La spectroscopie RMN est une technique qui exploite les propriétés magnétiques de certains
noyaux atomiques. Elle est basée sur le phénomène de résonance magnétique nucléaire. Celle que
nous allons étudier est la RMN du proton (les atomes d’hydrogène de la molécule).
La spectroscopie RMN est utile dans l’étude des composés en solution ou à l’état solide. Elle est
utilisée en analyse quantitative et en analyse structurale mais c'est surtout dans ce dernier domaine
qu'elle fait preuve de toute sa puissance car elle permet de préciser la formule semi-développée et la
stéréochimie des molécules organiques.
Le spectre de RMN résulte de l’absorption par l’échantillon de certaines des fréquences envoyées
par une source électromagnétique dans la région des fréquences radio (60 à 600 MHz).
La RMN constitue une forme de spectre d’absorption comme les spectres UV et IR.
V. 2. Comment lire un spectre RMN ?
Un spectre RMN se présente de la manière suivante :
A. Sur l’axe des ordonnées, une unité arbitraire proportionnelle à l’intensité du signal.
B. Sur l’axe des abscisses, la fréquence de résonance convertie en une grandeur appelée «
déplacement chimique » qui ne dépend pas de la fréquence émise par le spectromètre. Le
déplacement chimique est exprimé en partie par million noté PPM et est caractéristique d’une
configuration précise d’atomes d’hydrogène. Ces différentes configurations sont consignées dans
des tables qui peuvent être en dernier recours utilisées pour orienter votre analyse du spectre
RMN.
C. Des pics simples ou multiples qui correspondent aux signaux des atomes d’hydrogène.
D. les courbes « en escalier » correspondent à l’intégration des signaux précédents et leur hauteur est
proportionnelle au nombre de protons (Dispositif appelé intégrateur lié à l’enregistreur permet de
mesurer l’aire des signaux).
Exemple
Fig. V. 1. Présentation
conventionnelle d’un spectre de
RMN des atomes d’hydrogène d’un
composé organique. Ici, spectre de
C3H7Br avec, en superposition, la
courbe d’intégration, qui permet
d’évaluer les aires relatives des
principaux groupes de signaux
repérés sur le spectre.
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V. 3. Principe de la RMN
Lorsque on soumet un noyau de spin nucléaire donné a un champ magnétique il se produit
une interaction qui modifié l’énergie potentiel de noyau.
Un noyau peut être étudié par RMN si son spin nucléaire I est non nul. Pour l’hydrogène, il
n’y a que deux états d’énergie possible car I=1/2. Ces deux états sont appels α (=1/2) et β(= -1/2). Le
spin rendant compte de la rotation d’une particule chargée sur elle-même va induire un vecteur
moment magnétique. Appliquons à ce proton un champ magnétique ⃗ H 0 et soient ⃗
μ1et ⃗μ2 les
projections sur H0* des moments magnétiques correspondant à I1 et I2 (Fig. V. 2). On montre que
l’énergie induite dans de telles conditions est égale au produit du moment ⃗ μ1et ⃗
μ2 sont égaux et
opposés on a ⃗μ1=⃗
μ2=⃗μ❑. On crée donc deux niveaux énergétiques (Fig. V. 2) E1 et E2.
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V. 4. Techniques expérimentales
V. 4. 1. Appareillage
Il existe deux types de spectromètres RMN :
a. Spectromètre à balayage ou à onde continue ;
b. Spectromètre à transformée de Fourier.
a. Spectromètre à balayage ou à onde continue
Un aimant fournissant le champ H0 sépare les états d’énergie du spin nucléaire. L'échantillon
à analyser est placé au centre de l’aimant, dans une sonde qui contient une bobine émettrice et une
bobine réceptrice (Fig. V. 3). L’émetteur et le récepteur sont couplés à travers les noyaux de
l’échantillon (les protons dans ce chapitre). Le spectre obtenu est représenté comme une série de raie
dont la surface et proportionnelle au nombre de protons qu’ils représentent.
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V. 4. 2. Echantillonnage
V. 4. 2.1. Echantillons
RMN en solution
Pour RMN1H la quantité de produit nécessaire est de 10 à 50 mg de composé dans environ 0.4ml de
solvant. Placé dans un tube en verre cylindrique de 18 cm de long et de 5 mm de diamètre mis
en rotation au centre d'une bobine magnétique afin d'homogénéiser le champ dans l’échantillon.
V. 4. 2. 2. Solvants
Le solvant idéal choisi pour l'étude des spectres RMN1H dépourvu d'atomes d’hydrogène et
doit être inerte, non polaire, à bas point d’ébullition et bon marché.
Le solvant le plus courant est le chloroforme deutéré (CDCl 3). Il existe d’autres solvants tel
que tétrachlorure de carbone CCl4 , CD3OD, CD2Cl2…
V. 5. Le déplacement chimique
V. 5. 1. Champ induit et constante d’écran
Généralement, au sein d’une molécule, chaque atome se trouve dans un environnement
rapproché qui lui est propre si bien que la valeur du champ extérieur atteignant son noyau lui est
spécifique à moins qu’il y ait des éléments de symétrie particuliers dans la molécule. Ces variations
locales de champ ont pour origine les électrons des liaisons qui par leur circulation créent un très
faible champ induit qui s’oppose au champ extérieur. Cet effet d’écran magnétique, appelé blindage,
conduit à un décalage de la fréquence de résonance par rapport à celle qu’on observerait pour le
même noyau dans le vide (Fig. V. 4).
Un nuage électronique crée un champ ⃗ H i=−σ i ⃗
H0
Fig. V. 4. Blindage diamagnétique des noyaux créé par circulation des électrons.
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Remarque
Protons de même environnement chimique : résonance pour le même champ, sont des noyaux
Protons avec des environnements différents : résonance à des fréquences différentes sont des noyaux
magnétiquement différents (anisochrones) ; d ≠ (Fig. V. 6 ).
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Donc le déplacement chimique devient
H i−H ref
δ i=
H0
Sachant que
Hi
νi =γ
2π
Le déplacement chimique final devient
ν i−ν ref
δ i=
ν0
di est de l’ordre du millionième. Par commodité, exprimé en partie par million (ppm). di est sans
dimension:
ν i−ν ref
δ ppm = . 106
ν0
Avec : ν i : fréquence de résonance du noyau i ;
ν ref : fréquence de résonance de la référence (TMS) ;
ν 0 : fréquence du champ statique H0.
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Fig. V. 8. Effets électroniques inductif.
Les protons éthyléniques sont déblindés car ils sont situés dans un plan appauvri en électrons.
Inversement, les protons acétyléniques, situés dans l’axe de la liaison CºC, sont plongés dans
une zone riche en électrons et sont par conséquent blindés.
Les protons aromatiques sont fortement déplacés vers les champs faibles parce qu’à
l’effet d’anisotropie précédent, s’ajoute un champ local provenant du « courant de cycle », qui se
superpose au champ principal au niveau de ces protons.
La présence de liaisons hydrogène intermoléculaires dont l’importance est largement fonction de
la concentration en substrat implique que les protons engagés dans de telles interactions (−OH,
−NH2…) vont résonner sur une très large plage de déplacements chimiques (par exemple OH
entre 0,5 et 7,7 ppm et NH2 entre 1 et 5 ppm).
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Fig. V. 10. Déplacement chimique des principaux types de protons des molécules organiques en RMN.
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Deux atomes d’hydrogène sont dits voisins s’ils sont séparés par trois liaisons simples. Si des
atomes d’hydrogène sont séparés par plus de 3 liaisons simples, ils ne sont pas voisins (Fig. V. 12).
V. 9. 1. Le couplage spin-spin
Champ local auquel est soumis le proton dépend de son environnement électronique. Il est
influencé par la présence et l’orientation des spins d’autres noyaux si ces spins différent de zéro.
Le champ local réel reçu effectivement par le proton résonant est perturbé par le champ
magnétique exercé par le noyau voisin.
Soit Ha le proton résonant et Hb le proton voisin de Ha (Fig. V. 15)
V. 9. 2. Constante de couplage J
L’interaction entre noyaux est appelée couplage spin-spin. Elle se transmet par les électrons
de liaison. L’importance du couplage est estimée par une constante J (Fig. V. 17):
- J : constante de couplage, exprimée en Hertz
- Indépendante du champ magnétique externe
- Renseigne sur le voisinage des noyaux
Exemple
CH3-CH2-Cl :
- Signal du -CH2- :
quadruplet d’intensités 1/3/3/1
-Signal du -CH3 :
triplet d’intensités 1/2/1
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