Gharbi
Rappelons aussi, que toute personne qui appose sa signature n’est engagée
cambiairement à payer le montant de la lettre de change à l’échéance. Cela
implique que le signataire prend un engagement distinct des engagements des
autres signataires en raison du principe de l’indépendance des signatures.
A- principe
La lettre de change peut être acceptée dés sa créations. Si ce n’est pas le cas, il
appartient au porteur, s’il veut s’assurer que le tiré est disposé à accepter la
lettre de change et s’engager cambiairement, de la lui présenter.
1
N. Gharbi
B - la présentation obligatoire :
-Selon l’art.283 cc al.6, les lettres de change à un certain délai de vue, doivent être
présentées à l’acceptation dans un délai d’un an à partir de leur date. Cette présentation fait courir
normalement le délai de vue .Elle traduit aussi le souci du législateur à ne pas laisser les garants trop
longtemps exposés à un recours au cas de non paiement par le tiré .Selon l’art.283 al.7 cc le tireur
peut abréger le délai d’un an ou le rendre plus long par contre les endosseurs ne peuvent qu’abréger
le délai .
L’obligation de présentation à l’acceptation peut avoir son origine dans une clause insérée dans le
titre « clause contre acceptation ». Cette clause peut être insérée, soit par le tireur, soit par tout
endosseur (art.283 al.2 cc).
Il le fait par ex lorsqu’il est pressé de remettre la traite au bénéficiaire, et qu’il désire être
rapidement renseigné sur les intentions du tiré.
Par le défaut de présentation à l’acceptation le porteur est considéré porteur négligent et il est
déchu de ses recours cambiaires (art.315cc).
L’art. 283 al.3 cc permet au tireur d’interdire la présentation à l’acceptation par la clause « non
acceptable », lorsque par exemple le tirage est fait entre commerçants clients .aussi à coté de
l’interdiction pure et simple prévue par l’art.283 al3 ,l’ al.4 du dit article a prévu une interdiction de
présentation à l’acceptation limitée dans le temps ,ce qui lui permet de ne pas constituer la
provision avant un terme indiqué .
Si malgré la clause « non acceptable », la lettre de change est présentée à l’acceptation, les
conséquences sont les suivantes :
-soit le tiré accepte, l’acceptation dans ce cas est valable et produit ses effets, car on
suppose que le tiré renonce au bénéfice de la clause.
-soit il refuse et dans ce cas aucun recours anticipé ne peut être exercé par le porteur
faute d’acceptation.
2
N. Gharbi
Quels sont les cas où cette clause « non acceptable » serait inopérante ? Cette clause est interdite
lorsque :
-la lettre de change est payable chez un tiers ou dans une localité autre que celle du
domicile du tiré (art.283 cc).
L’acceptation est en principe, une simple faculté pour le tiré, qui est libre de
refuser l’acceptation de la lettre de change .Et bien évidemment, sa
responsabilité n’est pas engagée pour autant .Cela s’explique par la gravité de
l’engagement du tiré accepteur qui doit payer même s’il n’a pas reçu provision
au jour de l’échéance.
La loi a prévu une exception au principe de la liberté d’acceptation pour le tiré, lorsque la lettre de
change est créée entre commerçants en exécution d’une convention relative à des fournitures de
marchandises ,et que le tireur a satisfait aux obligations résultant pour lui du contrat ,le tiré ne peut
refuser de donner son acceptation dés l’expiration d’un délai conforme aux usages normaux de
commerce en matière de reconnaissance de marchandises (art.283 cc).Pour ce genre de lettre de
change, l’acceptation du débiteur est demandée pour faciliter la circulation de l’effet .Les
dispositions de l’article 283 cc ,étant dérogatoires au droit commun ,ils doivent être interprétées
restrictivement, c'est-à-dire si les conditions suivantes sont réunies :
-le tireur a satisfait une obligation résultant pour lui du contrat .c.-à-d. il a livré les
marchandises promises.
Le tiré doit donner son acceptation à l’expiration d’un délai conforme aux usages normaux de
commerce en matière de reconnaissance de marchandises.
En cas de refus du tiré d’accepter, le porteur pourrait rechercher sa responsabilité civile pour
violation d’une obligation légale.
3
N. Gharbi
-la déchéance du terme de l’obligation commerciale dont est débiteur le tiré dans le cadre du
rapport fondamental qui le lie au tireur
-ouverture de l’exercice des recours cambiaires anticipés contre les signataires de la traite.
2- La promesse d’acceptation :
C’est le cas lorsque le tiré a promis de faire « bon accueil « » aux traites émises sur lui par le
tireur .La promesse résulte d’un accord intervenu entre le tiré et le tireur .Elle n’est pas faite sur le
titre sinon elle devient une acception, c’est un engagement pris selon les règles de droit commun et
ne revêt pas le caractère cambiaire puisqu’elle ne figure pas sur le titre. En cas de refus du tiré
d’honorer son engagement, ce sont les règles de droit commun qui seront applicables, le porteur est
fondé à engager la responsabilité civile du tiré.
L’acceptation, selon l’art.285 al.1cc, doit être portée directement sur la lettre
de change. L’acceptation sur une allonge n’engage pas le tiré sur un terrain
cambiaire, cela veut dire qu’elle peut valoir comme promesse de payer la dette
représentée par la provision et produire ses effets sur le plan extra cambiaire,
mais elle n’a pas de valeur cambiaire. L’art.285 al.1 cc est une expression du
formalisme cambiaire qui ne se contente pas d’exiger une forme déterminée
(un écrit) mais prescrit en plus, le lieu où cette forme doit être observée (le
titre lui-même). Le fondement de cet article réside dans l’auto suffisance du
4
N. Gharbi
titre qui est appelé à circuler et qui ne peut circuler que si l’acceptation du tiré
y figure.
Mais le tiré peut restreindre son acceptation à une partie de la somme portée
sur la lettre de change.
- le porteur ne peut agir contre le tiré que comme cessionnaire des droits
du tireur en vertu du transfert de la provision (action de droit commun)
Bien que l’existence de l’engagement cambiaire du tiré est sans rapport avec la
provision (il est indépendant de l’engagement fondamental), mais il est prévu
par le législateur dans l’art.275 cc que l’acceptation du tiré suppose la
provision. en effet, en constituant une présomption de l’existence de la
5
N. Gharbi
-cette présomption est simple entre le tireur et le tiré .Le tiré peut donc
prouver contre le tireur l’absence de provision malgré son acceptation de la
lettre de change.
L’acceptation opère une purge des exceptions, c’est-à-dire que le tiré accepteur
ne peut opposer au porteur les exceptions liées au rapport fondamental, qu’il
aurait pu opposer au tireur, sauf si le porteur est de mauvaise foi.
L’acceptation est en principe, une simple faculté pour le tiré, qui est libre de
refuser l’acceptation de la lettre de change .Et bien évidemment, sa
responsabilité n’est pas engagée pour autant (sauf lorsque son acceptation est
obligatoire voir page 3,4 : acceptation de la traite par le tiré) .Cela s’explique
par la gravité de l’engagement du tiré accepteur qui doit payer même s’il n’a
pas reçu provision au jour de l’échéance.
Dans tous les cas le refus d’acceptation doit être constaté par un protêt
« faute d’acceptation », pour que le porteur puisse exercer ses recours
cambiaires (art.307 cc), sauf clause « sans frais sans protêt ». Le protêt est un
acte authentique dressé par un huissier notaire.
7
N. Gharbi
Pour éviter les recours anticipés du porteur suite au refus d’acceptation , toute
personne peut intervenir et accepter par intervention pour le compte de l’un
des signataires art.323 cc .Le porteur peut refuser cette intervention, dans ce
cas , les recours anticipés lui sont ouverts. Au contraire, s’il accepte il ne peut
exercer ses recours contre celui pour lequel l’acceptation a été donnée et les
signataires postérieurs.