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Armée et Nation, Ensemble pour consolider la paix et le


développement »
Numéro spécial du magazine des forces de défense camerounaises.

Mots clefs : Armée nationale | Cameroun

Réf. : Numéro spécial du magazine des forces de défense camerounaises.

Langues : français

Type de document :  Périodique

« Nous devons veiller à ce qu’une dérive du processus démocratique auquel,


je le répète, nous sommes profondément attachés, ne vienne compromettre
ni la stabilité de nos institutions, ni notre développement économique et
social, ni bien entendu notre sécurité. Notre Armée a toujours su faire face à
toutes les situations. Elle s’est montrée apte, depuis dix ans, comme par le
passé, à remplir les missions qui lui étaient confiées :

- En 1991 – 1992, pendant la période de transition vers le multipartisme, en


contribuant au maintien de l’ordre public ;

- Depuis 1994, en s’opposant aux tentatives d’atteinte à notre souveraineté


et à l’intégrité de notre territoire ;

- Et ce moment même, en participant aux côtés des autres forces de l’ordre à


la lutte contre la criminalité urbaine et rurale."

Cet extrait du discours du Président de la République du Cameroun, Mr Paul


Biya constitue pour le numéro spécial de ce Magazine, le socle de la réflexion
et de la problématique du rôle de l’Armée camerounaise dans la consolidation
de la paix et du développement au Cameroun. Le présent numéro
développe les axes majeurs suivants :

 Le statut constitutionnel de l’armée au Cameroun et son rôle dans la


construction de l’unité nationale ;

 L’apport de l’armée dans l’édification de la nation camerounaise ;

 La problématique de l’orientation de l’armée camerounaise vers la paix


et le développement.
Il comporte les thématiques suivantes abordées par des militaires et
universitaires :

 « L’Armée et la Nation : main dans la main pour la consolidation de la


paix et du développement » ;

 « L’armée, la constitution et la construction de l’Unité Nationale » ;

 « L’armée et l’édification de la nation camerounaise » ;

 « Une nouvelle ère dans l’autogestion des conflits en Afrique » ;

 « L’Armée de Terre dans le renforcement de la paix et le


développement économique » ;

 « Regards sur les interventions de la gendarmerie nationale en faveur


de la paix ».

L’Armée et la Nation : main dans la main pour la consolidation de la


paix et du développement

En faisant un tour d’horizon des activités récentes de la défense, le Général


de Division René Claude MEKA, Chef d’état-major des armées a indiqué en
guise d’éditoriale qu’au plan institutionnel, la mise en place de la réforme
des forces de défense notamment la professionnalisation des armées
camerounaises, est pratiquement achevée et qu’un nouveau règlement de
discipline générale a été signé pour s’adapter aux nouvelles dispositions de la
réforme. Au plan des activités opérationnelles, le Général de division
relève la très bonne prestation des forces de défense camerounaises au cours
de l’exercice Barh-el gazel au Tchad en novembre 2007. Dans le cadre
des opérations de maintien de la paix, les officiers camerounais et leurs
hommes sont à pied d’œuvre au Darfour, en RDC et en RCA. Au niveau
communautaire, le Cameroun a participé de manière fondamentale à la
réunion des ministres du COPAX à Libreville en février 2008 et à celle des
ministres de la défense et de la sécurité de l’Union africaine tenue à Addis-
Abeba le 28 avril 2008 sur l’opérationnalisation de la force africaine en
attente (FAA). Enfin le Général note dans sa réflexion que la forte implication
du Cameroun au niveau de toutes ces instances dénote du souci de préserver
la paix au niveau du pays, de la région Afrique centrale et en Afrique, la paix
étant pour lui, une pré-condition au développement.
L’armée, la constitution et la construction de l’Unité Nationale

Pour le Professeur Alain Didier OLINGA, « l’analyse du statut constitutionnel


de l’armée au Cameroun et son rôle dans la construction de l’unité nationale
amène à faire d’emblée un double constat : un statut constitutionnel
relativement incertain et une contribution à l’unité nationale affirmée avec
récurrence, mais non exempte de quelques équivoques. »

L’auteur soulève le problème sémantique lié à la notion


d’armée. Depuis, la constitution du 04 mars 1960, La Constitution de la
République ne connaît pas l’armée, mais « les forces armées » dont le
Président de la République est le chef. Cette réalité sémantique, précise-t-il,
consacre le fait qu’il n’existe pas au sein des institutions républicaines une
institution publique qui serait l’armée, ayant une légitimité propre, ayant une
autonomie organique et des missions pouvant être accomplies en toute
indépendance. Par ailleurs, les structures opérationnelles en charge de la
gestion de la défense et de la sécurité sont organiquement rattachées à la
Présidence de la République. Ce qui permet que la discrétion du traitement
réservé à l’armée dans la constitution conduise à faire de cette institution un
appendice de l’institution présidentielle.

En ce qui concerne la réalisation de l’unité nationale, le professeur OLINGA


note au passage que l’armée n’a pas pour mission première la
réalisation de l’unité nationale, mais la défense de la patrie sous les
instructions politiques du Président de la République, contre les atteintes à
son indépendance et sa sécurité. La réalisation de l’unité nationale ou sa
préservation est une mission politique garantie par le Président de la
République qui incarne en sa personne ladite unité suivant la lettre de l’article
5 alinéa 2 de la constitution. Bien plus, en 1983, le Président de la
République indiquait déjà que sous le signe de la vigilance, la défense est
devenue à la fois totale et permanente. Les forces armées n’en représentent
qu’un aspect. Leur mission nouvelle, ce n’est plus seulement d’être l’élément
armé dans la Nation, mais d’armer moralement, psychologiquement,
civiquement la Nation, de manifester sa volonté d’indépendance, de participer
au jeu des institutions démocratiques qu’elles ne peuvent garantir qu’en
respectant les règles.

En tout état de cause, conclut le professeur, le rapport entre les armées et


la nation n’est pas étranger au processus historique de la constitution
même desdites forces armées, ni à la dynamique de sédimentation de
la réalité nationale dans le contexte camerounais. Les forces de défense
doivent donc garantir de manière intangible, ce qui est en construction ;
construction dont elles sont à la fois objet et ferment.

L’armée et l’édification de la nation camerounaise

Pour le professeur Vincent NTUDA EBODE, la nation est à la fois une prise de
conscience d’un passé traditionnel par les groupes assemblés, une espérance
commune pour réaliser dans l’avenir une destinée et une volonté farouche de
défendre les acquis et de promouvoir les valeurs.

Il existe une relation consubstantielle entre nation et défense


qu’exprime, à juste titre, le concept de défense nationale. Dès lors, la
mission fondamentale de l’armée dans l’édification de la nation camerounaise
est, de prévenir le corps social de toutes les menaces contre le patrimoine
reçu et d’extirper de la nation les germes susceptibles de porter atteinte à sa
volonté de vivre ensemble. Mais, souligne le professeur, la réalisation de ces
deux missions n’est possible qu’après une bonne identification des
pesanteurs, en termes de vulnérabilité, susceptibles de mettre la nation en
danger. Pour cela, il identifie les menaces suivantes pouvant porter atteinte à
l’édification de la nation camerounaise : les menaces contre la sûreté de
l’Etat, contre les intérêts nationaux et contre les personnes et les biens, d’où
la nécessité de les prévenir car : « la préparation aux périodes de crise se
manifeste par la mise en place de structures de commandement,
l’établissement de mesures applicables en temps de paix ou en temps de
guerre, en fonction de la gravité des menaces encourues ».

Fondements politiques de la doctrine militaire camerounaise

Le Dr Wullson MVOMO ELA précise dans sa réflexion que : « la paix et le


développement sont les fondements politiques de tout gouvernement
particulièrement des jeunes Etats ». Depuis son accession à l’indépendance,
le 1er janvier 1960, le Cameroun cristallise toutes ses politiques publiques,
en particulier celle de sa défense, dans la poursuite de ces deux objectifs,
soutient-il.

Pour lui, poser aujourd’hui la problématique de l’orientation de la doctrine de


l’armée camerounaise vers la paix et le développement revient à la mettre en
perspective, pour examiner son « mouvement », c’est-à-dire son énonciation,
son application différentielle et sa nécessaire re-contextualisation au regard
des mutations enregistrées depuis la fin de la guerre froide.

L’auteur fonde son analyse sur trois préoccupations successives de


l’évolution de la doctrine militaire camerounaise, de l’indépendance à
nos jours :

 La stabilité et la sécurité de l’Etat ;

 L’opérationnalité et la citoyenneté ;

 La modernité et la sécurité globale.

Stabilité et sécurité de l’Etat :

Au cours de l’année 1960, la doctrine militaire camerounaise privilégiait


l’efficacité et la victoire militaires sur le théâtre des opérations, en vue de la
réalisation des objectifs politiques à savoir : la paix, l’unité nationale et le
développement.

Opérationnalité et citoyenneté :

Au début des années 1970, les défis de l’Etats était principalement centrés la
paix, l’unité nationale à consolider et le développement à construire. Objectif
qui selon l’auteur ramène l’outil militaire à ses missions classiques de défense
nationale, tout en restant attentive à l’évolution de la situation intérieure.

Modernité et sécurité globale :

Depuis les années 1990, le reconfiguration du monde et la poussée de la


démocratie libérale s’accompagnent d’une mutation du paradigme sécuritaire,
notamment l’atténuation des risques de guerre totale et la montée des
menaces asymétriques et non conventionnelles. Dans cet environnement, la
doctrine militaire camerounaise est resté ancrée à ses fondements
premiers « la paix et le développement ». Paix à l’intérieur avec les
soubresauts inhérents à l’apprentissage démocratique et ensuite paix avec
ses voisins notamment avec le Nigeria, dans la résolution du conflit avec
lequel le Cameroun respectueux du droit international a mis une stratégie
permettant à la fois de circonscrire l’occupation et de maintenir la dynamique
opérationnelle à un niveau lui permettant de peser sur le rapport de force
bilatéral et multilatéral autour de la presqu’île de Bakassi.

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