Sous le thème :
Réalisé par :
MAJD Chaimae
NAJAH Omar
Encadré par :
À nos chers parents, pour tous leurs sacrifices, leur grand amour et
Introduction
Conclusion
Liste des abréviations :
P. : Page
Ed. : Édition
Art : Article
Arr. : Arrêt
Bull : Bulletin
1
La criminalité est inhérente à toute société quelle que soit sa
forme, dés qu’il y a constitution d’un groupe, cela induit des
comportements criminels. Face à cette criminalité, on va voir le groupe
se préparer sa protection et sa défense pour pouvoir le contrer. Il s’agit
tout d’abord d’une réalité humaine dans la mesure où la violation de la
norme est le fait d’un individu qui, pour diverses raisons, ne va pas
percevoir l’intérêt à respecter la règle, et donc l’intérêt à venir protéger
la valeur à laquelle il porte atteinte à travers la violation du texte
pénal. Le droit pénal en s’intéressant à la criminalité, il ne saisit que
partiellement l’individu, sa construction fait qu’il saisit en premier
l’acte avant le criminel.
2
qui leur sont applicables »4. A la lecture d’une telle définition5, il est
tentant d’admettre le droit pénal dans la cohorte des matières formant
le droit public. Personne ne le conteste, c’est bien l’Etat, et seulement à
celui-ci, que revient de fixer la liste des interdits, d’organiser la
poursuite et d’assurer la répression des comportements prohibés 6.
Néanmoins le droit pénal par sa technique, présente les
caractéristiques d’une branche appartenant, sans conteste au droit
privé. En réalité, l’analyse ne permet pas de rattacher entièrement le
droit pénal à l’une ou l’autre des deux grandes catégories du droit
dans la mesure où il entretient des rapports étroits avec chacune
d’entre elles et quels que soient ces rapports, le droit pénal en tant que
branche juridique, a une autonomie indiscutable7.
3
constitutifs, les sanctions prévues et les particularités procédurales
dont sa poursuite spécifique peut être affectée. Le droit pénal spécial
est historiquement et rationnellement la première des disciplines du
droit pénal, de même que le droit pénal et la procédure pénale
coexistent entre eux, ils coexistent toujours avec le droit pénal
spécial12.
12
- M.RASSAT, « Droit pénal général » Elllipses, 2éme éd, 2006, p.63.
13
- M.BENILLOUCHE, « Leçons de droit pénal général », Ellipses, 2ème édition, 2012, p.9.
14
- Pour plus de détails v, Pradel, Histoire des doctrines pénales, que sais-je ?, 1989.
15
- M.ENILLOUCHE, « Leçons de droit pénal général », Ellipses, 2ème édition, 2012 p.9.
16
- ibid.,
17
- C. BECCARIA, « Traité des délits et des peines ». La version en langue italienne date de 1764. Sa première
traduction en langue française remonte à 1766. A l’occasion de la célébration du bicentenaire de ce grand
événement, les éditions Cujas ont publié en 1966 une version française améliorée précédée d’une introduction
consignée par G. STEFANI et M. ANCEL et des contributions de G. LEVASSEUR, p.1 et s. ; G. VASSALI, p. 19 et s.
G. VEDEL, p.55 et 56 notamment.
18
- M.BENILLOUCHE, « Leçons de droit pénal général », Ellipses, 2ème édition, 2012p.10.
4
Avant l’islamisation du Maroc : la coutume exerçait son pouvoir,
sans aucune concurrence dans le cadre de la jouissance par les tribus
d’une réelle liberté dans la définition des réponses à la délinquance et
dans leur application19. A cette époque, seules les normes produites, in
situ (sur place) déterminaient les comportements humains prohibés
ainsi que la nature et la forme de la réaction que les entités tribales
mettaient en œuvre. Ces coutumes n’avaient d’autorité que dans le
périmètre d’influence de la tribu qui lui donnait naissance et la
développait20.
19
- M. AMZAZI, « Essai sur le systéme pénal marocain », Centre Jacques-Berques, 2013, p.7.
20
- G. SALMON et L. BRUZEAUX, « Contribution à l’étude du droit coutumier du Nord Marocain », Archives
Marocaines, 1905, p.303.
21
- M. AMZAZI, « Essai sur le systéme pénal marocain » Centre Jacques-Berques, 2013, p. 7.
22
- J .BERQUE, Essai sur la méthode juridique maghrébine, Le Forestier, 1944. Cité par M. AMZAZI, op.cit., p.11.
23
- M. AMZAZI, « Essai sur le systéme pénal marocain » Centre Jacques-Berques, 2013, p. 5.
24
- Pour plus de détails v, B. BOTIVOU, « Droit islamique, du politique à l’anthropologie », Revue Droit et
société, n°15, 1990.
5
nationaux. Cependant, le protectorat ne parvint à imposer sa
législation aux nationaux qu’au moyen d’une réforme dite de la justice
Makhzen porter par quartes dahirs promulgués en 1953 25 dont le
Dahir du 24 Octobre 1953 formant code pénal marocain 26. Cette
réforme constituait l’acte final de tout un processus d’acculturation
juridique. La technique utilisé consistait à déclarer impropre à la
consommation les sources coutumières et islamique du « système
pénal marocain » taxées de s’alimenter dans la théocratie de la justice
retenue27. Lorsque le code pénal annonça que la loi était seule fondé à
créer les infractions et à édicter les peines, il fallait comprendre que les
autres normes étaient disqualifiées28.
26
- L. MALAVAL, « la réforme de la justice pénale au Maroc », Revue de sciences criminelles et de droit pénal
comparé, 1954, p. 299 et s.
27
- Ibid.,
28
- M. AMZAZI, « Essai sur le systéme pénal marocain » Centre Jacques-Berques, 2013, p. 17.
29
- Le statu quo fut maintenu au moyen de la décision de proroger la durée de vie des codifications de 1953 au-
delà du jour de la déclaration du retour à l’indépendance.
30
- M. AMZAZI, « Essai sur le systéme pénal marocain » Centre Jacques-Berques, 2013, p.20.
31
- Dahir n° 1-03-140 du 26 Rabii I 1424 (28mai 2003) portant promulgation de la loi n° 03-03 relative à la lutte
contre le terrorisme.
32
- Dahir n° 1-07-79 du 28 Rabii I 1428 (17avril 2007) portant promulgation de la loi n°43-05 relative à la lutte
contre le blanchiment des capitaux.
6
promulguée en 2006), sur les violences faites aux femmes (la loi 103-
13 promulguée le 03 septembre 2018) et l’introduction des infractions
relatives au systéme du traitement automatisé des données 33.
7
la manière dont le crime est saisi par le droit, ne peut le faire sans
recourir à la théorie générale de l'infraction qui se considère comme le
fruit d'une construction intellectuelle à mettre au crédit d'un progrès
de la rationalité juridique. Toute infraction présente des caractères
semblables, ainsi, pour qu’une infraction existe, il est nécessaire que
trois éléments traditionnels soient réunis : un élément légal, un
élément matériel et un élément moral. Ce sont les éléments constitutifs
de l’infraction.36
36
- V. BOUCHARD, « Droit pénal », éditions Foucher, 2009, p.16.
37
- Quant au droit pénal spécial, il précise les détails des composantes de l’infraction. En effet, pour chaque
infraction, le droit pénal spécial présente de quelle manière le comportement puni par la loi, correspond à celui
adopté par le délinquant. Par conséquent, le droit pénal spécial, s’attache davantage aux conditions
particulières de chaque infraction pénale.
8
auteur38 ; En effet, pour que l’infraction pénal commise, soit
punissable pénalement, il ne suffit pas que le comportement incriminé
(élément légal) ait été perpétré par le sujet (élément matériel), il faut
également que l’auteur de l’acte ait voulu réaliser cet acte, que la
survenance matérielle soit l’œuvre de sa volonté. C’est la raison pour
laquelle le législateur s’est attaché à incriminer et à sanctionner les
infractions pénales intentionnelles, cependant devant la multiplication
des dommages résultant des fautes par imprudence ou négligence, le
législateur reconnait aujourd’hui qu’il peut y avoir infraction pénale
même en présence d’une infraction pénale non intentionnelle et il
adapte ainsi la sanction en ce sens, comme par exemple les violences
involontaires ou les homicides involontaires 39.
9
la loi. Les contraventions sont punissables même lorsqu’elles ont été
commises par imprudence, exception faite des cas où la loi exige
expressément l’intention de nuire ». A la lecture de cet article, il est
aisé de distinguer les différentes formes de l’élément moral. L’article
établit en effet, une hiérarchie des fautes pénales 41, entre d’abord la
faute intentionnelle et ensuite la faute non intentionnelle. Ce qui nous
mène à poser les deux questions suivantes : Quelles sont les
différentes formes de l’élément moral ? Et comment peut-on décider la
pénalisation ou la dépénalisation modérée d’après les composantes de
l’élément moral ?
41
- A.D’HAUTEVILLE, « la gradation des fautes pénales », in réflexions sur le nouveau code pénal, ouvrage
collectif de l’E.R.P.C., Pédone, 1995, p.31.
10
Partie 1: l’intention criminelle :
Un facteur de pénalisation :
11
« Les crimes et les délits ne sont punissables que lorsqu’ils ont été
commis intentionnellement » comme l’énonce clairement l’article 133
du C.P. En principe, l’intention reste une notion vague et complexe qui
nécessite la connaissance de son concept (chapitre1) et ses divers
aspects (chapitre2).
12
Chapitre I : Le concept de l’intention criminelle :
Dans ce chapitre, nous procéderons à une étude approfondie de
l’intention criminelle (section1), pour ensuite connaitre la théorie de
l’intention criminelle dans la doctrine (section2).
42
- « intentio », dans Félix GAFFIOT, Dictionnaire latin français, Hachette, 1934.
13
caractériser l’élément coupable des contraventions. Toutefois, par
exception, sur prévision expresse du pouvoir réglementaire au titre de
la contravention considérée, l’élément coupable de certaines
contraventions peut consister soit dans la faute intentionnelle, soit
dans la faute d’imprudence. Enfin, en troisième et dernier lieu, l’article
121-3 CP prévoit que, s’agissant des délits, la faute intentionnelle est
en principe requise. Toutefois, par exception, sur prévision expresse du
législateur au titre du délit considéré, l’élément coupable de certains
délits peut consister en une faute d’imprudence.
14
sans le constater ou à tout le moins le présumer, il veille
précieusement à relever cette intention dans chaque action du
criminel. A cet égard, on peut poser une question très importante :
Quelle est l’intention inconsciente dans la psychologie du criminel ?
Pour répondre à cette question, nous invoquons César LOMBROSO,
l’un des fondateurs de l’école italienne de criminologie 44. Tout d’abord,
on peut définir la psychologie de l’auteur tel son état d’esprit au
moment de la réalisation de l’acte incriminé par la loi, alors la théorie
de LOMBROSO concernant l’intention inconsciente est basée sur la
prémisse qu’il existe des personnes ayant des caractéristiques
psychologiques, et que ces personnes sont poussées au crime par
l’influence des facteurs génétiques et se précipitent au crime en raison
de leur formation biologique, selon LOMBROSO, l’intention criminelle
est avec le coupable génétiquement et depuis sa naissance, ce qui
influence sa psychologie est devient criminel sans le décider.
44
- E. CLEMENT, F.GUILLAUME, G.TIBERGHIEN & B. VIVICORSI, « Le cerveau ne pense pas tout seul», Le Monde
diplomatique, septembre 2014, p. 27.
15
procès pénal même s’il y a une différence fondamentale qui oppose la
notion d’intention criminelle et la question juridique de la
préméditation, l’intention comme on l’a déjà traité, est une
détermination précise et requise par la loi comme élément moral
constitutif de l’infraction, alors que la préméditation est une
circonstance aggravante qui fait du meurtre un assassinat, dans ce
cas, la loi prévoit que celui qui a prémédité son crime est considéré
plus coupable que le celui dont le comportement a été impulsif et
brutal sans être préparé d’avance d’une façon organisée et durable,
donc elle suppose nécessairement la volonté criminelle réfléchie et
mûre.
45
- V. BOUCHARD, « Droit pénal » Editions Foucher, 2009, p.38.
46
- Crim. 29 octobre 1969 : Bull. Crim. N°271.
47
- Arr. première chambre N° 287.
16
l’intention coupable puisqu’elle vient de s’y ajouter, elle lui donne une
coloration particulière
17
BECCARIA (1738-1794)48 et JEREMY BENTHAM (1748-1932), les
principaux représentants de l’Ecole classique, ont menés leurs
réflexions sur le crime et sa prévention, en se basant sur l'idée de
« l'homme est un animal calcul », dans les causes du comportement
criminel. Il faut savoir que « la représentation sociale de l'infracteur
change profondément à partir du 18e siècle avec le mouvement de
relecture anthropologique entamée par C.BECCARIA avec son livre
Délit et des peines (1764), qui rompt avec la lecture mythique du
crime »49 , avec l'idée de contrat social de J.J. Rousseau50 , il développe
une théorie originale de la peine qui a changé les données des sciences
autour du problème de l'infraction et de son auteur.
48
- Cesare Beccaria. 1738-1794, juriste & philosophe, il à été l'un des partisans de la peine proportionnée au
délit et fixée par la loi. Économiste, fondateur de droit pénal.
49
- A.HIRSCHELMANN-AMBROSI. « Cours magistral. Analyse psycho-criminologique du passage à l'acte ». 2007.
2008.
50
- Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) un écrivain, philosophe et musicien genevois de langue française, J.J
Rousseau cherche par ce contrat social de définir à quelles conditions l'homme peut se soumettre à une
autorité légitime, car pour lui l'homme est libre naturellement...
51
- X. Labbée, « Introduction générale au droit » : Pour une approche éthique, Presses universitaires de
Septentrion 2010, p. 223.
52
- C.A.BERTAULD, « Cours de droit pénal », 3éme édit., 1964
18
Paragraphe 2 : l’intention criminelle selon l’école néo-classique :
L’école néo-classique est aussi connue sous le nom du nouveau
réalisme droit, néoclassicisme, néo-positivisme, est l’idéologique
opposé du réalisme gauche. Elle considère le phénomène de la
criminalité du point de vue politique et affirme qu'il faut une vision
plus réaliste des causes de la criminalité et la déviance 53, et identifie
les meilleurs mécanismes de son contrôle.
53
- « La déviance, c'est la transgression d'une norme sociale, les sociologues utilisent ce terme pour désigner les
états et les conduites qui violent les normes auxquelles les membres d'un groupe tiennent au point de punir
ceux qui les violent (...) les sociologues ont réalisés de fascinantes recherches sur plusieurs formes de déviance,
notamment sur le suicide, la consommation de la drogue, la sorcellerie et les maladies mentales » M. CUSSON.
1998. La criminologie. HACHETTE. P8.
19
par la théorie évolutionniste de CHARLES DARWIN et par la
physiognomonie, est convaincu que l’homme criminel représente un
type particulier, moins avancé dans son évolution que ses
contemporains. Il a donc cherché à identifier les signes qui
permettraient de témoigner de cet état de fait. Ces signes peuvent être
d’ordres anatomiques mais aussi comportementaux.
54
- M.KALUSZYNSKI « Quand est née la criminologie ? Ou la criminologie avant les archives… » Dossier
thématique : histoire de la criminologie. Autour des archives d’anthropologie criminelle, 2005, P. 11.
55
- E.FERRI (1856-1929), était un criminologue et homme politique italien. Il est considéré comme l'un des
fondateurs de la criminologie moderne. Cofondateur de l’École italienne de criminologie
avec C.LOMBROSO et R.GAROFALO.
20
Chapitre II : Les divers aspects de l’intention
criminelle:
Dans ce chapitre, nous tenons d’aborder les divers aspects de
l’intention criminelle dans la faute intentionnelle, il importe donc
d’apporter quelques précisions à ce propos en analysant les notions
suivantes : Le dol général (section 1), et le dol spécial (sections 2).
21
honorable ou perverse. Si l’on veut subordonner la répression à l’état
dangereux, il faut admettre que le droit pénal doit tenir compte de la
qualité du mobile pour exclure ou atténuer la responsabilité pénale si
les mobiles sont honorables.
22
On présente ainsi l’intention frauduleuse, cette notion ne se
confond pas nécessairement avec le mobile, en clair, c’est l’intention de
tromper en ayant la volonté de frauder.
23
B- L’élément de volonté :
24
déterminer le degré de culpabilité et, par conséquent, le niveau de la
peine. Structurée autour de la recherche de l'intention, la procédure
criminelle et la doctrine consacraient les noces d'or du droit, de la
morale et de la religion.
A- Le dol simple :
B- Le dol aggravé :
63
- V. BOUCHARD, « Droit pénal » éditions Foucher, 2009, p.38.
25
L’intention criminelle est antérieure, de sorte que le sujet a le temps de
laisser mûrir sa réflexion, de s’organiser et de préparer l’infraction.
A- Le dol déterminé :
26
recherchées. En clair, la commission d’une infraction précise tend à un
résultat précis67.
B- Le dol indéterminé :
27
droit pénal part du principe que l’agent doit assumer le risque crée. Le
sujet pouvait abstraitement prévoir les conséquences de son acte et il
laisse le hasard choisir le résultat se produire de manière effective
parmi toutes les conséquences prévisibles.
A- Le dol dépassé :
70
- Quiconque, par aliments, breuvages, médicaments, manœuvres, violences ou par tout autre moyen, a
procuré ou tenté de procurer l'avortement d'une femme enceinte ou supposée enceinte, qu'elle y ait consenti
ou non, est puni de l'emprisonnement d'un à cinq ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams. Si la mort en est
résultée, la peine est la réclusion de dix à vingt ans.
71
- Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toutes autres
violences ou voies de fait, soit qu'ils n'ont causé ni maladie, ni incapacité, soit qu'ils ont entraîné une maladie
ou une incapacité de travail personnel n'excédant pas vingt jours, est puni d'un emprisonnement d'un mois à
un an et d'une amende de 200 à 500 dirhams ou de l'une de ces deux peines seulement. Lorsqu'il y a eu
préméditation ou guet-apens ou emploi d'une arme, la peine est l'emprisonnement de six mois à deux ans et
l'amende de 200 à 1.000 dirhams.
28
B- Le dol éventuel :
29
Partie 2: la faute non
intentionnelle : Un facteur de
dépénalisation modérée:
30
Par rapport à l’infraction intentionnelle dont l’élément moral est
l’infraction est l’intention ou le dol criminel, l’élément moral de
l’infraction non intentionnelle est une faute pénale différente détachée
de l’intention, c'est-à-dire de la recherche du résultat incriminé par le
texte. Pour tracer les contours de la notion de la faute non
intentionnelle, il est utile de traiter le concept et la structure de cette
notion (Chapitre 1), ensuite nous procédons à l’étude de la faute quasi-
délictuelle et la faute contraventionnelle (Chapitre 2).
31
Chapitre I : Le concept et la structure de la faute
non intentionnelle :
Dans ce chapitre, nous procéderons à une étude approfondie de
la notion de la faute non intentionnelle (section 1), pour qu’on traite
ensuite sa structure (section 2).
32
constituer une faute72. Cette notion peut être définie de plusieurs
façons. En droit pénal, on peut distinguer la faute intentionnelle et la
faute non intentionnelle à l’instar de plusieurs manuels. 73
72
- Vasnier, Félix, [Jus romanum : De operis novi nuntiatione. - Droit français : Des délits et des quasi-délits] :
thèse pour la licence... Faculté de droit de Paris / par Félix Vasnier,..., impr. de Vinchon (Paris), 1854, 39 p. ; in-4
73
- M.BENILLOUCHE, « La faute et les délits non intentionnels », .p.2.
74
- Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, commet
involontairement un homicide ou en est involontairement la cause est punie de l'emprisonnement de trois
mois à cinq ans et d'une amende de 250 à 1.000 dirhams.
75
- Quiconque, par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou inobservation des règlements, cause
involontairement des blessures, coups ou maladies entraînant une incapacité de travail personnel de plus de six
jours est puni de l'emprisonnement d'un mois à deux ans et d'une amende de 200 à 500 dirhams ou de l'une de
ces deux peines seulement.
76
- Les peines prévues aux deux articles précédents sont portées au double lorsque l'auteur du délit a agi en
état d'ivresse, ou a tenté, soit en prenant la fuite, soit en modifiant l'état des lieux, soit par tout autre moyen,
d'échapper à la responsabilité pénale ou civile qu'il pouvait encourir.
77
- Quiconque dans les cas prévus aux articles 607 et 608, 5°, provoque involontairement un incendie qui
entraîne la mort d'une ou de plusieurs personnes ou leur cause des blessures, est coupable d'homicide ou de
blessures involontaires et puni comme tel en application des trois articles précédents.
33
valeurs du groupe social dans lequel il vit puisqu’il crée des dangers
pour les autres citoyens qui gravitent autour de lui sans le souhaiter,
l’agent adopte un comportement qui ne respecte pas les valeurs
sociales protégées, sans se soucier, ni même prévoir qu’un résultat
peut se produire du fait de ses actes 78. Autrement dit, l’agent a
consciemment commis un comportement anormal par rapport à celui
qu’il devrait commettre dans l’activité à laquelle il se livre, mais il ne
cherche en se faisant aucun résultat dommageable. Il veut son acte
mais il n’a pas voulu les conséquences dommageables qui vont en
résulter79.
34
réprimés par des textes antérieurs à l'entrée en vigueur de la présente
loi demeurent constitués en cas d'imprudence, de négligence ou de mise
en danger délibérée de la personne d'autrui, même lorsque la loi ne le
prévoit pas expressément ». La faute simple était alors définie comme
l’imprudence, la négligence ou le manquement à une obligation de
prudence ou de sécurité imposée par la loi ou les règlements. Or, le
reproche fait au droit positif résidait dans son trop grande efficacité 80.
82
- P. FAUCHON, « Rapport au nom de la commission des lois », Sénat, 1995-1996, n° 32.
83
- Crim., 2 avril 1997, Bull. n° 132.
84
- M.BENILLOUCHE, « la faute et les délits non intentionnels ».
35
intentionnelle ne cesse de monopoliser l'attention du législateur
français, la situation est totalement différente en droit marocain,
appelant une interrogation sur sa remise en cause et son éventuelle
évolution85.
36
corporelles constitue l’une des préoccupations majeures des pouvoirs
publics87.
37
Lorsque la faute simple consiste en une maladresse,
imprudence, inattention ou négligence90, l’agent n’a pas méconnu un
texte législatif ou réglementaire qui imposait une conduite donné, mais
ne s’est pas comporté comme cela était attendu de lui en égard à son
secteur d’activité. La preuve de son indiscipline doit être rapportée par
comparaison avec l’attitude « normale » d’un individu prudent et
diligent91.
38
de 1994, la première par la loi du 13 mai 1996, relative à la loi
d’imprudence ou de négligence, la seconde par la loi Fauchon 93 du
10juillet 2000, qui tend à préciser la définition des délits non
intentionnels en modifiant le lien de causalité et la portée de cette loi a
été étendue aux contraventions non intentionnelles avec un décret
n°2001-883 du 20 septembre modifiant le code pénal (deuxième
partie : Décrets en Conseil d’état) , cette loi a eu un double apport, elle
a diversifié les fautes pénales d’imprudences, et par ailleurs elle a très
largement consacré la dualité des fautes pénales et civiles
d’imprudence, elle a donc redonner à la faute pénale l’identité qu’elle
avait perdue en matière d’imprudence face à la faute civile, le
législateur diversifie et précise les fautes pénales en établissant une
hiérarchie.
D’une part, le code pénal français dans son article 121-3 utilise
les termes « imprudence » et « négligence » sans les définir, c’est donc
la jurisprudence qui a dû définir le faute d’imprudence ou de
négligence que le ministère public devra trouver pour établir l’élément
intentionnel de l’infraction. D’autre part, le législateur marocain, lui-
même, n’a pas définit la faute non intentionnelle mais il a délimité ses
aspects dans l’article 43294 du CPM.
A- l’imprudence :
39
suppose une tension de volonté alors que l’imprudence est une volonté
qui n’est pas tendue.
95
- A.SERIAUX, « La faute de transporteur » Economica, 2éme éd., 1998. Dans la foulée de la thèse de
N.DEJEAN DE LA BATIE (appréciation in abstracto et appréciation in concreto en droit civil français, Bill.dr.privé,
t.57, LGDJ, 1965, préf. H.MAZEAUD).
40
De ce qui précède, on résulte que la force de causalité va
compenser la faiblesse de la faute, et la faiblesse de causalité va être
compensée par la force de la faute. Donc l’imprudence va être
dépénalisée, chaque fois que la faute est simple, dont le lien de
causalité a été indirect.
B- la négligence :
41
actes ou n’a pas pris les dispositions nécessaires pour les éviter.
L’article 121-3 sanctionne la négligence « sauf si l’auteur des faits
accomplit les diligences normales compte tenue de ses fonctions, de ses
compétences, ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait ». Ce
texte a été adopté à l’initiative des députés-maires et des sénateurs-
maires en 1996 pour se protéger eux-mêmes contre la très grande
facilité avec laquelle les juges correctionnels risquaient de rendre les
élus locaux, qu’ils étaient souvent eux-mêmes, pénalement
responsable des homicides ou des blessures involontaires dus aux
défauts de sécurité d’ouvrages ou d’activités publiques juridiquement
placés sous leur contrôle96.
C- la maladresse :
D- l’inattention:
96
- S. JACOPIN, « Mise au point sur la responsabilité pénale des élus et des agents publics : limitation ou
élargissement des responsabilités ? », D. 2002. 507 ; Y. MONNET, « Regards sur la nature de la faute civile et
celle de la faute pénale dans les infractions non intentionnelles », Mélanges J. BUFFET ; LPA 2004. 335 s. « Des
décisions alors récentes des juges du fond les avaient alertés » : Grenoble 5 août 1992, JCP 1992. II. 21959,
note P. SARRAZ-BOURNET (responsabilité pénale d'un maire d'une commune sur laquelle se trouvait une
station de sports d'hiver, pour n'avoir pas pris les mesures visant à sécuriser les pistes de ski pour le cas
d'avalanche).
42
De ce fait, même si le dommage en lui-même n’a pas été
intentionnellement prévu, une faute a été constatée, elle est donc
punissable. Il s’agit donc d’un manquement à une obligation, ou d’une
simple conduite peu prudente.
97
- V. entre autres : Crim. 30 janv. 1913, Bull. crim. N° 53 ; Crim. 27 mai 1948, Bull. crim. N° 145 ; Crim. 17 déc.
1953, Bull. crim. N° 347 ; Crim. 3 nov. 1955, Bull. crim. N° 447 ; Crim. 9 mai 1956, Bull. crim. N° 355 ; Crim. 14
févr. 1996, Bull. crim. N° 78. Sur ce sujet, depuis l'entrée en vigueur de la loi du 10 juillet. 2000, cf. en particulier
: PH. CONTE, « L'obscur article 121-3 du code pénal », D. 2014. 1137.
43
Tout d’abord, la faute de mise en danger délibérée concerne
celui qui, sachant pertinemment qu'il désobéit à la loi ou au règlement,
prend ainsi le risque - qui, de fait, s'est bel et bien réalisé - de causer
un dommage à autrui. Une violation par simple maladresse ou
inattention ne suffit donc pas ; il faut une transgression consciente.
Un tel comportement s'apprécie toujours in concreto : il doit être établi
que l'auteur savait effectivement qu'il enfreignait des règles précises
que lui imposaient la loi ou le règlement. Même si elle est encore peu
abondante, la jurisprudence s'est d'ores et déjà fixée en ce sens. Un
arrêt a ainsi relaxé un prévenu parce qu'il « ignorait effectivement » les
mesures qui auraient dû être prises98 ; à l'inverse, diverses personnes
ont été condamnées car les faits démontraient qu'elles avaient
volontairement décidé d'enfreindre telle ou telle règle de sécurité 99, ou
encore parce que leur attention avait été attirée à de multiples reprises
sur l'absence de telles mesures 100. Çà et là, c'est toujours la conscience
effective de la transgression qui est recherchée. Cette conscience doit
être « manifeste », est-il précisé. Il faut, en d'autres termes qu'elle
résulte à l'évidence des faits de l'espèce 101. État psychologique, la
conscience de l'agent doit être suffisamment claire : le doute sur ce
point profite à l'accusé. Il va cependant de soi que, plus la norme
transgressée est fondamentale pour la sécurité des personnes, plus le
caractère délibéré de cette transgression sera facilement admis 102.
98
- Douai, 26 mars 2002, JCP 2003. IV. 1041.
99
- Crim. 12 sept. 2000, Bull. crim. N° 268 ; D. 2000. 282, et les obs. ; RDI 2001. 67, obs. M. SEGONDS ; Dr. soc.
2000. 1075, note P. MORVAN ; RSC 2001. 154, obs. B. BOULOC ; ibid. 156, obs. Y. MAYAUD ; ibid. 399, obs. A.
CERF-HOLLENDER ; ibid. 824, obs. G. GIUDICELLI-DELAGE ; RTD com. 2001. 259, obs. B. BOULOC ; Dr. pénal
2001, comm. 3, obs. M. VERON ; Crim. 24 mai 2016, n° 14-88.401 (inédit). Dans le même sens : Rennes, 6 mars
2003, JurisData n° 2003-216059.
100
- Crim. 12 juin 2007, Bull. crim. N° 156.
101
- E. DREYER, « Droit pénal général », Litec, 4 éd., 2016, n° 860.
102
- V. Crim. 18 nov. 2008, Bull. crim. N° 232 : non-respect, par le propriétaire d'un aéronef, des dispositions
d'arrêtés relatifs au maintien de l'aptitude en vol des aéronefs (tenue du livret-moteur et du livret de
l'aéronef).
44
de la responsabilité pénale lorsque le dommage s’est réalisé à
l’évidence mais aussi lorsque la faute n’a causé aucun dommage. Cette
situation est prévue à l’article 223-1 du code pénal français en ces
termes « Le fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de
mort ou de blessures… ». Le législateur sanctionne donc l’individu qui «
expose » délibérément autrui à un risque immédiat de mort ou de
blessures, même si le « risque » auquel il est exposé ne se réalise pas.
45
arrêté municipal, que l'un deux avait récidivé deux jours plus tard, et
que les prévenus, qui étaient des pratiquants expérimentés, s'étaient
engagés sur une piste barrée par une corde et signalée par des
anneaux d'interdiction réglementaires, en dépit d'une mise en garde du
conducteur du télésiège104. La seule transgression consciente d'une
règle de prudence ou de sécurité suffit. Nul besoin que cette
transgression soit intentionnelle105. Nul besoin non plus que le prévenu
soit en outre conscient des risques que sa transgression fait courir à
autrui106 , même s'il est vrai que la conscience d'un tel risque est
implicitement comprise dans le fait de la transgression.
B- la faute caractérisée :
104
- Crim. 9 mars 1999, D. 2000. 81, note M.-C. SORDINO et A. PONSEILLE ; ibid. 227, obs. J. MOULY; RSC 1999.
581, obs. Y. MAYAUD ; ibid. 808, obs. B. Bouloc ; JCP 1999. II. 10188, note J.-M. Do CARMO SILVA.
105
- Contra : TGI Saint-Etienne, 10 août 1994, Gaz. Pal. 1994. 2. 775, RSC 1995. 575, obs. Y. MAYAUD.
106
- Crim. 16 févr. 1999, D. 2000. 9, note A. Cerf. Adde : TGI Saint-Etienne, 10 août 1994, préc. ; Angers, 27 nov.
2001, JCP 2002. IV. 2843. Contra : Grenoble 19 févr. 1999, D. 1999. 480, note M. Redon ; JCP 1999. II. 10171,
note P. Le Bas.
107
- Y. MAYAUD, « Retour sur la culpabilité non intentionnelle en droit pénal », D., 2000, chron, p. 603.
108
- TGI, La Rochelle, 7 septembre 2000, RSC, 2001, p. 159, obs. Y. MAYAUD.
46
exposant autrui à un risque d’une particulière gravité qu’elles ne
pouvaient ignorer.
109
- E. DREYER, « Droit pénal général », Litec, 4 éd., 2016, n° 843.
47
l'autre sont certes de même nature 110. Ce sont des fautes d'imprudence
qui, comme telles, s'apprécient in abstracto, par rapport au
comportement qu'auraient pu ou dû avoir une personne normalement
prudente et diligente placée dans les mêmes circonstances. Mais, si les
mots ont un sens, de l'une à l'autre devrait exister une différence de
degré.
48
censure de la haute juridiction, alors que l'on ne sait pas très bien en
quoi les fautes qu'ils retiennent sont d'une intensité particulière 116. La
Cour de cassation a d'ailleurs prêté la main à ce mouvement en
requalifiant motu propio en fautes caractérisées des comportements où
les juges du fond n'avaient vu au départ que des fautes simples 117.
116
- V. Crim. 27 mars 2001, n° 00-83.799, inédit, RDI 2001. 509, obs. M. SEGONDS ; Crim. 22 mai 2001, n° 00-
86.692, inédit ; Crim. 6 juin 2001, n° 00-86.683, inédit. Un arrêt pourtant publié paraît même confondre faute
caractérisée et faute simple : Crim. 11 juin 2003, Bull. crim. N° 121.
117
- V. Crim. 12 sept. 2006, Bull. crim. N° 219 ; Crim. 18 nov. 2008, Bull. crim. N° 233. La requalification était
nécessitée par le fait que, selon la Cour de cassation, les juges du fond avaient considéré à tort que les
prévenus étaient les auteurs directs des coups et blessures ou de l'homicide.
118
- Crim. 20 févr. 2001, n° 00-83.880, inédit : « Claude X., compte tenu de ses qualifications, ne pouvait
ignorer... ».
119
- Crim. 2 déc. 2003, Bull. crim. N° 226 ; Dr. pénal 2004, comm. 17, obs. M. VERON : « Claude X. [...] ne
pouvait ignorer eu égard à son expérience de praticien et aux informations qui lui étaient communiquées... ».
120
- Crim. 10 déc. 2002, Bull. crim. N° 223 : « l'institutrice, qui ignorait que (l'enfant) se livrait depuis peu au jeu
dangereux dont il a été victime, n'a pas [...] commis de faute caractérisée exposant la victime à un risque
qu'elle ne pouvait envisager ».
49
celle qui est l’objet de la poursuite, sans toutefois se fier à son aptitude
psychologique121.
121
- MC.SORDINO, « Droit pénal général », Ellipses, 2002, p.127.
122
- P.KOLB.L.LETURMY, « Droit pénal général », Lextenso.5éme éd 2010.p.127.
123
- C.RUET, « commentaire de la loi du 13 mai 1996 relative à la responsabilité pénale pour des faits
d’imprudence ou de négligence », RSC.1998, P.23.
50
manquement, lorsque « l’auteur des faits a accompli les diligences
normales compte tenu, le cas échéant, la nature de ses missions ou des
ses fonctions, de ses compétences 124 ainsi que du pouvoir et des moyens
dont il disposait ». Une partie de la doctrine française n’a pas hésité à
fustiger la rédaction retenue par cet article. Que la négligence puisse
être excusée par des diligences normales est une donnée qui peut
paraitre au premier abord assez cocasse. D’autres ont vu dans les
circonstances évoquées de simples exemples qui ne liaient les juges. A
charge donc pour certains de motiver leur décision pour établir la
réalité de la faute et, le cas échéant, permettre à certains prévenus de
s’exonérer s’ils ont pris toutes les précautions. Ainsi tous les individus
exerçant une profession qui implique des responsabilités importantes
attendaient des conséquences favorables du mode d’appréciation in
concreto. Ils espéraient qu’il entrainerait des condamnations moins
fréquentes à leur endroit. Cependant, les premières décisions rendues
sous l’empire des dispositions rendues de cette loi montrent au
contraire une particulière à leur encontre. C’est ainsi que
l’accomplissement des diligences normales est rarement retenu comme
moyen d’exonération, que l’affaire concerne des chefs d’entreprises ou
de médecins ou les décideurs notamment publics.
124
- Le terme de compétence, entendu au sens juridique, ne renvoie pas aux aptitudes psychologiques ou
techniques de la personne poursuivie.
125
- MC.SORDINO, « Droit pénal général », Ellipses, 2002, p.94.
51
Il importe donc de distinguer la faute quasi-délictuelle (section 1)
de la faute contraventionnelle (section 2).
126
- L’article 78 du D.O.C dispose que : « chacun est responsable du dommage moral ou matériel qu’il a causé,
non seulement par son fait, mais par sa faute lorsqu’il est établi que cette faute en est la cause directe.
Toute stipulation contraire est sans effet.
La faute consiste soit à omettre ce qu’on était tenu de faire, soit à faire ce dont on était tenu de s’abstenir,
sans intention de causer un dommage. »
127
- J-C.SCHMIDT, « Faute civile et faut pénale », recueil Sirey, 1928, p.3.
52
fait de laquelle le dommage a été causé, et d’autre part la victime,
c’est-à-dire celle qui a subi le dommage128.
53
et des contrats. En d’autres termes, la faute pénale se confond-t-elle
avec la faute civile ou bien sont-elles distinctes ?
54
Cette même position a été adoptée par la jurisprudence
française au début du 20éme siècle en affirmant l’identité des fautes
pénales et civiles dans les arrêts de la Cour de cassation du 18
Décembre 1912 et Juin 1914. Certes, la loi Fauchon a remis en cause
cette assimilation en consacrant la dualité de la faute pénale et de la
faute civile d’imprudence. Mais, il ne s’agissait que d’une consécration
partielle. Cette possibilité ne vise que l’infraction qualifiée. Dans ce cas
seulement, une relaxe prononcée par le juge pénal n’empêche pas la
victime de saisir ultérieurement le juge civil pour obtenir
l’indemnisation de son préjudice133.
133
- V. BOUCHARD, « Droit pénal » éditions Foucher, 2009, p.45.
134
- Ibid.,
55
Dans le cadre de la faute contraventionnelle, nous nous limitons
à l’étude de cette notion et son domaine (Paragraphe1), et nous
précisons l’élément fautif et volonté de cette faute (Paragraphe2).
135
- MC.SORDINO, « Droit pénal général », Ellipses, 2002, p.103.
136
- M.RASSAT, « Droit pénal général », Ellipses, 2éme éd, 2006, p.347.
56
en principe prouver l’existence de tous les éléments constitutifs des
infractions qu’il poursuit et donc l’élément moral des infractions
intentionnelles ou non intentionnelles est ici dispensé de cette preuve.
L’existence de l’élément moral est déduite de la seule constatation que
l’agent a matériellement commis les faits qui lui sont reprochés 137.
(Excès de vitesse, un stationnement irrégulier…etc.)
137
- M.RASSAT, « Droit pénal général », Ellipses, 2éme éd, 2006, p.347.
138
- L’article 124 du code pénal.
57
le délit de pollution a seulement le caractère d’une infraction
matérielle, que sa preuve n’a pas à être rapportée par le ministère
public et que le prévenu ne peut s’en exonérer que par la force
majeure. La chambre criminelle a également affirmé que le délit de
tenue d’un fichier informatique sans déclaration, sans autorisation de
la CNIL, était lui aussi un délit matériel. Ces délits étaient donc
relativement nombreux jusqu’à en vigueur du nouveau code pénal.
58
matériels ont connus un double sort. Pour certains la jurisprudence a
appliqué le mécanisme de l’article 339 de la loi d’adaptation. Ces
anciens délits matériels sont donc devenus des délits non
intentionnels, la Loi Fauchon s’applique et en cas de causalité
indirecte pour une personne physique, il faudrait prouver que cette
personne physique a commis une faute pénale qualifiée. Mais d’autres
anciens délits matériels n’ont pas connus le même sort. D’autres
anciens délits matériels ont été transformés en délits intentionnels,
donc relevant de l’article 121-3 al 1, mais ce sont des délits
intentionnels particuliers, dans la mesure où la chambre criminelle
affirme que la seule constatation de la violation en connaissance de
cause d’une prescription légale ou réglementaire implique de la part de
son auteur l’intention exigée par l’article 121-3 du code pénal. En
théorie ces délits sont intentionnels, en pratique la présomption existe
toujours. C’est que la chambre criminelle a affirmé dans un arrêt du
12 Juillet 1994 à propos de la construction sans permis, cette formule
a deux conséquences, d’abord s’il s’agit d’un délit intentionnel le
mécanisme de la loi Fauchon ne joue pas, car cela ne joue que pour les
délits non intentionnels. De façon plus large, cette formule rend plus
facile l’établissement de la faute non intentionnelle alors que c’est
pourtant la faute la plus grave, C’est donc une formule et une
jurisprudence très contestable.
139
-L’article 116 du Code pénal marocain dispose que : « La tentative de contravention n’est jamais
punissable ».
140
- L’article 129 du Code pénal marocain : «… La complicité n’est jamais punissable en matière de
contravention ».
59
A- L’élément volonté dans les faits contraventionnels:
141
-L’article 135 du Code pénal marocain dispose que : « … En matière de contravention, il est fait application
de la peine, compte tenu de l'état mental du contrevenant ».
60
Pour renverser une telle présomption, l’agent se trouve dans la
position du responsable du fait des choses (article 88 du DOC 142). Il ne
peut qu’invoquer la force majeure que le CPM assimile à la contrainte,
fait justificatif.
Cette faute n’est pas présumée et obéit, dans son analyse, aux
normes dégagées à propos du dol général et du dol spécial. Seuls les
articles 116 et 129 du Code pénal marocain, remarquablement adaptés
à la faute contraventionnelle d’imprudence, viennent en matière de
tentative et de complicité conférer à la faute contraventionnelle
intentionnelle un aspect purement matériel : dans les deux cas il est
totalement fait abstraction de l’intention coupable.
142
- L’article 88 du DOC dispose que : « Chacun doit répondre du dommage causé par les choses qu'il a sous sa
garde, lorsqu'il est justifié que ces choses sont la cause directe du dommage, s'il ne démontre :
1° Qu'il a fait tout ce qui était nécessaire afin d'empêcher le dommage ;
2° Et que le dommage dépend, soit d'un cas fortuit, soit d'une force majeure, soit de la faute de celui qui en est
victime ».
61
Conclusion :
62
un problème d’identité entre la faute pénale et la faute civile se
superpose.
63
Bibliographie :
Ouvrages généraux :
64
Ouvrages spéciaux:
65
M.MERLE et VITU, « FAUTE D’IMPRÉVOYANCE », Cujas, 7éme édition,
Paris, 1997.
Les revues :
66
Textes législatifs :
67
Crim. 12 sept. 2000, Bull. crim. N° 268.
Crim. 24 mai 2016, n° 14-88.401.
Crim. 12 juin 2007, Bull. crim. N° 156.
Crim. 16 oct. 2007, Bull. crim. N° 246.
Crim. 9 mars 1999, D. 2000. 81.
Crim. 16 févr. 1999, D. 2000. 9.
Crim. 16 mai 2006, deux arrêts, Bull. crim. N° 136 et 137.
Crim. 5 déc. 2000, Bull. crim. N° 363.
Crim. 11 févr. 2003, n° 02-85.810, Bull. crim. N° 28.
Crim. 27 mars 2001, n° 00-83.799.
Crim. 12 sept. 2006, Bull. crim. N° 219.
Crim. 20 févr. 2001, n° 00-83.880.
Crim. 2 déc. 2003, Bull. crim. N° 226.
Source WEB :
https://www.lepetitjuriste.fr/la-notion-de-faute-et-le-droit-penal-larticle-121-3-du-code-
penal-2/
https://blogavocat.fr/space/icuilleretgauthier/content/theorie-sur-l-intention-element-
moral-de-l-infraction-penale_fb262be4-caa5-4514-acdb-31bd5d5524b2
https://cours-de-droit.net/la-faute-penale-intentionnelle-imprudence-absence-de-faute-
a127983026/
https://cours-de-droit.net/droit-penal-marocain-a126319460/
68
Table des matières
Dédicace
Remerciement
Sommaire
Introduction 1
69
Paragraphe3 : L’appréciation de la faute non intentionnelle par le juge pénal 50
Chapitre 2 : La faute quasi-délictuelle et la faute contraventionnelle 52
Section1 : La faute quasi-délictuelle 52
Paragraphe 1 : Le principe d’identité de la faute civile et la faute pénale 53
Paragraphe 2 : L’application de ce principe 54
Section 2 : La faute contraventionnelle 56
Paragraphe1 : La notion et le domaine de la faute contraventionnelle 57
Paragraphe 2 : L’élément volonté et l’élément fautif dans les faits contraventionnels 60
Conclusion 63
Bibliographie 65
Table des matières 70
70
71