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UNIVERSITÉ IBN TOFAIL - KENITRA

FACULTÉ D'ECONOMIE ET GESTION

COURS :

INTRODUCTION À L'ÉTUDE DU DROIT

Pr AHMED RESSA

ANNÉE UNIVERSITAIRE : 2021/2022


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Le cours Introduction à l'Étude du Droit est à n’en pas douter constitue la


boussole, étant donné qu’il permet l’orientation des étudiants dans le choix de la
discipline pour régler un différend dans le cadre économique.

Le droit peut être défini comme l’ensemble des règles générales qui régit la vie
sociale, s’applique aux rapports entre les personnes. Définit leur conduite : ce qui
est permis, interdit ou obligatoire (droits et devoirs), détermine le statut des ces
dernières (physiques-morales, publiques-privées) et des biens. En outre, son
exécution incombe à la puissance publique. L’État et c’est ce qui distingue une
règle de droit des autres règles de civilité ou de morale.

Les disciplines du droit ou disciplines juridiques englobent deux catégories : le


droit privé et le droit public. Mais avant d’analyser leur contenu, il importe de se
pencher sur la nature de la science économique et sa place par rapport au droit.

L’économie et le droit sont des domaines qui se juxtaposent et se chevauchent


continuellement, leur imbrication fait que les deux disciplines en question se
nourrissent l’une de l’autre. L’économie reste très influente quant à l’élaboration
des normes du droit public ou privé. Inversement, le droit se charge de diriger et
d’orienter l’économie par des mesures qu’on appelle «plan ». Ce dernier qui est
par essence juridique fixe ce que doit être l’économie ; on parle de la politique
économique.
Ceci étant, il importe d’exposer la distinction qui existe entre le droit public et le
droit privé. De prime abord, on peut définir le droit public comme l’ensemble des
règles de droit qui a pour objet de régir l’organisation et le fonctionnement de
l’État, de l’administration, des collectivités territoriales et des institutions
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rattachées à l’État ( personnes de droit public), ainsi que leurs relations avec les
personnes privées.
La délimitation des rapports entre le gouvernement et le parlement et
l’organisation de leurs relations sont des questions de droit constitutionnel donc
relevant du droit public.

En revanche, le droit privé est l’ensemble des règles de droit qui régit les rapports
entre les personnes privées qu’elles soient physiques (particuliers) ou morales
(entreprises, associations,…). Il traite des actes et de la vie des particuliers, c’est
le cas des questions relatives au statut personnel, familial et successoral comme
la liquidation des successions (héritage), la réglementation du mariage, le
divorce, l’adoption, la propriété, les contrats,…

Ainsi définis, il importe de dégager les critères qui permettent la distinction des
deux catégories de droit. On se limitera au critère qui prend en considération la
sanction qui accompagne les violations des règles de droit. En effet, sur cette
base, deux séries de différences d’ordre technique existent entre le droit public
et le droit privé.
1- Le principe sacro-saint du droit privé « nul ne peut se faire justice à soi-même »
stipule que les particuliers, concernant les litiges qui les opposent, doivent
impérativement s’adresser aux tribunaux pour les régler. Nul n’a le droit de se
substituer au juge et de se faire justice.
En revanche, le droit public est lui gouverné par le principe du « privilège
d’exécution d’office ». C’est un droit exorbitant dont dispose l’administration qui
peut contraindre les particuliers à se soumettre à sa volonté. Elle est habilitée à
se faire justice à soi-même. Une fois qu’elle est désintéressée, les particuliers
peuvent introduire des recours devant les tribunaux.
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2- L’exécution des décisions de justice différente que l’on est en présence du droit
privé ou du droit public. En cas de litige de droit privé, les mesures de contraintes
sont la sanction qui pèsent sur la partie en tort, saisie des biens par exemple. En
droit public, cependant, même si l’administration est mis en cause, le particulier
reçoit un dédommagement et ne peut saisir un bien de l’administration en
question.

Par ailleurs, le droit public comprend et le droit public interne et le droit


international public. Le premier, qui est aussi dit national, englobe le droit
constitutionnel, le droit administratif, les libertés publiques et les finances
publiques.
Le droit constitutionnel traite des règles relatives à l’organisation et au
fonctionnement de l’État, du gouvernement, du parlement, des juridictions et
des institutions publics, il lui incombe l’organisation de la séparation des
pouvoirs. Il pose notamment les règles de la participation des citoyens à
l’exercice du pouvoir (les modes de scrutin).
Le droit administratif traite des droits et des obligations de l’administration,
ainsi que de l’organisation et du fonctionnement des organismes publics sauf
ceux relevant des pouvoirs judiciaire. Aussi, le droit administratif prend en charge
les rapports des personnes morales de droit public entre elles et ceux de ces
dernières avec les administrés.
Les libertés publiques, quant à elles, font référence à l’ensemble des règles qui,
à valeur constitutionnelle d’ailleurs, assurent et protègent les libertés des
individus. Sur le plan sémantique, la liberté est le libre choix, l’homme dispose de
la faculté d’autodétermination, il est souverain quant à ses actions. La
consécration juridique de la liberté a une double fonction, d’une part, sa
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protection contre les violations et des pouvoirs publics et des autres individus ;
et d’autre part, l’obligation pour la loi de la respecter en s’abstenant de lui porter
atteinte, un respect par abstention. Quant au terme publiques, il renvoie à l’idée
que sans les pouvoirs publics, ces libertés n’ont aucune effectivité ni existence.
C’est par la volonté manifeste de l’État quelles libertés acquièrent un droit de cité
dans le droit positif.

À l’analyse des textes constitutionnels, il ressort nettement que les libertés


publiques y occupent une place primordiale, il va sans dire de ceux des États de
droit et des démocraties. La constitution, de par son caractère suprême,
répertorie les libertés en question, fixe leur teneur et contenu et définit les
autorités habilitées à les réglementer. En outre, cette place les condamne à
n’être que relatives et conjoncturelles puisqu’une constitution ne reflète que des
demandes et des besoins politiques, économiques, sociaux et culturels propices
à un moment précis de l’histoire d’un État.
Les finances publiques et le droit fiscal s’occupent de la gestion et l’organisation
des ressources, des charges et des comptes des collectivités publiques, c’est-à-
dire de l’État, des collectivités territoriales et des établissements publics.
Le droit international public est constitué par l’ensemble des normes et des
institutions destiné à régir la société internationale. Il s’applique en principe aux
États, et, par extension aux organisations internationales.
Quant au droit privé, il comprend principalement le droit civil et le droit
commercial. Le droit civil est le droit commun d’une nation, c’est-à-dire le droit
applicable à tous ses citoyens, il s’applique (le droit des contrats et la théorie
générale des obligations) chaque fois qu’un texte spécifique fait défaut. Il est
d’abord le droit des identités; il permet d’individualiser les personnes par le nom,
l’état civil et le domicile. Il permet aussi de régler les relations entre les citoyens.
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Le droit civil réglemente la famille dans tout ce qui touche au mariage,


répudiation, filiation par exemple dans le cadre du statut personnel familial et
successoral.

Plus concrètement, nul ne peut dans sa vie quotidienne prétendre échapper au


droit civil; dès que l’on achète un simple produit de chez l’épicier du coin, c’est en
réalité un contrat qui est conclu.
Le droit commercial, détaché du droit civil, est l’ensemble des règles qui régit
l’activité commerciale. Son application nécessite la présence d’un acte de
commerce ou la reconnaissance à l’une des parties la qualité de commerçant. Le
droit commercial a pour finalité la sécurité et l’efficience des échanges
économiques : célérité et souplesse. Au Maroc, la profession commerciale est
régie par le code de commerce loi 15-95 de 1996 (modifiée et complétée par la
loi 24-04 de 2006, et en 2011 complétée par la loi 23-10) qui a remplacé le code
de commerce de 1913 vestige de l’époque du Protectorat.

Ceci étant, il existe des matières juridiques qui relèvent à la fois du droit public
et du droit privé on les appelle les matières mixtes on parle aussi de droit
transversal. Il s’agit en effet du droit pénal, de la procédure civile et du droit
international privé. D’autres classifications intègrent le droit social.

Le droit pénal peut sommairement être entendu comme le droit de l’infraction


ou de l’incrimination mais aussi le droit de la responsabilité. En général, il a pour
but de sanctionner les comportements jugés déviants des individus et de
protéger ces derniers contre l’arbitraire et les atteintes à leur intégrité physique.
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Le droit pénal se décline en droit pénal général qui concerne les règles générales
applicables à la commission des infractions et la fixation des peines ainsi qu’aux
conditions de la responsabilité pénale (les causes d’atténuation et
d’irresponsabilité pénales.) Aussi, en droit pénal spécial qui définit de manière
précise chaque infraction et la peine qui l’accompagne. Enfin, en procédure
pénale qui énonce les règles et les conditions d’organisation, de déroulement et
de délivrance du jugement.

Le droit pénal est une matière de droit public lorsqu'on aborde son objet, c’est-
à-dire punir et sanctionner les infractions. La sanction est une des prérogatives
de la puissance publique : elle est prononcée au nom de l’État. Le droit pénal est
répressif avant d’être préventif.

Mais d’un autre côté, le droit pénal est aussi une matière de droit privé lorsqu’on
analyse ses techniques. En effet, l’organisation judiciaire faut ce que sont les
mêmes tribunaux (première instance, les Cours d’appel) qui statuent en matière
pénale et en matière civile par exemple.

La procédure civile a pour objet l’organisation des juridictions et


l’accomplissement des formalités relatives aux actions en justice et en
déroulement du procès. La procédure civile est une matière de droit public car
elle se penche sur l’organisation d’un service public. Elle est aussi une matière de
droit privé dans la mesure où elle concerne les voies qu’empruntent les
particuliers pour faire valoir leurs droits.

Le droit international privé présente lui aussi cette particularité de relever à la


fois des deux grandes catégories du droit, c’est ce qui ressort de la définition. Il
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est l’ensemble des règles relatives aux relations entre personnes privées vivant
dans des pays différents. Il a pour objet non seulement de résoudre les conflits
de lois et de juridiction mais aussi de traiter de la nationalité et de la condition
des étrangers. Concernant le conflit des lois et le conflit de juridiction c’est bel et
bien le droit privé qui trouve application car on est en présence des rapports
entre personnes privées. Cependant, les questions de la nationalité et de la
condition des étrangers relèvent de la prérogative de la puissance publique, de
l’État, et donc elles sont incontestablement du domaine du droit public.

De ce qui précède, il importe de minimiser de l’ampleur de la distinction droit


public, droit privé. La séparation entre les deux disciplines n’est que relative, ce
ne sont pas deux systèmes clos non-communicants. Les interférences et donc
l’enrichissement se réalisent fréquemment et constamment.
Ceci dit, les développements qui vont suivre vont s’articuler autour de trois axes:

I. Les caractères de la règle de droit.


II. Les sources du droit : cas de la loi et du règlement.
III. Les droits subjectifs.
I. LA SPÉCIFICITÉ DE LA RÈGLE DE DROIT :

La règle de droit se démarque des autres règles de conduite par deux éléments
importants :
- La règle de droit est obligatoire;
- La puissance publique sanctionne les violations portées à la règle de droit.
A. LE CARACTÈRE OBLIGATOIRE DE LA RÈGLE DE DROIT:
La règle de droit dispose d’un caractère obligatoire indéniable. Elle ne verse ni
dans la recommandation ni dans le conseil. Elle naît de la volonté de l’État qui en
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façonne les contours et l'impose à ces citoyens. Cependant on peut distinguer


deux catégories de règles de droit en fonction du degré de la force obligatoire.
Les lois impératives et les lois supplétives ou interprétatives.
1. Les lois impératives :
Les lois impératives dites aussi règles d’ordre public sont des lois qui s’imposent
de manière absolue. En effet, ni les particuliers, ni les tribunaux ne peuvent en
ignorer ou en écarter l’application. Elles sont plus présentes dans le droit public
et essentiellement en droit pénal qu’en droit privé.
Le code pénal dans son article 2 stipule : « Nul ne peut invoquer pour son excuse
l’ignorance de la loi pénale. » En d’autres termes, toute personne poursuivie dans
le cadre de la violation de la loi, ne peut soustraire sa responsabilité pénale en
invoquant devant les tribunaux sa méconnaissance de la loi pénale.
Aussi, le code pénal incrimine toute atteinte à la sûreté extérieure de l’État.
L’article 195 énonce « Est coupable d’atteinte à la sûreté extérieure de l’État et
puni de l’emprisonnement d’un à cinq ans et d’une amende de 1.000 à 10.000
dirhams tout Marocain ou étranger qui, en temps de paix, enrôle des soldats en
territoire marocain pour le compte d’une autorité étrangère. » Sur la base de cet
article, des poursuites judiciaires pèseront sur toute personne qui, par zèle
religieux ou fanatisme, embrigade d’autres personnes pour des actions
subversives dans d’autres pays. Il ne fait aucun doute que cet article sera couplé
avec les dispositions légales que le Maroc a adopté en matière de lutte contre le
terrorisme.
En matière de droit civil, les lois impératives ne sont pas légion, cependant
l’exemple du mariage comprend un certain nombre de ces lois. En effet,
concernant les empêchements perpétuels au mariage, le code de la famille, la
Moudawana de 2004, leur consacre trois articles 36 ; 37 ; 38. Il est prohibé de
contracter le mariage avec ses parents proches : mère, sœur, tante, nièce,
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nourrice ou la belle-mère. Ce sont des lois impératives qui s’imposent d’elles-


mêmes et dont la non application est impossible.

2. Les lois supplétives ou interprétatives:


Comme cité plus haut, le droit public et le droit pénal sont des domaines
privilégiés des lois impératives. Cependant, les lois supplétives ou interprétatives
sont beaucoup plus présentes en droit civil et principalement dans le droit des
obligations et des contrats.
Le caractère premier de ces lois, comme leur nom l’indique, c’est qu’elles ne sont
pas impératives, c’est-à-dire que les particuliers, par leurs volontés, peuvent en
écarter l’application. Ce sont des lois qui s’appliquent à défaut de manifestation
de volonté contraire. L’objet des lois supplétives ou interprétatives est d’aider les
contractants, en cela qu’elles remédient à un éventuel silence ou lacune dans le
contrat. En effet, les contractants peuvent omettre certaines dispositions ou
clauses pendant l’élaboration du contrat par faute de temps ou de connaissances
juridiques. Le législateur anticipe et interprète la volonté non exprimée des partis
au contrat, en supposant une solution dans le silence des partis pour régler tel
point de leur vie juridique. La loi ne s’impose qu’à ceux qui n’ont rien prévu.

Pour illustrer ce qui précède, l’article 502 du D.O.C énonce : « La délivrance doit
se faire au lieu où la chose vendue se trouvait au moment du contrat, s’il n’en a
été autrement convenu. » Le législateur pose la règle que l’objet d’une vente (un
bien meuble par exemple) est livré au lieu où la vente s’est réalisée, le magasin.
Cependant, par la formule « s’il n’en a été autrement convenu. », le législateur
laisse la voie libre aux contractants d’ignorer cette loi et de procéder à la livraison
de la chose vendue au domicile de l’acheteur par exemple.
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Enfin, le manquement au respect des règles de droit engendre pour son auteur
des sanctions infligées par l’autorité publique.

B. LA SANCTION PAR LA PUISSANCE PUBLIQUE DU NON RESPECT DE LA RÈGLE


DE DROIT :

L’autorité publique dispose de tout un arsenal de sanctions afin de garantir la


primauté et la prépondérance de la règle de droit. Il s’agit, pour l’essentiel, des
sanctions civiles et des sanctions pénales.
1. Les sanctions civiles :
Les sanctions civiles sont de l’ordre de deux : les sanctions qui visent la réparation
et celles qui intéressent la contrainte.
a. Les sanctions visant la réparation :

Dans un souci de justice et d’harmonie dans les relations des particuliers entre
eux, la sanction civile prévoit la technique de la nullité des actes juridiques pour
vice et la technique des dommages-intérêts.
● La nullité :
La nullité est la sanction qui frappe un acte juridique, par exemple un contrat,
pour invalidité. Soit que l’acte en question ne comprend pas l’utilisation d’une
forme précise qui est légalement imposée, soit qu’il omet un élément
indispensable à son efficacité. Par exemple, un contrat est nul si le consentement
donné par l’une des parties à l’acte a été vicié par dol. La nullité entraîne non
seulement l’arrêt de la capacité de l’acte juridique à produire tout effet à l’avenir
mais aussi d’effacer les effets passés. La nullité est une sanction importante du
droit civil, elle à la fois la meilleure et la pire*. Elle est la meilleure car elle remet.
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Les choses à leur point de départ, la pire car elle trouble la dynamique de
l’activité commerciale.

● Les dommages-intérêts :

La condamnation à des dommages-intérêts renvoie à l'affirmation de la


responsabilité. La compensation consiste en une somme d’argent qui est
accordée à un demandeur en raison du préjudice subi, suite à un dommage ou
généralement à la violation d’une obligation.
La finalité des dommages-intérêts (compensation) est à la fois d’essayer de
rétablir et l’équilibre rompu par le dommage et la victime en l’état où elle serait
supposée être si le dommage n’était pas survenu.

b. Les sanctions à finalité de contrainte :


Elles sont de deux sortes : la contrainte directe et la contrainte indirecte.
● La contrainte directe :
La sanction consistant en une contrainte directe est dirigée contre la personne
elle-même. En cas d’occupation d’un local sans contrat, la personne risque de se
voir imposer un jugement d’expulsion.

● La contrainte indirecte :
La sanction dont l’effet est une contrainte indirecte s’exerce sur les biens plutôt
que sur la personne. En cas de non-paiement d’une dette, le débiteur est sujet à
une condamnation touchant des biens, qui sont par la suite vendus aux enchères
publiques afin d'indemniser ses créanciers. On parle de la saisie des biens.
2. Les sanctions pénales :
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Les sanctions pénales intéressent trois catégories d’infractions. Classées sur une
échelle de gravité et d'importance, elles sont : les crimes, les délits et les
contraventions.

● Les crimes :
Ce sont des infractions de grande gravité, elles engendrent des peines variables
: la peine de mort ou capitale, emprisonnement à terme ou perpétuel ainsi que
la déchéance des droits civiques.
● Les délits :
Ce sont les infractions qui se classent après les crimes en importance. Elles sont
de deux sortes : les délits correctionnels et les délits de police.
- La sanction des délits correctionnels est un emprisonnement de 2 à 5 ans.
- Les délits de police quant à eux sont de moindre gravité car ils se situent
entre les délits correctionnels et les contraventions. Ils font appel à des
peines d’emprisonnement dont le minimum est un mois et le maximum 2
ans ou moins et d’une amende qui dépasse 1200 Dirhams.
● Les contraventions :
Elles sont sanctionnées par des amendes allant de 30 à 1200 Dirhams et/ou une
courte période de détention. C’est parce qu’elles sont les moins graves que les
contraventions ont des peines très légères.
En conclusion, les sanctions civiles et les sanctions pénales sont des outils mis à
la disposition de l’autorité publique, principalement l’autorité judiciaire, pour
assurer le respect de la règle de droit. La puissance publique est la plus habilitée
à user de ces sanctions vu qu’elles ont un impact majeur sur la vie des personnes.
II. LES SOURCES DU DROIT : LE CAS DE LA LOI ET DU RÈGLEMENT :
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L’analyse de cette question exige de voir en premier les sources du droit en se


limitant à la loi et au règlement. Et ensuite, étudier le processus par lequel ces
deux sources s’imposent aux citoyens et aussi perdent leur force obligatoire.
Les sources du droit marocain sont multiples, mais généralement on synthétise
cette diversité en deux catégories : les sources traditionnelles et les sources
modernes.

Les sources traditionnelles sont le droit musulman et le droit coutumier. Le droit


musulman est une source fondamentale du droit positif et ce depuis
l’indépendance. Il est très présent en matière de statut personnel, familial et
successoral ainsi qu'en ce qui concerne les immeubles non-immatriculés.

Le droit coutumier marocain a connu deux périodes. La première pendant le


Protectorat, les autorités françaises ont élargi et renforcé le champ d’action et
d’application du droit coutumier pour des raisons politiques. En effet, il était
plutôt recherché une implosion, une fracture dans le tissu social marocain par la
consécration d’une politique séparatiste affectant les berbères et les arabes.
Depuis l’indépendance, le droit coutumier a régressé et ce par l’abandon des
règles coutumières, contraire au droit musulman, et par la suppression des
tribunaux coutumiers. Seules subsistent des règles coutumières à portée limitée
comme celles relatives au partage des eaux par exemple.
Une autre source traditionnelle est à évoquer. Le droit hébraïque, qui est
méconnu du public, fait partie du droit positif marocain puisqu’il peut être
appliqué par les tribunaux. Il concerne la communauté juive marocaine et régit
son statut personnel, familial et successoral. Ses principales composantes sont la
Bible, la Michna et le Talmud.
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Telles sont les sources traditionnelles du droit positif marocain, qu’en est-il des
sources modernes?
A. LES SOURCES MODERNES DU DROIT MAROCAIN:

Le droit international fait partie des sources modernes du droit, cependant on se


limitera à l’étude de la loi et du règlement et particulièrement aux autorités en
charge et à leurs champs d’application respectifs, en période normale et celle
exceptionnelle.

1. Loi et règlement :
Depuis l’indépendance, le domaine de la loi et du règlement n’a cessé de subir
des changements substantiels qu’il importe de voir.
a. Historique :
Avant 1962, date de la première constitution du royaume, le Maroc était
gouverné par le principe de la confusion des pouvoirs. Une seule autorité
disposait à la fois du pouvoir législatif et exécutif, en d’autres termes, elle
concentrait les deux pouvoirs. Une fois l’indépendance acquise, le Maroc
consacre le principe de la séparation des pouvoirs dans la constitution de 1962.

En effet, cette dernière, a consacré le principe selon lequel la loi est du ressort du
parlement alors que le règlement est une prérogative du pouvoir exécutif. Dans
la constitution de 1970 malgré la permanence du principe en question, le
domaine du règlement va être élargi au détriment de celui de la loi.

La constitution de 1972 va rompre avec la logique de 1970 et consacrer


l’élargissement du champ du pouvoir législatif, lui consacrer plus de prérogatives
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par rapport au pouvoir exécutif. Cette tendance va connaître une croissance


depuis. C’est ce qui ressort des révisions constitutionnelles de 1992 et 1996.

La constitution de 2011 a consacré et enraciné encore plus le principe


démocratique dans le régime politique marocain. Le parlement voit son champ
s’agrandir encore plus et l’exécutif est dirigé par un chef de gouvernement un
titre qui a remplacé celui de premier ministre.

b. La loi : domaine et autorité compétente :

Incontestablement, le domaine de la loi s’est élargi avec la constitution de 2011.


Les matières qui sont dévolues au parlement par cette dernière sont largement
supérieures à celles mentionnées dans la constitution de 1996. En effet, l’article
71 de la constitution de 2011 énumère les matières en question (30 matières).
On peut citer :
● Les libertés et droits fondamentaux prévus dans le préambule et dans
d’autres articles de la présente Constitution,
● Le statut de la famille et l’état civil,
● La nationalité et la condition des étrangers,
● La détermination des infractions et des peines qui leur sont applicables,
● L’organisation judiciaire et la création de nouvelles catégories de
juridictions,
● La procédure civile et la procédure pénale,
● Le statut général de la fonction publique,
● Le régime des collectivités territoriales, dont les principes du découpage
des circonscriptions électorales,
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● Le régime des obligations civiles et commerciales, le droit des sociétés et


des coopératives,
● Les droits réels et les régimes des propriétés immobilières publiques,
privées et collectives,
● Les relations de travail, la sécurité sociale, les accidents de travail et les
maladies professionnelles,
● Le régime des banques, des sociétés d’assurances et des mutuelles,
● Le régime des technologies de l’information et de la communication,
● L’urbanisme et l’aménagement du territoire,
● Les règles relatives à la gestion de l’environnement à la protection des
ressources naturelles et au développement durable,
● La détermination des orientations et de l’organisation générale de
l’enseignement ,de la recherche scientifique et de la formation
professionnelle,
● La création des établissements publics et de toute autre personne morale
de droit public,
● La nationalisation d’entreprises et le régime des privatisations.

En outre, et selon les dispositions de l’article 85, la loi organique relève de la


compétence du parlement. Ce genre de loi est destiné à préciser ou compléter
une disposition de la constitution qu’elle-même a prévue.
Enfin, selon l’article 172, l’initiative de la révision de la constitution en plus du roi
et du chef du gouvernement, appartient aussi au parlement.
Concernant l’autorité, c’est le parlement qui est chargé du pouvoir législatif. Le
parlement marocain est bicaméral, composé de deux chambres : la chambre des
représentants et la chambre des conseillers.
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Le parlement vote les lois : la loi émane du pouvoir législatif. Le parlement exerce
ce pouvoir mais par tout le temps. Il existe des exceptions qui font que ce pouvoir
n’est pas du ressort du parlement.
En effet, le parlement peut autoriser le gouvernement dans un délai limité et
pour un objectif déterminé à prendre par décret des mesures qui relèvent
normalement du domaine de la loi (article 70). L’exemple de la loi de finance
soumise au parlement.
Une autre exception, prévue par l’article 81, concerne l’intervalle des sessions
parlementaires. Le gouvernement légifère par le biais des décrets-lois.
Aussi, la prérogative législative échappe au parlement lors d'un référendum.
Dans ce cas la loi émane du peuple.
c. Le règlement : autorité et domaine :
Le règlement est de la compétence exclusive du pouvoir exécutif. Au Maroc, ce
dernier comprend le roi, le chef du gouvernement et les ministres.
Le roi, selon l'article 42, est chef de l'Etat, son représentant suprême, symbole de
l'unité de la nation, garant de la pérennité et de la continuité de l'Etat et arbitre
suprême entre ses institutions... , exerce ses missions par dahirs en vertu des
pouvoirs qui lui sont expressément dévolus par la constitution.
Les actes de chef du gouvernement sont appelés décrets gouvernementaux ou
décrets réglementaires.
Les arrêtés ministériels sont des textes réglementaires pris par les ministres. Ces
textes se limitent principalement à exécuter les directives émanant des dahirs et
des décrets. En d'autres termes, les arrêtés ministériels tendent à exécuter les
décisions prises par le roi et le chef du gouvernement. C'est à cause de ce
caractère qu’ils ne sont pas considérés comme de véritables sources du droit.
Le domaine du règlement comprend toutes les matières qui ne relèvent pas de la
compétence du parlement. L'article 72 stipule : “ les matières autres que celles
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qui sont du domaine de la loi appartiennent au domaine réglementaire”. Pour


avoir une idée générale a propos du champ du règlement, il est important de se
référer à l'article 49 (conseil des ministres) ; les orientations stratégiques de la
politique de l'Etat; les projets de la révision de la constitution; les projets des lois
organiques; les orientations générales du projet de la loi de finance …
Et aussi, l’article 92(conseil du gouvernement) : la politique générale de l’Etat
avant sa présentation en conseil des ministres, les politiques sectorielles, les
questions d'actualités liées aux droits de l'Homme et à l'ordre public …
Ainsi en est-il de la loi et du règlement en période normale, qu’en est-il en période
d’état d’exception ?

2. L'état d’exception :
L’état d’exception renvoie à des circonstances exceptionnelles où le chef de l’Etat
exerce à la fois le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif. Au Maroc, le roi peut
proclamer l'état d'exception lors d'un danger d'ordre extérieur menaçant
l'intégrité du territoire national. Ou lors d'un danger d'ordre intérieur mettant en
péril le fonctionnement et la vie des institutions constitutionnelles. La mise en
œuvre de l'état d’exception, prévu dans l’article 59 de la constitution de 2011,
n’entraîne pas automatiquement une suspension de la constitution, ni la
dissolution du parlement. Le Roi, en vertu des dispositions constitutionnelles, ne
peut exercer les mesures dictées par la défense de l'intégrité territoriale et aussi
les mesures qui visent le retour au fonctionnement normal des institutions
constitutionnelles. En d'autres termes, le Roi n'est pas habilité à prendre toutes
les mesures qui sont commandées par la conduite des affaires de l'Etat. C'est un
état d'exception où la confusion des pouvoirs législatifs et réglementaires est à
la fois partielle et provisoire.
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B. AFFIRMATION ET DÉCHÉANCE DE LA FORCE OBLIGATOIRE DU TEXTE DE


LOI :
La force obligatoire d'un texte s'acquiert et se perd, il s'agit de l’entrée en vigueur
et de l’abrogation du texte de loi.
1. L’entrée en vigueur de la loi :
L’entrée en vigueur de la loi suppose le passage par deux étapes distinctes à
savoir la promulgation et la publication.
a. La promulgation :
L’article 50 alinéa 1 de la constitution 2011 énonce que : « le roi promulgue la loi
dans les trente jours qui suivent la transmission au gouvernement de la loi
définitivement adoptée. » C’est en effet le roi qui promulgue la loi par dahir. Une
fois la loi votée par le parlement, le roi dispose d’un délai de trente jours pour
constater la régularité de la loi en question et donner l’ordre au gouvernement
de l’exécuter.
Cependant, le règlement n’est pas concerné par la pratique de la promulgation.
Le texte réglementaire émane du gouvernement qui l’exécute d’office. Seule la
loi nécessite l’acte de promulgation pour entrer en vigueur.

b. La publication :
L’alinéa 2 de l’article précité énonce : « la loi ainsi promulguée doit faire l’objet
de publication au «Bulletin officiel» du Royaume dans un délai n’excédant pas
un mois courant à compter de la date du dahir de sa promulgation. » Une fois la
loi promulguée, elle doit faire l’objet d’une publication au Bulletin officiel. La
finalité de la publication est d’imposer la loi aux citoyens et aux tribunaux.
Les lois, les dahirs et les règlements (décret du chef du gouvernement, arrêté
ministériel) sont tous assujettis à la règle de la publication.
Par ailleurs, la force obligatoire de la loi si elle s’affirme par l’entrée en vigueur
de celle-ci, elle se perd par son abrogation.
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2. L’abrogation de la loi :
L’abrogation est le procédé par lequel la loi cesse de produire un effet de recevoir
application. On peut distinguer trois cas d’abrogation : l’abrogation expresse,
l’abrogation tacite et l’abrogation par désuétude.
a. L’abrogation expresse :
On entend par abrogation expresse, c’est quand une nouvelle loi contient une
disposition spéciale formellement énoncée abrogeant la loi ancienne. L’article
180 de la constitution de 2011 abroge de manière expresse la constitution
antérieure, celle de 1996.
Cependant, l’abrogation expresse peut revêtir deux formes, soit une abrogation
partielle, comme son nom l’indique, elle n’abroge qu’une partie de la législation
et laisse subsister l’autre partie. Elle est, par ailleurs, la plus utilisée. Soit une
abrogation globale qui annule toute la législation antérieure, on y recourt que
de manière exceptionnelle. L’exemple le plus frappant est le code pénal actuel
institué en 1962 a abrogé de manière globale les quatre codes pénales qui
existaient auparavant (code de 1914 relatif à l’ex-zone Nord, code 1925 de
Tanger, code 1953 de l’ex-zone Sud et le code pénal français de 1913.)
b. L’abrogation tacite :
On parle d’abrogation tacite lorsqu’une nouvelle loi contient des dispositions
inconciliables et/ou contradictoires avec les dispositions de la loi ancienne. Dans
pareil cas, il est impossible d’appliquer simultanément les deux lois. La loi
ancienne est implicitement abrogée car elle ne peut être maintenue.
c. L’abrogation par désuétude :
L’abrogation par désuétude a toujours soulevé une controverse dans la mesure
où la question qui se pose : suffit-il à considérer qu’une loi n’existe plus, qu’elle
est abrogée par désuétude (au profit d’une coutume), lorsqu’elle n’est plus
respectée ou reste sans application pendant très longtemps ?
22

III. LES DROITS SUBJECTIFS :


Il importe de préciser en premier lieu que c’est le droit objectif qui reconnaît les
droits subjectifs. Ces derniers sont très divers et soulèvent deux questions
majeures à savoir la nature des bénéficiaires de ces droits et le contenu de ces
derniers?
A. LES SUJETS DES DROITS SUBJECTIFS :
Les droits subjectifs constituent l’ensemble des pouvoirs et avantages reconnus
aux sujets de droit : personnes physiques, personnes morales.
1. Les personnes physiques :
Le nom, le domicile et l’état civil permettent d’individualiser une personne
physique. Cependant, cette dernière jouit de ses droits grâce au principe de la
personnalité juridique.
a. La personnalité juridique :
Toute personne naît vivante dispose d’une personnalité juridique, c’est grâce aux
développements des droits de l’homme que cette notion, très importante du
droit, a été consolidée. L’être humain n’est plus un objet de droit (l’esclave) et il
dispose de la personnalité juridique jusqu’à sa mort. La personnalité juridique
confère à la personne le droit d’hériter, de transmettre ses biens à ses héritiers,
d’être éligible… Elle sous-entend la capacité d’exercice qui est la faculté
d’exercice par soi-même des droits dont on dispose. Et la capacité de jouissance
qui l’aptitude de jouir de la pleine personnalité juridique. Pour les mineurs et les
déments, par exemple, ils ont la personnalité juridique mais ne disposent pas de
la capacité de jouissance. C’est pour cette raison qu’ils sont mis sous tutelle.
b. Le nom :
Le nom constitue un système d’identification très ancien. Au Maroc, il a été
institué par Dahir, depuis 1950, d’adjoindre au prénom un nom de famille qu’on
appelle aussi le nom patronymique. Selon les dispositions de ce Dahir, le nom
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choisi ne doit pas être le nom d’une ville, d’une tribu, d’un pays, un sobriquet, un
nom ridicule ou pouvant porter atteinte à la morale ou l’ordre public, un nom
étranger ou ne présentant pas un caractère traditionnel marocain.
Cependant, cette liberté laissée aux personnes de choisir leur nom de famille a
donné lieu à la multiplication des homonymes. Dans une seule famille, par
exemple, on trouve deux noms différents. Le législateur a remédié à ce problème
par le vote de la loi 39-95 de 1996. Par ailleurs, le nom avec un système
d’immatriculation, comme la carte nationale, permettent de mieux individualiser
et identifier les personnes.
c. Le domicile :
Le domicile constitue incontestablement le cadre naturel pour l’exercice des
droits politiques (participation politique, appartenance et rattachement…) Mais
aussi, il faut intervenir le tribunal du domicile du demandeur en cas de litige.
Le domicile réel est, selon le code de procédure civile de septembre 1974 dans
son article 519, le domicile de toute personne physique au lieu où elle a son
habitation habituelle et le centre de ses affaires et de ses intérêts.
Le critère familial et le critère professionnel peuvent coïncider en un seul lieu :
habitation et lieu de travail. Cependant, il arrive que la profession et l’habitation
soient à deux endroits distincts. Dans ce cas, l’habitation habituelle où s’exerce
les droits de famille et où se situe le patrimoine personnel est le domicile familial.
C’est dans ce lieu que peut s’ouvrir une action en divorce ou une succession par
exemple. Par contre, le domicile professionnel est l’endroit où se concentrent les
affaires, les occupations et les intérêts; le lieu où l’intéressé a des droits et des
obligations professionnelles.
Cependant, il importe de distinguer entre le domicile légal et le domicile élu.
● Le domicile légal :
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Pour une certaine catégorie de personne c’est le législateur qui désigne le


domicile légal distinct du domicile réel. Il a un caractère fictif. Il ressort de l’article
521 du code de procédure civile que le domicile légal d’un incapable est celui de
son tuteur, aussi le domicile légal d’un fonctionnaire public est celui où il exerce
son travail, administration publique par exemple.
● Le domicile élu :
Il a aussi un caractère fictif puisque les parties au contrat peuvent élire un
domicile autre que le domicile réel. Le domicile élu peut être un cabinet d’avocat
par exemple. Généralement, on choisit le domicile élu afin de soumettre tout
litige relatif au contrat à la compétence du tribunal du domicile en question. Le
domicile élu prévaut sur le domicile réel et le domicile légal.
d. L’état civil :
Si le nom et le domicile individualise la personne, l’état civil apporte la preuve de
l’identité de celle-ci. Les naissances et les décès forment les principaux actes de
l’état civil en parallèle avec les mentions sur les mariages et les divorces.
Historiquement au Maroc, les actes de notoriété étaient rédigés par les Adouls,
rarement par l’officier d’état civil. C’est le Dahir du 8 mars 1950 qui créa un état
civil pour les marocains (musulmans et israélites). Cependant il fut victime de
fraudes et d’erreurs en ce qui concerne les déclarations collectives des
naissances.
Avec l’avènement de l’indépendance, le décret du 4 décembre 1963 tout en
reprenant les grandes lignes du Dahir de 1950, introduit l’obligation de
l’enregistrement de toutes les naissances et de tous les décès.
Aux termes du Dahir du 3 octobre 2002, l’inscription à l’état civil de toutes les
naissances et de tous les décès sur le territoire marocain est obligatoire pour tous
les marocains et les étrangers résidant au Maroc.
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Ainsi étudié les éléments qui individualisent et identifient les personnes


physiques, qu’en est-il des personnes morales.
2. Les personnes morales :
Les personnes morales qu’elles soient sociétés, syndicats ou associations sont des
groupements qui bénéficient de la personnalité juridique au même titre que les
personnes physiques. A ce sujet, les personnes morales ont des droits, des
obligations et des patrimoines distincts de ceux de leurs membres.
De plus, les personnes morales peuvent saisir la justice pour protéger leurs
patrimoines et leurs intérêts, elles peuvent être aussi parties à un procès et se
faire assurer leur défense par un représentant.
Également, les personnes morales sont individualisables par le biais d’une raison
sociale qui est le nom, un siège social qui est le domicile et une nationalité qui
est l’identité.
a. Les groupements de biens :
C’est un patrimoine ou une masse de biens auquel on accorde la personnalité
juridique. Ils sont désignés par le qualificatif de « fondation » et peuvent être
religieuses ou laïques.

● Les fondations religieuses :


Il s’agit des Habous ou wakf qui peut être définis comme un acte juridique par
lequel une personne lègue une partie ou la totalité de ses biens à une œuvre
pieuse, charitable ou sociale. Si l’affection des biens au profit d’une œuvre
religieuse est absolue c’est-à-dire que les héritiers ne peuvent prétendre à
l’héritage et que ce dernier est inaliénable de façon perpétuelle, on parle alors
de Habous publics.
Par ailleurs, il peut s’agir de Habous privés ou de famille lorsque les biens
inaliénables mis à la disposition de la fondation religieuse sont maintenus dans
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la famille et dont les membres désignés conservent la jouissance. Ce genre de


Habous peut se transformer en Habous publics lorsque sur une longue période il
n’y a plus de descendant susceptible de bénéficier de la jouissance des biens de
la fondation.
● Les fondations laïques :
C’est une catégorie de fondation qui est assez fréquente. Il s’agit en effet, d’une
personne morale (la fondation) disposant de biens et dont le but demeure non-
lucratif, désintéressé. La qualité de la personne morale permet à l'entité en
question d’atteindre le but pour lequel elle a été créée. Les exemples de ce genre
de fondations sont nombreux : création d’un orphelinat, d’un hôpital, d’un prix
littéraire, promotion de la culture…
Les groupements de personnes, s’ils diffèrent des groupements de biens, ils
disposent eux-aussi de la personnalité morale.
b. Les groupements de personnes :
Les groupements de personnes se subdivisent en deux catégories : les personnes
morales de droit privé et les personnes morales de droit public.
● Les personnes morales de droit privé :
Elles sont au nombre de trois :
- Les sociétés : leur but est lucratif, elles sont créées pour réaliser des
bénéfices. En général, il s’agit de sociétés commerciales. Elles peuvent
revêtir plusieurs formes, à titre d’exemple on peut citer les sociétés
anonymes, les sociétés à responsabilité limitée…
- Les associations : elles ne poursuivent pas un but lucratif, ni une mission
de générer des bénéfices, elles ont un but désintéressé.
- Les syndicats : comme les associations, elles ont un but désintéressé,
cependant elles œuvrent pour la protection et la défense des droits des
travailleurs et autres fonctionnaires.
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● Les personnes morales de droit public :


Elles sont diverses, ce sont les collectivités publiques, à leur tête, il y a l’État. Le
mouvement de décentralisation amorcé par le Maroc depuis l’indépendance a
permis d’augmenter le nombre des personnes morales de droit public. Elles
peuvent prendre la forme d’une circonscription géographique comme les
communes, les provinces, les préfectures et les régions. Elles peuvent aussi être
des offices et des établissements publics.
Tels sont les sujets des droits subjectifs, qu’en est-il maintenant des droits
subjectifs stricto-sensu.
B. LES DROITS SUBJECTIFS :
Devant la grande diversité de ces droits, il importe d’étudier dans un premier
temps les droits patrimoniaux et les droits extra-patrimoniaux, et dans un second
temps les biens.
1. Les droits patrimoniaux et les droits extra-patrimoniaux :
Les droits patrimoniaux : ils ont une valeur pécuniaire, ils sont estimables en
argent. Ils font partie du patrimoine des sujets de droit. Par exemple, un droit de
propriété, un droit de créance.
Les droits patrimoniaux constituent des biens qui sont transmissibles (par
héritage), cessibles (à un acheteur), saisissables (par les créanciers impayés),
prescriptibles (naissance, acquisition, ou extinction d’un droit après l’écoulement
d’un certain délai fixé par la loi). En d’autres termes, les droits patrimoniaux
peuvent faire l’objet d’une vente, d’un échange, d’une hypothèque, d’une saisie,
d’un emprunt par exemple.
Les droits patrimoniaux se subdivisent en trois catégories : droits réels, droits
personnels ou droits de créance et droits intellectuels.
a. Les droits réels :
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Un droit réel peut être défini comme un certain nombre de prérogatives que
détient le titulaire de ce droit sur une chose matérielle. En d’autres termes, le
détenteur du droit en question dispose de la chose comme bon lui semble. En
effet, il peut l’utiliser à son propre compte, la vendre, la louer, la transformer, la
détruire…
Trois caractéristiques distinguent ce droit. Il est absolu, dans la mesure où il est
opposable à tous. Son propriétaire est en mesure de poursuivre en justice toute
personne attentant à ses prérogatives sur la chose.
Les deux autres caractéristiques sont corollaires du premier. Il s’agit du droit de
suite, c’est-à-dire, que le titulaire du droit réel peut suivre son bien et le
revendiquer entre les mains de quiconque. Et du droit de préférence qui donne la
primauté au détenteur d’un droit réel sur un créancier chirographaire. Par
exemple, le créancier d’une hypothèque sur un immeuble est préféré à un
créancier qui détient une créance ordinaire (créancier chirographaire). Le
premier l’emporte sur le second, le créancier hypothécaire est habilité à saisir
l’immeuble hypothéqué et de se faire rembourser par le prix de la vente par
préférence au créancier ordinaire.
Par ailleurs, les droits réels sont de deux sortes:
❖ Les droits réels principaux :
Selon la loi 39-08 promulguée par le Dahir du 22 novembre 2011. Il s’agit de :
- Le droit de propriété : est un droit reconnu et garanti
constitutionnellement. Le propriétaire d’un bien immeuble jouit et dispose
de son bien de la manière la plus absolue et ce dans les limites de la loi.
- L'usufruit : est un droit de jouissance sur un bien immeuble et dont la
propriété appartient à autrui. L’usufruit s’arrête à la mort de l’usufruitier.
- Les Habous: publics et de Zaouïa et privés.
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- Les droits d'usage et d’habitation: ce sont des droits très limités et


correspondent strictement aux besoins et à ce qui est nécessaire pour
l’habitation pour l’usufruitier et sa famille.
- L'emphytéose : généralement, l’acquisition d’un bien immobilier permet
d’avoir un droit de propriété sur la chose et d’en jouir d’une manière
absolue. Cependant, le droit de propriété n’est pas le seul droit réel
permettant d’obtenir la pleine jouissance, il est possible d’acquérir un bien
moyennant un bail emphytéotique avec pratiquement les mêmes droits
qu’un propriétaire, et de procurer à son titulaire une maîtrise de tout ou
partie sur l’utilité économique du bien.
L'emphytéose est un droit réel démembré de la propriété. Le démembrement est
considéré comme l’action de détacher certains droits de la propriété pour les
transférer à d’autres que le propriétaire.
Le droit de propriété est ainsi partagé entre un emphytéote qui possède le droit
de jouissance sur le lien de manière la plus étendue, et le propriétaire du bien
appelé tréfoncier.
Pendant toute la durée du bail emphytéotique (de 10 ans et plus et ne dépassant
pas 40 ans) les droits du propriétaire sont limités par les droits qu’il a
abandonnés à l’emphytéote, en contrepartie le propriétaire reçoit une redevance
annuelle. A la fin du contrat, le propriétaire recouvre la pleine propriété du bien.
Étant un droit réel, l'emphytéose procure à l'emphytéote le droit de suite et le
droit de préférence.
Le droit de superficie : dans le cas où on a séparé la propriété du sol et la
propriété des constructions qui y ont été édifiées, le droit de superficie porte sur
la propriété de l’espace représenté par la surface du sol.
Le droit de superficie permet de louer un terrain sur une longue période pour y
construire une usine par exemple. Cette forme juridique de mise à disposition du
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sol permet de construire sans devoir acheter le terrain. À l’échéance du contrat,


la construction deviendra la propriété du bailleur, sauf si un nouveau contrat est
signé ou si le premier contrat prévoit de restituer le terrain nu.
Ce sont les collectivités publiques qui sont généralement propriétaires des fonds
(terrains) mis à disposition. Par la technique de droit de superficie, tout en
demeurant propriétaires du fonds, les collectivités publiques favorisent
l’implantation d’activités, à vocations sociales ou commerciales, et luttent contre
la spéculation foncière.
Le droit de servitude : la servitude est une contrainte, une charge imposée à
une propriété (en général du terrain) pour l’usage d’une autre n’appartenant pas
au même propriétaire. Exemples : droit de passage. Le propriétaire d’un terrain
enclavé peut réclamer un passage sur les terrains de ses voisins tout en les
indemnisant proportionnellement au dommage causé.
L’usufruit « coutumier »: est un droit réel qui s’établit par écrit et visant à faire
acquérir à une personne la faculté de percevoir, à vie ou pour une période
déterminée, les fruits d’un immeuble. Article 105.

❖ Les droits réels accessoires :


Appelés aussi les sûretés réelles, ce sont des garanties accordées sur des biens
contre les risques d’insolvabilité, il s’agit essentiellement de l’hypothèque et du
gage.
L’hypothèque : est une sûreté constituée sur un bien immeuble et qui est
destinée au paiement d’une dette, à l’acquittement d’une obligation,
l’hypothèque procuré au créancier un droit suite et un droit de préférence lui
permettant à la fois de poursuivre le bien dans quelque main où il se trouve et
d’être avantagé par rapport à un créancier chirographaire.
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Le gage : qui est une sûreté, consiste par la remise par le débiteur d’un objet
mobilier au profit de créancier afin de garantir le paiement de la dette, par
exemple le remboursement d’un prêt d’argent.
b- Les droits personnels :
À la différence des droits réels qui portent sur une chose matérielle, les droits
personnels ou droits de créance portent sur une personne. Ils mettent en relation
deux personnes : un créancier et un débiteur.
C’est le droit par lequel le créancier exige du débiteur l’exécution d’une
prestation, le remboursement d’un prêt par exemple.
Cependant, les droits personnels ne procurent à leurs détenteurs ni droit de suite
ni droit de préférence. Ce sont des créanciers chirographaires ordinaires qui
disposent simplement du droit de gage général leur permettant, par jugement
de condamnation, de saisir les biens du débiteur et de les faire vendre aux
enchères publiques pour être payés.
Si les droits réels ont bien été limités par le législateur, les droits personnels par
contre sont en nombre illimité. Et pour cause, le principe de la liberté
contractuelle et de l’autonomie de la volonté permettent aux particuliers de
conclure entre eux des contrats aussi différents les uns que les autres.
b. Les droits intellectuels :
Ce sont des droits qui ne portent ni sur une chose matérielle ni sur une personne
déterminée. Ils sont opposables à tous. Ils concernent une chose incorporelle née
d’une activité intellectuelle, une œuvre littéraire ou un brevet d’invention par
exemple.
Les droits réels, personnels et intellectuels forment les droits patrimoniaux, qu’en
est-il des droits extra-patrimoniaux ?
Les droits extra-patrimoniaux : contrairement aux droits patrimoniaux, ils n’ont
pas de valeur pécuniaire, ne sont pas appréciables en argent et ne font pas partie
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du patrimoine. Ils sont intransmissibles, incessibles, insaisissables et


imprescriptibles. On peut citer les exemples de droits politiques des citoyens, de
leurs libertés publiques…
En plus des distinctions droites patrimoniales et droites extra-patrimoniaux,
s’ajoute une autre distinction de grande importance à savoir, les meubles et les
immeubles.
2. Les biens meubles et les biens immeubles :
De prime abord, il importe d’affirmer que les biens sont des choses ou des droits
patrimoniaux sujets à appropriation. Les meubles et les immeubles ne dérogent
pas à cette règle. Le plus souvent on les distingue sur la base d’un critère
physique : les immeubles sont la terre et tout ce qui y est fixé, les meubles
concernant les autres objets.
a. Les immeubles :
Ils sont de trois catégories : les immeubles par nature, les immeubles par
destination et les immeubles par l’objet auquel ils s’appliquent.
❖ Les immeubles par nature :
Ce sont le sol et tout ce qui y est fixé : les constructions et les végétaux. Ils ne
peuvent être déplacés.
❖ Les immeubles par destination :
Par la volonté du propriétaire un objet mobilier peut être transformé en un bien
immobilier. On relève deux cas. Premièrement, lorsque le propriétaire d’un fonds
a placé des objets ou des animaux pour l’exploitation et le service de ce fonds.
Deuxièmement, il s’agit de tous les objets que le propriétaire a attachés au fonds
à perpétuelle demeure.
❖ Les immeubles par objet auquel ils s’appliquent :
Ils concernent les droits qui s’appliquent sur les immeubles, c’est-à-dire les droits
réels immobiliers : l’hypothèque, la servitude, l’usufruit.
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b. Les meubles :
Le législateur marocain n’a pas pris la peine de définir un bien immeuble. Mais,
il est convenu de dire que tout bien qui n’est pas immeuble est un bien meuble.
A cette affirmation, on ajoute fréquemment qu’un bien meuble est un objet
qu’on peut déplacer. Ceci étant, on distingue deux catégories de meubles.

❖ Les meubles par nature :


Il s’agit de corps mobiles comme les animaux ou d’objets inanimés qui se
déplacent d’eux-mêmes ou qu’on déplace.
❖ Les meubles par anticipation :
Ce sont à l’origine des biens immobiliers mais après transformation et compte
tenu de la volonté du propriétaire, redeviennent des biens meubles. Les
matériaux issus de la démolition d’un bâtiment, les arbres d’une forêt après
abattage.

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