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INTRODUCTION...................................................................................................................................................4
1 PROBLÉMATIQUE DE LA RECHERCHE.............................................................................................6
1.1 Connaissance du terrain..............................................................................................6
1.2 Evolution du projet de recherche................................................................................7
2 MÉTHODOLOGIE : ETUDE DE CAS INTERPRÉTATIVE.................................................................8
2.1 Etude de cas................................................................................................................8
2.2 Démarche interprétative..............................................................................................8
3 REVUE DE LITTÉRATURE....................................................................................................................10
3.1 Le changement..........................................................................................................10
3.2 Changement et TIC...................................................................................................12
3.3 Le modèle d'acceptation de la technologie (TAM)...................................................13
3.4 La théorie des ressources,.........................................................................................14
3.5 La théorie des ressources et des compétences..........................................................14
3.6 Intérêt managériale....................................................................................................16
3.7 Construction et analyse des entretiens......................................................................18
4 PRÉSENTATION DU TERRAIN DE RECHERCHE............................................................................19
4.1 L’environnement des chambres d’agriculture..........................................................19
4.2 Le rôle des agents des chambres d’Agriculture,.......................................................21
4.2.1 Passage d’un service subventionné à un service payant...................................22
4.2.2 Rendre compte de son activité : la gestion des temps de travaux.....................24
4.3 Arriver à l’équilibre budgétaire................................................................................24
4.4 Présentation des missions des conseillers agricoles..................................................21
4.4.1 Perception de leur métier par les conseillers (enquête interne)........................25
4.4.2 La question des TIC..........................................................................................26
4.5 Chronologie de l’introduction de l’informatique dans l’organisation......................27
4.5.1 Introduction des micro-ordinateurs 1983 - 84..................................................28
4.5.2 Mise en place d’un réseau 1992 : les changements d’organisation..................29
4.6 Appropriation de l'informatique par les agents.........................................................30
4.7 Gestion de « la matière grise »..................................................................................30
4.8 Changements réglementaires, l’exemple de l’évolution de l’offre du service
formation...............................................................................................................................31
4.8.1 Une recherche de nouvelles synergies internes................................................32
4.8.2 Technique et technologie un axe de développement........................................33
5 DES OUTILS D’AIDE À LA DÉCISION OU DE GESTION RÉGLEMENTAIRE ?........................33
5.1 Développement et commercialisation de Carnet de champ et de Mes p@rcelles....34
5.2 Carnet de champ.......................................................................................................34
5.2.1 Les freins à l’appropriation et à la diffusion de Carnet de champ par les
conseillers.........................................................................................................................36
5.2.1.1 Des querelles d’experts.................................................................................36
5.2.1.2 Des données difficiles à récupérer et à analyser...........................................37
5.2.1.3 Des compétences insuffisantes en analyse statistique..................................38
5.2.1.4 Le calcul de la marge brute...........................................................................38
1 Problématique de la recherche
Connaissance du terrain
La Chambre d’Agriculture est organisée en une dizaine de services dont le service
conseil aux agriculteurs, le service juridique, le service expérimentation, le service
communication…soit environ 150 personnes. Les chargés d’études et les conseillers de cet
2
Engrais, produits phytosanitaires…
3
Distingue l’analyse de contenu et l’analyse du contenu
Démarche interprétative
Faute de connaître un équivalent français indiscutable, le terme « démarche
interprétative » a été retenu par des auteurs français (Deltour, Vaast, 2000) comme traduction
de l’expression anglaise « interpretive study ». Pour l’interprétativisme le processus de
création de connaissance passe par la compréhension de sens que les acteurs donnent à la
réalité. Il ne s’agit pas d’expliquer cette réalité mais de la comprendre au travers des
interprétations qu’en font les acteurs (Thiétard, 2003).
En effet, les recherches interprétatives sont fondées sur l'idée que notre connaissance de
la réalité et une construction sociale.
IS research can be classified as interpretive if it is assumed that our knoweledge of
reality is gained only through social constructions such a language, consciousness,
shared meanings, documents, tools, and other artefacts. Interpretive research […]
focuses on the complexity of human sense making as the situation emerges […] it
attempts to understand phenomena through the meanings that people assign to them
(Klein et Myers, 1999 p. 68).
Ainsi, ancrée dans une perspective interprétativiste, ce travail cherche à comprendre le
point de vue des différents acteurs sur les technologies utilisées en agriculture, et plus
spécifiquement sur les SIG. Notre démarche est faite d'allers-retours entre les concepts
théoriques et l'analyse des entretiens. Les concepts constituant un filtre théorique à l'égard de
Pour conduire et évaluer une recherche de terrain interprétative dans le domaine des
systèmes d’information (SI), Klein et Myers (1999) proposent sept principes comme cadre
méthodologique. Nous avons cherché à conduire notre recherche à partir de cette
méthodologoie. Ces auteurs cherchent ainsi à amener un consensus dans la communauté
scientifique sur la manière de conduire une étude de cas dans une perspective herméneutique.
Ils montrent en effet que la publication de principes méthodologiques pour les études de cas
dans une perspective positiviste a amené un consensus dans cette communauté. Leur objectif
est donc de contribuer à l'amélioration de la recherche en SI. Ces sept principes ont été repris
par Deltour et Vaast (2000). Nous nous inspirons de leur travail dans le tableau suivant pour
mettre en relation ces principes avec la démarche utilisée pour ce travail.
3 Revue de littérature
Cette partie présente les différentes théories ou concepts sur lesquels nous nous sommes
appuyés au cours de ce travail. Ces concepts ont été utilisés pour réaliser le premier et le
deuxième guide d'entretien. Mais ils ont été également nos points de référence pendant tout le
processus d'analyse des données. En effet, un des sept principes que Klein et Myers (1999)
proposent de mettre en place est le principe d'abstraction et de généralisation. Ce principe
suppose de lier les détails de l'interprétation des données avec des concepts plus généraux.
Le changement
Les entreprises sont soumises à diverses transformations majeures de l’environnement
organisationnel, certains effets peuvent alors être observés au sein des organisations
susceptibles de façonner l’organisation et le travail dans les organisations (Rondeau, 1999).
Pour Crozier (1977), le changement n’est ni une étape logique d’un développement humain
inéluctable, ni l’imposition d’un modèle d’organisation sociale meilleur parce que plus
rationnel, ni même le résultat naturel des luttes entre les hommes et de leurs rapports de force.
Il est d’abord transformation d’un système d’action. Selon Alter (2000) le changement
correspond à la comparaison entre deux états des relations de travail et de la nature des
activités : avant et après (Alter, 2000). Il est possible de montrer, à l’aide d’une série
d’indicateurs, en quoi le changement analysé permet de décrire un nouvel état du tissu social
et organisationnel.
Pour Rondeau (1999), ces changements internes interviennent lorsqu’une nouvelle
technologie émerge, lorsqu’une nouvelle forme de concurrence fait surface, lorsque les règles
construction de nouvelles relations » (Bernoux, 2004, p. 11). Ainsi pour Crozier et Friedberg
(1977), la conduite du changement passe par l’apprentissage collectif de nouvelles manières
de raisonner et de coopérer. En effet, que les changements soient induits par la contrainte de
la concurrence ou par les changements techniques, les changements de comportements ont
Changement et TIC
De nombreuses recherches se sont intéressées à la manière dont les utilisateurs adoptent
les TIC, aux facteurs qui favorisent leur appropriation (Davis, 1989 ; Moore et Benbasat,
1991) mais également aux changements induits par l’utilisation des TIC (Kalika, 2003). Ce
que l’on nomme habituellement le changement, dans le cadre de l’analyse des entreprises,
représente une transformation de l’un des éléments de l’organisation du travail, ou de
l’organisation toute entière (Alter, 2000). Pour Alain Rallet (2003), les TIC n’ont pas d’effets
généraux sur le travail en elles-mêmes car les relations entre TIC et travail dépendent de leurs
relations à un troisième terme, l’organisation des entreprises (ou des administrations). Il note
que de nombreux travaux empiriques, statistiques ou monographiques, sur les relations entre
TIC et travail ont été développés par des économistes, sociologues, gestionnaires ou
ergonomes, mais il est difficile de dégager de ces travaux des résultats généraux permettant
d’apporter des réponses simples à des questions comme celle de la nature des compétences
mobilisées, le niveau de qualification etc. L’intranet par exemple revêt principalement une
dimension instrumentale d’outil d’information efficace, augmentant le potentiel actif et réactif
des composantes de l’entreprise, mais sans affecter pour l’instant de façon fondamentale les
flux organisationnels de l’organisation, si ce n’est en terme d’optimisation du et par le temps
(Pinede, Schott, 2000)
Pour des auteurs (Rivard, Pinsonneault et Bernier, 1999) les technologies de
l’information sont plutôt neutres, elles n’ont en elles mêmes ni incidences positives ni
incidences négatives. Leur impact dépend de la façon dont elles sont mises en œuvre et
utilisées dans un environnement donné. Plusieurs modèles ont été proposés afin de mieux
comprendre et d'expliquer les attitudes et les comportements des individus face aux TIC. Des
auteurs (Frini et Limayem (2004), Deltour (2004) ont référencé dans leurs revues de
littératures ces différents modèles. Selon Deltour (2004), le modèle d'acceptation de la
technologie de Davis (1989) (Technology acceptance model) est certainement le modèle le
plus connu en système d'information. En effet ce modèle et ses prolongements offrent aux
managers des arguments pour leur permettre d'influencer favorablement les processus
d'utilisation des technologies.
Figure 1 Modèle d'acceptation de la technologie traduit du schéma de Davis, Bagozzi et Warshaw (1989)
Cette théorie constitue un modèle de base qui permet d'anticiper le comportement des
personnes lors de la mise en place d'une nouvelle technologie. Davis propose d'analyser deux
facteurs susceptibles d'influencer le rejet ou l'acceptation de cette technologie. Ces deux
facteurs sont d'une part la perception de l'utilité de la technologie que se fait la personne,
d'autre part la représentation de la facilité d'utilisation de cette technologie de la personne.
Aujourd'hui le modèle TAM est utilisé pour anticiper ou expliquer les attitudes, les
comportements des utilisateurs d'un système d'information, d'un ERP, d'un CRM, de
l'Internet, de l'informatique médicale... Dans ce travail, nous retenons le modèle TAM comme
base théorique pour essayer de comprendre les éléments facilitateurs à l'acceptation du SIG
par les conseillers et les agriculteurs.
A travers l’analyse des entretiens nous chercherons à comprendre le rôle joué par le SIG
dans la stratégie de la chambre d’agriculture. La stratégie d’une organisation consiste à choisir
les domaines d’activité dans lesquels l’entreprise entend être présente et allouer des
ressources de façon à ce qu’elle s’y maintienne et s’y développe (Strategor, 2005). Différentes
approches ont été décrites par de nombreux auteurs (Porter, 1980 ; Penrose, 1959 ; Prahalad et
Hamel, 1990 ; Teece, Pisano et Shuen, 1990 ; Koening, 1999).
4
Nous ne retenons pas ici l’école évolutionniste (Nelson et Winter, 1982), la première à revendiquer l’héritage
d’Edith Penrose et à laquelle sont liées les trois autres théories.
Intérêt managérial
Si l’on accepte l’idée que la pertinence des ressources dépend de la capacité de l’équipe
dirigeante à mobiliser et coordonner les ressources, l’utilisation de la théorie des ressources
comme cadre conceptuel et la présentation de ce concept à un public de cadre pourrait être
une opportunité d’échange et peut être la mise en place d’un travail de réflexion sur
l’animation et la coordination de leurs équipes. Selon Jean Michel Plane (2005), le chercheur
peut aider ses interlocuteurs « à mieux cerner leurs problèmes et à imaginer leurs propres
solutions ».
Des auteurs, ont étudié les sources du changement comme venant de l'extérieur de
l'organisation, ce sont les changements liés à l'environnement, à la concurrence, les
technologies, les contraintes financières, les lois, la culture… Pour d'autres auteurs, le
changement sera analysé à partir de variables internes comme les institutions, les acteurs, la
gouvernance d'entreprise, la régulation sociale…. Selon (Bernoux, 2004) cette présentation à
l'avantage d'isoler ce qu'il appelle les racines du changement. Mais ces trois racines,
environnement, institution, acteurs de l'organisation n'agissent jamais seule, elles se
combinent toujours entre elles. En effet, les acteurs sont immergés dans l'environnement
technique et économique et dans les institutions où baigne l'organisation.
Quel est le rôle joué, ou à jouer, par les différents acteurs de l’organisation face aux
transformations de l’environnement (nouvelles technologies, nouvelles formes de
concurrence, changement de règles politiques ou sociales…). Ces transformations peuvent
avoir des effets sur l’organisation, et, selon l’importance de ces effets, peuvent entraîner des
perturbations internes et/ou externes. Nous avons souligné précédemment que le rôle des
managers est de donner du sens à ces perturbations. L’analyse de l’équipe dirigeante et de
l’encadrement doit permettre d’évaluer si ces perturbations remettent en question
Donc on a changé d’époque, et donc il fallait faire comprendre peu à peu, aux uns et aux autres, et
notamment à travers des cessions de formation et des réflexions sur les objectifs à poursuivre qu’il ne
fallait pas freiner l’évolutions que je viens de décrire (Dir.)
Même si ces sources de financement restent minoritaires, elles étaient à 20, 22 % quelques
années auparavant et sont actuellement aux environs de 13, 15 %, la chambre ne peut se
passer de ces subventions. Mais son avenir financier selon le directeur dépendra de sa capacité
à vendre des prestations aux agriculteurs.
Pour ma part j’étais convaincu que l’avenir financier des chambres d’agricultures était complètement
dépendant de leur capacité à diversifier leurs ressources et à être capable de vendre un certains nombre de
prestations utiles aux agriculteurs (Dir.).
Les changements de l’environnement (concurrence accrue, baisse des subventions…)
incitent donc le directeurs à orienter les activités des services, vers celles qui semblent
il y a des exemples très précis, le ministère d’une certaine manière brouille un peu les cartes et ne
reconnaît plus la chambre d’agriculture comme étant l’organisme principal qui avait tout ceci dans ses
cœurs de métier (dir.).
Pour le directeur cette situation doit inciter les conseillers agricoles de la chambre à être
les meilleurs. Ainsi la demande des agriculteurs s’exprimera auprès des services de la
chambre plus qu’auprès de ces organisations qui en font un nouveau métier.
Comme le souligne Jacques Rémy (2006) dans l’introduction d’un ouvrage collectif
consacré aux conseillers en agriculture, c’est un moment délicat pour l’ensemble de l’édifice
professionnel et ses institutions. Mais ces situations d'incertitude sont propices à la réflexion
et incitent les acteurs à réexaminer leur propre histoire (Rémy, 2006). Dans le cas de la
chambre étudiée, c’est l’organisation de l’activité des conseillers qui va être réexaminée.
5
Pour une présentation de ces organisations voir Annexe E.
6
Association départementale pour l´aménagement des structures des exploitations agricoles (ADASEA) :
http://www.adasea.net
La question qui m’intéresse, la mienne celle que je sens le plus, c’est à quoi sert on ? Et moi je sers en tant
que chambre d’agriculture à produire du changement. […]. La réglementation change, la donne économique
change, les valeurs des agriculteurs et le rapport à l’agriculture, le rapport à la nourriture, le rapport aux
animaux change. Le rapport à l’environnement, le rapport au territoire et donc quelle légitimité j’ai en tant
que chambre d’agriculture et bien c’est d’accompagner ce changement là. (RC 1)
Aujourd’hui, la commercialisation d’une partie des services implique un changement de
mentalité et d'identité des conseillers. En effet, être au « service de » signifiait dans la tête de
l'ensemble des équipes que le service n'était pas payant. La responsable note qu'il s'agit d'un
changement majeur. Les conseillers sont toujours « au service de », mais une partie de ces
services relève des services publics, c'est-à-dire de l'impôt chambre, des collectivités, du
Conseil Régional, et du Conseil Général. Les taxes payées par les agriculteurs sont
redistribuées aux chambres d'agriculture pour faire du développement. Une autre partie de ces
services devra de plus en plus payée par l'agriculteur lui-même. Les conseillers doivent donc
être en mesure de faire la promotion et la vente de ces services, mais la structure dont ils sont
On ne passe pas d’une culture à l’autre en deux ans C’est beaucoup plus long et…. On se heurte à des
réflexes de collaborateurs qui vous disent d’ailleurs presque clairement mais moi je n’étais pas rentré dans
ce métier là pour ça (Dir.)
Ce thème de la commercialisation des services est évoqué par neuf conseillers sur dix huit
dans l'enquête. Des conseillers sont conscients que le maintient de leur poste est lié à la
commercialisation des produits. Cette crainte n'est pas injustifiée. En effet, Mundler (2006)
note que dans certaines chambres d'agriculture les moyens humains consacrés au conseil
technique et à l'élaboration de références ont été progressivement réduits. Dans certaines
chambres ce type de conseil a complètement disparu. Ces moyens ont été redéployés dans le
conseil environnemental, le conseil territorial et le conseil d'entreprise.
Les prestations vont se développer et la pression de vente pour maintenir les postes de travail va prendre une
place plus grande. (Enq C 13)
Il va falloir apprendre à rentabiliser notre poste pour le conserver. Et, pour cela, changer l'image que les
agriculteurs se font du conseiller de la Chambre. Un conseil n'est pas gratuit car notre temps de travail n'est
pas gratuit... L'impôt ne couvre plus tous les besoins, les agriculteurs vont devoir y mettre de leur poche.
(Enq C 2)
Nous avons fortement développé cet axe de ressources nouvelles que sont les prestations Et ça change tout
dans la mentalité des collaborateurs d’une chambre, parce que précédemment quand on a rien à faire
payer…. On est….le technicien dévoué qui passe dans les exploitations et qui peut ne pas compter son
temps et qui… qui rend service. Quand on est dans une prestation de service, il faut que ce temps serve,
parce qu’il est facturé, il faut qu’il soit productif (Dir).
La responsable du service conseil (RC 1) souligne qu’à son arrivée à la chambre, en 1990,
le bon fonctionnement de la chambre était évalué en termes consulaires. Les agents étaient au
service des agriculteurs. Etre au service de, voulait dire dans la tête de l’ensemble des
équipes… pas payant. Maintenant, les agents sont toujours « au service de », il faut distinguer
les services qui sont payés par l’agriculteur lui-même et les services qui relèvent des services
publics, c'est-à-dire financé par l’impôt chambre, par les collectivités, le Conseil Régional, le
« Ca a commencé à être décidé en 91 et on y arrive seulement pour certaines équipes à faire du qualitatif, on
est en 2006 (RC. 1.) ».
« au début ça choquait même… en disant mais le nouveau directeur fait-il du flicage, maintenant ce serait
une idée saugrenue même de poser la question. Euh… Et il fallait enregistrer tout cela et très rapidement…
(dir.)
« Quinze ans pour ça. Ca veut dire qu’il faut être très acharné, pour ne pas se décourager » (RC. 1).
Selon la responsable du service conseil (RC 1), la gestion des temps de travaux permet de
« faire du qualitatif ». Elle lui permet d’identifier, avec les conseillers, les actions pour
lesquelles il est nécessaire de consacrer plus de temps. C’est un outil d’arbitrage du temps de
travail des agents. D’autre part la nouvelle loi d’orientation, la LOLF impose la traçabilité de
Et puis une exigence aussi, c’est que on fait beaucoup plus de choses. C'est-à-dire que pour l’équilibre
budgétaire fait que… la même équipe sert beaucoup plus de gens […]. Donc les budgets…et puis ça va
continuer donc il y une exigence d’efficacité, qui fait que l’on existera demain si on y arrive et qu’on
n’existera pas avec autant de… autant de moyens humains si on n’y arrive pas. Donc il y a un contexte à
la fois qualitatif d’exigence de qualité, sinon on ne vend pas nos services, hein. Alors ça c’est pour les
miens parce que finalement l’agriculture achète un service, alors soit le service est bon et j’en ai de plus
en plus qui l’achète ou du moins autant, alors que les agriculteurs diminuent donc c’est qu’en même un
challenge. (RC 1)
Il faut toujours avoir une démarche pédagogique de manière à ce que lorsqu'il se repose la même question
il soit capable de reprendre le cheminement qui à conduit a la réponse la première fois (Enq C 5).
Cette formation doit lui permettre d’être autonome. L’accompagnement est un
accompagnement technique mais également réglementaire. L’aspect règlementaire est l’aspect
le plus abordé par les techniciens dans cette enquête. Aujourd'hui, avec l’augmentation de la
pression réglementaire sur les agriculteurs, les conseillers sont obligés de s’impliquer de plus
en plus dans le conseil réglementaire ou la vérification. Ils doivent accompagner les
agriculteurs en amont à travers des réunions d'information, des écrits, par fax, par mail sur
7
Référence Insee, août 2006
On commence déjà cette année à remplacer le service de la protection des végétaux du ministère (Enq C9)
La part de terrain va diminuer au profit d'une augmentation de travail au bureau, la partie réglementaire
occupant la moitié du conseil aujourd'hui va encore augmenter par rapport à la partie strictement
technique qui est faible (Enq C13).
Les agriculteurs vont être plus exigeants sur le temps passé pour eux à la règlementation qu'ils vont
essayer de laisser au conseiller (Enq C 13)
En effet le conseil réglementaire amène les conseillers à passer moins de temps sur le
terrain. Pourtant la majorité d’entre eux considère que le métier de conseiller agricole est
d’abord un métier de terrain. Une partie de leur mission consiste à animer et mobiliser les
agriculteurs pour leur permettre de tester ensemble de nouvelles techniques; pour les faire
travailler et échanger entre eux, pour leur faire découvrir les avantages du travail en groupe.
Pour leur permettre de pérenniser leur exploitation, les conseillers aident les agriculteurs dans
leur recherche d'évolution afin que leur entreprise devienne performante. L’objectif est de
rechercher pour l’agriculteur un meilleur revenu et de meilleures conditions de travail. Ils sont
amener à expérimenter différentes techniques pour optimise chaque système de production.
Plusieurs conseillers soulignent leur neutralité technique face à d’autres partenaires des
agriculteurs. Ils apportent une objectivité dans leur conseil en tenant compte de l'aspect
économique, de l'organisation du travail et de la rentabilité des choix. Ils représentent un
regard extérieur, neutre et global, qu’ils portent sur l’entreprise des agriculteurs. Ils sont là
pour donner un avis complémentaire à celui du technicien commercial de la coopérative. A
l'échelle du territoire les conseillers accompagnent la mutation et l'évolution de l'agriculture,
cet accompagnement se fait en fonction de la PAC et de la demande de la société.
Pour encourager les agriculteurs à suivre les directives européennes, des aides aux
surfaces sont prévues dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Chaque année,
les agriculteurs doivent remplir un dossier et faire une déclaration graphique appelée
« registre parcellaire graphique » (RPG). Cette déclaration fait apparaître sur une photo
aérienne, les contours des îlots exploités et celui des parcelles culturales. Les agriculteurs
doivent également faire une déclaration de surfaces, détaillant les caractéristiques de chaque
parcelle (surface, culture, variété cultivée, contrat CAD ou CTE…) et un formulaire de
renseignements administratifs.8. Pour aider les agriculteurs à remplir le dossier, le Ministère
8
Source : http://agriculture.gouv.fr/spip/actualites.teleprocedures_a5910.html#1
…répondre aux demande des agris avec des outils informatiques, Mes p@rcelles. S'impliquer dans le
conseil cultures avec des outils types Farmstar […] création de nouveaux services cultures, remplacement
de plan fum par un logiciel pouvant répondre aux besoin réglementaire, suivi abonnement mes parcelles.
(Enq C.7)
Cependant huit conseillers font allusion au développement des prestations facturées aux
agriculteurs « vendre ses produits » (Enq C. 8). Des conseillers associent ce développement
avec la notion de rentabilité de leur poste et sont conscients du changement d’image que cela
impose. La notion de pression est également associée à la vente des prestations.
Il va falloir apprendre à rentabiliser notre poste pour le conserver. Et, pour cela, changer l'image que les
agriculteurs se font du conseiller de la Chambre. Un conseil n'est pas gratuit car notre temps de travail n'est
pas gratuit... L'impôt ne couvre plus tous les besoins, les agriculteurs vont devoir y mettre de leur poche.
(Enq 2)
Les prestations vont se développer et la pression de vente pour maintenir les postes de travail va prendre une
place plus grande. (Enq 13)
De plus en plus de temps passé au téléphone (pression pour décrocher des prestations). (Enq 14)
Cadrage de notre temps de plu en plus serré sur la répartition animation et prestations. Consacrer plus de
jours sur les prestations. (Enq 17)
plus de prestations individuelles payantes. (Enq 18)
… pour que le jour d’un éventuel contrôle de leur respect de ces conformités, ils puissent apporter les
preuves, donc ça c’est quelque chose que nous sommes en train de développer notamment depuis deux
ans (Dir).
J’étais de ceux qui réfléchissaient à ce moment là avec deux autres directeurs de chambres normandes aux
outils globaux et transversaux qu’il fallait mettre en place et notamment ce qui nous semblait être au cœur et
qui n’existait pas c’était le fichier que nous appelions de nos interlocuteurs c'est-à-dire non seulement de
tous les agriculteurs avec lesquels nous travaillons puis après même de ceux avec qui on ne travaillait pas
pour avoir un fichier global des agriculteurs du département. Mais interlocuteurs parce qu’aussi tous les
membres de chambre, les maires, les élus politiques, les responsables d’organisations professionnelles etc.
qui font parti de nos interlocuteurs. Et dès ce moment là, la question se posait de faire en sorte que chacun
ne continue pas de maintenir toutes ces listes sur son poste. Ce qui se faisait avant et qui a continué à se faire
un petit peu après malgré nos luttes incessantes, […] concevoir tout de suite le fichier interlocuteur comme
L’informatique, n'a pas été mis en place de façon à mon avis…très bien accompagnée ni très constructive, ni
très motivée on en a fait une purge, on a dit aux gens c'est comme ça, il faut le faire, voilà, on n'a pas rendu
les gens autonomes, ni même au niveau des secrétaires enfin pour moi. Il y a eu des erreurs de gestion de
ressources humaines en formation il faut d'abord convaincre, bien sûre bien sûre qu’il faut pousser celui qui
n’a pas envie d’y aller, il ne faut pas le laisser ne pas y aller, ça d’accord, mais…il faut motiver déjà, il faut
montrer tous les gains qu'il peut y avoir, ça on ne sait pas le faire dans la maison. (RC 1)
Selon elle ; la perception de la formation par les agents à cette époque est également à
prendre en compte. En effet, proposer une formation à un agent signifiait qu’il était
incompétent. Mais en 15 ans, elle a réussit à positionner la formation autrement et aujourd’hui
Innover dans le domaine des services consiste, de par la nature de l’output, à modifier les processus
d’interaction par lesquels est obtenu la satisfaction du client, et de le faire en modifiant l’organisation
productrice de ce processus (Soparnot et Stevens, 2006).
Cooper (cité par Soparnot et Stevens, 2006) a montré que plus les services font appel aux
répertoires de connaissances individuels et organisationnels existants, plus l’incertitude et les
risques sont réduits.
Pour comprendre sur quelles compétences la chambre d’agriculture s’est appuyée pour
choisir de développer un SIG, il nous faut aller plus loin dans l’historique du développement
On savait qu'il y avait la réglementation on mettait en place une formation. Il n'y avait pas un besoin derrière
exprimé, mais là après la réforme de la PAC fin 2005 on a fait un gros de formation, 300 personnes sur les
DPU, mais après ça le réglementaire diminuant il faut que nous on assoie une compétence sur du technique.
(CF)
Le besoin n’émanait pas des agriculteurs. En fonction des nouvelles réglementations à
appliquer, la chambre d’agriculture mettait en place une formation. Ces formations
s’appuyaient sur les compétences des conseillers, chargés de les animer. Selon une conseillère
formation, c’était facile de mettre en place des cessions sur du réglementaire.
Donc les gens en avaient besoin et nous on était là. On a proposé des cessions, on en a même fait des
gratuites pour les adhérents. Mais ce fond là, bien sûr, il y a toujours des évolutions réglementaires mais ce
n'est pas toujours aussi présent, ce qui fait que nous il faut qu'on se réoriente maintenant sur de nouveaux
axes (CF).
Comme ces formations diminuent, les conseillers formation doivent s’orienter vers de
nouveaux axes, par exemple des formations techniques, de nouveaux publics, par exemples
les jeunes agriculteurs. Mais les conseillers formation ne sont pas en contact direct avec les
agriculteurs. Ce sont les conseillers sur le terrain qui doivent faire émerger les besoins et les
faire remonter au service formation chargé de mettre en place des programmes de formation
en Adéquation avec les besoins des agriculteurs.
On arrive comme un cheveu sur la soupe. Les gens ne comprennent pas le sens du dépôt d'un projet de
formation. Ca s'articule avec rien en fait. Ca m'est arrivé de mettre en place des formations et puis en
fouillant un peu de droite à gauche, voir qu'il y avait déjà des choses au service conseil qui se mettait en
place. Je n'étais pas au courant. Donc forcément mes actions de formation ne fonctionnaient pas. Et en plus
je dis bien "mes actions de formation", parce que ce n'était pas porté par les autres. Donc, s'il n'y a pas de
concertation et si on met deux fois la même chose en place.[…]
Il y forcément un filtre, c'est humain, il y a une interprétation. Je sais que l'équipe avant que j'arrive avant
2003 avait essayé de faire fonctionner des groupes d'agriculteurs, pour voir quels étaient leurs besoins et
faire du sur-mesure. Mais ils ont laissé tombé parce que a priori ça… Les gens faisaient émerger quelque
chose et puis ce n'était pas porté par un assez grand nombre, donc ça n'avait pas abouti non plus. Donc…
normalement les conseillers doivent être parti prenante et s'impliquer. (CF)
Selon cette conseillère, tant que les conseillers ne se sentiront pas impliqués dans les
projets transversaux, il ne sera pas possible de développer les nouveaux axes. L’implication
des conseillers est donc, selon elle, un facteur de réussite pour la mise en place de nouveaux
projets de développement. Puisque la baisse des formations réglementaires impose de trouver
de nouveaux axes de développement les technologies représentent un champ important de
développement.
[…] forcément au départ, c'était des outils pour assurer la traçabilité. Là on a un champ important avec ces
nouvelles technologies (CF).
En effet, la politique européenne impose aux agriculteurs de faire le suivi des intrants sur
leurs parcelles afin d’adopter une gestion efficace des quantités d’azote, de potassium, de
phosphore et des produits phytosanitaires. L’objectif est d’inciter les agriculteurs à adapter au
plus juste les quantités nécessaires à la croissance et à la protection de l’environnement afin
de concilier des objectifs économiques et environnementaux. En particulier, les agriculteurs
doivent mettre en œuvre sur leurs parcelles la directive nitrate, directive européenne du 12
Carnet de champ
L’application informatique Carnet de champ est une application développée par la
chambre d’agriculture, avant de connaître une forme numérique, Carnet de champ, en 1995, a
d’abord était une fiche papier que les conseillers de la chambre distribuaient aux agriculteurs
pour qu’ils puissent saisir leurs pratiques, c'est-à-dire toutes les interventions réalisées sur
chacune des parcelles de terrain de leur exploitation. Selon le responsable informatique le
créateur de ce document était vraiment un chef de projet.
Et il avait vraiment l'art et la manière de travailler avec ses collègues conseillers culture pour mettre en route
des nouvelles méthodes. C'était vraiment quelqu'un qui avait cette fonction d'organisation, de méthodologie.
Et puis qui était reconnu par ses collègues. RI
L’objectif était de centraliser les données recueillies par les agriculteurs afin de réaliser
l’analyses des résultats en groupe.
Carnet de champ, pour eux c'est pour avoir une mémoire de ce qu'ils ont fait et à la fois pour être en accord
avec la réglementation puisqu'on leur demande de tout noter et d'avoir sur papier une fiche parcellaire qui
résume tout ce qu'ils lui ont fait, que ce soit en fumure, plan de fumure, réalisé, prévisionnel ou en
intervention phyto. Donc c'est un outil qui leur permet de stocker dans un endroit tout ce qu'il faut stocker
(C1).
Le carnet c'est tous les enregistrements qu'on fait obligatoire. C'est-à-dire qu'on est obligé de noter les
apports d'engrais qu'on fait ou les fumures différentes […] si on ne remplit pas le carnet de champ et le plan
de fumure, on peut avoir en cas de contrôle une amende sur la PAC. Mais lors de la déclaration de la PAC
ça n'a rien à voir. Mais je n'ai pas été contrôlé (Agr. 2).
A la chambre d’agriculture, après le départ de ce conseiller le carnet de champ papier a
commencé à péricliter. Il n’était plus porté par un conseiller. En 2000, à l’arrivée d’un
conseiller passionné d’informatique, l’équivalent du document papier est développé avec le
tableur Excel. Pour éviter aux agriculteurs d’acheter le tableur, la direction a demandé au
responsable informatique de reprendre l’application développée sous Excel pour en faire un
outil indépendant du tableur. A cette époque, les conseillers utilisaient également une
application développée par une autre chambre d’agriculture, « Plan fum » pour les prévisions
d'achat et d'apport d’engrais. Pour le responsable informatique, cette application avait
l'avantage d’utiliser déjà de la cartographie. Selon lui, la cartographie est un outil adapté aux
agriculteurs, car c’est un outil visuel. Il propose alors d’intégrer les fonctionnalités de
l’application Carnet de champ à l’application Plan fum. Mais l’idée est rejetée et Carnet de
champ à fait l’objet d’un développement interne en Windev .
Avec la version informatisée du carnet de champ, les agriculteurs gagnent du temps. Ils
n’ont plus à saisir plusieurs fois les mêmes données, ce qui évite également des erreurs de
saisie. L’application intègre des listes déroulantes pour simplifier la saisie, et des contrôles de
saisie. La conseillère formation souligne que quand l’entreprise est gérée par plusieurs
associés, l’application Carnet de champ leur permet de « se retrouver clairement » (CF). Il est
En plus sur papier c'est très compliqué, c'est très long en plus. Je ne suis pas sûr que je l'aurai fait donc en
cas de contrôle…(Agr. 2)
L'ordinateur nous fait tous les calculs. L'ordinateur je lui dit, je mets 100 kg d'engrais dans telle parcelle, 40
tonnes de fumier, clac et en bas il nous dit, vous avez apporté tant de kilos d'azote. Tandis que sur le papier,
il faut calculer à chaque fois, une tonne d'azote, tant d'unité d'azote. Ce que je ferai en une journée, trois
parcelles, en deux heures avec l'ordinateur on fait toute la ferme. […] 150 hectares, il y a 23 îlots, donc dans
chaque îlot entre 25 et 30 parcelles. Moi j'avais commencé il y a quelques années sur papier. J'estimais à une
semaine tous les après midi à faire mes calculs (Agr. 2).
Carnet de champ a évolué avec la réglementation. Le plan prévisionnel de fertilisation
azoté a été ajouté pour automatiser la saisie des données concernant l’azote. En effet les
agriculteurs devaient remplir un document puis parcelle par parcelle calculer les reliquats
d’azote. Les mêmes données devaient être saisies plusieurs fois. Avec l’informatique, les
agriculteurs ont des contrôles des doses apportées sur la culture. A chaque apport le montant
apporté est retranché. L’application permet un contrôle du raisonnement de la fertilisation.
Carnet de champ a ainsi évolué d’un simple outil d’enregistrement à un outil de gestion de la
pertinence technico-économique. En effet, les agriculteurs peuvent déterminer des marges de
progrès et comparer leurs résultats avec les moyennes calculées sur l’ensemble des résultats
de leur groupe d’agriculteurs.
L’agriculteur saisit ses données ; les rendements, le prix unitaire, la prime PAC et les
données concernant les récoltes… A partir de ces données, la marge brute peut être calculée.
Le conseiller récupère les données des agriculteurs de son groupe, les consolide avant de les
analyser. Il rédige ensuite un document de synthèse. Il peut alors commenter les résultats du
groupe au cours d’une réunion.
Cependant même si contrairement à la première application sous Excel, la nouvelle
version de Carnet de champ comprend des aides à la saisie, des contrôles des saisies, des
erreurs subsistent. Par exemple, des agriculteurs peuvent oublier de saisir un traitement, les
résultats obtenus sont alors incohérents. Le conseiller doit donc avant de traiter les données,
vérifier leur cohérence.
il peut y avoir différent modes de calcul, selon les églises. Je parle d'église parce que ça s'apparente à une
église. On n'a pas été foutu au niveau régional, ou alors si on y est c'est depuis six mois seulement. Mais
pendant cinq ans ça a été des discours et des homélies avec des sermons dans tous les sens. L'un prêchant
pour sa méthode de calcul, l'autre prêchant pour la sienne. Les deux étant au dixième près à peu près égal. Et
aucun ne voulant lâcher du lest pour que ce soit l'autre…Donc par exemple l’application plan fum faisait un
calcul de prévision que la Seine Maritime refusait donc on ne voulait pas de plan fum (RF).
Le responsable informatique a recensé ainsi trois méthodes de calcul différentes, diffusées
par les mêmes équipes. Selon lui ce manque d’accord sur les calculs peut expliquer certaines
réticences vis-à-vis de cet outil. Mais un autre défaut a été pointé par plusieurs conseillers.
L’application Carnet de champ était installée sur l’ordinateur de l’agriculteur. Lorsque toutes
les données étaient saisies, le conseiller devait les récupérer chez les agriculteurs. Tous les
conseillers ne se sont pas impliqués de la même manière dans ce travail de récupération des
données.
ce qui fait que les références qu'on récupère pour pouvoir faire des moyennes sont assez pauvres, donc cette
partie là commence à….(CF)
Ce désaccord quant à la manière de traiter les données est également pointé par la
conseillère formation.
Il y a une moulinette qui a été créée et elle n'a pas été validée par les conseillers. Ce qui fait qu'ils ne rentrent
pas dedans. Ils la critiquent, mais quand il y a des versions nouvelles du Carnet de champ, très peu
contrôlent la pertinence des infos rajoutées, après ils râlent parce que, ça n'y est pas, mais si ça y est, si tu
avais regardé, tu l'aurais vu tout de suite. Ils ne s'impliquent pas vraiment, c'est toujours une position de
retrait et puis après les critiques arrivent très violemment. L’informaticien s'en prend la tête à chaque fois
(CF).
Ce désaccord entre la manière de traiter les données est un premier élément proposé pour
tenter d’expliquer le manque d’investissement des conseillers sur cet outil.
Dans ces cas là, la logique voudrait qu'on la fasse sauter cette parcelle là et qu'on passe à une autre et
l'échantillon se réduit. Comme j'avais fait des kilomètres et passé un temps fou. J'avais pas du tout envie de
perdre ces parcelles là et du coup j'ai repassé du temps pour m'assurer qu'il n'y avait pas d'erreurs. J'ai
contrôlé toutes mes parcelles sauf cas exceptionnel, mais parfois je remplaçai quand je pensai qu'il y avait
une erreur. Des erreurs d'unité, ils ont mis des grammes à la place des kilos, là encore ça va. Ils ont oublié
d'entrer le fongicide alors que c'est évident qu'ils en ont fait un. Dans ce cas je m'en souviens parce qu'ils me
l'avaient dit, je le rajoute ou bien je les appelle…(C 1)
Pour une conseillère en formation le manque d’implication de certains conseillers quant à
l’utilisation de Carnet de champ peut également s’expliquer par le fait qu’ils ne sont pas
encore très à l’aise avec certaines fonctionnalités de base de l’utilisation informatique. Ils ne
savent pas par exemple faire des sauvegardes.
Normalement ils vont chez les agriculteurs récupérer des données, chez leur adhérents. Et parfois ils sont
démunis, ils ne contrôlent même pas la disquette de retour, voir si elle est pleine ou pas. Ils ne savent pas
transférer des données d'un micro à un autre. Il y a tout un fond de base qu'ils n'ont pas. Alors
l'implication…(CF)
Pour une conseillère le problème de l’analyse des données aurait pour origine un manque
de connaissance en traitement statistique de données.
Le problème de carnet de champ c'est que ça aboutit à des raisonnements très basiques et très pertinents du
type le rendement corrélé à la quantité de fongicide apportée et alors on fait une belle courbe de tendance et
alors il me dit tient plus on met de fongicide et plus on fait de rendement. C'est une aberration la plus
hallucinante que j'ai entendu mais que mes collègues arrivent à faire sans sourciller. Donc moi j'ai passé un
très mauvais mois de février quand j'ai vu ça. Ce n'est ni scientifique, ni pertinent de faire des relations
comme ça sur des échantillons de 15 parcelles. J'ai essayé d’en discuter, mais une fois que le boulot avait été
Mes p@rcelles
Mes p@rcelles, comme Carnet de champ permet d’enregistrer les données relatives au
plan prévisionnel de fumure (azote), au cahier d’épandage, les pratiques telles que l’apport de
produits phytosanitaires, les dates et les types de semis, les labours… Mais, Mes p@rcelles
est un système d’information géographique (SIG). Un SIG permet de gérer une base de
données comprenant des informations géographiques et des éléments associés, comme, des
routes, des ponts, des voies de chemin de fer etc. Une information géographique est la
description d’un objet et sa position sur la surface du sol. A partir de ces données, l’utilisateur
peut imprimer des plans ou des cartes, rechercher ou regrouper des informations : par
exemple : rechercher toutes les parcelles situées à moins de cinquante mètres d'un canal et
cultivées en maïs.
L'APCA a dit, nous on ne peut pas, alors les directeurs des chambres du groupe ont dit, nous on paye, nous
on le finance et si ça vous intéresse, vous nous repaierait une cote part plus tard, nous on ne veut pas vous
attendre et ils ont payé, surtout la Seine Maritime je crois. Notre directeur il était financier, il devait avoir
une grosse chaussette dans un coin. Il a payé et c'est comme ça que ça a démarré et c'est vachement
intéressant parce que; la façon dont le groupe en boule de neige, ça a remis en cause tout le fonctionnement
de l'APCA… Parce qu'ils ont dit, vous avez vu, nous on a fait quelque chose en six mois, en gros nous en six
mois on a fait quelque chose et vous depuis le temps que vous fonctionnez, ça ne fonctionne pas. Donc ils
ont mis un peu le nez des gens dans le caca. Donc l'APCA, s'est réorganisée, elle a réorganisé les groupes de
travail etc. Donc maintenant on a des lettres de mission. C'est-à-dire on fonctionne comme ça en groupe etc.
mais on doit rendre des comptes. Il faut qu'il y ait la lettre de mission qui dit, vous me faites ça, ça et ça pour
telle date (RI).
Le projet est aujourd’hui un projet national, porté par l'APCA. L’APCA a gardé
l’appellation BD sol qui était l’appellation d’origine du produit. SIGA Système d'Information
La déclaration PAC dure six semaines, mais bien souvent les trois premières semaines sont calmes, un
nombre important de déclarations sont réalisées durant les trois dernières semaines. L'outil ne fonctionnait
pas toujours comme les utilisateurs le souhaitaient. […], les collègues faisaient remonter les infos auprès de
l'éditeur qui renvoyait des patchs à faire passer, mais comme c'était un outil micro, il y avait autant de patchs
à faire passer que de machines. Les machines étaient réparties dans le département. Ils devaient courir de
droite à gauche. C'était une période de grande tension pour eux. (Resp. Proj )
Pour le développement de Mes p@rcelles, le choix de logiciels libres 10 a donc été retenu
en collaboration avec le CNERTA11 , un département de l'ENESAD, qui a principalement
pour objet d'aider les établissements d'enseignement agricole à intégrer l'usage des
technologies de l'information et de la communication.
10
Postgre, Postgis
11
ÉTABLISSEMENT NATIONAL D’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR AGRONOMIQUE DE DIJON
c'est pour ça que je milite pour Mes p@rcelles, dans Mes p@rcelles il y en a une…. Et de fil en aiguille
on est quand même arrivé à faire admettre à tous ces gens là que Mes p@rcelles c'était vachement bien
et puis un jour l'expert très expert qui nous avait plus embrouillé qu'autre chose, il nous a dit, Mes
p@rcelles, c'est vachement bien, j'ai été étonné etc. Depuis ce jour là, je me suis dit, ça y est, c'est gagné
quoi. On va peut être y arriver…. Mais c'est, c'est dramatique quoi, ce genre de petites querelles, pour
un dixième. L'agriculteur qui passe avec sa sulfateuse, je vais te dire, son dixième à la sortie du champ
c'est quelques kilos, alors ça me fait doucement rire. Il faut rester pratique (R Inf.).
5.6 Les raisons de son acceptation par les conseillers, des critères
différents ?
Selon le responsable informatique les conseillers acceptent bien Mes p@rcelles, parce que
c’est « un produit innovant ». Selon lui Mes p@rcelles valorise les conseillers auprès des
agriculteurs car ce n’est pas « un produit ringard ». Il utilise de la cartographie, l’Internet et
qui a une image très positive.
Ils acceptent bien Mes p@rcelles parce que c'est un produit innovant. […] Il les valorise, oui parce que ils
ont un produit entre les mains qui n'est pas ringard, il y a de la cartographie, il y a l'Internet. Bon c'est un
produit qui a une image très positive. À partir du moment où j'ai vu qu'avec de la carto ce qu'on était
susceptible de faire, j'avais bien compris que c'était là où il fallait aller avec les agriculteurs, parce que les
agriculteurs, ce sont des visuels, ce sont des pratiques (R. Inf.)
Pour le directeur également Mes p@rcelles est un outil performant grâce à l’utilisation
d’Internet. Il n’y a plus de manipulation de disquettes comme avec Carnet de champ. Les
agriculteurs gèrent leur propre information sur Internet. Le programme et les données ne sont
pas stockés sur leur micro-ordinateur, ce qui les sécurise. Ils peuvent ainsi croiser les données
avec d’autres bases de données, les bases élevage par exemple. Le plan des îlots déclarés à la
DDA, peut être rapatrié sur leur micro. Ils découpent ces îlots en autant de parcelles qu’il est
nécessaire et indique pour chacune d’elle la culture, l’historique des cultures, les opérations
réalisées sur chacune d’elles ; labour, semis, épandage d’engrais, ou de produits
phytosanitaires, les rendements réalisés en fin de période. Pour la saisie ils disposent de listes
déroulantes avec le nom des produits, ils peuvent personnaliser ces listes. Ils impriment des
états qu’ils peuvent produire aux services de l’administration en cas de vérification de leurs
pratiques.
Le fait est qu'il n'était pas totalement complet à leurs yeux et qu'il ne l'est toujours pas. Mais cela fera parti
des choses qu'il va falloir se mettre en tête, puisque le choix est fait maintenant. Tous les développements se
feront sur Mes p@rcelles, Carnet mourra de sa belle mort (Resp projet)
Aujourd’hui, l’application Mes p@rcelles ne permet pas de calculer les marges brutes.
C’est une des critiques avancées par les conseiller pour expliquer leur réticence à promouvoir
cette application auprès des agriculteurs. Pourtant, tous les agriculteurs ne considèrent pas le
calcul des marges comme une fonctionnalité indispensable. Certains agriculteurs ne l’utilisent
pas, comme l’explique cet agriculteur :
Je les faisais pas déjà sur Carnet de champ. Parce que quand on sort du champ, on sait à peu près ce qu'on a
gagné. Donc pour pas être démoralisé, moi j'attends le résultat comptable (rire). Je ne m'amusais pas à le
faire. Et puis je ne suis pas assez pointu en culture, pour m'amuser à le faire. Je sais en fonction de mon
rendement si j'ai gagné ou pas gagné d'argent. Ou si j'en ai perdu. Je ne m'amuse pas à détailler tout.
Selon le chef de projet les conseillers doivent se rappeler qu'il y a eut également avec
Carnet de champ tout une période d'évolution. L’application a connu en trois ou quatre ans
une évolution significative en terme de fonctionnalités, voir même d'ergonomie. Elle s'est
largement améliorée.
C'est ce que je leur explique aussi […] l'idée c'est sous quatre cinq ans d'avoir quelque chose qui tienne la
route et qui serve au-delà du réglementaire.
Si a la base les fonctionnalité du SIG peuvent sembler équivalente à celle de l’application
Carnet en terme d’ergonomie et de possibilités d’évolution c’est un produit complètement
différent. Un agriculteur souligne que Carnet de champ lui faisait déjà gagner du temps, mais
avec Mes p@rcelles, il apprécie d’avoir l’image de ces parcelles.
C'est plus imagé, on voit ce qu'on fait. Avec Carnet de champ on enregistrait les informations, il nous
sortait les comptes. Tandis que Mes p@rcelles nous met en image, c'est encore mieux. Moi j'aime bien que
ce soit matérialisé (Agri 2).
C'est rentabilisé. Pas en terme de coût, en terme de temps. Je suis tout seul sur la ferme, je suis en GAEC
avec ma mère, mais c'est parce que mon frère n'est pas encore installé. A 61 ans, elle s'occupe encore de
l'administratif, mais elle ne peut plus s'occuper de tout ce qui est déclaration. Mon frère me donne un coup
de main, le soir quand il rentre, mais en terme d'organisation journalier, je suis tout seul. Donc tout ce qui
me fait gagner du temps… Est rentabilisé dès le départ (Agr. 2)
Des agriculteurs choisissent de passer progressivement de Carnet de champ à Mes
p@rcelles. Ils se forment à la partie cartographie du logiciel, ils dessinent leur assolement, les
limites et ils continuent à faire les saisies dans Carnet de champ. C’est une année de transition
Ils disaient qu'avec Carnet de champ ils avaient appris à utiliser l'environnement informatique et que pour
eux le plus dur ce serait la partie carto. Que dès que l'obstacle carto serait franchi, ils passeraient à Mes
p@rcelle sans souci. Et cela ils sont venus, pour suivre la vague, pour ne pas être en retard, parce que Mes
p@rcelle ont leur promettait une facilité de saisie de la PAC.
En effet pour obtenir les aides aux surfaces prévues dans le cadre de la PAC, les
agriculteurs doivent, chaque année, remplir un dossier 12. Nous avons vu que pour faciliter
cette démarche les agriculteurs, peuvent utiliser, via Internet, un service développé par le
ministère de l’Agriculture et de la Pêche et l’Office national interprofessionnel des céréales
(Onic) : Telepac. Les agriculteurs qui ne souhaitent pas utiliser la télé déclaration peuvent
toujours faire leur déclaration sur papier. Mes p@rcelles dispose d'un module déporté qui
alimente directement la base. Via l'interface de consultation il est possible de réexporter les
données pour les mettre dans Telepac. Cet outil permet aux conseillers d'accompagner les
agriculteurs qui n'utilisent pas Telepac. L’agriculteur n’a alors pas besoin de ressaisir les îlots.
Le dossier de déclaration des surfaces éligibles aux aides PAC comprend notamment une
déclaration graphique appelée « registre parcellaire graphique » (RPG). Cette déclaration fait
apparaître les contours des îlots exploités par l’agriculteur, et celui des parcelles culturales sur
une photo aérienne. Le SIG Mes p@rcelles est donc en phase avec les orientations de
l’administration.
12
http://agriculture.gouv.fr/spip/actualites.teleprocedures_a5910.html#1
13
Le Pocket PC a été retenu, car c'est le PDA déjà utilisé par l'application Synel (gestion de l'élevage)
5.8 FARMSTAR
FARMSTAR est un outil de pilotage mis au point par EADS-Astrium en
collaboration avec les instituts Arvalis et Cetiom ainsi que certaines coopératives. Cet outil
d'aide à la décision et de pilotage, permet à l’agriculteur de se conforter sur le dosage d’azote
réalisé ou de réajuster la dose. Ce service repose sur l'utilisation d'images de parcelles prises
par les satellites Spot. Ces images mesure la réflectance, c'est-à-dire l'énergie lumineuse
réfléchie par les plantes, selon différentes longueurs d'ondes. Elles distinguent les zones de
faible et de forte activité photosynthétique du couvert végétal. Une faible réflectance indique
que le couvert absorbe bien la lumière, il est vert foncé et donc bien pourvu en azote. Puis ces
zones sont traduites en indices foliaires en utilisant des modèles agronomiques pour définir
des notions plus concrètes, telles que la densité de peuplement ou la quantité de biomasse par
exemple. A l’heure actuelle, FARMSTAR est utilisé sur des cultures de blé et de colza.
Le responsable informatique estime qu’il est important pour la chambre de suivre
l’évolution des technologies et de se placer sur ce créneau. Le pilotage de l'azote avec
Farmstar se développe, il y a de plus en plus de guidage via les satellites. Pour les
agriculteurs, submergés de documents à renseigner, l'informatique apparaît comme une
solution pour leur faire gagner du temps, éviter les saisies multiples. Il doit pouvoir sortir des
documents conforment aux attentes des contrôleurs. Nous avons vu que les conseillers étaient
les principaux interlocuteurs des agriculteurs.
Selon une conseillère en formation, les conseillers ont beaucoup de missions très éclatées.
Une réorganisation du service conseil est en cours, cette réorganisation devrait aboutir à
Et ça, ça a super bien marché tout le monde voyait le sens. La formation s'intégrait parfaitement à tout ce qui
était prestations, c'est ça qu'il faudrait qu'on développe. Si les actions de formation ne sont pas intégrées
dans un ensemble cohérent on aura du mal. […]. Jacqueline a beaucoup travaillé et de toute façon
politiquement il y avait un fort enjeu, être là pour les agriculteurs. […] Les élus ont beaucoup porté, mais
après Jacqueline a fait beaucoup pour la structuration du dispositif. Il y a eu des rencontres de c'est que c'est
la première fois où j'ai animé un groupe de conseillers pour qu'on bâtisse un scénario à plusieurs.
La démarche qualité réalisée dans le cadre de la certification du service formation a
également été un moyen de fédérer des conseillers. Des formations de formateurs ont
concerné une trentaine de personnes en interne. Une dynamique s’est instaurée. Après cette
formation les conseillers ont parlé le même langage. Ils ont acquis des techniques
d’animation, compris le pourquoi d’un objectif de formation et d’un objectif pédagogique.
Mais pour la responsable du service conseil (RC 2) les conseillers sont encore très
individualistes et certains d’entre eux doivent encore acquérir les compétences nécessaires
pour utiliser ces nouveaux outils avec aisance.
mais ça va pas être marketing à outrance. On est toujours dans l'optique gestion de projet de toute façon.
Mais nos clients, on parle de clients maintenant (rire), il faut qu'on les connaisse. Là quand on monte un
projet on repère plus qu'avant dans les gens qu'on connaît, même si on les a touchés qu'une fois. Par le
PMPOA on a touché beaucoup de gens non adhérents, c'est une cible à privilégier. On cherche des moyens
(CF)
Un diagnostic simplifié sera proposé aux agriculteurs, un tour d’exploitation d’une demi-
heure, permettra aux conseillers d’identifier les points qui posent problème et ainsi proposer
une prestation. Pour la conseillère en formation il est nécessaire que les conseillers adhèrent à
cette démarche ainsi que les chefs de projet. Selon elle, ce nouveau service ne peut
fonctionner sans les chefs de projet et les responsables de service. Pourtant certains d’entres
eux ne rentrent pas dans la démarche. Nous avons vu que plusieurs facteurs ont été évoqués
lors des entretiens. Le travail par projet nécessite de mettre en place des actions transversales.
Pourtant des conseillers et des chefs de service, n’entre pas dans la démarche. Les réticences
selon les différents interlocuteurs peuvent s’expliquer par la peur de perdre le contrôle
d’activités à l’origine rattachées à leur service, pour les chefs de service, le refus de partager
la gestion des groupes d’agriculteurs pour les conseillers, la difficulté de s’approprier une
nouvelle méthodologie, la non prise en compte des répercussion de la diminution des
subvention, de la nécessité de développer des prestations de remplacement.
Non on ne peut pas faire, on ne peut pas vendre, ceci, cela. Ah qu'est ce que ça va devenir, c'est pas complet,
il n'y a pas la marge brute. […] avant de se demander si l'agriculteur cela l'intéresse, ils se positionnent en
disant, voilà comment l'agriculteur va réagir donc de toute façon ça ne se passera pas bien.
La responsable précédente avait mis en place une procédure qui reposait sur des réunions
d'information puis des relances effectuées par les conseillers, à raison d’une dizaine
d'agriculteurs toutes les semaines. Après l’appel téléphonique, le conseiller devait contacter
Ils avaient tout le loisir de dire que ça ne pouvait pas fonctionner et qu'ils ne pouvaient pas faire, parce
qu'ils avaient toujours un échappatoire parce que ce n'était pas assez construit. Avec la non
spécialisation, ah non je n'ai pas le temps parce que je fais ci, je fais ci, je fais ça etc.
parce qu'on parle de secrétaire […] mais on est tous pareil par rapport au changement. Mais les chefs de
service sont les pires de tous et un directeur aussi. Pourquoi ? Parce que lui il estime que comme il est
haut placé dans la hiérarchie il n'a pas de compte à rendre sur la façon dont il organise son temps et la
gestion de son informatique, est ce qu’il stocke ou pas, est ce qu’il sauvegarde. (RC 1).
Pour la responsable du service conseil, c’est au chef de service de piloter ce type de
dispositif. Mais différents types d’attitudes sont possible. Des chefs de service sont
vraiment précurseurs et volontaires. Ce sont des personnes qui ont bien compris
l’objectif du dispositif. D’autres chefs de service on comprit ce qui était à faire, mais ils
n’investissent pas de temps dans le dispositif, c’est donc en parti un échec.
tous les chefs de service ne sont pas rentrés à fond dans la démarche. Pour l'instant ils sont trois. Le
nouveau directeur commence à bien s'imprégner des choses, mais il faut y aller tout doucement, il y a
encore beaucoup de travail (CF).
Pour la conseillère en formation, le frein « c'est le changement » mais c’est également que les
chefs de service doivent être capables d’accepter que certains projets sortent de leur service
soient partagés par les autres.
Que tout le monde soit bien au clair que si on met quelque chose à plat, si on met quelque chose de
transversale ce n'est pas pour dégarnir un service mais c'est pour mieux fonctionner en interne. Je crois
qu'il y a encore un changement de mentalité à faire là-dessus. Ne va être déposséder se dire, ça ça
m'échappe et je ne le verrais plus. Mais non ce n'est pas comme ça qu'on raisonne. Ce n'est pas simple non
plus j'imagine pour un chef de service au niveau des moyens humains, tout est à repenser au niveau des
missions transversales. Un conseiller pourra intervenir sur plusieurs services. Cela ne doit pas être simple
à planifier
D’autre part des chefs de service, « un peu perdu par ces nouvelles méthodologies » ont
du retard dans la mise en place de projets. C'est difficile peut être pour eux de structurer les
choses. Ils ont peut-être aussi « l'impression qu'on va prendre leur place (CF) ». Pour ces
chefs de service, il faut faire un accompagnement de proximité.
Et puis il faut dire aussi pourquoi des chefs de service marcheraient et bien ils marchent parce qu'ils sont
comme n'importe quelle personne s'il y a un directeur qui une fois de temps en temps leur dit « alors est-
ce que ça suit ? » (RC 1)
6 Conclusion
Ce premier travail sur cette étude de cas pourrait être prolongé selon trois axes.
D’une part par l’analyse détaillée du deuxième entretien, cette analyse nous permettrait de
mettre en valeur le thème de la culture d’entreprise. Ce cas est alors à rapprocher de l’école
culturelle décrite par Mintzberg (2005). Nous pourrions utiliser un logiciel d’analyse de texte
comme NVivo. Ces deux entretiens pourraient être complétés par un entretien avec le
responsable informatique à l’origine de l’informatisation de la chambre d’agriculture, toujours
en poste aujourd’hui.
1) Une action de formation en direction de tous les services de la Chambre d’Agriculture a été
élaborée en 2000. En 2001 a débuté la première formation, aujourd’hui en 2006, cette action
se termine avec les derniers services. Qui est à l’origine de cette action et quelles en ont été
les raisons ?
2) Parallèlement à cette action, d’autres actions en direction de tous les salariés ont-elles
étaient menées ?
3) L’action s’est déroulée de 2001 à aujourd’hui. Les participants des dernières actions ont-ils
abordé la formation dans le même état d’esprit, avec les mêmes représentations que ceux des
premiers groupes ?
4) Les chefs de service participaient à la formation, pouvez-vous décrire l’accueil que ces
derniers ont fait à ce dispositif ? Comment ont-ils interprété cette formation ?
5) Quels sont les avantages ou les désavantages d’un tel dispositif, à savoir faire travailler
ensemble toutes les personnes d’un même service, par rapport à la mise en place d’un groupe
de travail composé de quelques personnes de chaque service, ce groupe ayant pour objectif de
définir un guide de bonnes pratiques applicable en ensuite à tous les services de l’entreprise ?
7) Quels sont les autres facteurs susceptibles d’être à l’origine de telles modifications ?
8) Lors de nos premières rencontres vous m’avez expliqué que les secrétaires travaillaient
autrefois dans le cadre d’un pool sous la direction d’une personne qui définissait pour chacune
d’elles le travail à réaliser. A partir de quand cette organisation a t’elle changé ? Pour quelle
raison ?
9) Qui est à l’origine de la mise en place de l’utilisation des codes LGA ? Quel en est
l’objectif ?
10) Des auteurs définissent la culture d’entreprise comme son mode de pensée et d’action
habituel, plus ou moins partagé et qui doit être appris et accepté. Que pouvez-vous dire de la
culture d’entreprise de la Chambre d’Agriculture ?
11) Lors d’une réunion, monsieur D. en faisant référence à certaines pratiques des utilisateurs
a évoqué l’idée de mettre en place une analyse des pratiques des utilisateurs. Que pensez-vous
de l’intérêt d’une telle action ?
12) Voyez-vous d’autres questions à aborder concernant l’utilisation des outils informatiques
à la Chambre d’Agriculture ?
Outre l'aspect ludique de ces cartes, elles peuvent devenir de véritables outils de gestion
Réussir – l'Eure Agricole 05/02/04
6) Selon vous l'apprentissage de ces outils de cartographies est-il facile à prendre en main
pour les agriculteurs
7) Selon vous les agriculteurs ont-ils l'impression que ces outils vont leur être utile pour gérer
leur exploitation.
12) Vous avez répondu par écrit à un questionnaire sur votre métier de conseiller. Je vous
propose de reprendre ces questions.
c) Comment aimeriez-vous que le métier évolue dans les deux années qui viennent?
13) Je vais vous citer des organismes que j'ai rencontré durant mes recherches soit
concrètement, soit à travers mes lecteurs. Pour chacun de ces acteurs pouvez-vous me dire
quel est le type de relation qui existe entre ces organismes et la chambre d'agriculture ? Une
coopérative, Les centres de gestion CER
15) L’agriculture de précision et les SIG sont-ils une évolution nécessaire de l'agriculture ?
16) Que pensez-vous de cette affirmation : Pour interpréter toutes ces informations,
l'agriculteur peut faire difficilement lui-même tout le travail. On peut donc imaginer qu'à
terme l'agriculteur alimentera des bases de données et visualisera des cartes (semis, épandage,
rendements…); tandis que le conseiller aura pour mission d'interpréter les cartes et de fournir
des conseils d'applications qui pourront guider l'agriculteur à moduler ses intrants dans sa
parcelle. Le conseil technique pourrait donc fortement évoluer dans les prochaines années.
Age de l'interviewé :
Famille d’agriculteurs ?
1) Je souhaite m'entretenir avec vous de l'utilisation par les agriculteurs de l'utilisation des
nouvelles technologies plus précisément de l'utilisation des logiciels de cartographie. Ce qui
m'intéresse c'est votre perception à vous de l'évolution de ces technologies dans le milieu
agricole.
2) Selon vous l'apprentissage de ces outils de cartographies est-il facile à prendre en main
pour les agriculteurs : carnet de champ, Mes p@rcelles, Farmstar
3) Considérez-vous que ces outils sont utiles pour la gestion de votre exploitation
4) Selon vous les agriculteurs que vous connaissez ont-ils l'impression que ces outils vont leur
être utile pour gérer leur exploitation.
5) Selon vous à partir de quelle surface d'exploitation il est utile d'utiliser ces outils ?
9) Que pensez-vous de cette affirmation ? : Outre l'aspect ludique de ces cartes, elles peuvent
devenir de véritables outils de gestion (Réussir – l'Eure Agricole 05/02/04)
10) Sur les 5 dernières années avez-vous suivi des formations ? Si oui sur quel thème ?
Durée ? Avec quel organisme ? Avez-vous été satisfait ?
11) Mettez vous en commun les résultats de votre exploitation avec d'autres agriculteurs ?
12) L’utilisation du réseaux, de l’Internet a t’elle modifié votre travail ? Si oui pouvez-vous
décrire ces modifications ?
13) Quels sont les autres facteurs susceptibles d’être à l’origine de la modification de votre
activité d'agriculteur ?
14) Je vais vous citer des organismes que j'ai rencontré durant mes recherches soit
concrètement, soit à travers mes lecteurs. Pour chacun de ces acteurs pouvez-vous me dire
15) Parmi les organismes cités précédemment, quelles sont celles qui sont amenés à proposer
du conseil aux agriculteurs. Pouvez-vous m'indiquer si vous faites appel à chacun de ces
services : centre de gestion, coopérative, contrôle laitier, union syndicale, chambre
d'agriculture
16) Pour quel type d’activité faites vous appel à chacun des organismes cités ?
18) Pour vous quelle sont les compétences spécifiques à chacun de ces organismes ?
19) Pour vous, en quoi consiste le métier de conseiller agricole d'un chambre d'agriculture?
20) Comment voyez-vous l'évolution du métier de conseiller dans les 2 années qui viennent?
21) Comment aimeriez-vous que le métier évolue dans les deux années qui viennent?
23) Pensez-vous que l'agriculture de précision est une évolution nécessaire de l'agriculture ?
24) Voyez-vous d’autres questions à aborder concernant l’utilisation des outils informatiques
Age de l'interviewé :
Formation
Famille d’agriculteur
2) Avant ces logiciels de cartographie quels outils étaient proposés aux agriculteurs ?
3) Que pensez-vous de cette affirmation ? Outre l'aspect ludique de ces cartes, elles peuvent
devenir de véritables outils de gestion (Réussir – l'Eure Agricole 05/02/04)
4) Selon vous l'apprentissage de ces outils de cartographies est-il facile à prendre en main
pour les agriculteurs
5) Selon vous les agriculteurs ont-ils l'impression que ces outils vont leur être utile pour gérer
leur exploitation.
11) Avez –vous recruté des profils spécifiques pour travailler sur ces produits ?
16) Que pensez-vous de l’affirmation suivante ? : Pour interpréter toutes ces informations,
l'agriculteur peut faire difficilement lui-même tout le travail. On peut donc imaginer qu'à
terme l'agriculteur alimentera des bases de données et visualisera des cartes (semis, épandage,
rendements…); tandis que le conseiller aura pour mission d'interpréter les cartes et de fournir
des conseils d'applications qui pourront guider l'agriculteur à moduler ses intrants dans sa
parcelle.
Le conseil technique pourrait donc fortement évoluer dans les prochaines années.
Age de l'interviewé :
Formation
Famille d’agriculteurs ?
Nom Fonction
Henri Sinthilles Directeur de la chambre d’agriculture depuis fin 1989
Jacqueline Godefroy Responsable du service conseil et formation jusqu’en
Sophie Londez Responsable du service conseil et formation à partir du
Philippe Chéron Entré CA 1979. Conseillé en formation jusqu'à 1985 date à laquelle
il intègre le service informatique.
Les coopératives
Le statut des entreprises coopératives agricoles repose sur 4 grands principes :
Libre adhésion, Acapitalisme, Gestion démocratique et Exclusivisme. II est assorti d'une
double définition de la société coopérative agricole, à la fois économique et juridique, et a
pour principales caractéristiques d'être unitaire et autonome. II est accompagné d'options à
buts économique et financier destinées à aménager les contraintes juridiques et faciliter la vie
économique des coopératives.
En amont et en aval des exploitations agricoles
En amont, on trouve les coopératives d'approvisionnement, les CUMA (coopératives
d'utilisation de matériel agricole en commun) et les CEIA (coopératives d'élevage et
d'insémination artificielle). En aval, les coopératives de stockage, de transformation et de
commercialisation.
Sources : http://www.cooperation-
agricole.asso.fr/sites/CFCA/entreprisescoop/histoire_et_projet_cooperatif/histoire_et_projet_c
ooperatif.aspx
Le contrôle laitier
Le contrôle laitier est une entreprise autonome, sous statut associatif, syndical, coopératif ou
service de Chambre d’Agriculture, les 81 organisations françaises sont directement gérées par
des éleveurs élus par l’ensemble des adhérents. Ces organismes sont structurés au niveau
national par une Fédération, France Contrôle Laitier , et au niveau des régions, par des
Fédérations regroupant plusieurs Organismes de Contrôle Laitier d’une même zone
géographique.
Ses missions :
o représenter, défendre, promouvoir le Contrôle Laitier
Elles assurent, pour le compte de CNASEA et des DDAF, moyennant rémunération, les
fonctions d’information individuels et collectives des agriculteurs, de pré-instruction des
dossiers de demande d’aides publiques et, pour certaines mesures, le suivi administratif des
justificatifs permettant la mise en paiement. Elle est en quelque sorte le bras opérationnel de
l’administration.
France milliers
1955 1970 1988 r 2000 2005
Ensemble des exploitations 2 280 1 588 1 017 664 545
1
dont : de moins de 20 hectares 791 1 098 557 325 237
de plus de 50 hectares 95 120 172 200 200
r : données révisées
Source : ministère de l'Agriculture et de la Pêche, Scees. août 2006
Bartoli A.,(2006), « L’évolution des modèles de GRH : les nouvelles perspectives de la GRH
dans la fonction publique », in La gestion des ressources humaines, Cahiers français, n°333.
Davis F.D., (1989) ; “ Perceived Usefulness, Perceived Eases of Use, and User Acceptance of
Information Technology”, MIS Quaterly, vol. 13, n°3.
Lombard M. (2006), « Le modèle français face aux mutations économiques et sociales : les
services publics dans le modèle français, », in La gestion des ressources humaines, Cahiers
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Mintzberg H. et al, (2005), Safari en pays stratégie, Pearson Education France, Paris
Mintzberg H., Ahlstrand B., Lampel J.(2005), Safari en pays stratégie Village Mondial, Paris.
Moore G.et Benbasat I., (1991), « Development of an instrument to measure the perceptions
of adopting an information technology innovation », Information Systems Research, 2 (3),
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Penrose E.T., The theory of the Growth of the firm, John Wiley, 1959, réédité chez Blackwell,
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Rivard S. et al, (1999), « Impact des technologies de l’information sur les cadres et les
travailleurs », Gestion, vol. 24, n°3, Montréal.
Rubin H.J., Rubin I.S. Qualitative Interviewing, The Art of Hearing Data. Thousand Oaks,
CA, sage, 1995
Yin, R. (1994). Case study research: Design and methods (2nd ed.). Beverly Hills, CA: Sage
Publishing.
Webographie
Chapelle C. (2003), Des nitrates agricoles à l'Ouest et dans les plaines céréalières (2003)
Agreste Primeur, n°123, http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/primeur123.pdf
Fiche Produit
EdiPlan est un logiciel dédié aux structures agricoles (coopératives, chambres d'agriculture, bureaux
d'études, ...). Il a été spécialement conçu pour réaliser les plans d'épandages suivant une analyse
géographique des contraintes agronomiques et environnementales de l'épandage des boues et
effluents.
Mis au point avec MapInfo (leader mondial du SIG Système d'informations géographiques sur PC),
EdiPlan vous surprendra par sa facilité d'utilisation et ses nombreuses fonctions productives, aussi
bien dans sa partie cartographique que pour la gestion des exclusions et le suivi des dossiers.
Principe d'Utilisation
Assemblage automatique, géoréférencement des cartes cadastrales et gestion d'une cartothèque qui
pérennise votre investissement et vous permettra de répondre aux besoins de demain.
Fiche Technique
Zoom, déplacements, gestion de tout type d'objets : points, polygones, polylignes, texte, etc...
Superposition d'informations grâce une gestion sous forme de calques.
Mise à l'échelle.
Nombreuses fonctions de calcul géographique ( surface, périmètre, intersection, inclusion,...).
Utilisation et ouverture sur tous les formats du marché (DXF, DBF, etc...).
Possibilité d'ouverture sur d'autres applications (Excel, Word,...).
Création de carte thématiques.
Source : http://www.arcadeconseil.fr/Fiches_Produits/EdiPlan.htm
Des points qui peuvent sembler mineurs mais qui m'ont bloqué
Faut-il écrire à la première personne du singulier ou du pluriel
J'ai eu du mal à m'arrêter de lire… (pourtant Wacheux avait signalé cet écueil).
Je ne savais pas jusqu'à quel niveau de précision il fallait aller pour la revue de littérature.
J'avais l'impression que je restais en haut de l'entonnoir (cf. Wacheux) et que je n'arrivais pas
à délimiter ma question de recherche
Un sentiment paradoxal
Le chercheur écrit pour la communauté de chercheur (Kalika), notre travail doit être utile aux
manager. Je me rends compte que je me mets en porte à faux, j'écris pour le master, mais j'ai
envie que ce que j'écris soit utile aux personnes que j'ai rencontrées.
Je mets en forme un document en respectant ce que j'ai appris dans tous les cours, mais qui ne
correspondent pas à ce qu'a écrit JF Chanlat.