nécessaires. Ce mécanisme va s’appuyer sur les Fonds
régionaux de promotion de la santé et fera partie du plan opérationnel pour
concrétisation du produit.

4.3 Critères de choix du public cible :

43
Le dernier point dans cette partie est celui des critères de choix de la population cible. En
d’autres termes, qui saura en mesure de bénéficier des mécanismes Micro-Takaful pour la
prise en charge médicale. La réponse à cette question a été présentée tout au long du
développement des mécanismes dans les parties précédentes et la liste ci dessous est le
récapitulatif de ce qui a été évoqué.

Il faut mentionner que le ciblage peut être facilité à travers les associations présentes dans
les districts concernés. En effet, les associations peuvent disposer de listes nominatives de
femmes enceintes vulnérables qui ont besoin de ces services de santé. En plus cette
communication doit être réciproque entre les EMF et les associations pour communiquer la
liste des bénéficiaires et donner la possibilité à une population plus large d’en bénéficier.

Il s’agit principalement de conditions de sélections relatives aux femmes enceintes à savoir :

- Absence de revenu stable


- Chef de famille non affilié à un système de protection sociale
- Femmes pauvres réparées de fistules obstétricales
- Femmes affectées par le COVID-19

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Conclusion et perspectives :

Dans le cadre de ce rapport on a investigué les différents cadres règlementaires en relation


avec l’implémentation du Micro-Takaful à savoir celui de la micro-finance, le Takaful et le
système de protection sociale au Cameroun. En deuxième lieu on a présenté la conception
du produit ainsi que les réformes qui doivent être instauré par les établissements de micro-
finance. Enfin les mécanismes d’accès des femmes enceintes aux services de santé ont été
présentés tout en sachant que ces mécanismes sont développés tout au long du rapport
pour identifier comment les exploiter selon la phase du projet.

L’étape suivante consistera à avoir un plan opérationnel de réalisation qui regroupe toutes
les étapes à suivre ainsi qu’un suivi efficace et un tableau de bord de contrôle de
l’implémentation du produit et des mécanismes.

45

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