- Monsieur le Docteur Henri Arnaud, président du conseil de l’ordre des médecins du Puy de Dôme
- Monsieur le Docteur Philippe Bécaud, président du conseil départemental de l’ordre des médecins de l’Allier
- Monsieur le Docteur Jean-François Collin, président du conseil départemental de l’ordre des médecins du Cantal
- Monsieur le Docteur Alain Chapon, président du conseil départemental de l’ordre des médecins de Haute Loire
- Monsieur le Docteur Georges Granet, président du conseil régional de l’ordre des médecins Auvergne-Rhône-Alpes
- Monsieur le Docteur Patrick Bouet, président du conseil national de l’ordre des médecins
- Monsieur le Docteur Jean-Yves Grall, directeur général de l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes
- Madame Valérie Thomas, députée 1ère circonscription du Puy de Dôme
- Madame Christine Pires Beaune, députée 2ème circonscription Puy de Dôme
- Madame Laurence Vichnievsky, députée 3ème circonscription du Puy de Dôme
- Monsieur Michel Fanget, député 4ème circonscription du Puy de Dôme
- Monsieur André Chassaigne, député 5ème circonscription du Puy de Dôme
- Monsieur Vincent Descoeur, député 1ère circonscription du Cantal
- Monsieur Jean-Yves Bony, député 2ème circonscription du Cantal
- Madame Isabelle Valentin, députée 1ère circonscription de Haute Loire
- Monsieur Jean-Pierre Vigier, député 2ème circonscription de Haute Loire
- Monsieur Jean-Paul Dufrègne, député 1ère circonscription de l’Allier
- Madame Laurence Vanceunebrock, députée 2ème circonscription de l’Allier
- Madame Bénédicte Peyrol, députée 3ème circonscription de l’Allier
- Monsieur Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy de Dôme
- Monsieur Eric Gold, sénateur du Puy de Dôme
- Monsieur Jacques-Bernard Magner, sénateur du Puy de Dôme
- Monsieur Bernard Delcros, sénateur du Cantal
- Monsieur Stéphane Sautarel, sénateur du Cantal
- Monsieur Laurent Duplomb, sénateur de Haute Loire
- Monsieur Olivier Cigolotti, sénateur de Haute Loire
- Monsieur le Docteur Claude Malhuret, sénateur de l’Allier
- Monsieur Bruno Rojouan, sénateur de l’Allier
Madame, Monsieur,
Par la présente, nous souhaitons vous alerter sur l’implantation potentielle de centres de télé-ophtalmologie
sur le territoire Clermontois et environnant, en Auvergne en général.
Des sociétés (Teleophtalmo, Vision Exploris), dont l’objectif affiché est de pourvoir aux déserts médicaux
des télé-consultations ophtalmologiques, fleurissent actuellement dans le département et les environs (Thiers,
Gerzat, Saint Yorre, Yssingeaux). Des projets à Ceyrat et Riom sont en cours.
Ces structures, appelées « cabinet médical d’ophtalmologie » voire « centre médical d’ophtalmologie »
malgré l’absence de médecin présent physiquement sur place, proposent des rendez-vous menés par des
orthoptistes salariés qui réalisent une réfraction, mesurent la tension oculaire et réalisent une photographie du
fond d’œil, le tout étant ensuite envoyé à un ophtalmologue à distance qui valide le dossier avant envoi de
l’ordonnance de lunettes chez le patient.
L’installation de telles pratiques dans des territoires déjà maillés par des ophtalmologistes et des orthoptistes
libéraux n’est pas justifiée pour différentes raisons :
- Les orthoptistes libéraux proposent déjà des services de renouvellement de lunettes, avec des délais tout à
fait raisonnables, et une prise en charge sécurité sociale complète, encadrés par des protocoles type RNM.
- Le prix de la consultation dans les structures Téléophtalmo, gérées par des groupements d’intérêt
économique, est plus élevé que celui réalisé par les orthoptistes libéraux, et plus élevés que celui les médecins
conventionnés secteur 1 qui exercent à proximité de ces centres (Clermont-Ferrand, Riom, Chamalières,
Lempdes, Pont du Chateau), 36€ contre 30€, compte tenu de la facturation d’une part hors nomenclature.
Le dépassement d’honoraires réalisé pour ce type de consultation n’est pas tolérable compte tenu de l’absence
de médecin présent sur place, d’autant plus que le dépassement d’honoraires n’a jamais été autorisé aux
médecins conventionnés secteur 1. À aucun moment le patient ne s’entretient avec un médecin au cours de
ces consultations.
- Ce genre de consultation, dans les centres Teleophtalmo comme Vision Exploris, ne permet de dépister ni
traiter, entre autres, sécheresse oculaire (25% de la population, d’après un rapport de la société française
d’ophtalmologie), déhiscences rétiniennes périphériques, angles iridocornéens étroits (1% de la population
d’après la société européenne du glaucome), pathologies palpébrales et orbitaires (tumorales et séniles
notamment). S’ajoutent à cela les erreurs de prises de tension oculaire à air qui doivent être contrôlées à
aplanation, ou la mauvaise qualité d’acquisition du fond d’œil devant être contrôlé en biomicroscopie. Toutes
ces pathologies sont dépistées de manière systématique au cours d’une consultation d’ophtalmologie
classique, sans acte supplémentaire. Ainsi, au mieux, une part très importante de patients concernés (plus de
1 sur 4) doit être re-convoquée dans de véritables cabinets d’ophtalmologie avec nécessité d’une seconde
consultation, engendrant une dépense de frais importants, tant pour le patient à l’échelle individuelle que pour
la sécurité sociale. Au pire, ces pathologies ne seront pas diagnostiquées avec des conséquences désastreuses
à long terme sur la santé visuelle de la population.
- Dans leur grande majorité, les ophtalmologistes qui relisent les images et valident ces consultations, sont
situés à plus d’une heure de route (au minimum, Lyon) et ne peuvent proposer de consultation médicale
présentielle dans leur propre cabinet. Cette absence de continuité de soins reste un point essentiel dans le rôle
non médical de ce type de structure.
- L’appellation « cabinet médical d’ophtalmologie » ou « centre médical d’ophtalmologie » n’est pas tolérable
compte tenu de l’absence systématique de médecin physiquement sur place et donc de l’absence de continuité
de soins.
- Nous ne cautionnons pas la dérive commerciale de l’offre de la filière visuelle au nom d’un pseudo accès
aux soins, diligentée par des groupements d’intérêts économiques.
Pour toutes ces raisons, les 103 ophtalmologues auvergnats signataires de cette lettre vous demandent de
veiller à la non-installation de telles structures en Auvergne, d’autant plus dans des régions dotées
d’ophtalmologistes et d’orthoptistes libéraux, qui ne sont pas des déserts médicaux. Aussi, les signataires
de cette lettre se désengagent de leur contrat les liant aux centres Vision Exploris de Thiers et Gerzat,
gérés depuis Lyon.
Nous vous prions de croire, Madame, Monsieur, à nos plus sincères et respectueuses salutations.