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D. Blottière Mathématiques
Chapitre XV
Limites et continuité
6 Limites et inégalités 8
8 Continuité ponctuelle 10
où x0 ∈ {a, a + , a − , +∞, −∞} (a ∈ R) et l ∈ {b, +∞, −∞} (b ∈ R). Il y a donc 15 définitions à donner.
1. On suppose que I contient un intervalle du type ]?, +∞[ avec ? ∈ R. Intuitivement, cette hypothèse per-
met d’avoir « de la place dans D f pour se rapprocher de +∞ ».
l +ǫ
ǫ
l
l −ǫ
Cf
1
(b) On dit que la fonction f admet pour limite +∞ en +∞ si :
Cf
Cf
2. On suppose que I contient un intervalle du type ] − ∞, ?[ avec ? ∈ R. Intuitivement, cette hypothèse per-
met d’avoir « de la place dans D f pour se rapprocher de −∞ ».
Cf
l +ǫ
ǫ
l
l −ǫ
2
(b) On dit que la fonction f admet pour limite +∞ en −∞ si :
Cf
Cf
3. Soit a ∈ R. On suppose que D f contient un intervalle du type ]a−?, a[ ou un intervalle du type ]a, a+?[
avec ? > 0. Intuitivement, cette hypothèse permet d’avoir « de la place dans D f pour se rapprocher de a,
par la gauche, par la droite, ou par la gauche et la droite. ».
3
(a) On dit que la fonction f admet pour limite l ∈ R en a si :
Cf
l +ǫ
ǫ
l
l −ǫ
a −δ a a +δ
Cf
a −δ a a +δ
4
(c) On dit que la fonction f admet pour limite −∞ en a si :
a −δ a a +δ
δ
Cf
4. Soit a ∈ R. On suppose que D f contient un intervalle du type ]a−?, a[ avec ? > 0, ou ce qui revient au
même que D f ∩ ] − ∞, a[ 6= ;. Intuitivement, cette hypothèse permet d’avoir « de la place dans D f pour
se rapprocher de a, par la gauche ».
i.e. si :
ou bien encore :
i.e. si :
ou bien encore :
5
(c) On dit que la fonction f admet pour limite −∞ en a − si :
i.e. si :
ou bien encore :
5. Soit a ∈ R. On suppose que D f contient un intervalle du type ]a, a+?[ avec ? > 0, ou ce qui revient au
même que D f ∩ ]a, +∞[ 6= ;. Intuitivement, cette hypothèse permet d’avoir « de la place dans D f pour
se rapprocher de a, par la droite ».
i.e. si :
ou bien encore :
i.e. si :
ou bien encore :
i.e. si :
ou bien encore :
6
Exercice d’application 1.
Soit la fonction f définie par :
¯
¯ f
¯ : R \ {2} → R
¯
¯
¯ x
¯ x 7→
x −2
1. Démontrer que f (x) tend vers 1 quand x tend vers +∞ et interpréter graphiquement ce résultat.
2. Démontrer que f (x) tend vers +∞ quand x tend vers 2+ et interpréter graphiquement ce résultat.
alors l 1 = l 2 .
Exemple 1.
On considère à nouveau la fonction f de l’exemple précédent. Nous avons démontré que les limites de f en
+∞ et 2+ existent et que leurs valeurs sont données par :
Remarque 2.
Soit f une fonction telle que f admet une limite en a − et une limite en a + , où a ∈ R. Que dire du comportement
de f en a si lim− f (x) = lim+ f (x) ?
x→a x→a
1. Si a ∉ D f , alors f admet une limite en a et l’on a :
2. Si a ∈ D f , alors f n’admet pas nécéssairement de limite en a, comme on peut le voir avec la fonction :
¯
¯ f : R → R
¯
¯
¯
¯ 1 si x < 0 .
¯
¯ x 7→ −1 si x = 0
¯
¯ 1 si x > 0
Exercice d’application 2.
Étudier les limites éventuelles de la fonction partie entière en un point a ∈ R.
7
Exemple 2.
La fonction cosinus est localement strictement positive en 0.
Théorème 2 (Avoir une limite finie implique être localement bornée).
Soit f une fonction. Soit x0 ∈ R. On suppose que f admet une limite finie en x0 , i.e. que :
f admet une limite en x0 et lim f (x) ∈ R.
x→x 0
6 Limites et inégalités
Théorème 5 (Passage à la limite dans une inégalité large).
Soient f et g deux fonctions admettant une limite en x0 ∈ R. Si f ≤ g localement en x0 , alors :
lim f ≤ lim g .
x→x 0 x→x 0
Exercice d’application 6.
Soit f une fonction admettant une limite finie en 0.
1. Que dire du signe lim f (x) s’il existe α > 0 tel que f > α localement en 0 ?
x→0
2. Que dire du signe lim f (x) si f (x) > x 2 localement en 0 ?
x→0
où x0 ∈ R. Alors : ¯
¯ (a) g admet une limite finie en x0 ;
¯
¯ (b) lim f (x) = lim g (x) = lim h(x).
¯ x→x 0 x→x 0 x→x 0
8
Exercice d’application 7.
1. Étudier la limite éventuelle de la fonction :
¯
¯ f :
¯ R∗ → R
¯
¯ µ ¶
¯ 1
¯ x 7→ x sin
¯
x
en 0.
2. Étudier la limite éventuelle de la fonction :
¯
¯ f :
¯ R∗ → R
¯
¯
¯ cos(x)
¯ x 7→ p
¯
x
en +∞.
où x0 ∈ R. Alors :
1. Si f (x) → +∞, alors g (x) → +∞.
x→x 0 x→x 0
2. Si g (x) → −∞, alors f (x) → −∞.
x→x 0 x→x 0
Exercice d’application 8.
1. Étudier la limite éventuelle de la fonction :
¯
¯ f : R → R
¯
¯
¯
¯ x 7→ x 2 + cos(4x)
sinon
f (x) → − +∞.
x→b
sinon
f (x) → − −∞.
x→a
9
3. On suppose f décroissante sur I . On peut alors préciser les limites en a + et en b − .
(a) Si f est majorée alors
f (x) → + sup f (x) ∈ R
x→a x∈I
sinon
f (x) → +∞.
x→a +
sinon
f (x) → − −∞.
x→b
Exercice d’application 9.
Étudier la limite éventuelle de la fonction ϕ définie par :
¯
¯ ϕ : [1, +∞[ → R
¯
¯
¯ Zx
¯ t2
¯ x 7→ e− 2 dt
¯
1
en +∞.
8 Continuité ponctuelle
Définition 3 (Définition de la continuité en un point (resp. à gauche, à droite)).
Soit f une fonction définie sur un intervalle I (ou une réunion d’intervalles). Soit a un point de I .
1. f est continue en a si f (x) → f (a).
x→a
Remarque 3.
On conserve les notations de la définition précédente.
1. f est continue en a si et seulement si f est continue en a à droite et à gauche.
2. f est continue en a si et seulement si f admet une limite finie en a.
⇒ Si f est continue en a, alors il est clair que f admet une limite finie en a, puisque f (a) ∈ R.
⇐ Supposons que f admette une limite finie, notée l, en a. Alors pour tout ε > 0, il existe δ > 0 tel que
pour tout x ∈ I ∩ ]a − δ, a + δ[, | f (x) − l| ≤ ε. Comme a ∈ I ∩ ]a − δ, a + δ[, on en déduit :
| f (a) − l|
Si | f (a) − l| > 0, alors on obtient une absurdité en appliquant (⋆) avec ε = > 0.
2
Donc | f (a) − l| = 0 et par suite l = f (a).
10
Définition 4 (Prolongement par continuité d’une fonction).
Soit I un intervalle réel possédant une extrémité a ∈ R \ I . Soit f une fonction définie sur I .
1. On dit que f est prolongeable par continuité en a si f admet une limite finie en a.
2. Si f est prolongeable par continuité en a, alors le prolongement par continuité de f sur I ∪ {a} est la
fonction fe définie par : ¯
¯ fe : R → R
¯
¯
¯
¯ f (x) si x ∈ I
¯ .
¯
¯ x →
7
¯
¯ lim f si x = a
a
Théorème 9 (Image d’une suite de limite a par une fonction continue en a).
Soit f une fonction définie sur un intervalle I continue en un point a de I . Soit (un )n∈N une suite d’éléments
de I telle que un → a. Alors f (un ) → f (a).
Démonstration. On a un → a et f (x) → f (a) car f est continue en a. On applique alors le théorème 4 pour
x→a
obtenir f (un ) → f (a).
un+1 = e un
11
Démonstration.
1. Les résultats 1.(a), 1.(b) et 1.(c) découlent des résultats sur les opérations sur les limites. Démontrons
par exemple la propriété 1.(a) pour illustrer notre propos. Comme f et g sont continues en a, on a
f (x) → f (a) et g (x) → g (a). Par opération sur les limites (combinaison linéaire), on a donc :
x→a x→a
(λ. f + µ.g )(x) := λf (x) + µg (x) → λf (a) + µg (a) =: (λ. f + µ.g )(a).
x→a
Démonstration. Ce théorème est une conséquence de sa version ponctuelle, i.e. du théorème 10.
1.5
f (b)
1.0
0.5
a
× × ×
−1.5 −1.0 −0.5 0.5 1.0 1.5 2.0 2.5 3.0 3.5 4.0 4.5 5.0
b
−0.5
Cf
−1.0
f (a) −1.5
−2.0
12
Démonstration. Quitte à changer f en − f , on peut supposer que f (a) < 0 et f (b) > 0.
On construit deux suites (an )n∈N et (b n )n∈N , par récurrence, comme suit.
• On pose a0 = a et b 0 = b. On a :
. a ≤ a0 ≤ b0 ≤ b ;
. f (a0 ) ≤ 0 et f (b 0 ) ≥ 0 ;
. b 0 − a0 = b − a.
Puisque an ≤ an+1 et b n+1 ≤ b n , pour tout n ∈ N, a suite (an )n∈N est croissante et la suite (b n )n∈N est décrois-
sante. De plus comme pour tout n ∈ N, b n − an = (b−a) 2n , nous avons : b n − a n → 0. Les suites (a n )n∈N et (b n )n∈N
sont donc adjacentes.
Par le théorème des suites adjacentes, elles admettent toute deux une limite finie et lim an = lim b n . Notons
l ∈ R la limite commune des suites (an )n∈N et (b n )n∈N .
En passant à la limite dans l’inégalité a ≤ an ≤ b, valable pour tout n ∈ N, il vient a ≤ l ≤ b. Donc l ∈ [a, b].
Comme f est continue sur [a, b], elle est continue en l. Ainsi comme an → l, f (an ) → f (l). En passant alors à
la limite dans l’inégalité f (an ) ≤ 0, valable pour tout n ∈ N, il vient f (l) ≤ 0. De manière analogue, en utilisant
l’inégalité f (b n ) ≥ 0, valable pour tout n ∈ N, on montre f (l) ≥ 0. Donc f (l) = 0.
Donc l ∈ [a, b] et f (l) = 0.
Démonstration. Il est clair que les propriétés 2 et 3 découlent de la propriété 1. Montrons donc cette dernière.
Soit (x1 , x2 ) ∈ I 2 et soit y compris entre f (x1 ) et f (x2 ). Sans perte de généralité, on peut supposer que x1 < x2 .
Soit la fonction : ¯
¯ g : [x1 , x2 ] → R
¯
¯ x 7→ f (x) − y.
On a g (x1 ) = f (x1 ) − y et g (x2 ) = f (x2 ) − y. Comme y est compris entre f (x1 ) et f (x2 ), on a :
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f (x1 ) ≤ y ≤ f (x2 ) et donc g (x1 ) ≤ 0 et g (x2 ) ≥ 0
ou
f (x2 ) ≤ y ≤ f (x1 ) et donc g (x1 ) ≥ 0 et g (x2 ) ≤ 0.
2. Donner un exemple graphique de fonction f définie sur un ensemble E qui n’est pas un intervalle de R,
continue sur E , telle que f (E ) n’est pas un intervalle.
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Théorème 15 (Calcul de l’image d’un intervalle par une fonction continue et strictement monotone).
Soit f une fonction telle que :
(a) f est définie sur un intervalle I de R ;
(b) f est continue sur I ;
(c) f est strictement monotone sur I . © ª
On a alors les résultats suivants, qui permettent de calculer f (I ) := f (x) : x ∈ I .
1. Si a et b sont les extrémités de I (avec a < b), alors il existe A, B ∈ R tels que :
f (x) → A et f (x) → − B.
x→a + x→b
f րր sur I f ցց sur I
I = [a, b] f (I ) = [A, B] f (I ) = [B, A]
I =]a, b] f (I ) =]A, B] f (I ) = [B, A[
I = [a, b[ f (I ) = [A, B[ f (I ) =]B, A]
I =]a, b[ f (I ) =]A, B[ f (I ) =]B, A[
Démonstration.
1. L’existence de limite finie ou infinie pour f en a + et b − résulte du théorème de la limite monotone pour
les fonctions (théorème 8). Le fait que si a ∈ I , lim f (x) = f (a) est une conséquence de la continuité de
x→a +
f sur I . De même on justifie que lim− f (x) = f (b) si b ∈ I .
x→b
2. On considère seulement un des cas, celui où :
¯
¯ I =]a, b] ;
¯
¯ f est strictement croissante sur I ;
¯
¯ lim f (x) = inf f (x) =: A ∈ R.
¯ + x→a x∈]a,b]
En particulier A ≤ f (x0 ) = y 0 .
. À ce stade on sait que A ≤ y 0 ≤ B. Il nous reste à prouver que y 0 6= A. On raisonne par l’absurde.
Supposons y 0 = f (x0 ) = A. On considère le point c := a+x 0
2 , qui est le milieu du segment [a, c].
Par croissance de f sur ]a, b], on a f (c) ≤ f (x0 ) = y 0 = A. D’autre part, on a A ≤ f (c) d’après (⋆).
Donc f (c) = A = f (x0 ), ce qui contredit la stricte croissance de f (car c < x0 ).
Définition 6 (Segment).
On appelle segment de R tout intervalle réel de la forme [a, b] où a et b sont des nombres réels tels que a ≤ b.
Exemple 3.
[1, 2] est un segment, mais ] − 1, 2], [2, 4[, ] − ∞, 3] ne sont pas des segments.
15
Théorème 16 (Extrema d’une fonction continue sur un segment).
Soit f une fonction définie sur un segment [a, b]. Alors f est bornée et atteint ses bornes, i.e. :
¯
¯ ∀ x ∈ [a, b] m ≤ f (x) ≤ M
2 2
¯
∃(m, M) ∈ R ∃(xm , x M ) ∈ [a, b] ¯ f (xm ) = m .
¯
¯ f (x ) = M.
M
4
M
Cf
× × × × × ×
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
a b
−1
m
−2
16
2. Donner deux exemples graphiques de fonction f définie sur un segment [a, b], non continue sur [a, b]
tout entier, mais ne vérifiant pas la propriété : f est bornée et atteint ses bornes.
Démonstration.
1. L’application ¯
¯ fe : I → f (I )
¯
¯ x 7→ f (x)
est bien définie et, par construction, surjective.
Comme f est strictement monotone, elle est injective (cf. corrigé de l’exercice 56 de la feuille n°8). On
en déduit que l’application fe est également injective.
2. • Le fait que la fonction ( fe)−1 soit bijective découle d’une propriété des applications réciproques éta-
blie dans le chapitre 3 (cf. théorème 12 du chapitre 3).
• La continuité de ( fe)−1 sur f (I ) est admise.
• Pour la stricte monotonie de ( fe)−1 , on ne considère que le cas où f est strictement croissante sur I .
Supposons donc f strictement croissante sur I et démontrons que ( fe)−1 est strictement croissante
sur f (I ).
Soit (y 1 , y 2 ) ∈ f (I )2 tel que y 1 < y 2 . On montre que ( fe)−1 (y 1 ) < ( fe)−1 (y 2 ) par l’absurde.
Supposons que ( fe)−1 (y 1 ) ≥ ( fe)−1 (y 2 ). alors comme f est (strictement) croissante sur I , on a :
f (( fe)−1 (y 1 )) ≥ f (( fe)−1 (y 2 ))
| {z } | {z }
fe◦( fe)−1 (y 1 ) fe◦( fe)−1 (y 2 )
et donc y 1 ≥ y 2 . Contradiction.
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Remarque 7.
Le théorème de la bijection joue un rôle crucial en mathématiques, par exemple :
1. pour construire de nouvelles fonctions, comme Arcsin, Arccos, Arctan (cf. chapitre 6) ;
2. pour compter le nombre de solutions d’une équation (cf. exemple suivant).
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