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L’impôt sur le revenu des personnes physiques

La notion d’impôt sur le revenu (I.R) est difficile à appréhender, car le


législateur sénégalais a institué des impôts sur le revenu1 sans donner une
définition générale de la notion de revenu. Cette lacune pose bien des problèmes
dans l’application. Cependant elle présente le grand avantage de préserver les
possibilités d’adaptation de ces impôts.

Du point de vue doctrinal, deux conceptions peuvent être retenues. Il y a


d’une part, la conception juridique, selon laquelle le revenu est à rapprocher de
la notion de fruit, ce qui implique que le revenu est périodique et renouvelable ;
et d’autre part, la conception économique, plus large selon laquelle « le revenu
est tout ce que l’individu peut consommer sans s’appauvrir »2. De ce point de vue,
le revenu est tout enrichissement ou non. Cette conception a le mérite d’élargir
l’assiette imposable. A cet effet, les plus-values sont intégrées dans l’assiette
imposable sur le revenu conformément à la conception économique.

Dans la pratique, la loi fiscale a tout au moins délimité précisément les


différentes catégories et les critères d’imposition des revenus des personnes
physiques3.

En tout état de cause, les profits des entreprises individuelles4et les sociétés
de personnes5 relèvent, en principe, de l’impôt sur le revenu. Sous ce rapport, il y
a nécessairement une interférence entre la fiscalité des personnes physiques et
celle de l’entreprise individuelle et des sociétés de personnes. Il n’en demeure pas
moins que le système fiscal sénégalais comporte deux régimes d’impositions des
personnes physiques : le régime de la déclaration et celui de la retenue à la source.

Sous réserve de cette précision, il convient de voir d’abord le régime de la


déclaration (Chapitre I) avant d’analyser celui de la retenue à la source
(Chapitre II).

1
Aux termes des dispositions de l’article 47 du Code Général des Impôts1, l’impôt sur le revenu est défini comme
étant un impôt « annuel et unique sur les revenus de source sénégalaise et/ou étrangère des personnes
physiques… ». Il est perçu au profit du budget de l’Etat.
2
Pierre BELTRAME, L’imposition des revenus, éd. BERGER-LEVRAULT, 1970
3
Cf. Article 48 CGI.

4
Unité de production ou de distribution exploitée par une seule personne et non soumise au régime de l’impôt
sur les sociétés.
5
Les entreprises individuelles et les sociétés de personnes n’ont pas la personnalité fiscale comme les sociétés
de capitaux ; c’est pourquoi, l’impôt est supporté par l’entrepreneur ou les associés.

1
Chapitre I : Le régime de la déclaration

Le système fiscal sénégalais est déclaratif, c’est à dire qu’il incombe au


contribuable d’effectuer sa déclaration, à charge pour l’administration de vérifier
sa conformité avec sa situation réelle. C’est pourquoi, il convient de voir les
revenus soumis à la déclaration, avant d’analyser les modalités de la déclaration
et le paiement de l’impôt.

Section 1 : La détermination des revenus soumis à la déclaration

Le régime de la déclaration est caractérisé par une pluralité d’imposition.


Seulement, les plus complexes concernent évidement l’imposition Bénéfices
Industriels et Commerciaux, les Revenus Fonciers, les Bénéfices des Professions
Non Commerciales et les Bénéfices Agricoles. Dans le cadre ce module, les B.I.C
et les Revenus fonciers seront uniquement abordés. Mais, pour mieux
appréhender les modalités de calcul de l’impôt, les imputations déficitaires et les
charges déductibles du revenu brut global doivent être maitrisées.

Paragraphe 1 : Les Bénéfices industriels et Commerciaux (B.I.C)

Les B.I.C sont des bénéfices qui proviennent de l’exploitation « d’une


entreprise commerciale, industrielle, artisanale ou d’une profession agricole »
gérée de façon indépendante, par une personne physique6. Il convient donc de
définir le domaine de l’imposition avant de déterminer le bénéfice imposable et
la liquidation de l’impôt.
A) Le domaine d’application des B.I.C
Le domaine d’application des B.I.C se définit au travers des personnes et
des activités imposables.
1. Les personnes imposables
Sont imposables dans la catégorie des B.I.C, les exploitants individuels qui
exercent une activité professionnelle. Parmi ces personnes on peut citer
notamment :
- les commerçants ;
- les exploitants miniers ;
- les concessionnaires de mines, les explorateurs de mines, de pétrole et de gaz
combustibles ;
- les exploitants de boulangeries, d’imprimerie ;
- les associés gérants majoritaires des SARL ;
- les prestataires de services.

6
On peut citer notamment : les commerçants, les exploitants miniers, les entrepreneurs individuels, les artisans
et les prestataires de services.

2
Outre les commerçants et les exploitants individuels, sont également
passibles de l’I.R, dans la catégorie des B.I.C, les membres des sociétés de
personnes et assimilées, n’ayant pas opté pour l’Impôt sur les Sociétés, lorsque
l’activité exercée est réputée industrielle, commerciale ou artisanale. A titre
d’illustration on peut citer les SNC, SCS et les S.U.A.R.L.
2. Les activités imposables
L’impôt sur le revenu frappe les activités commerciales, industrielles ou
artisanales exercées dans le cadre de l’exercice d’une profession7.La notion
profession suppose à ce titre trois critères. D’abord, des actes habituels ; ensuite
des actes fait pour le compte du contribuable lui–même ; et enfin la poursuite
d’un but lucratif.

B) La détermination du résultat fiscal ou base imposable

Résultat fiscal = Résultat comptable + Charges non déductibles – Produits


non imposables

En vertu des dispositions de l’article 122 du CGI, le résultat fiscal dans la


catégorie des B.I.C est déterminé, sauf dispositions contraires, dans les mêmes
conditions que celles prévues pour les sociétés soumises à l’I.S.

Mais, les règles théoriques de détermination du bénéfice imposable ne


peuvent s’appliquer que si l’entreprise tient une comptabilité régulière et
complète. Or dans la pratique, les Petites et Moyennes Entreprises (P.M.E) ne
peuvent- ou ne veulent- pas toujours tenir une telle comptabilité. Aussi, le
législateur a – t – il prévu trois régimes de détermination du bénéfice imposable.

1. Le Régime du Bénéfice Réel normal


Le Régime du Bénéfice Réel normal intéresse les commerçants et les
prestataires de services qui réalisent un chiffre d’affaires annuel TTC supérieur à
100 millions8.

2. Le régime du bénéfice réel simplifié


Ce régime s’applique aux personnes physiques qui effectuent des livraisons
de biens ou des opérations de prestations de services lorsque leur chiffre d’affaires
annuel TTC est compris entre 50 et 100 millions de FCFA9. Le résultat
imposable des contribuables soumis à ce régime est déterminé dans les mêmes
conditions que celles prévues pour les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés.

7
Il convient de signaler qu’en règle générale, les revenus tirés de la gestion d’un patrimoine immobilier sont
imposables à l’Impôt sur de Revenu dans la catégorie des revenus fonciers.

8
Article 126 al 1er CGI.
9
Article 130 du CGI.

3
3. Le régime de la Contribution Globale Unique10
Ce régime d’impôt établit au profit de l’Etat et des collectivités locales11
englobe et fusionnes-en un impôt unique et pour la même personne les impôts
directs et taxes assimilées et les impôts indirects suivants :
L’impôt sur le revenu assis sur les bénéfices industriel et
commerciaux ;
L’impôt du minimum fiscal :
La contribution économique locale :
La taxe sur la valeur ajoutée :
La contribution forfaitaire à la charge des employeurs :
La taxe sur la licence des débits de boisson.

C) Le calcul de l’impôt brut


Pour le calcul de l’impôt sur le revenu des entreprises soumises au BIC, le
revenu imposable, arrondi au millier de franc inférieur, est soumis au barème
progressif suivant prévu par l’article 173 du C.G.I :

Tranche Taux
0 à 630 000 0%
630 001 à 1 500 000 20%
1500 001 à 4 000 000 30 %
4 000 001 à 8 000 000 35 %
8 000 001 à 13 500 000 37%
De plus de 13 500 000 40%

Par dérogation au 1er alinéa de l’article précité, le revenu imposable est


réduit de 15%. Cette réduction concerne notamment les contribuables soumis
au régime du réel simplifié qui adhérent à un Centre de Gestion Agrée12.

Ce taux réduit est également applicable pour les ouvriers travaillant chez
eux soit avec la main soit à l’aide de force motrice avec l’aide de membres de leur
famille ou d’un apprenti de moins de 15 ans avec lequel ils ont signé un contrat
d’apprentissage. Il en est de même pour les artisans travaillant chez eux dans les
mêmes conditions que ci-dessus.

10
Il s’agit d’une imposition synthétique qui rassemble en un seul impôt l’essentiel des contributions dues au titre
de l’activité exercée
11
Article134 du CGI
12
Les Centres de Gestions Agrées (CGA) ont étés institués en 1995 avec comme objectif d’appréhender les
revenus de contribuables qui évoluent dans le secteur « informel ». Ils ont pour objet de fournir aux P.M.E une
assistance technique en matière fiscale, mais aussi en matière de gestion de tenue de comptabilité et de formation.

4
D) La réduction d’impôt pour charge de famille

Avec la suppression du quotient familial, le revenu net de la catégorie est


directement appliqué au barème progressif. Ensuite, sur le montant de l’impôt
liquidé conformément à l’alinéa 1er de l’article 173, il est appliqué une réduction
pour charge de famille, en fonction du nombre de parts dont dispose le
contribuable sur la base d’un tableau qui détermine les taux, ainsi que le montant
minimum et maximum de la réduction. Toutefois, le montant de l’impôt ne peut
excéder 40% du revenu imposable13.

Nombre de parts Taux Minimum Maximum


1 0% 0 0
1,5 10% 100 000 300 000
2 15% 200 000 650 000
2,5 20% 300 000 1 100 000
3 25% 400 000 1 650 000
3,5 30% 500 000 2030 000
4 35% 600 000 2 490 000
4,5 40% 700 000 2 755 000
5 45% 800 000 3 180 000

Le nombre de part à prendre en considération pour l’application de la


réduction d’impôt pour charge de famille prévu au 1er alinéa de l’art 174 du C.G.I
est fixé comme suit :

Situation de famille Nombre de parts


- Célibataire, divorcé ou veuf sans enfant à charge : 1 part
- Marié sans enfant à charge : 1,5 part
- Marié ou veuf avec un enfant à charge : 2 parts
- Marié ou veuf avec deux enfants à charge : 2,5 parts

Donc, pour chaque enfant supplémentaire, on ajoute une demi-part au profit


de chacun des parents disposant de revenus. Toutefois, lorsqu’un seul des
conjoints dispose des revenus imposables, il lui est attribué une demi-part
supplémentaire. En aucun cas le nombre de part à prendre en considération pour
la réduction d’impôt ne peut dépasser cinq parts14.

L’impôt net à payer = Impôt brut ₋ la réduction d’impôt pour charge de


famille

13
Article 174 du CGI.

14
Art 174 al 4 du C.G.I

5
Paragraphe 2 : Les revenus fonciers

Les revenus fonciers sont constitués du produit des locations


immobilières des propriétés bâtis et non bâtis. Toutefois, les logements et locaux
d’habitation ainsi que leurs dépendances immédiates, dont le propriétaire se
réserve la jouissance, sont exonérés15.
Concrètement, le législateur a prévu deux régimes d’impositions : un
régime normal et un régime particulier appelé la contribution globale foncière
régit par les articles 75 et suivants du CGI.

A. L’imposition au régime du réel

En vertu des dispositions de l’article 64, sont imposables dans la catégorie


des revenus fonciers régime normal les revenus bruts supérieurs à 30 millions
tirés par une personne physique de la location de propriétés bâties ou non bâties
ainsi que les revenus accessoires.
Toutefois, les revenus en nature correspondant à la disposition d’un
logement dont le propriétaire se réserve la jouissance ne sont pas soumis à l’impôt
sur le revenu foncier.

1. Détermination du Revenu Net Foncier ou la base imposable

Le Revenu Net Foncier imposable est égal à la différence entre le revenu


brut effectivement encaissé et le total des charges de la propriété acquittées au
cours de l’année précédant celle de l’imposition. Concrètement il est égal à :

Revenu Net Foncier = (Revenu Brut x 70%) - Charges réelles

Il y a donc un abattement de 30% représentant les dépenses d’entretien et


de réparation l’assurance, l’amortissement et les frais de gestion16.

Si la somme algébrique des résultats est négative, le déficit constaté peut


être reporté sur le revenu net foncier afférent aux années suivantes jusqu’à la trois
inclusivement.
a. Le Revenu Brut
Le revenu brut est constitué par le montant total des recettes perçues par le
propriétaire pendant l’année considérée. Il est augmenté des dépenses incombant
normalement au propriétaire, et mises par convention à la charge des locataires.

15
Aux termes des dispositions de l’article 65 du CGI, les revenus en nature correspondant à la disposition d’un
logement dont le propriétaire se réserve la jouissance ne sont pas soumis à l’IR.
16
Cf. Article 68 CGI

6
Toutefois, il est diminué des charges locatives que le propriétaire a supportées à
la place du locataire.
Dans de telle hypothèse, il convient de déterminer le Revenu Brut Corrigé ainsi
qu’il suit :
Revenu Brut Corrigé = Revenu brut Initial + Charges Supportées à Tort
par les Locataires – Charges Supportées à Tort le Propriétaire.

Si le propriétaire met gratuitement un logement à la disposition d’une personne


sans y être obligé légalement 17, la valeur locative de ce logement sera ajoutée au
revenu brut effectivement recouvré. La valeur locative est alors évaluée par
comparaison avec des immeubles similaires faisant l’objet d’une location normale
ou à défaut, par appréciation directe ou par référence à la valeur cadastrale18.

b. Les charges déductibles


Les charges à déduire du revenu encaissé sont celles qui sont effectivement
payées et supportées par le propriétaire. Elles doivent en outre se rapporter à
l’immeuble dont le revenu est imposable.
Par souci d’équité et de transparence, le Code Général des Impôts a réparti
les dépenses entre le propriétaire et les locataires.

 Les dépenses à la charge du propriétaire sont :

 Les charges réelles : les frais de gérance versés à une agence immobilière,
les frais de gardiennage et conciergerie effectivement supportés par le
propriétaire, la contribution foncière des propriétés bâties ou non bâties, les
intérêts payés par le propriétaire sur des emprunts ayant servi à l’acquisition
la construction ou la rénovation de l’immeuble ;

 Les charges forfaitaires sont fixées à 30% des revenus bruts. Elles
représentent les dépenses d’entretien et de réparation de l’immeuble, les
frais de gestions, l’assurance et l’amortissement de l’immeuble.
NB : L’indemnité d’éviction versée au locataire pour non renouvellement
du bail ou défaut de préavis n’est pas considérée comme une charge de la propriété
et sera réintégrée au revenu brut.
 Les dépenses à la charge des locataires sont :
La taxe sur les ordures ménagères ;
L’entretien des ascenseurs ou escaliers ;
Les factures d’eau et d’électricité.

17
C’est – à – dire une personne autre que son père, sa mère, son conjoint, ses enfants.
18
Cf. Art 291 du C.G.I

7
2. Le calcul de l’impôt brut sur les Revenus fonciers
Pour le calcul de l’impôt brut, le revenu net foncier, arrondi au millier de
franc inférieur, est soumis au barème progressif prévu par l’article 173 du C.G.I.
Cf. le calcul de l’impôt sur les B.I.C.

3. La réduction d’impôt pour charge de famille

Avec le C.G.I, le quotient familial est supprimé et remplacé par une


réduction d’impôt pour charge de famille. Cf. les BIC.

B- L’imposition au régime de la contribution globale foncière (C.G.F)

1. Le domaine d’imposition

Pour lutter efficacement contre la fraude fiscale, la loi de 201819 en son article
74 a établi un régime d’imposition dénommé contribution globale foncière. Elle
est perçue au profit du budget de l’Etat et de ceux des communes.
La contribution globale foncière est composée des impôts et taxes ci-après :
 Impôt sur les revenus fonciers ;
 Impôt du minimum fiscal ;
 Contribution foncière des propriétés bâtie ;
 Contribution forfaitaire à la charge de l’employeur.

Sont assujetties à la C.G.F les personnes physiques ainsi que les associés
personnes physiques des sociétés civiles immobilières dont le montant brut locatif
annuel brut n’excède pas trente (30) millions de francs.

Le revenu brut annuel prévu pour l’application du régime de la contribution


globale foncière est déterminé en tenant compte des loyers bruts prévisionnels de
tous les immeubles mis en location, y compris ceux bénéficiant d’une exonération
fiscale de quelle que nature que ce soit.

Les retenues à la source supportées par les assujettis à la C.G.F ne sont pas
récupérables20.
Les contribuables relevant du régime de la contribution globale foncière
peuvent exercer une option pour leur assujettissement au régime du revenu réel
dans les conditions de droit commun.

19
Loi N°2018-10 du 30/03/2018 ; Doudou NDOYE, Code général des impôts du Sénégal révisé, EDJA 2018/2019,
p.73.
20
Cf Article 76 CGI

8
L’option est exercée pour une période de trois ans dans le délai prévu pour
le dépôt de la déclaration mentionnée à l’article 70. Elle est irrévocable durant
cette période où elle reste valable tant que le contribuable demeure dans le champ
d’application de l’article 75.

Le changement de régime court à compter du 1er janvier de l’année de


l’option et porte sur tous les impôts et taxes visés à l’article 74.

2. Le tarif de la contribution foncière

L’impôt dû par les contribuables relevant de la contribution globale foncière


correspond à une fraction du loyer brut annuel prévisionnel déterminé dans les
conditions prévues par l’alinéa 2 de l’article 78 du CGI.
La fraction du loyer brut annuel à payer au titre de la contribution globale
foncière est fixée comme suit :
1 1 à 12.000.000 …1/12 1 1 mois de loyer

…1,5/12
12 12.000 001 à 18 000 000 1 mois de loyer et demi de
loyer

A …2/12
à partir de 18 000 001 2 2 mois de loyer

Remarque : En aucun cas, le montant de la contribution globale foncière


ne peut être inférieur à 30 000 francs.
3. L’obligation déclaratives et modalités de payement

Les contribuables relevant de la contribution globale foncière procèdent à


la déclaration de leur loyer brut annuel estimé, avant 1er février de chaque
année. L’impôt correspondant est acquitté à la caisse du comptable public du
service du Trésor. L’impôt dû est établi et recouvré par voie de rôle.
Toutefois, les assujettis sont tenus de calculer et de verser spontanément
auprès du comptable public du service du Trésor le montant de l’impôt dû, en
trois versements égaux au plus tard à la fin des mois de février, avril et juin
de chaque année. Les contribuables qui le souhaitent peuvent s’acquitter de
l’impôt dû en un seul paiement au plus tard à la fin du mois de février.

9
4. Les sanctions
Tout contribuable soumis au régime de la contribution globale foncière, qui
ne fournit pas, dans le délai imparti, la déclaration prévue à l’article 79, est taxé
d’office.
Lorsque le montant de L’impôt a été au vu de renseignements inexacts, ou
lorsqu’une inexactitude est constatée dans les déclarations dont la présentation est
exigée par la loi, il est procédé à la détermination de l’impôt réellement dû selon
la procédure contradictoire.
Si le contribuable remplit encore les conditions pour bénéficier du régime
de la contribution globale foncière, l’impôt est calculé selon le tarif visé à l’article
78 avec application de la sanction prévue en la matière. Dans le cas contraire, la
situation fiscale du contribuable est régularisée au regard des dispositions
spécifique de tous les autres impôts et taxes prévus par le législateur fiscal.
5. L’application de décharges et de réductions d’impôts

En cas de vacance d’immeuble, l’assujetti à la contribution globale foncière


peut obtenir la décharge ou la réduction de sa contribution, lorsque :
la vacance a été portée, dans les quinze (15) qui suivent son début, à la
connaissance du service des impôts gestionnaire du dossier de l’assujetti ;
la vacance, totale ou partielle, est indépendante de sa volonté et que la durée
de l’inoccupation est constatée pour au moins trois mois consécutifs.
En cas de loyers impayés, l’assujetti à la contribution globale foncière peut
obtenir la décharge ou la réduction de sa contribution, lorsque :
le défaut de paiement est constaté pour au moins trois mois consécutifs ;
il apporte la preuve d’une action judiciaire, initiée dans les trois mois qui
suivent le premier défaut de payement, en vue du recouvrement de sa
créance ;
il apporte la preuve d’une action en expulsion du locataire défaillant ;
il s’engage, en cas de recouvrement ultérieur, à régulariser le supplément
d’impôt, dans les huit (8) jours.
Lorsque l’assujetti à la C.G.F n’a pas effectivement recouvré la totalité de
ses loyers, l’impôt est déterminé prorata temporis et la décharge obtenue
imputée sur les impositions dues au titre des années suivantes.
Cependant si, après la décharge, la créance est recouvrée, l’assujetti a
l’obligation de régulariser le supplément d’impôt sans délai. A défaut,
l’administration est fondée à le réclamer, dans le respect des dispositions prévues
par l’article 665 et suivants du CGI.
10
Paragraphe III : Les imputations déficitaires
Le revenu global étant constitué de la somme algébrique des différents revenus
nets, il est normal que se compensent les revenus positifs et les revenus négatifs.
Sous ce rapport, si la détermination du revenu foncier net d’une année fait
apparaitre un déficit, celui-ci peut être reporté sur le revenu foncier des années
suivants jusqu’à la troisième année.
Lorsque le contribuable possède plusieurs immeubles, la détermination du
revenu net ou du déficit est effectué pour chaque immeuble isolément. Ensuite,
on fait la somme algébrique des résultats de tous les immeubles. C’est ce résultat
global foncier qui est imposable lorsqu’il est bénéficiaire ou reportable sur les
années suivantes lorsqu’il est déficitaire
Paragraphe V : Les charges communes déductibles du revenu brut global

Pour la détermination du revenu net visé à l’article 54, sont déductibles les charges
suivantes lorsqu’elles n’entrent pas en compte pour l’évaluation des revenus
catégoriels :

1. pensions et arrérages de rentes payés par le contribuable à titre obligatoire et


gratuit, dans la limite de 5 % du revenu net visé à l’article 57 avec un maximum
de 300.000 FCFA ;

Ces limitations ne sont pas applicables aux pensions et arrérages versés en vertu
d’une décision de justice ou lorsque le pensionné ou le débirentier est en mesure
de prouver que les sommes payées par lui excèdent le maximum de 300.000FCFA
prévu à l’alinéa ci-dessus ;

2. en cas de cession ou de cessation d’entreprise, les déficits affectant l’exercice


de liquidation, compte tenu s’il y a lieu, des pertes des 3 années précédentes qui
n’auraient pu être imputées sur le revenu catégorie ;

3. les versements volontaires pour la constitution de retraite, dans la limite de


10 % du montant total des traitements, salaires, indemnités, émoluments et
avantages en nature ;

4. les primes d’assurances sur la vie, dans la limite de 5 % du revenu net visé à
l’article 57, le maximum de la déduction autorisée étant fixé à 200.000 FCFA
augmenté de 20.000 FCFA par enfant à charge ;

5. les versements effectués au profit d’œuvres ou d’organismes, associations,


fondations ou établissements prévus au e) de l’article 9, dans la limite de 0,50 %
du revenu net avant déduction des charges prévues au présent article ;

11
6. les versements effectifs à titre de zakat à un organisme agréé par l’Etat, selon
les limites fixées par décision du Ministre chargé des finances ;

7. les intérêts des emprunts à la charge du contribuable pour l’acquisition, la


conservation ou les réparations de son habitation principale située au Sénégal,
sous réserve de la production du tableau d’amortissement du prêt, certifié par
l’organisme prêteur.

Section II : La déclaration et le paiement de l’Impôt sur le Revenu

En règle générale, la déclaration de résultat doit intervenir dans les quatre


mois qui suivent la clôture de l’exercice. Elle est accompagnée de divers
documents dont le nombre varie selon le régime d’imposition. Quant au
payement, il s’effectue à travers des acomptes versés par anticipation.

Paragraphe 1er : La déclaration de l’impôt sur le revenu

A) Les modalités de la déclaration

Au Sénégal, le régime de l’impôt sur le revenu est déclaratif. A cet


effet, il incombe au contribuable d’effectuer sa déclaration auprès de
l’Administration fiscale, avant le 1er mai de chaque année. Cette déclaration est
faite au moyen d’un formulaire règlementaire délivré par l’administration fiscale,
formulaire sur lequel doit figurer les informations suivantes :
- L’identité complète du contribuable ainsi que son adresse et celle de son
employeur ;
- Sa situation de famille au 1er janvier de l’année en cours ;
- Ses enfants à charge au 1er janvier de l’année en cours ;
- Les catégories de revenus perçus ;
- Les charges déductibles du revenu imposable ;
- Les retenues d’impôts supportés.

Le formulaire ainsi rempli et signé par le contribuable doit être adressé au


chef du centre des services fiscaux dont dépend le contribuable. Les personnes
n’ayant pas de résidence au Sénégal doivent impérativement désignées un
représentant domicilié au Sénégal. Ces informations fournies par le contribuable
permettent aux services fiscaux de calculer l’impôt sur le revenu dû par le
contribuable, qui lui sera notifié par les services du Trésor par voie
d’avertissement, après émission du rôle d’impôt sur le revenu.

12
B) Les délais de déclaration

Les délais de déclaration varient selon le régime du réel ou le régime de la


contribution globale unique.

1) Le régime du réel normal ou simplifié


Les contribuables soumis au régime du réel normal ou simplifié sont tenus
de fournir une déclaration au plus tard le 30 avril de l’année N + 1. Sont
également concernés par cette date les titulaires de revenus provenant d’activité
non commerciale.

2) Le régime de la Contribution Globale Unique

Les contribuables relevant de la contribution globale foncière doivent


déposer leur déclaration avant le 1er février de chaque année (N+1).
En revanche, les contribuables commerçants soumis au régime de la
contribution globale unique doivent adresser au plus tard le 1er mars de chaque
année (N+1), une déclaration fiscale, à l’administration fiscale. Cette déclaration
doit contenir notamment les renseignant suivants :
- Le montant des achats de l’année présidentes (N-1) ;
- Le chiffre d’affaires total réalisé ;
- Le nombre d’employés utilisé ;
- Le montant total des salaires en espèce et en nature ;
- Le montant du loyer des locaux professionnel ;
- Le nombre d’établissement secondaire éventuel ;
- La valeur des stocks au 1er janvier et au 31 décembre ;
- Le montant de leurs loyers professionnels et privés.

Paragraphe 2 : Le paiement de l’impôt sur le revenu

L’impôt sur le revenu est en principe payé annuellement par voie de rôle.
Toutefois, l’article 213 du CGI prévoie un système de paiement par anticipation
avec des acomptes provisionnels. Ce système varie selon le type de régime
d’anticipation : anticipation au régime de droit commun, anticipation au régime de
la contribution globale.

A) Paiement par anticipation au régime du réel normal ou simplifié

Pour ce système, le paiement de l’impôt est effectué en deux acomptes


provisionnels égaux chacun au tiers de l’impôt pour l’exercice précédent. Le
montant des acomptes est arrondi à la centaine de francs inférieure.

13
Les acomptes doivent être versés à la caisse du comptable public
territorialement compétent selon les modalités suivantes :

- Le 1er acompte doit être versé avant le 15 février de l’année suivante (N+1) ;
- Le 2ème acompte doit être versé avant le 30 avril de l’année suivante (N+1) ;
- La liquidation et le paiement du solde doivent intervenir au plus tard le 15 juin
de l’exercice (N+1).
Si l’exercice est inférieur à un an, les acomptes seront calculés sur la base
des bénéfices rapportés à une période de 12 mois payés aux mêmes dates. Si après
versement du 1er acompte le résultat est déclaré et que l’impôt calculé est inférieur
au 1er acompte, le contribuable peut ne payer le 2ém acompte. Dans cette
hypothèse, il devra aviser par lettre le percepteur des impôts. Si le total des
acomptes versé est supérieur à l’impôt calculé, le contribuable bénéficie d’un
crédit d’impôt. Ce crédit peut être imputé sur les exercices à venir. Mais il peut
être remboursé si le contribuable cesse son activité ou s’il quitte le Sénégal. Ce
crédit peut aussi être utilisé pour le paiement d’un autre impôt direct tel que la
patente.
En tout état de cause, le contribuable qui ne souscrit pas de déclaration de
revenu annuelle dans les délais légaux est passible d’une taxation d’office. Dans
de telle hypothèse l’administration fiscale évalue elle – même la base imposable
à l’aide d’information dont elle dispose ou par comparaison sans être tenu à une
discussion avec le contribuable. Par ailleurs, en cas de contentieux devant la
justice, la charge de la preuve incombe au contribuable fautif. En plus de la
taxation d’office, l’impôt doit-il est redevable est majoré de 25%.

B) Paiement par anticipation au régime de la Contribution Globale


Unique
Les commerçants et les prestataires de services soumis au régime de la
contribution globale unique doivent versés deux acomptes au plus tard le 15 des
mois de mars et mai de l’exercice (N+1). Chaque acompte est égal au tiers de
l’impôt dû.
Si le montant de l’impôt ne dépasse pas 100 000 F, il doit être payé en une
seule fois avant le 1er mars. L’administration calcul la C.G.U, et sur présentation
de la quittance de paiement, délivre au contribuable une vignette dont l’affichage
dans l’établissement tient lieu de paiement.
Le montant de la contribution globale unique est payé selon la nature de
l’activité. Ainsi, aux termes des dispositions de l’article 141-I du CGI modifié21,
le montant de la contribution globale unique est fixé comme suit :
 Commerçants et producteurs : 2% du chiffre d’affaires ;
 Prestataires de services : 5% du chiffre d’affaires

21 Loin° 2019-17 du 20 décembre 2019 portant loi de finances pour l’année 2020, J.O n° 7247
du 23/12/2019
14
En tout état de cause, le montant de l’impôt dû par le contribuable est la somme
des montants résultant de la multiplication de la part du chiffre d’affaires contenu
dans chacune des tranches du barème de sa catégorie par le taux correspondant à
cette tranche 22.

22
Art 141.al 2 CGI

15

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