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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

RÉPUBLIQUE DE CÔTE D'IVOIRE


UNION-DISCIPLINE-TRAVAIL

-------------------------------
MINISTÈRE DE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

22 BP : 582 Abidjan 22
01 BP V 34 Abidjan 01 Tél. /Fax : 22 44 58 03
Tél. /Fax : +225 22 44 35 31 Courriel : biosciences@univ-cocody.ci
www.univ-cocody.ci ufrbiosciences@yahoo.fr

Laboratoire de Génétique

L3 BIOCHIMIE-GÉNÉTIQUE_ZOOLOGIE BIOLOGIE
ANIMALE_SCIENCES DE LA VIE ET DE LA TERRE
COURS MAGISTRAL UE GÉNÉTIQUE FORMELLE
ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Dr KOUASSI Abou

I
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

TABLE DES MATIÈRES


Les objectifs du cours…………………………………………………………………….. 1
Chapitre I
Les notions de base de la génétique……………………………………………………… 2
I – La naissance de la génétique…………………………………………………………… 2
II – Définition de l’état diploïde…………………………………………………………… 2
III – Les conséquences de l’état diploïde………………………………………………...... 3
III – 1. Notions de gène et de locus………………………………………………...... 3
III – 2. Notions d’allèle………………………………………………………………. 3
III – 3. Notion d’homozygotie et ses conséquences…………………………………. 4
III – 4. Notion d’hétérozygotie et ses conséquences…………………………………. 4
IV – Notion de mode d’action des gènes………………………………………………...... 8
IV – 1. La dominance/récessivité…………………………………………………….. 8
IV – 2. La codominance………………………………………………………………. 8
IV – 3. La pénétrance d’un gène……………………………………………………… 8
IV – 4. L’expressivité d’un gène…………………………………………………....... 9
IV – 5. La pléiotropie…………………………………………………......................... 9
IV – 6. La polygénie………………………………………………….......................... 9
IV – 7. La létalité…………………………………………………............................... 10
V – Notions de génotype et de phénotype………………………………………………… 10
V – 1. Le génotype…………………………………………………............................ 10
V – 2. Le phénotype………………………………………………….......................... 10
Chapitre II
Analyse génétique portant sur la transmission d’un caractère gouverné par un gène
autosomique avec deux allèles (Hérédité autosomique) - Monohybridisme………….. 12
I – Symbolisation des allèles………………………………………………………………. 12
I – 1. Cas particulier de la drosophile………………………………………………… 12
I – 2. Cas des autres organismes……………………………………………………… 13
II – La ségrégation du caractère…………………………………………………………… 14
II – 1. Analyse portant sur le cas de la dominance/récessivité: Notion de test-cross 14
II – 2. Analyse portant sur le cas de la codominance………………………………… 18

I
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Chapitre III
Analyse génétique portant sur la transmission d’un caractère gouverné par un gène
lié au sexe avec deux allèles (Hérédité liée au sexe) - Monohybridisme ……………… 22
I – Le déterminisme génétique du sexe……………………………………………………. 22
II – Transmission des chromosomes sexuels et conséquences…………………………….. 23
III – Ségrégation d’un caractère lié au sexe 24
Chapitre IV
Analyse génétique portant sur la transmission de deux caractères gouvernés chacun
par un gène à deux allèles avec indépendance des deux gènes - Dihybridisme ……… 27
I – Les deux gènes sont localisés sur des chromosomes différents……………………....... 27
I – 1. Cas de la dominance/récessivité pour les deux couples d’allèles ……………… 27
I – 2. Cas de la codominance pour les deux couples d’allèles ……………………….. 31
I – 3. Cas de la dominance/récessivité pour un couple d’allèles et codominance
pour l’autre couple d’allèles……………………………………………………. 33
II – Les deux gènes sont portés par le même chromosome mais génétiquement
indépendants…………………………………………………………………………… 35
II – 1. Considérons le cas des organismes autres que la drosophile………………….. 35
II – 2. Le cas particulier de la drosophile…………………………………………….. 35
Chapitre V
Analyse génétique portant sur la transmission de deux caractères gouvernés chacun
par un gène à deux allèles avec liaison génétique - Dihybridisme ……………………. 37
I – Mise en évidence de la liaison génétique………………………………………………. 37
II – Calcul de la distance génétique en cas de liaison génétique………………………....... 38
II – 1. Étude du cas de l’hérédité autosomique pour les deux gènes…………………. 39
II – 1.1. Cas de la dominance/récessivité pour les deux gènes ………………… 39
II – 1.1.1 Croisement double hétérozygote x double hétérozygote…… 39
II – 1.1.2 Croisement double hétérozygote x hétérozygote pour un
gène et homozygote récessif pour l’autre gène …................... 42
II – 1.1.3 Croisement double hétérozygote x double homozygote
récessif….................................................................................. 43
II – 1.2. Cas de la codominance pour les deux gènes …………………………. 45
II – 1.2.1 Croisement double hétérozygote x double hétérozygote…… 45
II – 1.2.2 Croisement double hétérozygote x hétérozygote pour un

II
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gène et homozygote pour l’autre gène …................................. 46


II – 1.2.3 Croisement double hétérozygote x double homozygote……. 47
II – 1.3. Cas de la dominance complète pour un gène et de la codominance
pour l’autre gène……………………………………………………….. 47
II – 2. Analyse du cas de l’hérédité liée au sexe pour les deux gènes………………... 48
Chapitre VI
Analyse génétique portant sur la transmission de trois caractères gouvernés chacun
par un gène - Trihybridisme …………………………………………………………... 49
I – Mise en évidence des relations génétiques entre les trois couples d’allèles……………. 49
I – 1. Les trois couples d’allèles sont indépendants………………………………….. 49
I – 2. Deux couples d’allèles sont liés et indépendants du troisième………………… 50
I – 3. Les trois couples d’allèles sont physiquement liés avec les deux couples
d’allèles en position extrême génétiquement indépendants mais tous les deux
liés au couple d’allèles médian …………………………………………………. 50
I – 4. Les trois couples d’allèles sont liés deux à deux………………………………. 50
II – Principe d’établissement des cartes génétiques ou cartes factorielles………………… 50
III – Notion d’interférence chromosomique………………………………………………. 55
IV – Exploitation de C et I dans la résolution d’un problème de génétique………………. 56
IV – 1. Exploitation de I……………………………………………………………… 56
IV – 2. Exploitation de C…………………………………………………………….. 57
Chapitre VII
La complexité de l’analyse génétique chez les diploïdes……………………………….. 59
I – Les réalités de l’épistasie……………………………………………………………….. 60
I – 1. Action épistatique d’un gène dominant………………………………………… 61
I – 2. Action épistatique d’un gène récessif………………………………………...... 62
I – 3. Action épistatique de deux gènes dominants avec effets cumulatifs …………. 63
I – 4. Action épistatique de deux gènes dominants à effets non cumulatifs ………… 63
I – 5. Action épistatique de deux gènes récessifs…………………………………….. 64
I – 6. Action épistatique entre un gène dominant et un gène récessif………………… 65
II – Hérédité déterminée par un gène létal…………………………………………………. 66
III – Hérédité incomplètement liée au sexe……………………………………………....... 67
IV – Hérédité influencée par le sexe…………………………………………….................. 68
V – Hérédité limitée au sexe…………………………………………….............................. 69

III
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VI – Hérédité se rapportant aux chromosomes X attachés chez la drosophile……………. 70


VII – Hérédité d’un caractère gouverné par un gène à allèles multiples………………….. 73
VII – 1. Cas de la robe du lapin domestique………………………………………… 73
VII – 2. Cas des groupes sanguins du système ABO………………………………... 74
VIII- Analyse des arbres généalogiques ou pedigrees…………………………………....... 74
VIII – 1. Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle
(monogénique) récessive autosomique…………………………………………………….. 77
VIII – 2. Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle
(monogénique) dominante autosomique…………………………………………………… 78
VIII – 3. Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle
(monogénique) récessive liée au sexe……………………………………………………… 79
VIII – 4. Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle
(monogénique) dominante liée au sexe……………………………………………………. 80
VIII – 5. Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle
(monogénique) codominante autosomique………………………………………………… 82

IV
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

LES OBJECTIFS DU COURS

Dans son objectif général, ce cours se propose de faire comprendre les


mécanismes par lesquels les caractères héréditaires visibles ou non sont
transmis par les ascendants à leurs descendants. Nous disons bien caractères
héréditaires car ce ne sont pas tous les caractères que possède un individu qui le
sont. Par exemple, l’acquisition d’une musculature impressionnante par un
athlète sous l’effet de l’exercice physique est un caractère qui n’est pas
héréditaire. Les caractères héréditaires sont donc ceux dont l’expression dépend
du patrimoine génétique que l’individu qui les possède a reçu de ses parents.
Comme nous le savons, dans la cellule, ce patrimoine génétique est inscrit sous
forme de macromolécules codées d’ARN ou d’ADN, selon les organismes.
Au plan de ses objectifs spécifiques, ce cours tentera de montrer comment
mettre en évidence, dans un problème de génétique, les éléments ou facteurs
qui sont responsables de l’expression des caractères héréditaires (ce sont ces
facteurs génétiques que l’on appelle gènes). La mise en évidence du ou des
facteurs génétiques responsables de l’expression d’un caractère donné constitue
ce que l’on appelle l’étude de son déterminisme génétique.
Ce cours tentera de montrer aussi comment mettre en évidence les
relations qui existent entre ces facteurs génétiques. On parlera alors d’étude de
la relation entre les gènes.
En définitive, ce cours doit permettre de comprendre que les mécanismes
qui sont à l’origine de la grande variabilité que nous observons dans toutes les
populations d’espèces vivantes sont d’ordre génétique pour la plupart. On
comprendra alors le paradoxe génétique qui est que: «nous sommes les mêmes,
mais nous sommes aussi différents».

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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

CHAPITRE I: LES NOTIONS DE BASE DE LA GÉNÉTIQUE

I- LA NAISSANCE DE LA GÉNÉTIQUE
C’est au moine Autrichien GREGOR MENDEL que nous devons
l’élaboration des lois fondamentales qui régissent encore aujourd’hui la
génétique ou science de l’hérédité.
Les travaux de MENDEL qui ont conduit à l’élaboration de ces lois ont
été menés sur une espèce végétale Pisum sativum (le pois) de 1856 à 1865. Mais
les résultats fondamentaux obtenus par MENDEL tombèrent dans l’oubli car
l’environnement scientifique de cette époque n’était pas outillé pour les
comprendre. C’est en 1900 que trois chercheurs (HUGO DE VRIES,
CORRENS et TCHERMAK) ayant travaillé séparément ont redécouvert les lois
de MENDEL. Parallèlement, l’équipe américaine dirigée par THOMAS HUNT
MORGAN, après ses travaux réalisés sur la drosophile, élabore la théorie
chromosomique de l’hérédité. C’est alors que la génétique, comme science à
part entière, a dû prendre son envol avec le développement prodigieux que nous
connaissons aujourd’hui.
La théorie chromosomique de l’hérédité démontre que les facteurs
génétiques responsables de l’expression des caractères héréditaires appelés
gènes sont localisés sur les chromosomes. En d’autres termes, le sort que
subissent les chromosomes au cours de la méiose détermine aussi le destin des
gènes qu’ils portent, c’est-à-dire leur ségrégation dans les descendances.

II- DÉFINITION DE L’ÉTAT DIPLOÏDE


L’état diploïde est l’état d’un organisme ou d’une cellule qui possède
dans son patrimoine génétique deux lots ou stocks de chromosomes transmis
l’un par son père et l’autre par sa mère.
Chez un organisme ou une cellule diploïde, chaque chromosome est donc
représenté en deux exemplaires. C’est pourquoi on parle de chromosomes

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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

homologues. Le lot de chromosomes transmis par chaque parent est désigné par
la lettre n, si bien qu’un individu diploïde est un individu à 2n chromosomes.

Exemple: chez le maïs 2n = 20; chez l’homme 2n = 46; chez le chimpanzé 2n =


48; chez la drosophile 2n = 8

III- LES CONSÉQUENCES DE L’ÉTAT DIPLOÏDE

III-1- Notions de gène et de locus

Le gène, comme nous l’avons dit, est une portion d’une molécule d’ADN.
L’emplacement ou position qu’occupe le gène sur le chromosome constitue son
locus.
Comme exemple, prenons une molécule d’ADN telle que :
3’AGTAACCGTGAATTCC5’
5’TCATTGGCACTTAAGG3’
La partie en gras constitue un gène qu’on note par exemple A.

III-2- Notion d’allèle

Deux gènes sont dits allèles ou allélomorphiques lorsque l’un dérive de l’autre
T
par mutation. Par exemple, si la neuvième paire de bases de A ( ) est
A
remplacée par ( G) nous aurons un gène a tel que :
C
3’AGTAACCGGGAATTCC5’
5’TCATTGGCCCTTAAGG3’
La partie en gras constitue un nouveau gène qu’on note a.
Les gènes A et a sont des allèles.

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III-3- Notion d’homozygotie et ses conséquences

Un organisme ou une cellule diploïde est dit(e) homozygote si, par rapport à
un gène donné, les deux loci homologues qu’il (elle) possède sont occupés par le
même allèle du gène considéré.

A a
Exemple : ,
A a

Un individu qui possède l’un de ces deux génotypes est dit homozygote.
Un organisme ou une cellule diploïde homozygote produit à la méiose un seul
type de gamètes, quel que soit le nombre de gènes pour lesquels il est
homozygote.

Exemple :
 Un individu homozygote pour un gène
A A
méiose 100% de gamète
A

 Un individu homozygote pour deux gènes


A b A b A b
ou méiose 100% de gamètes
A b A b A b
ou 100% de gamètes
Un individu homozygote est encore appelé souche pure ou lignée pure ou
race pure

III-4- Notion d’hétérozygotie et ses conséquences


Un organisme ou une cellule diploïde est dit(e) hétérozygote si, par
rapport à un gène donné, les deux loci homologues qu’il (elle) possède sont
occupés par des allèles différents.

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Exemple:
Si un individu est hétérozygote pour un gène donné dont les deux allèles sont A
A
et a, son génotype est
a

Le nombre de types de gamètes qu’un individu hétérozygote peut produire


à la méiose dépend à la fois du nombre de gènes pour lesquels il est
hétérozygote et de la relation qui existe entre ces gènes.

 Si un individu est hétérozygote pour un gène comme par exemple le cas


A
que nous venons d’envisager, c’est-à-dire le génotype
a
Il produira à la méiose deux types de gamètes qui sont : 50% = 1/2 de gamètes
A a
et 50% = 1/2 de gamètes

 Si un individu est hétérozygote pour deux gènes physiquement


indépendants (gènes indépendants), par exemple A/a et B/b, son génotype est
A B
b
. Cet individu produira à la méiose quatre (4) types de gamètes de
a
A B a b A b a B
fréquences égales :1/4 , 1/4 , 1/4 , 1/4

 Si un individu est hétérozygote pour deux gènes physiquement liés mais


génétiquement indépendants, par exemple D/d et E/e, son génotype est :
D E D e
Cis ou trans
d e d E

Remarque: on dit que deux gènes sont physiquement liés mais génétiquement
indépendants lorsqu’ils sont séparés par une distance génétique au moins égale à
50 unités de recombinaison (50ur) sur le chromosome qui les porte.

A la méiose, l’individu double hétérozygote cis ou double hétérozygote trans


produira les mêmes types de gamètes (qui sont au nombre de quatre) avec la
D E d e D e d E
même fréquence :1/4 , 1/4 , 1/4 , 1/4 .

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NB : Les notions de distance génétique et de liaison génétique sont


négativement corrélées. En effet, lorsque la distance génétique est grande, la
liaison génétique est faible et vice-versa. C’est pourquoi deux gènes très
éloignés l’un de l’autre recombinent facilement par crossing-over.

 Si un individu est hétérozygote pour deux gènes physiquement et


génétiquement liés (on dit tout simplement gènes liés), par exemple X/x et Y/y,
X Y X y
son génotype est : Cis x y
ou trans
x Y

A la méiose, selon le génotype, nous aurons :


Gamètes produits Génotype cis Génotype trans
X Y Gamètes parentaux Gamètes recombinés
(majoritaires) (minoritaires)
x y Gamètes parentaux Gamètes recombinés
(majoritaires) (minoritaires)
X y Gamètes recombinés Gamètes parentaux
(minoritaires) (majoritaires)
x Y Gamètes recombinés Gamètes parentaux
(minoritaires) (majoritaires)

On s’aperçoit ainsi qu’en cas de liaison génétique de deux gènes, un individu


double hétérozygote produit à la méiose des gamètes parentaux majoritaires et
des gamètes recombinés minoritaires, car la liaison génétique signifie que les
deux gènes concernés sont séparés par moins de 50 unités de recombinaison
(50ur).

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Application numérique:
Si la distance génétique qui sépare X/x et Y/y est égale à 20 ur, nous aurons à la
méiose :
Gamètes produits Génotype cis Génotype trans

X Y
Gamètes parentaux = 40% Gamètes recombinés = 10%

x y
Gamètes parentaux = 40% Gamètes recombinés = 10%

X y
Gamètes recombinés = 10% Gamètes parentaux = 40%

x Y
Gamètes recombinés = 10% Gamètes parentaux = 40%

Remarque: si la distance génétique qui sépare X/x et Y/y était égale à 0 ur


(c’est-à-dire que ces deux gènes sont si fortement liés qu’il est impossible de les
séparer par crossing-over) alors, l’individu double hétérozygote ne produira à la
méiose que des gamètes parentaux.

Nous aurions eu à la méiose :


Gamètes produits Génotype cis Génotype trans

X Y
Gamètes parentaux = 50% Gamètes recombinés = 0%

x y
Gamètes parentaux = 50% Gamètes recombinés = 0%

X y
Gamètes recombinés = 0% Gamètes parentaux = 50%

x Y
Gamètes recombinés = 0% Gamètes parentaux = 50%

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IV NOTION DE MODE D’ACTION DES GÈNES

IV-1 – La dominance/récessivité
Considérons un individu diploïde de génotype hétérozygote pour un gène.
Si le phénotype que présente cet individu par rapport au caractère étudié n’est
imputable qu’à un seul des deux allèles en présence, on dit que l’allèle qui
s’exprime au niveau du phénotype est dominant et que celui qui ne s’exprime
pas est récessif. Par extension, le phénotype dépendant de l’allèle récessif est dit
récessif.

A
Exemple: Si [A] alors A est dominant et a est récessif
a

IV-2– La codominance
Considérons un individu diploïde hétérozygote pour un gène. Si le
phénotype que présente cet individu par rapport au caractère étudié est
imputable aux allèles en présence, on dit que ces allèles sont codominants. Dans
l’exemple du système de groupes sanguins ABO chez l’homme, les allèles A et
A
B sont codominants si bien que l’individu de génotype a le phénotype
B
[AB] correspondant au groupe sanguin AB.

IV-3 La pénétrance d’un gène


Lorsque le phénotype déterminé par un gène donné s’exprime
systématiquement chez tous les individus qui possèdent ce gène à l’état
homozygote ou hétérozygote, on dit de ce gène qu’il est complètement
pénétrant. Par contre, si le phénotype déterminé par ce gène s’exprime chez une
fraction seulement des individus qui possèdent ce gène à l’état homozygote ou
hétérozygote, on dit que ce gène est incomplètement pénétrant. C’est donc la
loi du tout ou rien. C’est l’exemple du gène récessif responsable de la jaunisse
hémolytique humaine qui a une pénétrance de 10%.

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IV-4 L’expressivité d’un gène


Le phénotype produit par un gène donné peut, dans certains cas, varier
dans de larges limites. Lorsqu’un gène produit des variations dans un même
phénotype, on dit que ce gène a une expressivité variable. L’expressivité d’un
gène est donc l’intensité avec laquelle le gène s’exprime au niveau du
phénotype. C’est l’exemple du gène dominant responsable de la polydactylie
(apparition de doigts surnuméraires ou supplémentaires) chez l’homme. Ce gène
a une expressivité variable dans la mesure où le nombre de doigts surnuméraires
et la taille de ces doigts varient d’un membre à l’autre et d’un individu à un
autre.

IV-5 La pléiotropie
C’est l’action d’un gène dont la présence dans le génotype se traduit par la
modification de plusieurs caractères distincts. Si nous considérons le cas du gène
de la drépanocytose chez l’homme, ce gène entraine non seulement une
modification de la forme des globules rouges, mais aussi des anomalies
cardiaque, rénale, pulmonaire, musculaire.

IV-6 La polygénie
On dit qu’il y a polygénie ou effet polygénique lorsqu’un même caractère
est gouverné par plusieurs gènes différents.
C’est par exemple le cas de l’intelligence, de la taille et du poids des
individus chez l’homme. C’est pourquoi l’hérédité de ces caractères est dite
quantitative. Leur ségrégation est imprévisible, car leur variation est continue.

IV-7 La létalité
Un gène dominant ou récessif est dit létal lorsque sa présence dans le génotype
entraine tôt ou tard la mort de l’individu qui possède ce gène. On parle de gènes

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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

létaux conditionnels pour ceux qui le sont dans certaines conditions (gènes
thermosensibles par exemple).

V- NOTIONS DE GÉNOTYPE ET DE PHÉNOTYPE

V-1 Le Génotype
Le génotype d’un individu peut être défini soit au sens large, soit au sens
restreint. Défini au sens large, le génotype d’un individu est l’ensemble des
gènes que cet individu a reçu de ses parents, donc son génome. Défini au sens
restreint, le génotype se rapporte à un ou quelques caractères. Dans ce cas, le
génotype est la constitution allélique ou structure allélique de l’individu par
rapport aux gènes qui déterminent le ou les caractères considérés.

V-2 Le phénotype
Tout comme le génotype, le phénotype d’un individu peut être défini soit
au sens large, soit au sens restreint. Défini au sens large, le phénotype est
l’ensemble des traits visibles ou invisibles que possède un individu à un moment
donné. Défini au sens restreint, le phénotype se rapporte à un ou quelques
caractères et dans ce cas, le phénotype correspond à chaque forme ou état du
caractère considéré.

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Réplication

Transcription Traduction
ADN ARN chaine polypeptidique
(Protéine)
(Génotype)
Expression

Caractère (phénotype)
Remarque: la relation entre le génotype et le phénotype (c’est-à-dire la relation
entre le gène et le caractère) nous est donné par le Dogme central de la Biologie
Moléculaire défini par Francis Crick en 1958.
Selon ce dogme, l’ADN est le support et stable de l’information génétique qui
définit les fonctions biologiques (reproduction, nutrition, excrétion, action sur
l’environnement, communication etc.). Cet ADN se réplique au cours de la
mitose. Il est transcrit en ARN qui n’a qu’une vie transitoire. Cet ARN assure
soit une fonction structurale (squelette de complexes nucléo-protéiques) soit une
fonction enzymatique (synthèse de protéines, exportation des protéines,
épissages des ARNm eucaryotes) soit une fonction de transport de l’information
génétique.
L’ARN de type messager (ARNm) est traduit en protéine par les ribosomes
(complexes nucléo-protéiques). On parle de traduction de l’ARN en protéine car
le langage change.

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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

ANALYSE GENETIQUE PORTANT SUR LA


CHAPITRE II: TRANSMISSION D’UN CARACTERE GOUVERNE
PAR UN GENE AUTOSOMIQUE AVEC DEUX
ALLÈLES (HÉRÉDITÉ AUTOSOMIQUE) -
MONOHYBRIDISME

I- SYMBOLISATION DES ALLÈLES

I-1 Cas particulier de la drosophile


Chez la drosophile (mouche du vinaigre), on connaît les caractéristiques
de la souche dite sauvage, c’est-à-dire la souche de référence. Chez cette souche,
le corps est gris, les yeux sont rouges briques, les ailes sont allongées avec des
bouts arrondis, les soies (poils) sont allongées le long du corps. A côté de la
souche sauvage, on a identifié plusieurs dizaines de souches mutantes. Ces
souches ont par exemple le corps noir ou jaune, les yeux blancs ou marrons, les
ailes découpées ou atrophiées etc. Pour symboliser un couple de gènes allèles
chez la drosophile, on utilise la première lettre du phénotype mutant dans
certains cas en minuscule pour désigner l’allèle mutant et la même lettre
affectée d’un signe (+) pour identifier l’allèle sauvage.

Exemple:

Jaune (mutant) j

Couleur Le couple
du d’allèles est
corps j/j+ ou j+/j

Gris (sauvage) j+
+

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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I-2- Cas des autres organismes

Chez tous les autres organismes, la symbolisation des allèles d’un


gène se fait en tenant compte de la nature de l’interaction qui existe entre
les allèles. Dans le cas de deux allèles en interaction de
dominance/récessivité, on utilise toujours la première lettre du phénotype
récessif en minuscule pour identifier l’allèle récessif et la même lettre en
majuscule pour identifier l’allèle dominant.

Exemple:

Jaune (dominant) B

Couleur Le couple
du grain d’allèles est
chez le B/b ou b/B
pois

Blanc (récessif) b

Dans le cas de deux allèles en interaction de codominance, on utilise la


première lettre de l’un des phénotypes homozygotes en majuscule pour identifier
l’un des allèles et la première lettre de l’autre phénotype homozygote en
majuscule aussi pour désigner l’autre allèle.

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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Exemple:

Rose x Rose

Blanc 1/4 Blanc B

Couleur
de la Rouge 1/4 Rouge Le couple d’allèles
R se note B/R ou R/B
fleur

Rose 1/2 Rose BR

II- LA SÉGRÉGATION DU CARACTÈRE

II-1- Analyse portant sur le cas de la dominance/récessivité – Notion de test-


cross
Si nous considérons, chez l’homme, l’exemple d’un caractère comme la
taille des individus et que par rapport à ce caractère nous considérons le
nanisme achondroplasique (phénotype dominant), les individus de taille
normale sont donc de phénotype récessif. Dans une population humaine, les
mariages ou croisements possibles par rapport à ce caractère, en ne tenant
compte que du phénotype, sont :
1- [nain] x [nain] 100 % [nain]
2- [nain] x [nain] 3/4 [nain] + 1/4 [normal]
3- [nain] x [normal] 100 % [nain]
4- [nain] x [normal] 1/2 [nain] + 1/2 [normal]
5- [normal] x [normal] 100 % [normal]

14
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Observations :
- Les croisements [nain] x [nain] donnent deux types de descendances: une
descendance homogène de phénotype [nain] ou une descendance en
ségrégation dans laquelle on obtient 3/4 de [nain] et 1/4 de [normal]
- Les croisements [nain] x [normal] donnent aussi deux types de
descendances: une descendance homogène de phénotype [nain] ou une
descendance en ségrégation dans laquelle on observe 1/2 de phénotype
[nain] et 1/2 de [normal]
- Les croisements [normal] x [normal] ne donnent qu’un seul type de
descendance : une descendance homogène de phénotype [normal].

Interprétation génétique:
- Les croisements [nain] x [nain] donnant deux types de descendance, on
peut dire qu’au phénotype [nain] peuvent correspondre deux génotypes
différents (un génotype homozygote ou un génotype hétérozygote).
- Le fait que les croisements [normal] x [normal] donnent toujours une
descendance homogène de phénotype [normal] nous permet de dire qu’au
phénotype [normal] correspond un seul génotype qui est homozygote.
- Le fait que des croisements [nain] x [normal] donnent dans certains cas
une descendance homogène de phénotype [nain] nous permet de dire que
le phénotype [nain] est dominant et que le phénotype [normal] est
récessif.
Formulons alors l’hypothèse que le caractère étudié est gouverné par un gène
autosomique à deux allèles. Compte tenu de tout ce que nous avons dit, le
couple d’allèles sera symbolisé par N/n ou n/N.
n [normal] [n]
N [nain] [N]
Écrivons alors le génotype de chaque croisement pour en déterminer la
descendance :

15
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

1 [nain] x [nain]

N N N N
x ou x
N N N n

N N N
100% 100% [N] 1/2 + 1/2 100% [N]
N N n

2 [nain] x [nain]
♂ N n
1/2 1/2

N N N N N
x 1/2 1/4 [N] 1/4 [N]
n n N n

n N n
1/2 1/4 [N] 1/4 [n]
n n
N
1/4
N n
3/4 [N] et 1/4 1/4 [n]
N n
1/2
n

3 [nain] x [normal] 4 [nain] x [normal]

N n N n
x x
N n n n

N N n
100% 100% [N] 1/2 1/2 [N] + 1/2 1/2 [n]
n n n
N
NB : Pour les croisements 4 , les fréquences dans lesquelles le parent
n
16
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

fournit les gamètes sont aussi les fréquences d’apparition des phénotypes [N] et
[n]

5 [normal] x [normal]

n n
x
n n

n
100% 100% [n]
n

Généralisons:
1) Si dans la descendance d’un croisement où est impliqué un caractère
avec deux phénotypes, on observe une ségrégation 3/4 – 1/4 ou 1/4 – 3/4 pour
les deux phénotypes, on conclut que :
- Le caractère étudié est gouverné par un couple d’allèles avec dominance
complète de l’un des allèles.
- Les deux parents croisés sont hétérozygotes.
- Le phénotype qui a la fréquence 3/4 est dominant et celui dont la fréquence est
1/4 est récessif.

2) Si dans la descendance d’un croisement où est impliqué un caractère


avec deux phénotypes, on observe une ségrégation 1/2 – 1/2 pour les deux
phénotypes, on conclut que :
- Le caractère étudié est gouverné par un couple d’allèles avec dominance
complète de l’un des allèles.
- Les deux géniteurs ou parents croisés sont l’un hétérozygote et l’autre
homozygote récessif.

17
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Notion de test-cross
Dans le cas de la dominance/récessivité, au phénotype dominant peuvent
correspondre deux génotypes. Pour déterminer avec précision le génotype d’un
individu de phénotype dominant, on réalise un croisement test ou test-cross.
Dans ce croisement, l’individu de phénotype dominant est appelé parent testé
puisqu’on le croise avec un individu de phénotype récessif qui constitue le
parent testeur.
Si dans la descendance d’un tel croisement on obtient une homogénéité
phénotypique, on conclut que le parent testé est homozygote.
Si au contraire, on obtient dans la descendance une ségrégation 1/2 – 1/2, on
conclut que le parent testé est hétérozygote.
C’est pourquoi on dit que le test-cross traduit dans sa descendance la
structure ou la composition quantitative et qualitative de la population de
gamètes issus du parent testé. En d’autres termes, les résultats du test-cross
reflètent en qualité et en quantité les gamètes produits par le parent testé.
C’est la seule situation chez les diploïdes qui nous permet de lire les produits de
la méiose à travers les phénotypes.

II- 2- Analyse portant sur le cas de la codominance


Considérons chez l’homme un caractère comme le système de groupes
sanguins MN. Par rapport à ce système, on distingue trois groupes sanguins dans
les populations humaines: le groupe M, le groupe MN, le groupe N.
Il s’agit donc ici d’un caractère avec trois phénotypes. Les croisements qui ont
lieu dans une population humaine n’impliquent que ces groupes :
1- Groupe M x groupe M 100% groupe M
2- Groupe N x groupe N 100% groupe N
3- Groupe MN x groupe MN 1/4 groupe M + 1/4 groupe N +
1/2 groupe MN
4- Groupe M x groupe N 100% groupe MN

18
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

5- Groupe M x groupe MN 1/2 groupe M + 1/2 groupe MN


6- Groupe N x groupe MN 1/2 groupe N + 1/2 groupe MN

Observations :
- Les croisements groupe M x groupe M et groupe N x groupe N ne
donnent qu’une descendance homogène de groupe M et une descendance de
groupe N respectivement.
- Les croisements groupe M x groupe N ne donnent qu’une descendance
homogène de groupe MN.
- Les croisements groupe MN x groupe MN donnent une descendance
hétérogène présentant une ségrégation : 1/4 groupe M + 1/4 groupe N + 1/2
groupe MN.
- Les croisements groupe M x groupe MN donnent une descendance
hétérogène avec une ségrégation : 1/2 groupe M + 1/2 groupe MN.
- Les croisements groupe N x groupe MN donnent une descendance
hétérogène avec une ségrégation : 1/2 groupe N + 1/2 groupe MN.

Interprétation génétique :
- Les croisements groupe M x groupe M ou groupe N x groupe N
donnant une descendance homogène de groupe M ou de groupe N, nous
pouvons dire qu’à chacun de ces deux groupes correspond un génotype
homozygote.
- Les croisements groupe M x groupe N donnant une descendance
homogène de groupe MN, différent des phénotypes parentaux, on peut dire
qu’on est en présence d’une codominance des phénotypes parentaux.
- Les croisements groupe MN x groupe MN donnant une descendance en
ségrégation où apparaissent les trois groupes sanguins, nous pouvons dire que le
groupe MN est hétérozygote.

19
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Si nous admettons que ce système de groupes sanguins est gouverné par un


couple d’allèles codominants, ce couple d’allèles sera symbolisé par M/N ou
N/M.
M [groupe M] [M]
N [groupe N] [N]
M et N [groupe MN] [MN]

Au plan génétique les croisements réalisés se présentent alors comme suit :


M M
(1) Groupe M x groupe M x
M M

M
100% [M]
M

N N
(2) Groupe N x groupe N x
N N

N
100% [N]
N

M M
(3) Groupe MN x groupe MN x
N N

M N M
1/4 [M] + 1/4 [N] + 1/2 [MN]
M N N

M N
(4) Groupe M x groupe N x
M N

M
100% [MN]
N

M M
(5) Groupe M x groupe MN x
M N

M M
1/2 [M] + 1/2 [MN]
M N

20
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

N M
(6) Groupe N x groupe MN x
N N

N M
1/2 [N] + 1/2 [MN]
N N

Généralisons
Si dans la descendance d’un croisement où est impliqué un caractère avec
trois phénotypes on observe une ségrégation 1/4 – 1/2 – 1/4 pour ces
phénotypes, on conclut que :
- Le caractère étudié est gouverné par un couple d’allèles codominants
- Les parents croisés sont hétérozygotes
- Les fréquences 1/4 correspondent aux deux phénotypes homozygotes et la
fréquence 1/2 correspond au phénotype hétérozygote.

21
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

ANALYSE GÉNÉTIQUE PORTANT SUR LA


TRANSMISSION D’UN CARACTÈRE GOUVERNÉ
CHAPITRE III:
PAR UN GÈNE LIÉ AU SEXE AVEC DEUX ALLÈLES
(HÉRÉDITÉ LIÉE AU SEXE) - MONOHYBRIDISME

I- LE DÉTERMINISME GÉNÉTIQUE DU SEXE


Lorsqu’on examine le caryotype d’un grand nombre d’espèces animales à
reproduction biparentale (espèces gonochoriques) on constate souvent
qu’une paire de chromosomes fait exception à la règle d’homologie. Cette paire
de chromosomes qui permet de distinguer le caryotype des mâles de celui des
femelles est constituée par des chromosomes particuliers appelés chromosomes
sexuels ou hétérochromosomes.
Si nous considérons l’exemple de l’homme (c’est le cas aussi de la
drosophile), la paire de chromosomes sexuels est notée XX chez les femelles et
XY chez les mâles. C’est pourquoi chez de telles espèces on dit que les femelles
sont homogamétiques et que les mâles sont hétérogamétiques.
La formule chromosomique chez ces espèces est donc :
Chez les femelles 2A + XX
A = Nombre haploïde d’autosomes
Chez les mâles 2A + XY
Chez d’autres espèces comme les oiseaux, le criquet, le papillon, c’est la
femelle qui est hétérogamétique et le mâle homogamétique. En effet, chez ces
espèces la paire de chromosomes sexuels est notée ZO chez les femelles et ZZ
chez les mâles. Leurs femelles sont donc 2A + ZO et leurs mâles 2A + ZZ.

22
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

II- TRANSMISSION DES CHROMOSOMES SEXUELS ET


CONSÉQUENCES
Si nous considérons l’exemple de l’homme, les deux chromosomes X de
la femelle sont parfaitement homologues, c’est-à-dire qu’ils s’apparient point
par point au cours de la méiose. Par contre chez le mâle, les chromosomes X et
Y sont partiellement homologues et ne s’apparient que sur une partie seulement
de leur longueur.
X
X

X Segment différentiel de X
Y Segment différentiel de Y
Segment homologue à X et Y

 Tous les gènes localisés sur le segment homologue à X et Y déterminent


ce que l’on appelle une hérédité incomplètement liée au sexe; dans cette
forme d’hérédité on peut avoir des mâles homozygotes et des mâles
hétérozygotes.
 Tous les gènes localisés sur le segment différentiel de X déterminent ce
que l’on appelle une hérédité liée au sexe; pour ces gènes, les mâles sont
des hémizygotes.
 Tous les gènes localisés sur le segment différentiel de Y déterminent ce
que l’on appelle une hérédité holandrique; seuls les mâles présentent les
phénotypes liés aux gènes holandriques.

Remarque: Il faut savoir que les deux chromosomes X des femelles, bien que
parfaitement homologues, sont génétiquement différents puisqu’ils peuvent
porter des allèles différents à chaque locus. D’où le tableau suivant :

23
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES


A partir de ce tableau nous faisons les observations suivantes :


1) Les individus de sexe masculin reçoivent l’un ou l’autre des deux
chromosomes X de leur mère. En conséquence, si le chromosome X reçu de la
mère porte un allèle dominant, leur phénotype sera dominant. Par contre, si le
chromosome X reçu de la mère porte un allèle récessif, leur phénotype sera
récessif. On peut donc dire que pour les caractères à hérédité liée au sexe,
c’est la mère qui détermine le phénotype de ses descendants mâles.

2) Les individus de sexe féminin reçoivent toujours le chromosome X


de leur père, d’une part, et l’un ou l’autre des chromosomes X de leur
mère, d’autre part. En conséquence, pour les caractères à hérédité liée au
sexe le phénotype que présentent les femelles dépend du type d’interaction
qui existe entre les allèles transmis par les chromosomes X de leur père et
de leur mère.

III – SÉGRÉGATION D’UN CARACTÈRE LIÉ AU SEXE


Nous ne traiterons que le cas de la dominance / récessivité
Considérons chez la drosophile l’exemple d’un couple d’allèles b+/b lié au sexe
(b+ dominant et b récessif)
b+ yeux rouges = [b+] [+]
b yeux blancs = [b]
Les génotypes possibles dans une population de drosophile sont :
Chez les femelles:

b+ b+ b

b+ b b
24
[+] [b]
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

b+ b
Chez les mâles:

[b+] [b]

Étudions quelques cas de croisements


♀ Yeux blancs x ♂ Yeux rouges ♀ Yeux rouges x ♂ Yeux blancs
1 [b] [b+] 2 [+] [b]
b b+ b+ b

b b+

b+ b+
♀ [+] ♀ [+]
b b
F1 F1
b b+
♂ [b] ♂ [+]

Donc ♀ et ♂ sont sauvages en F1

En F2: ♀+ F1 x ♂ F1 ♂ F1 1/2
b+
♀ F1 1/2
b b+
[+] [+]
b b+ b+
b+ [+]
1/2 1/4 [+] 1/4
+
b

Chez les ♀ : 100% [+] b b+ b


1/2 1/4 [+] 1/4 [b]
F2 b
Chez les ♂ : 50% [+] ; 50% [b]

Remarque:
1- Dans tous les cas de dominance/récessivité, lorsqu’un croisement est
réalisé dans le sens femelle de phénotype récessif par mâle de phénotype
dominant et que dans la descendance les mâles ont le phénotype récessif de leur
mère, et les femelles le phénotype dominant de leur père (on parle de chassé-
croisé des phénotypes), on conclut que le caractère étudié a une hérédité liée au
sexe. Si dans la descendance de ce même croisement on constate que les mâles

25
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

et les femelles présentent le même phénotype, on conclut que ce caractère a une


hérédité autosomique.

2-Dans tous les cas de dominance/récessivité, lorsqu’un croisement est


réalisé dans le sens femelle de phénotype dominant (souche pure) par mâle de
phénotype récessif, on obtient dans la descendance le même phénotype
dominant pour les mâles et pour les femelles ; il est alors impossible de préciser
la nature de l’hérédité. C’est pourquoi on réalise la F2 en croisant femelle F1 par
mâle F1.
 En cas de liaison au sexe, on observe qu’en F2 toutes les femelles sont de
phénotype dominant alors que les mâles ont pour moitié le phénotype
dominant, et pour moitié le phénotype récessif.
 En cas de non liaison au sexe, on observe qu’en F2 mâles et femelles
présentent le même phénotype.

26
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

ANALYSE GÉNÉTIQUE PORTANT SUR LA


TRANSMISSION DE DEUX CARACTÈRES
CHAPITRE IV:
GOUVERNÉ CHACUN PAR UN GÈNE À DEUX
ALLÈLES AVEC INDÉPENDANCE DES DEUX
GÈNES - DIHYBRIDISME

Nous n’étudierons ici que le cas de l’hérédité autosomique


I- LES DEUX GÈNES SONT LOCALISES SUR DES CHROMOSOMES
DIFFÉRENTS
I-1- Cas de la dominance/récessivité pour les deux couples d’allèles
Considérons chez l’homme l’exemple de deux caractères gouvernés
chacun par un gène à deux allèles (un couple d’allèle), les deux couples d’allèles
étant portés par des autosomes différents.
C’est par exemple le cas de la drépanocytose avec un couple d’allèles D/d (D
dominant et d récessif) et de l’albinisme avec un couple d’allèles A/a (A
dominant et a récessif).
d drépanocytose = [d]
D normal = [D] = non drépanocytaire
a albinos = [a]
A normal = [A] = non albinos
Par rapport à ces deux couples d’allèles, il existe neuf génotypes possibles qui
sont :
A D A d a D a d A D
I II III IV V
A D A d a D a d a d
A D a D A D A d
VI VII VIII IX
A d a d a D a d

Le nombre de croisements possibles par rapport à ces 9 génotypes est égal à :


 9  45 ;  nombre de croisements entre génotypes différents
2 2
C 9 C 9

27
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

9 = nombre de croisements entre génotypes identiques


Étudions quelques exemples de croisements
1er croisement : V x V
A D A D
X
a d a d

Échiquier du croisement


1/4 A D 1/4 A d 1/4 a D 1/4 a d

1/4 A D
[AD]1/16 [AD]1/16 [AD]1/16 [AD]1/16

1/4 A d
[AD]1/16 [Ad]1/16 [AD]1/16 [Ad]1/16

1/4 a D
[AD]1/16 [AD]1/16 [aD]1/16 [aD]1/16

1/4 a d
[AD]1/16 [Ad]1/16 [aD]1/16 [ad]1/16

On obtient 9/16 [AD], 3/16 [Ad], 3/16 [aD], 1/16 [ad];


soit une ségrégation 9-3-3-1

Exercice 1: Refaire l’échiquier de ce croisement en identifiant les génotypes


correspondant aux phénotypes

Remarque: Comme les deux couples d’allèles considérés sont indépendants, on


peut obtenir aussi cette ségrégation 9-3-3-1 en construisant ce qu’on appelle un
arbre des combinaisons phénotypiques comme suit :

28
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

3/4 [D] 9/16 [AD] = non drépanocytaire et non albinos

3/4 [A]

1/4 [d] 3/16 [Ad] = drépanocytaire et non albinos

3/4 [D] 3/16 [aD] = non drépanocytaire et albinos

1/4 [a]
1/4 [d] 1/16 [ad] = drépanocytaire et albinos

2e croisement : V x IX
A D A d
X
a d a d


1/4 A D 1/4 A d 1/4 a D 1/4 a d

1/2 A d
[AD]1/8 [Ad]1/8 [AD]1/8 [Ad]1/8

1/2 a d [AD]1/8 [Ad]1/8 [aD]1/8 [ad]1/8

On obtient 3/8 [AD], 3/8 [Ad], 1/8 [aD], 1/8[ad]; soit une segregation 3-3-1-1

Exercice 2: Refaire l’échiquier de ce croisement en identifiant les génotypes


correspondant aux phénotypes

Remarque : Compte tenu de l’indépendants des deux gènes, on peut retrouver


cette ségrégation 3-3-1-1 en construisant l’arbre des combinaisons
phénotypiques comme suit :

29
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

1/2 [D] 3/8 [AD] = non drépanocytaire et non albinos

3/4 [A]

1/2 [d] 3/8 [Ad] = drépanocytaire et non albinos

1/2 [D] 1/8 [aD] = non drépanocytaire et albinos

1/4 [a]
1/2 [d] 1/8 [ad] = drépanocytaire et albinos

3e croisement : V x IV
A D a d
X
a d a d

L’échiquier correspondant à ce croisement est :


1/4 A D 1/4 A d 1/4 a D 1/4 a d

a d
[AD]1/4 [Ad]1/4 [AD]1/4 [Ad]1/4

On obtient 1/4 [AD], 1/4 [Ad], 1/4 [aD], 1/4 [ad]; soit une segregation 1-1-1-1

Ce croisement correspond à un test-cross classique. La composition


phénotypique de sa descendance se déduit directement de la composition
génotypique de la population de gamètes issus du parent double hétérozygote

Exercice 3: Reprendre l’échiquier de ce croisement en identifiant les génotypes


correspondant aux phénotypes

30
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Remarque: On peut obtenir la même composition phénotypique de la


descendance en réalisant ce qu’on appelle un test-cross croisé qui correspond
au croisement VII x IX
A d a D
X
a d a d

1/4 [AD] , 1/4 [Ad] , 1/4 [aD] , 1/4 [ad] soit


; une ségrégation 1-1-1-1

I-2- Cas de la codominance pour les deux couples d’allèles


Dans une population d’une espèce végétale diploïde, on considère deux
couples d’allèles codominants R/B et H/N tels que :
B fleur blanche [B]
R fleur rouge [R]
BR fleur rose [BR]
H tige haute [H]
N tige naine [N]
HN tige moyenne [HN]
Puisque nous traitons le modèle de deux couples d’allèles physiquement
indépendants, neuf génotypes possibles existent dans la population considérée :
B H B N B H R H R N
I II III IV V
B H B N B N R H R N
R H B H B N B H
VI VII VIII IX
R N R H R N R N

Sur les 45 génotypes de croisements possibles qu’on peut avoir dans cette
population, considérons en quelques exemples:

B H R N
Exemple 1 : I x V X
B H R N

31
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

B H
Dans la descendance nous aurons qu’un seul génotype et un seul
R N
phénotype [BR HN] = tige moyenne, fleur rose

B H B H
Exemple 2 : IX x IX X
R N R N
Pour avoir la structure génotypique et phénotypique de la descendance on
construit l’échiquier du croisement. Pour obtenir la composition phénotypique
de la descendance, on construit l’arbre des combinaisons phénotypiques :

1/4 [H] 1/16 [BH] = fleur blanche, tige haute

1/4 [B] 1/4 [N] 1/16 [BN] = fleur blanche, tige naine

1/2 [HN] 2/16 [BHN] = fleur blanche, tige moyenne

1/4 [H] 1/16 [RH] = fleur rouge, tige haute


1/4 [R] 1/4 [N] 1/16 [RN] = fleur rouge, tige naine
1/2 [HN] 2/16 [RHN] = fleur rouge, tige moyenne

1/4 [H] 2/16 [BRH] = fleur rose, tige haute

1/2 [BR] 1/4 [N] 2/16 [BRN] = fleur rose, tige naine
1/4 [HN] 4/16 [BRHN] = fleur rose, tige moyenne

On obtient ainsi la ségrégation phénotypique 4-2-2-2-2-1-1-1-1

B H B H
Exemple 3 : VII x IX X
R H R N

1/2 [H] 1/8 [BH] = fleur blanche, tige haute


1/4 [B]

1/2 [HN] 1/8 [BHN] = fleur blanche, tige moyenne

32
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

1/2 [H] 1/8 [RH] = fleur rouge, tige haute

1/4 [R]

1/2 [HN] 1/8 [RHN] = fleur rouge, tige moyenne

1/2 [H] 2/8 [BRH] = fleur rose, tige haute

1/2 [BR]
1/2 [HN] 2/8 [BRHN] = fleur rose, tige moyenne

On obtient ainsi la ségrégation phénotypique 2-2-1-1-1-1

R H B H
Exemple 4 : IV x IX X
R H R N

1/2 [H] 1/4 [RH] = fleur rouge, tige haute


1/2 [R]
1/2 [HN] 1/4 [RHN] = fleur rouge, tige moyenne

1/2 [H] 1/4 [BRH] = fleur rose, tige haute


1/2 [BR]

1/2 [HN] 1/4 [BRHN] = fleur rose, tige moyenne

On obtient ainsi la ségrégation 1-1-1-1

Exercice 4: Construire l’échiquier de chacun des croisements réalisés ci-dessus

33
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I-3- Cas de la dominance/récessivité pour un couple d’allèles et


codominance pour l’autre couple d’allèles
Si nous considérons chez l’homme l’albinisme (phénotype récessif) et le
système de groupes sanguins MN, deux couples d’allèles A/a et M/N sont en
jeu:
A non albinos [A]
a albinos [a]
M groupe M [M]
N groupe N [N]
MN groupe MN [MN]
Les deux couples d’allèles étant indépendants, nous aurons neuf génotypes
possibles et 45 modèles de croisements. Etudions quelques croisements :

A M A M
Exemple 1 : X
a N a N
En appliquant la méthode de l’arbre des combinaisons phénotypiques, nous
aurons :

1/4 [M] 3/16 [AM] = non albinos, groupe M


3/4 [A] 1/4 [N] 3/16 [AN] = non albinos, groupe N

1/2 [MN] 6/16 [AMN] = non albinos, groupe MN

1/4 [M] 1/16 [aM] = albinos, groupe M

1/4 [a] 1/4 [N] 1/16 [aN] = albinos, groupe N

1/2 [MN] 2/16 [aMN] = albinos, groupe MN

Soit une ségrégation phénotypique 6-3-3-2-1-1

A M a M
Exemple 2: X
a N a N

34
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

En appliquant la méthode de l’arbre des combinaisons phénotypiques, nous


aurons :

1/4 [M] 1/8 [AM] = non albinos, groupe M

1/2 [A] 1/4 [N] 1/8 [AN] = non albinos, groupe N

1/2 [MN] 2/8 [AMN] = non albinos, groupe MN

1/4 [M] 1/8 [aM] = albinos, groupe M

1/2 [a] 1/4 [N] 1/8 [aN] = albinos, groupe N

1/2 [MN] 2/8 [aMN] = albinos, groupe MN

Soit une ségrégation phénotypique 2-2-1-1-1-1

II- LES GÈNES SONT PORTÉS PAR LE MÊME CHROMOSOME MAIS


GÉNÉTIQUEMENT INDÉPENDANTS

II-1- Considérons le cas des organismes autres que la drosophile:


Chez toutes les autres espèces, à l’exception de la drosophile, la méiose se
déroule normalement avec la production de crossing-over tant chez les mâles
que chez les femelles. Chez tous ces organismes donc, deux couples d’allèles
physiquement liés mais génétiquement indépendants ségrégent exactement
comme s’ils étaient portés par des chromosomes différents. Pour les différents
cas de ségrégation, voire les exemples de croisements précédents.

II-2- Le cas particulier de la drosophile


Sachant que chez cette espèce la méiose se déroule normalement chez les
femelles (avec la survenue de crossing-over) et que chez les mâles la méiose est
anormale (pas de crossing-over), les croisements femelles (cis) par mâles (cis)

35
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

ou les croisements femelles (trans) par mâles (cis) conduisent à la même


ségrégation : 5/8 – 1/8 – 1/8 – 1/8

v+ m+ v+ m+
Exemple: ♀ x ♂
v m v m
cis cis

v+ m+ v+ m+
1/4 1/2
v+ m v m
1/4 1/2
+
v m
1/4
v m
1/4

En construisant l’échiquier du croisement on obtient:


5/8 [v+m+], 1/8 [v+m], 1/8 [vm+], 1/8 [vm] ; soit une ségrégation 5-1-1-1.

Si on fait le croisement ♀(trans) x ♂(trans) ou ♀(cis) x ♂(trans) on a une


ségrégation 4-2-2

v+ m v+ m
Exemple: ♀ x ♂
v m+ v m+
trans trans

v+ m v+ m
1/4 1/2
v+ m+ v m+
1/4 1/2
v m
1/4
v m+
1/4

En construisant l’échiquier du croisement on obtient:


4/8 [v+m+], 2/8 [v+m], 2/8 [vm+] ; soit une ségrégation 4-2-2

36
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

ANALYSE GÉNÉTIQUE PORTANT SUR LA


CHAPITRE V: TRANSMISSION DE DEUX CARACTÈRES
GOUVERNÉ CHACUN PAR UN GÈNE À DEUX
ALLÈLES AVEC LIAISON GÉNÉTIQUE-
DIHYBRIDISME

I- MISE EN ÉVIDENCE DE LA LIAISON GÉNÉTIQUE

Si dans un problème, l’étude du déterminisme génétique de tous les


caractères impliqués a permis de mettre en évidence plusieurs couples d’allèles,
il faut absolument mettre en évidence aussi les relations entre ces couples
d’allèles. Pour mettre en évidence la relation entre deux couples d’allèles, on
suit la marche générale suivante :
a) on émet l’hypothèse nulle ou hypothèse Ho qui consiste à admettre a
priori l’indépendance des deux couples d’allèles.

b) sous Ho, on calcule les effectifs attendus des différents phénotypes


(effectifs calculés ou effectifs théoriques qu’on note ci)
i = indice de variation

c) on réalise un test Khi2 (χ2) d’ajustement de la distribution phénotypique


observée (effectifs observés = Oi) à la distribution phénotypique attendue sous
o  c  2

  i
2
i i
Ho en calculant : cal
c
i

d) on se donne un risque α de 5% et on détermine un degré de liberté (ddl)


par la relation ddl = k – l – 1, avec k = nombre de phénotypes; l = nombre de
relations autres que o  ci i
existant entre la distribution phénotypique
observée et la distribution phénotypique théorique. Pour les tests d’ajustement
en génétique mendélienne l = 0 et ddl = k – 0 – 1 = k – 1

37
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

On détermine alors une valeur de khi2 ou valeur seuil dans la table


correspondante dans laquelle on entre avec 1 – α et ddl. Cette valeur est appelée
1

2
khi2 lu ou ddl
.

e) on décide de l’issue du test de la manière suivante:

 Si  
2 2

cal lu
Ho vraie, on accepte donc l’indépendance des

deux couples d’allèles.

 Si  
2 2

cal lu
Ho fausse, on rejette donc l’indépendance des

deux couples d’allèles en concluant qu’ils sont liés.


Si α = 5%, alors 1 – α = 95% = 0,95
ddl 
2

lu

1 3,84
2 5,09
3 7,81
4 9,49
5 11,10
6 12,60
7 14,10
8 15,50
9 16,90
10 18,30

II- CALCUL DE LA DISTANCE GÉNÉTIQUE EN CAS DE LIAISON DE


DEUX GÈNES
Par définition, la distance génétique qui sépare deux gènes sur un même
chromosome correspond au taux de recombinaison entre ces deux gènes. En
d’autres termes, la distance génétique correspond au pourcentage de gamètes

38
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

recombinés par crossing-over relativement aux deux gènes considérés. Cette


distance génétique s’exprime en unités de recombinaison (ur) ou en centimorgan
(cM). Un centimorgan est par définition l’espace qui sépare deux gènes et
sur lequel survient en moyenne 1% de crossing-over par chromatide au
cours de la méiose. Or nous savons que chez les organismes diploïdes, l’analyse
génétique ne porte pas directement sur les gamètes qui sont les produits directs
de la méiose mais sur les individus qui résultent de la combinaison de ces
gamètes au cours de la fécondation. C’est pourquoi le calcul de la distance
génétique qui sépare deux gènes liés chez les organismes diploïdes se fait par
une identification indirecte des gamètes recombinés à travers certains
phénotypes qui sont particuliers en ce sens qu’ils peuvent permettre de
déterminer la nature recombinée ou non recombinée des gamètes qui les ont
formés.

II- 1- Étude du cas de l’hérédité autosomique pour les deux gènes

II-1-1 – Cas de la dominance / récessivité pour les deux gènes


Étudions quelques croisements caractéristiques en nous plaçant dans le modèle
de deux couples d’allèles A/a et B/b (A et B dominants)

II-1-1-1.Croisement double hétérozygote x double hétérozygote :


Pour ce croisement trois génotypes sont possibles :
A B A B A b A b
I = cis x cis = x II = trans x Trans = x
a b a b a B a B

A B A b
III = cis x Trans = x
a b a B

Pour choisir entre ces trois génotypes, on raisonne à partir du phénotype


particulier qui nous permet d’identifier la nature des gamètes qui ont contribué à

39
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

sa formation. Dans le modèle qui nous concerne ici, ce phénotype correspond


au double récessif, c’est-à-dire [ab].

Si nous désignons par x la fréquence observée du phénotype [ab] d’une part, et


par r le taux de recombinaison entre les deux gènes considérés d’autre part, on
compare alors x à 1/16 (1/16 est la fréquence de [ab] sous Ho).
a b
 Si x > 1/16 [ab] résulte de la combinaison de gamètes tous
de nature parentale chez les deux parents. Ce qui implique que le
génotype du croisement est cis x cis.
On estime alors la distance génétique qui sépare les deux gènes en
1  r 1  r 1  r 
2
posant : x    1  r 2  4 x 1  r  4x 1 r  2 x
2 2 4

r  1 2 x ; Distance (A/a – B/b) = 100r = 100( 1 2 x ) en ur ou cM

a b
 Si x < 1/16 [ab] résulte de la combinaison de gamètes tous
de nature recombinée chez les deux parents, ce qui implique que le
génotype du croisement est trans x trans ; ou que [ab] résulte de la
a b
combinaison de gamètes de nature recombinée produits par l’un des
a b
parents avec des gamètes de nature parentale produits par l’autre
parent et dans ce cas, le génotype du croisement est alors cis x trans.
Dans cette deuxième situation où on a deux alternatives, on choisit d’emblée
l’une d’elles pour le calcul de la distance génétique. Si la distance génétique
ainsi calculée permet de vérifier la composition phénotypique de la descendance
telle que donnée par le problème, c’est que le génotype choisi est le bon. Dans le
cas contraire, on considère l’autre génotype pour le calcul de la distance
génétique.

40
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Exemple:
Si le choix s’est porté sur le modèle de croisement trans x trans, alors on pose:
r r r2
x   r 2  4x r2 x
2 2 4

Distance (A/a – B/b) = 100r = 200 x en ur ou cM

Si le choix s’est porté sur le modèle de croisement cis x trans, alors on pose:
1  r r r 1  r 
x   r  r 2  4x  r 2  r  4x  0 r 2  r  4x  0
2 2 4
ax2 + bx + c avec (a = 1, b = -1, c = 4x)
b  b 
∆ = b2 - 4ac > 0 r 1
 et r 2

2a 2a

De ces deux racines, on conserve celle qui est inférieure à 0,5 puisqu’il y a
liaison génétique.

Remarque:
Dans le cas particulier de la drosophile, lorsque le test khi2 d’ajustement
conduit au rejet de Ho, cela signifie deux choses:
- Soit que les deux couples d’allèles sont physiquement liés mais
génétiquement indépendants.
- Soit que les deux couples d’allèles sont liés physiquement et
génétiquement.
Pour choisir entre ces deux cas on reformule une nouvelle hypothèse Ho comme
suit :
Ho : les deux couples d’allèles sont physiquement liés mais génétiquement
indépendants.
Sous cette nouvelle hypothèse Ho, on calcule les effectifs théoriques en fonction
de la ségrégation d’indépendance 4-2-2, si le croisement est réalisé dans le
sens ♀ trans x ♂ trans ou ♀ cis x ♂ trans ou en fonction de la ségrégation

41
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

d’indépendance 5-1-1-1, si le croisement est réalisé dans le sens♀ cis x ♂ cis


ou ♀ trans x ♂ cis
 Si Ho est vraie, c’est que les deux couples d’allèle sont physiquement liés
mais génétiquement indépendants.

 Si Ho est fausse, c’est que les deux couples d’allèles sont liés. On calcule
alors la distance génétique de la manière suivante :
o Si l’ajustement a été fait par rapport à la distribution 5-1-1-1, la
distance génétique se calcule de deux manières :
1 r 1 1 r
 ♀cis x ♂cis x   1  r  4x r  1 4x
2 2 4
Distance génétique = 100r = 100(1-4x) en ur ou cM

r 1 r
 ♀trans x ♂cis : x   r  4x
2 2 4
Distance génétique = 100r = 400x en ur ou cM

o Si l’ajustement a été fait par rapport à la distribution 4-2-2, la


distance génétique se calcule de deux manières :
r
 ♀trans x ♂trans x   0  0 ; il est impossible d’estimer dans ce cas la
2
distance génétique qui sépare les deux gènes car on n’observe pas de [ab]
dans la descendance ; mais attention, cette distance n’est pas nulle.
1 r
 ♀cis x ♂trans x  0  0 ; on ne peut pas estimer la distance génétique
2
entre les deux gènes, pour la même raison évoquée précédemment.

42
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

II-1-1-2. Croisement double hétérozygote x hétérozygote pour un


gène et homozygote récessif pour l’autre gène:
A ce modèle de croisement correspondent deux génotypes possibles :

A B A b A b A b
I: x II : x
a b a b a B a b
Pour calculer la distance génétique entre les deux gènes, il faut choisir
entre ces deux génotypes. Dans ce cas précis, cela revient à montrer si le
géniteur double hétérozygote a les gènes en position cis (génotype I) ou les
gènes en position trans (génotype II), dans la mesure où l’autre géniteur ne
A b a b
produit que deux types de gamètes : 1/2 et 1/2
Pour préciser le génotype du double hétérozygote nous allons comparer x
à 1/8 (car le phénotype double récessif [ab] a ici pour fréquence d’indépendance
1/8).
 Si x > 1/8, cela signifie que [ab] provient de la combinaison de gamètes
a b
parentaux produits par le double hétérozygote (avec une fréquence de
1 r a b
) avec des gamètes de fréquence 1/2 produits par l’autre parent. En
2
conséquence, les allèles des gènes sont en position cis chez le double
hétérozygote (modèle de croisement I). Pour calculer la distance entre A/a et
1 r 1 1 r
B/b, on pose que: x    1  r  4x r  1 4x
2 2 4
Distance (A/a – B/b) = 100r = 100(1-4x) en ur ou cM

 Si x < 1/8, le même raisonnement nous conduit au choix du génotype II


a b
pour le double hétérozygote qui produit des gamètes recombinés avec
une fréquence de r/2.
r 1 r
Pour calculer la distance génétique on pose que : x    r  4x
2 2 4
Distance (A/a – B/b) = 100r = 400x en ur ou cM

43
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

II-1-1-3.Croisement double hétérozygote x double homozygote


récessif:
A ce modèle de croisement, qui est un tes-cross classique, correspondent deux
génotypes possibles :

A B a b A b a b
I: x II : x
a b a b a B a b
Pour estimer la distance génétique qui sépare les deux gènes, il faut choisir entre
ces deux génotypes. Tout revient donc à préciser le génotype du double
hétérozygote, puisque l’autre parent ne produit qu’un seul type de gamètes,
a b

Pour ce faire, il suffit de regarder la composition phénotypique de la


descendance. Dans cette descendance, en fonction des phénotypes majoritaires
et des phénotypes minoritaires, on détermine le génotype du double
hétérozygote. En effet, si [AB] et [ab] sont majoritaires, [Ab] et [aB]
minoritaires, c’est que le double hétérozygote a les gènes en position cis. Son
A B
génotype est donc
a b
Si [AB] et [ab] sont minoritaires, c’est que le double hétérozygote a les gènes en
A b
position trans. Son génotype est donc
a B
Dans les deux cas, on estime la distance génétique entre les deux gènes en
calculant le pourcentage des phénotypes minoritaires qui correspond aussi au
pourcentage des gamètes recombinés.

Remarque: A/a B/b


On donne : 10 ur
Si parent 1 x parent 2 1/4 [AB], 1/4 [Ab], 1/4 [aB], 1/4 [ab], c’est que le
A b a B
parent 1 a le génotype et le parent 2, le génotype et vice versa. Le
a b A b a B a b
génotype du croisement est x , donc un test-cross croisé.
a b a b

44
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Si deux couples d’allèles sont génétiquement liés et que dans la descendance


d’un croisement impliquant ces deux couples d’allèles on observe quatre
phénotypes de fréquences égales, c’est que le génotype du croisement ne
peut qu’être un test-cross croisé.

II-1-2- Cas de la codominance pour les deux gènes


Considérons le modèle de deux couples d’allèles liés A1/A2 et B1/B2, tous
codominants.
Par rapport à ces deux couples d’allèles, il existe dix génotypes possibles
dans une population d’un organisme diploïde. Le nombre de croisements
 10  55
2
possibles est C 10

Étudions trois exemples des 55 croisements possibles :

II-1-2-1 Croisement double hétérozygote x double hétérozygote


A ce modèle de croisement correspondent trois génotypes possibles qui sont :

A1 B1 A1 B1 A1 B2 A1 B2 A1 B1 A1 B2
I: x II : x III : x
A2 B2 A2 B2 A2 B1 A2 B1 A2 B2 A2 B1

Dans la descendance d’un tel croisement, nous savons qu’il y a neuf phénotypes
possibles dont les fréquences d’indépendance sont connues (voir chapitre IV,
paragraphe 1.2).
Sur ces neuf phénotypes, quatre en particulier peuvent nous permettre de
raisonner pour déterminer le génotype précis du croisement. Ce sont: [A1B1] ou
[A2B2] ou [A1B2] ou [A2B1] qui sont tous homozygotes.
Si nous raisonnons à partir de [A1B2] par exemple, et que sa fréquence observée
est x, il nous faut comparer x à sa fréquence d’indépendance qui est égale à
1/16.

45
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

 Si x > 1/16, cela signifie que [A1B2] provient de la combinaison de


A1 B2
gamètes parentaux produits par les deux géniteurs; auquel cas, le
génotype de croisement correspondant est le II.
On déduit alors la distance génétique entre les deux gènes en posant :
1  r 1  r 1  r 
2
x   1  r 2  4 x 1  r  4x 1 r  2 x
2 2 4

r  1 2 x ; Distance (A1/A2 – B1/B2) = 100r = 100( 1 2 x ) en ur ou cM

 Si x < 1/16, cela signifie que [A1B2] provient de deux origines possibles:
1) soit que [A1B2] provient de la combinaison de gamètes recombinés
chez les deux géniteurs, auquel cas correspondrait le génotype de croisement
I.
2) soit que [A1B2] provient de la combinaison de gamètes parentaux
produits par l’un des géniteurs avec des gamètes recombinés produits par
l’autre géniteur, auquel cas correspondrait le génotype de croisement III.
Le choix entre ces deux origines (génotypes de croisement) et le calcul de la
distance génétique se font comme dans le cas de la dominance complète pour les
deux gènes.

II-1-2-2.Croisement double hétérozygote x hétérozygote pour un gène


et homozygote pour l’autre gène
A ce modèle de croisement correspondent deux génotypes possibles qui sont,
par exemple :

A1 B1 A1 B1 A1 B2 A1 B1
I: x II : x
A2 B2 A2 B1 A2 B1 A2 B1

Pour calculer la distance génétique, il faut choisir entre ces deux génotypes.
Pour ce faire, il faut raisonner soit à partir de [A1B1], soit à partir de [A2B1], les
deux phénotypes homozygotes de la descendance.

46
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Si on raisonne à partir de [A1B1], on compare sa fréquence observée x à sa


fréquence d’indépendance qui est égale ici à 1/8

 Si x > 1/8, cela signifie que [A1B1] provient de la combinaison de gamètes


A1 B1
parentaux produits par le géniteur double hétérozygote avec des
A1 B1
gamètes produits par l’autre parent avec la fréquence 1/2. Dans ce
cas, le génotype de croisement correspondant est le I. On déduit alors la
distance génétique par la méthode appropriée.

 Si x < 1/8, un raisonnement analogue nous conduit au choix du génotype


de croisement II. On déduit la distance génétique par la méthode
appropriée.

II-1-2-3. Croisement double hétérozygote x double homozygote


A ce modèle de croisement correspondent deux génotypes possibles qui sont,
par exemple :

A1 B1 A1 B1 A1 B2 A1 B1
I: x II : x
A2 B2 A1 B1 A2 B1 A1 B1

Le phénotype à partir duquel on doit raisonner ici est [A1B1]. On compare alors
sa fréquence observée x à 1/4 (fréquence d’indépendance).
 Si x > 1/4, c’est que le génotype du croisement est le I. Dans ce cas, pour
calculer la distance génétique, on pose que:
1 r 1 r
x 1  1  r  2x r  1 2x
2 2
Distance (A1/A2 – B1/B2) = 100r = 100(1-2x) en ur ou cM

47
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

 Si x < 1/4, c’est que le génotype du croisement est le II. Pour calculer la
r
distance génotype on pose que: x   1 r  2x
2
Distance (A1/A2 – B1/B2) = 100r = 200x en ur ou cM

II-1-3- Cas de la dominance complète pour un gène et de la codominance


pour l’autre gène
Traitons ce modèle avec A/a et B1/B2, comme les deux couples d’allèles en jeu
(A dominant sur a, B1 et B2 codominants). Quel que soit le modèle de
croisement réalisé, on raisonne toujours à partir du ou des phénotypes
correspondant aux génotypes homozygotes pour les deux gènes afin de
déterminer le génotype du croisement. Ces phénotypes sont ici [aB 1] et [aB2]. Il
faut donc se référer aux paragraphes précédents.
II-2 – Analyse du cas de l’hérédité liée au sexe pour les deux gènes
Quand deux couples d’allèles sont liés au sexe, ils sont d’emblée liés
physiquement. Pour savoir s’ils sont génétiquement indépendants ou liés, il
suffit d’analyser la descendance mâle. En cas d’indépendance génétique, la
descendance mâle présentera quatre phénotypes statiquement égaux. En cas de
liaison génétique, la descendance mâle présentera une ségrégation différente de
1/4 – 1/4 – 1/4 – 1/4 et dans ce cas on estime la distance génétique en calculant
le pourcentage des phénotypes minoritaires dans cette descendance.

Remarque :
Si l’un des deux couples d’allèles considérés a une hérédité autosomique et que
l’autre a une hérédité liée au sexe, on conclut d’emblée qu’ils sont indépendants.

Exercice de TD :

48
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Pour chacun des modèles de croisement envisagés dans le cas de deux couples
d’allèles liés, donnez la composition phénotypique de la descendance en
fonction du taux de recombinaison r.

49
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

ANALYSE GÉNÉTIQUE PORTANT SUR LA


TRANSMISSION DE TROIS CARACTÈRES
CHAPITRE VI:
GOUVERNÉ CHACUN PAR UN COUPLE
D’ALLÈLES : TRIHYBRIDISME

Si trois caractères sont impliqués dans un même problème et que l’étude de leur
déterminisme génétique montre que chacun de ces caractères est sous le contrôle
d’un couple d’allèles, on a donc affaire à trois couples d’allèles. Toutes les
formes d’interactions peuvent être en cause au niveau de chaque couple d’allèles
(dominance/récessivité ou codominance). Par ailleurs, toutes les formes de
relations génétiques entre ces trois couples peuvent être aussi en cause (liaison
ou indépendance).

I- MISE EN ÉVIDENCE DES RELATIONS GÉNÉTIQUES ENTRE LES


TROIS COUPLES D’ALLÈLES

Pour mettre en évidence les relations génétiques entre trois couples


d’allèles, la démarche générale qui s’impose consiste à analyser ces trois couples
d’allèles deux à deux (voir chapitre précédent)
Les conclusions auxquelles cette analyse peut nous permettre d’aboutir sont :

I-1 Les trois couples d’allèles sont indépendants


Si nous considérons le modèle de trois couples d’allèles A/a, B/b et D/d, trois
cartes génétiques possibles ou cartes factorielles correspondent à cette
conclusion :
A/a B/b D/d A/a B/b D/d A/a B/b D/d
ou ou
50 ur 50 ur 50 ur

50
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I-2. Deux couples d’allèles sont liés et indépendants du troisième


Deux cartes génétiques correspondent à cette situation :

A/a B/b D/d A/a B/b D/d


ou
10 ur 10 ur 50 ur

I-3. Les trois couples d’allèles sont physiquement liés avec les deux
couples d’allèles en position extrême génétiquement indépendants mais tous
les deux liés au couple d’allèles médian
A cette situation correspond une seule carte génétique.

A/a B/b D/d

20 ur 30 ur

I-4. Les trois couples d’allèles sont liés deux à deux:


A cette situation correspond une seule carte génétique :

A/a B/b D/d

8 ur 14 ur

II- PRINCIPE D’ÉTABLISSEMENT DES CARTES GÉNÉTIQUES OU


CARTES FACTORIELLES
Les cartes génétiques s’établissent chromosome par chromosome. Pour
un chromosome donné, établir sa carte génétique revient à ordonner tous les
gènes qu’il porte en précisant les distances génétiques qui les séparent. Tous les
gènes localisés sur un même chromosome constituent ce que l’on appelle un
groupe de liaison. Chez les organismes diploïdes, le nombre de groupes de
liaison correspond au nombre haploïde de chromosomes.

Exemple: chez l’homme (Homo sapiens) on a 2n = 2 x 23 = 46 chromosomes; il


existe 23 groupes de liaisons.

51
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Pour dresser les cartes factorielles de manière précise, il faut impliquer


dans un même croisement un grand nombre de gènes d’un même groupe de
liaison. Un minimum de trois gènes est requis pour établir la carte génétique
d’un chromosome. Il faut aussi prendre d’autres précautions pour faciliter
l’établissement des cartes factorielles.
Dans le cas le plus simple, pour établir une carte génétique, il faut
impliquer trois couples d’allèles avec dominance complète pour les trois dans un
même croisement; le croisement idéal est celui entre un triple hétérozygote et un
triple homozygote récessif. Ce croisement particulier qui est un test-cross
classique est appelé aussi test à trois points.
Si les trois couples d’allèles sont liés deux à deux ou si les deux couples
d’allèles extrêmes sont indépendants mais liés chacun au couple d’allèles
médian avec des distances génétiques différentes, le test à trois points présentera
les caractéristiques suivantes, par rapport au modèle de trois couples d’allèles
A/a, B/b et D/d tel que : A/a B/b D/d

20 ur 8 ur

A partir de cette carte génétique, réalisons le test à trois points suivant :

A b D a b d
x
a B d a b d

Pour déterminer la structure phénotypique de la descendance d’un tel


croisement, il faut absolument réaliser la méiose du géniteur triple hétérozygote,
puisque le triple récessif ne produit qu’un seul type de gamètes.

Étude de la méiose du triple hétérozygote


Pour étudier la méiose du triple hétérozygote, nous admettrons a priori la
situation la plus simple qui implique l’indépendance de tous les événements
méiotiques, c’est-à-dire une interférence chromosomique nulle.

52
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Événement 1 (E1): Au cours de la méiose, il ne se produit aucun crossing-over


entre A/a – B/b – D/ d
Si nous désignons par ri le taux de recombinaison entre deux gènes, alors la
probabilité de E1 = P(E1) = (1-r1)(1-r2) = (1-0,2)(1-0,08)
P(E1) = 0,8 x 0,92 = 0,736
A b D
Les gamètes produits sont : = (0,736)/2 = 0.368
a B d
= (0,736)/2 = 0.368

Événement 2 (E2): Au cours de la méiose, il se produit un crossing-over entre


A/a – B/b et aucun entre B/b – D/d.
La probabilité de E2 = P (E2) = r1 (1 – r2) = 0,2 (1 – 0,08)
P (E2) = 0,2 x 0,92 = 0,184
A B d
Les gamètes produits sont: = (0,184)/2 = 0,092
a b D
= (0,184)/2 = 0,092

Événement 3 (E3): Au cours de la méiose, il ne se produit aucun crossing-over


entre A/a – B/b mais un crossing-over entre B/b – D/d.
La probabilité de E3 = P (E3) = (1 – r1) r2 = (1 – 0,2) 0,08
P (E3) = 0,8 X 0,08 = 0,064
A b d
Les gamètes produits sont: = (0,064)/2 = 0,032
a B D
= (0,064)/2 = 0,032

Événement 4 (E4): Au cours de la méiose, il se produit un crossing-over entre


A/a – B/b et un crossing-over entre B/b – D/d
La probabilité de E4 = P (E4) = r1 x r2 = 0,2 x 0,08
P (E4) = 0,2 x 0,08 = 0,016
a b d
Les gamètes produits sont: = (0,016)/2 = 0,008
A B D
= (0,016)/2 = 0,008

53
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Sachant que le parent triple homozygote récessif ne produit qu’un seul type de
a b d
gamètes , nous déduisons la composition phénotypique de la
descendance du test à trois points de la composition génotypique de la
population de gamètes produits par le triple hétérozygote.
[AbD] = 36,8 % [ABd] = 9,2 % [Abd] = 3,2 % [ABD] = 0,8 %
[aBd] = 36,8 % [abD] = 9,2 % [aBD] = 3,2 % [abd] = 0,8 %
La descendance d’un test à trois points présente donc les caractéristiques
suivantes :
 On distingue 8 phénotypes qui peuvent être regroupés en 4 classes:
a. La classe P ou classe parentale: elle contient 2 phénotypes issus
de gamètes parentaux (non recombinés).
b. La classe SR1 ou classe simple recombinée 1: elle contient 2
phénotypes issus de gamètes une fois recombinés.
c. La classe SR2 ou classe simple recombinée 2: elle contient 2
phénotypes issus de gamètes une fois recombinés.
d. La classe DR ou classe double recombinée: elle contient 2
phénotypes issus de gamètes deux fois recombinés (1 fois entre
A/a–B/b et 1 fois entre B/b – D/d).

 Dans chaque classe les phénotypes sont complémentaires et de fréquences


statistiquement égales.

 La classe P est la plus nombreuse.

 La classe DR est la moins nombreuse.

Un autre avantage du test à trois points est de permettre l’établissement très aisé
de l’ordre des gènes sur le chromosome, en vue de l’estimation des distances
génétiques qui les séparent. Pour établir cet ordre, on raisonne à partir des deux

54
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

classes P et DR. En effet, lorsqu’on considère ces deux classes, on essaie de voir
comment les allèles des gènes pris deux à deux sont associés dans ces classes.
En partant de notre modèle, on s’aperçoit que les allèles des gènes A et B
ne présentent pas les mêmes combinaisons dans ces deux classes; il en est de
même des allèles des gènes B et D; cela signifie que ni A et B, ni B et D
n’occupent les positions extrêmes. Par contre, si nous considérons les allèles des
gènes A et D, nous réalisons qu’ils présentent les mêmes combinaisons dans
la classe P et dans la classe DR. On en déduit que ces gènes occupent les
positions extrêmes sur le chromosome, et le gène B la position médiane.

Estimation des distances génétiques :


Dist (A-B) = [ABd] + [abD] + [ABD] + [abd] = 9,2 + 9,2 + 0,8 + 0,8 = 20 ur
Dist (B-D) = [Abd] + [aBD] + [ABD] + [abd] = 3,2 + 3,2 + 0,8 + 0,8 = 8 ur
Dist (A-D) = [ABd] + [abD] + [Abd] + [aBD] = 9,2 + 9,2 + 3,2 + 3,2 = 24,8 ur

Dist (A –D) corrigée = Dist (A –B) + Dist (B – D)

Dist (A-D) = [ABd] + [abD] + [Abd] + [aBD] + 2 ([ABD] + [abd])


Dist (A-D)= 9,2 + 9,2 + 3,2 + 3,2 + 2 (0,8 + 0,8) = 28 ur

On se rend compte que la distance génétique A-D calculée sans tenir compte du
marqueur médian B est inférieure à la distance A-D calculée en tenant compte
de B. La signification cytogénétique de ce fait est la suivante :
Lorsqu’on considère deux gènes localisés sur un même chromosome mais
relativement éloignés l’un de l’autre au point que des crossing-over multiples
peuvent se produire entre eux, seuls les nombres impairs de crossing-over
permettent de détecter les recombinaisons entre les deux gènes. Les nombres
pairs annulant l’effet de la recombinaison génétique, tout se passe comme si les
gamètes ainsi produits, apparaissant parentaux, ne proviennent pas de

55
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

remaniements chromosomiques. Or, c’est pourtant bien le cas. On comprend


alors que la distance génétique calculée entre deux gènes soit une sous-
estimation de la distance réelle, et ce d’autant plus que ces gènes sont très
éloignés l’un de l’autre.

Remarque:
Dans la descendance du test à trois points, lorsque le couple d’allèles médian est
équidistant des deux couples d’allèles extrêmes, les quatre phénotypes des
classes SR1 et SR2 présentent des fréquences statistiquement égales.

III- NOTION D’INTERFÉRENCE CHROMOSOMIQUE


De nombreuses expériences réalisées chez la plupart des organismes les
mieux étudiés en génétique ont donné des résultats qui tendent tous à montrer
que les crossing-over qui se produisent sur un même chromosome ne sont pas
toujours indépendants les uns des autres.
En effet, ces résultats permettent de croire que lorsqu’un premier
crossing-over survient en un point du chromosome, il réduit les chances de
production d’un deuxième crossing-over. Tout se passe comme si les crossing-
over interfèrent les uns sur les autres. En d’autres termes, un premier crossing-
over inhibe dans une certaine mesure un deuxième. C’est pourquoi ce
phénomène est appelé interférence chromosomique.
L’interférence chromosomique ne modifie pas les distances qui séparent les
gènes les uns des autres sur un chromosome donné car les positions ou loci
qu’occupent ces gènes sur le chromosome sont fixes. Toutefois, dans la mesure
où l’interférence réduit la probabilité de production des crossing-over multiples,
le nombre de double crossing-over qui seront effectivement observés quand
l’interférence existe sera inférieur au nombre attendu, en tenant compte des
distances entre les gènes en cause. Corrélativement, le nombre de simples
crossing-over augmentera sous l’effet de l’interférence à tel point que lorsque

56
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

l’interférence est totale sur le chromosome considéré, aucun double crossing-


over ne sera observé. Dans ce cas extrême, la classe DR disparaît dans la
descendance d’un test à trois points et on n’aura plus que les classes P, SR1 et
SR2.

C’est là une des exceptions aux caractéristiques de la descendance d’un test à


trois points.
L’interférence chromosomique est notée I; on l’évalue à partir d’un paramètre
appelé coïncidence (notée C) par la relation :
I+C=1 I=1–C
pourcentage de double CO effectivement observés
𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑𝑒 𝐶𝑜ï𝑛𝑐𝑖𝑑𝑒𝑛𝑐𝑒 = x100
pourcentage de double CO attendus

IV- EXPLOITATION DE C ET I DANS LA RÉSOLUTION D’UN


PROBLÈME GÉNÉTIQUE

IV-1- Exploitation de I
Pour exploiter I, reconsidérons le modèle de notre carte génétique du paragraphe
II, en admettant un taux de coïncidence de 80% sur le segment de chromosome
concerné; cela revient à admettre aussi qu’il existe un taux d’interférence de
20% sur ce segment de chromosome. Dans ces conditions, déterminons la
composition phénotypique de la descendance de notre même test à trois points:

A b D a b d
x
a B d a b d

Réalisons alors la méiose du géniteur triple hétérozygote.

57
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Calculons le facteur d’interférence qui correspond à la proportion des


doubles crossing-over qui ne seront plus observés comme tel, mais sous
forme de simples crossing-over. Soit k le facteur d’interférence.
K = dist (A-B) x dist (B-D) x I = DG1 x DG2 x I = 0,2 x 0,08 x 0,2 = 0,0032

Événement 1: P (E1) = (0,8 x 0,92) – 0,0032 = 0,7328


A b D
Les gamètes produits sont : = (0,7328)/2 = 0,3664
a B d
= (0,7328)/2 = 0,3664

Événement 2: P (E2) = (0,2 x 0,92) + 0,0032 = 0,1872


A B d
Les gamètes produits sont: = (0,1872)/2 = 0,0936
a b D
= (0,1872)/2 = 0,0936

Événement 3: P (E3) = (0,8 x 0,08) + 0,0032 = 0,0672


A b d
Les gamètes produits sont : = (0,0672)/2 = 0,0336
a B D
= (0,0672)/2 = 0,0336

Événement 4: P (E4) = (0,2 x 0,08) – 0,0032 = 0,0128


A B D
Les gamètes produits sont : = (0,0128)/2 = 0,0064
a b d
= (0,0128)/2 = 0,0064

La composition phénotypique de la descendance sera telle que :


[AbD] = 36,64 % [ABd] = 9,36 % [Abd] = 3,36 % [ABD]= 0,64 %
[aBd] = 36,64 % [abD] = 9,36 % [aBD] = 3,36 % [abd] = 0,64 %

IV-2 – Exploitation de C
En exploitant C, on calcule un facteur de coïncidence k de la manière suivante:
k = DG1 x DG2 x C = 0,2 x 0,08 x 0,8 = 0,0128 (c’est la proportion des
doubles crossing-over effectivement observés)

58
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Événement 4: P (E4) = 0,2 x 0,08 x 0,8 = 0,0128;


A B D
Les gamètes produits sont: = (0,0128)/2 = 0,0064
a b d
= (0,0128)/2 = 0,0064

Événement 3: P (E3) = 0,08 - 0,0128 = 0,0672;


A b d
Les gamètes produits sont: = (0,0672)/2 = 0,0336
a B D
= (0,0672)/2 = 0,0336
Événement 2: P (E2) = 0,2 - 0,0128 = 0,1872;
A B d
Les gamètes produits sont: = (0,1872)/2 = 0,0936
a b D
= (0,1872)/2 = 0,0936

Événement 1: P (E1) = 1 - (0,0128 + 0,0672 + 0,1872) = 0,7328;


A b D
Les gamètes produits sont : = (0,7328)/2 = 0,3664
a B d
= (0,7328)/2 = 0,3664

De ces résultats de la méiose du géniteur triple hétérozygote, on déduit la même


composition phénotypique de la descendance que précédemment.

59
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

CHAPITRE VII: LA COMPLEXITÉ DE L’ANALYSE GÉNÉTIQUE


CHEZ LES DIPLOÏDES

Les voies métaboliques requièrent l’implication de plusieurs enzymes. Les


enzymes étant codées par des gènes, on peut donc dire que plusieurs gènes sont
généralement nécessaires pour assurer une même voie métabolique. Quand deux
ou plusieurs gènes déterminent des enzymes qui catalysent les étapes d’une
même voie, des interactions génétiques apparaissent souvent. Considérons
l’exemple d’une voie métabolique telle que :
g1+ g2+ g3+

(e1) (e2) (e3)


S A B C

S = produit initial ou précurseur


A et B = produits intermédiaires
C = produit final de la métabolisation de S
e1, e2, e3 sont des enzymes qui catalysent les étapes indiquées.
g1+, g2+, g3+ sont des gènes, dans leur état normal (sauvage), qui codent pour e1,
e2, e3 respectivement. Si g2+ mute en g2 et que l’enzyme codée par g2 est
inactive, A ne sera plus transformé en B et la voie métabolique se termine en A.
Chez un individu homozygote g2g2, ni le gène g3+ ni son allèle récessif g3 n’ont
effet sur le phénotype. Ainsi le génotype g2g2 peut cacher ou masquer
l’expression phénotypique des allèles du locus g3. On dit que g2 est épistatique
sur g3, c’est-à-dire qu’il masque toute expression pouvant ou non venir des
allèles g3+ et g3. L’épistasie est donc une interaction entre gènes non allèles.
En d’autres termes, nous pouvons dire que l’expression phénotypique
d’un gène donné dépend non seulement de ses qualités propres mais aussi de
celles des autres gènes allèles ou non. Cette réalité rend parfois complexe
l’analyse génétique.

60
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I- LES RÉALITÉS DE L’ÉPISTASIE


Les gènes impliqués dans les interactions épistatiques peuvent être
dominants ou récessifs, liés ou indépendants. Considérons l’exemple d’un
croisement à deux facteurs (dihybridisme) dans lequel deux couples d’allèles
indépendants A/a et B/b sont en jeu. A et B sont respectivement dominants sur a
et b. Si nous admettons qu’entre ces deux couples d’allèles il n’y a pas
d’interaction épistatique, la ségrégation des phénotypes dans la descendance de
croisements entre géniteurs doublement hétérozygotes est 9 : 3 : 3 : 1.
Mais si l’épistasie intervient, ce rapport est modifié en un autre rapport
découlant des combinaisons diverses des groupements 9 : 3 : 3 : 1, en fonction
de la nature de l’épistasie. Le nombre de phénotypes qu’on observe dans la
descendance de parents dihybrides en cas d’épistasie est donc inférieur à quatre.
Il y a six classes d’épistasie communément décrites, trois d’entre elles ont
trois phénotypes, et les trois autres seulement deux.
A B A B
Il faut se rappeler que dans la descendance d’un croisement X
a b a b
on a neuf génotypes qui s’expriment en quatre phénotypes. Les fréquences de
ces génotypes et des phénotypes qu’ils déterminent sont consignées dans le
tableau suivant :
Numéro des
I II III IV V VI VII VIII IX
génotypes

Génotypes A B A B A B A B A b A b a B a B a b
A B A b a B a b A b a b a B a b a b

Fréquence des
1 2 2 4 1 2 1 2 1
génotypes

Phénotypes [AB] [Ab] [aB] [ab]

Fréquences des
9 3 3 1
phénotypes

61
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I- 1- Action épistatique d’un gène dominant


Si l’allèle dominant d’un locus, par exemple l’allèle A, produit un certain
phénotype indépendamment de l’état allélique de l’autre locus, alors le locus A
est dit épistatique au locus B. En outre, puisque l’allèle dominant A peut
s’exprimer en présence de B ou b, c’est un cas d’épistasie dominante. Les
allèles B ou b de l’autre locus (locus dit hypostatique) ne peuvent être exprimés
que lorsque le génotype de l’individu est homozygote récessif au locus
épistatique. Ainsi, les génotypes I + II + III + IV + V + VI produiront le même
phénotype; VII + VIII produiront un autre phénotype, et IX, un autre phénotype.
On obtient alors la ségrégation phénotypique 12 : 3 : 1. Nous en avons un
exemple se rapportant aux couleurs de manteau des chiens qui dépendent de
l’action d’au moins deux couples d’allèles indépendants I/i et B/b. L’allèle I,
épistatique au locus B, produit un inhibiteur du pigment de couleur de manteau
dont sont responsables les allèles B et b, masquant ainsi leurs effets. Lorsqu’on
I B
croise entre eux des chiens blancs de génotype , on obtient une
i b
descendance composée de 12/16 [blanc], 3/16 [noir] et 1/16 [brun].
Échiquier du croisement

1/4 IB 1/4 Ib 1/4 iB 1/4 ib


I B I b i B i b
1/16 [IB] 1/16 [IB] 1/16 [IB] 1/16 [ib]
1/4 IB I B I B I B I B
[manteau blanc] [manteau blanc] [manteau blanc] [manteau blanc]
I B I b i B i b
1/16 [IB] 1/16 [Ib] 1/16 [IB] 1/16 [Ib]
1/4 Ib I b I b I b I b
[manteau blanc] [manteau blanc] [manteau blanc] [manteau blanc]
I B I b i B i b
1/16 [IB] 1/16 [IB] 1/16 [iB] 1/16 [iB]
1/4 iB i B i B i B i B
[manteau blanc] [manteau blanc] [manteau noir] [manteau noir]
I B I b i B i b
1/16 [IB] 1/16 [Ib] 1/16 [iB] 1/16 [ib]
1/4 ib i b i b i b i b
[manteau blanc] [manteau blanc] [manteau noir] [manteau brun]

62
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I-2- Action épistatique d’un gène récessif


a
Si le génotype récessif à un locus, par exemple , supprime
a
l’expression des allèles du locus B, on dit que le locus A exerce une épistasie
récessive sur le locus B. Les allèles du locus hypostatique (B et b) ne peuvent
s’exprimer que, si et seulement si, l’allèle dominant est présent au locus A.
Ainsi, les génotypes I + II + III +IV produiront le même phénotype; V + VI
produiront un autre phénotype; et VII + VIII + IX, un autre phénotype. On
observe dans ce cas la ségrégation phénotypique 9 : 3 : 4. Nous en avons un
exemple chez le rat dont les couleurs du pelage sont déterminées par deux
couples d’allèles indépendants B/b et C/c, avec une épistasie récessive du locus
B C
C sur le locus B. Lorsqu’on croise entre eux des rats noirs de génotype
b c
on obtient une descendance composée de 9/16 [noir], 4/16 [crème] et 3/16
[albinos].
Échiquier du croisement

1/4 BC 1/4 Bc 1/4 bC 1/4 bc


B C B c b C b c
1/16 [BC] 1/16 [BC] 1/16 [BC] 1/16 [BC]
1/4 BC B C B C B C B C
[pelage noir] [pelage noir] [pelage noir] [pelage noir]
B C B c b C b c
1/16 [BC] 1/16 [Bc] 1/16 [BC] 1/16 [Bc]
1/4 Bc B c B c B c B c
[pelage noir] [pelage crème] [pelage noir] [pelage crème]
B C B c b C b c
1/16 [BC] 1/16 [BC] 1/16 [bC] 1/16 [bC]
1/4 bC B c b C b C b C
[pelage noir] [pelage noir] [pelage albinos] [pelage albinos]
B C B c b C b c
1/16 [BC] 1/16 [Bc] 1/16 [bC] 1/16 [bc]
1/4 bc b c b c b c b c
[pelage noir] [pelage crème] [pelage albinos] [pelage crème]

63
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I-3- Action épistatique de deux gènes dominants avec effets cumulatifs


Si la dominance (homozygote ou hétérozygote) à l’un des loci (mais pas
aux deux) donne le même phénotype, la situation suivante sera observée: les
génotypes I + II + III + IV produisent le même phénotype, tandis que V + VI +
VII +VIII produisent un autre phénotype, et IX, un autre phénotype aussi. On
obtient dans ce cas la ségrégation phénotypique 9 : 6 : 1. Nous en avons un
exemple chez le blé dont les couleurs des grains sont déterminées par deux
couples d’allèles indépendants R/r et B/b avec effets cumulatifs des allèles
dominants R et B. Lorsqu’on croise entre elles des plantes aux grains rouges de
R B
génotypes , on obtient une descendance composée de 9/16 [rouge],
r b
6/16 [brun] et 1/16 [blanc].
Échiquier du croisement

1/4 RB 1/4 Rb 1/4 rB 1/4 rb


R B R b r B r b
1/16 [RB] 1/16 [RB] 1/16 [RB] 1/16 [RB]
1/4 RB R B R B R B R B
[grain rouge] [grain rouge] [grain rouge] [grain rouge]
R B R b r B r b
1/16 [RB] 1/16 [Rb] 1/16 [RB] 1/16 [Rb]
1/4 Rb R b R b R b R b
[grain rouge] [grain brun] [grain rouge] [grain brun]
R B R b r B r b
1/16 [RB] 1/16 [RB] 1/16 [rB] 1/16 [rB]
1/4 rB r B r B r B r B
[grain rouge] [grain rouge] [grain brun] [grain brun]
R B R b r B r b
1/16 [RB] 1/16 [Rb] 1/16 [rB] 1/16 [rb]
1/4 rb r b r b r b r b
[grain rouge] [grain brun] [grain brun] [grain blanc]

I- 4- Action épistatique de deux gènes dominants à effets non cumulatifs


Si les allèles dominants de chacun des deux loci produisent le même phénotype
sans effet cumulatif, alors la situation suivante se présentera: I + II + III + IV +
V + VI + VII + VIII produiront le même phénotype et IX produira un autre

64
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

phénotype. On obtient ainsi la ségrégation phénotypique 15 : 1. Nous en avons


un exemple chez le genre Capsella, communément appelé « bourse du berger ».
La forme de la capsule de graine produite par la plante dépend de deux couples
d’allèles indépendants que nous représenterons par les symboles D/d et E/e.
Dans la descendance de croisements entre plantes à capsules triangulaires de
D E
génotype , on obtient 15/16 d’individus produisant des capsules de
d e
graine triangulaires et 1/16 d’individus produisant des capsules de graine
ovoïdes.

Échiquier du croisement

1/4 DE 1/4 De 1/4 dE 1/4 de


D E D e d E d e
1/16 [DE] 1/16 [DE] 1/16 [DE] 1/16 [RB]
1/4 DE D E D E D E D E
[capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire]
D E D e d E d e
1/16 [DE] 1/16 [De] 1/16 [DE] 1/16 [De]
1/4 De D e D e D e D e
[capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire]
D E D e d E d e
1/16 [DE] 1/16 [DE] 1/16 [dE] 1/16 [rB]
1/4 dE d E d E d E d E
[capsule trinagulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire]
D E D e d E d e
1/16 [DE] 1/16 [De] 1/16 [dE] 1/16 [de]
1/4 de d e d e d e d e
[capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule triangulaire] [capsule ovoïde]

I- 5- Action épistatique de deux gènes récessifs


Si les allèles récessifs des deux loci donnent, à l’état homozygote, le
même phénotype, nous serons dans la situation suivante : I + II + III + IV
produiront le même phénotype, et V + VI + VII + VIII + IX produiront aussi un
autre phénotype. La ségrégation phénotypique observée sera donc 9 : 7. Nous
en avons un exemple chez le pois doux (Lathyrus odoratus) dont les couleurs de

65
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

la fleur sont déterminées par deux couples d’allèles indépendants que nous
symboliserons A/a et B/b. Les croisements entre plantes à fleur blanche de
a B A b
génotype et plantes à fleur blanche de génotype donnent
a B A b
en F1 que des plantes à fleur pourpre. En F2 (F1 x F1) on obtient 9/16 de plantes
à fleur pourpre et 7/16 de plantes à fleur blanche.

Échiquier du croisement

1/4 AB 1/4 Ab 1/4 aB 1/4 ab


A B A b a B a b
1/16 [AB] 1/16 [AB] 1/16 [AB] 1/16 [AB]
1/4 AB A B A B A B A B
[fleur pourpre] [fleur pourpre] [fleur pourpre] [fleur pourpre]
A B A b a B a b
1/16 [AB] 1/16 [Ab] 1/16 [AB] 1/16 [Ab]
1/4 Ab A b A b A b A b
[fleur pourpre] [fleur blanche] [fleur pourpre] [fleur blanche]
A B A b a B a b
1/16 [AB] 1/16 [AB] 1/16 [aB] 1/16 [aB]
1/4 aB a B a B a B a B
[fleur pourpre] [fleur pourpre] [fleur blanche] [fleur blanche]
A B A b a B a b
1/16 [AB] 1/16 [Ab] 1/16 [aB] 1/16 [ab]
1/4 ab a b a b a b a b
[fleur pourpre] [fleur blanche] [fleur blanche] [fleur blanche]

I-6- Action épistatique d’un gène dominant et d’un gène récessif


Lorsque le génotype dominant de l’un des loci (par exemple AA ou Aa) et
le génotype récessif de l’autre (par exemple bb) déterminent le même
phénotype, la situation suivante se présentera : I + II + III + IV + V + VI + IX
produiront le même phénotype, et VII + VIII produiront un autre phénotype. La
ségrégation phénotypique observée sera donc 13 : 3. Nous en avons un
exemple chez la drosophile où on a identifié un gène mutant s dominant qui
produit un œil particulier appelé « étoile ». Son allèle sauvage s+, récessif,
produit l’œil normal. L’expression de s peut être supprimée par un autre gène

66
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

mutant dominant su, indépendant de s, dont l’allèle récessif su+ n’a aucun effet
sur s et s+. Lorsqu’on
+ +
croise entre elles des mouches sauvages (œil normal) de
s su
génotype on obtient une descendance dans laquelle 13/16 des
s su
mouches sont sauvages (œil normal) et 3/16 des mouches sont mutantes (œil
étoile).

Résumé
Numéro des génotypes I II III IV V VI VII VIII IX

Génotypes A B A B A B A B A b A b a B a B a b
A B A b a B a b A b a b a B a b a b

Fréquence des génotypes 1 2 2 4 1 2 1 2 1


Absence d’interactions
épistatiques 9 3 3 1
Fréquence des phénotypes

1 gène 12 3 1
deux gènes à
Épistasie effets 9 6 1
dominante cumulatifs
deux gènes à
effets non 15 1
cumulatifs
Épistasie un gène 9 3 4
récessive deux gènes 9 7

Numéro des génotypes I II III IV V VI IX VII VIII


Action épistatique d’un gène
13 3
dominant et d’un gène récessif

II- HÉRÉDITÉ DÉTERMINÉE PAR UN GENE LÉTAL

Chez la souris, on connaît une race telle que les individus sauvages ont une
queue normale, et les mutants une queue courte. Les croisements sauvage X
sauvage donnent une descendance homogène sauvage. Les croisements sauvage

67
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

X queue courte donnent une descendance composée de 50% de sauvages et 50%


de mutants à queue courte. Les croisements queue courte X queue courte
donnent une descendance composée de 1/3 de souris sauvages et 2/3 de souris à
queue courte.
Ces résultats s’interprètent aisément si on admet l’existence d’un couple
d’allèles Q+/Q avec létalité de l’allèle Q à l’état homozygote. Ainsi, les souris
Q+ Q+
sauvages ont le génotype et les souris à queue courte le génotype .
Q+ Q
Aux trois types de croisement envisagés, correspondent les génotypes suivants :
Q+ Q+
 Sauvage x sauvage: x 100% sauvage
Q+ Q+

Q+ Q+
 Sauvage x queue courte: x 50% sauvage, 50% queue
Q+ Q
courte
Q+ Q+
 Queue courte x queue courte: x 1/3 sauvage, 2/3
Q Q Q
queue courte puisque le génotype est létal
Q
La ségrégation 1/3 – 2/3 caractérise l’hérédité d’un gène létal

III- HÉRÉDITÉ INCOMPLÈTEMENT LIÉE AU SEXE

L’hérédité d’un caractère est dite incomplètement liée au sexe quand


elle est déterminée par un gène localisé sur le segment homologue des
chromosomes sexuels X et Y ;
Considérons le modèle d’un couple d’allèles a+/a chez la drosophile (a+ est
dominant sur a). Par rapport à ce couple d’allèles, montrons comment l’hérédité
incomplètement liée au sexe diffère de l’hérédité complètement liée au sexe que
nous avons déjà étudiée.
Réalisons le croisement suivant : ♀ [a+] hétérozygotes x ♂ [a+] quelconques.
 Si l’hérédité est envisagée complètement liée au sexe, nous aurons un seul
a+ a+
génotype pour ce croisement: ♀ x ♂
a

68
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

On obtient alors une descendance composée de 100% ♀ [a+], 50% ♂ [a+], 50%
♂ [a].
 Si l’hérédité est envisagée incomplètement liée au sexe, nous aurons trois
génotypes possibles pour ce croisement et donc trois types de
descendance.

a+ a+
Cas 1: ♀ x ♂ ; On obtient une descendance où ♀ et ♂ sont tous [a+]
a a+

a+ a+
Cas 2: ♀ x ♂ ; on obtient une descendance composée de 100% ♀
a a
[a+], 50% ♂ [a+], 50% ♂ [a]

a+ a
Cas 3: ♀ x ♂ ; on obtient une descendance composée de 100% ♂
a a+
[a+], 50% ♀ [a+], 50% ♀ [a].

Exercice de TD:
Comme nous venons de le faire pour le croisement précédent, faites de même
pour le croisement suivant : ♀ [a] x ♂ [a+] quelconques.

IV- HÉRÉDITÉ INFLUENCÉE PAR LE SEXE

Les gènes qui gouvernent les caractères influencés par le sexe peuvent
être localisés sur les autosomes ou sur la portion homologue des chromosomes
sexuels. L’expression de la dominance ou de la récessivité des allèles de loci
influencés par le sexe est inversée d’un sexe à l’autre. Cela s’explique, en
grande partie, par la différence d’environnement hormonal.
C’est l’exemple du gène autosomique qui détermine la calvitie chez les
hommes. Soit B1/B2 le couple d’allèles de la calvitie :
B1 [chauve]
B2 [non chauve]

69
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

B1 est dominant chez les hommes et récessif chez les femmes. Les génotypes et
les phénotypes de leurs expressions sont consignés dans le tableau suivant:
Génotypes Phénotypes
Homme Femme
B1B1 [chauve] [chauve]
B1B2 [chauve] [non chauve]
B2B2 [non chauve] [non chauve]

B1 B1
Réalisons le croisement suivant : [non chauve] ♀ x ♂ [chauve]
B2 B1
On obtient une descendance composée de 100% de ♂ [chauve], 50% de ♀
[chauve], 50% de ♀ [non chauve]

V- HÉRÉDITÉ LIMITÉE AU SEXE

Il existe des caractères gouvernés par des gènes autosomiques qui ne


s’expriment que chez un des deux sexes à cause des différences hormonales ou
anatomiques. Par exemple, on sait que les taureaux possèdent plusieurs gènes de
production de lait qu’ils peuvent transmettre à leurs filles, mais eux-mêmes ainsi
que leurs fils sont incapables d’exprimer ce caractère. La production de lait est
donc limitée, avec une expression variable, au sexe féminin. Quand la
pénétrance d’un gène chez un sexe est nulle, le caractère gouverné par ce
gène a une hérédité limitée au sexe.
Pour exemple, donnons le cas du couple d’allèle H/h qui gouverne
l’aspect du plumage chez les poulets : H détermine le phénotype « plume de
poule » et h (récessif), le phénotype « plume de coq ». Le gène récessif h n’est
pénétrant que chez les mâles. Les correspondances entre génotypes et
phénotypes sont consignées dans le tableau suivant :

70
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Phénotypes
Génotypes
Coq Poule
HH [plume de poule] [plume de poule]
Hh [plume de poule] [plume de poule]
hh [plume de coq] [plume de poule]

H h
Les croisements [plume de poule] ♀ x ♂ [plume de coq] donnent
h h
une descendance dans laquelle on observe :

Chez les femelles:


50% Hh
100% [plume de poule]
50% hh

Chez les mâles:


50% Hh 50% [plume de poule]
50% hh 50% [plume de coq]

VI- HÉRÉDITÉ SE RAPPORTANT AUX CHROMOSOMES X


ATTACHÉS CHEZ LA DROSOPHILE
On connait une race de drosophile chez laquelle on observe, à l’issue de la
méiose, 100% de la non disjonction des hétérochromosomes X chez les
femelles. Ce fait résulte de l’attachement des deux chromosomes X des femelles
par fusion centromérique pour donner un isochromosome. Le caryotype des
mâles et des femelles, chez cette race, restreint aux seuls hétérochromosomes, se
présente comme suit :

71
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

X X Y X Y

♀ ♂
La transmission d’un caractère gouverné par un couple d’allèles situé sur la
partie hétérologue des chromosomes X attachés chez la drosophile est montrée
dans l’exemple suivant :
♀ [Yeux blancs] x ♂ [Yeux rouges] ♀ [Yeux rouges] x ♂ [Yeux blancs]
1 2

toujours toujours

♀ [Yeux blancs] ♀ [Yeux rouges]

♂ [Yeux rouges] ♂ [Yeux blancs]

Pour expliquer ces résultats, désignons par b+/b le couple d’allèles qui gouverne
le caractère ‘’couleur des yeux’’ dans cet exemple.
b+ [yeux rouges]
b [yeux blancs]
b+ est dominant sur b

72
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Considérons le croisement 1 :
Le génotype de ce croisement est :
b
b+
♀ X ♂
b

b + + +
b b b b+ b+

♀ [Yeux blancs] [Létal] ♂ [Yeux rouges] [Létal]

On obtient ainsi toujours des femelles aux yeux blancs et des mâles aux yeux
rouges.

Considérons le croisement 2 :
Deux génotypes sont possibles pour ce croisement :
b+
b
♀ X ♂
b+

b+
ou b
♀ X ♂
b

Dans l’un ou l’autre des cas, on obtient toujours des femelles aux yeux rouges et
des mâles aux yeux blancs

73
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

VII- HÉRÉDITÉ D’UN CARACTÈRE GOUVERNÉ PAR UN GÈNE A


ALLÈLES MULTIPLES
On connait de nombreux caractères dont le déterminisme génétique dépend d’un
gène à plusieurs allèles. C’est le cas de la couleur de la robe du lapin domestique
qui est gouvernée par une série de quatre allèles notés C, Cch, Ch et Ca. C’est
aussi le cas des groupes sanguins du système ABO chez l’homme qui est sous le
contrôle d’une série de trois allèles communément notés A, B et O.

VII-1- Cas de la robe du lapin domestique


L’allèle de type sauvage C produit une robe de type sauvage ou agouti et
domine tous les autres allèles de la série. L’allèle Cch produit le phénotype
chinchilla (gris argent) à l’état homozygote, et ne domine ni Ch ni Ca car les
génotypes CchCh et CchCa produisent tous deux une robe grise pâle qui diffère
de la robe chinchilla. L’allèle Ch produit le phénotype himalayen (yeux roses
avec une robe blanche, les pattes, les oreilles, le nez et la queue noires) à l’état
homozygote, et domine Ca. L’allèle Ca produit une robe véritablement albinos.
Les correspondances entre les dix génotypes et les cinq phénotypes qu’ils
déterminent sont consignées dans le tableau suivant :

Génotypes Phénotypes
CC - CCch - CCh - CCa Agouti
CchCch Chinchilla
CchCh - CchCa Gris pâle
ChCh - ChCa Himalayen
CaCa Albinos

TD : Donnez les ségrégations phénotypiques dans les descendances des


croisements suivants :
(1) – Agouti x Agouti
74
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

(2) – Agouti x Gris Pâle


(3) – Agouti x Himalayen
(4) – Gris Pâle x Himalayen
(5) – Gris Pâle x Gris Pâle

VII-2- Cas des groupes sanguins du système ABO


Les allèles A et B sont codominants mais tous les deux dominent O. Les
correspondances entre génotypes et phénotypes sont consignées dans le tableau
suivant :
Génotypes Phénotypes
AA - AO Groupe A
BB - BO Groupe B
AB Groupe AB
OO Groupe O

TD : Identifiez tous les croisements possibles entre groupes sanguins et donnez,


dans la descendance de chacun d’eux, le ou les groupes impossibles

VIII- ANALYSE DES ARBRES GÉNÉALOGIQUES OU PEDIGREES


L’analyse génétique chez l’homme présente des particularités. En effet, les
mariages ou croisements se font non pas dans un but expérimental mais selon la
volonté des conjoints fondée sur des considérations religieuses, familiales,
socioéconomiques, socioprofessionnelles, etc. Par ailleurs, la descendance d’un
couple est peu nombreuse alors que les lois de l’hérédité sont des lois de
probabilité, des lois qui se vérifient sur des grands nombres.
Pour contourner cette difficulté, on analyse des complexes de couples et leurs
descendances, c'est-à-dire des arbres généalogiques
Une généalogie est une sous population constituée d’individus liés
directement ou indirectement par un lien de génération. Le réseau
75
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

d’individus apparentés est appelé arbre généalogique ou pedigree. L’analyse des


arbres généalogiques permet de mettre en évidence le mode de transmission des
caractères héréditaires (en général des maladies) dans les populations humaines.
Hormis les cancers (maladies causées par des anomalies génétiques affectant les
cellules somatiques) et les maladies génétiques mitochondriales, les autres
maladies génétiques humaines se divisent en trois groupes principaux :
 Les maladies gouvernées par un seul gène (maladies à hérédité
monogénique ou monofactorielle).
 Les maladies liées à plusieurs gènes (maladies à hérédité polygénique ou
multifactorielle).
 Les maladies causées par des anomalies chromosomiques de grande
ampleur (maladies chromosomiques).
Dans ce paragraphe, nous ne traiterons que le cas des maladies à hérédité
monofactorielle dont l’analyse génétique est aisée à travers les pedigrees.
La construction des arbres généalogiques ou pedigrees obéit à des règles
conventionnelles qui se résument comme suit :
 Chaque génération est identifiée par un chiffre romain.
 Les individus d’une même génération sont rangés sur une ligne
horizontale et identifiés par des chiffres arabes.
 Les frères et sœurs d’une fratrie (ensemble des descendants d’un couple)
sont rangés de gauche à droite dans l’ordre des naissances.
 Les individus d’une génération sont identifiés, selon le sexe, par des
symboles spécifiques et leurs caractéristiques sont résumées dans la figure 1.

76
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

I 1 2 3 4

II 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

III
1 2 3 4 5 6 7

IV 4

Figure 1: Éléments descriptifs d’un pedigree humain

SIGNIFICATION DES SYMBOLES


Sexe masculin; Sexe féminin

ou désigne un couple ordinaire

ou désigne un couple consanguin


ou désigne un sujet sain
ou désigne un sujet atteint (malade)
désigne un enfant (sexe non précisé)
4 désigne 4 enfants (sexes non précisés)
3 ou 3 désigne trois garçons ou trois filles
ou désigne un sujet hétérozygote
désigne un mort – né
ou désigne un sujet décédé

désigne les faux jumeaux

désigne les vrai jumeaux

ou désigne le propositus

désigne un couple sans enfant

77
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

VIII-1- Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle


(monogénique) récessive autosomique
I
1 2

II
1 2 3 4 5 6 7

III 1 2 3 4

IV
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

Figure 2: Arbre généalogique représentant une famille dans laquelle sévit


une maladie monogénique récessive autosomique.
Le pedigree de la figure 2 représente une famille dans laquelle sévit une maladie
monogénique récessive autosomique.
Les propriétés de cet arbre généalogique sont:
 Une apparition brusque de la maladie, c'est-à-dire après plusieurs
générations (à la 4e génération), dans la descendance de couples en général
sains ; c’est pourquoi on dit que l’expression de la maladie est horizontale.
 Une expression de la maladie dans la descendance de couples très souvent
consanguins (couples dont les conjoints sont apparentés).
 Une atteinte des deux sexes dans les mêmes proportions.
 Environ un enfant sur quatre est atteint dans les fratries où s’exprime la
maladie.
Pour l’exemple de pedigree de la figure 2, si nous désignons par m le gène
récessif responsable de la maladie et M son allèle normal, alors les conjoints III1
M M
et III2 sont hétérozygotes Mm ( x ). En effet, les sujets malades sont
m m
de génotype mm et les sujets sains, MM ou Mm. Les conjoints III1 et III2 sont
sains mais ne peuvent qu’être Mm puisque la maladie s’exprime dans leur
descendance.

78
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

Comme exemples de maladies humaines transmises de cette manière citons :


l’albinisme universel, la drépanocytose, la fibrose kystique du pancréas, la
fermeture précoce des fontanelles chez les nouveaux nés (la pycnodysostose).

VIII-2- Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle


(monogénique) dominante autosomique
Le pedigree de la figure 3 montre une famille dans laquelle s’exprime une
maladie gouvernée par un gène dominant autosomique. Les caractéristiques de
cet arbre généalogique sont :
 Une présence de la maladie à toutes les générations ; on dit alors que
l’expression de la maladie est verticale. Une exception s’observe cependant
quand le gène de la maladie est incomplètement pénétrant.
I
1 2

II
1 2 3 4 5 6 7 8 9

III
1 2 3 4 5 6 7 8

IV
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

Figure 3: Arbre généalogique représentant une famille dans laquelle sévit


une maladie monogénique dominante autosomique.

 Une atteinte des deux sexes dans les mêmes proportions.


 En général, les sujets malades ont au moins un des deux parents atteint.
 Les conjoints sains ne transmettent pas la maladie à leurs enfants (sauf en
cas de pénétrance incomplète).
 Dans les descendances de couples dont l’un des conjoints est atteint,
environ un enfant sur deux présente la maladie.
Si nous désignons par A le gène dominant responsable de la maladie et a
son allèle récessif, alors tout sujet atteint (malade) a le génotype AA ou Aa et

79
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

tout sujet sain, le génotype aa. En tenant compte de la structure des fratries
issues des couples I1 x I2, II2 x II3, III1 x III2 et III4 x III5, on peut conclure que les
sujets I2, II2, III1 et III4 sont hétérozygotes Aa.
Comme exemples de maladies se transmettant de cette manière, citons : la
polydactylie, le nanisme achondroplasique, la dentinogénésis imperfecta, la
syndactylie, le psoriasis, la maladie de Parkinson, la luxation congénitale de
la hanche, etc.

VIII-3- Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle


(monogénique) récessive liée au sexe

I 1 2

II 1 2 3 4 5 6

III
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

IV
1 2 3 4 5 6 7 8 9

Figure 4: Arbre généalogique représentant une famille dans laquelle


s’exprime une maladie monogénique récessive liée au sexe.

Le pedigree de la figure 4 représente une famille dans laquelle on observe une


maladie gouvernée par un gène récessif lié au sexe. Cet arbre généalogique
présente les caractéristiques suivantes :
 Les deux sexes sont atteints dans des proportions significativement
différentes. Sur les sept sujets atteints, un seul est de sexe féminin.
 Les femmes atteintes, de conjoints sains, ne transmettent la maladie qu’à
leurs fils.

80
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

 La maladie peut apparaître dans la descendance d’un couple de conjoints


sains mais, dans ce cas, seuls les garçons sont atteints à cause de l’hétérozygotie
de leur mère (IV7 est malade parce que sa mère III8 est hétérozygote).
 Les hommes malades ne transmettent jamais la maladie à leurs fils. Si leur
conjointe est saine et hétérozygote, comme c’est le cas du couple I1 x I2,
certaines de leurs filles sont atteintes. Si leur conjointe est saine et homozygote,
aucun de leurs enfants n’est atteint, comme c’est le cas du couple II1 x II2.
Si nous désignons par d le gène récessif de la maladie et par D son allèle
dominant normal, alors les sujets malades de sexe masculin ont le génotype
d
d
et les malades de sexe féminin le génotype . Les sains de
D d
sexe féminin ont le génotype
D D d
Le couple I1 x I2 a pour génotype ♀ x ♂
d D d
♀ x ♂
Le couple II1 x II2 a pour génotype
d D D
Le couple II5 x II6 a pour génotype ♀ x ♂
d D D
Le couple III4 x III5 a pour génotype ♀ x ♂
D D D
Le couple III8 x II9 a pour génotype ♀ x ♂
d

Comme exemples de maladies s’héritant suivant le mode monogénique


récessif lié au sexe, nous avons : le daltonisme, l’hémophilie, la myopathie de
Duchenne, la déficience en G6PD (Glucose-6-Phosphate Déshydrogénase),
etc.

81
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

VIII-4- Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle


(monogénique) dominante liée au sexe

I
1 2

II 1 2 3 4 5

III 1 2 3 4 5 6 7 8

IV
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

V
1 2 3 4

Figure 5: Arbre généalogique représentant une famille dans laquelle on


observe une maladie monogénique dominante liée au sexe

Le pedigree de la figure 5 représente une famille dans laquelle existe une


maladie gouvernée par un gène dominant lié au sexe. Les descriptifs de cet arbre
généalogique sont :
 Les proportions dans lesquelles les deux sexes sont atteints sont très
significativement différentes : sur les douze sujets atteints, trois seulement sont
de sexe masculin.
 Dans la descendance d’un homme atteint, toutes ses filles sont atteintes.
C’est pourquoi seule l’analyse de la descendance d’un homme malade
permet de distinguer l’hérédité dominante liée au sexe de l’hérédité
dominante autosomique. En effet, dans l’hérédité autosomique dominante, des
filles saines peuvent naître dans la descendance d’un homme atteint.
 Dans la descendance d’une femme atteinte, ses enfants des deux sexes
sont atteints.

82
UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

 La maladie ne s’observe pas dans la descendance de couples sains sauf en


cas de pénétrance incomplète du gène de la maladie.
Dans l’exemple de la figure 5, si nous désignons par B le gène de la
maladie et par b son allèle récessif normal, alors les sujets malades de sexe
féminin ont le génotype BB ou bb et les sujets malades de sexe masculin, le
B
génotype .
b
Pour les sujets sains, les femmes sont bb et les hommes . Les femmes
malades I2 et III2 sont donc hétérozygotes Bb puisque dans leurs descendances
apparaissent des enfants sains des deux sexes.

Comme exemples de traits humains se transmettant suivant le mode


monogénique dominant lié au sexe nous avons : le rachitisme
hypophosphatémique vitamino-résistant, la maladie de Simens (kératose
folliculaire décalvante), le groupe sanguin Xg…

VIII-5- Analyse d’un pedigree se rapportant à une hérédité monofactorielle


(monogénique) codominante autosomique
Un exemple de pedigree représentant une famille dans laquelle on observe un
caractère à hérédité monogénique codominante autosomique est schématisé à la
figure 6.
I
1 2

II
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11

III
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16

IV
1 2 3 4 5 6 7 8 9

Figure 6: Arbre généalogique représentant une famille dans laquelle sévit


une maladie monogénique codominante autosomique
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UE GÉNÉTIQUE FORMELLE – ECUE 2 : GÉNÉTIQUE FORMELLE DES DIPLOÏDES

L’analyse de ce pedigree fait ressortir les caractéristiques suivantes :


1- Le caractère s’exprime sous trois phénotypes.
2- Chaque phénotype s’observe dans les deux sexes dans des proportions
statistiquement égales.
3- On observe deux types de fratries : des fratries phénotypiquement
homogènes (fratries issues des croisements II8 x II9, III7 x III8 et III9 x III10) et
des fratries phénotypiquement hétérogènes (fratries issues des croisements I1 x
I2, II2 x II3, II5 x II6).
4- La fratrie issue du croisement I1 x I2 présente une ségrégation 1/4 – 1/2 –
1/4 et les fratries issues des croisements II2 x II3 et II5 x II6, une ségrégation 1/2
– 1/2.
Toutes ces observations nous conduisent à admettre que le caractère qui
s’exprime dans cette famille est gouverné par un gène autosomal à deux allèles
codominants. Soit B/N le couple d’allèle en jeu :
B phénotype et (homozygote)
N phénotype et (homozygote)
B et N phénotype et (hétérozygote)

B B
Le génotype du croisement I1 x I2 est : x .
N N

B N
Le génotype du croisement II2 x II3 est : x .
N N

B B
Le génotype du croisement II5 x II6 est : x .
N B

N N
Le génotype du croisement II8 x II9 est : x .
N N

B B
Le génotype du croisement III7 x III8 est : x .
B B

N B
Le génotype du croisement III9 x III10 est : x .
N B
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Un exemple de caractère humain se transmettant suivant le mode monogénique


codominant autosomique est le système de groupes sanguins MN.

Remarque :
Deux caractères dont chacun est gouverné par un couple d’allèles peuvent être
impliqués dans un même pedigree avec des modes de transmission variés
comme nous l’avons montré dans les paragraphes précédents. Dans un tel cas, il
faut analyser le pedigree caractère par caractère pour préciser le mode de
transmission de chaque caractère.

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