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Jean-Sébastien GAUTHIER

Activité d’intégration 360-433-RI

Groupe SLA-01

PROJET D’INTÉGRATION

La distinction, de gré ou de force

Travail présenté à

M. Pierre LETARTE

Département de Géographie, Histoire et Politique


II

Cégep de Trois-Rivières

Le vendredi 15 mai 2009


Jusque vers l’an 268, à Rome, les esclaves et les
criminels portent barbe et cheveux longs. Leur
premier geste à la libération est de se faire raser…
Mais bientôt les conquérants imitent les vaincus ;
alors les esclaves doivent se tondre.
Dominique Fontanes
Résumé
Ce livret se veut la démonstration d’une hypothèse qui peut, à priori, sembler « tirée par
les cheveux ». Vous y trouverez la réponse à la question suivante : « Pourquoi l’homme
porte-t-il la barbe? » Vous parait-elle évidente? Après une recherche assidue, j’en arrive
à la conclusion que si l’homme porte la barbe, c’est principalement pour se distinguer.
La nature décide d’abord pour lui de son corps et de celui de ses semblables. S’il à
l’opportunité de se laisser pousser une barbe, il peut le faire ou non, selon l’image qu’il
veut projeter. Finalement, l’homme peut être obligé de porter la barbe ou de la raser sous
les commandements d’un supérieur. Plus en détail, voici la signification de la barbe.

Abstract
This booklet is wanted to be the demonstration of a hypothesis that may seem “far-
fetched”. You will find the answer to the following question: “Why is man wearing the
beard?”Does-it appear obvious to you? After à diligent searching, I have come to the
conclusion that if man wears the beard, it is mainly to distinguish himself. Nature first
decides for him about his body and his fellow men’s one. If he has the opportunity to
grow a beard, he can do it or not, following the image he wants to show. Finally, the
man can be forced to wear a beard or to shave it under the command of a superior. In
details, here is the meaning of the beard.
Table des matières

Résumé \ Abstract............................................................................................................IV
Table des Figures et des images.......................................................................................VI
Introduction........................................................................................................................1
La structure.........................................................................................................................3
I : Une distinction naturelle................................................................................................7
A : L’adulte et le bambin..........................................................................................7
B : L’homme et la femme.........................................................................................9
C : Le barbu et l’imberbe........................................................................................11
D : Le vieillard et le jeune homme..........................................................................13
II : Une distinction volontaire...........................................................................................16
A : Image de puissance...........................................................................................16
B : Image de sagesse...............................................................................................20
C : Image de violence..............................................................................................22
D : Image de beauté................................................................................................25
III : Une distinction forcée...............................................................................................29
A : Il ne parlait pas dans sa barbe….......................................................................29
B : Rire dans sa barbe, c’est…................................................................................32
C : Te faire avaler ta barbe…..................................................................................33
Conclusion........................................................................................................................34
Médiagraphie....................................................................................................................35
Table des figures et des images

Figure 1 : Anatomie simplifiée d’un poil..........................................................................4


Figure 2 : Masse moyenne de poil poussé par jour selon le mois de l’année....................8
Image 1 : Madame Delait, une des rares femmes à barbe.................................................9
Image 2 : Le bûcheron type a besoin d’une forme physique irréprochable.....................10
Image 3 : L’exagération de la pigmentation des poils humains est visible sur ce roux...14
Image 4 : La reine Hatchepsout portant une barbe postiche............................................18
Image 5 : Zeus, le roi des dieux.......................................................................................20
Image 6 : Socrate.............................................................................................................21
Image 7 : George Clooney, la nouvelle image de l’homme viril.....................................25
Image 8 : Musulman suivant les paroles de Mahomet.....................................................30
Image 9 : Tintin et plusieurs des personnages principaux de ses aventures....................32
Introduction

Qui est ce gros bonhomme, aux yeux cachés par de vieilles lunettes et à la longue
chevelure blanche? Qui est cet homme, qui porte une barbe blanche et fournie à souhait?
Le Père-Noël, bien sûr! La première question présente plus de renseignements à propos
de notre personnage que la seconde, mais elle ne permet pourtant pas, à elle seule,
d’identifier le mythique vieil homme. Un seul détail y est manquant, mais tout un. C’est
grâce à sa barbe unique qu’on le distingue avec assurance de tout autre homme.

Plus généralement, pourquoi l’homme porte-t-il la barbe? À quoi pense-t-il


lorsqu’il choisit de se la laisser pousser? N’est-elle qu’un simple amas de poils hirsute
recouvrant le bas de son visage? L’utilise-t-il pour dissimuler quelque chose, pour imiter
quelqu’un, par plaisir ou tout simplement par négligence? L’analyse de certains épisodes
de l’histoire impliquant, de près ou de loin, le port de la barbe permet d’établir qu’un
objet beaucoup plus important motive l’homme à éviter le rasoir. Par-dessus tout, si
l’homme porte la barbe, c’est pour se distinguer.

La nature lui donne déjà la possibilité de le faire vis-à-vis son homologue


féminin ou face au garçon pré pubère. Elle distingue également les populations entre
elles puisque certains peuples ont dû délaisser la barbe au cours de leur évolution. Dame
nature est finalement responsable de l’incroyable diversité des teintes que peuvent
prendre tous les poils du corps. L’homme a ensuite le choix, ou non, de se raser ou pas.
S’il laisse pousser sa barbe de son plein gré, sa motivation sera axée sur l’impression
qu’il veut donner à son entourage. Selon le lieu ou l’époque, une barbe particulière aura
2

un effet différent d’une autre. La barbe fait d’abord office d’insigne du pouvoir absolu
dans la plupart des grandes religions de l’histoire occidentale. Puis elle est associée à la
sagesse, à la virilité, à la méchanceté, aux soins corporels ou à l’absence de ceux-ci. Si
3

chaque homme est forcé de se raser ou de s’en abstenir dans un groupe donné, c’est
qu’une instance supérieure en décide ainsi. On constatera alors que celle-ci décide
d’abord de la pilosité de ses sujets par soucis de distinction. On différencie un peuple
religieux des autres, on distingue chaque personnage d’une saga ou on abolit au
contraire toute distinction.

La démonstration de cette hypothèse sera effectuée par l’observation d’épisodes


caractéristiques au cours desquels la barbe aura joué un rôle plus ou moins évident. Elle
sera appuyée par une série d’explications concernant la biologie du problème, ses
impacts sociologiques ainsi que ses implications dans l’art.
La structure1

Afin de bien comprendre tous les aspects de la présente recherche, la logique


veut que soit d’abord illustrée l’anatomie du poil, qui ne diffère aucunement selon qu’il
se trouve sur la tête ou ailleurs, sur un homme ou une femme. Seront également
présentés les principes premiers de sa croissance et de sa composition. Sans une
connaissance minimale de la physionomie du poil, il est impossible de saisir la portée de
certaines nuances qui seront très vite apportées dans cet ouvrage. C’est pourquoi les
prochaines lignes tenteront de présenter le poil de manière simplifiée.

Le poil prend racine dans le derme, à quelques dixièmes de millimètres de la


surface de la peau, dans ce qu’on appelle le follicule pileux, qui est divisé en trois
sections, de l’extérieur vers l’intérieur : la gaine de tissu conjonctif, la gaine radiculaire
externe et la gaine radiculaire interne (voir figure 1). Ces canaux de croissance des poils
sont présents sur la quasi-totalité du corps humain. La plupart des 5 millions de
follicules pileux dont est doté chaque individu se retrouve sur sa tête. Les autres sont
répartis du cou aux orteils et laissent paraître des poils de différentes tailles et teintes. La
croissance maximale de chaque poil diffère ainsi selon sa localisation. En effet, la durée
de vie des poils corporels varie de quelques jours à quelques mois, tandis que celle des
cheveux est de plus de dix ans. La longueur apparente finale du poil varie justement en
fonction de sa durée de vie. Comme la vitesse de croissance moyenne d’un poil est de

1
Bo FORSLIND et Magnus LINDBERG. Skin, hair, and nails: Structure and function, New-York,
Marcel Dekker, Inc., 2004, 488p.
5

0,4 mm par jour, les cheveux peuvent atteindre une longueur de plusieurs mètres à cause
de leur espérance de vie plus longue que les autres, tandis que ceux-ci ne dépassent
6

généralement pas les quelques centimètres pour la raison inverse. L’organe du poil
organisant sa croissance ainsi que sa mort, son cœur, est appelé la matrice du poil. Celle-
ci se trouve par-dessus une cavité appelée la papille du poil. La matrice est la partie

Figure 1 : Anatomie simplifiée d’un poil

Source : Sandra R. GRABOWSKY et Gerard J. TORTORA. Principes d’anatomie et de


physiologie, 3e édition, Paris, France, de Boeck université, 2002, 1256 p.
7

qui demeure en place, avec le follicule pileux, après la mort de chaque poil. C’est elle
qui dirige sa création, sa croissance et sa mort. Le cycle de vie du poil est dû à
l’accumulation de keratinocytes, cellules assez rigides généralement constituantes de la
peau, qui se multiplient et s’accumulent dans la papille. Les cellules matricielles se
débarrassent des keratinocytes en les forçant à s’agglutiner pour former une structure
rigide qui suivra le follicule pileux jusqu’à la surface de la peau.

Le poil proprement dit est constitué de trois couches de cellules différentes


assumant chacune une fonction dans la vie du poil. La couche extérieure du poil
s’appelle la cuticule. Celle-ci est constituée de cellules inflexibles permettant les
échanges gazeux entre le poil et l’air. Elle est recouverte d’une couche poreuse d’acides
gras. La couche intermédiaire, le cortex, est celle qui contient la plus grande
concentration de kératynocytes. Ce sont ces cellules qui assurent l’élasticité et la solidité
du poil. Un unique cheveu peut soutenir 100 grammes sans casser. Cette résistance
comparable à celle de l’acier (rapport masse retenue – diamètre du fil) est le fruit de
l’organisation et de la nature des cellules composants les poils. Le centre du cheveu, la
médula, contient des cellules vascularisées, établissant le lien entre le système sanguin et
les poils. C’est dans la médula que sont transportés les nutriments essentiels à leur
survie. Parsemés à la surface de la matrice, des mélanocytes, assurent la coloration du
poil. Leur fonctionnement sera expliqué plus amplement lorsqu’il sera utile à la
démonstration.

Le poil traverse deux périodes de croissance principales. La première, l’anagène,


est celle au cours de laquelle le poil croît sans arrêt. Elle permet aux poils de se
consolider tout près de la matrice où s’accumulent les kératinocytes et se solidifier. Une
division cellulaire et une différenciation cellulaire y ont lieu et on y assiste également à
la synthèse des protéines qui constitueront le poil avec les kératinocytes et les acides
gras. Suit la période de catagène, durant laquelle le poil cesse de croître et stagne. Le
bulbe y rétrécit et les cellules vivantes du poil meurent. Le poil est finalement expulsé
du follicule pileux et la matrice y enclenche généralement la formation d’un nouveau.
8

Les différences de longueur, de densité et de couleur des poils de la barbe, selon


les populations, les familles et les individus, sont un facteur probant dans la distinction
naturelle qu’ils obligent. Seront vu en temps et lieu les mécanismes évolutifs qui ont,
jusqu’à aujourd’hui, régulé ces différences. Elles sont probablement les fruits du hasard
et des circonstances du milieu, mais surtout, d’un facteur essentiel et changeant de la
sélection naturelle : l’attirance. Encore aujourd’hui, celle-ci est un des facteurs les plus
influents sur le choix d’un homme de porter la barbe ou non. Même après plusieurs
centaines de milliers d’années d’évolution, on ne s’en sort pas.
I : Une distinction naturelle

Quand la nature décide pour l’humain de son apparence, elle en fait un être
capable de se différencier de ses semblables plus que tout autre animal. Par son étrange
pilosité corporelle, d’abord, puis par celle qui recouvre son visage, il se distingue des
autres vivants. Même au sein de l’espèce, chaque individu est unique. C’est maintenant
le barbu qui nous intéresse, dans un curieux face à face avec l’autre.

A : L’adulte et le bambin2

Avant d’avoir une barbe bien fournie, il faut d’abord accepter le traditionnel
« duvet » qui recouvre inévitablement le menton, les joues et le dessus de la lèvre
supérieure durant la puberté. Le développement des poils faciaux, comme celui de la
plupart des caractères sexuels secondaires, s’effectue avec l’apport des hormones
androgènes mâles et femelles. Les formes de la femme se dessinent grâce aux
œstrogènes et à la progestérone, tandis que la voix de l’homme change suite à l’action de
la testostérone, provenant d’abord des testicules en croissance, sur certaines parties de sa
gorge. La modification qui nous intéresse est évidemment celle se déroulant à la surface
de la peau du menton des hommes pubères : le développement de la barbe. Celui-ci est
enclenché par l’arrivée de testostérone aux follicules pileux. Le développement de la
barbe débute à la puberté mais ne s’achève, en moyenne, que vers la mi-trentaine.

2
Bo FORSLIND et Magnus LINDBERG. Op. cit.
8

La croissance des poils suit une courbe variant selon les saisons et la sécrétion
d’androgènes. Il a été démontré que les mois de juin et de juillet sont ceux au cours
desquels les poils poussent le plus rapidement. En effet, comme le montre la figure 2,
8

lespoils de la barbe d’un certain échantillon aléatoire d’hommes du Royaume-Uni


poussent à raison de 80 mg/jour en juin tandis que ce rythme est diminué à 50 mg/jour
en février. Ce phénomène est certainement dû à une fluctuation des sécrétions
d’hormones de l’homme exposé à certaines conditions météorologiques précises. Ces
sécrétions amènent la maturation des follicules pileux faciaux qui faisaient jusqu’ici
pousser de petits poils presque incolores. Ces follicules pileux, ayant gagné en taille,
laissent croître un poil plus gros et plus pigmenté. Chaque follicule pileux réagit
toutefois différemment à l’apport en testostérone. Si ceux de la barbe ont l’habitude de
croître à la puberté, les follicules du cuir chevelu tendent plutôt à s’atrophier. C’est ce
phénomène qui est en grande partie responsable de la calvitie chez l’homme. Bien que le
rôle des androgènes dans la croissance des follicules pileux soit évident, leur rôle dans le
maintient d’une forte pilosité l’est moins. La barbe d’un homme privé de testostérone ne
semble pas cesser de croître. La théorie décrivant l’action de la testostérone sur la
croissance du follicule pileux la plus acceptée est celle prétendant que la testostérone
circulant sous la papille entrerait en contact avec ses cellules, puis que celles-ci
interagiraient avec celles de la matrice pour permettre la croissance de poils plus gros.
La testostérone agirait également sur les mélanocytes, permettant la pigmentation des
poils par leur activation.

Figure 2 : Masse moyenne de poil poussé par jour selon le


mois de l’année
Source : Bo FORSLIND et Magnus LINDBERG. Skin, hair, and
nails: Structure and function, New-York, Marcel Dekker,
Inc., 2004, 488p.
9

La puberté est une période charnière pour l’homme en devenir. Sans celle-ci, la
présente recherche n’aurait que peu de sens. C’est à partir de l’âge pubère qu’un garçon
se distingue réellement d’une fille du même âge. À partir de maintenant, nous ne
considérerons plus le jeune garçon lorsqu’il sera question de l’homme. Nous pourrons
centrer notre attention sur l’adulte qui, d’une manière ou d’une autre, est différent des
autres, soit par sa barbe ou son absence. Outre le gamin, l’homme se distingue
principalement de son homologue féminin, à qui il est pratiquement impossible de se
laisser pousser la barbe. Tout est encore une question d’hormones.

B : L’homme et la femme

« Partie mâle par excellence du système pileux, la barbe représente, davantage


encore que les cheveux, la virilité3 ». Évidemment, le processus de croissance des
follicules pileux du bas visage de l’homme lui est généralement exclusif. Rares sont les
femmes qui développeront, au cours de la puberté, une pilosité faciale aussi
convaincante que celle de l’homme. Comme il fut expliqué plus tôt, c’est l’apport en
testostérone provenant des testicules qui permet aux poils faciaux de gagner en
importance. La femme n’a guère de testicules. La faible production de testostérone des
autres glandes de son corps ne suffit pas à l’acquisition d’une barbe.

Image 1 : Madame Delait, une des rares femmes à barbe


Source : Costis, .costis., [En ligne], http://costis.soup.io/post/15887330/Madame-Delait-the-
bearded-lady-of-Plombi (page consultée le 14 mai 2009).

Les rares exemples enregistrés de femmes à barbe peuvent s’expliquer par un


simple, mais rare, déséquilibre hormonal. On appelle hypertrichose, ce dérèglement

3
Jan BAETENS, Hergé, écrivain, Paris, Éditions Labor, 1989, p.35.
10

entraînant une pousse exagérée des poils d’un homme ou d’une femme. On compte près
d’une vingtaine de cas connus de femmes à barbes. Quelques unes d’entre elles ont été
faussement identifiées à des monstre et exhibées dans des foires ou des cirques. Faisant
fi des ces rares exceptions, nous éliminerons également les femmes de l’ensemble de nos
barbus potentiels.

La famille grecque repose essentiellement sur la présence de la puissance


paternelle4. Le père dirige et est responsable de la famille. Il s’agit de l’éternelle
supériorité que se donne l’homme sur la femme. Celui-ci, longtemps le seul être de la
maison à pouvoir porter la barbe, fait office de chef du domicile. Ses fils, lorsqu’ils sont
matures, quittent la maisonnée et vont fonder leur propre famille, perpétuant cette
coutume millénaire.

« Du coté de la barbe est la toute-puissance5 ». Ainsi s’est exprimé Molière en


situant l’homme par rapport à la femme. Cette métaphore qui utilise la barbe comme le

Image 2 : Le bûcheron type a besoin d’une forme physique irréprochable


Source: Jacques Lamontagne, Récit univers social et les commissions scolaires des LLL
prise sur Récit national, [En ligne],
http://1820.recitus.qc.ca/bucheron/bucheron.htm (page consultée le 14 mai 2009).

symbole le plus représentatif de l’homme, amène la réflexion quant aux éternels conflits
d’égalité homme, femme. Que ce soit la barbe qui ait situé l’homme au dessus de la
femme, ou bien l’homme qui, s’étant posté au dessus d’elle, aurait élevé la barbe au
statut d’insigne de pouvoir, il est indéniable que la barbe signifie aujourd’hui dans
l’inconscient la virilité, la force et la puissance. C’est principalement en comparaison à
la femme que ces caractéristiques peuvent être associées à un simple attribut physique.
4
Maurice CROISET, La civilisation de la Grèce antique, Paris, Petite bibliothèque Payot, 1969, p.18.
5
Molière, L’École des femmes, 17 mars 1663, cité par Jean FONTÈS, « Les trois vertus des
barbus », Historama, Histoire magazine, n° 61(mars 1989), p.58-61.
11

Le lien n’est pourtant pas totalement fictif. L’homme, en moyenne, peut véritablement
déployer une force plus grande que celle de la femme.

Le caractère psychologique est déduit de l’aspect physique. Le port de la barbe


est associé à des propriétés de l’homme, ou lui étant généralement attribuées. Le lien
entre biologie et psychologie est évident. Le stéréotype en dépend directement puisque
sa création découle de l’association entre une ou plusieurs caractéristiques visibles et
une ou plusieurs caractéristiques psychologiques. Leur fonctionnement sera expliqué en
détail un peu plus loin dans l’ouvrage. Toutes ces idées de supériorité liées à la barbe
seront ancrées dans l’inconscient féminin jusqu’à la montée relative du féminisme. Elles
auront comme effet de favoriser ce caractère physique puisque, sélection naturelle
oblige, le choix du partenaire sexuel se fait habituellement en fonction des aptitudes
apparentes du mâle. Les religions profiteront éventuellement de cette différence pour
favoriser le sexe fort. On en parlera également plus loin.

Les différences visibles entre l’homme et la femme se comptent presque sur les
doigts. La barbe en est certainement la plus flagrante et aussi celle sur laquelle sont
basés le plus de préjugés. De ce fait, la barbe est la distinction la plus évidente entre
l’homme et la femme. On distingue le sexe fort du sexe faible. C’est une distinction de
force. Outre la femme et le bambin, qui donc se distingue de l’homme barbu? Certains
peuples sont dans l’impossibilité de laisser leur barbe pousser. Nous nous attarderons
bientôt à cette dernière différence entre le barbu de nature, et les autres.

C : Le barbu et l’imberbe6

L’ancêtre de l’homme, homo sapiens, et ses propres ancêtres étaient tous poilus
de la tête aux pieds. L’évolution de l’homme dans divers milieux a cependant favorisé
une différenciation non-négligeable de la pilosité des peuples en fonction de leur lieu
d’évolution. La présence de la barbe dans les populations mâles du globe creuse un fossé
flagrant entre deux catégories d’hommes : les barbus et les imberbes. Bien que
l’appartenance à l’un ou l’autre des groupes ne donne pas d’indication absolue à propos
de l’origine d’un individu, on constate que le trait est généralement lié à certaines
6
Bo FORSLIND et Magnus LINDBERG. Op. cit.
12

populations particulières. Les asiatiques et amérindiens, par exemple, n’ont presque


aucune chance de voir des poils recouvrir la partie inférieure de leur visage tandis que
les africains et européens ont, eux, une prédisposition à la croissance de ces poils
faciaux. Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer pourquoi certaines populations, à la
différence des primates dont elles descendent, peuvent laisser croître une barbe de
plusieurs centimètres.

L’être humain aurait, après s’être couvert de vêtements pour se protéger des
intempéries, perdu une grande part de sa pilosité corporelle. Les poils jouent pourtant,
on l’a vu, un rôle crucial dans la sélection naturelle. En effet, en plus de présenter un
caractère particulier, le corps sécrète des phéromones via les poils se retrouvant sur
l’ensemble du corps. Se privant des siens, l’homme compenserait leur rareté par un taux
de croissance et une durée de vie accrue des poils faciaux. Les cheveux et les poils de la
barbe seraient, entre autre, plus longs pour attirer la femme.

La taille démesurée des poils crâniens auraient peut-être une utilité purgative,
débarrassant le corps d’un excès de métaux lourds. En effet, la mélanine a l’heureuse
propriété de coller à certains métaux lourds, assimilés par le corps alors que les humains
avaient pour principale alimentation les produits de la mer – ceux-ci sont
particulièrement susceptibles de contenir des métaux lourds tel le mercure, le fer, le
cuivre ou le nickel qui peuvent donner de sérieux problèmes au système nerveux – aux
abords de laquelle, ils ont principalement évolué. En se déposant périodiquement dans le
poil et en y trainant les métaux lourds, la mélanine aurait favorisé la santé des hommes
et son évolution aurait tendu vers une croissance plus rapide des poils.

La nudité de l’homme aurait également mis l’accent sur les poils faciaux.
Accompagnés d’un visage déjà très expressif, les poils aurait été un aspect visuel très
important dans le choix du partenaire sexuel chez certaines populations, alors que le
glabrisme aurait été plus attrayant pour d’autres.

Dorénavant, l’homme, lorsqu’il sera cité, sera considéré comme l’adulte mâle à
qui la chance est donnée de se laisser pousser la barbe. À des fins pratiques, seront
13

éloignés l’imberbe, la femme et, comme dit précédemment, l’enfant. C’est maintenant
l’homme barbu qui est le centre de notre intérêt. Voyons ce que la nature lui réserve…

D : Le vieillard et le jeune homme7

La barbe diffère d’un individu à l’autre à cause des différences entre le


patrimoine génétique de chacun et de la volonté ou de l’obligation de la tailler, de la
couper ou de la teindre. Considérons d’abord la couleur naturelle de la barbe d’un
Européen quelconque. La diversité des pigmentations présentes en Europe est
particulièrement propice à l’étude des couleurs pilaires. Du noir au blond, en passant par
le brun et le roux, chaque couleur est régie par une pigmentation spécifique que subi le
poil en formation. Cette pigmentation peut même différer d’un endroit à l’autre du corps.
Pourquoi un homme a-t-il une chevelure brune et une barbe rousse, tandis qu’un autre a
une répartition pigmentaire inverse? C’est une très bonne question. Les scientifiques
s’interrogent encore aujourd’hui, bien que l’enjeu ne soit que de moindre importance. La
solution la plus crédible donne carte blanche à la sélection naturelle. Comme l’homme
n’a vraisemblablement pas eu besoin d’un camouflage précis, cette adaptation qu’ont dû
effectuer plusieurs mammifères pour survivre n’est sûrement pas à l’origine des
différentes pigmentations humaines. La relative nudité du corps humain donne une
grande importance à la pilosité faciale. Il a été suggéré qu’une pression sélective fut faite
sur les hommes en regard de cette pilosité. L’exagération de densité, de couleur et de
longueur de ces poils résulterait donc uniquement du goût des femmes en matière de
pilosité, celle-ci accompagnant un visage déjà très expressif. De plus, pourquoi les poils
deviennent-ils gris ou blancs en vieillissant? Tout est une question de pigments. La
communauté scientifique a déjà une connaissance de base du procédé de pigmentation
des poils. Celui-ci est très simple et il sera donc expliqué en détails.

7
Bo FORSLIND et Magnus LINDBERG. Op. cit.
14

Image 3 : L’exagération de la pigmentation des poils humains est visible sur ce roux
Source : Ludo, LES ! JEUX – LE ! Blog du foot !, [En ligne], http://footludo.over-blog.com/categorie-
1264510.html (page consultée le 14 mai 2009).

Ce qui donne sa couleur au poil, c’est un pigment nommé la mélanine, provenant


des mélanosomes, qui est déposé sur les keratinocytes, dans le cortex et la médula.
Ceux-ci sont des organites associés aux lysosomes peuplant les mélanocytes. Le pigment
synthétisé par les mélanosomes peut être d’un rouge brunâtre ou d’un noir d’encre, selon
qu’il est respectivement produit par un phéomélanosome ou un eumélanosome. La
présence de l’un n’exclut pas celle de l’autre, ce qui explique la grande diversité des
pigmentations. La matrice des poils noirs sera parsemée de mélanocytes abondamment
rempli d’eumélanosomes de grande taille qui répandront l’eumélanine foncée également
partout sur le poil. Les mélanocytes du poil brun sont peuplés d’eumélanosomes plus
petits mais phénotypiquement semblables – pareillement constitués. Il faut garder à
l’esprit le fait que la présence d’eumélanosomes n’empêche jamais celle de
phéomélanosomes. Un poil sera roux à cause de la sécrétion de phéomélanine par ses
phéomélanosomes. Celle-ci est généralement étendue par grappes le long du poil, plutôt
que de manière uniforme comme l’est l’eumélanine. Plus le poil tend vers le blond,
moins ses mélanosomes sont nombreux et moins ils synthétisent de mélanine. Ce
phénomène est observé chez les personnes albinos pour lesquelles les cellules
fabricantes de pigments ne fonctionnent tout simplement pas. Les différences de
pigmentations peuvent également varier en fonction de facteurs extrinsèques tels la
saison, le climat, les infections, les polluants ou les toxines.

Avec l’âge, la quantité de mélanocytes présents dans la matrice des poils diminue
et s’approche graduellement de zéro. Lorsqu’un poil, ne reçoit plus le pigment auquel il
est habitué, il grisonne et blanchi. En fait, la quantité de mélanocytes diminue, mais c’est
15

principalement leurs mélanosomes qui diminuent en taille et en nombre. La quantité de


mélanine produite est moindre et sa répartition est plus clairsemée. Le poil finit par ne
plus recevoir de pigment. Ce phénomène est accompagné d’une curieuse accélération de
la croissance des poils grisonnants. Il est possible d’expliquer ce fait par l’interaction
entre la kératinisation et la pigmentation. En effet, il été observé que la diminution des
transferts de mélanine vers les kératinocytes peut augmenter jusqu’à trois fois la vitesse
de leur différenciation cellulaire, augmentant leur rythme de croissance d’autant. Ceci
explique visiblement pourquoi il est possible d’observer de longues barbes grises ou
blanches et pas des brunes, des noires, des blondes ou des rousses – sauf exception. La
durée de vie du poil étant la même, c’est sa vitesse de croissance qui détermine sa
longueur maximale. Ainsi, un barbu est différent d’un autre barbu. Ils se distinguent tous
des autres par la couleur de leur barbe. Celle-ci aura un impact non-négligeable sur
l’effet qu’elle produira sur autrui à sa vue. Merlin, la Barbe-Bleue ou Astérix le gaulois
sont tous très différents les uns des autres en apparence, mais en est-il autant pour leur
tempérament? Les stéréotypes sont encore impliqués dans notre perception de ces
personnages à la barbe colorée.

҉
Jusqu’ici, nous ne faisons que constater l’entière victoire de Dame Nature
contre l’homme qui est soumis à ses lois et ne peut que subir ses volontés. C’est elle qui
dicte sa physionomie, celle de l’enfant, de la femme, de l’imberbe, du roux ou du
vieillard. L’homme n’en a pas encore le choix, et déjà il se distingue des autres. Est-il si
dépendant de la nature? Ce que nous verrons au cours des parties suivantes, dépend de
la réponse à cette question. Et si non, a-t-il vraiment le choix de se distinguer ou pas?
Suivant une distinction toute naturelle, voici une distinction volontaire.
II : Une distinction volontaire

Un survol de l’histoire de la problématique nous permet de constater que le port


de la barbe ou son rejet signifient souvent deux choses très différentes. Effectivement,
cet attribut qui nous semble aujourd’hui banal et que nous, hommes, avons la libre
possibilité de laisser pousser ou de raser de manière périodique, a souvent, voir même
toujours, représenté une vertu particulière pour un peuple particulier. À l’aide d’épisodes
précis de l’histoire humaine, il sera expliqué, dans ce deuxième segment, comment et
pourquoi l’homme choisit-il de présenter une barbe précise. Nous verrons ce à quoi sont
associés certains types de barbes et comment se fait-il qu’ils y soient associés.
Évidemment, l’ensemble de l’histoire humaine ne peut être couverte en un si bref
ouvrage. C’est pourquoi seuls certains épisodes y ont été soustraits pour présentation.

A : Image de puissance

La première civilisation humaine ayant laissé assez de représentations pour


permettre d’en faire un portrait général est celle de l’Égypte antique. Alors, l’autorité est
exercée par le pharaon, établissant l’unique lien entre la population humaine et les dieux.
La foi oblige, chaque résident du royaume doit une entière soumission aux rois et au
pharaon puisque ce dernier incarne la volonté divine. Le règne du pharaon est absolu,
tous y voient un personnage mythique et tout-puissant auquel il serait absurde de
résister. De par son importance aux plans politique, économique et spirituel, c’est donc
un des seuls, avec les dieux eux-mêmes, qui méritera d’être représenté en fresque, sur
les murs de son tombeau, ou en sculpture, dans les temples et les lieux importants de son
17

royaume. L’Égypte antique est également le berceau d’une première forme d’écriture,
permettant aux scribes de l’époque de transmettre aux sociétés modernes des
18

informations fort précieuses à propos du mode de vie des Égyptiens moyen de l’époque.
Ce qui put être étudié et qui demeure, encore aujourd’hui, étudiable, nous révèle que le
paysan, le boucher, le chasseur, comme la très grande majorité des Égyptiens, sont
répugnés par tout poil8. L’épilation était d’ailleurs connue et utilisée à outrance par les
femmes et les hommes du pourtour du Nil. Paradoxalement, chacun est chevelu (parfois,
on préfère la perruque aux vrais cheveux) et le port du postiche est même un des
attributs principaux du souverain. Pourquoi porter une fausse barbe alors qu’en général,
les poils répugnent tous les Égyptiens? « Sans doute parce que cela pose son homme, lui
donne un air d’autorité, de sagesse » répond Florence Maruéjol, égyptologue. Certains
dieux sont également représentés avec une barbe, qui se distingue toutefois de celle des
rois par sa forme. Celle des pharaons est rectangulaire et massive et s’élargit légèrement
à son extrémité tandis que celle des dieux (ou des rois si ceux-ci sont représenté en
Osiris) se rétrécit en allongeant et se termine en courbe à son extrémité. Certains rois
protégeaient même leur postiche dans un étui d’or9. La barbe des dieux et des dirigeants
ou l’absence de celle-ci chez les autres témoigne d’un respect alors déjà établi envers ce
symbole de puissance et de force virile10.

Les exemples de ces représentations ne manquent pas dans les musées égyptiens ou
directement dans les vestiges de tombeau et de temples. On peut effectivement observer
des sculptures, des bas reliefs ainsi que des peintures présentant autant de scène de la vie
quotidienne que de pharaons ou de dieux, ces derniers ayant le monopole de la barbe.
Thoutmosis III, Aménophis IV, Ramsès II, Séthi II11, le roi Thor, Osiris12 et bien d’autres
portent généralement la barbe qui leur est propre sur leurs divers portraits. Inversement,
les scènes du quotidien des Égyptiens moyens montrent des hommes complètement
dépourvus de poils à l’exception de leur chevelure. Si la barbiche était bien réservée aux

8
Florence MARUÉJOL, L’Égypte ancienne pour les nuls, Paris, First Editions, 2006, 410 p.
9
Thibaut RÉMUZAT, « Une histoire au poil », Historia, No 678 (juin 2003), p. 44-45.
10
Jean GARDIN et al., « Barbe », Petit Larousse des symboles, Paris, Larousse, 2006, p. 79-82.
11
Jean YOYOTTE, Les trésors des pharaons, Genève, Suisse, Skira, 1968, 262 p.
12
François DAUMAS, « Égypte antique », Encyclopædia Universalis, Paris, Encyclopædia
Universalis, p.919-984.
19

rois et dieux, c’est en quelque sorte pour créer un fossé visuel évident entre l’homme de
la foule et l’homme sacré. Ainsi, quiconque s’y attarde peut désormais

Image 4 : La reine Hatchepsout portant une barbe postiche


Source : [ANONYME]. L’égypte antique, [En ligne], http://jfbradu.free.fr/egypte/LE%20
PHARAON/HATSHEPSOUT/HATSHEPSOUT.php3, (page consultée le 19 avril 2009).

distinguer celui-ci de celui-là par les simples formes superficielles qui ornent son
menton. Un exemple supplémentaire démontrant l’importance de ce signe distinctif est
celui d’une femme qui, jadis, gouverna l’Égypte en tant que pharaon. La reine
Hatchepsout serait la seule femme à avoir dirigé l'Égypte pharaonique.13 La récente
découverte de son corps a bouleversé le monde de l’archéologie. Certains avancent
même que cette découverte serait la plus importante dans la vallée des Rois depuis la
mise au jour de la tombe de Toutankhamon. Cette femme est l’initiatrice d’énormes
projets de construction. Le fait est que cette reine, qui s’est autoproclamée pharaon,
portait la fausse barbe comme ses prédécesseurs masculins. C’est dire à quel point le
symbole était important pour l’image du pharaon.
13
[ANONYME]. Archéologie : Hatchepsout identifiée, [En ligne], http://www.radio-canada.ca/
nouvelles/Science-Sante/2007/06/26/001-Egypte-Hatchepsout.shtml, (page consultée le 19 avril
2009).
20

Le sixième et le cinquième siècle avant Jésus-Christ voient l’épanouissement


d’une société fondatrice pluri-centenaire qui aura une influence certaine sur l’ensemble
des sociétés occidentales la suivant. L’époque de la Grèce antique est celle qui nous a
légué l’héritage artistique le plus exceptionnel, les bases scientifiques les plus
importantes ainsi que la culture la plus riche qui soient. Des sculpteurs aux architectes,
des mathématiciens aux philosophes, des écrivains aux acteurs, l’ensemble du
patrimoine laissé par la Grèce ancienne en fait l’une des sociétés les plus respectées de
l’histoire humaine.

La religion de la Grèce antique prenait une place très importante dans la vie des
populations grecques. Ce fait est relaté par les auteurs de l’époque et les historiens
d’aujourd’hui. En fait, leur polythéisme, qui venait de l’observation même des
phénomènes naturels indescriptibles, est le seul élément dont nous sommes encore
certains. Maurice Croiset a écrit : « Le Grec se représentait les dieux comme des êtres
très puissants, invisibles et immortels »14. Cette présentation des dieux par leurs
propriétés se constate aisément en observant les représentations que les artistes grecques
en ont faites. Les sculptures, principaux outils d’analyse des représentations divines,
présentent des dieux aux traits particuliers, selon qu’il soit le dieu de tel ou tel élément.
Athéna, par exemple, est la déesse de la sagesse et de la guerre15 et est habituellement
représentée avec un livre et un casque, ou parfois une lance. Apollon. Le dieu soleil, de
la lumière et de la musique16 est représenté avec sa lyre. Comment, alors, représenter
Zeus, le roi des dieux, celui qui est le père de la plupart d’entre eux? Comment
s’imaginer un dieu surpuissant, qui maitrise la foudre et dicte les lois des dieux? Les
Grecs l’ont d’abord présenté calme, plus grand que les autres et souvent assis, mais par-
dessus tout, ils l’ont doté d’une barbe pleine, fournie et particulièrement protubérante. Il
n’est pas la seule divinité grecque à porter une barbe – on peut notamment voir
Poséidon, dieu des torrents, représenté avec une longue barbe – mais sa taille et son
allure, jumelée à celle de son visage grave, lui donne une « expression majestueuse et
sereine, qui convient au roi des dieux […] Quand Zeus fronce le sourcil, la terre tremble
14
Maurice CROISET, La civilisation de la Grèce antique, Paris, Petite bibliothèque Payot, 1969.
15
Tony SEVERIN S. J., La Grèce antique, Liège, H. Dessain, 1962, 112 p.
16
Ibid.
21

Image 5 : Zeus, le roi des dieux


Source : [ANONYME]. Zeus : Le roi des dieux, [En ligne], http://mythologiesetlegendes
.ifrance.com /zeus.htm (Page consultée le 29 avril 2009).

et le tonnerre gronde17 ». Encore une fois attribuée à une entité beaucoup plus puissante
que l’humain, la barbe est, cette fois-ci, le signe de la domination d’un dieu parmi les
dieux, tandis qu’en Égypte, la barbe situait les dieux par rapport aux hommes.

B : Image de sagesse

Sans être un dieu, il est tout de même possible de profiter de la barbe pour
sembler plus brillant. Curieusement, la longue barbe blanche tantôt décrite fait presque
toujours office d’insigne de l’érudition. Quand ce ne sont pas les philosophes grecs qui
la portent, ce sont les magiciens des contes, ou bien les savants les plus connus de
l’histoire scientifique, ou encore les druides et les mages des histoires fantastiques. Le
port de la barbe blanche renvoie invariablement à l’image de la sagesse. Peut-on trouver
l’origine de ce stéréotype dans l’âge de son porteur? Assurément! Tous les préjugés
viennent de quelque part. Si biologiquement, cette barbe blanche est réservée aux
hommes d’un certain âge, et que, psychologiquement, la sagesse est réservée à qui a

17
Tony SEVERIN S. J. Op. cit.
22

vécut assez longtemps pour l’acquérir, il est logique de voir plus d’hommes sage à la
barbe blanche qu’à la barbe rousse.

Les philosophes grecs étaient dotés d’une puissante barbe, comme le montre l’art
grec, par sa sculpture ou par la panoplie de ses vases décorés. 18 Socrate et son fidèle
Platon, pour ne nommer que ceux là, sont toujours représentés à un âge assez avancé et
décorés d’une barbe. En grec, le mot pogonotrophos signifie homme barbu ou
philosophe.19 Le Grec moyen ne portait pourtant pas la barbe, du moins, selon ce qu’il
nous reste des représentations de scènes de la vie quotidienne grecque. Les philosophes
et les héros, oui. « Les philosophes grecs étaient distingués par leur barbe 20». Encore ici,
la clé de l’énigme est là. Si le philosophe grec portait la barbe, c’était pour se distinguer.
Si on voyait jadis un homme à la belle barbe blanche, c’est qu’il était philosophe.

Image 6 : Socrate
Source : [ANONYME]. « Socrate », dans LES PHILOSOPHES GRECS, Les philosophes
grecs : Socrate, [En ligne], http://www.greceantique.net/socrate.php (Page
consultée le 29 avril 2009).

Évidemment, cette règle n’est pas absolue. Chaque cité grecque avait ses codes.
Même encore, si la barbe devait appartenir au philosophe à Athène, il était toujours
possible que certains paysans et certains vieillards portassent la barbe, ceux-ci n’étant
qu’une minorité. Il convient de rappeler que la barbe était avant tout, en Grèce, un

18
Michael SHALLY-JENSEN, « Beard », Encyclopedia Americana: International edition, Danbury,
Connecticut, Scholastic Library publishing, Inc., 2004, B – Birling, p. 403.
19
Ibid.
20
Ibid.
23

attribut des dieux et du père de famille. Voilà qui renforce clairement le lien entre le
sage et le barbu.

C : Image de violence21

Pourquoi les pirates les plus connues ont-ils tous une barbe mal sale et hirsute?
Pourquoi ceux qui les créent ou les représentent leur en attribuent-ils toujours une
vilaine? Assurément, la barbe n’est plus vue comme l’indice d’une sagesse ou d’une
puissance particulière dans ce contexte de piraterie. Encore une fois, ce sont plusieurs
centaines d’années d’associations entre un trait de caractère et un trait physique qui
auront contribué à la formation de stéréotypes puissants qui influent encore sur la
perception que nous avons du barbu. C’est la barbe du méchant et de l’homme violent.
Le stéréotype doit finalement être vu en détail afin de comprendre dans toute son
importance la force d’une simple image.

L’association d’un trait physique à un trait psychologique ou spirituel relève du


stéréotype. « Le stéréotype est un ensemble de croyances donnant une image simplifiée
des caractéristiques d’un groupe 22». Ici, les groupes impliqués sont ceux des divers
barbus. La barbe rectangulaire, des pharaons, signe de divinité, celle, longue et blanche,
synonyme de sagesse, celle, rousse, brune, noire ou blonde des pirates, associée à la
barbarie ou à la méchanceté ou celle, « de deux jours », des stars masculines, qui est
aujourd’hui le fondement d’une nouvelle mode – qui est elle-même une opinion
généralisée et non fondée véhiculée par les foules, au même titre que le stéréotype – sont
toutes des exemples de clichés associés à l’homme barbu. La responsabilité attribuée aux
hommes arborant des traits matures (voir D : Image d’esthétisme) en est également un
exemple. Les stéréotypes jouent un rôle particulier dans la société. Chaque individu se
conforte en attribuant à un certain groupe des caractéristiques précises. Ainsi, confronté
à un membre du groupe en question, l’individu se sent en confiance et sait à quoi
s’attendre. Un homme à la barbe hirsute est effectivement perçu, en général, comme plus
agressif, moins sage et plus vicieux qu’un homme imberbe. L’homme à la longue barbe
blanche aura pourtant la réputation inverse. Si on demandait à un groupe d’individus
21
Claudie BERT, « Les stéréotypes », Sciences humaines, no 139, Juin 2003, p. 46-47.
22
Claudie BERT, loc. cit.
24

isolés de choisir un homme parmi plusieurs pour l’aider à résoudre une énigme, une
pluralité choisirait certainement un homme à barbe blanche plutôt qu’un imberbe ou
qu’un autre barbu.

D’où viennent ces stéréotypes? Eugene Hartley a démontré, en 1946, que les
stéréotypes ne provenaient pas absolument de l’expérience, en évaluant l’attitude
d’Américains envers 35 groupes ethniques. Parmi ces 35 groupes, trois étaient fictifs…
L’étude a démontré que les trois groupes fictifs étaient ceux les plus craints par les
résidants des États-Unis. Pourtant ceux-ci ne pouvaient vraisemblablement pas avoir eu
de mauvaise expérience avec l’un ou l’autre de ces 3 groupes. Il semblerait que les
stéréotypes proviennent essentiellement de l’éducation qui est prodiguée à l’enfant. Si
un parent a des préjugés, il les transmettra à ses enfants. Le statut social y joue
également un rôle car « ceux qui ont le plus besoin de se démarquer d’un groupe dominé
sont ceux qui appartiennent au groupe dominant, mais au bas de l’échelle. Ainsi, aux
États-Unis, nul n’étaient plus racistes que les "petits blancs" du sud 23». Pourtant, la
provenance du stéréotype chez l’enfant n’explique pas sa provenance fondamentale. En
scrutant l’histoire, on peut supposer que chaque stéréotype tient sa source d’une aversion
ou d’une admiration d’un groupe différent du nôtre. Les philosophes grecs, par exemple,
auraient, à cause de leur érudition, forgé l’idée qui indique qu’un porteur de la grande
barbe grise est plus intelligent que la moyenne.

Les stéréotypes perdurent à cause de leur rôle dans la société. Plusieurs facteurs
sont responsables du maintient des principaux stéréotypes. D’abord, la perception et la
mémoire sélective permettent à ceux qui croient à certains stéréotypes de recevoir les
arguments en faveur de leur opinion des groupes impliqués et de rejeter ou d’oublier
ceux à leur encontre. La pseudo-rationalisation permet aussi au « croyant » de conforter
sa croyance en donnant des « exceptions » aux groupes stéréotypés. Par exemple,
l’expression suivante : « Je connais un noir qui est étrangement très intelligent ». Cette
phrase laisse sous-entendre que les noirs n’ont pas coutume d’être intelligents. Bien
qu’elle donne un cas contraire, elle supporte l’existence d’une association entre la

23
Claudie BERT, loc. cit.
25

couleur de la peau et l’intelligence. Finalement, l’effet Pygmalion – la prophétie qui


s’auto-réalise – renforce directement le cliché car elle suggère aux victimes des
stéréotypes qu’ils sont bel et bien comme le leur présente le préjugé. Si un homme à la
barbe blanche est perçu comme un sage et qu’il se le fait dire, il est possible
qu’inconsciemment, il développe une tendance plus forte à rechercher la connaissance. Il
confirmera donc le stéréotype et ce dernier en sera alors toujours plus crédible.
Inversement, quelqu’un d’intelligent serait tenté de se laisser pousser une barbe blanche
si la chance lui est donnée pour affirmer sa position.

Autant la vue d’une belle barbe blanche peut donner une impression de sagesse et
de savoir, autant celle négligée du pirate fait l’effet d’une douche froide sur les
populations côtières de certaines régions du globe depuis des millénaires. L’image
moderne du pirate type est celle que nous présentent les livres et les films traitant
d’histoires de pirates du temps de l’exploration maritime et du colonialisme – surtout le
colonialisme britannique. Ceux-ci existent pourtant depuis l’aube de la civilisation
occidentale, en orient comme en occident, et pillent bateaux et villes côtières à la
recherche d’or ou de denrées pouvant être utiles à leur survie ou revendues sur le marché
noir. Le mode vie du pirate ne laisse apparemment que peu de temps à ses soins
corporels. La plupart des pirates célèbres représentés portent la barbe hirsute, longue et
de couleur variée. Les frères Barberousse, Barbe Noire, Davy Jones et plusieurs autres
encore sont représentés barbus. On peut affirmer que leur caractère agressif et malfaisant
fut associé à leur apparence tout au long de l’histoire et que ce qu’il nous en reste, ce
sont quelques symboles clichés, parmi lesquels on trouve invariablement la barbe.

La Barbe-Bleue est également un personnage fictif représentant le sadisme et la


cruauté et connu pour sa barbe particulièrement effrayante.

Pour une troisième fois, le même ornement prend une signification différente. Si
un homme veut paraître méchant, il sait ce qu’il lui reste à faire. À l’opposé, s’il veut
plaire, il existe un dernier moyen de le faire par le port de la barbe. Il suffit de la tailler,
c’est plus beau.
26

D : Image de beauté24

La barbe portée au quotidien demeure toujours au cœur des distinctions de


l’homme. Elle est aujourd’hui principalement un critère de beauté masculine. Suivant la
mode lancée par une vedette quelconque, les goûts féminins changent comme ils
changeaient auparavant à la vue d’un roi portant une barbe différente de celle de son
prédécesseur. Pour preuve, George Clooney a vivement influencé les tendances
mondiales quand il s’est récemment laissé pousser une barbe de quelques jours.
L’homme imberbe régnait pourtant seul dans les palmarès des « hommes les plus
sexys » depuis plusieurs années.

Image 7 : George Clooney, la nouvelle image de l’homme viril


Source : Esmeralda. « Men who stare at goats », dans ARTICLE, connietalk, [En ligne],
http://www.connietalk.com/men_staring_at_goats_051908.html (Page consultée le
29 avril 2009).

Plus généralement, les standards de beauté des mannequins d’aujourd’hui


gravitent autour du glabrisme, de la maigreur et de la petitesse des hommes, un peu
partout autour du globe. Ce signe de virilité regagne donc lentement en popularité. Au
Québec plus particulièrement, les goûts changent au profit d’hommes arborant des
formes plus volumineuses et une pilosité plus abondante. « C'est lui [George] qui
représente l'homme sexy de nos jours. On veut un homme capable de prendre soin de sa
peau, mais qui peut rester un homme » affirme Patrice Soku, designer. « Les jeunes
hommes d'aujourd'hui y sont très sensibles [à leur image] » pense Françoise Dulac,

24
Jean-Yves BAUDOUIN et Guy TIBERGHIEN. « Visage, ô beau visage », Sciences humaines, No
162 (juillet 2005), p. 26-31.
27

sociologue spécialisée dans le domaine de la mode, professeure à l'École supérieure de


mode de Montréal.

Certains y voient aussi une réponse à l’estompement progressif des tendances


féministes. Diane Pacom est sociologue et professeure titulaire à l'Université d'Ottawa et
elle croit que cette tendance est un retour prévisible du balancier. «Peut-être aussi que
les femmes sont plus à l'aise face à ces hommes plus virils. On a traversé une période
féministe où le rapport homme-femme a été remis en question. Maintenant, les femmes
trouvent à nouveau ces hommes-là plus attirants, et elles ne se sentent plus menacées ».
Le retour de l’affirmation de l’homme dans sa masculinité – en considerant bien la
pilosité faciale comme un élément de la masculinité – propose une nouvelle distinction
visuelle entre l’homme et la femme.

La conjoncture actuelle aurait-elle une influence sur les choix capillaires? Et bien
oui, la crise économique actuelle fait effectivement varier les tendances, selon plusieurs
stylistes. La barbe reprend du poil de la bête et l’explication en est simple : « dans des
temps difficiles, mieux vaut montrer sa sagesse que son intrépide jeunesse ». C’est ce
que pense Mathieu Perreault, journaliste de La Presse.

Le choix qu’effectue l’homme en portant ou en se rasant la barbe est aujourd’hui


principalement fait en fonction de l’image de beauté qu’il veut présenter. Tout
dépendant des personnalités influentes du moment qui, elles, suivent la situation
économique et des dizaines d’autres facteurs, on porte la barbe, ou pas, pour plaire plus
qu’un autre. Au final, l’intérêt de présenter une image plus qu’une autre tient du fait que
l’homme veut plaire aux femmes. Celles-ci et leurs goûts sont en fait l’unique
motivation des hommes. Tout ne dépend plus que de ces goûts.

Il faut d’abord tenter d’éclaircir les principaux critères d’appréciation d’un visage
avant de trouver la place qu’y occupe la barbe. Des psychologues et des sociologues se
sont longuement penchés sur la question pour finalement en arriver à un « simili »
consensus séparant les différents facteurs qui feraient qu’un visage soit très beau, moyen
ou laid. Ce sont les caractéristiques néoténiques, matures, sénescentes, expressives ou
de soin. Chacune de ces caractéristiques est responsable d’une part de la beauté que
28

quelqu’un voit en un autre individu, à part les sénescentes. La première concerne les
traits du visage propres au nourrisson. Des grands yeux et un petit nez en sont des
exemples. La deuxième est celle qui englobe l’ensemble des traits acquis à la puberté ou
de ceux qui s’opposent aux caractéristiques néoténiques. Celles-ci couvrent l’apparition
de poils plus visibles au visage ainsi que la perte des coussinets buccaux, augmentant les
saillies des pommettes et du menton. Les caractéristiques sénescentes sont celles liées au
vieillissement du visage, les expressives sont celles concernant l’expression en réaction
à des émotions et les caractéristiques de soin sont celles démontrant l’attention que porte
une personne à son corps et l’hygiène qu’elle y applique. Mises à part les
caractéristiques sénescentes, elles jouent toutes un rôle dans la perception de la beauté
d’une personne à divers niveaux. Les stéréotypes entrent ici en jeu alors qu’un trait
physionomique est associé à un caractère particulier. Les traits néoténiques font sembler
une personne plus jeune et plus fragile. « Au contraire, une personne qui présente des
traits plus matures […] sera au contraire jugée plus…mature justement, avec certaines
aptitudes intellectuelles, un plus grand sens des responsabilités et une plus grande force
physique et psychologique. Elle aura cependant perdu certains traits de personnalité
infantile telles que la spontanéité et l’ouverture d’esprit25 ». La barbe, au même titre que
les sourcils ou la mâchoire proéminente, fait partie de ces caractéristiques matures
assurant à leur bénéficiaire un « look » mature, responsable et grave. Ce stéréotype
aujourd’hui expliqué en surface est certainement responsable de plusieurs siècles
d’association de certains traits matures à des caractéristiques tout aussi matures. La
connaissance exacte de la provenance de tels préjugés, comme on le sait, demeure
absente, bien que plusieurs siècles d’association entre le physique et le psychologique
soient très probablement responsables d’une partie du phénomène.

Finalement, la barbe aura signifié le soin corporel, après avoir été associée à la
puissance, à la sagesse, puis à la méchanceté. La beauté de l’homme barbu tient dans le
fait que celui-ci présente une image forte. La masculinité naturelle est mise en valeur par
la barbe qui semble être liée à des caractéristiques mentales précises appréciées de la
gente féminine.

25
Jean-Yves BAUDOUIN et Guy TIBERGHIEN, loc. cit.
29

҉
La barbe! On aura tout vu. Le même attribut, légèrement modifié, peut signifier
le soin corporel ou sa négligence, la sagesse ou la méchanceté et la violence, la toute-
puissance ou la vie de pirate. Clairement, lorsque l’homme peut choisir de porter la
barbe, il ne le fait pas sans raison. Ce qu’il veut, c’est présenter une image bien précise
aux autres. La situation aurait-elle été la même sans les siècles d’associations qui ont
formés les stéréotypes? Peut-être pas, mais il n’en demeure pas moins que des liens
réels unissent certains traits – la barbe blanche et la sagesse par exemple. Des entités
supérieures à l’individu esseulé auront éventuellement l’occasion de profiter de ces
clichés à maintes reprises afin de distinguer un groupe des autre, de distinguer
plusieurs personnages les uns des autres ou au contraire, d’anéantir toute trace de
distinction afin d’obtenir le meilleur rendement d’un groupe uni et obéissant. Après
s’être distingué de son plein gré, il le sera de force.
III : Une distinction forcée

L’étude des liens physiques et psychologiques entre la barbe et les


caractéristiques de leurs porteurs ouvre désormais la voie à une analyse plus sérieuse de
situations au cours desquelles l’homme a dû se soumettre à la volonté d’un tyran. Deux
situations particulières choquent tout particulièrement les « hommes libres » de ce
monde. Le port de la barbe dans l’islam ainsi que son interdiction formelle dans les
rangs vous seront présentées de part et d’autre d’une imposition moins problématique,
soit celle qu’a pratiquée l’auteur belge Hergé à l’égard des personnages des histoires de
Tintin. Quand les hommes impliqués sont virtuellement satisfaits de leur image, le
lecteur ne voit généralement aucun problème à ce qu’un bédéiste force la distinction.

A : Il ne parlait pas dans sa barbe…

…et n’avait pas la langue dans sa poche. Si le port de la barbe est un choix pour
la plupart des hommes, il est des doctrines l’exigeant. C'est le cas, entre autre, du
prophète de l’islam, Mahomet, qui oblige tout homme croyant à ne point se raser. Le
droit à la liberté corporelle est alors brimé par cette habitude imposée par le prophète.
Maintes religions imposent leurs coutumes et il peut être intéressant de se questionner
sur la pertinence et la légitimité de l’imposition de tels us. En effet, forcer un homme à
porter la barbe peut lui nuire s’il se trouve dans un milieu duquel la population n’aurait
que peu d’ouverture d’esprit et abuserait de préjugés envers les barbus. Le port
obligatoire de la barbe est donc un sujet de controverse à travers la population
musulmane du globe. Certains croient en la parole du prophète dur comme fer et voient
31

en ses dires des obligations formelles de garder la barbe, tandis que d’autres y voient
plutôt une ancienne coutume inutile à la croyance et au dévouement envers Allah et
32

Mahomet. La question est évidente : les adultes musulmans mâles doivent-ils


obligatoirement ou ont-ils le choix de s’occuper de leur pilosité à leur guise?

Image 8 : Musulman suivant les paroles de Mahomet


Source : [ANONYME]. « Cat Stevens Blasts Back From The Past », dans RELIGION,
Newspaper blog >> Religion, [En ligne], http://www.newspaperblog.net/category/
religion/ (Page consultée le 29 avril 2009).

La religion musulmane oblige une entière soumission à la volonté d’Allah. Celle-ci


ordonne de suivre les directives de son prophète Mahomet. Ce dernier force chaque
homme musulman à porter une barbe taillée26, afin de se différencier des païens, et à
cacher ses cheveux gris pour se distinguer des chrétiens et des juifs27. La distinction
naturelle entre l’homme et la femme est également un point très important sur lequel
insiste le prophète lorsqu’il établit ses volontés. Le prophète aurait ordonné, à plusieurs
reprises, aux croyants de se laisser pousser la barbe longue. Mouhammad Patel spécifie
qu’il est impératif de suivre les instructions du prophète dans un article publié sur un site
de la communauté francophone des musulmans. Il affirme que Mahomet aurait, à quatre
reprises dans les Hadiths – textes directement tirés des paroles du prophète –, obligé ses
hommes à porter la barbe. Sa première traduction des textes sacrés se lit comme suit :

26
Alî Jâd AL-HAQQ. La barbe, son port et son rasage, [En ligne], http://www.islamophile.org/
spip/La-barbe-son-port-et-son-rasage.html (page consultée le 28 avril 2009).
27
[ANONYME]. Is growing beards mandatory in Islam?, [En ligne], http://www.answering-
christianity.com/ growing_beards.htm (page consultée le 28 avril 2009).
33

« Laissez pousser (vos) barbes28 ». La suivante, la troisième et la quatrième reformulent


le même ordre, mais d’une manière différente. En suivant les paroles du prophète,
chaque musulman mâle adulte doit obligatoirement se distinguer des autres croyants par
le port de sa barbe, sous peine de pécher face à Allah. Un fervent partisan n’y verra
aucune opposition. Si telle est Sa volonté, le choix est clair.

Pourtant, cette obligation ne fait pas l’unanimité. Évidemment, certains


musulmans s’interrogent, quant à la pertinence de l’obligation d’un trait corporel comme
la barbe. L’opinion populaire circule sur la toile à la vitesse de l’éclair et ceci permet des
discussions en direct de défendeurs des deux idées. Selon un grand nombre
d’internautes, ces hadiths n’auraient aucune valeur. « Allah est beau et aime que nous
soyons beaux29 ». Le respect de son propre corps devrait passer par la liberté de raser
barbe et moustache. Jamais dans le coran, il ne serait question de la pilosité faciale. Il
semblerait que seul le prophète ait abordé l’idée du port de la barbe. « Le port de la
barbe n’est pas un commandement divin. Il est une simple habitude motivée par les
coutumes courantes au sein de la société arabe depuis l’ère anti-islamique 30 ». Les
musulmans s’expriment vivement en faveur ou en défaveur des paroles du prophète. Il
est clair qu’un choix s’impose. Selon Zaka Z, l’obligation n’a aucun sens, mais pour Alî
Jâd Al-Haqq, c’est tout autrement.

Si j’étais personnellement concerné et que j’avais à m’exprimer en faveur de l’un


ou l’autre des parties, j’opterais certainement pour le second. Il me paraît ridicule de
brimer le droit de chacun à la libre expression corporelle au profit d’un commandement
provenant d’un homme cherchant une seule distinction visible entre son peuple et les
autres. Chaque individu doit, selon moi, avoir toutes les libertés d’user comme il
l’entend de son corps.

28
Mouhammad PATEL, La page de l’islam – Le port de la barbe est-il nécessaire?, [En ligne], http://
www. muslimfr.com/modules.php?name=News&file=article&sid=96 (page consultée le 13 mai
2009).
29
Zaka Z, Connaissez-vous l’importance de la barbe dans l’islam?, [En ligne],
http://fr.answers.yahoo .com/question/index?qid=20090210184939AApkVL6 (page consultée le 13
mai 2009).
30
Zaka Z, Loc. cit.
34

B : Rire dans sa barbe, c’est…

…rire pour soi-même. C’est, entre autre, ce à quoi sont exposés les lecteurs des
célèbres histoires de Tintin. Cette bande dessinée relatant subtilement les faits les plus
marquants du vingtième siècle est un véritable chef d’œuvre de la littérature pour enfants
– et pour adultes aussi. La plume d’Hergé a permis à Tintin de faire le tour du globe, au
propre et au figuré. Dans sa démarche créative, l’auteur a dû faire preuve d’une grande
imagination, mais aussi d’une bonne dose de bon sens. Si Tintin est si seul dans ses
histoires, malgré son entourage, c’est qu’il est différent des autres.

Image 9 : Tintin et plusieurs des personnages principaux de ses aventures


Source : [ANONYME]. Personnages de BD France-Allemagne, [En ligne], http://inlug.
wordpress.com/2009/02/14/bande-dessinee/ (Page consultée le 29 avril 2009).

Pour donner au lecteur plus de facilité à identifier chaque personnage dès le


premier regard, Hergé les a tous doté d’une barbe différente. Tintin en est évidemment
dépourvu, tandis que son plus proche ami, le capitaine Haddock, porte une vraie barbe
de pirate « civilisé » - accompagné du caractère conséquent. Tournesol en a une assez
sophistiquée, tandis que la plupart des autres personnages mâles portent tous une
35

moustache différente. Les Dupondt sont d’ailleurs identifiable par la leur. Dupond porte
une moustache ronde, tandis que Dupont en porte une qui se termine en pointes. En plus
de distinguer Tintin du reste des hommes des B.D., Hergé place la seule distinction
visible entre les acolytes Dupondt sur le bas de leur visage. Sans le vouloir, ces
personnages participent à l’éternelle distinction que fournit la barbe à travers le temps.

C : Te faire avaler ta barbe…

…c’est ce que pourrait entendre un soldat qui parlerait trop dans les rangs. S’il
est ici question des rangs, ce n’est point pour prouver que la barbe distingue les hommes,
mais bien que son interdiction absolue les empêche de se distinguer. Le rasage complet
des marines américains, par exemple, jumelé à un habillement obligatoire et à du
matériel semblable, met tous les soldats sur le même pied d’égalité. On favorise
l’assimilation des recrues en les empêchant formellement de se distinguer de quelconque
façon que ce soit des autres31. Cette mesure à pour effet de minimiser les tentatives de
défi à l’autorité. On peut donc apprivoiser les soldats pratiquement sans crainte qu’un
élément ne pose problème. Ce type de mesures peut également être contesté mais
l’organe régissant les marines américains est extrêmement rigide et espérer le modifier
relève du rêve. Tout, ici, dépend de la distinction. Elle est l’ennemi juré de l’autorité.

҉
Finalement, a brièvement été présentée l’usage qu’un individu en position d’autorité
religieuse, virtuelle ou militaire, peut faire d’une distinction toujours oubliée. Cet aspect
ne se limite évidemment pas à ces trois petits cas. Ceux-ci sont plutôt la pointe d’une
pleine moustache de cas hypothétiques et de cas réels qui ont eu un impact énorme sur
certains hommes subissant ces règles absurdes. Par-dessus l’action de la nature sur
l’homme et par-dessus l’action de l’homme sur lui-même, il faut désormais envisager un
monde dans lequel l’homme dépend d’un autre. La distinction ne revient plus à chacun.

31
Pierre LASRY, Les prisons de l’esprit, Office national du film du Canada, 1984.
Conclusion

La croissance se charge de distinguer l’adulte poilu de l’enfant, la sélection


naturelle a distingué l’homme de la femme, l’évolution les barbus des imberbes et les
brun des roux et des blancs. Toutes ces subtiles nuances de la nature, auxquelles
l’homme ne peut rien, sont les bases naturelles d’une distinction que l’homme utilise
outrageusement. Ce sont ensuite les stéréotypes et les goûts féminins qui dictent le port
de la barbe. Le pharaon portera la barbe postiche pour imposer le respect, comme la
plupart des plus grandes divinités occidentales. Le sage voudra imiter les philosophes de
la Grèce antique et garder une belle barbe blanche pour prouver son intelligence. La
Barbe-Bleue profitera du cliché de l’homme violent établit par les pirates scandinaves
pour faire frémir les damoiselles. Le jeune homme profitera de son nouvel ornement
pour sembler plus mature et plus responsable comme les font les vedettes. Tout ça dans
le but de présenter une simple image à autrui, de se démarquer, de se distinguer.
Finalement, ceux qui le pourront influeront sur l’apparence des autres. L’homme n’a
plus assez de sa barbe, il doit à tout prix étendre son pouvoir et forcer l’autre à se
distinguer, ou à ne pas le faire. Qu’il la porte naturellement, volontairement ou
obligatoirement, la barbe est l’ultime distinction de l’homme, de gré ou de force.
Médiagraphie
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