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MASTER « DROIT DES AFFAIRES »

MODULE : DROIT BANCAIRE

EXPOSE SOUS LE THEME

LA LIBERTE CONTRACTUELLE DANS


LE CADRE DE LA RELATION
ETABLISSEMENT DE CREDIT - CLIENT

REALISE PAR : SOUS L’ENCADREMENT DE M. :

HAMMOUMI YASSINE Pr. LAKHSSASSI HICHAM

L’ANNEE UNIVERSITAIRE : 2020/2021


LISTE DES ABREVIATIONS

A.
- Art. : Article ;

- al. : Alinéa ;

B.

- BO : Bulletin Officiel ;

- Bull. civ. : Bulletin des arrêts des chambres civiles de la Cour de cassation ;

C.
- C. com : Code de commerce ;

- Cons. const. : Conseil constitutionnel ;

D.
- DC : Décision du Conseil constitutionnel ;

N.
- N° : Numéro ;

P.
- p. : Page ;

R.
- Rep. com. Dalloz : Répertoire commercial Dalloz ;

T.

- t. : tome ;
SOMMAIRE

I. ETENDU DE LA LIBERTE CONTRACTUELLE DANS LA


RELATION ETABLISSEMENT DE CREDIT – CLIENT

A. LA LIBERTE DE CONTRACTER ET DU CHOISIR SON


COCONTRACTANT

B. LA LIBERTE DE CHOISIR LE CONTENU DU CONTRAT

II. LIMITES DU PRINCIPE DE LA LIBERTE CONTRACTUELLE


DANS LA RELATION ETABLISSEMENT DE CREDIT – CLIENT

A. LA RECONNAISSANCE DE CERTAINS DROITS POUR LE


CLIENT

B. L’EXIGENCE DE CERTAINES OBLIGATIONS DE


L’ETABLISSEMENT DE CREDIT
INTRODUCTION

Les établissements de crédit et les organismes assimilés sont agréés à exercer des
opérations bancaires. Il s’agit des opérations relatives aux comptes bancaires, aux services
de paiement ainsi qu’au crédit.

Ces opérations et services présente une importance considérable au niveau de


l’économie national de l’Etat et pour la vie quotidienne des citoyens. Le domaine bancaire
devient donc un service vital et essentiel dans le développement économique.

L’instrument essentiel et principal pour accéder et bénéficier des services présentés


par les établissements de crédit est le contrat.

La liberté contractuelle issue de grand principe de l’autonomie de la volonté permet


aux sujets de droit d’établir des différents actes juridiques, notamment les contrats. Ainsi,
elle permet de contracter librement, c’est-à-dire d’engager et de s’engager, de choisir son
contractant et de déterminer le contenu du contrat.

Le principe de la liberté contractuelle comme principe directeur en matière des


contrats du droit commun se trouve atteint et réduit au niveau des législations spéciales.

Les contrats établis dans le domaine bancaire présentent des spécificités liées au
caractère spécial de ce domaine. De ce fait, l’étendu et la portée du principe de la liberté
contractuelle se trouve influencé.

Face à ce constat une problématique est dégagée. En effet, Peut-on parler d’une
véritable liberté contractuelle dans le cadre de la relation établissement de crédit –
client ?

Pour essayer de répondre à la problématique posée, nous allons traiter dans une
première partie : l’étendu de la liberté contractuelle dans la relation établissement de
crédit– client (I), avant d’analyser les limites de ce principe (II).

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I. ETENDU DE LA LIBERTE CONTRACTUELLE DANS LA RELATION
ETABLISSEMENT DE CREDIT – CLIENT

Le principe de la liberté contractuelle s’explique à travers trois points. Ainsi, toute


personne est libre de contracter, de choisir son contractant et enfin de choisir le contenu
du contrat.

Ainsi, pour appliquer ce principe à la relation entre l’établissement de crédit et ses


clients, il est question de traiter d’abord la liberté de contracter et de choisir son
contractant (A), puis la liberté de choisir le contenu du contrat (B).

A. LA LIBERTE DE CONTRACTER ET DU CHOISIR SON COCONTRACTANT

Le développement des différents aspects de la vie actuellement réduit pour les


personnes leur liberté de contracter ou pas. En effet, en raison de l’importance
considérable des services bancaires présentés par les établissements de crédit on se trouve
parfois obliger de contracter. Ainsi, l’ouverture d’un compte en banque est obligatoire
pour certaines catégories de personnes. Le fonctionnaire ou le salarié par exemple doit
avoir un compte bancaire pour recevoir sa rémunération. Aussi, parmi les exigences de
constitution d’une société anonyme on trouve l’obligation de déposer nom de la société
en formation, les fonds provenant des souscriptions en numéraire dans un compte
bancaire bloqué 1. Cela dit donc une obligation de contracter avec un établissement de
crédit.

Cette vision de législateur traduit la politique de bancarisation suivie par l’Etat afin
de permettre un grand accès des citoyens aux services bancaires. Une action justifiée par
des raisons du développement économique et de la politique monétaire de l’Etat.

Le deuxième aspect du principe de la liberté contractuelle est le choix du


contractant. En effet, conformément à ce principe on choisit notre cocontractant
librement, ce qui implique un choix selon de différents critères et exigences. Ainsi, dans le
cadre de la relation entre un établissement de crédit et un client ces derniers ont la liberté
de choisir avec qui ils souhaitent contracter.

1 Voir l’article 22 de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes telle qu’elle a été modifiée et complétée.
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Pour les établissements de crédit, l’intuitu personae joue un rôle considérable pour
déterminer son cocontractant. Ainsi, à titre d’exemple, pour octroyer un crédit,
l’établissement doit s’assurer de la personne qui demande le crédit et sa capacité de
remboursement.

Les intérêts impliqués dans une relation avec le client doivent être protégés, et le
banquier ne peut risquer en contractant avec quiconque, n’oubliant pas que c’est un
commerçant qui cherche des bénéfices.

De ce fait, le principe qui permet à un établissement de crédit cette possibilité du


choix libre de son cocontractant lui permet de refuser un rapport contractuel avec une
personne. Le refus de contracter n’est alors qu’une manifestation de la liberté
contractuelle.

Si le contrat recouvre une fonction d’appréhension du futur, des risques qu’il


comporte et de leur maîtrise, la liberté contractuelle est l’instrument de la prise de risques
ou du refus de la prise de risques. Le contrat permet seulement de gérer ces risques une
fois acceptés 2.

Le client de son côté se trouve libre de passer un contrat avec un établissement de


crédit, cela ressort du principe de la liberté contractuelle. Toutefois, la pratique prouve
que parfois on se trouve obliger de passer un contrat avec la banque. En effet, les
difficultés liées au mode de vie assez-développé de nos jours oblige d’obtenir un crédit.
Donc, le client se trouve libre uniquement de choisir cocontractant. A ce niveau, il
bénéfice d’un libre choix mais qui se trouve également limité. Parmi les conséquences du
monopole bancaire que détient les établissements de crédit et les organismes assimilés
limite les choix du client du moment où la plupart de ces établissements établissent les
mêmes conditions de contracter.

Les difficultés pour le client s’aggravent plus suite au droit de refus dont dispose le
banquier. Or, le même principe permettant au client de contracter librement avec un
établissement de crédit permet à ce dernier de son côté, de refuser le contrat.

2H. Barbier, La liberté de prendre des risques, Thèse, Puf., 2011, n° 191. Cité par : J. Chossis, Le refus du
banquier, thèse de doctorat, l’école doctorale Droit et Science Politique, Université Montpellier, 2015, p. 48.
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Ceci nous permet de s’interroger sur la question de discrétionnarité de la décision
du banquier. Ainsi, dans son arrêt Tapie3, l’Assemblée Plénière de la Cour de cassation
française a considéré, au visa des articles 1134 et 1147 du Code civil, que « le banquier est
toujours libre, sans avoir à justifier sa décision qui est discrétionnaire, de proposer ou de consentir un crédit
quelle qu’en soit la forme, de s’abstenir ou de refuser de le faire ».

Le caractère discrétionnaire de la décision du banquier d’octroyer un crédit fait


obstacle à toute prétention de l’emprunteur d’exiger que celui-ci lui soit consenti. Ce
caractère discrétionnaire résulte du principe de la liberté contractuelle, principe fondateur
du droit des contrats4. La liberté contractuelle est donc le fondement initial de refus du
banquier.

Avec ce conflit d’intérêts entre le client et l’établissement de crédit, l’intervention de


législateur s’avère nécessaire, qui sera l’objet de la seconde partie.

B. LA LIBERTE DE CHOISIR LE CONTENU DU CONTRAT

La liberté de choisir le contenu du contrat est l’une des manifestations du principe


de la liberté contractuelle. La liberté pour toute personne de s’engager, conformément au
principe de l’autonomie de la volonté, implique la liberté de choisir les obligations qui lui
seront imposées. De ce fait, La liberté contractuelle se définit également comme la
possibilité de négocier afin de déterminer le contenu du contrat.

Plusieurs formes de contrats peuvent être établies entre un établissement de crédit


et un client. Il s’agit essentiellement d’une convention de compte bancaire, de services de
paiement ou d’un contrat de crédit.

Néanmoins, la nature et le statut juridiques des établissements de crédit en tant que


personnes morales exerçant une activité professionnelle permettent de le placer devant un
consommateur profane. Le rapport existant entre les deux présente un déséquilibre
contractuel suite à la position économique forte des établissements de crédit.

3 Ass. Plen., 9 octobre 2006, Bull. civ. n° 11, p. 27. Cité par : M. Nicole, Essaie sur le droit au crédit, thèse de
doctorat, Ecole doctorale de droit, faculté de Droit, Université Paris DESCARTES, 2014, p. 21.
4 M. Nicole, Essaie sur le droit au crédit, thèse de doctorat, Ecole doctorale de droit, faculté de Droit,

Université Paris DESCARTES, 2014, p. 21.


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C’est la raison pour laquelle le client se trouve soumis à des obligations et des
conditions imposées par son cocontractant professionnel. Le client adhère au contrat
proposé par l’établissement de crédit.

Cette force se manifeste à titre d’exemple dans le cadre des taux d’intérêts imposés
au client, qui n’a le choix que d’accepter ou de refuser le contrat. Cette liberté pour
l’établissement de crédit est renforcée par l’article 153 de la loi n° 103-12. En effet, « Les
dispositions du dahir du 8 kaada 1331 (9 octobre 1913) fixant, en matière civile et commerciale, le taux
légal des intérêts et le maximum des intérêts conventionnels, tel qu’il a été modifié, ne sont pas applicables
aux opérations de dépôts et de crédits effectuées par les établissements de crédit ».

Le client se trouve donc devant un contenu qui lui est imposé en raison de la nature
particulière du son rapport avec l’établissement de crédit. Il n’a pas la possibilité de choisir
et de négocier les conditions appliquées au contrat. Il est libre seulement de choisir entre
les produits proposés par l’établissement de crédit selon sa capacité.

Suite à cette situation, on a assisté à des interventions législatives ou


jurisprudentielles dans le rapport établissement de crédit – client afin d’essayer de rétablir
un équilibre contractuel. Cette intervention constitue en effet une limite au principe de la
liberté contractuelle.

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II. LIMITES DU PRINCIPE DE LA LIBERTE CONTRACTUELLE DANS LA
RELATION ETABLISSEMENT DE CREDIT – CLIENT

La liberté contractuelle est un principe fondamental en droit civil et au niveau des


rapports contractuels. Néanmoins, la portée de ce principe se trouve limitée dans certains
cas spéciaux. En effet, suite au développement sociale et économique de la société tant au
niveau interne qu’au niveau international, des nouvelles pratiques contractuelles ont été
apparût, ce qui a nécessité une intervention législative pour les encadrer.

La pratique a montré l’existence des rapports contractuels entre une catégorie de


personnes considérées comme des « professionnels » face à d’autres appelées
« consommateurs ou profanes ». Ce type de rapports présente un déséquilibre contractuel
flagrant entre les deux parties, ce qui a nécessité l’intervention pour protéger la partie
faible et rétablir l’équilibre des prestations.

La relation entre les établissements de crédit et leurs clients est un exemple typique.
En effet, pour essayer de rétablir un équilibre contractuel entre les protagonistes, la
pratique permet de connaître des droits en faveur de clients (A), et imposer le respect de
certaines obligations aux établissements de crédit (B).

A. LA RECONNAISSANCE DE CERTAINS DROITS POUR LE CLIENT

Le monopole bancaire dont bénéficient les établissements de crédit et les


organismes assimilés donne lieu à une restriction des choix pour les clients des services
proposés par ces institutions. Ceci rend les activités des établissements de crédit d’une
importance considérable au point de les considérer comme des activités de service
public 5 . En effet, selon Léon Duguit une activité nécessaire à la réalisation de
« l’interdépendance sociale » devait recevoir la qualification d’activité de service public 6.

La nature économique de service public permet d’assurer le développement


économique comme une mission d’intérêt général. De ce fait, les activités des

5La jurisprudence française considère la distribution de crédit comme une activité d’intérêt général,
notamment pour le cas des entreprises en difficulté, puisque elle consiste à « …lever un obstacle à l’octroi des
apports financiers nécessaires à la pérennité des entreprises en difficulté… ». Cons. const. Décision n° 2005- 522 DC
du 22 juillet 2005. Cité par : M. Nicole, Op. cit., p. 318.
6 L. Duguit, Traité de droit constitutionnel, t. 2, 1928, p. 61.

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établissements de crédit répondent aux besoins économiques de la population en
présentant des services d’intérêt économique.

Cette place importante de l’activité bancaire a permet la reconnaissance et la


consécration de certains droits en faveur des clients des établissements de crédit.

Il s’agit essentiellement d’un droit au compte reconnu à toute personne physique ou


morale. La reconnaissance d’un tel droit atténue la liberté de l’établissement de crédit de
refuser l’ouverture d’un compte pour une personne. En effet, selon l’article 150 de la loi
103-12 : « Toute personne ne disposant pas d’un compte à vue et qui s’est vu refuser, par une ou
plusieurs banques, l’ouverture d’un tel compte après l’avoir demandé par lettre recommandé avec accusé de
réception, peut demander à Bank Al-Maghrib de désigner un établissement de crédit auprès duquel elle
pourra se faire ouvrir un tel compte ».

Le droit au compte est un droit fondamental qui peut être défini comme le service
bancaire minimum au bénéfice de certaines personnes dépourvues de compte de dépôt.
La loi réserve ce droit afin de protéger toute personne qui veut en disposer, notamment
les personnes qui se trouve imposée par la loi d’ouvrir un compte bancaire (cf. supra)7.

Néanmoins, en lecture de cette disposition du premier alinéa de l’article 150 il est


précisé que la possibilité de recourir à la BAM est réservée aux personnes ne disposant
d’aucun compte à vue. Est-ce que ça exclut la personne qui a déjà un compte dans le
même établissement ou dans un autre établissement ? De plus, l’article mentionne
uniquement le compte à vu. Est-ce que cela dit qu’on ne peut recourir à la BAM lorsqu’il
s’agit des autres types de comptes en banque ? En outre, pourquoi désigner un autre
établissement de crédit pour l’ouverture du compte, alors que la personne concernée
désire l’ouvrir dans le premier établissement de son propre choix ? Encore, par référence
au second alinéa du même article, on déduit que la BAM ne désigne pas un établissement
de crédit pour l’ouverture du compte sauf si le refus n’est pas fondé.

En France, un projet de loi n° 991 relative à l’instauration du droit au compte, voté


le 30 juin 2020, consacre le droit au compte en Principauté. Ce dispositif se veut être

7 Voir le (A) de la première partie, p. 2.


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équilibré entre les intérêts privés des acteurs bancaires établis en Principauté et l’intérêt
général qui sous-tend la reconnaissance du droit au compte8.

Pour les acteurs bancaires, le principe de la liberté contractuelle prévaut. Le refus


par le banquier d’ouvrir un compte bancaire reste libre, sous réserve de ne pas être
discriminatoire. Pour l’intérêt général sous-tendu, le droit au compte a une fonction
sociale (lutte contre l’exclusion), une fonction économique (instrument privilégié de la vie
des affaires) et une fonction éthique (instrument privilégié dans la lutte contre le
blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et la corruption)9.

Le banquier en tant que commerçant cherche toujours de façon légitime à


développer son activité et à réaliser des profits. De ce fait, il est libre d’octroyer des
crédits. Cette opération est le cœur de son métier, ce qui ne signifie cependant pas qu’il
puisse le faire n’importe comment et pour n’importe qui 10.

De nos jours et avec le développement de mode de vie l’obtention de crédit pour


une catégorie de personnes devient une nécessité. Ainsi, les entreprises sont les premières
à obtenir des crédits comme moyen principal de leur financement.

Si on part du principe de la liberté contractuelle, le client est libre de souscrire un


contrat de crédit avec un établissement de crédit de son choix. Cependant, et selon la
même vision du principe de la liberté contractuelle, le banquier est libre de refuser
l’ouverture de crédit.

Cela nous place devant des difficultés diverses pour les deux protagonistes. Pour le
client (entreprise) l’obtention d’un crédit est une nécessité afin de développer son activité
et éviter la dissolution de son projet. De son côté, le banquier ne peut octroyer un crédit
pour n’importe qui, sous réserve d’engager sa responsabilité civile, et parfois pénale
(financement de terrorisme et des activités illicites…).

A ce niveau, le principe de la liberté contractuelle en matière bancaire ne suffit pas


pour bien gérer les rapports entre les parties en question. De ce fait, on assiste à des

8 ZABALDANO AVOCATS, La reconnaissance du droit au compte en principauté. Disponible sur :


https://zabaldano.com/wp-content/uploads/2020/07/DROIT-BANCAIRE-LA-ECONNAISSANCE-
DU-DROIT-AU-COMPTE-EN-PRINCIPAUTE.pdf [Consulté le 20 janvier 2021].
9 Ibidem.
10 F. Pasqualini, « Responsabilité du banquier », Rep. com. Dalloz, octobre 2005, p. 33.

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initiatives pour permettre et faciliter à certaines catégorise de personnes à octroyer des
crédits.

Ainsi et à titre d’exemple, l’Etat intervient pour assurer aux clients un droit d’accès
au crédit, plus particulièrement pour les TPE et les PME. Il s’agit des différents dispositifs
d’accompagnement des TPME mis en place au cours des dernières années. Récemment,
le Programme Intégré d’Appui et de Financement des Entreprises (PIAFE) a été lancé en
2020 par le ministère des Finances et de la Réforme de l’Administration, Bank Al-
Maghrib et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc11. Ce programme, et afin
de permettre l’accès de cette catégorie au financement, prévoit des différents produits de
crédit avec des taux d’intérêts plafonnés à 2% en règle générale et à 1,75% dans le monde
rural.

De base, le contenu du contrat de crédit se trouve en général imposé au client par le


banquier, étant donné qu’il s’agit d’un contrat d’adhésion. Ce qui nous permet de conclure
que la liberté contractuelle en matière bancaire est limitée, notamment, du côté du client
considéré comme partie faible dans ce rapport.

B. L’EXIGENCE DE CERTAINES OBLIGATIONS DE L’ETABLISSEMENT DE


CREDIT

La position faible du client dans les contrats bancaires permet l’intervention


législative en essayant de rétablir un équilibre contractuel entre les deux parties.

La loi n° 31-0812 édictant les mesures de protection de consommateur présente un


cadre légal général qui prévoient des dispositions et des mécanismes qui visent à protéger
le consommateur vis-à-vis de professionnel.

Ce dispositif constitue une intervention et immixtion, parmi d’autres 13 , de


législateur, en matière contractuelle basée essentiellement sur le principe de l’autonomie
de la volonté des parties et de la liberté contractuelle.

11 Voir le guide sur ce programme via le lien suivant :


https://fesmeknesinvest.ma/sites/default/files/Guide%20PIAFE%2014%202%2020%20fr.pdf.
[Consulté le 23 janvier 2021].
12Promulgué par le dahir n°1-11-03 du 14 rabii I 1432 (18 février 2011), BO n°5932 du 07/04/2011, pages

347-370.
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Le législateur vise à assurer une protection en faveur des déposants ainsi que les
emprunteurs, en imposant certaines obligations au niveau de fond et de la forme du
contrat engageant l’établissement de crédit et son client.

Pour les emprunteurs, ils sont sécurisés contre les réductions ou annulations
brutales des lignes de crédit dont ils bénéficient. Ainsi, la banque ne peut réduire ou
résilier le crédit consenti que sur notification écrite et après l’expiration d’un délai d’au
moins de 60 jours dès l’ouverture de crédit 14. Il s’agit d’une obligation de préavis préalable
imposée aux banques en matière d’ouverture des crédits.

Pour assurer une bonne exécution du contrat, la banque est tenue d’une obligation
d’information vis-à-vis ses clients. En effet, la loi 31-08 édictant les mesures de protection
de consommateur impose une obligation générale d’information aux fournisseurs de biens
ou les prestataires de services15.

Les établissements de crédit doivent porter à la connaissance du public les


conditions appliquées à leurs opérations, notamment en matière de taux d’intérêts
débiteurs et créditeurs, de commission et de régime de date de valeur 16 . En matière
d’opérations de compte, l’établissement doit envoyer au client au moins tous les trois
mois une copie du relevé de compte (Art. 491 du C. com). Par ce relevé le client est
informé des écritures passées en compte, de la position créditrice ou débitrice du solde du
compte à une date déterminée et également de certaines conditions de banque 17. Il est à
signaler que le relevé de compte doit être tenu sans rature ni altération.

Le banquier est tenu aussi d’un devoir de conseil en faveur de son client.
Cependant, il faut distinguer le conseil de l’information. L’information n’est que la

13 Le Titre VII du Livre IV du Code de commerce régit les contrats bancaires. Egalement, la loi 103-12
impose certaines obligations dans ce cadre.
14 L’article 525, al. 2 du Code de commerce prévoit que : « L’ouverture de crédit à durée illimitée, expresse ou

tacite, ne peut être résiliée ou réduite que sur notification écrite et à l’expiration d’un délai fixé lors de l’ouverture de crédit, ce
délai ne peut être inférieur à 60 jours ».
15 Selon l’article 3 de la loi 31-08 : « Tout fournisseur doit mettre, par tout moyen approprié, le consommateur en mesure

de connaître les caractéristiques essentielles du produit, du bien ou du service ainsi que l'origine du produit, ou du bien et la
date de péremption, le cas échéant, et lui fournir les renseignements susceptibles de lui permettre de faire un choix rationnel
compte tenu de ses besoins et de ses moyens ».
16 Voir art. 154 de la loi 103-12.
17 L. Reine, L’obligation d’information du banquier, mémoire de master, Université de Douala- Cameroun,

2008, (page non mentionnée). [Disponible sur le lien suivant :


https://www.memoireonline.com/11/13/7734/m_L-obligation-d-information-du-banquier16.html.
Consulté le 23/01/2021].
Page | 10
transmission abrupte d’une donnée. L’avis, au contraire, implique une prise de position et,
le cas échéant, un conseil implicite 18.

Le véritable conseil, quant à lui, est directif et contient une incitation. On pourrait
croire que sa nature prudente conduit le banquier à se limiter à de pures informations.
Mais il n’en est rien. Ses clients attendent beaucoup plus de lui quand ils sont, par
exemple, confrontés à la diversité et à la complexité des formules de crédit et surtout
quand ils commencent à connaître des difficultés financières 19.

Bien sûr, le conseil ainsi compris ne doit pas être orienté par le désir inavoué de
l’établissement de crédit d’exercer une influence sur la gestion de son débiteur afin que les
conditions de remboursement de ses concours soient optimales. L’établissement doit
éviter l’immixtion blâmable dans la décision du client.

Suivant le principe du consensualisme, la validité d’un contrat n’est conditionnée


par une forme particulière et seul le consentement des parties suffit. Cependant, en
matière bancaire, la loi exige certaines obligations de forme. En effet, l’établissement de
crédit et le client doivent établir une convention de compte écrite pour l’ouverture d’un
compte à vue ou à terme ou d’un compte titres 20.

Les deux parties ne sont pas libres d’établir la convention selon leur choix. La loi
impose une forme déterminée de la convention avec des clauses minimales qui doivent
être incluses dans la convention21.

Toujours au niveau de la forme, le législateur indique des mentions obligatoires et


des indications qui doivent être indiquées dans certains documents. A titre d’exemple, aux
termes de l’article 496 du Code de commerce : « Le relevé de compte indique de façon apparente le
taux des intérêts et des commissions, leur montant, et leur mode de calcul ».

Le fait de consacrer certains droits en faveur du client et d’imposer des obligations


à l’établissement de crédit traduit une autre vision au regard des rapports contractuels.

18 F. Pasqualini, Op. cit., p. 2.


19 Ibidem.
20 Art. 151, al. 1 de la loi 103-12.
21 Selon l’alinéa 2 de l’article 151 de la loi 103-12 : « Une convention type précisant les clauses minimales de la

convention de compte, est fixée par circulaire du Wali de Bank- Al Maghrib, après avis du comité des établissements de
crédit ».
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Ainsi, aujourd’hui on essaye de rétablir un équilibre contractuel entre les parties,
notamment dans le cadre des contrats qualifiés d’ « adhésion », en l’occurrence, les
contrats établis en matière bancaire.

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CONCLUSION

En somme, le législateur animé par la protection du client (déposant / emprunteur)


intervient dans la relation établissement de crédit – client. Ce qui nous amène à
reconnaitre une limite de la portée du principe de la liberté contractuelle dans ce cadre.

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BIBLIOGRAPHIE

1. Ouvrages :

- Duguit (L.), Traité de droit constitutionnel, t. 2, 1928.

2. Thèses et mémoires :

- Barbier (H.), La liberté de prendre des risques, Thèse, Puf., 2011 ;


- Chossis (J.), Le refus du banquier, thèse de doctorat, l’école doctorale Droit et
Science Politique, Université Montpellier, 2015 ;
- Nicole (M.), Essaie sur le droit au crédit, thèse de doctorat, Ecole doctorale de
droit, faculté de Droit, Université Paris DESCARTES, 2014 ;
- Reine (L.), L’obligation d’information du banquier, mémoire de master,
Université de Douala- Cameroun, 2008. [Disponible sur le lien suivant :
https://www.memoireonline.com/11/13/7734/m_L-obligation-d-
information-du-banquier16.html. Consulté le 23/01/2021].

3. Articles :
- Pasqualini (F.), « Responsabilité du banquier », Rep. com. Dalloz, octobre
2005.
4. Guides / Rapports / Etudes :

- Guide du Programme Intégré d’Appui et de Financement des Entreprises :


https://fesmeknesinvest.ma/sites/default/files/Guide%20PIAFE%2014%
202%2020%20fr.pdf. [Consulté le 23 janvier 2021].
- ZABALDANO AVOCATS, La reconnaissance du droit au compte en principauté.
Disponible sur :
https://zabaldano.com/wp-content/uploads/2020/07/DROIT-
BANCAIRE-LA-ECONNAISSANCE-DU-DROIT-AU-COMPTE-EN-
PRINCIPAUTE.pdf [Consulté le 20 janvier 2021].

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TABLE DES MATIERES

Introduction .......................................................................................................................... 1

I.Etendu de la liberté contractuelle dans la relation établissement de crédit–


client …… ... .................................................................................................................................. 2

A. La liberté de contracter et du choisir son cocontractant...................................... 2

B. La liberté de choisir le contenu du contrat..............................................................4

II. Limites du principe de la liberté contractuelle dans la relation établissement de


crédit – client ..………………………………………………………………………......6

A. La reconnaissance de certains droits pour le client…...........................................6

B. L’exigence de certaines obligations de l’établissement de crédit…….. .............. 9

Conclusion ..........................................................................................................................13

Bibliographie .......................................................................................................................14

Table des matières ..............................................................................................................15

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