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Licence 1_SDL Système prosodique (2021-2022)

PLAN DU COURS

1. LA SYLLABE
1.1. La structure syllabique
1.2. Les types syllabiques
1.3. Constitution de la syllabe
1.4. Représentation arborescente

2. L’ACCENT
2.1. Les différents types d'accent
2.2. La place de l'accent
2.3. La fonction de l'accent

3. LE TON
3.1. Les différents registres tonals
3.2. La fonction distinctive du ton
3.3. L'étude du statut phonologique d'un ton

4. L’INTONATION
4.1. Les fonctions de l'intonation
4.2. Caractéristiques intonatives de quelques valeurs modales

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ducrot (Oswald), 1995, Nouveau dictionnaire encyclopédique des sciences du langage. Paris,
Seuil.
Garde (P.), 1968, L’accent, Paris, PUF.
Garric (Nathalie), 2007, Introduction à la linguistique, Paris, Hachette.
Maingueneau (Dominique), 2009, Aborder la linguistique, Paris, Seuil.
Monneret (Philippe), 2007, Exercices de linguistiques, Paris, PUF, Quadrige.
Schön (Jackie), 2008, La linguistique, Toulouse, Milan.
Vaissière (Jacqueline), 2006, La phonétique, Paris, PUF, « Que sais-je ? ».

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Introduction
La matière sonore est constituée de l’ensemble des phénomènes dits segmentaux et
suprasegmentaux ou encore des unités segmentales et suprasegmentales. En phonétique et
phonologie, les unités segmentales sont des unités de la chaîne phonologique segmentable c’est-
à-dire susceptibles d’être segmentées (des unités qu’on peut découper dans la chaîne parlée,
telles que les consonnes ou les voyelles). Les unités segmentales sont constituées de voyelles
et de consonnes. Quant aux unités suprasegmentales, ce sont des unités de taille supérieure.
Elles ne font pas directement partie de la chaîne phonologique segmentable. Cela revient à dire
que ces unités ne peuvent être isolées indépendamment des phonèmes mais qu'elles s'y ajoutent.
Elles n'ont pas d'existence propre sans eux. On compte au rang des unités suprasegmentales
principalement les traits prosodiques : le ton, l’accent et l’intonation. C'est ainsi que la
linguistique décrit souvent la prosodie comme la somme des phénomènes d’accentuation,
d’intonation et de ton connue sous le nom de phénomènes suprasegmentaux.
L’objectif de ce cours est d’initier les étudiants de la première année de linguistique à la
prosodie. Pour l’atteindre, nous examinerons l’un après l’autre le terme prosodie en ses
composantes : accent, ton, rythme et intonation mais aussi la syllabe en tant que support des
précédents.

1. LA SYLLABE
"On appelle syllabe la structure fondamentale qui est à la base de tout regroupement des
phonèmes dans la chaîne parlée. Cette structure se fonde sur le contraste des phonèmes appelés
traditionnellement voyelles et consonnes" Jean DUBOIS (2002:459).

1.1. La structure syllabique


La structure syllabique de la syllabe est déterminée par un ensemble de règles qui varient de
langue à langue. La syllabe est dite ouverte lorsqu'elle se termine par une voyelle. Quant à la
syllabe, elle répond à la structure terminée par une consonne.
Exemples :
Syllabe Ouverte (SO) : [ba] "banc"
Syllabe Fermée (SF) : [kaR] "car"

1.2. Les types syllabiques


Les types syllabiques sont divers. Les plus fréquents en pourcentages sont présentés dans le
tableau suivant :

français espagnol anglais allemand


CV 59,9 55,6 27,6 28,7
CVC 17,1 19,8 31,8 38,1
CCV 14,2 10,2 4,0 3,3
VC 1,9 3,1 11,9 9,8

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1.3. Constitution de la syllabe


La syllabe est formée de deux parties essentielles : une partie appelée noyau ou centre
constitué de phonèmes centraux (ou phonèmes syllabiques ou syllabèmes). Les syllabèmes sont
des unités phoniques qui peuvent fonctionner comme centre de syllabe, c'est-à-dire les voyelles
et les consonnes liquides [l] et [r] dans certaines langues comme le tchèque.
Elle comporte une partie marginale constituée de phonèmes marginaux ou asyllabèmes. On
appelle asyllabèmes, les phonèmes, surtout consonantiques, qui constituent la partie marginale
de la syllabe.

Structure Exemples
1. C V [va] "vent"
2. C V C [lak] "lac"
3. V C [aR] "art"

En général, les phonèmes vocaliques sont des syllabèmes et les consonnes des asyllabèmes ;
mais il y a des exceptions.

En français : seules les voyelles ont le statut de syllabèmes ; car il n'y existe pas de sonante
vocalisée : pas de [n̩] ou de [r̩], au contraire de l'anglais, du sanskrit ou encore du croate). Ainsi,
pour savoir combien de syllabes compte un mot français, il suffit de compter le nombre de
voyelles, qui formeront les syllabèmes (on séparera les syllabes par des points). Le mot français:
dextre : [dɛkstʁ̥] est composé d'une voyelle [ɛ] donc forme une syllabe.
Les consonnes finales de ce mot français ne sont pas noyau ou centre de syllabe. Si l'on
ajoute un ǝ caduc (lors de la lecture de vers, par exemple, devant consonne), on ajoute une
voyelle, donc une syllabe :
[dɛkstʁ̥ǝ] : deux voyelles = deux syllabes [dɛk.stʁ̥ǝ]

Autres exemples (les noyaux sont soulignés ; /C/ représente « toute consonne », /V/ « toute
voyelle ») :
- poésie [pɔezi] : trois voyelles = trois syllabes [pɔ.e.zi] = /CV.V.CV/ ;

Dans d'autres langues, il est possible de placer autre chose qu'une voyelle comme noyau
ou centre syllabique. Ce sont alors des consonnes vocalisées, « utilisées comme voyelle », mais
la plupart du temps des sonantes (ici représentées par /S/) :
- sanskrit vrkas [vr̩.kɐs] : deux noyaux = deux syllabes = /CS.CVC/ ;
- anglais little [lɪ.tl̩] : deux noyaux = deux syllabes = /CV.CS/ ;
- anglais written [ɹɪ.tn] : deux noyaux = deux syllabes: /CV.CS/ ;

2. L’ACCENT
"L'accent est un phénomène prosodique de mise en relief d'une syllabe, parfois plusieurs,
dans une unité (morphème, mot, syntagme)". DUBOIS (2002:3). "L'accentuation est la
proéminence d'énergie articulatoire qui se manifeste par une augmentation physique de

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longueur, d'intensité et, éventuellement, un changement de fréquences dans le passage de


syllabe inaccentuée à la syllabe accentuée". DUBOIS (2002:3-4).
La longueur, ou quantité, renvoie à la durée d'un phonème. La longueur d'un phonème peut
varier suivant la nature physique intrinsèque de ses réalisations concrètes : ainsi, les voyelles
ouvertes sont plus longues que les voyelles fermées. L'accent d'intensité est la mise en relief
d'une unité par un renforcement de l'énergie expiratoire ou intensité.

2.1. Les différents types d'accent


On distingue deux types : l'accent d'intensité et l'accent de hauteur.
L’accent d’intensité se réalise par une augmentation de l'intensité (force, puissance) sonore
lors de la prononciation d'une syllabe pour la mettre en évidence. Elle se caractérise donc par
une augmentation de l'intensité vocale touchant un ou plusieurs sommets de syllabe d'un mot
prononcée avec plus d'énergie, cette syllabe se détache des autres, dites atones, par sa plus
grande intensité sonore.
Quant à l'accent de hauteur, il met la syllabe en évidence par un changement de hauteur de
cette prononciation. Dans la plupart des cas, la langue aura donc une hauteur, une « note », de
base, appliquée à la plupart des syllabes, et une (ou plus rarement plusieurs) syllabe par mot
sera prononcée sur une note plus aiguë. C'est par exemple le cas du japonais, du suédois, ou du
grec ancien. Les langues tonales, au contraire des langues à accent de hauteur, voient chacune
de leurs syllabes porter un ton ou une variation de tons différents.

2.2. La place de l'accent


L'accentuation, selon la langue, peut être oxytonique, paroxytonique ou proparoxytonique.
Oxytoniser, c'est faire porter l'accent sur la dernière syllabe.
Un oxyton est un mot accentué sur la dernière syllabe. En français tous les mots sont des
oxytons. Un paroxyton est un mot accentué sur l'avant-dernière syllabe ou pénultième : la
majorité des mots italiens sont des paroxytons ('pane "pain", 'casa "maison"). Un proparoxyton
est un mot dont l'accent porte sur la syllabe qui précède l'avant-dernière syllabe
(antépénultième) comme dans le mot italien ('fulmine "foudre").

Dans certaines langues, l'accent est libre, c'est-à-dire qu'il peut porter sur une, deux ou trois
syllabe du mot ou plus. La place de l'accent dans le mot est libre (on ne peut déterminer sa
place à l’avance) et ne peut être connue que par la mémorisation de chaque mot. Exemples :
l'anglais, l'italien, l'espagnol, le russe etc.
En anglais l’accent peut se placer sur la dernière syllabe, la pénultième (avant-dernière
syllabe) ou l’antépénultième (qui précède la pénultième).

['æpl̩] (pénultième) apple


[bɪ'gɪn]; begin
['mɔːnɪŋ]; morning
[əd'vaɪs]; advice
[kə'mɑːnd]; command
[ɪ'kɒnəmɪ] (antépénultième) economy

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En castillan (langue officielle de l’Espagne = espagnol) l'accent dans les verbes tend à
remonter le « plus loin » possible (c'est-à-dire qu'il tombe sur la pénultième ou la finale ;
l'antépénultième et la pré-antépénultième sont là considérées « irrégulières » pour cette classe
lexicale). Au prétérit et au futur, cependant, sauf dans certains verbes irréguliers, il est souvent
attiré à la finale bien qu'elle soit vocalique :

enseñe [en'seɲe] « qu'il montre » ;


enseñé [ense'ɲe] « j'ai montré » ;
enseñará [enseɲa'ɾa] « il montrera ».

Dans d'autres langues, l'accent a une place fixe dans le mot. Dans ces langues, la place de
l'accent est plus ou moins déterminée : l'accent « tombe » toujours au même endroit dans le
mot. En règle générale, on détermine la place de l'accent en partant de la fin du mot.
En polonais (a) l'accent frappe toujours l'avant-dernière syllabe. En hongrois (b), l’accent tombe
sur la première syllabe.

(a) polonais :
['vɔda] eau
['ɔɡʲɛɲ feu
[mɛʃ'tɨzna] homme
[kɔ'bʲɛta] femme
['duʒɨ] grand

(b) hongrois :
['fold] terre
['fe:ɾfi] homme
['ɛn:i] manger
['in:i] boire
['e:jsɑkɑ] nuit

2.3. La fonction de l'accent

2.3.1. Démarcative
La fonction démarcative facilite le décodage des unités de sens ou syntagmes. Elle peut
servir à lever une ambiguïté en introduisant une joncture.
En polonais, l'accent frappe toujours l'avant-dernière syllabe. En français, l'accent tombe
toujours sur la dernière syllabe du mot, ce qui implique qu'il a une fonction démarcative et
permet de distinguer les limites des unités accentuelles.

En français
L'otarie : [lota'ri]
L'hôte a ri : ['lotari]

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La fonction démarcative sert à limiter. Elle est possible avec un accent déterminé et fixe. Un
tel accent permet de distinguer de manière plus précise les unités syntaxiques et sémantiques
fondamentales puisqu'on peut en reconnaître les limites (au contraire de ce qu'il se passe avec
l'accent libre).
Par exemple, il sera simple de découper une phrase hongroise (a) en mots puisque l'accent
tonique tombe toujours sur la première syllabe : chaque occurrence de l'accent marque la limite
entre la fin d'un mot et le début d'un mot suivant. C'est également l'exemple du polonais (b)
l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe.

(a) hongrois : l’accent tombe sur la première syllabe.


['fold'fe:ɾfi'ɛn:i'in:i'e:jsɑkɑ]

['fold] terre
['fe:ɾfi] homme
['ɛn:i] manger
['in:i] boire
['e:jsɑkɑ] nuit

(b) polonais : l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe.


['vɔda'ɔɡʲɛɲmɛʃ'tʃɨznakɔ'bʲɛta'duʒɨ]

['vɔda] eau
['ɔɡʲɛɲ feu
[mɛʃ'tʃɨzna] homme
[kɔ'bʲɛta] femme
['duʒɨ] grand

2.3.2. Distinctive
La place de l'accent peut avoir également une valeur distinctive. Dans les langues comme
l'anglais, l'italien, l'espagnol; le russe etc. l'accent est libre c'est-à-dire qu'il peut porter sur une,
deux ou trois syllabe du mot ou plus, et faire varier par là le sens du mot. L'accent a donc une
fonction distinctive qui permet, par exemple, d'opposer en :

anglais italien
'permit "permission" 'ancora "ancre"
per'mit "permettre" an'cora "encore"
'import "importation" 'debito "dette"
im'port "importer" de'bito "dû"

russe
'mouka "tourment"
mou'ka "farine"

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3. LE TON
Le terme ton est souvent réservé aux variations de hauteur qui affecte une syllabe d'un mot
dans une langue donnée. De ce point de vue, l'on parle de tons à registres.

3.1. Les différents registres tonals


Les registres sont des tons ne procédant que de différences de hauteur. Pour qu'il y ait
registre, il faut donc au minimum deux hauteurs opposables. Ils sont constitués de tons
ponctuels et de tons modulés

- Tons ponctuels
Quand une syllabe porte un registre et un seul sans modification de la haut eur musicale, on
parle de ton ponctuel. (S = syllabe)

H H
M
B B
S1 S2 S1 S2 S3
langue A langue B

En koulango : ló « Chante ! » lò « chanter »

Une langue comme le ngbaka (Adamawa oriental), possède trois registres :


- Haut (accent aigu dans la notation) ;
- Moyen (trait horizontal dans la notation) ;
- Bas (accent grave dans la notation).
Ainsi :
sɔ « animal » Haut
sɔ « chasser » Moyen
sɔ « queue » Bas

- Tons modulés
Quand une même syllabe porte plusieurs registres, il y a en même temps modification de la
hauteur musicale en passant d'un registre à un autre et modulation, on parle de tons modulés.
Ce qui est pertinent, cette fois-ci, c'est tout autant la hauteur que la modulation.

H H

B B
S1 S2

langue A langue B

mɛ « boire » attié

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3.2. La fonction distinctive du ton


La fonction distinctive du ton procède de la "minimalité" de la paire de mots en présence.
Une paire minimale renvoie à une paire de mots ayant un sens différent et dont le signifiant ne
diffère que par un tonème, comme l'attié.
[mɛ] ~ [mɛ]
"téter" "remplir"

3.3. L'étude du statut phonologique d'un ton


Pour définir le statut phonologique d’un ton, on s’appuie sur des oppositions par paires
minimales. Lorsque le ton a un statut phonologique, on l’appelle tonème. Le tonème est une
unité accentuelle de hauteur qui permet d'opposer deux unités significatives. Le tonème est au
ton ce que le phonème est au son. Les tonèmes sont pour ainsi dire des phonèmes propres aux
langues tonales.
Deux tons différents dont les conditions d'apparition sont déterminées par le contexte, mais
qui ont la même fonction distinctive, sont des allotones d'un même tonème.

Méthode suggérée

1. Faire la transcription phonétique des mots du corpus si ce n'est déjà fait.


Cf. Corpus 1.

Corpus 1
1. [epa] "ronflement"
2. [evi] "kola rouge"
3. [evi] "fils"
4. [epa] "poisson (espèce)"

2. Faire l'inventaire ou la liste des tons à l'étude.


Cf. Corpus 1.

Corpus 1
1. [epa] "ronflement"
2. [evi] "kola rouge"
3. [evi] "fils"
4. [epa] "poisson (espèce)"
Ce corpus compte trois (3) tons. Ce sont : [H], [B] et [BH].

3. Rechercher dans le corpus des paires minimales.


Cf. Corpus 1.

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Corpus 1
1. [epa] "ronflement"
2. [evi] "kola rouge"
3. [evi] "fils"
4. [epa] "poisson (espèce)"

On trouve deux paires minimales de ce corpus. Il y a opposition par paire minimale entre :
[H] / [B] et [B] / [BH].
- [H] / [B] Exemple : [epa] "ronflement" / [epa] "poisson (espèce)"
- [B] / [BH] Exemple : [evi] "kola rouge" / [evi] "fils"

4. S'il y a des paires minimales, ces tons sont considérés comme des tonèmes.
Cf. Corpus 1.
Les tons [H], [B] et [BH] sont des tonèmes.

5. S'il n'y a aucune paire, il faut faire la distribution.


Cf. Corpus 2.
La distribution d'un élément est la somme de tous les environnements de cet élément (ou
contexte). Le contexte est l'ensemble des éléments qui précèdent ou qui suivent une unité, son
environnement. Étant donné une unité A, l'environnement est constitué par les unités qui
précèdent ou qui suivent A et qui peuvent, d'une manière ou d'une autre, faire peser sur A
certaines contraintes. Lorsque les unités apparaissent dans les mêmes contextes, on dit qu'elles
ont les mêmes distributions, qu'elles sont équivalentes distributionnellement. Si elles n'ont
aucun contexte commun, elles sont alors en distribution complémentaire.

Corpus 2
1. [agba] "assiette"
2. [asi] "main"
3. [akpa] "côté"
4. [eba] "bâton"
5. [edɔ] "travail"
6. [ekɔ] "sable"

Aucune paire minimale ne permet d'opposer [H] et [BH].

La distribution du ton [H].


s_#
kp_#
k_#
Le ton [H] apparaît après des consonnes sourdes.

La distribution du ton [BH].


gb_#
b_#

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d_#
Le ton [BH] apparaît après des consonnes sonores.

6. Conclure après la distribution.


Les tons [H] et [BH] apparaissent dans des contextes différents. Ce sont des allotèmes d'un
même tonème.

4. L’INTONATION
L'exemple du français
L’intonation est décrite comme l’ensemble des variations de hauteur musicale qui
accompagnent l’émission d’une proposition, d’une phrase ou l’ensemble de l’énoncé.

4.1. Les fonctions de l'intonation


L'intonation peut avoir des fonctions distinctives et expressives.

L'intonation aurait une fonction distinctive (Ducrot, Schaeffer et collab., 1995 : 342)
lorsqu'elle permet précisément d'opposer une affirmation à une interrogation, à un ordre ou à
une simple exclamation.
Énoncé affirmatif : Tu es étudiant.
Énoncé interrogatif : Tu es étudiant ?
Énoncé impératif : Tu es étudiant.
Énoncé exclamatif : Tu es étudiant!

L'intonation a des fonctions expressives quand elle traduit des états d'âme, toutes sortes
d'émotions et de sentiments, comme le peur, la fatigue, la lassitude, l'irritation, la révolte, etc.
Différents types de classes d'émotions ont été retenus (Cf. Derivery, 1997 : 59), qui se
caractérisent par certains traits acoustiques :
- une absence d'intensité et de variations de hauteur conviendrait à l'expression du chagrin,
de la tristesse, de l'ennui, de la honte, etc.
Exemple : Voisin, je regrette pour votre fils.
- une intensité maximale et peu de variations de hauteur de la fréquence fondamentale
peuvent traduire l'affection, l'amusement, la gratitude, etc.
Exemple : Voisin, je regrette pour votre fils.
- une intensité maximale doublée de grandes variations de hauteur traduisent l'agacement,
l'irritation, la colère, la peur, etc.
Exemple : Voisin, je regrette pour votre fils.

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4.2. Caractéristiques intonatives de quelques valeurs modales


Les différentes modalités, l'assertion, l'exclamation, l'interrogation, l'ordre sont marquées
par des variations de la mélodie et par les différences de niveau tonal surimposées à la structure
syntaxique.
Nous recourrons souvent « Cours et exercices de prononciation française ; Prosodie » de
Grégoire H. C. (1972). La représentation symbolique de l’intonation étudiée se fait à l’aide
d’une portée musicale à quatre niveaux arbitrairement définis.
Le niveau 5 est exceptionnel. La voix n’atteint cette hauteur, ce registre aigu, que pour
exprimer une grande colère ou une immense admiration, en un mot des sentiments très violents.

Niveau 5
Niveau 4
Niveau 3
Niveau 2
Niveau 1

4.2.1. Continuation – Finalité


Les intonations de continuation et de finalité sont les intonations que l’on trouve sur les
phrases énonciatives, ou neutres, c’est-à-dire des phrases dans lesquelles n’entrent ni
interrogation, ni exclamation, ni volonté de donner un ordre, ni sentiment exprimé. Elles
énoncent simplement des faits.
Une intonation est dite de Continuation quand elle contribue à manifester une notion
d’inachèvement. Elle indique que la phrase continue. On peut la schématiser par un contour
mélodique issu du niveau 2 et atteignant le niveau 3.
Une intonation est dite de Finalité quand elle contribue à manifester une notion
d’achèvement. Elle se trouve sur une phrase énonciative. On peut la schématiser par un contour
mélodique issu du niveau 2 et descendant au niveau 1. Elle est marquée par une chute de la voix
sur la dernière syllabe de la phrase.
Exemples :
C'est beau. Il court bien. Ce film est mauvais. J’ai vu la foudre abattre un arbre.

4.2.2. Question – Interrogation


Le français dispose d’un certain nombre de procédés interrogatifs qui peuvent être répartis
en deux grandes classes intonatives : la question et l’interrogation.

La question
On appelle question l’intonation caractéristique des phrases interrogatives appelant une
réponse par oui ou par non l’interrogation étant alors dite totale. Elle porte sur l’ensemble de la
phrase.
On peut schématiser l’intonation de question par un contour mélodique issu du niveau 2 et
atteignant le niveau 4.
On la trouve à trois structures syntaxiques :
syntaxe énonciative simple : sujet-verbe-complément ;

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Il pleut? Il fait beau? Elle est étudiante?

syntaxe énonciative + particule est-ce que en début de phrase ;


Est-ce qu'il pleut? Est-ce qu'il est américain?

syntaxe à inversion sujet/verbe.


Vas-tu au cinéma? Court-il très vite?

L’interrogation
On appelle interrogation l’intonation caractéristique des phrases interrogatives comportant
un mot interrogatif (pronom, adverbe, adjectif). L’interrogation est partielle et ne porte que sur
un des composants de la phrase : le sujet, le verbe ou le complément. Elle peut être schématisée
par un contour mélodique issu du niveau 4 et atteignant le niveau 1.
Elle est liée aux trois mêmes structures syntaxiques avec adjonction d’un mot interrogatif.

Syntaxe énonciative + mot interrogatif à la fin


Cette syntaxe correspond à un parler familier ou relâché, mais elle est très fréquente dans la
conversation courante.
Tu pars quand ? Il part pourquoi ? Il a gagné lequel ?

Mot interrogatif + est-ce que ?


-Avec adverbe à l’initiale
Quand est-ce que vous vous mariez ? Où est-ce que qu’il l’a mis ?
Comment est-ce qu’il vient ?

-Avec pronom interrogatif à l’initiale


Qui est-ce qu’il attend ? Qu’est-ce que j’ai fait ? Lequel est-ce que tu prendras ?

Mot interrogatif + inversion


-Avec adverbe à l’initiale
Quand le sauras-tu ? Où allez-vous ? Comment a-t-il pu le deviner ?

-Avec pronom à l’initiale


Qui a-t-il vu ? Que fais-tu ici ? Lequel de mes costumes préfères-tu ?

4.2.3. Exclamation - ordre

L’exclamation
Elle peut être schématisée par un contour mélodique issu du niveau 4 et atteignant le niveau
1. Mais elle ne se confond pas avec l’intonation interrogative grâce à sa forme particulière. Elle
est caractérisée par une tenue au niveau 4, puis une chute de plus en plus rapide de la voix.
Quel danseur ! C’est merveilleux ! Qu’il a de la chance !

L’ordre
Une intonation d’ordre peut être schématisée par une chute mélodique brutale et régulière
issue du niveau 4 et atteignant, elle aussi, le niveau 1.
Écrivez ! Donnez-les-moi ! Allez les chercher !

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