9.1 Généralités :
La déformation d’une poutre peut-être caractérisée par la
déformation de son axe, c’est à dire, par des composantes de
déplacement u, v et j (fig. a).
Où :
u, v (cm, mm): sont des composantes de déplacement
linéaire du centre de gravité de la section.
j (radian) : est une composante de déplacement angulaire, c’est à dire, l’angle mesuré de
l’axe x à la tangente de la déformée. Cet angle est considéré positif si la rotation est effectuée
dans le sens des aiguilles d’une montre.
Nous nous bornerons à étudier les poutres rigides (poutres rigides si v £ l / 100 , où l
représente la portée de la poutre à étudier). Dans le cas des poutres rigides, la grandeur u est très
petite par rapport à v, c’est pourquoi, l’influence du déplacement horizontal u sur la déformation
de la poutre est négligée.
1
Le déplacement vertical maximum (v max) s’appelle la flèche f. La détermination de la flèche
est importante pour le calcul de la poutre à la rigidité.
Où :
1
: est la courbure de l’axe de la poutre,
r
d 2v
1 dx 2
On sait, par les mathématiques, que : =± (9.3)
r é æ dv ö 2 ù
3/ 2
ê1 + çè ÷ø ú
ë dx û
Si l’on considère que l’axe y dirigé vers le bas, il faut prendre le signe moins (-) dans
la formule (9.3).
En égalisant les équations (9.2) et (9.3), nous obtenons l’équation différentielle de la ligne
élastique de la poutre :
d2v
dx 2 Mz
3/ 2 =- (9.4)
é æ dv ö 2 ù E.I z
ê1 + çè ÷ø ú
ë dx û
2
æ dv ö æ dv ö
Pour les poutres rigides, la grandeur ç ÷ est petite, d’où le terme ç ÷ est négligeable
è dx ø è dx ø
devant l’unité, par suite, l’équation différentielle de la ligne élastique s’écrit finalement :
2
d2v Mz
v ¢¢ = 2 = - (9.5)
dx E.I z
Pour déterminer la forme de la ligne élastique (la déformée) de la poutre, il faut résoudre
l’équation (9.5), c’est à dire, il faut trouver les expressions analytiques de v( x) et j( x) .
Nous étudierons, dans ce chapitre, trois méthodes différentes pour résoudre cette équation.
3
Exemple n° 1 : Soit une poutre de rigidité E.I, encastrée à
une extrémité et chargée par P à son extrémité libre.
Déterminer les expressions de la déformée et de l’angle de
rotation et construire les diagrammes.
Section 1-1 : 0 £ x £ l
M z ( x) = - P. x
d2v Mz P. x
L’équation de la déformée : v ¢¢ ( x) = 2 = - =
dx E. I z E. I z
dv P. x P. x 2
j( x) = v ¢( x) = =ò .dx + C = +C
dx E. I z 2. E. I z
é P. x ù P. x 2 P. x 3
v ( x) = ò ê ò . dx ú. dx + Cx + D = ò . dx + C. x + D = + C. x + D
ë E. I z û 2. E . I z 6. E. I z
P. l 2 P. l 2
j( l) = +C=0 Þ C=-
2. EI z 2. EI z
P. l 3 P. l 3 P. l 3
v ( l) = - +D=0 Þ D=
6. E. I z 2. E. I z 3. E. I z
D’où :
P. x 2 P. l 2 P
j( x) = - = .(x 2 - l2 ) ;
2. E. I z 2. E. I z 2. E. I z
P. x 3 P. l 2 . x P. l 3
v( x) = - +
6. E. I z 2. E. I z 3. E. I z
P
= . ( x 3 - 3. l 2 . x + 2. l 3 )
6. E. I z
Par conséquent :
P. l 2 P. l 3
j max = j ( 0) = - , f = v max = v( 0) =
2. E. I z 3. E. I z
Remarque : Dans l’exemple précédent, la poutre a un seul intervalle (une seule section). Si les
expressions de Mz ou la rigidité E.Iz sont différents sur certains intervalles de la poutre, il faut
établir l’équation (9.5) pour chaque intervalle. Donc, aux points de jonctions de deux intervalles,
4
nous devons écrire deux conditions de continuité ( la poutre ne peut être ni interrompue, ni
brisée) : vg = vd et v ¢g = v ¢d (j g = j d ) .
Exemple n° 2 :
Soit une poutre encastrée, de rigidité constante E.I,
Déterminer le déplacement v( x) et la rotation j( x) .
Calcul des réactions :
å Yi = 0 Þ R A = 2. t f
åM / A= 0 Þ M A = 2 - 2.3 = -4. t f . m
Section 1-1 : 0 £ x £ 3. m
M z1 ( x) = M A + R A . x = -4 + 2. x
M z1 ( x) 4 - 2. x
v 1¢¢( x) = - =
E. I z E. I z
1
Þ v 1¢ ( x) = j 1 ( x) = . (4. x - x 2 ) + C 1
E. I z
1 æ x3 ö
Þ v 1 ( x) = . ç 2. x - ÷ + C 1 . x + D 1
2
E. I z è 3ø
1 æ x3 ö
v 1 ( x) = .ç- + 2. x 2 ÷
E. I z è 3 ø
Section 2-2 : 3 £ x £ 5. m
M z 2 ( x) = M A + R A . x - P.( x - 3)
= -4 + 2. x - 2. x + 6
M z 2 ( x) = 2. t f . m
M z1 ( x ) - 2 2. x
v 2¢¢( x) = - = Þ v 2¢ ( x) = j 2 ( x) = - + C2
E. I z E. I z E. I z
x2
Þ v 2 ( x) = - + C2 . x + D 2
E. I z
5
Conditions de continuité : j 1 ( 3) = j 2 ( 3) et v 1 ( 3) = v 2 ( 3)
1 6 9
j 1 ( 3) = j 2 ( 3) Û ( - 9 + 12) = - + C2 Þ C2 =
E. I z E. I z E. I z
1 9 27 9
v 1 ( 3) = v 2 ( 3) Û ( - 9 + 18) = - + + D2 Þ D2 = -
E. I z E. I z E. I z E. I z
Par conséquent :
1
v 2¢ ( x) = j 2 ( x) = ( - 2. x + 9)
E. I z
1
v 2 ( x) =
E. I z
( - x 2 + 9. x - 9)
Remarque : Comme vous pouvez le constater d’après l’exemple n°2, que si la poutre a plusieurs
intervalles, cette méthode de résolution deviendra laborieuse.
Nous nous bornons ici à étudier les poutres à rigidité constante E.I. Considérons une partie
de la poutre chargée comme indiqué dans la figure suivante :
( x - c) 2 tga .( x - d ) 3
M ( x) = M o + To . x + M .( x -
14243 1424a ) 0
+ P .( x - b
3 ) + q . +
x> a x> b 142243 14 42 6 44 3
x> c x> d
6
Alors :
é ù
ê ( x - c) 2
tga .( x - d ) 3
ú
E. I z . v ¢¢( x) = - ê M o + To . x + 1
M.( x - a
4243 1424) 0
+ P.( x - b) + q .
3 142243 14 + ú
42 6 44 3ú
ê x>a x>b
ë x> c x> d û
La première intégration de cette équation donne :
é
ê x2 P.( x - b) 2
E. I z . v ¢ ( x) = E. I z . j( x) = - ê M o . x + To . + 14x2-4
M.( ) +
a31
+
2 1 4 22 43
ê x> a
ë x> b
ù
( x - c) 3 tga.( x - d ) 4 ú
+ q. + ú+C
142643 14 422444 3ú
x>c x>d û
La deuxième intégration donne :
é
ê x2 x 3 M.( x - a ) 2 P.( x - b) 3
E. I z . v( x) = - ê M o . + To . + + +
2 6 14 22 43 142 6 43
ê
ë x>a x>b
ù
( x - c) 4 tga.( x - d ) 5 ú
+ q. + ú + C. x + D
142 2443 14 4120
244 3ú
x>c x> d û
ìj (0) = j 0
Pour x = 0 Þ í , où j 0 et v 0 sont les valeurs de j( x) et v( x) en
î v(0) = v 0
extrémité gauche de la poutre.
Par conséquent E. I z .j 0 = C et E. I z . v 0 = D .
Alors finalement :
é
ê x2 x 3 M.( x - a ) 2 P.( x - b) 3
E. I z . v ( x ) = E. I z . v 0 + E. I z . j 0 . x - ê M o . + To . + + +
2 6 14 22 43 142 6 43
ê
ë x >a x>b
ù
( x - c) 4 tga.( x - d ) 5 ú
+ q. + ú (9.8)
142 2443 14 4120
244 3ú
x>c x >d û
Cette équation s’appelle équation universelle de la ligne élastique.
7
L’ordre de résolution :
Remarque : La formule (9.8) est établie sur la base que toutes les charges appliquées sur la poutre
produisent des moments positifs. Si une charge quelconque est donnée de telle manière qu’elle
provoque un moment négatif, le terme que lui correspond est affecté du signe moins (-).
Application n°1 : Etablir la formule des paramètres initiaux pour la structure ci-contre :
Þ M A = -6. P.a
Conditions initiales :
ì T0 = 3. P ìv0 = 0
En A , x = 0 Þ í et í car en A, il y a un encastrement.
îM A = -6. P.a îj 0 = 0
L’expression de v( x) est de la forme :
é ù
ê x2 x3 ( x - a) 3 P. a.( x - 2. a ) 2 ú
E. I z . v( x) = 0 + 0 - ê - 6. P. a. + 3. P. - P. + ú
ê 2 6 1 4 2 643 1442 2 44 3ú
ë x> a x > 2.a û
x3 ( x - a ) 3 P. a.( x - 2. a ) 2
E. I z . v( x) = 3. P. a. x 2 - P. + P. -
2 6
14243 1442 2 44 3
x> a x > 2 .a
3 ( x - a) 2
E. I z . j ( x) = 6. P. a. x - . P. x 2 + P. -1 .( x2-44
P. a4
4 2.3
a)
2 14 42 2 44 3 x > 2.a
x >a
8
Les déplacements en A et en D sont :
1 é a 3 ù 5. P.a 3
v B = v( x = a ) = . ê 3. P.a . a - P. ú =
2
E.I z ë 2 û 2. E.I z
1 é 3 2ù 9. P. a 2
j B = j( x = a ) = . ê 6. P. a. a - . P. a ú =
E. I z ë 2 û 2. E. I z
1 é 3 P . 2
ù 11Pa
j D = j ( x = 3. a ) = . ê6. P. a.3. a - . P.9. a + .4. a - P. a. a ú =
2 2
E. I z ë 2 2 û 2. E. I z
Remarque : La charge répartie doit être appliquée jusqu'à l’extrémité droite. Si dans un
cas particulier, la charge ne s’étend pas jusqu'à l’extrémité droite, alors on doit la prolonger et on
fait la compensation avec une charge appliquée dans le sens opposé.
Application n°2 :
Etablir la formule des paramètres initiaux pour la
structure suivante :
ì T0 = - P ìj 0 = ?
í et í
î M0 = 0 îv0 = ?
Les expressions de v( x) et de j( x) s’écrivent :
é
ê x3 (x - a) 3 ( x - a) 4 ( x - 2. a ) 4
E. I z . v( x) = E. I z . v 0 + E. I z . j 0 . x - ê- P. + R A . + - q. + - q. +
6 142 64 3 142 244 3 142 2443
ê
ë x >a x> a x > 2 .a
ù
( x - 5a ) 4 ú
+ 2. q. ú
144224 443ú
x >5 a û
é ù
ê x2 ( x - a) 2 ( x - a) 3 ( x - 2. a ) 3 ( x - 5a ) 3 ú
E. I z . j ( x) = E. I z . j 0 - ê- P. + RA. - q. - q. + 2. q.
2 1 4 224 3 14 264 3 1 4 26 43 14 4244 6 3ú
ê ú
ë x> a x> a x > 2 .a x > 5a û
9
Conditions d’appuis :
P.a 3
x= a ® v( a ) = 0 Þ EI z . v 0 + E.I z . j 0 . a + =0
6
P.(6. a ) 3 (5. a ) 3 5a
x = 6. a ® v(6. a ) = 0 Þ EI z . v 0 + E. I z . j 0 .6. a + - RA. + q. +
6 6 24
( 4. a ) 4 a4
+ q. - q. = 0
24 12
En résolvant ce système d’équations, on détermine les paramètres initiaux v 0 et j 0 .
Nous avons :
dv( x) d 2 v( x) M z ( x)
j( x) = et 2 =-
dx dx E. I z
d 2 v ( x ) dj ( x ) M z ( x)
Donc 2 = =- (9.9)
dx dx E. I z
d 2 M z ( x) dTy ( x )
D’autre part = = - q ( x) (9.10)
dx 2 dx
L’analogie entre les équations (9.9) et (9.10) nous permet d’appliquer la méthode suivante
pour déterminer v( x) et j( x) :
1- Pour la poutre donnée, on construit le diagramme des moments fléchissants Mz.
2- On charge une certaine poutre ( la poutre auxiliaire) par une charge fictive d’intensité :
M z ( x)
q f ( x) = (9.11)
E. I z
3- Pour la poutre auxiliaire, chargée par q f ( x) , on construit les diagrammes des efforts
fictifs de Ty f ( x) et de M z f ( x) .
A partir de l’analogie entre les équations (9.9) et (9.10), on peut conclure, qu’en ayant
déterminé Ty f ( x) et de M z f ( x) pour la poutre auxiliaire, on a obtenu j( x) et v( x) pour la
10
La détermination de Ty f ( x) et de M z f ( x) selon l’équation (9.10) est une opération
d’intégration. Ainsi, les efforts fictifs peuvent différer des déplacements respectifs aux constantes
d’intégrations. Pour annuler ces constantes d’intégrations, on construit les appuis de la poutre
auxiliaire conformément aux conditions (9.12).
P. l
max q f ( x) =
4. E. I z
11
Vu la symétrie de chargement
1 l P. l P. l 2
Þ R A =R B
f f
= . . =
2 2 4. E. I z 16. E. I z
Section : 0 £ x £ l / 2
1 f 1 P. l 2 P. x 3
M z ( x) = R A
f f
. x - . q ( x). x. . x = .x - = v( x)
2 3 16. E.I z 12. E.I z
P. l 3
Þ max v( x) = v(l / 2) =
48. E.I z
1 P. l 2 P. x 2
Ty f ( x) = R A f - . q f ( x). x = - = j( x)
2 16. E.I z 4. E.I z
P. l 3
Þ max j( x) = j ( 0) =
16. E.I z
12
Tableau de valeurs de caractéristiques géométriques de quelques formes :
13
Exemple : Dimensionner la poutre en acier de section ronde suivante :
Sachant que :
s adm = 1600. Kg f / cm²
t adm = 1100. Kg f / cm²
E = 210
. 6 . Kg f / cm²
l
f adm =
400
1- Conditions de résistance :
ì M max
ïï s max = W £ s adm (1)
í z
ït 3 Tmax
ïî max = 4 . A £ t adm ( 2)
M max p . d 3 M max
De la condition (1) Þ Wz ³ Þ ³
s adm 32 s adm
4 6.10 3
De la condition (2) Þ t max = . = 25,46. Kg f / cm² < t adm = 1100. Kg f / cm² .
3 20 2
p.
4
Donc, le calcul de résistance donne d = 20. cm .
P. l 3 l 200 P. l 3 p. d 4 P. l 3
f = v max = £ f adm = = = 0,5. cm Þ I z ³ Þ Iz = ³
3. E. I z 400 400 3. E. f adm 64 3. E. f adm
14