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GROUPE NOMINAL

Les grammairiens utilisent les dénominations groupe et syntagme de manière assez


semblable. Ces deux termes désignent un ensemble de mots qui sont tous en relation avec un
élément central appelé noyau. Le groupe nominal est un groupe dont le noyau est un nom.
Le groupe nominal le plus simple est formé du nom seul:

Pierre est sorti.

Le groupe nominal peut être formé de divers éléments, parmi ces éléments certains
sont obligatoires, d'autres facultatifs.
Les éléments obligatoires sont le nom et les déterminants placé devant le nom
(article, numéral, possessif, démonstratif, interrogatif, exclamatif, relatif indéfini; avec
certaines exceptions – omission de l'article).
Les éléments facultatifs sont:

* une épithète (adjectif ou participe, éventuellement accompagnés de leurs éléments


subordonnés):

Il roule avec un vélo vert.


Les petits ruisseaux font les grandes rivières.

* une apposition – un élément nominal qui a avec le nom la relation qu’a un attribut avec
son sujet – mais sans copule:

Furieux, les ouvriers ont cessé le travail.

* des compléments déterminatifs – un syntagme prépositionnel (nom, pronom, infinitif,


adverbe):

Il roule avec un vélo de course.


la maison de mes parents
une tasse de lait
la peur de vivre

Les compléments différents ne peuvent pas être coordonnés:

NON – La conquête de Constantinople et par les Turcs

Il est préférable, pour la clarté, de ne pas joindre à un nom trop de compléments


différents et de recourir à une formule utilisant un verbe.

* une proposition

- soit une proposition relative, équivalant à une épithète et pouvant être coordonnée à
celle-ci:

1
Le voisin qui a un drôle de chapeau est venu ce matin.
L’étrangère qui aura épousé un Français suivra la condition de son mari.

- soit, pour les noms correspondant à des verbes, une proposition introduite par
une conjonction, notamment une proposition correspondant au complément d’objet
d’un verbe:

L’espoir qu’elle guérira me soutient.


Elle vivait dans une peur constante qu’il ne tombât.

Ces types peuvent se combiner pour former des groupes nominaux complexes:

Il roule avec un vélo de course qui a un drôle de porte-bagages en tôle (fer en feuille)
de récupération.

Le nom noyau règle, pour chaque groupe, l'accord avec les déterminants et les divers
éléments qui l'accompagnent. Cet accord maintient la cohésion du groupe et il est
indispensable.

LES FONCTIONS DU NOM

Les fonctions du nom (ou de son groupe) sont très nombreuses. On peut les répartir en
trois grands groupes:

a) les fonctions de « base » gravitant autour du verbe:

sujet attribut du sujet complément d’agent


objet attribut de l’objet

b) les fonctions « circonstancielles », tributaires aussi du verbe, moins nécessaires au sens,


mais qui apportent des nuances variées:

lieu
temps
cause
manière
moyen
accompagnement
comparaison
but
propos
point de vue

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c) les « autres » fonctions, non tributaires du verbe, mais aussi importantes:

complément du nom
complément de l’adjectif numéral
complément de l’adverbe
complément de l’adjectif
complément du comparatif
complément du superlatif
apostrophe
apposition

FONCTIONS DE BASE
LE SUJET

Le sujet est « ce dont on parle »; le reste de la proposition (verbe + attributs ou


compléments) est « ce qu’on en dit », et qu’on appelle le prédicat . Plus traditionnellement, on dit
que le sujet (nom ou équivalent) représente l’être ou la chose qui fait ou qui subit l’action, ou qui
se trouve dans l’état exprimé par le verbe (pour les verbes d’action et les verbes d’état):

Le chat guette une souris.


Une souris est guettée par le chat.
Un seul verbe peut avoir plusieurs sujets (coordonnés ou juxtaposés); chacun d’eux est
dit sujet partiel:

Pierre, Paul et moi sommes bons amis.

Plusieurs verbes peuvent avoir un seul sujet, dit sujet commun:

L’attelage suait, soufflait, était rendu.

Un sujet peut être à la fois partiel et commun (plusieurs sujets pour plusieurs verbes):

Pierre, Paul et moi aimons, écoutons et étudions la musique.

Généralement devant le verbe, le sujet peut aussi se trouver derrière, il est alors dit sujet
inversé :

Nous reprendrons cette leçon demain, dit le professeur.


Son vrai prénom est Jean. (= Jean est son vrai prénom)
Sont déclarés reçus les candidats suivants.

Le sujet inversé est fréquent dans les subordonnées:

C’est un trou de verdure où chante une rivière.


J’ai quelquefois entendu chanter un rossignol.

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Quand revint le printemps, notre malade se sentit mieux.

Le sujet est parfois souligné par un pronom, pronom d’annonce ou de reprise, selon qu’il
précède ou suit le vrai sujet:

Il est savant, ce professeur. Ce professeur, il est savant.

Il peut aussi être mis en relief par le gallicisme:

C’est ton parrain qui a téléphoné. (= Ton parrain a téléphoné.)

Quand le verbe est introduit par un pronom neutre singulier, le vrai sujet (sujet réel ou
logique) est derrière, le pronom n’étant que le sujet apparent (ou grammatical):

Il tombe de la pluie.
Il y a du bruit.
Il était une fois un roi et une reine.

ACCORD DU VERBE AVEC LE SUJET

ACCORD AVEC UN SEUL SUJET

RÉGLE GÉNÈRALE – Le verbe s’accorde en nombre et en personne avec son sujet:

Les chiens dorment.

Nom collectif sujet

La plupart du temps, ces noms collectifs sont suivis d'un complément, alors au pluriel:

une foule de malades


une rangée de soldats
un tas de billes
une multitude d'oiseaux

Le verbe qui a pour sujet un nom collectif suivi de son complément s’accorde avec
celui des deux mots qui frappe le plus l’esprit. On accorde, en général, selon le sens ou
l'intention du scripteur. Le mot que l'on veut mettre en relief devient le donneur d'accord (si
le sens le permet).

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Accord avec l'intention:

Une foule de malades s'avançait = c'est la foule qui s'avance. La foule est vue comme
un bloc indéterminé comme un ensemble qui englobe sans différenciation les éléments
qui le composent.
Une foule de malades s'avançaient = ce sont les malades qui sont vus et la foule ne
signifie plus que quelque chose comme "énormément" ou "de très nombreux".

Accord avec le sens: certaines formulations indiquent clairement quel mot est en rapport
avec l'action que décrit le verbe, c'est ce mot qui est alors le donneur d'accord:

Une file de voitures serpentait. c'est la file qui serpente, pas les voitures.
Un tas de billes rouillaient. ce sont les billes qui rouillent, pas le tas.

On fait l’accord:

a) avec le collectif si l’on considère en tant qu’ensemble les êtres ou les objets dont il
s’agit (le collectif est plus important que le complément):

Une foule d’étudiants accourait.


Si la majorité des Français aimait ou simplement respectait encore sa langue.

b) avec le complément si l’on considère en détail (dans leur pluralité) les êtres ou les
objets dont il s’agit, le complément étant plus important que le collectif:

Une foule de gens diront qu’il n’en est rien.


Un troupeau de cerfs nous croisent.

 Quand le sujet contient un nom numéral (millier, million, milliard, douzaine, centaine),
l'accord se fait avec le nom qui suit – au pluriel:

Une douzaine d'ouvriers sont partis.


Un millier de personnes sont nées aujourd’hui.
Un million de visiteurs sont attendus à l'exposition.

Même quand le complément n’est pas exprimé:

Une douzaine dansaient.


 Avec une infinité l'accord est plus fréquent avec le nom qui suit car l'idée de nombre
prédomine:

Une infinité de sauterelles se levèrent.

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 Les noms de fractions – la moitié, le tiers, le quart, une partie de, une fraction de –
obéissent au même usage: accord avec le premier mot ou avec le second , selon que
l'esprit s'attache à l'un ou à l'autre:

La moitié des invités sont venus.


La moitié des invités est venue.
La moitié des Français a répondu oui au référendum.
Nous espérons que les deux tiers de la salle au moins seront remplis.

 Lorsqu'un adverbe de quantité accompagné de son complément (combien de difficultés,


trop de marins, que de patience, etc.) est sujet de la proposition, le verbe s'accorde
avec le complément. Si celui-ci est absent, il est censé être au pluriel.

Trop de marins sont partis.


Combien de lettres sont écrites?
Combien sont...

En fait, l'adverbe se comporte comme un déterminant et le nom est le noyau du


groupe, c'est avec lui que se fait l'accord.
Mais lorsque c'est l'adverbe de quantité qui exprime, en fait, l'idée dominante, il arrive
que l'accord se fasse avec celui-ci.

Trop de complaisance serait blâmé.

Cet accord est habituel lorsque l'adverbe est nominalisé par la présence d'un
déterminant.

Le trop de coups a usé son cerveau.

Le sujet contient un déterminant indéfini occasionnel ou est un pronom


indéfini occasionnel

 Lorsque le sujet est un nom accompagné d’un déterminant indéfini occasionnel – assez de,
beaucoup de, bien des, combien de, la plupart de, nombre de, peu de, tant de, trop de,
une infinité de – le verbe s’accorde avec le nom:

Beaucoup de travail est encore nécessaire.


Beaucoup de travail sont encore nécessaires.
La plupart de ses collègues ont déjà participé à une session de formation.
La plupart souhaitent entrer dans l'Administration. (sous-entendu la plupart des
étudiants)
Quantité de gens s’y sont trompés.
Beaucoup d'enfants pauvres ont des problèmes de santé.
Peu de bonne humeur suffit pour égayer une journée.

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 Avec le peu de, lorsqu'on veut signifier le manque, l'accord est au singulier; lorsqu'on veut
signifier "une quantité suffisante", l'accord est avec le complément:

Le peu de notions utiles qu'il avait retenu de son passage à l'école l'empêchait de réussir.
Le peu d'encouragements que vous m'avez témoignés m'ont aidé à remporter la victoire.

 Le verbe se met au pluriel quand le nom est accompagné de moins de deux et au singulier
quand le nom est accompagné de plus d’un.

Moins de deux leçons ont suffi pour que les élèves comprennent.
Moins de deux ans sont passés depuis.
Plus d’un observateur l’a constaté.
Plus d'un participant a échoué à cette épreuve.

 Lorsque le sujet est la plupart, bon nombre ou un adverbe de quantité servant de pronom
indéfini autre que neutre, le verbe se met au pluriel:

La plupart le savent.
Beaucoup le disent.
Bon nombre étaient artistes.
Peu comprirent notre situation.

 Avec la majorité, l'accord est au singulier, avec la plupart, au pluriel:

La majorité veut que nous nous arrêtions ici.


La plupart en ont marre de travailler.

IL sujet des verbes impersonnels

Le verbe impersonnel (ou employé impersonnellement) ayant pour sujet apparent le


pronom il et accompagné d’un sujet réel s’accorde toujours avec le sujet apparent il.

Il pleut des obus en cet endroit.


Il court des bruits alarmants.

Pronom ce sujet

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 Le verbe être ayant pour sujet le pronom ce se met ordinairement au pluriel quand l’attribut
est un pluriel:

Ce sont de bonnes gens.

Cependant, le verbe se met au singulier:

* dans si ce n’est signifiant « excepté » et dans la locution c’est-à-dire:

Elle n’aime aucun fruit, si ce n’est les fraises.


Nos aïeuls, c’est-à-dire nos grands-parents.

* lorsque la forme plurielle avec inversion de ce est interdite:

Fut-ce mes sœurs qui le firent?

* dans l’indication des heures, d’une somme d’argent, etc., quand l’attribut de
forme plurielle évoque l’idée d’un singulier, d’une quantité globale:

C’est quatre heures qui sonnent.


C’est deux cents francs que vous devez.

* souvent, lorsque l’attribut est formé de plusieurs noms coordonnés dont le


premier au moins est au singulier:

C’est la gloire et les plaisirs qu’il a en vue.

MAIS: Ce ne sont pas l’enfer et le ciel qui les sauveront.

On met obligatoirement le pluriel quand l’attribut multiple développe un


pluriel ou un collectif qui précède:

Il y a cinq parties du monde; ce sont : l’Europe, l’Asie ...

La langue populaire, et même la langue familière, mettent le singulier dans bien d’autres
cas. On pourrait aussi donner des exemples d’écrivains, mais surtout lorsque le singulier et le
pluriel sont identiques pour l’oreille.

Ce n’était pas des confidences qu’elle murmurait.

REMARQUES:

Si le mot pluriel qui suit le verbe être n’est pas attribut, le verbe reste évdemment au
singulier:
C’est des aveugles que je veux parler.

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Dans les expressions ce doit être, ce peut être, doit et peut se mettent plus souvent au
singulier qu’au pluriel:

Ce doit être mes tantes et mon oncle.


Ce doivent être les journaux turcs qui les renseignent.

Lorsque l’attribut est nous ou vous, le verbe reste au singulier:

C’est nous, c’est vous.

On a le choix entre: C’est eux (ou elles) et Ce sont eux (ou elles).

Pronom relatif QUI sujet

Le verbe ayant pour sujet le pronom relatif qui se met au même nombre et à la même
personne que l’antécédent de qui. Cet antécédent peut être un pronom de la première ou de la
deuxième personne, ou un mot en apostrophe, qui appartient à la deuxième personne
grammaticale (celui à qui l’on parle).

C’est moi qui irai.


C’est vous qui irez.
Dors, pauvre enfant malade.

Puisque c’est l’antécédent qui commande l’accord, toutes les règles et remarques
relatives à l’accord du verbe doivent s’appliquer comme si l’antécédent était le véritable sujet:

La veuve et l’orphelin qui souffrent.


Toi et moi qui savons.
Une meute de loups qui suivait les voyageurs.
Le peu de meubles qui se trouvent dans les habitations espagnoles sont d’un goût affreux.

Lorsque le relatif qui est précédé d’un attribut se rapportant à un pronom personnel:

 cet attribut commande l’accord (dont la troisième personne):

* s’il est précédé de l’article défini:

Vous êtes l’élève qui écrit le mieux.

* s’il est ou contient un démonstratif:

Vous êtes cet élève (ou celui) qui écrit le mieux.

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* si le verbe principal est accompagné d’une négation ou si la phrase est interrogative:

Vous n’êtes pas un élève qui ment.


Êtes-vous un élève qui ment?

 Le pronom personnel règle l’accord lorsque l’attribut est un numéral ou un pronom indéfini
indiquant la pluralité:

Vous êtes deux, beaucoup, plusieurs, qui cherchez à obtenir cet emploi.

Il y a incertitude sur l’accord lorsque, dans une phrase affirmative:

* l’attribut est précédé de l’article indéfini:

Je suis un homme qui ne sait que planter des choux.


Vous êtes un enfant qui prétendez agir comme un homme.

* l’attribut est le seul, le premier, le dernier, l’unique:

Vous êtes le seul qui connaisse ou qui connaissiez ce sujet.


 Après un(e), des, un(e) de, le relatif qui se rapporte, tantôt au nom pluriel, tantôt à un(e),
selon le sens :

Observons une des étoiles qui brillent au firmament. (Ce sont les étoiles qui brillent.)
A un des examinateurs qui l’interrogeait sur l’histoire, ce candidat a donné une réponse
étonnante. (Un seul examinateur l’interrogeait.)

Après un de ceux qui, une de celle qui, le verbe se met au pluriel:

Un de ceux qui liaient Jésus-Christ au poteau.

ACCORD DU VERBE AVEC PLUSIEURS SUJETS

RÉGLE GÉNÈRALE – Le verbe qui a plusieurs sujets coordonnés se met généralement au


pluriel:

Les parents et les enfants partent demain.

Si les sujets ne sont pas à la même personne grammaticale, la première personne (moi,
nous) l’emporte sur les deux autres, et la deuxième (toi, vous) sur la troisième:

Maman, mon frère et moi étions assis l’un près de l’autre.


Ton frère et toi étiez l’un près de l’autre.

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Le plus souvent, quant les sujets sont de différentes personnes, on les résume par le
pronom pluriel de la personne qui a la prépondérance (la 1ère l'emporte sur la 2e, la 2e sur la
3e):

Mes deux frères et moi, nous étions tout enfants.


Toi et moi sommes invités à la fête.
Vous et vos enfants êtes une famille remarquable.
Mes frères et moi sommes de grands sportifs.

REMARQUES:

Un seul sujet est pris en considération quand l’autre se trouve exclu par la négation:

La bonté et non l’habileté doit être le principe de toute politique.

Accord avec le sujet le plus rapproché:

 Lorsque les sujets sont synonymes ou expriment une même idée, le plus proche du verbe
détermine souvent l’accord:

Le courage, la volonté de cet homme impressionne ces proches.


Sa gentillesse, son amabilité me charme.

 Lorsque les sujets sont en gradation:

Un regard, un geste, une plaisanterie est parfois suffisant.

 Lorsque les sujets sont rappelés par un mot comme tout, rien, chacun, nul, etc. ce mot
détermine l’accord:

La maison, le jardin, le verger, tout a été vendu.

Tout, rien, etc. déterminent aussi l’accord quand ils annoncent les autres sujets:

Tout, la maison, le jardin, le verger, a été vendu.

Sujets joints par une conjonction de comparaison

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Les conjonctions de subordination marquant la similitude, comme, ainsi que, de
même que, non moins que, etc. peuvent devenir de simples équivalents de et, et le verbe est
considéré comme ayant plusieurs sujets coordonnés:

Le thym comme le romarin poussent en Provence.


Le français ainsi que l’italien dérivent du latin.
La crème ainsi que le beurre sont interdits dans ce régime.

Si la conjonction garde sa valeur ordinaire et indique seulement une comparaison, le


verbe n’a qu’un seul sujet, il s’accorde avec le premier sujet:

Le thym, comme le romarin, pousse en Provence.


Mon visage, aussi bien que mon âme, est trop sévère.

Lorsque la conjonction marque l’inégalité (moins que, plus que, plutôt que), elle
n’équivaut pas à et, et il n’y a qu’un seul sujet:

La misère, plutôt que l’amour, apparaissait dans toute son attitude.

 Les conjonctions et non, et surtout, plutôt que, l'accord est au pluriel s'il n'y a pas de
virgule; s'il y a des virgules, le singulier est de rigueur:

Le soleil et surtout la chaleur me réjouissent.


C'est Marie, et non Claire, qui est la benjamine de la famille.

Sujets joints par ou ou par ni

 Lorsque plusieurs sujets de la troisième personne sont joints par ou ou bien par ni, le
verbe se met au pluriel si l’on peut rapporter le fait simultanément à chacun des sujets:

La peur ou la misère ont fait commettre bien des fautes.


Ni l’un ni l’autre n’ont su ce qu’ils faisaient.
Ni l'un ni l'autre ne m'inspirent confiance.
Le crayon ou le stylo sont tous deux acceptés.

Mais, si l’on ne peut pas rapporter le fait simultanément à chacun des sujets, le verbe
s’accorde, en principe, avec le dernier sujet seulement:

La douceur ou la violence en viendra à bout.


Ni Pierre ni Paul ne sera colonnel de ce régime.
Le nom ou substantif peut prendre deux genres: le masculin ou le féminin.
Vincent ou Richard sera élu président demain.

Même quand les sujets joints par ni ne s’excluent pas mutuellement, l’accord se fait
parfois avec le dernier sujet seulement:

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Ni l’un ni l’autre n’avait plus rien à se dire.

 Si les sujets joints par ou ou bien par ni ne sont pas de la même personne, le verbe se met
au pluriel et à la personne qui l’emporte:

Pierre ou toi ferez ce travail.


Ni vous ni moi ne le pouvons.

REMARQUE:

Lorsque l’un(e) ou l’autre est sujet ou se rapporte au sujet, le verbe est d’ordinaire au
singulier:

L’une ou l’autre avait-elle un sentiment pour moi.


L’un ou l’autre cas s’est produit.
L'un ou l'autre me fera plaisir.

Accord avec l’un(e) et l’autre

Après la locution pronominale l’un(e) et l’autre, le verbe se met au pluriel ou,


beaucoup moins souvent, au singulier:

Ils gagnèrent un restaurant où l’un et l’autre jadis avaient mangé.


L’une et l’autre est bonne.
L'un et l'autre me manque.
L'une et l'autre sont venues.

REMARQUE :

Lorsque l’une(e) et l’autre se rapporte au sujet (qui reste au singulier), le verbe peut
être au pluriel ou, moins souvent, au singulier:

L’un et l’autre seuil lui étaient fermés.


L’une et l’autre bande s’était rassemblée au bas de la route.

COMPLEMENTS (définition )

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Le complément est un mot ou une proposition qui dépend d'un autre mot et en
complète le sens.

LE COMPLEMENT D’OBJET

Le complément d’objet (nom ou équivalent) représente l’être ou la chose sur lesquels


porte l’action exprimée par le verbe (à la voix active):

Paul aime sa mère.


Louise étudiait la musique.

On distingue l’objet direct et l’objet indirect.

Le complément d'objet direct peut être:

- un nom: Il boit un verre.


- un pronom: Elle le peigne.
- une proposition: Il pense qu'il viendra demain.
- un infinitif: Il veut partir.

Le complément d'objet indirect peut être :

- un nom: Il parle à sa mère.


- un pronom: Il lui parle.
- un infinitif: Il demande à partir.
- une proposition: Il doute que vous soyez cet homme.

Le complément d’objet direct, construit directement, sans préposition, après un verbe dit
transitif direct:

Elle aime (quoi?) la lecture.


Aimez (qui?) vos parents.

Le complément d’objet indirect est introduit par une préposition, après un verbe dit
transitif indirect. Pour reconnaître le COI, on pose les questions à qui ou à quoi, de qui ou de
quoi et, selon le sens du verbe, pour qui ou pour quoi, contre qui ou contre quoi, etc.

Tu dois te souvenir (de quoi?) de nos jeunes années.


On ne saurait penser (à quoi?) à tout.

La préposition introduisant le COI est le plus souvent à ou de. Autres prépositions:

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croire en Dieu
Je compte sur vous.
J’ai voté pour Dupont.
se fâcher contre quelqu’un

Le COD peut être contenu dans le verbe, c’est l’objet interne:

Je réponds (= je fais une réponse) à un ami.


(parler, écrire, téléphoner, sourire... à un ami)

Place du complément d’objet

Le COD généralement après le verbe, peut le précéder (dans l’interrogation,


l’exclamation, avec un pronom de reprise, avec le gallicisme c’est ... que, dans des proverbes,
dans d’anciennes expressions figées):

Quel livre lis-tu?


Quel beau temps nous avons!
Cet homme, je l’admire!

Dans quelques formules figées, le complément d’objet précède le verbe:

sans coup férir


A Dieu ne plaise!
sans mot dire

Quand on place le complément d’objet en tête de la phrase, pour le mettre en relief ou


pour établir une liaison avec ce qui précède:

a) le COD est généralement repris par un pronom personnel devant le verbe:

Cette promesse, je la tiendrai.

Cependant, surtout dans la langue parlée très familière, on se dispense parfois de cette
reprise (les auteurs mettent cela d’habitude dans la bouche de leurs personnages):

Un joli attrapage vous allez voir.


Soixante mille francs, on avait.

b) pour le COI on a trois possibilités:

* dans l’usage ordinaire, il n’y a pas de reprise:

A cela non plus on ne s’attendait.


* la reprise marque une insistance particulière:

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A ce suffrage universel-là, soumettez-lui la paix ou la guerre.

* la reprise est obligatoire quand on supprime la préposition devant le complément placé


en tête:

Cette loi sainte, il faut s’y conformer.

 Quand le verbe est suivi de plusieurs compléments, le COD précède souvent le COI, l’un et
l’autre précédant les compléments non essentiels:

Je donnerai ce disque à Pierre demain matin.

Mais, lorsque les compléments sont de longueur différente, il est préférable, pour
l’harmonie et parfois pour la clarté, de mettre les compléments courts en premier lieu:

J’ai pardonné à Marie toutes les sottises qu’elle a dites.


(J’ai pardonné toutes les sottises qu’elle a dites à Marie – aurait un autre sens)

 On peut avoir des compléments d’objet partiels et des compléments d’objet communs :

Imitez le canard, la grue et la bécasse.


Cette femme aime, cultive et pratique la poésie.

 ATTENTION: Il ne faut pas confondre le COD et le sujet réel:

Il a une maison sur la colline = il possède = COD


Il y a une maison sur la colline = une maison est... = sujet réel

Il ne faut pas prendre pour des syntagmes prépositionnels les syntagmes nominaux
contenant des articles partitifs ou indéfinis:

Je bois du vin, de la bière, de l’eau.


Je mange des épinards, des noix.
Elle n’a pas de pain.

ATTRIBUT DU SUJET

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L’attribut du sujet exprime une qualité attribuée au sujet (être ou chose) par
l’intermédiaire du verbe.
L’attribut peut être:
- un nom: Son fils est médecin.
- un adjectif: Son fils est grand.
- un pronom: Ce livre est celui que j'avais perdu.
- un adverbe: Ce livre est bien.
- un infinitif: Souffler n'est pas jouer. Cette voiture est à vendre.
- une proposition: Son idée est qu'il faut poursuivre.

Le verbe qui relie l’attribut du sujet peut être :

 un verbe d’état :
état réel: être (copule par excellence)
sembler

état apparent: paraître


avoir l’air de
passer pour
sembler
s’annoncer

état qui dure: rester


demeurer

état qui change: devenir


se faire
se rendre
se transformer en

Paul sera médecin.


Elle est devenue une virtuose, et le restera.
Les documents s’annonçaient plus nombreux qu’on ne l’aurait cru.

* un verbe intransitif :
naître
vivre
revenir
tomber
arriver

Il est parti soldat, il revient officier, il mourra général.


Il tomba malade.
Il arriva fatigué.
mourir, partir – beaucoup de grammairiens voient aussi des attributs dans:

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Il part furieux.
Il mourut en brave.

Cependant, le verbe a un sens précis, qui est son sens ordinaire, et qui ne
change pas si l’on supprime ce qui suit. On pourrait reconnaître, soit des
compléments (comparez: Il mourut comme un brave), soit une épithète ou une
apposition détachées.

* un verbe passif :
être nommé
être choisi
être élu
être déclaré
être considéré

ou le verbe pronominal de sens passif :

s’appeler (être appelé)

Notre maire a été élu député; il s’appelle M. Duval.


Il est considéré comme responsable.

* un verbe flanqué de à, de, pour, comme (en emploi explétif, atténué):

passer pour
avoir l’air de
être traité de
être pris à
être considéré comme

Il passe pour un génie.


Tu serviras d’arbitre.
Je fus pris à témoin.
Ils étaient considérés comme les coupables.

* autres verbes :
apparaître (comme)
se montrer
s’avérer (se révéler, apparaître)
s’affirmer (comme)
se trouver

La médecine s’était montrée impuissante à la guérir.

REMARQUES :

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 L’attribut du sujet peut précéder verbe et sujet (dans l’interrogation,
l’exclamation, la mise en relief, la complétive sujet inverse):

Quel homme est-il?


Quel grand garçon tu es devenu!
Amis nous sommes, amis nous le resterons.
Son vrai prénom est Jean.
Notre espoir est que tu reviennes vite.

 Il se rencontre souvent avec pour sujet le démonstratif ce, c’ :

C’est un ami. C’était mon maître. C’est moi.

 Ne pas le confondre avec le complément d’objet :

Mon ami devient un grand peintre. (attribut du sujet)


Mon ami fréquente un grand peintre. (cod)

 Chacun connaît les équivoques et jeux de mots grammaticaux:

Je suis un idiot. (être + attribut du sujet)


Je suis un idiot. (suivre + cod)

Ce charcutier fait très bien l’andouille. (cod)


Cet élève fait très bien l’andouille. (sens figuré – attribut du sujet, faire
l’imbécile)

 Certains attributs sont joints au verbe par une préposition ou par comme .
Notons les expressions:

Si j’étais de vous. (familier)


être à (de) court – court n’est plus senti comme un attribut
c’est de ma faute (de ma faute n’est plus senti comme un attribut) à côté de
c’est ma faute

Avec l’attribut d’un sujet réel, on peut dire:

Il y avait eu six mille Barbares de tués. – le de n’est pas obligatoire

On le met ordinairement quand le sujet est quelqu’un, quelque chose,


personne, rien, ceci, cela:

Il y avait quelqu’un de malade.


Il y a ceci d’écrit.
ATTRIBUT DE L’OBJET

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L’attribut du complément d’objet (nom ou équivalent) exprime une qualité
attribuée au complément d’objet direct du verbe.
On rencontre l’attribut de l’objet (ou de complément d’objet direct):

 après des verbes transitifs directs :

nommer
baptiser
appeler
choisir
élire
déclarer
croire
juger
estimer

Nous savons cet homme un chirurgien de renom.


Il a appelé sa petite chatte Pirouette.
J’appelle un chat un chat.
Tu nommais mon pas une danse.

 après des verbes actifs flanqués de à, de, pour, comme (en emploi explétif,
atténué):
traiter de
prendre pour
tenir pour
prendre à
considérer comme

Il me traita de voleur.
Nous tenons cela pour une erreur.
On prit Paul à temoin.
Elle considère Jean comme un ami.
Quelques-uns le prirent pour le fou du roi.

REMARQUES :

 L’attribut de l’objet précède ou suit le complèment d’objet direct:

Il a pour prénom Jacques et pour nom Dupont = Il a Jacques pour prénom


et Dupont pour nom.
J’ai pour passion la musique = J’ai la musique pour passion.
 L’attribut de l’objet est proche de l’attribut du sujet :

20
J’appelle cela un crime. – Cela est un crime.

 Ne pas le confondre avec un CC de comparaison (distinguer comme en emploi


explétif et comme en emploi plein):

Je la considère comme une sœur. (attribut de l’objet)


Elle m’aime comme une sœur. (cc de comparaison)

 Notez l’équivalence assez fréquente :

On le fit président. (attribut de l’objet) = On fit de lui un (le) président.


(cod)

LE COMPLEMENT D’AGENT

Le complément d’agent est un complément qui n’est ni essentiel ni


adverbial.
Quand une phrase (ou une proposition) est mise au passif, le sujet de la
phrase active devient le complément d’agent.
Le complément d'agent est un complément qui n'apparaît qu'avec les verbes
à la voix passive.

L'élève est interrogé.

Le complément d'agent indique qui (ou quoi) fait l'action:

L'élève est interrogé par le maître.

Lorsque la phrase est tournée à l'actif, le complément d'agent devient le sujet (celui
qui fait l'action indiquée par le verbe).

L'élève est interrogé par l'instituteur.


L'instituteur interroge l'élève.

REMARQUES:

 Seuls les verbes transitifs directs (+ obéir, désobéir, pardonner: trois transitifs indirects)
peuvent exister au passif, donc avoir un complément d’agent:

Il est toujours obéi (désobéi) (par ses élèves).


Avoue, et tu seras pardonné (par tes parents, par nous).
On peut même parler de complément d’agent (sans verbe passif) dans:

21
Je l’ai souvent entendu dire par mon grand-père.
Nous vous ferons porter ce livre par notre fils.

On le rencontre souvent avec un participe passé passif:

Gâté par ses parents, cet enfant est souvent odieux.

 Le complément d’agent est introduit par par ou par de:

par – pour une action précise, momentantée:

Notre sommeil fut interrompu par un fracas terrible.

de – plutôt pour un résultat, presque un état, et durable:

Il était accablé d’une misère sans nom.


Cette fillette est aimée de tous et de chacun.
La maison était ornée de drapeaux.

ATTENTION:

L’article partitif ou indéfini disparaît après de:

Des ennemis l’entouraient. → Il était éntouré d’ennemis.

Il est même introduit par à dans les locutions figées:

mangé aux mites, mangé aux vers (étoffe, tissu, meuble...) = mangé par les mites, par
les vers
connu à – Cette construction est déjà connue à l’ancien français.

ATTENTION ! Ne pas confondre le complément d’agent avec le CC de cause:

Il a été puni par le maître. (agent)


Il a été puni par erreur. (cause)

Quand il y a complément d’agent, on peut toujours le transformer en sujet, en tournant la


phrase à la voix active:

J’ai été puni par le maître. = Le maître m’a puni.

LES FONCTIONS « CIRCONSTANCIELLES »

22
Le complément circonstanciel est un mot (ou groupe de mots) qui "complète" l'action
exprimée par le verbe du point de vue des circonstances (le lieu, le temps, la mesure, la
matière, etc.).
Le complément circonstanciel est la plupart du temps introduit par une préposition.
Le complément adverbial peut être non essentiel ou essentiel – la distinction se
traduit surtout par la mobilité :

 le complément non essentiel a souvent une grande mobilité dans la phrase:

A la nuit tombante, nous partirons.


Nous partirons, à la nuit tombante.
Mon frère, à la nuit tombante, est rentré chez lui.

Sa place est déterminée par les intentions du locuteur (mise en relief) ou par le souci
de l’harmonie.

 le complément essentiel est moins mobile, il est le plus souvent à la suite du verbe. Les
déplacements ont besoin d’une raison particulière. Quand il est en t ête de la phrase, c’est
par souci de le mettre en évidence ou de marquer le lien avec ce qui précède:

A Paris j’allais tous les mois; à Londres une fois par an.

 Le complément circonstanciel peut être:

- un nom: Il viendra en train.

- un pronom: C'est pour elle qu'il est venu.

- un infinitif: Ils travaillent pour s'enrichir.

- un adverbe: Il viendra demain.

- un gérondif: Il avance en reculant.

- une proposition: Il partira quand vous arriverez.

Le complément de lieu

Le CC de lieu possède quatre nuances:

1) le lieu où l’on est (question: où? sans mouvement)

Nous habitons en grande banlieue.

23
2) le lieu où l’on va (question: où? avec mouvement)

Je vais en ville demain, je passerai chez vous.

3) le lieu d’où l’on vient:

Nos amis rentrent de Grèce.

4) le lieu par où l’on passe:

Ils sont passés par l’Italie et rentreront par la Suisse.

 Le CC de lieu peut se construire directement, sans préposition:

Il habite rue Jean-Jaurès. (lieu où l’on est)


Elle se rendit boulevard Raspail. (lieu où l’on va)

 Il peut précéder le verbe et se mettre en tête de proposition:

Sur la branche d’un arbre était en sentinelle


Un vieux coq adroit et matois (litt. rusé) (La Fontaine)

 Le lieu où l’on va peut se confondre avec la destination, le but:

Ils ont pris le train pour Venise.

 Le lieu d’où l’on vient peut se confondre avec l’origine:

Cette femme brillante sort d’un milieu très humble.

Et le lieu par où l’on passe, avec un « moyen » de passage (voie, porte, pont):

Franchir la Seine par le pont Mirabeau.


Sortir de Paris par la porte d’Orléans.

Le complément de temps

Le CC de temps possède deux nuances essentielles:

* la nuance date (question: quand?)

Ils arriveront dimanche et repartiront avant vous.

24
* la nuance durée (question: combien de temps?)

Elle a gardé le lit pendant de longues semaines.


REMARQUES:

 le CC de temps peut se construire directement, sans préposition:

Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.

 il peut précéder le verbe et se mettre en tête:

Les nuits de pluie, l’air est fruité. (qui a le goût de fruit frais)

 il peut s’accompagner d’un gallicisme (voilà, il y a ... que)

Il y a (voilà) dix ans qu’il est parti. = Il est parti depuis dix ans.

Le complément de cause

Le CC de cause répond aux questions – pourquoi, à cause de quoi – posées après le


verbe.
Il est introduit par les prépositions de, par, pour, ou par les locutions prépositives à
cause de, pour cause de, faute de:

Il grelottait de fièvre.
Elle a été punie par erreur.
Je te félicite pour ton brillant succès.
Couvrez-vous bien à cause du vent, à cause du froid.
La boulangerie est fermée pour cause de mariage.
L’homme fut relâché faute de preuves.

REMARQUES:

Une même préposition peut introduire des compléments très différents:

PAR

être puni par son père AGENT


être puni par erreur CAUSE
passer par la Suisse LIEU PAR OU L’ON PASSE

POUR

25
partir pour Rome LIEU OU L’ON VA
s’absenter pour une semaine TEMPS DUREE
être arrêté pour excès de vitesse CAUSE

Le complément de manière

Le CC de manière répond aux questions – comment, de quelle manière:

* soit à l’aide d’une préposition (avec, sans, à, de, par)

Il marche avec peine.


Elle vit sans espoir.
Marcher à pas feutrés.
J’accepte de bon cœur.
Tu as réussi par raccroc.

* soit directemet, sans préposition, le nom accompagné d’un adjectif:

Ne parle pas la bouche pleine.


Il va pieds nus.

* soit de façon elliptique, le nom étant omis:

Je mange à l’italienne.
Il peint à la Gauguin.

REMARQUES:

La manière peut s’exprimer aussi par des équivalents: l’adverbe de manière, l’infinitif-
nom, le gérondif:

chanter faux
agir sans réfléchir
parler en bégayant

Le complément de moyen

Le CC de moyen répond aux questions – comment, au moyen de quoi.


Il se construit avec les prépositions de, avec, par, en, ou, et avec la locution
prépositive grâce à:

Je frappe du poing.

26
Cet appareil marche à l’électricité.
Je voyage en train.
Ils ont payé en sacs de blé.
Nous avons vite gagné le port grâce à un vent favorable.
REMARQUE:

Très proche du CC de manière (qui représente plutôt un mot abstrait), il représente


plutôt un mot concret:

Il travaille avec ardeur. MANIERE


Il travaille avec une pioche. MOYEN

Le complément d’accompagnement

Le CC d’accompagnement répond aux questions – comment, en compagnie de qui.


Il se construit à l’aide d’une seule préposition: avec.

Elle se promène avec sa sœur.


Venez jouer avec nous.

COMPAREZ:

Je travaille avec plaisir. MANIERE


Je travaille avec un sécateur. MOYEN
Je travaille avec mon voisin. ACCOMPAGNEMENT

Le complément de comparaison

Le CC de comparaison répond aux questions – comment, comme qui, comme quoi.


Il est surtout introduit par comme, ainsi que, de même que, mais aussi par en, selon, à la
façon de:

Il s’est conduit comme (ainsi qu’, de même qu’) un prince.


Je te parle en ami.
Tu seras jugé selon tes mérites.
Il a vécu à la façon d’un sage.

REMARQUES:

27
 Le CC de comparaison peut s’analyser comme faisant partie d’une subordonnée
comparative elliptique : comme, ainsi que, de même que sont d’ailleurs des conjonctions
de subordination :

Il est bête / comme une oie. OIE – cc de comparaison ou sujet d’un verbe sous-
entendu = comme une oie est bête

Elle aime les bonbons / comme les gâteaux. GATEAUX – cc de comparaison ou


COD d’un verbe sous-entendu = comme elle aime les gâteaux

C’est le contexte qui compte:

Elle aime les chocolats comme sa maman. le CC de comparaison maman est-il sujet
ou cod d’un verbe sous-entendu = comme sa maman les aime? ou comme elle aime sa
maman?

 Il en est de même pour le complément du comparatif:

Il est aussi bête (plus bête, moins bête) qu’une oie.

 La langue familière fourmille de « comparaisons clichées »:

bête comme une oie


malin comme un singe
pauvre comme Job
pâle comme un linge
blanc comme neige
courir comme un zèbre
souffler comme une phoque

Le complément de quantité

Le CC de quantité répond à la question – combien.


Généralement construit directement, c’est-à-dire sans préposition, il exprime diverses
nuances, toutes relatives à l’idée de mesure:

Ce tableau de Van Gogh vaut de très nombreux millions. PRIX


Cet hercule pèse cent vingt-cinq kilos. POIDS
Ce basketteur mesure deux mètres cinq. TAILLE
La piste du stade fait quatre cents mètres. DIMENSIONS
La température a chuté de dix degrés. DIFFERENCE
Nous avons marché dix kilomètres. DISTANCE

28
Cette fillette a déjà douze ans. AGE

Le complément de but

Le CC de but répond aux questions – pour quoi, en vue de quoi. Il est introduit par –
pour, dans, à, en vue de:

Ils luttent pour la liberté.


J’ai agi dans ton intérêt.
Elle visait à la perfection.
Il travaille en vue d’un succès.

REMARQUE:

Le CC de but est souvent un infinitif, introduit par: pour, afin de, en vue de, pour ne
pas, de peur de, dans l’intention de, dans le dessein de , et familièrement par l’expression
histoire de:

Je lutte pour (afin de) réussir.


Dépêche-toi, de peur d’arriver en retard.
Tendons-lui un piège, histoire de rire.
Ils travaillent pour s’enrichir.

EVITER dans le but de, jugé incorrect; dire dans le dessein de:

 Après un verbe de mouvement, l’infinitif de but se construit directement:

Elle est sortie se promener.


Venez demain jouer avec nous.

Autres CC

 propos (de, sur, au sujet de, à propos de):

Ils parlent de leur avenir.


Réfléchissons sur ce projet.

Il peut être construit directement, sans préposition:

Ils parlèrent longtemps poésie, théâtre, peinture, musique.

29
 point de vue (de, en, quant à):

Il est Canadien de naissance et Français de cœur.


Tu l’emportes sur lui en ardeur (quant à l’ardeur).

 origine ou provenance (de, à):

Il est né de sang noble.


Elle a hérité d’un oncle richissime.
J’ai emprunté sa voiture à mon ami Jacques.

Avec à, ne pas confondre avec le complément d’attribution:

passer le ballon à un partenaire ATTRIBUTION


prendre le ballon (l’enlever, l’ôter) à un adversaire (origine)

 conséquence (à, pour):

Il a gagné à la surprise générale, et pour notre grande joie.

 concession (avec, sans, malgré, nonobstant, en dépit de):

Je cours malgré ma blessure.


Il réussit tout sans aucun travail.
Avec tous ses dons, il végète médiocrement.

 condition (avec, sans, en cas de):

Avec plus d’efforts, tu réussiras.


Je m’ennuierais sans la lecture.
Appelez-nous, en cas de besoin.

 matière (en, de):

Il construit en terre.

AUTRES FONCTIONS

Le complément du nom

Le nom complément du nom précise le sens de ce nom, auquel il est relié par diverses
prépositions:

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un pot de fer
un ver à soie
un bijou en or
un coiffeur pour dammes
un voyage en train

REMARQUE

Ne pas oublier l’omission de la préposition dans:

l’hôtel-Dieu
Bourg-la-Reine

L’infinitif, l’adverbe de circonstance et la subordonnée complétive peuvent être


complément du nom:

la joie de vivre
l’envie de rire
les gens d’ici
des amis de toujours
l’espoir qu’il reviendra = l’espoir de son retour

Le complément du nom exprime de très nombreuses nuances:

possession – l’arc de Jean


matière – un cadre en or
qualité – un peintre de talent
lieu – un séjour à Rome
– un départ pour Rome
temps – les vacances de Noël
– les congés d’été
origine – un vin d’Alsace
– un fromage de Hollande
destination – une robe de bal
– un verre à vin
– une tasse à thé
contenu – un verre de vin
– une tasse de thé
quantité – un tableau d’un million (prix)
– un athlète de cent kilos (poids)
– un athlète de deux mètres (taille)
– un jeune homme de vingt ans (âge)
propos – un livre de grammaire
– une leçon de géographie
point de vue – un champion de tennis

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– un as du volant

 Les pseudo-compléments: lorsque le nom support est un mot du type espèce, type, sorte,
façon, genre, manière, un mot proche d'un numéral dizaine, millier, centaine, etc., ou
encore un collectif, c'est en fait le complément qui est le noyau du syntagme et c'est lui qui,
sous certaines conditions, est le donneur d'accord.

Le complément du pronom

Le pronom, remplaçant majeur du nom, peut, comme lui, avoir un complément:

Chacun de tes amis sera le bienvenu.

Des six sortes de pronoms, seuls trois peuvent avoir un complément: les pronoms
démonstratif, indéfini et interrogatif:

ceux de mes amis


certains de mes amis
lequel de mes amis

Le complément du pronom démonstratif exprime diverses nuances:

ma maison et celle de mon ami – possession


ceux de la ville, ceux de la campagne – lieu
ceux du dimanche – temps
ceux d’entre les élèves qui travaillent – nuance partitive + relative

Le complément des pronoms indéfini et interrogatif a une nette nuance partitive


(avec de, d’entre, parmi):

chacun de mes amis


quelques-uns d’entre (parmi) eux
qui de tes vosins ?
lequel d’entre (parmi) eux?

Le complément du numéral

Employé seul, comme pronom, l’adjéctif numéral, cardinal ou ordinal, peut s’enrichir
d’un complément avec valeur partitive:

Trois de (d’entre, parmi) nos invités arrivent demain.


Ils marient la troisième de leurs filles le mois prochain.

Le complément de l’adjectif numéral est bien proche du complément du pronom:

32
Il a vendu quinze de ses livres rares.
Il a vendu quelques-uns de ses livres rares.

Le complément de l’adverbe

L’adverbe circonstanciel (de manière, et surtout de quantité) peut avoir un complément:

Il a agi conformément (contrairement) à la loi, aux usages.


beaucoup d’appelés et peu d’élus
trop d’émotions
Combien de mois?
Que du monde!
plus (autant, moins) de courage

REMARQUES:

 Le complément de l’adverbe de quantité a une nuance partitive; si l’on remplace


beaucoup par bien, de cède la place à l’article partitif:

beaucoup de plaisir = bien du plaisir


beaucoup de chance = bien de la chance

 Le groupe de l’adverbe de quantité a toutes les fonctions d’un groupe du nom (sujet, objet,
agent...):

beaucoup d’enfants = de nombreux enfants

Le complément de l’adjectif

Quels que soient sa fonction et son degré, l’adjectif qualificatif peut avoir un
complément (nom ou équivalent):

riche de dons
prompt à la riposte
fort en mathématiques
dur (plus dur, moins dur, très dur) envers les méchants

Il exprime des nuances variées:

cause – fier d’un succès

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– célèbre pour son savoir
moyen – plein de lait
– plein de fleurs
origine – natif de Bretagne
– issu du peuple
point de vue – fort en orthographe
– élégant de forme
mouvement vers – bon pour les bêtes
– gentil envers les faibles
éloignement  – exempt d’impots
– absent du pays
– libre de tout souci
objet de l’action – avide de gloire
– capable de progrès

Un adjectif peut avoir deux compléments de nuances différentes:

Il est capable de progrès (objet) en calcul (point de vue):

Le pronom (ou son groupe), l’infinitif, la subordonnée complétive peuvent être


compléments de l’adjectif qualificatif:

Ta mère est fière de toi.


Il est heureux de vivre.
Cette fille est belle à voir.
Nous sommes sûrs que tu réussiras.

Le complément du comparatif

L’adjectif qualificatif au comparatif s’enrichit souvent d’un complément par la


conjonction que; ce complément n’est autre qu’une subordonnée circonstantielle de
comparaison, complète ou elliptique:

Il est plus courageux qu’on ne le dit généralement.


Il est plus courageux que son frère.
Il est plus courageux que moi.
Il est plus courageux que chacun de nous. (groupe du pronom)
Il est plus courageux que sage. (adjectif).
Il est plus courageux que jamais. (adverbe)

Le complément des adjectifs supérieur, inférieur, antérieur est introduit par à et non
par que:

Il est supérieur à son frère, mais inférieur à sa sœur.

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Le complément du comparatif s’allie aux compléments de l’adjectif simple:

Tu es fort en calcul.
Tu es plus fort que moi en calcul.
Il est capable de progrès en calcul; il est moins capable de progrès en calcul
que son ami Paul.
Le complément du superlatif

L’adjectif qualificatif au superlatif s’enrichit souvent d’un complément:

 nom ou groupe du nom au pluriel:

Paul est le plus (le moins) courageux de mes cousins.

Quand il paraît au singulier, c’est qu’il y a une omission:

Il est le plus (le moins) doué de la classe (= des élèves de la classe)


Elle est la plus (la moins) gentille de la famille (= des membres de la
famille)

 pronom ou groupe du pronom:

Tu es le plus (le moins) petit de nous (de ceux de notre classe).

 subordonnée relative avec verbe au subjonctif :

Ce poème est le plus beau qui soit.

REMARQUES :

 le superlatif absolu ne peut avoir de complément:

Paul est très bavard.


Marie est très peu hardie.

 le complément du superlatif relatif a une nette valeur partitive:

Il est le plus (le moins) sage de (d’entre, parmi) nos amis.

 le genre du superlatif est curieusement influencé par celui de son complément:

L’oie est la plus sotte des bêtes (= la plus sotte bête parmi les bêtes)
35
 le complément du superlatif s’allie aux compléments de l’adjectif simple:

Tu es fort en calcul.
Tu es le plus fort de nous tous en calcul.
Il est capable de progrès en calcul.
Il est le moins capable d’entre les élèves de la classe de progrès en calcul.

L’apostrophe

Le nom, le groupe du nom ou le pronom est mis en apostrophe quand il


désigne un être animé ou une chose personnifiée, à qui l’on s’adresse, qu’on
interpelle, autrement dit – qu’on apostrophe:

Pierre, chante-nous quelque chose!


Amis, buvons à la santé de Paul.

Le mot ou groupe mis en apostrophe ne dépend grammaticalement d’aucun


autre mot de la proposition; dans son analyse, on dira seulement «  mis en
apostrophe »:

Louise, écris une carte à ta marraine.

 Isolée par une ou deux virgules, l’apostrophe précède, coupe ou suit la


proposition qu’elle accompagne:

Mes chers amis, je vous invite à vous approcher du buffet.


Je vous invite, mes chers amis, à vous approcher du buffet.
Je vous invite à vous approcher du buffet, mes chers amis.

 L’apostrophe est parfois précédée de l’interjection ô , dans le style solennel et


oratoire, ou dans le style ironique:

Ô temps, suspends ton vol!

 Le nom commun mis en apostrophe est généralement sans article :

Enfants, aimez vos parents.


Respecter vos maîtres, écoliers!

Mais, dans le style familier, l’article peut reparaître:

Hé! l’ami, approchez donc!


Silence, les gosses!
Passez votre chemin, la fille!

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 Le nom en apostrophe, précédé d’un adjectif possessif à la première personne,
exprime soit l’affection, soit la déférence:

Je t’aime, ma Susanne.
Mes respects, mon colonnel.

 L’apostrophe peut être un pronom personnel de la deuxième personne du


singulier ou du pluriel:

Toi, viens avec nous.


Vous, attendez notre retour.

Apposition

L'apposition se présente le plus souvent comme un élément nominal placé dans la


dépendance d'un autre élément nominal. L'élément dépendant a, vis-à-vis du nom principal, la
relation qu'a un attribut avec son sujet ou une épithète avec le nom qu'il qualifie.
Ces deux relations donnent lieu à deux "types" d'appositions:

La France, pays des droits de l'homme, se doit de... où "pays des droits de l'homme"
désigne la France et peut se lier par être.

Il a commandé des chèques repas. où "repas" apparaît comme un qualificatif de même


type qu'un adjectif "des chèques périmés" ou "rouges". Certains grammairiens parlent
alors de substantif épithète.

Ce dernier exemple illustre un procédé très productif à notre époque. La publicité et


les médias l'utilisent largement.

 Le nom mis en apposition précise la nature ou la qualité du nom auquel il est


apposé, ce nom pouvant avoir n’importe quelle fonction dans la proposition:

Le lion, terreur des forêts, rugit. – apposition au sujet lion


Chacun redoute le cri du lion, terreur des for êts. – apposition au
complément de nom lion
Je te redoute, ô lion, terreur des forêts. – apposition à l’apostrophe lion

 L’apposition est généralement séparée du nom auquel elle est apposée par une
virgule, ou par deux points:

Pierrot, le chat, et Lili, la tortue, ne se quittent plus.


Tout le monde est sur pied: pigeons, canards, dindons.
(ici plusieurs appositions partielles)

Mais elle peut être simplement juxtaposée, sans aucune ponctuation:

37
le poète Victor Hugo
l’orateur Mirabeau
l’ingénieur Eiffel
Guillaume le Conquérant
une girafe mâle
C’est un secrétaire femme que l’on demande.

DISTINGUER du complément de nom sans préposition:

le lycée Victor Hugo


le pont Mirabeau
la tour Eiffel

Tantôt l’apposition précède le nom:

le roi Albert
le philosophe Platon
Madame Durand

 L’apposition peut être introduite par une préposition explétive:

la ville de Paris
le mois de mai

DISTINGUER des compléments du nom:

les rues de Paris


les nuits de mai

 L’apposition peut précéder le mot auquel elle se rapporte:

Un souffle, une ombre, un rien, tout lui donnait la fièvre.


(trois appositions partielles au sujet tout)

Il en est de même avec la locution prépositive explétive quant à:

Quant à mon père, il chantait tous les matins.

 Par élégance du style, elle peut être loin du mot auquel elle se rapporte:

Les flots , le long du bord, glissent, vertes couleuvres .

 Dans l’apposition on trouve souvent des emboîtements successifs et de l'élément principal


dépendent parfois plusieurs éléments:

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l'axe Paris-Berlin
le duel Mitterrand-Chirac
un conflit mère-fille
la trilogie immigration-insécurité-chômage

Dans ce type de construction, les mots dépendant de l'élément principal sont liés par
des traits d'union.
Si l'apposition est donneuse d'accord c'est le premier élément qui est décisif.

 L’apposition se rapportant à autre chose qu’un nom est toujours détachée:

Nous, préfet de la Seine, ordonnons...


Il avait appris à peindre sur soie, art subtil.

L’apposition se rapportant à un pronom personnel conjoint, sujet ou complément, ne


peut le suivre immédiatement:

Témoin de l’accident, il a fait une déclaration précise.


Je l’ai connue petite fille.

Si l’on éloigne l’apposition du nom ou du pronom auxquels elle se rapporte, il faut


prendre garde aux ambiguïtés:

dans Ma mère l’a connue petite fille, petite fille se rapporte-t-il à ma mère ou à l’ ?

 Il ne faut pas confondre l'apostrophe et l'apposition. L'apostrophe interpelle (c'est le


vocatif latin). La phrase interpellative utilise l'apostrophe (Garçon!), l'impératif (Venez!)
ou des interjections (Allo. Hep! Pst!). Elle fait partie du discours direct.

On peut, pour différencier l'apostrophe de l'apposition, passer la phrase au discours


indirect:

Il a dit: "Toi chante-nous quelque chose!" donnera, par exemple Il lui a dit qu'il nous
chante quelque chose.
Je leur ai dit: "Amis, buvons à la santé de Pierre!" donnera J'ai dit à mes amis que
nous buvions à la santé de Pierre.

Le mot en apostrophe sort de la citation, il ne peut être conservé dans le discours


indirect.
 

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