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La traduction 

: une science ou un art ?


Les traductologues objectifs s’accordent sur le fait que la traduction est une tâche difficile et
délicate qui exige un grand talent. Ils démentent qu’elle soit une simple reproduction
littérale, une compétence stérile ou encore une transposition mécanique. C’est à travers les
mots et les expressions qui s’élaborent toujours dans la pensée, les émotions et l’existence
que le traducteur conduit son lecteur à découvrir un nouveau monde qui lui est facile
d’accès. C’est pourquoi, ils supposent que le traducteur en plus d’être capable de saisir les
nuances du mot et l’essence de la pensée, doit avoir la capacité de les transmettre au
lecteur.

L’idée que la traduction soit un art est certes une croyance ancienne et ancrée. Ainsi, les
orateurs romains avaient-ils recours à la traduction pour acquérir l’art de la rhétorique et le
raffinement du style. Les adeptes de la traduction littérale instaurée par l’imitation de la
traduction des textes sacrés considèrent leurs œuvres comme une inspiration divine non
dépourvues de créativité et d’esthétique, comme ce fût le cas des partisans des «  belles
infidèles » au XVIIIème siècle qui croyaient sans limite à l’importance de la liberté qui leur
permettait d’adapter l’origine de telle sorte qu’elle acquière une présence renouvelée dans
le milieu récepteur. Dans ce contexte, la liberté est l’équivalent de l’art et synonyme de la
création sans aucun doute. De nos jours, les traductologues contemporains ont décidé de
préserver la traduction dans le cadre de la création artistique et littéraire. A cela s’ajoute le
fait que la perspective scientifique de la traduction ne date pas d’aujourd’hui. Ainsi trouve-t-
on les prémices de cette perspective au moins depuis la moitié du XVII ème siècle, lorsque
Gaspard DE TENDE a remarqué en 1660 que ceux qui ont traduit avec brio les mêmes mots
et les mêmes phrases ont adopté les mêmes procédés et ont fait appel à la même méthode
de traduction. Il visait par-là la confirmation de l’existence d’un « système fixe et continu »
d’inspiration divine qui impose aux traducteurs une voie bien tracée dans la traduction. Et de
conclure que l’art de traduire, à l’instar des autres arts est doté de règles fixes et constantes.

Hassan BAHRAOUI, L’Asile de l’étranger, Etudes poétiques de la traduction, Centre national,


1ère édition, Le Caire, pp : 70-71.

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