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Ahmed MARDAS, Sarra MRANI ZENTAR & Mohamed LOULID. La contribution du contrôle interne à la
gouvernance des entreprises : Cas du secteur hôtelier
Abstract
Governance is a process led by the board of directors that aims to direct, authorize and control the activities of
senior managers in order to achieve the organizations objectives. In this respect, we considered it relevant to
conduct a scientific research in this sense while setting as a main research question: "How does the implementation
of a strong internal control system contribute to ensuring a good governance model? The interest of this article is
to present a perspective on the correlation between internal control and corporate governance. In other words, the
objective of this article is to understand and explain the importance of adopting an internal control system to
achieve good governance despite the complex environment that is continuously evolving, taking into account its
risks and threats. In order to provide answers to our main research question, the theoretical basis of our research
is agency theory. Empirically, we conducted an exploratory study through a qualitative approach by deploying the
multiple case method. For the data collection, we interviewed employees of two hotel organizations through semi-
structured interview guides.
The results of this research have shown that the establishment of a strong internal control system remains a
requirement given the significant contribution of this system to eliminating and dealing with the manifestation of
risks threatening the smooth running of the organization’s activity, particularly those related to information. In the
process of implementing good governance of organizations, internal control has a major significance, insofar as it
constitutes one of the most tangible elements and most consistent with governance mechanisms. Our research work
has several advantages, however, and like all research work, it is debatable and has certain limitations. Among
these limitations, we can mention the deployment of only one data collection tool, which is due to the suspension
of hotel activity during the current health crisis following government measures. As well as the size of the sample,
as we hoped to conduct our research based on a larger sample in order to have results that are more representative.
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1. Introduction
Devant un environnement économique caractérisé par des changements permanents, ainsi
que des évolutions et des exigences de plus en plus accrues, les entreprises se trouvent obligées
à remettre en question leur capacité à faire confiance à leurs systèmes de contrôle interne, et
l’habilité de ce dernier à renforcer la capacité de ces entreprises à assurer une bonne
gouvernance.
La notion du contrôle est devenue immanquable à toute organisation, c’est l’un des outils
clés de la bonne gouvernance. Par ailleurs, l’instauration d’un dispositif de contrôle interne
efficace est une démarche permettant d’améliorer la capacité managériale des entreprises, de
façon à gérer les contraintes, à fédérer les actions et à renforcer la gouvernance et le pilotage de
l’entreprise.
La gouvernance est un processus piloté par le conseil qui consiste à diriger, autoriser et
surveiller les activités de la direction générale dans l’intention de réaliser les objectifs de
l'organisation. Dans le terme « bonne gouvernance », le contrôle interne acquiert une forte
signification, puisque ce dernier est l'un des éléments les plus tangibles et les plus normés des
mécanismes de la gouvernance.
À cet égard, l’amélioration régulière des dispositifs de contrôle interne demeure une
obligation. Cela est dû à l’évolution acharnée et complexe de l’environnement de l’entreprise
et la manifestation de nouveaux risques et menaces surtout ceux liés à l’information et à la
technologie, ce qui rend nécessaire de dépasser à la fois l’approche classique (actionnariale) de
la gouvernance d’entreprise et de trouver un référentiel de contrôle interne qui répond aux
besoins modernes de l’entreprise et qui a la capacité d’éliminer et limiter les nouveaux risques
liés à l’entreprise.
L’objectif de cet article est de mener une étude exploratoire à travers une méthode qualitative
sur la contribution du système de contrôle interne à la bonne gouvernance au sein de
l’entreprise. L’essentiel pour nous sera d’appréhender, comprendre et expliquer l’importance
d’adopter un système de contrôle interne puissant pour instaurer une bonne gouvernance malgré
l’environnement complexe qui évolue continuellement en prenant en compte ses risques et ses
menaces.
Le secteur hôtelier constitue une composante essentielle de l’économie marocaine, ainsi ce
secteur est appelé à connaître un véritable développement inédit. C’est la raison pour laquelle
nous avons choisi de mener notre recherche sur ce secteur, vu que ce secteur est confronté à
une panoplie de risques d’où la nécessité de mettre un système de contrôle interne puissant
contribuant à améliorer l’efficacité et l’économie de certains procédés de prise de décision et à
réduire le risque de données financières non contrôlées et inexactes afin de garantir la
disposition d’une bonne gouvernance.
En vue d’arriver à l’objectif susmentionné, notre problématique sera formulée de la façon
suivante :
« Comment l’instauration d’un système de contrôle interne puissant contribue à assurer un
bon modèle de gouvernance ? »
Cette problématique a été déclinée sur la base des questionnements de recherche suivants :
- Quels sont les principaux attributs et conceptions du système de contrôle
interne ?
- Comment le contrôle interne contribue-t-il à la gestion des risques de
l’asymétrie d’information et du caractère opportuniste des dirigeants ?
- Comment le contrôle interne peut-il contribuer à optimiser la gouvernance de
l’organisation ?
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Pour apporter des réponses à nos questions de recherche, nous consacrons le premier axe à
la définition des concepts et à la présentation des réponses théoriques en déployant les apports
de la théorie de l’agence. Le deuxième axe est consacré à la présentation d’une étude
exploratoire que nous avons réalisée en employant la démarche qualitative pour qu’on puisse
creuser davantage notre compréhension du sujet. Ainsi, cette étude va être menée en adoptant
la méthode de l’étude de cas en utilisant les entretiens semi-directifs comme outil de collecte
des données.
2. État des lieux de la relation entre le contrôle interne et la gouvernance
des entreprises :
2.1. Le concept du contrôle interne :
D’une manière générale, contrôler une situation signifie être capable de la maîtriser et de la
diriger dans direction souhaitée. Le principal objectif du contrôle est la performance. Donc, le
contrôle doit jouer un rôle à la fois actif et réactif. La définition sur laquelle nous allons nous
appuyer est celle donnée par G. CHARREAUX, JOFFRE et KOENIG qui précisent que : « Pour
les sciences de gestion, le contrôle interne regroupe l’ensemble les systèmes de contrôle mis en
place par les dirigeants pour : conduire les activités de l'entreprise de manière ordonnée ; assurer
la maintenance et l'intégrité des actifs et fiabiliser le flux d'informations. Plus généralement, le
contrôle interne porte sur la relation entre l'intention et l'action. Si l'action n'est que le résultat
de l'intention et qu'aucune ingérence ne peut modifier sa réalisation, il n'y a pas lieu de recourir
au contrôle interne. » (Pigé, Benoît. 2017)
2.2. Les objectifs du contrôle interne :
Le contrôle interne est un mécanisme pour l'entreprise, défini et mis en œuvre sous sa
responsabilité, visant à réaliser un objectif principal et quatre objectifs additionnels. L’objectif
primordial du contrôle interne s’intéresse à la maitrise des risques, en termes plus précis, suivre
un certain comportement face aux risques. Cela implique d’une part, de donner une définition
du risque, étant entendu qu’il peut s’agir de risques de natures très différentes et d’autre part,
de déterminer ce que l’on entend par la gravité du risque. Il existe quatre réactions face aux
risques déterminés (tolérer, traiter, transférer, terminer), le contrôle interne s’intéresse
précisément au traitement du risque afin de le rendre à la portée de l’entreprise et accepté par
la direction de l’entreprise.
En ce qui concerne les objectifs additionnels, ces derniers sont nombreux. On peut citer, Le
respect du cadre règlementaire où opère la société, telles sont les lois et réglementations que les
entreprises doivent respecter, ces deux éléments déterminent comment l’entreprise doit se
comporter pour atteindre ses objectifs de conformité. Ainsi que la veille au respect des
instructions de la direction générale ou le directoire. Parmi les objectifs du contrôle interne,
nous trouvons que ce dernier doit assurer le bon fonctionnement de l’ensemble des processus
internes de l’entreprise (opérationnel, financier, de sécurité, d’achat, etc…). Dernièrement, le
contrôle interne doit s’assurer de la fiabilité de l’information financière en déployant
l’intelligence artificielle dans la sécurisation des informations financières de l’entreprise.
2.3. Le concept de la gouvernance d’entreprise :
La gouvernance est en fait une notion assez simple qui vise à rassembler des institutions, des
relations, des règles et des comportements afin d’obtenir des relations puis des décisions
favorables et mutuellement acceptables. Dans le but d’apporter plus de clarté à l’idée de
gouvernance d’entreprise (GE), certains experts comme Roland Pérez ont résumé le principe
de ce concept en trois éléments clés : Structure, Procédure, Comportement. (SPC)
Pour définir le terme « Gouvernance d’entreprise », nous allons nous appuyer sur la
définition donnée par Ahmed Naciri à ce concept qui stipule que la gouvernance est vue comme
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Afin d’obtenir des données primaires, nous avons choisi de déployer le guide d’entretien
semi-directif comme outil de collecte de ces données. « L'entretien est une véritable technique
d'investigation qui a pour but de collecter des données auprès de notre cible ». (Thietart et al.
2014. P : 274). Après avoir achevé la phase de la collecte des données, nous allons procéder à
la retranscription des réponses reçues de la part des interviewés afin de construire une grille
d'analyse qui permettra de faciliter l'analyse. Ensuite, nous allons procéder à une analyse de
contenu en analysant les données recueillies de manière horizontale et verticale.
Le guide d’entretien que nous avons élaboré est divisé en trois principaux thèmes. Au niveau
du premier thème, les interviewés sont appelés à nous éclairer la conception du système de
contrôle interne de son organisation, à savoir les acteurs chargés de sa mise en place, les outils
déployés par l’organisation ainsi que l’objectif derrière l’instauration d’un système de contrôle
interne.
Le deuxième thème a était destiné à nous permettre de relever les attributs et les atouts du
contrôle interne par rapport aux autres méthodes en ce qui concerne la gestion et le traitement
des risques. Dans ce sens, notre objectif est de connaître la perception des interviewés à propos
de la contribution du contrôle interne à réduire les risques de l’asymétrie d’information et de
l’opportunisme du dirigeant. Ainsi nous sommes intéressés, au niveau du troisième thème
d’identifier les outils à adopter pour faire face à ce type de risques.
Le dernier thème du guide d’entretien est de déterminer l’importance accordée par les
responsables au système de contrôle interne pour avoir une bonne gouvernance au sein de leurs
organisations. Autrement dit, savoir comment comme ce dispositif constitue un levier de la
mise en place d’une bonne gouvernance au sein de l’organisation.
Étant que notre étude concerne un secteur d’activité particulier, à savoir le secteur hôtelier,
nous avons mené notre étude avec des collaborateurs appartenant à deux organisations
hôtelières dont les sièges sociaux se trouvent au niveau de la région MARRAKECH-SAFI. Le
tableau ci-dessous présente nos interlocuteurs appartenant aux deux organisations, ainsi que
leurs fonctions au sein de ces organisations.
Tableau 1: caractéristiques de l'échantillon de notre étude qualitative
Interviewés Fonction Niveau d’étude Durée
d’entretien
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conséquences graves sur la fréquentation, car ils vont laisser une impression négative chez les
clients. Ainsi les risques qui ont une plus grande gravité sont ceux liés notamment au non-
respect de la réglementation interne et au détournement de fonds. Nos interlocuteurs ont
également évoqué le risque de la fraude qui est très propagé dans les organisations hôtelières
au niveau des achats et la non-traçabilité des transactions et services.
Concernant les atouts du système de contrôle interne par rapport aux autres méthodes de
gestion de risques, nos interlocuteurs signalent que le contrôle interne est caractérisé par
plusieurs avantages. Le premier avantage c’est qu’il ne s’agit pas d’un outil qui intervient juste
en cas d’alerte. Autrement dit, que le contrôle interne constitue un mécanisme permettant de
prévoir les risques avant leur apparition ou avant qu’ils soient hors de contrôle et le deuxième
avantage c’est que ce système englobe toutes les parties prenantes du processus de l’activité,
c’est-à-dire que pour chacune de ces parties on trouve des procédures régissant ses fonctions et
ce qu’elle doit. Deuxièmement, le contrôle interne est un système permettant d’avoir une
conduite globale du déroulement de l’activité au sein de l’organisation, ce qui permet d’éviter
l’apparition de plusieurs risques.
D’après nos interviewés, nous constatons que la source principale de l’existence du risque
de l’asymétrie d’information entre les actionnaires et les dirigeants est les divergences au niveau
des intérêts entre ces deux parties, chose qui pousse chacun d’eux d’agir de manière à
maximiser ses intérêts personnels.
En ce qui concerne l’outil de l’analyse de l’information, nos interviewés confirment que la
disposition d’un processus d’enregistrement de l’information garantira l’absence de l’asymétrie
d’information entre les deux parties ce qui empêchera l’opportunisme des dirigeants. Nos
interviewés stipulent également que la démarche de filtrage, de codification et d’enregistrement
de l’information doit être tracée avant le démarrage de l’activité.
Quant à la rationalité du dirigeant, nos interlocuteurs confirment Le fait d’éviter l’asymétrie
de l’information au sein de l’organisation, c’est-à-dire disposer des informations pertinentes et
cohérentes permet au dirigeant d’avoir une vision claire sur l’organisation, chose qui conduira
par conséquent d’accroître leur rationalité en termes de prise de décision. D’autres
interlocuteurs voient que le contrôle interne est un résultat de la rationalité du dirigeant, c’est-
à-dire qu’un dirigeant rationnel doit exiger la présence d’un système de contrôle interne et un
dirigeant non sensible à la gestion des risques ne verra aucun intérêt dans le contrôle interne.
3.1.3. Axe 3 : Le contrôle interne et la gouvernance de l’organisation
En ce qui concerne la corrélation ‘’Contrôle interne/Bonne gouvernance’’ de l’organisation,
et qui constitue le cœur de notre problématique. Tous nos interlocuteurs ont confirmé
l’hypothèse que le contrôle interne est en forte corrélation avec la bonne gouvernance de
l’organisation hôtelière, dans la mesure où ce système permet de déceler les
dysfonctionnements au sein de l’organisation et par conséquent éviter et limiter l’apparition des
risques et même si ces derniers sont apparus. Dans ce sens, le contrôle interne est en évolution
constante avec l’activité de l’organisation chose qui permet de freiner toutes sortes de
dysfonctionnements et de risques.
Nos interlocuteurs confirment que la contribution du contrôle interne à la gestion des risques,
notamment ceux de l’asymétrie d’information et l’opportunisme du dirigeant, à travers ses
divers outils comme l’analyse de l’information et la communication, ainsi que l’accroissement
de la rationalité du dirigeant sont deux raisons suffisantes pour ériger ce système au rang d’un
système contribuant de manière marquée à l’optimisation de la gouvernance.
L’un de nos interviewés a indiqué que le contrôle interne constitue un prérequis de la
gouvernance et non pas un supplément. Voilà son verbatim :
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« Le contrôle interne fait partie de la gouvernance. C’est un préalable et non pas un plus.
Donc il faut avoir un contrôle interne au sein de l’organisation pour parler de la
gouvernance de celle-ci. » (Interviewé 4)
Après tous leurs constats, nos interlocuteurs confirment que le système de contrôle interne
peut être considéré comme un levier de la bonne gouvernance vue qu’il remplit l’une des
missions primordiales au sein de l’organisation, à savoir la gestion des risques. Donc si le
contrôle interne mis en place au sein de l’organisation réussit à remplir cette mission, il va sans
doute être un levier principal pour disposer d’un bon modèle de la gouvernance au sein de
l’organisation. Voici ci-dessous un verbatim justifiant ce dernier constat :
« Un système de contrôle interne bien conçu, compréhensible et bien appliqué va comme
j’ai dit optimiser la gouvernance de l’entreprise. Donc on peut confirmer le contrôle
interne constitue un levier d’avoir une gouvernance au sein de l’organisation. »
(Interviewé 6)
3.2. Discussion des résultats de la recherche empirique au regard de la littérature
Au niveau de la présente section, nous discuterons les résultats tirés de notre recherche
empirique par thème et les comparerons à nos conclusions théoriques.
3.2.1. Axe 1 : Le système de contrôle interne au sein des organisations hôtelières
Au niveau de notre revue de littérature, et en nous référant aux travaux de Pigé et Benoît
(2017), nous avons pu comprendre que le contrôle interne se caractérise par un objectif principal
et des objectifs additionnels. L’objectif principal est celui de la maitrise des risques, et en termes
plus concrets de suivre un certain comportement vis-à-vis des risques. À cet égard, le contrôle
interne s’intéresse à traiter les risques afin de les rendre à la portée de l’organisation. Dans ce
sens, notre constatation est conforme à ce qui a été indiqué dans la littérature, et d’après Savall
H. et Zardet V. (2005) le contrôle interne permet de déceler le plus tôt possible les anomalies
de fonctionnement, qu’elles soient occasionnelles ou systématiques. Ce traitement s’accomplit
par la mise en place d’un dispositif de contrôle interne capable d’agir sur deux composantes du
risque à savoir : son impact et sa probabilité, afin d’arriver à mesurer sa gravité.
Quant aux objectifs additionnels, nous sommes intéressés juste à quatre parmi plusieurs. La
conformité au cadre réglementaire dans lequel évolue l'organisation est le premier objectif
additionnel du contrôle interne. En d'autres termes, un bon contrôle interne doit prendre en
compte le respect de toutes les règles qui régissent les procédures internes de l'entreprise (Droit
des sociétés, commercial, environnemental, social, etc.).
Le contrôle interne doit veiller également au respect des instructions et directives du
directeur général ou du comité de direction afin de permettre aux employés de comprendre les
attentes à leur égard et de connaître le degré de liberté de leurs actions. Le système de contrôle
interne doit s’assurer du bon fonctionnement des processus internes de l’organisation, à savoir :
le processus opérationnel, financier, de sécurité, d’achat…etc. Le dernier objectif du contrôle
interne auquel nous étions intéressés est de garantir la fiabilité des informations financières,
notamment au niveau comptable.
Les résultats issus de la recherche sur terrain ont bien confirmé les constats exposés au
niveau de notre revue de littérature. À savoir que la maîtrise des risques constitue l'objectif
principal du contrôle interne, il s’agit de contrôler l’activité de l’organisation de manière à éviter
toutes sortes de risques et de dysfonctionnements menaçant le bon déroulement de cette activité.
Parmi les objectifs du contrôle interne mentionnés par nos collaborateurs, nous trouvons celui
de la garantie de la fiabilité des informations financières générées par l’activité de
l’organisation.
Pour atteindre ces objectifs, les organisations hôtelières déploient divers types d’outils dont
nous trouvons le manuel de procédures qui constitue le principal outil à déployer au niveau des
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organisations hôtelières puisqu’il englobe toutes les procédures et règles à suivre par chaque
processus dans l’organisation. Selon nos constatations, ces organisations utilisent d'autres outils
de contrôle interne, tels que : la charte d’éthique, la grille de séparation des tâches, les reportings
journaliers, les comparaisons budgétaires ainsi que le système « Uniform System Of
Accounting » qui constitue une procédure comptable spécifique aux organisations hôtelières
visant à garantir la présentation fiable de l’information financière surtout au niveau comptable.
Ce constat est conforme aux conclusions de la revue de la littérature, selon lesquelles
l'intelligence artificielle contribue de manière décisive à la sécurité des informations financières
d'une organisation. Pour éliminer tout risque éventuel, l'organisation devra nécessairement
investir dans la mise en œuvre d'un logiciel de sauvegarde des informations financières.
3.2.2. Axe 2 : Le contrôle interne et la gestion des risques
Notre revue de littérature a révélé que l’activité hôtelière est confrontée à une panoplie de
risques, notamment la baisse de la fréquentation causée par la fermeture des frontières et les
mesures gouvernementales visant à restreindre les rassemblements en réponse au Covid-19. La
pression sur le personnel constitue également un risque majeur menaçant l’activité hôtelière vu
sa capacité à engendrer plusieurs dysfonctionnements au niveau du déroulement du processus
de l’activité au niveau de la qualité de service. Le troisième risque que nous avons cité est celui
relatif au non-respect de la réglementation hôtelière, étant donné que si celle-ci n’est pas
respectée, l’organisation peut subir des conséquences très nocives telles que le déclassement de
l'organisation, des amendes, des travaux d'investissement importants pour assurer la
conformité, voire l’arrêt administratif dans les cas les plus graves.
Les risques liés à la fraude et au détournement de fonds sont également mentionnés au niveau
de notre revue de littérature et classés comme des risques significatifs dans le secteur de
l’hôtellerie, en raison du volume des transactions réglées en espèces et du grand nombre
d’arrivées et de départs effectués chaque jour dans les hôtels. Le volume des transactions peut
également créer d’autres types de risques, tel que le risque de la non-facturation des services
fournis ainsi que le risque de la non-traçabilité des transactions.
Les résultats issus de notre terrain de recherche ont confirmé nos constats au niveau de notre
revue de littérature, en classant les risques mentionnés au niveau de cette dernière comme les
plus graves, notamment les risques liés au non-respect de la réglementation hôtelière et aux
détournements de fonds, les risques liés à la fraude ainsi que les risques liés à la non-traçabilité
des transactions et services.
La revue de littérature, en se référant à la théorie d’agence, nous a conduits à apprendre que
les outils de l’analyse de l’information et la communication jouent un rôle primordial dans la
réduction et l’élimination des risques, car l’information demeure privilégiée et doit être intégrée
par un processus de sauvegarde incluant des procédures de conservation claires. Dans le même
sens, la direction de l’organisation doit appliquer des canaux de communication pour garantir
et favoriser la circulation des informations au niveau de l’ensemble de l’organisation. Ces
derniers outils, à condition d'être correctement appliqués, permettent au conseil d'administration
et à la direction de comprendre les risques qui surviennent lors de l'activité.
Au niveau de notre recherche empirique, nous avons pu remarquer le rôle occupé par ces
deux outils. Puisque nos interviewés ont confirmé que l’outil de l’analyse de l’information
permet de réduire le risque de l’asymétrie de l’information ainsi que le risque de l’opportunisme
du dirigeant. L’outil de la communication occupe également un rôle non négligeable dans la
prévision des risques potentiels par différents moyens comme celui du reporting, qui est un
moyen de surveiller et d'identifier les domaines susceptibles de générer des risques potentiels.
En terminant, les résultats de la recherche empirique nous ont confirmé que la limitation et le
contrôle de ces deux types de risques favorisent et accroissent la rationalité des dirigeants.
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a était utilisé est le guide d’entretien semi-directif qui offre une large liberté aux répondants, ce
qui pourrait contribuer à enrichir notre recherche. Après avoir achevé la phase de la collecte
des données, nous avons d'abord retranscrit les entretiens afin de construire une grille d'analyse
qui permettra de faciliter l'analyse, et travers laquelle nous avons réalisé une analyse de contenu
en analysant les données recueillies de manière horizontale et verticale.
La confrontation des résultats empiriques avec les constats issus de la revue de littérature
montre que nous avons appris que dans l'expression "bonne gouvernance", le contrôle interne
acquiert une signification forte, puisqu'il constitue l'un des éléments les plus tangibles et les
plus harmonisés des mécanismes de gouvernance.
À cet effet, le renforcement régulier des systèmes de contrôle interne demeure une
obligation, en raison de l'évolution permanente et complexe de l'environnement des affaires et
de la survenue de nouveaux risques et menaces. Notamment ceux liés à l'information et à la
technologie, ce qui impose de trouver un cadre de contrôle interne qui soit adapté aux exigences
modernes de l'entreprise et qui ait la capacité d'éliminer et de limiter les nouveaux risques
associés à l'activité.
En réalité, cette recherche nous a appris que le dispositif de contrôle interne contribue de
manière remarquable à l’optimisation de la gouvernance de l’organisation et peut être considéré
comme un levier de l’application d’un bon modèle de celle-ci. À cet égard, nous avons constaté
que les responsables sont conscients de ce rôle occupé par le système de contrôle et le
considèrent comme une composante incontournable à l’amélioration de la gouvernance de leurs
organisations.
Sur la base de nos remarques sur les cas étudiés, nous proposons quelques recommandations.
Tout d’abord, les responsables doivent déployer les outils informatiques dans la conception de
leurs systèmes de contrôle interne. En second lieu, les responsables doivent effectuer des
contrôles sur la technologie informatique déployée au sein de l’organisation. Dernièrement, Les
responsables doivent développer les outils de classification des risques. À cet égard, l’outil le
plus adéquat est la cartographie des risques.
Nous espérons, dans les recherches futures, de mener cette étude sur un échantillon sur la
base d’un échantillon plus large pour avoir des constats plus généralisés. Pour élargir
l’échantillon de base de cette recherche, cette dernière peut être menée dans plusieurs secteurs.
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interne. » Paris : Maxima.
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