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Chapitre 5

Justification des planchers à dalles


alvéolées vis-à-vis de la flexion aux
ELS

Module Préfabrication- 3AGC-ENIT


Karim Miled
E-mail:Karim.Miled@enit.rnu.tn
Objectifs de justifications vis-à-vis des ELS

Garantir des conditions normales d’exploitation ou de


service et la durabilité des éléments fléchis en béton
précontraint. Pour se faire, il faut:
1- Limiter voire dans certains cas interdire la fissuration
du béton par traction limiter les contraintes de
traction dans le béton.
2- Interdire la compression excessive du béton
limiter les contraintes de compression dans le béton
3- Limiter les déformations limiter la flèche.

2
Principe et hypothèses de calcul vis-
à-vis des ELS
1- Les matériaux, à savoir le béton et l’acier de
précontrainte, ont un comportement élastique linéaire
=> on calcule les contraintes normales élastiques dans
la section en B.P. sous l’effet des sollicitations de
calcul et on vérifie qu’elles ne dépassent pas les
contraintes limites règlementaires (préconisées par le
CPT Planchers titre III)

2- Les contraintes de traction dans le béton sont


supposées modérées => le calcul se fait sur une
section en béton nette et non fissurée, c.-à-d. en se
basant sur les caractéristiques mécaniques des
« sections non fissurées ».
3
Notations
Considérons une dalle alvéolée (D.A.) de longueur (portée) l, de fibre moyenne (Gx)
horizontale et de plan moyen Gxy, fléchie et précontrainte dans ce plan. Gy (axe
vertical de symétrie de la section droite) et Gz sont les axes principaux d’inertie de
la section transversale de la D.A.

Section droite: caractéristiques géométriques et mécaniques


- b: largeur de la D.A.
- h: hauteur de la D.A.
- B : Aire de la section nette du béton de la D.A.
La section nette s’obtient en soustrayant
de la section brute la section totale des alvéoles.
- G : centre de gravité (CDG) de la y
section nette du béton de la D.A. v
- v et v’ : distances du CDG aux v
fibres extrêmes sup et inf; v+v’=h h G
v’ z
- I (=IGz) : moment d’inertie de la v
section nette du béton par rapport à b
l’axe (Gz).
- I/v et I/v’: modules d’inertie de la
section nette du béton par rapport à
l’axe (Gz).
- e0 : excentricité verticale (selon (Gy)) de l’armature ∑P e i 0i

moyenne de précontrainte comptée algébriquement P = ∑P


i
i et e 0 / Pe 0 = ∑P
i
i e0i ⇒ e0 = i

∑4 P i
(e0 < 0 quand l’armature est en dessous du CDG) i
Actions de calcul Notations
Précontrainte initiale (toutes pertes instantanées faites) : Pi (N)
Précontrainte finale (toutes pertes faites) : Pf (N)
Poids propre de la D.A.: G1 (N/m2)
Poids propre de la Dalle Collaborante Rapportée (DCR).: G2 (N/m2)
Surcharges permanentes : G3 (N/m2)
Surcharges d’exploitation : Q (N/m2)
Contraintes normales dans le béton
σ ( y = −v' ) = σ 1
Dn
σ ( y = e0 − − c) = σ 2
2
σ ( y = v) = σ 3
section d’enrobage: c’est la partie de la section droite qui est délimitée
par deux parallèles à l’axe de flexion encadrant l’ensemble des armatures
de précontrainte à une distance « c » valant selon les conditions d’exploitation:
- c =1cm pour des dalles situées dans des locaux couverts et clos et non
exposés aux condensations
- c = 3cm pour les dalles exposées aux intempéries ou aux condensations
- autre valeur résultant d’une étude particulière dans des cas d’exposition particulièrement
agressives
•La limitation des tractions est évidemment plus stricte à l’intérieur de Section d’enrobage
5
la section d’enrobage que sur le reste de la section droite.
Longueurs de scellement et longueurs
d’établissement de la précontrainte
• Longueur conventionnelle de scellement lcs
lcs = 75 Dn pour les torons lisses
lcs = 100 Dn pour les fils et torons à trois fils
Dn étant le diamètre nominal de l' armature
• Longueur nominale
µ
de scellement lsn σ
l sn = [ l cs + 2 ( 40 − f cr )] avec µ = pr

0 ,85 f prg
l cs et l sn sont exprimées en cm
σ pr est la tension (en MPa) des armatures avant leur détension

• Longueur d’établissement de la précontrainte le


le = lsn + d p
2 2

d p est la distance du CdG des armaturesde précontrainte à la fibre la plus éloignée


• Longueur maximale d’établissement de la précontrainte le1 :le1 = (1,2lsn ) 2 + d p
2

• Longueur minimale d’établissement de la précontrainte le2:


le 2 = (0,8lsn ) 2 + d p
2 6
1ème Phase: Mise en précontrainte des
dalles en usine

Détension des armatures après durcissement du béton (fcr ≥25MPa )


et transmission de l’effort de précontrainte au béton grâce à
l’adhérance acier-béton
Vérifications en situations provisoires
1ère Phase: Mise en précontrainte en usine
Actions de calcul: Précontrainte initiale (Pi, e0)
A la mise en précontrainte, la dalle alvéolée se trouve encore sur le banc de précontrainte =>
elle est soumise alors à la seule force de précontrainte (appliquée avec une excentricité e0
comptée algébriquement sur l’axe (Gy)) représentée dans le calcul par sa valeur initiale Pi
(toutes pertes instantanées faites).

• Sollicitations normales agissantes N ( x) = Pi et M ( x) = Pi e0


au niveau d’une section d’abscisse x:

• Contraintes normales dans le béton Pi Pi e0


au niveau d’une section d’abscisse x: σ ( y) = + y
B I
• Sections critiques de vérification: x ≥ le2 ∀x
• Contraintes normales limites : σ tp = −1,5 ftr ≤ σ ( y) ≤ σ cp = 2 fcr
3
fcr et ftr étant respectivement la résistance du béton à la compression et celle à la traction au
moment de la détension des armatures de précontrainte. 8
2ème Phase: Stockage des dalles en
usine
Vérifications en situations provisoires
2ème Phase: Stockage des dalles en usine
Actions de calcul: Précontrainte initiale (Pi, e0) et poids propre G1
Après la mise en précontrainte des dalles, celles-ci sont coupées à l’aide d’une scie selon les
portées du projet. Ensuite, elles sont évacuées du banc moyennant un engin de levage (un
palonnier ) et stockées en usine sur deux appuis linéaires en bois dits chevrons et disposés à une
distance l0 de deux bords de la dalle.
=> Ainsi, la dalle alvéolée est soumise à la précontrainte initiale (Pi, e0) et à son poids propre G1.
x=0 g1
x

l0 l-2l0 l0

• Sollicitations normales agissantes au N ( x) = Pi et M ( x) = Pi e0 + MG ( x) 1


niveau d’une section donnée d’abscisse x:
• Sections critiques de vérification: x = l0 si l0 f 0 et x = le2 si l0 = 0
• Contraintes normales dans le béton Pi Pi e0 + MG1 ( x)
au niveau d’une section donnée d’abscisse x: σ ( y) = + y
B I
• Contraintes normales limites : σ tp = −1,5 ftr ≤ σ ( y) ≤ σ cp = 23 fcr 10
3ème Phase: Transport des dalles vers le
chantier
Vérifications en situations provisoires
3ème Phase: Transport des dalles vers le chantier
Actions de calcul: (Pi, e0) et (G1, δ)
Lors du transport, la dalle alvéolée est soumise à la précontrainte initiale (Pi, e0) et à son poids
propre G1 affecté d’un coefficient de majoration dynamique δ pris égal forfaitairement à la
plus défavorable des valeurs 1,1 et 0,9.

x=0 1,1 g1 ou 0,9 g1


x
l
• Sollicitations normales agissantes N ( x) = Pi et M1 ( x) = Pi e0 + 1,1MG ( x) 1
au niveau d’une section donnée 
d’abscisse x: N ( x) = Pi et M 2 ( x) = Pi e0 + 0,9MG ( x) 1
l
• Section critique de vérification: x=
2 P M ( x)
• Contraintes normales dans le béton σ ( y) = i + i y (i = 1, 2)
au niveau d’une section donnée d’abscisse x: B I
• Contraintes normales limites : σ tp = −1,5 ftj ≤ σ ( y) ≤ σ cp = 23 fcj
12
fcj: résistance caractéristique du béton au moment du transport ( j ≥ 1)
4ème Phase: Pose et mise en œuvre des dalles sur
chantier
Vérifications en situations provisoires
4ème Phase: Mise en œuvre du plancher sur chantier
Actions de calcul: (Pi, e0), G1 et Qc
Lors de la phase de mise en œuvre du plancher sur chantier, la dalle alvéolée est soumise à la
précontrainte initiale (Pi, e0) , à son poids propre g1 et à une charge d’exploitation du chantier Qc
(poids des ouvriers et de leur petit matériel du chantier) prise égale forfaitairement à 50 daN/m2
Remarque: en cas de présence d’une Dalle Collaborante Rapportée DCR , il faut ajouter son
poids propre G2. En outre, dans ce cas, Qc = 100 daN/m2
x=0 g1 + qc
x
l
l
• Section critique de vérification: x =
2
• Sollicitations normales agissantes l l (G1 + Qc )bl2
de calcul :
N ( ) = Pi et M ( ) = Pi e0 +
2 2 8
l
M( )
• Contraintes normales dans le béton P
σ ( y) = i + 2 y
au niveau d’une section donnée d’abscisse x: B I
• Contraintes normales limites en section Dn
d’enrobage: σ tp = −0,75 ftj ≤ σ 2 = σ ( y = e0 − ( + c)) ≤ σ cp = 2 14fcj
3
f : résistance caractéristique du béton au moment de la mise en œuvre 2 ( j ≥ 2)
cj
Dernière phase: phase d’exploitation
du plancher
Appartements Tour à bureaux à planchers
Parking à planchers
à planchers à D.A. (Chott- à D.A. (Bruxelles)
à D.A. (Genève)
Meriem)
Vérifications en situation d’exploitation
Actions de calcul: (Pf, e0), G1, G3 et Q
Pendant la phase d’exploitation du plancher, la dalle alvéolée est soumise à la précontrainte
finale (Pf, e0) , à son poids propre G1 (plus éventuellement le poids propre G2 de la DCR si elle
existe), aux surcharges permanentes G3 (revêtement, cloisons légères, étanchéité, etc.) et aux
surcharges d’exploitation Q (dépendant de l’usage du plancher et dont les valeurs
caractéristiques et représentatives sont préconisées par la norme NF P06-001)
x=0 g1 + g3 + q
x
l
l
• Section critique de vérification: x=
2
• Sollicitations normales agissantes de calcul:
 l (G1 + G3 + Q )bl2
Mr = Mrare( ) = Pf e0 +
 2 8
 l (G1 + G3 + Ψ1Q )bl2
l M f = M fréquent( ) = Pf e0 +
N ( ) = Pf et  2 8
2  l (G1 + G3 + Ψ2Q )bl2
Mqp = Mquasi− permanent( 2) = Pf e0 + 8

M = M l (G1 + G3 )bl2 16
 p permanent( ) = Pf e0 +
2 8
Vérifications en situation d’exploitation
• Contraintes normales dans le béton au niveau de la section médiane du plancher:
l
Pf M i ( )
σ ( y) = + 2 y (i = r, f , qp ou p)
B I
• Contraintes normales limites en situation d’exploitation
En section CdG
Contraintes limites de traction d’enrobage
Fibre Sup. Fibre Inf.
torons
Sous combinaison rare - ft28 * (0,5+ni /20) - ft28 -1,5 ft28 -
Sous combinaison fréquente - ft28/4 - - -
Sous combinaison quasi-permanente :
- ft28/10 - - -
FPP
Sous combinaison quasi-permanente :
0
FP ou FTP
Sous actions permanentes 0 - - 0

Contraintes limites de compression 0,6fc28 0,6fc28 0,6fc28 0,6fc28

Avec ni est la contrainte en fibre inférieure de la D.A. calculée sous précontrainte finale seule(MPa).
Remarque: en cas de présence d’une DCR, la contrainte limite de compression dans la fibre
supérieure comprimée de cette DCR ne doit pas dépasser 0,6 fc28 –DCR
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fc28 –DCR étant la résistance caractéristique à 28 jours du béton de la DCR.
Valeurs Caractéristiques des charges
d’exploitation des bâtiments (NF P06-001)
• Locaux d’habitation et d’hébergement: 1.5 kN/m2
• Bureaux et salles de travail et de réunion: 2.5 kN/m2
• Locaux publics, halls, salles de réunion: 4 à 5 kN/m2
• Archives: 10 kN/m2
• Terrasse:
– Inaccessible: 1 kN/m2
– Accessible: 1.5 kN/m2
• Escalier: 2.5 kN/m2
• Balcon: 3.5 kN/m2
• Parking: 2.5 kN/m2

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Valeurs recommandées des coefficients ψ pour les charges
d’exploitation dans les bâtiments (selon la norme NF P06-001)

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ELS de déformation: Limitation de la flèche
• Les déformations des éléments fléchis doivent rester suffisamment faibles pour :
- ne pas nuire à l´aspect et à l´utilisation de la construction
- ne pas occasionner des désordres dans les éléments porteurs.
- ne pas endommager les revêtements, les faux plafonds ou les autres ouvrages
supportés.
=> Il faut limiter la flèche
• Pour les éléments supports reposant sur deux appuis, la valeur de la flèche
admissible dans le cas où les ouvrages supportés (cloisons et revêtements),
sont fragiles est limitée à:
l
fadm = si l ≤ 5m (avec l en cm)
500
l
f adm = 0.5 + si l > 5m (avec l en cm)
1000
• Pour les éléments en console, la valeur de la flèche admissible de l´extrémité de la
console, dans le cas où les ouvrages supportés sont fragiles, est limitée à: f adm = l (cm)
si la portée l de la console est au plus égale à 2m. 250
• Quand les ouvrages supportés ne sont pas fragiles, la flèche admissible est égale au
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double de celle obtenue dans le cas d’ouvrages supportés fragiles.
Calcul des flèches en situation d’exploitation
Définitions: flèche active et flèche instantanée
• La "flèche active" est la part des déformations du plancher qui risque
de provoquer des désordres dans un ouvrage considéré généralement
supporté (cloison, carrelage, étanchéité, notamment). C'est donc
l'accroissement de la flèche, ou fléchissement, pris par le plancher à
partir de l'achèvement de l'ouvrage concerné.
Pour les planchers précontraints, on doit limiter à la fois :
- la flèche active maximale vers le haut notée fa1,

- et la flèche active maximale vers le bas notée fa3.


• la flèche instantanée notée fa2 est l’accroissement de flèche
obtenu sous charges d'exploitation seules, calculé sous combinaisons
rares.
=> La vérification à effectuer est de s’assurer, qu’en valeur absolue, fa1,
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fa2 et fa3 ne dépassent pas les déformations admissibles.
Formules pratiques pour le calcul des flèches
Hypothèses de calcul
Pour tous les types de planchers, les flèches peuvent être déterminées
selon les recommandations de BPEL, tout en prenant en compte les
hypothèses propres à ce plancher.
- Les formules données ci-après peuvent être utilisées dans le cas de
charges uniformément réparties.
- Les déformations sont déterminées en utilisant les caractéristiques
mécaniques des sections non fissurées.
- Ces formules "enveloppent" les déformations réelles en estimant par
excès la déformation vers le haut ou vers le bas.
-Dans le cas d'une déformation de fluage vers le haut, on vérifie la
déformation instantanée vers le bas fa2 due à l'application des seules
charges d'exploitation.

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Formules pratiques pour le calcul des flèches
(Référence: CPT Planchers titre III- partie 1)
Notations
Ga : la charge permanente, qui est soit la charge G3 de la cloison, soit
celle G4 du revêtement de sol, soit celle G5 du complexe d'étanchéité, vis-
à-vis de laquelle on vérifie la flèche active (N/m) ;
Gv : les surcharges permanentes appliquées avant Ga (N/m) ;
Gp : les surcharges permanentes appliquées postérieurement à Ga (N/m) ;
Gq: la part quasi-permanente de la charge d’exploitation Q
Gpmin : la somme des charges permanentes appliquées après Ga, limitée
aux seules charges dont l’existence est assurée (N/m)
Gpmax : la somme de toutes les charges permanentes envisagées,
applicable après Ga (N/m)
Ev : le module de déformation du béton à long terme, il est égal à : Ev = Eij / 3
avec Eij = Ei28
i : moment d’inertie de la dalle
Fpm : valeur probable de la tension totale et finale dans les armatures
e : excentricité de la force de précontrainte 23
La flèche active comprend donc la somme des quantités suivantes :
- la déformation de fluage sous l'état de contrainte créé par le moment dû à la
précontrainte (e* Fpm) et les charges G1, G2 , Gv et Ga à partir de l'instant où Ga
est appliqué ;
- la flèche instantanée et la déformation totale de fluage correspondant à Gp et à Gq ;
- la flèche instantanée due aux charges d'exploitation Q pour la fraction non prise en
compte dans Gq. Soit :

• Dans le cas des dalles alvéolées précontraintes sans dalle collaborante rapportée, les
formules de calcul des flèches proposées par le CPT planchers titre III sont :

- la flèche active maximale vers le haut fa1 :

- la flèche instantanée sous charges d’exploitation fa2 :

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- La flèche active maximale vers le bas fa3 :

Remarque: Pour le calcul de fa3, on a adopté comme hypothèse


que les variations de contraintes dues à Ga ou à Gpmax+Gq sont
relativement faibles ; on est dans le cas ou le BPEL autorise
qu’on ne prenne pas en compte le retour de fluage pour la
détermination de la flèche active. Donc cette situation, on prend
B=A=2 et C = 1.

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